Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Avec Alain GRISET, le ministre délégué chargé des PME, sur ce plateau 8h17, bonjour Alain GRISET.
ALAIN GRISET
Bonjour.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va parler avec vous de l'avenir, de la réouverture des magasins, parce qu'on a vécu un nouveau week-end où 150.000 commerces ont dû fermer, vous le savez, c'est le désespoir pour beaucoup d'entre eux, on va parler des mécanismes d'aides qui existent, de ceux que vous pouvez rajouter, mais j'aimerais qu'on parle de l'avenir. La réouverture, mi-mai, c'est ce qu'a dit le président, vous travaillez vraiment à un scénario de réouverture progressive ?
ALAIN GRISET
Tout d'abord dire que je sais que c'est difficile pour les commerçants qui sont fermés, je le sais vraiment parce qu'ils ont envie de travailler, et cette nouvelle fermeture ils la vivent mal, mais par ailleurs il y a maintenant, par rapport à il y a un an, une différence majeure, il y a une perspective, il y a le vaccin, et tout le monde sait qu'aujourd'hui le vaccin c'est la sortie de crise. Donc, effectivement, le président a donné une perspective en disant on va regarder vers le 15 mai ce qui est possible de réouvrir.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il n'a pas parlé trop vite ?
ALAIN GRISET
Non, parce que c'est une perspective, il faut donner de l'espoir, et c'est normal puisque l'espoir existe, par contre moi j'ai envie de dire que ça sera le 15 mai, 15 mai, on va regarder les courbes, et au fur et à mesure de l'avancée, pouvoir donner les perspectives, avec déjà un travail qui s'effectue, qui est déjà effectué depuis 15 jours, 3 semaines, avec les différents secteurs, pour voir dans quelles conditions on va rouvrir. On ne va pas réouvrir tout de suite totalement, mais dans quelles conditions on va réouvrir pour, un peu à la fois permettre l'ouverture totale.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous savez qu'il y a chez beaucoup de commerçants un sentiment de d'injustice parce que certains ne reçoivent que très peu de clients par jour, ont des protocoles sanitaires extrêmement respectueux des consignes, et ils ont quand même dû fermer le rideau, d'autres, plus grands, les supermarchés, ont continué à ouvrir parce que ce sont des biens essentiels, et on a l'impression que peut-être que c'est moins bien respecté que dans un petit commerce, le protocole sanitaire.
ALAIN GRISET
Oui, je connais très bien cette vision des choses d'injustice, on peut, comme ça, beaucoup en discuter, par contre, ce qu'il faut regarder, c'est que nous essayons, avec Bruno LE MAIRE, de trouver le dispositif permettant d'accompagner au mieux l'ensemble des entreprises, de compenser leur perte de chiffre d'affaires, c'est ce qu'on a fait au mois de novembre, et c'est ce qu'on va continuer de faire.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors juste, on parlait encore de ces fermetures de magasins, on voit que dans certaines villes, parce que certains préfets l'autorisent, on voit des commerçants rouvrir en mettant des étals de vêtements par exemple sur le trottoir, vous êtes favorable à ça, vous encouragez ce système D de la vente ?
ALAIN GRISET
Non, pas du tout, parce que je pense qu'actuellement chacun doit jouer le jeu, et les quelques maires qui ont fait ça, les préfectures ont engagé des contentieux au tribunal administratif, on attend la réponse du tribunal, et je pense qu'à un moment donné on va devoir réussir à trouver une solution qui va consister à dire tout le monde respecte la même règle, sinon c'est un peu n'importe quoi.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous parliez des aides, qui ont été multipliées effectivement depuis un an, il y a, allez, une heure, à votre place je reçois Sébastien BISMUTH le président associé de JENNYFER, il l'expliquait, il nous expliquait, qu'il y avait beaucoup de trous dans la raquette dans les dispositifs que vous aviez mis en place, écoutez-le.
SEBASTIEN BISMUTH
Pour être éligible il faut perdre plus de 50% de son chiffre d'affaires, donc en mars, en février, on a perdu 25 à 30% avec le couvre-feu, les centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés, après ceux de plus de 10.000, etc., donc mars on n'était pas éligible, février on n'était pas éligible, donc maintenant on nous dit vous allez être éligible au mois d'avril puisque vous allez perdre 100 % du chiffre d'affaires, donc je dis très bien, si cette aide des coûts fixes nous permet sur mars, et le cumul d'avril, de recevoir enfin une aide, oui ça va nous aider. Les loyers, pour l'instant, la prise en charge des loyers, on nous en parle, mais on n'a aucune annonce, on nous dit c'est l'Europe, il faut attendre l'accord de l'Europe.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, réponse du ministre.
