Extraits d'un entretien de M. Clément Beaune, secrétaire d'État aux affaires européennes, à Sud Radio le 29 mars 2021, sur l'Union européenne et l'épidémie de Covid-19.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

Q - Bonjour, Clément Beaune.

R - Bonjour.

(...)

Q - Comment vous avez pris les déclarations d'Angela Merkel, "la France est un pays à haut risque" dit-elle, ça va avoir des conséquences, j'imagine, concrètes, cette déclaration ?

R - Oui, cela a des conséquences. Alors, ce n'est pas Angela Merkel qui a fait une déclaration politique, ce sont des critères scientifiques, en Allemagne, c'est un système automatique en réalité, vous avez des seuils, et donc un certain nombre de pays, dont la France, pas seulement la France, mais dont la France, ont franchi un des seuils d'incidence, et cela veut dire qu'on est classé en zone à haut risque. Concrètement, cela renforce les mesures aux frontières. On s'est battu, je me suis beaucoup engagé, ces derniers jours, pour éviter qu'on soit dans une situation de fermeture des frontières, et je pense notamment aux travailleurs frontaliers, qui sont plusieurs dizaines de milliers, chaque jour, dans l'Est de la France à aller en Allemagne, dans d'autres pays aussi, au Luxembourg, par exemple, et qui ont besoin, parce que pour eux ce n'est pas superflu, ce n'est pas un luxe, d'aller bosser chaque matin, passer une frontière qu'ils ont souvent oubliée, tellement c'est quotidien ; et donc, là on a évité la fermeture, il y aura une obligation de test deux fois par semaine, donc c'est contraignant, ce sont les règles, mais on les a un peu allégées pour permettre ce travail frontalier et qu'il continue.

Q - Clément Beaune, concrètement d'ailleurs, est-ce que aussi les Français peuvent encore voyager à l'étranger, est-ce qu'on peut venir aussi en France, puisque nous sommes maintenant un pays "à haut risque" ?

R - Alors, soyons très clairs, pour nos concitoyens et toute personne qui réside en France, nous déconseillons tous les voyages. On est dans une période, on le voit, vous l'avez rappelé, les chiffres sont durs, la réalité est extrêmement préoccupante, ce n'est franchement pas le moment, sauf impératif familial ou professionnel absolu, d'aller à l'étranger pour des raisons secondaires ou touristiques.

Q - Il y a le week-end de Pâques qui arrive, il y a les vacances qui arrivent aussi pour certains, donc, vous dites " non " ?

R - On déconseille, y compris en Europe, de voyager, bien sûr. Pour être très clair, quand vous partez en dehors d'Europe, il faut aujourd'hui, y compris quand vous êtes ressortissant français, un motif impérieux pour quitter le territoire, et cela est contrôlé par les compagnies aériennes à l'embarquement. Vous ne pouvez pas partir, en Argentine, au Brésil, au Mexique, je ne sais où, et en Europe les règles sont un peu plus souples, parce qu'il y a des besoins aussi plus grands, je parlais du travail frontalier, il y a des raisons souvent plus valables de circuler, mais nous déconseillons de le faire, ce n'est pas impératif, et je rappelle d'ailleurs que pour les départements...

Q - Vous déconseillez, mais vous ne pouvez pas l'interdire !

R - Alors, je précise, d'abord on fait appel à la responsabilité de chacun, il y a aussi des contraintes, type tests PCR obligatoires pour voyager en Europe, et puis, je le dis aussi parce que parfois on fantasme un peu, quand vous êtes, à Paris par exemple, et que vous allez à l'aéroport si vous voulez aller à Madrid ou je ne sais pas où en Europe, vous pouvez être contrôlé, vous n'avez pas le droit de quitter la zone des dix kilomètres pour une autre raison que les raisons les plus impérieuses, donc il n'y a pas de possibilité, vous pouvez avoir des contrôles aux péages, sur le chemin de l'aéroport...

Q - Et des amendes.

R - Des amendes, exactement ; et donc, on fait appel évidemment à la responsabilité, tout ne peut pas être contrôlé à tout instant, il y aura des contrôles ciblés...

Q - Il y en aura davantage ce week-end et puis pour les vacances.

