Texte intégral
Q - Vous êtes ce vendredi dans l'Ardèche et la Drôme : pourquoi ces deux départements et pourquoi aujourd'hui ?
R - Je vous réponds : parce que la Drôme et parce que l'Ardèche ! Je voulais mettre à l'honneur un certain nombre d'entreprises exportatrices dans la Drôme et l'Ardèche, en l'occurrence Valrhona, Colombo et Lamazuna. L'annonce de la suspension des taxes américaines sur l'aéronautique (contentieux Boeing/Airbus) et les vins et spiritueux a été pour nous une très belle nouvelle. Ces droits de douane supplémentaires de 25% avaient considérablement impacté ce dernier secteur depuis un an et demi. Selon les différentes analyses, les pertes en 2020 s'élèvent entre 300 et 500 millions d'euros. C'est pourquoi je veux dire aux entreprises concernées combien nous sommes conscients de l'importance de ce secteur de l'agroalimentaire à l'exportation. Je serai, par ailleurs, accompagné de Guillaume Gomez, qui vient d'être tout récemment nommé représentant personnel du président de la République pour la gastronomie française. Et chacun sait que notre gastronomie est un atout pour notre rayonnement partout dans le monde et un vecteur important d'exportation. Guillaume Gomez et moi aurons aussi l'occasion d'échanger avec Anne-Sophie Pic, la cheffe triplement étoilée de Valence.
Q - Vous parlez de suspension et pas de suppression de la taxe Trump. Y a-t-il un risque de voir rétablir ces droits douaniers ?
R - Je reste optimiste. Il faut trouver, d'ici quatre mois, la bonne façon d'encadrer les soutiens publics à l'aéronautique, aux Etats-Unis et en Europe, sachant que nous devons affronter une forte concurrence chinoise. Notre fermeté a payé car nous avions décidé, en novembre dernier, de mettre nous aussi en rétorsion des droits de douane additionnels sur de nombreux produits américains. Cette fermeté et notre volonté affichée depuis le départ de trouver ensemble une solution ont été bien perçues par la nouvelle administration Biden.
Q - Qu'allez-vous dire aux chefs d'entreprise que vous rencontrez ce vendredi ?
R - Je vais leur rappeler que dans le plan de relance, nous avons mis 250 millions d'euros pour les outils à l'export avec notamment plusieurs mesures fortes : une plateforme numérique d'information, les chèques Relance export destinés à prendre en charge jusqu'à 50% des coûts de prospection à l'international (2800 ont déjà été utilisés), des financements, comme l'augmentation des budgets consacrés à garantir les assurances crédit à l'export ou les fonds de soutien des entreprises à l'international...
Q - Comment se porte le commerce extérieur français, aujourd'hui ?
R - Nous sommes pratiquement revenus aux volumes d'avant la crise. En janvier 2021, nous étions à 98% de notre volume d'exportation de janvier 2020. Nous assistons à un retour progressif à la normale. Nous avons aussi quasiment conservé le même nombre d'entreprises exportatrices, presque 130.000. Toutes les mesures que nous avons prises, depuis 2017, devraient nous permettre de rebondir en 2021, notamment à l'international grâce aux entreprises exportatrices.
Q - Où en est notre balance commerciale ?
R - En 2020, elle s'est détériorée, mais c'est moins grave que ce que nous avions prévu. Sur les biens, notre déficit était de 65 milliards soit 7 milliards supplémentaires par rapport à 2019. Mais tous les acteurs de la Team France export ont su mobiliser beaucoup d'énergie pour faciliter la résilience des entreprises à l'export.
Q - Vous qui êtes diplômé de l'Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), quel conseil donneriez-vous aujourd'hui à un jeune étudiant en école de commerce ?
R - Je lui conseillerais d'acquérir une expérience à l'international, qui lui sera utile, même si son emploi est situé en France à l'avenir. Car l'international prend une dimension de plus en plus importante dans l'économie. Et cette expérience à l'international sera aussi, pour lui, un enrichissement personnel car elle lui permettra de mieux comprendre la complexité du monde.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mars 2021