Texte intégral
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R - Il y a de la prudence en Europe, c'est vrai. On peut avoir un débat, qui est d'ailleurs un débat collectif, peut-être qu'il y a trop de prudence. Regardez les chiffres aussi : on est le pays d'Europe, au début, c'est remonté, où il y avait le plus de réticence à la vaccination. On doit tenir de cela aussi quand on nous compare aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne, ce ne sont pas les mêmes sociétés. Il n'y a pas la même adhésion.
Je vais vous dire ce qui s'est passé, d'ailleurs, cela rejoint l'Europe. On a vu une espèce d'effet de dominos. Il y a un pays qui a dit : attention, moi je fais gaffe. Et cela a rebondi sur d'autres pays, et sur les agences sanitaires. Je ne veux pas être trop précis, mais c'est tout de même important. Ce qui s'est passé, c'est que la France, l'Allemagne, etc. étaient d'accord pour dire : il n'y a pas assez d'éléments pour suspendre. Cela va dans votre sens. L'agence allemande de santé a dit : il y a quand même des risques, c'est une sorte de coupe-circuit, par précaution, c'est comme ça, elle a dit : on stoppe. Le ministère de la santé allemand a suivi. Notre agence a suivi. Et donc, on a suspendu.
Honnêtement, on dit cela maintenant, c'est un peu facile avec le recul. S'il y avait eu plus de cas, imaginez le lendemain, il y aurait eu deux cas, trois cas supplémentaires en France ou ailleurs, on aurait dit : vous êtes dingues, vous n'avez pas suspendu, alors que les Allemands l'ont fait. Ce qui est dur dans cette crise, c'est que tous les jours, on est comparé à tout le monde sur tout. Je ne dis pas que c'est parfait, je pense que c'est très important d'avoir de la prudence et de la précaution, cela correspond aussi, parfois, moi j'ai cette interrogation aussi, peut-être que collectivement, on est dans une société où on est trop prudent, on a trop de précautions. Mais je pense que dans un truc qui est sous le feu des projecteurs, toute la journée, et où les gens, on le disait, sont à fleur de peau, parfois, il n'y a parfois que de mauvaises options, mais la moins mauvaise option, c'est de prendre le temps de la conscience.
Q - Mais cela servait à quoi de suspendre en disant : on va remettre en route deux jours après.... ?
R - On n'a pas dit qu'on remettait en route. Je dis ce que l'on a fait. Ce que l'on a fait, c'est qu'on a suspendu. Et on a dit justement pour éviter qu'il y ait un pays qui fasse A, l'autre pays qui fasse B, le troisième qui fasse C, on a dit : on va arrêter tout cela, demander à l'agence européenne de faire une évaluation sérieuse et rapide. C'est l'Agence européenne des médicaments qui deux jours après a dit : moi je fais l'arbitre. Je vous dis la réalité, et la réalité, c'est qu'il n'y a pas de risque suffisant pour qu'on justifie qu'on suspende. Et on a repris tout de suite. Et d'ailleurs...
Q - Pas tous les pays d'Europe !
R - Il y en a deux qui n'ont pas repris. Mais on a repris nous en France. On a eu raison d'ailleurs. On a repris parce qu'il y avait une base scientifique.
Q - Il y a une méfiance vis-à-vis de ce vaccin, maintenant.
R - Vous avez raison parce qu'il y a eu des cas. Mais honnêtement je pense que si l'on avait été dans une espèce de prise de risque énorme comme cela, en disant : écoutez, il y a des cas, mais on n'arrête pas, aujourd'hui, les gens seraient encore plus dans la défiance à l'égard du vaccin.
Q - C'est ce qu'a fait la Grande-Bretagne. Mais enfin cela n'explique pas...
R - Elle n'avait pas d'avis de son agence qu'il lui disait qu'il fallait suspendre.
Q - Juste pour rebondir là-dessus, quand même. C'est la cacophonie. Vous dites qu'à un moment, il y a eu un truc européen. Mais avant, chacun y a été de son...
R - Mais je suis d'accord avec vous. Et c'est parce que, justement (je ne veux pas refaire un long exposé), la santé n'était pas un sujet européen avant la crise ; il n'y avait rien.