R - Il y en aura davantage, le Premier ministre l'avez dit, dès ce week-end, aux péages sur les autoroutes, bien sûr, parce qu'on ne peut pas demander à chacun d'être responsable dans un périmètre pas loin de chez soi et puis, aller voyager comme ça, facilement, cela ce n'est pas possible. Donc, il y aura des contrôles, et puis, encore une fois, on fait appel à la responsabilité de chacun. On voit que la situation est difficile, on peut prendre toutes les mesures qu'on veut, à la fin il faut que chacun ait le sens civique de la gravité de cette crise, c'est dur parce qu'on en a tous assez, mais il faut faire des efforts en termes de vie sociale, éviter ces déplacements qui sont superflus, et chacun, comme ça, contribue aussi à améliorer, si on peut, la situation progressivement.

Q - Clément Beaune, sur la question des vaccins, où en est-on vraiment, alors qu'Emmanuel Macron a lui-même reconnu la lenteur "diesel", ce sont ses propos, de l'Europe. Est-ce que l'Union européenne doit renforcer ses contrôles des exportations, aujourd'hui ?

R - Oui, elle doit les renforcer et nous l'avons décidé. Je précise ce que fait l'Union européenne parce qu'il y a un peu de confusion.

Q - Totalement, oui.

R - Alors, d'abord, l'Union européenne, nous avons décidé, ce n'était pas une contrainte imposée, nous avons décidé que ce serait une meilleure idée d'acheter nos vaccins ensemble, et je pense que c'est toujours une meilleure idée, parce que qu'est-ce qui se serait passé si on était allé chacun dans son coin ? Je prends l'exemple de la France, soyons très concrets, on aurait peut-être choisi un vaccin "français", un laboratoire comme SANOFI qui, je le regrette, mais c'est la vie...

Q - Sauf qu'il n'y en n'a pas.

R - Il n'est pas disponible aujourd'hui. Qu'est-ce qu'on dirait aux Français si on n'avait pas de vaccin du tout, aujourd'hui ? Je ne pense pas qu'on serait ravi d'avoir choisi un cavalier seul national. Donc le cadre européen, de ce point de vue-là, nous a aidés. Le premier vaccin qui a été disponible il est allemand et américain, les doses produites aujourd'hui elles viennent principalement, on va mobiliser progressivement des sites de production français, mais elles viennent principalement de Belgique ou des Pays-Bas. Donc, si vous fermez toutes les frontières, vous faites complètement le repli national, vous n'avez tout simplement pas de doses de vaccin, aujourd'hui.

Q - Sauf qu'à plusieurs évidemment on est parfois plus long à prendre les décisions, c'est ce qui s'est passé, là vous le reconnaissez, il y a eu une lenteur technocratique, administrative.

R - Oui, je le reconnais, il y a eu des difficultés, mais il faut se concentrer sur les vraies difficultés. Il y a eu peut-être des lenteurs bureaucratiques, je ne pense pas franchement que ce soit l'essentiel du problème. Vous regardez le contrat AstraZeneca, il a été signé par l'Europe un jour avant le Royaume-Uni, donc le problème il n'est pas là, le problème il est, par exemple sur ce vaccin-là, on ne produit pas assez, et puis que, sans doute du côté britannique, l'entreprise, ou d'autres autorités, ont freiné les livraisons vers l'Europe. Et donc, c'est là-dessus qu'on est ferme, moi je défends le cadre européen, mais je ne veux pas que l'Europe se fasse rouler, donc le cadre européen ce n'est pas le cadre Bisounours où on dit merci à tout le monde. Et donc, les contrôles des exportations ça fait partie de cette Europe qui protège mieux, on doit le faire plus, plus vite, on contrôle aujourd'hui toutes les exportations de doses de vaccins qui quittent l'Union européenne, toutes, depuis le début du mois de février...

Q - D'un pays vers un autre.