ALAIN GRISET
Tout d'abord dire qu'il n'a eu rien, ce n'est pas vrai, dans tous les cas de figure il y a l'activité partielle, il y a les prêts garantis par l'Etat, par ailleurs, c'est vrai que le fonds de solidarité a beaucoup beaucoup évolué, il y a un an le fonds de solidarité c'était 1500 euros uniquement, et il fallait perdre 50% de chiffre d'affaires, avoir moins de 10 salariés.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Aujourd'hui on peut aller jusqu'à 10 millions et être remboursé de 70% des frais fixes.
ALAIN GRISET
Voilà, aujourd'hui il y a 10.000 euros, ou 20% de chiffre d'affaires, et le dispositif frais fixes, sur lequel nous avons négocié assez longuement avec Bruxelles, qui est effectif maintenant, et qui permet, pour les entreprises qui ont plus de 50 salariés, d'avoir jusqu'à 70% des frais fixes, limité à 10 millions. Donc, il y aura, pour JENNYFER, et pour d'autres, c'est soutiens-là. Nous avons également annoncé des aides spécifiques pour les magasins dans les centres commerciaux avec une prise en charge du loyer, pour ceux qui étaient concernés…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ça, pour l'instant, ce n'est pas arrêté, on attend l'accord de Bruxelles sur les…
ALAIN GRISET
Oui, mais je veux dire, tout ça, ça va se faire.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ça ira jusqu'à 100% des loyers pris en charge ?
ALAIN GRISET
Oui, pour ceux qui ont des magasins en centre commercial, fermés, ça ira jusqu'à 100% des loyers et des charges locatives.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre chose. Sur les stocks, vous avez mis en place un dispositif de stocks, beaucoup de commerçants regrettent que ça ne s'applique que pour les commerces de moins de 50 salariés et que donc, une fois de plus, les commerces de taille moyenne et les grandes enseignes n'y aient pas droit.
ALAIN GRISET
Tout d'abord, on a voulu faire un dispositif rapide et simple, et donc ce dispositif rapide et simple consiste à dire on prend ce qui a été perçu au mois de novembre, de façon à avoir une base de calcul. Ensuite, pour les entreprises plus importantes, au-dessus de 50, le dispositif frais fixes va intégrer ce dispositif de stocks, et donc ils vont également pouvoir bénéficier d'un soutien à l'occasion des stocks, dans le dispositif frais fixes.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Beaucoup d'entreprise redoutent ce mur de la dette qui les attend, le remboursement du PGE, moratoire supplémentaire d'un an, accordé de droit, il suffit d'en faire la demande à son banquier, mais néanmoins il faudra bien un jour le rembourser, ça s'étalera sur 6 ans, et puis il y a tous les prêts qui ont été contractés avant la crise et qui se rajoutent à ce PGE. Certains proposent, c'est le cas de François… qui était sur ce plateau, que l'Etat, et les banques, mettent au point une sorte de prêt de consolidation qui permettrait de consolider tous les prêts et de les étaler sur une durée plus longue, par exemple de 10 ans.
ALAIN GRISET
Oui, c'est une idée à laquelle… nous regardons, parce que, effectivement, les soutiens qui ont été apportés, pendant maintenant 14 mois, il ne s'agit pas de laisser tomber les entreprises. Il y a quand même quelques bonnes nouvelles. Pour l'instant 65% des entreprises qui ont eu un PGE, plus de 650.000 n'y ont pas touché, ensuite, il y a effectivement ce différé de 2 ans qui permet quand même d'attendre au minimum jusqu'à mars-avril 2022 avant de commencer ce remboursement. Là il y a un petit sujet qui concerne les prêts antérieurs, pour lesquels on en avait obtenu des reports, on va retravailler avec les banques pour regarder de quelle manière il peut encore y avoir des reports, et puis cette proposition qui a été faite de consolidation, on va regarder. Comme rappelé avec les PGE, l'Etat garantit 90%, les prêts précédents ne l'étaient pas à cette hauteur-là.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous voulez dire que ça serait compliqué d'agréger des poires, des choux et des carottes, c'est-à-dire effectivement des prêts garantis à 90% par l'Etat et d'autres qui sont des prêts bancaires traditionnels.