Q - Cela ne l'est toujours pas d'ailleurs.
R - Vous le savez, il n'y avait rien. Et on construit. Franchement, je serais venu ici, il y a deux ans. Vous m'auriez dit : c'est quoi vos dossiers européens, on va faire quoi en Europe : la défense, le climat, etc... ? J'aurais dit la santé, vous auriez éclaté de rire. Vous auriez dit : le type, il est un peu dingue, on a autre chose à faire que la santé en Europe. On va gérer cela de notre côté. On voit bien aujourd'hui qu'on a besoin d'une Europe de la santé.
Q - Mais est-ce qu'on a eu raison ?
R - Je pense qu'on a besoin d'outils supplémentaires, on va revenir sur les vaccins, mais là, on voit bien que c'est parce que, à un moment donné, on a dit : arrêtons de prendre 25 ou 27 décisions séparées, on va avoir des scientifiques qui se réunissent dans la même pièce, qui vont faire la même évaluation européenne. C'est comme cela qu'on a pu reprendre. Je regrette qu'il y ait eu cet épisode. C'est comme cela, il n'y a pas que de bonnes décisions. Et on l'a fait comme ça.
Q - Aujourd'hui, vous l'avez dit vous-même, on se compare avec les autres et quand on se compare, on se désole, notamment quand on se compare avec les Américains ou les Anglais ou les Israéliens. Pourquoi l'Europe a perdu du temps, au début ? Parce qu'on est 27 ? Parce que c'est compliqué ? Parce que, justement, ce n'était pas au départ une compétence européenne, la santé ? Ce retard que l'on ne rattrapera jamais, parce que forcément... Plus on tarde à vacciner, plus il y a de morts, plus il y a de gens en réanimation, et un décès ne se rattrape pas. La personne est morte. Est-ce que vous l'assumez, cela ? Que l'on a perdu du temps ?
R - Moi, j'assume qu'il y a eu des problèmes. Je ne vais pas vous dire que l'on est plus rapide que les Britanniques, vous voyez bien qu'ils sont plus rapides que nous. Je ne vais pas vous dire que l'on est plus rapide que les Américains. Après, il faut aussi dire... Moi, je vous dis aujourd'hui, on est encore dans la crise, dans la période de vaccination, je ne sais pas tout. On va regarder ce qui a marché, pas marché.
Moi, j'ai une conviction quand même. C'est que l'on a fait, les Européens, je ne pense pas que ce soit Bruxelles, les Européens -... au début, on avait un problème, on avait un handicap par rapport aux Américains, même aux Britanniques, c'est que d'abord notre industrie pharmaceutique avait décroché, pendant une bonne dizaine d'années. Je prends juste un chiffre, qui est tout de même parlant : la part de l'Europe dans l'industrie pharmaceutique mondiale avait été divisée par deux en dix ans. On avait moins d'investissements, moins d'innovations. Il y a des laboratoires européens, il y a des succès européens dans la production, aujourd'hui, mais il y a des laboratoires américains surtout qui sont devant nous, et qui ont été plus rapides. Et puis, on a pris du risque. Cela rejoint un peu ce que vous disiez. C'est vrai aux Etats-Unis, c'est un peu moins vrai en Grande-Bretagne, mais c'est vrai aussi, ils ont pris plus de risques, au début. Dès mars-avril 2020, ils ont mis des milliards de dollars, aux Etats-Unis, sur la table, en disant aux labos : peut-être que ça ne va pas marcher, mais on vous finance la dernière étape de recherche. Eh bien, on ne l'a pas fait, ni la France, ni l'Allemagne, ni l'Europe, parce qu'on n'avait pas eu, j'allais dire presque cette croyance, dans l'innovation, au même moment.
Q - On n'y a pas cru ?
Q - On n'a pas la structure ?
Q - Cela ne dit pas quelque chose de cette vieille Europe. La vieille Europe, c'est le principe de précaution, les Etats-Unis, c'est le goût du risque ?