R - D'un pays vers un autre, et je précise tout de suite, il est normal que dans un certain nombre de cas il y ait des exportations. Cela aide par exemple des pays qui n'ont pas accès aux vaccins, comme en Afrique, et puis, c'est bien, on est aujourd'hui, avec les Etats-Unis, la première zone de production des vaccins dans le monde. C'est une force d'exporter, de produire chez nous. Simplement, moi je pose un principe très simple, qu'on a acté au sommet européen auquel participait le Président de la République jeudi, c'est la réciprocité : on livre si on est livré, donc, on livre des doses au Royaume-Uni ou ailleurs, si eux-mêmes respectent les engagements et nous livrent, cela, je crois que c'est du bon sens et c'est comme cela qu'on se protège, et le cadre européen, là où, je le dis franchement, il a été, comme le disait le président, un peu "diesel", c'est-à-dire long au démarrage, c'est au tout début, sur l'innovation, mais franchement...

Q - Parce qu'on n'y a pas cru quoi !

R - Oui, on n'y a pas cru, peut-être en tant qu'Européens, ce n'est pas l'Union européenne d'ailleurs, c'est parfois aussi, il faut s'interroger, notre culture, notre précaution d'Européens ; cette précaution, elle a des avantages, je rappelle que, à population égale, en France, on à 40.000 morts de moins que le Royaume-Uni dans cette crise sanitaire, ce n'est quand même pas rien.

Q - On ne va pas quand même aller sur les chiffres, parce qu'on n'est pas forcément très bien placé non plus la France, donc...

R - Non, tout ça est un drame pour tout le monde, ce que je veux dire c'est que la précaution ça a ses avantages, parfois, il faut le reconnaître, cela nous a un peu ralenti au tout début dans l'innovation, et je crois qu'aucun de ces problèmes-là ne serait mieux résolu si on cassait ce cadre européen, au contraire.

Q - Alors, les Britanniques n'ont pas joué évidemment le jeu européen, eux qui sont dans le Brexit, ils ont joué contre.

R - Ils ont joué contre, ils ont joué, j'allais dire tant mieux, cela va vite chez eux, on va s'en plaindre pour eux, en revanche, là où cela ne devient pas acceptable en termes de coopération, c'est quand nous on livre des doses et que, eux n'en livrent pas, donc c'est ça à quoi on met fin avec ce mécanisme de contrôle des exportations.

Q - Un mot sur le stock de 29 millions de vaccins, là, qui était caché en Italie. On voit qu'il y a du trafic en fait derrière aussi, on va en récupérer, c'est ça, l'Europe et puis la France ?

R - Oui, absolument, c'est d'ailleurs grâce à une enquête demandée par la Commission européenne qu'on a pu identifier en Italie presque 30 millions de doses, ce n'est pas rien, on pense que dans ces 30 millions il y en a au moins 16 qui sont destinées au marché européen, le reste sans doute à la solidarité internationale ; et donc, sur ces 16 millions de doses, il y en a un peu plus de 2 millions pour la France, c'est notre part, et cela viendra améliorer les approvisionnements dans les prochains jours, et pour AstraZeneca on sait qu'il y a beaucoup de retard, il y en aura, c'est sûr, mais ça permet de limiter un petit peu les retards.

Q - Clément Beaune, est-ce qu'on va pouvoir tenir les engagements, c'est-à-dire 30 millions, à peu près, de vaccinés, cet été, en France ? Thierry Breton l'a redit, hier, lui qui en est en charge au niveau européen, et la question qui est annexe aussi, quand est-ce qu'on va commencer la vaccination avec le Johnson & Johnson ?

R - Alors, oui pour les objectifs, on a fixé, je rappelle en deux mots, les objectifs de 10 millions de personnes vaccinées mi-avril, 20 millions un mois plus tard en mai, 30 millions en juin, deux tiers de la population adulte. Ces objectifs, on peut les tenir, on va les tenir, et on est sur la bonne trajectoire parce que, même si c'est difficile, et j'entends l'impatience évidemment, ça accélère vraiment au niveau européen, on aura 3 millions de doses livrées rien qu'en France cette semaine.

Q - De quoi, de AstraZeneca, Pfizer ?

R - Ce sera les trois, AstraZeneca, Moderna et Pfizer, essentiellement Pfizer et AstraZeneca...

Q - C'est ça, il va y avoir une accélération pour Pfizer et Moderna ?

R - Absolument, je rappelle aussi qu'il y a parfois des mauvaises nouvelles, mais il y a des bonnes nouvelles, Pfizer livrent plus que prévu, on a remis des contrats, par l'Europe justement, avec Pfizer, pour avoir plus de doses au premier trimestre...

