Déclaration de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'industrie, sur la production de vaccins contre le coronavirus, à Paris le 6 avril 2021.

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Si je vous retrouve, ce matin, près d'une semaine après la prise de parole du Président de la République, c'est pour faire avec vous un arrêt sur image, sur l'action du Gouvernement en matière de soutien aux industries de santé, dans la lutte contre la Covid-19. En effet, et vous allez voir, nous n'avons pas attendu l'arrivée des premiers vaccins sur le marché pour soutenir nos industries de santé. Préparer l'industrialisation et la montée en capacité de production de vaccin est un travail qui a été préparé, anticipé depuis le printemps 2020. Et c'est ce travail qui permet aujourd'hui d'annoncer qu'au moins 250 millions de doses de vaccin contre la Covid-19 sortiront des lignes de productions françaises en 2021.

Pour avoir ces doses, nous avons soutenu, dès les premiers mois de la crise sanitaire, les entreprises qui étaient susceptibles de produire les traitements et vaccins contre la Covid-19 en France. C'est ainsi que le 18 juin 2020, j'ai présenté avec Olivier VÉRAN un plan d'action pour la relocalisation et le renforcement des industries de santé dans le cadre du contrat stratégique de filière de ce secteur d'activité. Ce plan mettait plus précisément l'accent sur 3 axes. D'abord, renforcer les capacités nationales de recherche de solutions thérapeutiques en lien avec le ministère de la Recherche et Frédéric VIDAL ; ensuite, augmenter les capacités de production française afin de sécuriser l'accès aux produits de santé et enfin, construire notre résilience future à des crises sanitaires à l'échelle européenne. Dès juin 2020, ce sont ainsi d'importants moyens qui ont été mobilisés à travers un dispositif spécifique de soutien aux projets de recherche et développement portant sur la conception de solutions thérapeutiques à visée préventive ou curative contre le virus de la Covid-19, et un appel à manifestation d'intérêt dit Capacity building, plus particulièrement destiné à l'industrie et visant à renforcer nos capacités de production de médicaments impliquées dans la prise en charge des patients atteints de la Covid. Cet appel à manifestation d'intérêt s'adressait à nos industriels de la santé laboratoires ou sous-traitants. Il a rencontré un succès très important, comme en témoigne le document qui vous a été remis avant ce point presse, puisque 17 projets ont été sélectionnés pour plus de 160 millions d'euros d'aides, là où initialement, nous avions prévu 120 millions d'euros d'aides, soit donc un montant sensiblement supérieur à ce que nous estimions être nécessaire pour accompagner ces industriels.

Pour poursuivre cette action, nous avons reconduit cet appel à manifestation d'intérêt en février dernier et nous l'avons doté de 300 millions d'euros. Au total, ce sont donc 460 millions d'euros que j'ai mobilisés à travers ces appels à manifestation d'intérêt à destination des industries de santé qui sont mobilisés dans la lutte contre la Covid-19, qu'il s'agisse de traitements, de vaccins ou de composants sur tous, au fond les maillons de la chaîne de la lutte contre la Covid-19. Et c'est parce que nous avons anticipé il y a 9 mois, l'industrialisation de la production de vaccins que des entreprises produiront dès demain sur notre territoire des doses.

C'est Delpharm qui est implantée en Eure-et-Loire et que nous soutenons, qui va fabriquer dès cette semaine ses premiers lots de tests pour le vaccin développé par BioNTech. C'est Recipharm en Indre-et-Loire, qui commencera à produire pour Moderna vers la mi-avril. C'est Fareva qui produira dans l'Eure et les Pyrénées-Atlantiques à partir de fin mai-début juin le vaccin CureVac. Et c'est enfin Sanofi qui produira pour Janssen cet été, après avoir démarré sa production pour BioNTech, en Allemagne, donc Janssen, c'est en France et BioNTech, c'est en Allemagne. Je rappelle au passage que si Sanofi va produire pour ses concurrents et à ce titre, et le seul à date, laboratoire qui produira pour deux de ses concurrents, l'entreprise avance en parallèle sur la production de son propre vaccin et vise une autorisation de mise sur le marché au quatrième trimestre de cette année.

En répondant présent et grâce à leur mobilisation, nos industriels et leurs équipes participent ainsi à l'augmentation des capacités de production de vaccins sur le sol européen. D'ici la fin de l'année, ce sont 250 millions de doses de vaccins qui seront produites en France, sans compter celui de Sanofi, attendu pour le quatrième trimestre. Vous le savez, ces douze derniers mois ont éclairé d'une lumière particulièrement crue, nos vulnérabilités, notre situation de dépendance en France d'ailleurs, comme en Europe pour l'approvisionnement en produits de santé par rapport à des sites de production éloignés et des chaînes de production mondialisées.

