Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Emmanuelle WARGON.
EMMANUELLE WARGON
Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes ministre du Logement. La crise sanitaire n'a pas produit beaucoup d'actualité ce week-end, donc on peut peut-être s'intéresser un peu à autre chose et précisément dans le secteur du logement. Vous modifiez – alors, évidemment, tous ceux qui achètent un appartement, tous ceux qui les vendent, ceux qui en louent, savent de quoi il s'agit – vous modifiez le diagnostic de performance énergétique des logements, alors le modifier comment et vous le modifiez pourquoi ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, c'est très concret. Le diagnostic énergétique, vous savez, c'est l'étiquette avec une lettre entre A et G qui vous dit si votre logement est très performant énergétiquement ou si c'est ce qu'on appelle "une passoire".
JEAN-MICHEL APHATIE
Si vous avez des factures de chauffage épouvantables.
EMMANUELLE WARGON
C'est-à-dire un logement tellement mal isolé que quand vous chauffez vous chauffez plutôt l'extérieur que l'intérieur.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est embêtant.
EMMANUELLE WARGON
Ce qui est embêtant.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce diagnostic existe depuis 2006, c'est ça ?
EMMANUELLE WARGON
Il existe depuis 2006, mais il était un peu facultatif, c'est-à-dire que, quand on regarde les annonces immobilières, ou les transactions, ou même les locations, environ 20% n'étaient pas remplis, parce qu'il y avait plusieurs méthodes et puis en fait ce n'était pas obligatoire, donc on le rend obligatoire et opposable, à compter du 1er juillet prochain, et on l'améliore pour qu'il soit plus lisible et qu'il y ait plus d'informations, donc on le relooke. Et puis on ajoute deux informations importantes, la première c'est combien de CO2 émet le logement, parce que c'est important de savoir, maintenant que les Français sont de plus en plus intéressés et conscients…
JEAN-MICHEL APHATIE
Sensibles à cette question.
EMMANUELLE WARGON
Sensibles à ce sujet, et puis quel va être le montant de la facture, pour une utilisation normale, et donc vous aurez votre étiquette avec la lettre, le CO2 émis, et d'ailleurs avec une indication voilà le nombre de trajets en voiture que ça représente, puisque c'est toujours plus parlant, et puis, eh bien compte tenu de tout ça, vous devriez dépenser entre, je ne sais pas moi, 1 500 et 2 500 euros par an pour chauffer, que ce soit du gaz ou de l'électricité, ou autre chose, en fonction de la réalité du chauffage.
JEAN-MICHEL APHATIE
Celui qui vend un logement doit présenter un diagnostic de manière obligatoire, à partir de quand ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, obligatoire à partir du 1er juillet prochain, et à partir du 1er janvier 2022 obligatoire sur toutes les annonces immobilières, pas d'annonce immobilière sur laquelle il n'y a pas ça.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est le vendeur qui doit faire ce diagnostic.
EMMANUELLE WARGON
C'est le vendeur, ou celui qui loue…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça coûte cher ?
EMMANUELLE WARGON
Environ 200 euros.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un diagnostic, 200 euros ?
EMMANUELLE WARGON
En gros, 200 euros le diagnostic, c'est, vous savez, quand on vend, c'est comme tous les diagnostics qui existent, pour les téléspectateurs qui ont déjà vendu, les termites, l'amiante, le plomb, etc., et si vous avez un écart très important, c'est-à-dire vous rentrez dans le logement et ce n'est pas du tout ce qui se passe…
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous constatez que c'est autre chose que ce qu'on vous a dit.
EMMANUELLE WARGON
Vous constatez que ça ne va pas, vous pouvez refaire faire un diagnostic si vous le souhaitez, et attaquer le vendeur, ou celui qui vous loue, s'il vous a présenté un logement C et qu'en fait il est E ou F.
JEAN-MICHEL APHATIE
S'il a menti par omission ou volontairement.
EMMANUELLE WARGON
S'il a menti, voilà, donc ça devient ce qu'on appelle "opposable."
JEAN-MICHEL APHATIE
"Opposable", c'était le mot que je voulais vous faire préciser. Les spécialistes de l'immobilier, les professionnels de l'immobilier, voient cette réforme d'un bon oeil ou ils vous disent ça va être une complexité supplémentaire ?