Q - Combien de doses, on le sait déjà, on pourrait avoir, de Pfizer ?

R - On sait que, par exemple sur le premier trimestre, ils ont fait plus que leur engagement, et au deuxième trimestre on aura 200 millions de doses, dans toute l'Europe, au moins, de Pfizer. Donc, pour donner un ordre de grandeur, on va trois fois plus vite au deuxième trimestre, avril, mai, juin, qu'on ne sera allé au premier trimestre, janvier, février, mars, donc il y a une vraie accélération, c'est cela qui permettra de tenir les objectifs, 10, 20 et 30 millions, et Johnson & Johnson, a été autorisé par l'Agence européenne, il y a quelques semaines, et il commencera à être livré à partir du mois d'avril en Europe.

Q - Donc, dans quelques jours.

R - C'est une question de quelques semaines.

Q - Une fois vaccinés viendra aussi peut-être le temps du pass sanitaire, ça, il va voir le jour mi-juin, c'est ça ?

R - Oui, c'est l'objectif.

Q - C'est l'équivalent d'un passeport.

R - Alors, je précise, parce que le mot sanitaire est très important, ce n'est pas vaccinal, au sens où, vous n'aurez pas, d'abord évidemment l'obligation d'être vacciné, et vous n'aurez même pas l'obligation de présenter une preuve de vaccin. Ce que je veux dire par là c'est que, par exemple les jeunes, même si on accélère et qu'on va vacciner beaucoup de monde, on n'aura pas vacciné par exemple les gens de 18 ans à l'horizon de juin. On ne va pas leur dire "écoutez, vos parents, vos grands-parents, ils peuvent se promener, partir en vacances en Europe, vous, désolé, vous avez déjà vécu une année difficile, mais vous ne pouvez pas du tout bouger, pour les études ou pour les vacances", c'est légitime. Donc, on pourra montrer sur cette petite application européenne, c'est une App, on pourra montrer soit qu'on est vacciné, soit qu'on a fait un test négatif, soit qu'on a déjà eu le Covid et qu'on est immunisé, et cette application sera commune au niveau européen, pour éviter ce qu'on a vécu l'été dernier, c'est-à-dire qu'on ait des règles très différentes, toute la cacophonie qu'on a justement critiquée, en disant parfois il y a des zones rouges à tel endroit, parfois ce n'est pas le cas...

Q - Et ce sera la même chose aussi pour les touristes potentiels qui viendront en France ?

R - Alors, Européens oui, et pour le tourisme international, je ne l'ai pas précisé tout à l'heure, on a encore des frontières fermées. Donc, vous êtes aujourd'hui Américain, ou Russe, ou Chinois, vous ne pouvez pas venir en Europe, parce que la situation sanitaire ne le permet pas. Cet été, je ne sais pas ce qui sera possible, mais la priorité c'est la circulation en Europe.

Q - Alors cet été on a une vision, non, c'est trop tôt ?

R - Pas encore honnêtement, mais on nous dit parfois tout et son contraire, on nous dit "vous ne protégez pas assez en fermant les frontières", et puis "ah, c'est dommage, il n'y a pas de tourisme" ; donc, nous sommes responsables, c'est d'abord la fermeture des frontières au tourisme international, c'est normal, dans cette situation qu'on connaît aujourd'hui on ne peut pas se permettre une ouverture des frontières, on tient bon, mais la priorité c'est d'abord qu'on circule en France, évidemment, puis en Europe, et puis on verra pour le vaste monde.

Q - Si ce n'est pas obligatoire, finalement à quoi ça sert le certificat, le pass sanitaire?

R - Alors attention, ce sera sans doute obligatoire pour circuler.

Q - Pour circuler, vous avez dit "pas forcément si on peut avoir un test PCR ce sera suffisant" ?

R - Quand on dit que ce n'est pas obligatoire, c'est le vaccin qui n'est pas obligatoire, personne n'est forcé, s'il ne veut pas...

Q - En plus on n'est pas certain de l'avoir.