R - Mais, oui, moi je pars de ce constat aussi. On a nos avantages et nos inconvénients. Je ne veux pas juste qu'on dise : on est nul, etc... Parce que ce n'est pas vrai. D'abord, on produit des vaccins, on va en produire cet été plus que les Américains, on sera, et c'est important, le premier lieu de production du vaccin, à l'été et d'ici la fin de l'année, etc... Donc, on n'est pas nul, il ne faut pas dire cela.
En revanche, nous avons nos caractéristiques, c'est vrai, d'Européens, et même de Français. On est plus prudent que les Britanniques.
Q - Mais vous n'avez pas l'impression que les Anglais nous l'ont mis à l'envers, là-dessus ?
R - Alors, j'y arrive, mais juste là-dessus, parce que c'est important. Mais il y a quelques éléments qui vont dans ce sens, pour le dire comme cela. Attendez, sur la précaution, c'est important, parce que je pense, c'est ce qu'a dit le Président, on n'a pas assez cru aux étoiles, c'est un peu cela qu'il veut dire. Parfois, on a manqué un peu de folie ou un peu d'innovation. Cela ne nous enlève pas nos responsabilités de politiques, mais c'est aussi notre société. Et la précaution, il faut tout de même regarder aussi, la protection qu'on a beaucoup, nous Européens, nous Français, a quand même aidé sur beaucoup d'autres sujets. Je rappelle - vous disiez : les morts, on ne va pas les rattraper - que les Britanniques ont 40.000 morts de plus que nous, avec la même population que la France. Et on ne va pas les rattraper ceux-là...
Q - Il n'y a quasiment plus de décès au Royaume-Uni aujourd'hui.
R - Aujourd'hui.
Q - Ils ont été mauvais au début, ils sont meilleurs à la fin.
R - D'accord, on va rattraper cela. Mais il ne faut pas oublier tous les autres épisodes précédents du film. Et c'est aussi parce qu'on a été parfois prudent, parfois précautionneux, et qu'on a protégé. Moi, je préfère, sur le plan économique et sur le plan social, être restaurateur, être artisan, être employé en France qu'aux Etats-Unis pendant la crise.
Q - Mais à la fin, combien cela nous coûtera ?
R - Oui, mais quand même. Être protégé par le chômage partiel, tout ça, ce n'est pas le modèle des Américains. Donc, il y a un tout...
Q - La question qui se pose pour l'Europe : est-ce que cette fameuse Europe de l'hyper-administration qui gouverne, ou est-ce que ce sont les pays qui arrivent à décider entre eux. Ce qu'on a vu et ce que nous montre cette crise, c'est qu'il n'y a pas d'Europe de la santé, cela, on le savait. Tout laisse à penser qu'il n'y en aura pas non plus à la sortie. Alors que devant nous, on a, et là, je ne parle pas de la pandémie, mais on a à la fois la médecine prédictive, on a le numérique, on a tout ce qui est génomique... Donc, on est face à des changements qui sont monumentaux et qui vont demander à ce que précisément, il y ait une réponse européenne, et non pas des pays qui font chacun la sienne comme on l'a vécu avec la pandémie. Et là, le problème, c'est que cette Europe est hyper-administratisée, et qu'on le sait, l'administration réagit bien en terrain connu. Or là, on est en terrain inconnu, depuis des mois. Et cela explique qu'il n'y ait pas ces réactions, et donc que les pays agissent seuls, chacun dans son coin. Et on n'a pas été capable de regarder qui réussit, qui ne réussit pas. On est quand même un pays qui au mois d'avril 2021 vient de reconnaître l'aérosol et l'aération. Un an qu'on en parle, on le reconnaît à peine. C'est sur les affiches du gouvernement depuis dix-quinze jours à peine. On n'a pas mis en place le dépistage des eaux usées au niveau national. Là, on sort les auto-tests. Et je termine : on sort les auto-tests, une révolution. On les met juste dans les pharmacies et on ne fait pas de campagne de santé publique dessus pour expliquer aux gens.
R - Si, on est un des premiers tout de même à le faire. Et je rappelle que c'est nous qui en faisons le plus, beaucoup plus que les Allemands, et c'est gratuit depuis le départ. Nous sommes les seuls en Europe.
