Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur les droits de l'homme en Russie, en Birmanie et en Chine, au Sénat le 3 février 2021.

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Circonstance : Question d'actualité au gouvernement au Sénat

Texte intégral

Monsieur le Sénateur,


Votre constat est exact, c'est aussi celui que nous dressons. Les droits de l'Homme sont de plus en plus menacés dans le monde, tout comme la démocratie et l'Etat de droit. Les pays autoritaires minent le système multilatéral de protection de ces droits.

C'est, in fine, aujourd'hui, à une véritable bataille des modèles à laquelle nous assistons, et plus largement, à une remise en cause de ce principe fondamental qu'est l'universalisme des droits de l'Homme. C'est la politique de la France que de porter cette exigence dans toutes les enceintes multilatérales où nous nous trouvons, que ce soit le Conseil de sécurité qui s'est réuni en ce moment sur la question de la Birmanie, que ce soit au Conseil des droits de l'Homme où nous sommes maintenant redevenus membre complet ; et nous allons porter cette vision du monde et faire entendre notre voix. Nous sommes également très mobilisés au niveau européen sur la mise en oeuvre du régime de sanctions transversales que vous avez évoqué, auquel nous avons participé largement et que nous comptons bien mettre en oeuvre.

Une fois ce constat fait, il y a des situations différentes. Vous en avez évoqué quelques-unes. Je ne vais pas revenir sur la situation de M. Navalny, puisque le Premier ministre s'est exprimé, tout à l'heure, au nom du gouvernement et on sera amené, à la suite de la visite exigeante du Haut représentant, M. Borrell, à prendre des décisions, en fonction de ce que nous diront les autorités russes.

Concernant la Birmanie, c'est vrai que le coup d'Etat qui vient de se produire, le coup d'Etat militaire, l'arrestation de Madame Aung San Suu Kyi, le fait que le Président de la République soit lui-même en prison, tout cela mine la transition démocratique qui avait été engagée depuis plusieurs années dans ce pays et qui permettait d'engager les réformes qui auraient permis aussi de régler la question de la minorité ethnique des Rohingyas. Ce n'est pas le cas, et nous sommes aujourd'hui en discussion avec nos partenaires européens pour mettre en oeuvre les sanctions indispensables.

C'est la même logique que sur la situation au Xinjiang, dont vous avez parlé. Cela fait de nombreuses reprises que nous proposons au président Xi, le Président de la République lui-même le lui a dit, que Mme Bachelet, la Haute représentante, la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, fasse une visite officielle. Puisqu'il paraît qu'il ne s'y passe rien de grave, alors constatons-le au niveau international. Voilà quelques exemples d'actions que nous voulons mettre en oeuvre pour le respect des droits de l'Homme.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2021