EMMANUELLE WARGON
Non, pas du tout, les agents immobiliers sont intéressés par cette réforme parce que ça donne plus d'informations sur le bien, et puis ça augmente ce qu'on appelle la valeur verte des biens immobiliers, c'est-à-dire, comme dans tous les secteurs, en fait, la valeur écologique, c'est-à-dire si un appartement, une maison, a une bonne empreinte écologique, s'il a une bonne qualité écologique, ça va devenir un critère de qualité et de prix, donc ça permet de différencier les appartements et les maisons, et en ce sens c'est intéressant.
JEAN-MICHEL APHATIE
On imagine qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour isoler correctement l'habitat en France.
EMMANUELLE WARGON
On a presque 5 millions de logements qui sont ces fameuses "passoires thermiques", très très mal isolées, et donc ça fait 2 ans que nous travaillons à améliorer les aides, améliorer l'information, pour permettre à plus de Français de faire des travaux, et cette année, pour la première fois, on ouvre les aides aux propriétaires bailleurs, parce que quand vous êtes locataire c'est votre propriétaire qui doit faire les travaux, mais évidemment c'est vous qui payez la facture, donc c'est très important d'aider aussi les bailleurs, et c'est ce qu'on fait cette année.
JEAN-MICHEL APHATIE
Cinq millions de logements qui ont besoin…
EMMANUELLE WARGON
4,8 exactement.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est beaucoup, parce que finalement ce n'est pas… sur combien de logements ?
EMMANUELLE WARGON
Le parc de résidences principales c'est à peu près 30 millions de logements, donc c'est entre 15 et 20% de logements qui sont des "passoires."
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord.
EMMANUELLE WARGON
Oui, c'est beaucoup en vrai, ça veut dire qu'1 Français sur 5, 1 Français sur 6, habite un logement qui est mal isolé, donc oui, c'est beaucoup.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et on se donne combien de temps pour réaliser à peu près une couverture complète et pour avoir des appartements bien isolés ?
EMMANUELLE WARGON
L'objectif c'est de le faire dans les 10 ans, mais en 2028 on interdira la location de ces "passoires."
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous voulez aussi aider les jeunes actifs.
EMMANUELLE WARGON
Oui. Alors, évidemment, on est dans une période difficile pour les jeunes, et, du coup, avec Action Logement, nous avons décidé de mettre en place une aide à l'installation des jeunes actifs, c'est-à-dire, en gros, un jeune qui commence dans la vie professionnelle, avec un contrat de travail, quel qu'il soit, va pouvoir avoir…
JEAN-MICHEL APHATIE
CDD, CDI ?
EMMANUELLE WARGON
CDD, CDI, même intérim d'ailleurs, va pouvoir avoir le droit à une aide à l'installation pour son premier logement, son premier bail, parce qu'on sait tous que quand on s'installe dans un premier logement il y a plein de dépenses, c'est une aide de 1000 euros, et c'est versé avec un niveau de salaire inférieur à 1300, 1400 euros nets par mois, donc ça va quand même concerner beaucoup de jeunes, et c'est un petit coup de pouce à l'installation qui est bienvenue dans cette période
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a une limite d'âge ?
EMMANUELLE WARGON
Jusqu'à 25 ans, et puis si vous êtes en alternance, donc apprentissage ou contrat professionnel, il n'y a pas de limite d'âge.
JEAN-MICHEL APHATIE
La crise a cet effet bénéfique qu'on finance tous les projets aujourd'hui, il y a des milliards partout, alors voilà…
EMMANUELLE WARGON
C'est le fameux "quoi qu'il en coûte" du président de la République, mais c'est vrai que c'est essentiel de soutenir l'économie, donc évidemment les entreprises, de soutenir les ménages, les familles, c'est ce qu'on fait avec le chômage partiel, et soutenir les gens les plus en difficulté, et il y a eu beaucoup d'aide pour les personnes les plus précaires.
JEAN-MICHEL APHATIE
Alors, vous n'êtes pas ministre de l'Economie, ni du Budget, mais on n'a pas quelques fois le vertige quand on multiplie des dispositifs coûteux ? "Quoi qu'il en coûte", un jour ça coûte !