Sur l'Europe : il y a de la bureaucratie en Europe, je suis le premier, je le vois tous les jours, avec Bruxelles etc... Parfois c'est agaçant. Mais après, il faut être honnête, il y a moins de fonctionnaires à la Commission européenne qu'à la Mairie de Paris. Donc, ce n'est pas la bureaucratie qui pose le gros problème. Cela peut aller plus vite et je n'excuse pas tout...
Q - C'est plus propre à Bruxelles ?
R - Pas tout à fait. Donc, soyons aussi parfois fiers de nous. Ce n'est pas ça. On l'a dit, on a mis du temps pour les contrats, on aurait pu parfois gagner quelques jours, mais ce n'est pas cela le fond du problème. Le fond du problème, c'est ce que l'on disait : on n'a pas investi assez, en Européens, on n'a pas cru collectivement assez à l'innovation. Et moi, je crois qu'il n'y pas de fatalité à cela. Si on se dit ça, c'est la leçon de la crise ; il n'y a pas de raison pour que l'Europe soit un lieu touristique pour Chinois ou Américains qui eux font de l'innovation, de la 5G, du vaccin et tout. On peut le faire en Europe.
Q - Et on va avoir une BARDA européenne ?
R - Une BARDA, c'est quoi ? C'est une agence qui est commune et qui a beaucoup d'argent pour financer des innovations. Moi, je suis à fond pour qu'on fasse cela. Une des leçons qu'on doit tirer de la crise, je ne suis pas un fanatique de l'Europe fédéraliste et tout cela, moi, je n'y comprends rien. Je suis convaincu que l'on doit faire de l'Europe quand c'est utile. Je pense que sur la santé, c'est utile. Pas de la bureaucratie. Mais par exemple, une agence européenne, ce n'est pas pour créer un "machin". Mais avec de l'argent pour être capable comme les Américains en quinze jours de mettre quinze milliards de dollars sur l'innovation et de dire : je finance les meilleurs chercheurs... L'Allemagne ne le fera pas toute seule ; la France ne le fera pas toute seule ; l'Espagne ne le fera pas toute seule. On peut le faire en Européens.
Q - En attendant, il y a la campagne de vaccination, c'est une course contre la montre. C'est vrai qu'il y a des pays européens qui, de leur côté, achètent leurs propres vaccins ?
R - Il y a beaucoup de mythes là-dessus. Merci de me donner l'occasion. On a dit : il y a l'Allemagne qui a acheté toute seule. Ce n'est pas vrai. L'Allemagne a, à un moment, regardé. C'est son boulot de regarder, comme nous, on a regardé toutes les options ; elle a regardé si elle pouvait acheter des doses Pfizer supplémentaires. Elle ne l'a pas fait. Pourquoi elle ne l'a pas fait : parce que justement, on a mis la pression. L'Europe a recommandé du Pfizer. Je dis aujourd'hui, d'ailleurs, le vaccin Pfizer, le laboratoire Pfizer tient ses engagements et a même augmenté ses engagements. Et on a signé les contrats par l'Europe.
Il y a, aujourd'hui, deux pays qui l'ont fait, pour être précis : la Hongrie, la Slovaquie. La Slovaquie, cela a fait tomber le gouvernement, je ne nous le souhaite pas, parce qu'ils ont commandé, et l'agence de santé slovaque a dit : attendez, c'est quoi votre truc russe, il n'est pas validé scientifiquement. Je n'ai aucun problème avec le vaccin russe, mais simplement, ce sont les mêmes règles pour tout le monde. Le vaccin russe, il n'y a pas de raison d'avoir un coup de fil, par rapport au vaccin américain, allemand, ou je ne sais quoi. Donc, il est évalué en ce moment. Ce sont eux, les Russes, qui ont mis du temps à transmettre le dossier à l'agence européenne. Ce n'est pas nous, c'est eux. Donc, il va être évalué tranquillement, au rythme normal : vite, mais scientifiquement de manière sure, et voilà ! Et donc, il n'y a pas de remède miracle. Donc, la Slovaquie, elle a pris les doses russes, elles sont dans un frigo aujourd'hui, car elles ne sont pas autorisées. Donc, il ne faut pas faire croire que ça existe quelque part et que c'est disponible.
