Déclaration de M. Franck Riester, ministre du commerce extérieur et de l'attractivité, en réponse à une question sur les relations entre la France et la Chine, au Sénat le 24 mars 2021.

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  • Franck Riester - Ministre du commerce extérieur et de l'attractivité

Circonstance : Question d'actualité au Sénat

Texte intégral

Merci, Monsieur le Président, Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs, Monsieur le Sénateur,

Jean-Yves Le Drian est retenu dans le cadre de réunions au sein de l'OTAN.

S'agissant de l'ambassadeur de Chine, Monsieur le Sénateur, comme vous, et comme tous nos concitoyens, j'ai été profondément choqué par ses récents propos et sa conduite.

Je rappelle devant vous l'évidence : les parlementaires français décident librement de leurs projets de déplacements et de leurs contacts.

Ces propos inacceptables de l'ambassadeur ont valu à M. Lu Shaye, une convocation hier matin, comme vous l'avez rappelé, au ministère de l'Europe et des affaires étrangères. Il a été sommé de prendre la mesure de la gravité de la situation. Les polémiques publiques, les tentatives d'intimidation, l'insulte et l'invective contre les élus de la République, les institutions académiques, les chercheurs, les médias, et plus largement, la société civile, tout cela n'est pas tolérable dans notre République et n'a absolument pas sa place dans les relations entre la France et la Chine.

S'agissant des mesures annoncées par la Chine, en réponse aux sanctions européennes, auxquelles vous avez fait référence, à l'encontre notamment des membres des parlements européen ou nationaux, comme le député européen Raphaël Glucksmann, de chercheurs et de diplomates, nous les avons fermement et fortement condamnées.

J'en profite pour souligner, comme vous l'avez fait, que c'est la première fois depuis trente ans que l'Union européenne adopte des sanctions à l'encontre de la Chine. C'est une décision historique, légitime et nécessaire.

Il a été solennellement demandé à l'ambassadeur de Chine de rapporter à Pékin, que ce n'est pas en attaquant ceux qui ont dénoncé les violations commises, ni en s'en prenant à la liberté académique, à la liberté d'expression et aux libertés démocratiques fondamentales, que la Chine répondra aux préoccupations légitimes exprimées sur la situation des droits de l'Homme au Xinjiang.

S'agissant de nos relations commerciales, la Chine est un partenaire économique incontournable, à l'échelle mondiale, mais nos relations ne doivent pas se faire au détriment de nos principes, de nos valeurs et du modèle de société que nous défendons, ni être exemptes de réciprocité.

En ce qui concerne spécifiquement l'accord d'investissement entre l'Union et la Chine, nous considérons que les derniers développements graves, notamment les sanctions contre les parlementaires européens, nous confortent dans notre volonté d'être très fermes sur nos exigences, notamment sur le travail forcé, dans les discussions à venir.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 2021