EMMANUELLE WARGON
C'est la question de la dette, sachant que nos taux d'intérêt pour l'instant sont vraiment très bas. Je crois que, à situation exceptionnelle, réponses vraiment exceptionnelles, et que, l'alternative c'était de laisser, non seulement l'économie, mais les ménages, s'enfoncer dans une crise vraiment très grave, sans le chômage partiel on aurait vraiment eu des familles très en difficulté, pour vivre, pour payer leur loyer, etc., donc oui, je crois que c'était le bon choix.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais le dispositif que vous annoncez c'est un dispositif qui a vocation à s'installer dans la durée, donc…
EMMANUELLE WARGON
Oui, oui, c'est une aide stable.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce ne sont pas des dépensés exceptionnelles, ça ce sont des dépenses durables.
EMMANUELLE WARGON
Oui, après c'est bien d'aider les jeunes…
JEAN-MICHEL APHATIE
Il faudra les financer…
EMMANUELLE WARGON
Les jeunes sont dans une situation difficile aujourd'hui…
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, ça n'échappe à personne.
EMMANUELLE WARGON
Donc aider les jeunes, quand ils s'installent, quand ils ont un boulot, pour qu'ils puissent bien commencer dans la vie, quand ils arrivent dans leur premier appartement, dans leur premier logement, c'est bien, c'est investir dans la jeunesse, c'est une bonne nouvelle.
JEAN-MICHEL APHATIE
On est d'accord pour dire que les impôts ne sont pas prêts de baisser ?
EMMANUELLE WARGON
On est d'accord pour dire que les impôts n'augmenteront pas non plus.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah ça, je… vous le dites ! Moi je resterais un peu plus sceptique. Puisque la crise sanitaire allège un peu le paysage, on peut parler un peu de politique, parce qu'il faut bien qu'on dise qu'on a devant nous une énigme. On avait compris jeudi soir, c'est le ministre de l'Intérieur qui l'avait dit, que Marine LE PEN était "un peu molle", qu'elle s'était un peu "affadie", voilà, c'était son diagnostic, et puis depuis hier c'est l'inverse, elle est "menteuse et incompétente", ça c'est le garde des Sceaux qui l'a dit hier au "Grand Jury LCI", et puis elle est carrément "une ennemie de la République", c'est Christophe CASTANER le président des députés de la République en marche qui l'a assuré hier. Alors, est-ce qu'elle est trop molle ou est-ce que c'est une ennemie, de quel côté vous penchez Emmanuelle WARGON ?
EMMANUELLE WARGON
Alors d'abord, sur l'incompétence, je crois qu'il n'y a pas de doute…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah bon ? Elle n'a jamais été au pouvoir en même temps !
EMMANUELLE WARGON
Elle a passé une bonne partie du débat, avec Gérald DARMANIN la dernière fois, avec des chiffres faux, notamment le nombre de naturalisations, c'était un écart de 1 à 2, donc on ne peut pas à la fois dire qu'on connaît ses dossiers, qu'on les maîtrise, et être complètement dans l'erreur à chaque fois sur les données. Ensuite, sur sa position, moi je pense qu'elle est toujours, en fait extrêmement radicale, je pense qu'elle est dans une lutte contre nos principes républicains et contre nos principes démocratiques, et que ce que Gérald DARMANIN a voulu dire c'est qu'en fait elle était artificiellement plus modérée que ce qu'elle est en réalité.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce n'est pas ce qu'il a dit !
EMMANUELLE WARGON
Et pour moi le sujet c'est "artificielle", et moi je l'ai trouvée artificielle lors de ce fameux débat, donc je j'ai plutôt la vision, mais je ne crois pas qu'elle soit incohérente, j'ai plutôt la vision de d'Eric DUPOND-MORETTI.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous dites extrêmement radicale ?
EMMANUELLE WARGON
Oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc c'est une… mais, est-ce qu'on a le droit de le dire quand on est dans votre position ? Peut-être pas, c'est une erreur de l'avoir qualifiée comme l'a fait Gérald DARMANIN.
EMMANUELLE WARGON
Mais je crois que ce que Gérald a voulu dire, mais vous lui poserez la question, c'est…
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, mais voulu dire, c'est ce qu'il a dit qui est important.
EMMANUELLE WARGON
Mais bien sûr, c'est ce qu'il a dit, et j'entends ce qu'il a dit…
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc c'est une erreur. Je vais poser ma question autrement. Ça a semé un trouble, on voit bien, puisque depuis hier tout le monde corrige.