Et puis, les Hongrois, ils ont fait cela, mais je vais vous dire, pour être très honnête, tout en étant un peu diplomate, c'est facile de faire ça. Ils font fromage et dessert. Ils prennent quelques vaccins chinois et russes pas autorisés par les scientifiques, et ils commandent aussi dans le cadre européen. Ce sont les premiers bénéficiaires du cadre européen. La population hongroise n'est pas vaccinée majoritairement au russe et au chinois, elle est vaccinée majoritairement au Pfizer, à l'Astra, et comme nous... Vous voyez que si tout le monde faisait cela, à la fin, il n'y aurait plus de cadre européen.
Q - Au 14 juillet, Thierry Breton dit qu'on sera en immunité collective, qu'on sera sorti d'affaire. Vous êtes sur la même ligne ?
R - C'est tout à fait possible.
Q - Ce n'est pas sûr, sûr ?
R - Je suis prudent.
Q - Il s'avance un peu trop ?
R - Non, il ne s'avance pas un peu trop, je crois qu'il l'a dit, ici. Il a raison, parce que c'est quoi l'immunité collective ? Ce n'est pas juste la vaccination. Il y a des gens qui ont eu le Covid, malheureusement, mais cela protège aussi. Il y a le vaccin. Et si vous regardez les chiffres, 30 millions mi-juin, c'est notre objectif, plus les gens qui auront eu le Covid, et qu'il ne faut pas que ce soit 100% de la population pour être immunisé, mais une large partie, cela veut que l'on peut avoir l'immunité collective à cette date.
Q - En attendant, l'AstraZeneca, enfin, le laboratoire, ils nous l'ont fait à l'envers ?
R - Je n'ai pas répondu sur les Britanniques et AstraZeneca. Alors, moi, je ne peux pas utiliser le même mot, mais ils n'ont pas joué un très bon jeu, les Britanniques. Ça, c'est clair. Je vais vous dire ce qui s'est passé : d'abord, ils disent que le vaccin AstraZeneca est à nous, c'est notre vaccin d'Anglais. C'est Oxford, grande université anglaise qui a trouvé. Oxford, jusqu'au 31 décembre, était financée par l'Europe. Il y a presque 100 millions d'euros d'argent pour la recherche britannique qui venaient de l'Europe et qui ont permis le vaccin AstraZeneca. Donc, je dis (presque 100 millions, 90) : ce vaccin est britannique, formidable pour vous, mais il est aussi européen.
Après, eux, ils sont maintenant tous seuls. Je pense qu'au total, cela va leur poser plein de problèmes. Mais il y a un avantage, c'est qu'ils sont parfois plus rapides. C'est vrai. Il n'y a aucune raison qu'on n'ait pas l'avantage de l'Europe, c'est-à-dire la force d'être plein, pour la BARDA, etc... et l'agilité d'être beaucoup plus rapide en enlevant un peu de bureaucratie. Et ce qu'ils ont fait (il faut être honnête), ils ont manifestement un deal informel avec AstraZeneca, qui dit : on est livré d'abord. Il n'y a aucune raison ! On nous a dit : le contrat, vous avez traîné. Ce n'est pas vrai. On l'a signé 24 h avant les Britanniques. Dans le contrat qu'on a, nous l'Europe, avec AstraZeneca, il est marqué que les usines, donc c'est un engagement juridique, deux usines britanniques, elles doivent livrer, et on a reçu zéro dose. Donc, ok, peut-être qu'ils ont bien joué, mais ils ont joué un mauvais jeu. Donc, ce que nous disons c'est : si vous ne voulez pas être coopératifs (on préfère jouer en coopératif), si vous ne voulez pas jouer en équipe, nous ne jouerons pas en équipe, non plus. Ce qui veut dire concrètement que les doses que nous devons commencer à livrer de nos usines européennes, aux Pays-Bas notamment, vers le Royaume-Uni, AstraZeneca, nous ne ferons pas, tant que nous ne recevrons pas nos doses. C'est simple : on livre si on est livré. Ils veulent un jeu non coopératif, nous faisons comme eux. Ils veulent discuter, nous discutons.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 2021