ALAIN GRISET
C'est un nouveau dispositif, totalement nouveau, donc de nouveau négociation avec Bruxelles, de façon à trouver une solution.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais vous avez vraiment les mains dans le cambouis sur ce dossier-là, c'est-à-dire que vous trouvez que c'est une bonne idée, vous allez proposer à Bruxelles un mécanisme de consolidation des prêts, notamment des PME ou pas ?
ALAIN GRISET
Cette décision n'est pas encore prise, mais par contre ce que nous faisons c'est que nous regardons, vraiment tous les jours, avec Bruno LE MAIRE, de quelle manière on peut continuer d'accompagner les entreprises jusqu'au moment où cette crise sera terminée, parce qu'encore une fois, ça ne servirait à rien de les avoir accompagnées pendant 14 mois et de les laisser tomber à un moment donné.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais vous pensez qu'il y a besoin d'une, encore, une dernière et ultime couche d'aides, ou est-ce que, parce que là il faut te dire quoi, quatre, cinq, six semaines, ou vous estimez que tout ce qui a été proposé et mis sur la table aujourd'hui va suffire ?
ALAIN GRISET
Je pense qu'en France nous avons un dispositif d'accompagnement des entreprises, activité partielle, fonds de solidarité, prêts garantis par l'Etat, exonérations de cotisations sociales, qui est très large, qui est très puissant.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qui est suffisant ?
ALAIN GRISET
Eh bien écoutez, en tout cas le mois d'avril ça va être 11 milliards, sur un mois, donc… ici ou là certains diront que ce n'est pas suffisant, mais c'est beaucoup, c'est beaucoup d'argent.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Quand on vous entend, quand on vous écoute, on a l'impression que vous vous dites que finalement ce nouveau mécanisme de consolidation des prêts n'est pas nécessaire, qu'il arrive sans doute trop tard, et que là on va terminer les dernières semaines où il faut tenir.
ALAIN GRISET
Ce n'est pas tout à fait ça, je dis qu'on va regarder, mais c'est un dispositif qui est assez complexe à mettre en place, il est possible que pour un certain nombre d'entreprises il est nécessaire encore de regarder comment on va les accompagner, on le fera, on s'adaptera, comme on le fait depuis un an.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
La grande distribution réclame que ses salariés fassent rapidement partie des personnels prioritaires pour être vaccinés, parce que c'est vrai qu'ils sont en contact avec le public en permanence, je pense notamment aux caissières, est-ce qu'effectivement, à un moment donné, on va pouvoir définir, ou est-ce que vous souhaitez qu'on définisse, certaines catégories de salariés jugés prioritaires, quand nous aurons les vaccins, peut-être d'ici quelques semaines ?
ALAIN GRISET
D'abord on peut espérer que les vaccins, arrivant de plus en plus nombreux, tout le monde pourra se faire vacciner assez facilement. Ensuite, Olivier VERAN a dit, il y a quelques heures, qu'effectivement certains personnels de l'Education nationale pourraient considérés comme prioritaires.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Les enseignants évidemment, au contact des enfants.
ALAIN GRISET
Ensuite, il y a les forces de l'ordre qui souhaitent également l'être, à juste titre, j'ai entendu les salariés de la grande distribution, mais pourquoi pas aussi l'ensemble des artisans et commerçants, qui sont au contact des publics.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui, mais pourquoi pas ! Vous pourriez vous en faire l'avocat.
ALAIN GRISET
Au début de la crise on a vu les artisans de l'alimentation être, je vais dire, toujours à disposition…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous souhaitez que les artisans, par exemple de l'alimentation, fassent partie rapidement des personnels prioritaires ?
ALAIN GRISET
Je pense que, à juste titre, ils pourraient le réclamer également.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais vous, vous êtes leur ministre ?
ALAIN GRISET
Naturellement, il n'y a pas de raison que ces artisans, ces commerçants, qui ont beaucoup beaucoup contribué à soutenir les Français, ne puissent pas eux-mêmes être protégés, donc il faut le faire dans l'ordre, et le moment venu je crois qu'on doit pouvoir également les accompagner, encore plus qu'on ne l'a déjà fait.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Eh bien vous vous en ferez l'avocat, j'imagine, auprès d'Olivier VERAN et auprès du Premier ministre.
ALAIN GRISET
Mais oui, comme d'habitude.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci Alain GRISET, ministre délégué auprès des PME, d'avoir été l'invité de « Good Morning Business » ce matin.
ALAIN GRISET
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 avril 2021