EMMANUELLE WARGON
L'important c'est ce qu'elle veut faire, le projet qu'elle porte pour le pays, et le projet qu'elle porte pour le pays c'est un projet de division, c'est un projet de haine, c'est un projet contre une partie des Français, et c'est cela que moi je combats, c'est une des raisons pour laquelle je me suis engagée, c'est pour que ce front, républicain au sens large, ce front des démocrates au sens large, ait l'assentiment des Français, ait la confiance des Français. Et pour moi ce qui est important c'est que les partis de gouvernement, dont je fais partie aujourd'hui, puissent tracer un chemin dans la gestion de la crise aujourd'hui, dans la reconstruction du pays demain, dans une vision pour le pays demain, une vision qui parle de solidarité, qu'on puisse tracer un chemin crédible et qui donne envie aux Français de continuer.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc ce matin, je ne sais pas pourquoi, je suis décidé à trouver des consensus, ça a créé un trouble le mot de Gérald DARMANIN, on est d'accord ?
EMMANUELLE WARGON
Je crois que ce n'est pas ça la question, la question c'est…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah ben si, c'est la mienne.
EMMANUELLE WARGON
Je comprends.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne pouvez pas dire que ce n'est pas la question, c'est la mienne.
EMMANUELLE WARGON
Je comprends, mais ma manière de répondre à votre question, c'est de vous dire l'important c'est ce qu'elle dit ou ce qu'elle ne dit pas, et Gérald DARMANIN a pointé ce qu'elle ne disait pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et en quoi, sérieusement, est-elle une ennemie de la République, le Rassemblement national, anciennement Front national, participe aux élections depuis les années 80, en respecte le résultat, participe au débat, comme tous les autres partis politiques, et on ne note pas aujourd'hui, ce qu'on a pu monter tout à fait au début, il n'y a plus d'ostracisme, en quoi le Rassemblement national est-il un ennemi de la République ?
EMMANUELLE WARGON
Moi je crois que les idées du Rassemblement national aujourd'hui, du Front national hier, sont toujours des idées qui divisent, ce sont des idées qui clivent…
JEAN-MICHEL APHATIE
Des idées, vous pensez, les idées, toutes les idées divisent, aucune ne fait l'unanimité, auxquelles idées vous pensez, pourquoi peut-on qualifier le Rassemblement national d'ennemi, c'est fort comme mot ?
EMMANUELLE WARGON
La vision du Front national, extrêmement centrée sur la protection de certaines communautés par rapport à d'autres, cette vision de fermeture des frontières, cette vision de repli sur nous-mêmes, est une vision que je ne partage pas et c'est une vision que je trouve dangereuse, je m'arrêterais à dangereuse.
JEAN-MICHEL APHATIE
"Ennemie" est un peu excessif ?
EMMANUELLE WARGON
En tout cas dangereuse.
JEAN-MICHEL APHATIE
Dangereuse, d'accord. Alors là, voyez, je comprends mieux si je puis dire, très bien. Un débat politique agite aussi beaucoup ces temps-ci le gouvernement, la majorité, il s'agit de la proportionnelle. Alors, vous n'êtes pas, vous, une politique professionnelle si je puis dire, vous n'avez peut-être pas l'intention d'être candidate aux prochaines législatives.
EMMANUELLE WARGON
Pour l'instant j'ai l'intention d'être candidate aux élections régionales dans le Val-de-Marne, auprès de Laurent SAINT-MARTIN qui sera notre chef de file en Ile-de-France, voilà, j'en suis là dans mes projets politiques.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc vous allez vous confronter au suffrage universel dans le Val-de-Marne…
EMMANUELLE WARGON
Tout à fait.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et puis peut-être, peut-être pas, ça vous ne voulez peut-être pas en parler, les élections législatives…
EMMANUELLE WARGON
Pour l'instant on est concentré à la fois sur la gestion du ministère du Logement, la gestion de la crise et les régionales.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il est donc question, François BAYROU met l'accent là-dessus, de demander à Emmanuel MACRON de respecter la promesse qu'il a faite en 2017 d'introduire de la proportionnelle pour élire les députés, voire de faire de la proportionnelle intégrale d'ailleurs, vous avez une position là-dessus ?