R - Oui, et surtout on ne veut pas forcer les gens, c'est votre liberté individuelle si vous ne voulez pas être vacciné, et vous n'êtes pas paria si vous n'êtes pas vacciné, mais en revanche c'est normal, aujourd'hui il y a déjà des restrictions, qu'on assouplisse un peu en disant vous pourrez circuler en Europe, soit si vous avez un test PCR négatif, soit si vous êtes vacciné. Je précise quand même que, c'est pour ça qu'on attend encore quelques semaines, d'abord parce qu'il faut que la vaccination monte en puissance, mais il faut aussi qu'on sache si quand vous êtes vacciné vous êtes contagieux ou non, ce qu'on ne sait pas encore formellement aujourd'hui. On ne va pas faire circuler des gens partout en Europe si on n'a pas cette preuve scientifique.

Q - Clément Beaune, un mot. Hier nous avons reçu sur Sud Radio le nouvel ambassadeur de Turquie, qui a dit, qui a répondu indirectement à Emmanuel Macron en disant "il n'y a pas d'ingérence de la Turquie en France", qu'est-ce que vous lui dites ?

R - Ecoutez, il y a un certain nombre d'actions, on le sait, il y a les réseaux sociaux via, on l'a vu récemment, le débat sur le financement de certains lieux de culte, de mosquées, qui montrent une volonté d'influence, ou d'ingérence, dans les affaires françaises.

Q - Il dit "non, ce n'est pas de l'ingérence".

R - Ecoutez, on peut jouer sur les mots, s'il n'aime pas le mot ingérence appelons-le autrement, mais enfin, il y a un problème, je veux bien qu'on sorte le dictionnaire des synonymes, mais le sujet c'est quand même : est-ce qu'on peut accepter qu'il y a un système, comme la loi séparatisme veut y mettre fin, d'imams détachés qui soient mal contrôlés, est-ce qu'on veut contrôler, ou pas, les financements des lieux de culte en France ? La réponse doit être oui, évidemment du point de vue du gouvernement. Est-ce qu'on veut laisser les réseaux sociaux inciter parfois à la violence ou aux critiques contre la France, après l'affaire Samuel Paty ou d'autres ? Non, on veut évidemment réguler cela, empêcher cela, et donc voilà. On peut appeler ça influence, ingérence, comme on veut, mais c'est un problème, et c'est normal, ce n'est pas contre la Turquie spécifiquement, que la France se protége de toute ingérence étrangère.

Q - Dernière question, lors de votre voyage en Pologne vous n'avez pas eu accès aux zones dites libres d'idéologie LGBT, on sait que la parole homophobe en Pologne est assez courante, on sait aussi que des subventions ont été retirées par l'Union européenne. Est-ce qu'il faut, d'une part, retirer le droit de vote à la Pologne, même si c'est compliqué, et aller plus loin, voire les exclure des 27 ?

R - Non, moi, je ne veux pas envisager ça parce que ça serait un échec, je ne veux pas qu'on démantèle le club européen. En revanche, je ne veux pas qu'on soit silencieux sur ce qui se passe, et moi je crois que, à commencer d'ailleurs en Pologne, il y a des gens qui se mobilisent contre l'homophobie, contre le recul des droits des femmes qui sont tout aussi attaqués, sur l'avortement, notamment en Pologne, et parfois ailleurs, et donc, moi je ne veux pas qu'on dise on n'a plus rien à faire ensemble, je veux qu'on reste ensemble dans l'Europe, mais qu'on défende nos valeurs. D'ailleurs, je passe un message, moi, je parle aussi de ces questions parce que ça peut arriver partout ; je ne dis pas "c'est un pays qui recule et c'est une fatalité". D'abord, il y a des gens, encore une fois, qui se mobilisent pour l'éviter sur place en Pologne, très courageusement, et puis les reculs des droits, des libertés, de choses qu'on pensait acquises, ça peut arriver partout en Europe, donc c'est aussi une façon d'ouvrir les yeux, d'être vigilant, je pense que l'Europe c'est la liberté, la démocratie, c'est vrai, mais cela se défend.

(...)

Q - Merci Clément Beaune, secrétaire d'Etat en charge des affaires européennes, d'avoir été l'invité ce matin de Sud Radio.

R - Merci.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mars 2021