Entretien de M. Franck Riester, ministre du commerce extérieur et de l'attractivité, avec BFM Business le 5 février 2021, sur les efforts du gouvernement en faveur du commerce extérieur.

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  • Franck Riester - Ministre du commerce extérieur et de l'attractivité

Média : BFM Business

Texte intégral

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R - Oui, tout à fait, c'est cela. Avec des échanges mondiaux de biens et services qui se contractent en 2020 de presque 10%, à 9,6%, ce qui montre bien que cette crise Covid a impacté les échanges internationaux. Et la France n'a pas été épargnée, avec, à la fois, à travers le secteur de l'aéronautique qui était très fort à l'international et qui a été particulièrement touché, et toujours touché par la crise Covid, et le tourisme - vous en parliez à l'instant - qui est aussi très touché, qui nous ont particulièrement impactés en matière de biens et en matière de services par rapport à d'autres pays. Pour autant, on a pu constater que nous avions une baisse de ces exportations inférieure à ce que l'on avait pu constater lors de la crise financière de 2008, puisqu'en 2009, c'était presque 17% de baisse de nos exportations alors que là, je dirais que ce n'est "que" 15,9%, mais c'est déjà effectivement un net recul.

Q - Et encore, disent certains, Monsieur le Ministre, la baisse du prix du pétrole et la chute de l'activité ont, quelque part, permis d'économiser près de 19 milliards d'euros sur la facture énergétique. Que nous dit cette crise sur ce que nous devons faire, ou accélérer, à l'avenir, justement, pour résorber ce déficit commercial ? On est toujours sur la question de la compétitivité, notamment.

R - Il y a quatre axes principaux. La compétitivité : il faut continuer tout le travail qui est enclenché depuis 2017 d'amélioration de la compétitivité de notre pays. Et non seulement on ne va pas revenir sur toutes les réformes qui ont été mises en oeuvre, on va aller même jusqu'au bout et on va les accélérer. On sera bien par exemple sur l'impôt des sociétés à 25% en 2022, donc la trajectoire sera bien maintenue. Il faut travailler sur la stratégie industrielle. Il n'y pas de secret, pour pouvoir exporter, il faut que nos produits trouvent des marchés en étant plus innovants, en étant différenciant par rapport à la concurrence. Il faut qu'au niveau européen - c'est vrai pas seulement pour la France mais pour tous les pays européens - on ait une vraie politique commerciale moins naïve, qui donne à nos entreprises les moyens de se défendre mieux face à la concurrence souvent déloyale d'un certain nombre de nos partenaires. Et puis, dernier point, c'est faire en sorte qu'il y ait plus d'entreprises qui exportent, encore plus qu'aujourd'hui. Depuis bientôt trois ans, la Team France Export, c'est le rassemblement de toutes les énergies au service de la projection des entreprises à l'international, a permis qu'il y ait dix mille entreprises de plus qui exportent. On est à cent trente mille entreprises qui exportent. Mais il faut aller encore plus loin, car les Italiens, les Allemands ont davantage d'entreprises qui exportent.

Donc ce sont ces quatre axes-là qui vont être notre feuille de route pour 2021 pour relever le défi de l'exportation, parce que c'est clé pour notre économie, c'est clé pour la relance.

Q - Accélérer, notamment, en matière de baisse de la fiscalité. Vous parliez de la baisse des impôts de production. Est-ce que vous dites que : allez, pour alléger encore un petit peu plus le fardeau des entreprises françaises, il faudra peut-être encore d'autres gestes de cet acabit, finalement, Monsieur Riester ?

R - Oui, j'ai parlé de l'impôt sur les sociétés qui sera à 25% en 2022, il était à 33% en 2017. Et effectivement, dans le plan de relance, il y a presque 34 milliards d'euros qui sont mobilisés pour la compétitivité de notre pays, dont 10 milliards d'euros de baisse d'impôts de production en 2021, 10 milliards d'euros en 2022, et cela, c'est absolument décisif, comme avait été décisive la baisse de l'impôt sur le capital. On ne reviendra pas, par exemple, même si politiquement, il faut l'assumer avec force, on ne reviendra pas sur la suppression de l'impôt sur la fortune sur les valeurs mobilières, ni sur la flat-tax sur les revenus du capital. Et on va continuer de simplifier la vie des entreprises.

Q - Mais ma question, Monsieur le Ministre, ma question... On ne reviendra pas sur tout cela, mais est-ce qu'il faut amplifier ce qui a déjà été fait en matière de fiscalité pour les entreprises ?

R - Eh bien, oui, on amplifie, on amplifie.

Q - Peut-être encore au-delà de ce qui était annoncé dans le plan de relance ?

R - On verra, il faut toujours adapter les dispositifs. Mais avouez que 10 milliards d'euros en 2021, 10 milliards d'euros en 2022, ce n'est pas une paille. Et sur tout le plan de relance, c'est 34 milliards d'euros sur la compétitivité. Mais c'est un point essentiel. Bruno Le Maire le répète à juste titre, régulièrement : on a besoin de baisser les impôts de production et de rendre nos entreprises encore plus compétitives. Et dans le plan de relance, on a mis 250 millions d'euros, spécifiquement sur le plan de relance export, parce que l'on a besoin de gonfler encore les outils qui permettent aux entreprises de se déployer à l'international.

Q - Merci beaucoup, Franck Riester.

R - Merci à vous.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2021