EMMANUELLE WARGON
Moi je suis plutôt favorable à la proportionnelle, parce que je considère que ça permet de créer des grandes majorités, potentiellement des coalitions, qui permettent de trouver un terrain pour rassembler le plus largement possible pour gouverner, et dans un moment chahuté, difficile, dans une crise importante, la proportionnelle permettrait de faire en sorte que chaque voix soit mieux représentée et que, du coup, le résultat de cette proportionnelle permette ce type de grande coalition. Après, je trouve que ce n'est pas forcément le meilleur moment en fin de mandat que de changer des règles électorales et je ne sais pas si nous aurons le temps de le faire, mais je pense que c'est un débat politique légitime.
JEAN-MICHEL APHATIE
Je ne sais plus qui disait si on a la volonté, on a le temps ! Vous ne savez pas.
EMMANUELLE WARGON
En tout cas, je pense qu'il faut faire attention…
JEAN-MICHEL APHATIE
C'était une promesse d'Emmanuel MACRON.
EMMANUELLE WARGON
Il faut faire attention à la lisibilité politique vis-à-vis des Français…
JEAN-MICHEL APHATIE
A la visibilité ?
EMMANUELLE WARGON
A la lisibilité politique, vis-à-vis des Français…
JEAN-MICHEL APHATIE
Les Français s'en moquent un peu…
EMMANUELLE WARGON
Mais ce débat je le trouve important, parce que finalement la question de la proportionnelle c'est la question de la légitimité de ceux qui sont élus, et cette légitimité on en a besoin dans un moment où les Français sont de plus en plus méfiants vis-à-vis de la politique. Tout ce que nous pouvons faire, qui permette de faire en sorte que les élus soient considérés comme légitimes pour gouverner, dans les crises, me paraît important, donc la proportionnelle y participe.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc la proportionnelle plutôt avant les prochaines élections législatives, ce serait la logique.
EMMANUELLE WARGON
Sous réserve qu'on ait le temps d'avoir ce débat de façon apaisée.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et bien entendu c'est le président de la République qui tranchera le débat ?
EMMANUELLE WARGON
D'abord ce sera un débat au Parlement.
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, je ne pense pas, c'est le président qui va dire "oui", "non" !
EMMANUELLE WARGON
En tout cas la proportionnelle ne sera installée que si le Parlement la vote.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, mais si le président dit "on y va", j'imagine que La République en marche suivra.
EMMANUELLE WARGON
En tout cas, si le président souhaite y aller, ça sera porté à l'Assemblée nationale et au Sénat.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous voyez bien la contradiction que porte la proportionnelle, parce que la proportionnelle donnera plus d'élus au Rassemblement national, si le Rassemblement national n'en n'a pas aujourd'hui c'est parce qu'il n'a pas d'allié, donc on lui facilite la vie, et donc on facilite l'augmentation de la représentation des ennemis de la République à l'Assemblée nationale, c'est une contradiction majeure.
EMMANUELLE WARGON
Le combat il se fait sur les idées, il se fait dans le débat, il se fait dans la discussion, le Front national a déjà des élus à l'Assemblée nationale, même si on ne les voit pas très souvent…
JEAN-MICHEL APHATIE
Parce qu'ils ne sont pas nombreux.
EMMANUELLE WARGON
Ils ne sont pas nombreux, mais ils pourraient être en séances plus qu'ils ne le sont.
JEAN-MICHEL APHATIE
…oui !
EMMANUELLE WARGON
En tout cas c'est un fait, donc s'ils sont plus nombreux le débat politique aura lieu.
JEAN-MICHEL APHATIE
On fera plus de place aux ennemis de la République ?
EMMANUELLE WARGON
On aura ce débat à l'intérieur de l'Assemblée nationale. Finalement, d'une certaine manière, c'est bien d'avoir le débat à l'intérieur des grandes instances qui nous représentent, plutôt qu'à l'extérieur.
JEAN-MICHEL APHATIE
Allez, ce n'est pas toujours facile la politique !
EMMANUELLE WARGON
L'important c'est la sincérité.
JEAN-MICHEL APHATIE
Merci Emmanuelle WARGON d'avoir accepté l'invitation de LCI.
EMMANUELLE WARGON
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 février 2021