Ces chiffres n'avaient donc rien d'une évidence au début de la crise sanitaire et rien de tout cela n'aurait été possible sans la mobilisation de nos industries de santé et de leurs équipes et je veux saluer ici leur travail. Quoi que pensent ou disent nos oppositions, il ne suffit pas d'incantations politiques, de formules magiques, de capacités à lever tel obstacle juridique pour produire des doses dans des délais aussi rapides. Les mêmes qui nous critiquent aujourd'hui sont d'ailleurs ceux qui étaient en responsabilité il y a 10 ou 15 ans et ceux qui n'ont pas fait les investissements nécessaires ou ont fait du médicament une des variables d'ajustement des budgets de santé. Ils ont laissé partir des capacités de production. Je le rappelle, entre 2005 et 2015, la part de marché mondiale de la France en production de produits de santé a été divisée par deux, divisée par deux. En 2009, la dernière usine de fabrication du principe actif du paracétamol a fermé ses portes en France. Nous sommes ainsi passés de la première place de producteur européen en matière pharmaceutique à la quatrième place européenne. Nous inscrivons notre lutte contre la Covid-19 dans le temps long et nos efforts ne se concentrent pas uniquement sur les vaccins. La maladie ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Soutenir la recherche, c'est donc anticiper la lutte contre les variants, c'est anticiper la question des rappels, c'est se donner aussi une chance de développer des traitements efficaces. Je pense aux travaux prometteurs de Xenothera, qui est une biotech nantaise, qui développe un traitement à base d'anticorps polyclonaux en phase de test clinique et dont nous accompagnons l'industrialisation après avoir soutenu sa recherche et développement. Je pense aussi à Fab'entech, une biotech lyonnaise qui développe un traitement qui pourrait être disponible en France avant la fin de l'année et que nous soutenons aussi.

Je veux rappeler enfin que j'ai mis en place à Bercy, à la demande du Président de la République, une équipe commando, il s'agit de la mission ProdVac pour production de vaccins. C'est le pendant industriel de la Task Force Vaccins du ministère de la Santé, en charge de la campagne de vaccination. Cette équipe, qui est composée d'experts publics, privés souvent passés par l'industrie et connaisseurs du secteur de la santé, a pour objectif d'accompagner les industriels du vaccin pour augmenter nos capacités de production. Elle est mobilisée tous les jours. La mission de ProdVac anticipe, planifie en lien avec les laboratoires et les industriels, tous les grains de sable, toutes les difficultés susceptibles de compromettre la montée en puissance de nos capacités de production approvisionnement en flacons, molécules nécessaires à la fabrication du vaccin ou autres intrants critique ; des points de vigilance sont en effet nombreux en ce moment. C'est un travail long et fastidieux qui demande beaucoup de ténacité mais qui paye. Et nous avons désormais un relais européen puisque s'est mise en place récemment une Task Force Vaccins à Bruxelles sous la houlette du commissaire Thierry BRETON. À la faveur de ce travail collectif, l'Europe sera un des grands centres mondiaux de production de vaccins contre la Covid-19. Vous le savez, nous n'avons pas attendu la crise sanitaire pour engager une politique de reconquête industrielle ambitieuse, notamment dans le domaine de la santé. Mais on ne répare pas en 3 ans, 3 décennies de désindustrialisation et plus d'un million de suppressions d'emplois. Cette crise nous a en revanche confortés dans nos convictions. Il n'existe pas de pays résilient capable de protéger sa population sans une industrie forte. Nous devons donc aller encore plus fort et encore plus loin. C'est pourquoi nous avons fait de la santé un des secteurs critiques, plus particulièrement soutenu par le volet industriel du plan France Relance. 39 projets ont déjà été sélectionnés au niveau national pour relocaliser et localiser des productions en France. Il représente un montant d'investissement de 272 millions d'euros pour un soutien de l'État de 90 millions d'euros. Ces projets ne visent donc pas à lutter contre la Covid, mais permettent de prendre en charge d'autres types de pathologies, mais surtout d'élever le niveau de jeu de la France et de récupérer des parts de marché. A cela s'ajoutent 39 projets, donc c'est le même chiffre, c'est le hasard ; 39 projets soutenus dans le secteur de la santé via le Fonds d'accélération des investissements industriels dans les territoires. C'est notamment l'entreprise CordenPharma qui a été visitée par le commissaire BRETON ce dimanche. L'ensemble de ces projets représentent 21 millions d'euros d'aide et 180 millions d'euros d'investissements industriels. Il s'agit de projets remontésdes territoires et moins structurants que les projets nationaux que nous soutenons par ailleurs. Ces premières pierres dessinent un nouvel avenir pour nos industries de santé. Nous compléterons dans les prochains mois ce travail pour faire de la France une des nations européennes les plus innovantes en santé, si ce n'est la plus innovante. A ce titre, le Comité stratégique de filière des industries de santé rendra prochainement ses recommandations en tenant compte des deux priorités que nous avons fixées sur le développement de la santé digitale et celui des biothérapies. Et comme vous le savez, le plan d'investissements d'avenir prévoit d'ores et déjà de bloquer des enveloppes sur ces deux priorités les biothérapies et la santé digitale, et nous parlons ici de centaines de millions d'euros de soutien dans les années qui viennent.

Je vous remercie pour votre attention. Je suis à votre disposition pour les questions.


Source https://www.economie.gouv.fr, le 16 avril 2021