Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, bonjour.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous, ministre déléguée à l'Industrie. Je vais vous parler des vaccins, évidemment, au niveau français, au niveau européen, au niveau mondial même, mais je voudrais revenir sur les protocoles de réouverture des lieux fermés, le président de la République laisse entendre, non seulement laisse entendre, mais promet qu'à partir du 15 mai, de la mi-mai, certaines terrasses, de cafés j'imagine, de restaurants, pourront ouvrir, que certains musées pourront ouvrir, c'est bien cela ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Jean-Jacques BOURDIN, effectivement, nous nous travaillons à des protocoles sanitaires qui puissent permettre de rouvrir certains lieux, en sécurité, vers la mi-mai, et c'est ce que nous a demandé de faire le président de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors certains lieux, des terrasses, les terrasses de quoi, de cafés, de restaurants ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous y travaillons, et ça sera au Premier ministre et au président de la République de dire ce qu'on rouvre et dans quel ordre, mais nous serons prêts pour que ces protocoles sanitaires, et les professions qui sont derrière, les bars, les cafés, les restaurants, donc on travaille avec ces métiers-là, c'est une forme de réponse, puissent, le plus vite possible, à partir de la mi-mai, et dans le bon ordre, rouvrir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, rouvrir des terrasses, de cafés, de restaurants, je ne sais pas moi, à demi-jauge, par exemple, c'est une idée ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça c'est le travail que nous faisons avec les professionnels pour garantir un niveau de sécurité sur ces lieux qui reçoivent du public, vous savez qu'il y a des lieux où on peut être avec un masque, et donc c'est plus protecteur que des lieux où, par nécessité, pour boire, pour manger, on enlève le masque, et donc il faut prendre plus de précautions, et peut-être ne pas le faire au même moment que les lieux où on a un masque.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et selon les territoires aussi, j'imagine.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça c'est une option, et ça sera au Premier ministre et au président de la République, de le trancher.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça j'ai compris, ce sont eux qui vont trancher tout quoi, Agnès PANNIER-RUNACHER, mais enfin c'est en réflexion, j'imagine, il peut y avoir une différence territoriale, si je comprends bien. Les musées, des concerts tests aussi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est également une option qui est regardée par la ministre de la Culture, ce sont des options qui fonctionnent dans certains autres pays, donc on regarde tout ce qui se fait à l'étranger, pour ceux qui ont commencé à rouvrir, et tout ça nous donne une information pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas bien. Donc, pour revenir, à partir de la mi-mai nous avons l'intention de commencer à rouvrir, en sécurité, avec des protocoles sanitaires, dans les domaines de la convivialité et dans les domaines culturels, mais ce sera progressif, et travailler profession par profession.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et toutes les trois semaines il y aura une ouverture progressive, si j'ai bien compris. Agnès PANNIER-RUNACHER, les établissements scolaires, comme prévu, rouvriront le 26 pour les écoles, et la semaine d'après pour les collèges et lycées, le 3 mai, c'est bien ça, ça a été confirmé…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais vous parler du passeport sanitaire, pourquoi ? Parce que quand on pense réouvertures, on pense automatiquement au passeport sanitaire, l'Espagne ouvrira ses frontières dès le mois de juin, sans test, ni quarantaine, à toute personne présentant un certificat vaccinal, preuve de vaccination, est-ce que la France pourrait faire la même chose ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
La France est en train de travailler avec ses partenaires européens effectivement, à un pass vaccinal, ou un passeport vaccinal, il faut définir des règles communes, quel vaccin, est-ce que c'est la première, la deuxième dose qu'on prend en compte, est-ce que lorsqu'on a déjà eu le Covid il faut une seule dose, est-ce qu'un test négatif, vos vaccins, ce n'est pas seulement le vaccin qui est pris en compte, c'est le fait de prouver que l'on est protégé et que l'on protège les autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais si on a été vacciné, on peut entrer en Espagne à partir du 1er juin, sans aucun problème.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est donc une des options, être vacciné, prouvé qu'on l'a eu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'en France on va faire la même chose ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Prouvé qu'on l'a eu, ou montrer un test, comme c'est le cas aujourd'hui, et c'est pour ça que je veux juste faire une précision, le pass sanitaire ce n'est pas un pass vaccinal, c'est de faire état de la situation sanitaire pour protéger les autres et se protéger soi-même.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, si on est testé, effectivement, on pourra peut-être circuler librement en Europe, mais si on est vacciné, là, on n'aura plus de quarantaine, plus rien du tout.
AGNES PANNIER-RUNACHER
La différence c'est qu'on évitera d'avoir un test tous les deux jours, ou toutes les semaines, ça sera plus agréable pour les personnes vaccinées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça, pour tous les touristes, parce que l'Espagne pense au tourisme, j'imagine que nous aussi.
AGNES PANNIER-RUNACHER
L'Espagne, l'Italie, et bien sûr nous avons un secteur touristique très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et nous aussi. Est-ce qu'on peut faire la même chose que l'Espagne ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est quelque chose que l'on peut envisager, on y travaille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y travaillez, donc vous envisagez cette solution-là, à partir de juin…
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est quelque chose sur lequel, on y travaille, mais en ne se focalisant pas uniquement sur la question du vaccin, on regarde aussi ceux qui ont déjà eu le virus, et qui ont donc une protection, et on regarde ceux qui ont des tests négatifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous confirmez, un vaccin aura été proposé d'ici la fin de l'été à tous les Français de plus de 18 ans ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Qui souhaiteraient être vaccinés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. A partir de l'automne, nous vaccinerons en France les ados, là aussi vous confirmez ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
A partir de l'automne, ce n'est pas encore tranché, c'est un choix de politique sanitaire, en revanche, à l'automne, nous aurons la capacité en nombre de doses, ces doses existeront, elles seront livrées en France, si elle le désire, si elle appelle ces doses, pour vacciner des adolescents, quand on parle des adolescents c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A partir de quel âge ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
12 à 17 ans, et, une précision, on peut déjà, dans l'autorisation de mise sur le marché du vaccin BIONTECH PFIZER, ce vaccin est autorisé pour les 16-18 ans, donc vous voyez que, d'ores et déjà…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce serait une bonne solution, est-ce que ce serait une bonne solution à l'automne, septembre, octobre, de vacciner les ados ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi je ne suis pas médecin, donc je ne vais pas me prononcer sur ce qui n'est pas de ma compétence, mais, intuitivement, je pense qu'effectivement, tout ce qui contribuera à freiner la circulation du virus, et à rassurer l'ensemble de la population, doit être regardé et mis en oeuvre dès qu'on le pourra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, si j'ai bien compris, aujourd'hui c'est la vaccination de masse, ce que vous refusiez en janvier, je me souviens, quand vous étiez venue ici, la vaccination de masse, vous savez pourquoi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce que nous avons une information supplémentaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, laquelle.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est que le vaccin protège contre la transmission, en janvier nous avions une seule information, c'était que le vaccin protégeait contre les formes graves.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, Agnès PANNIER-RUNACHER, soyons honnêtes, soyons francs, pourquoi est-ce que vous nous disiez cela à l'époque, parce que vous n'aviez pas les doses.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Jean-Jacques BOURDIN, je vous disais ça à l'époque, parce qu'à l'époque il fallait vacciner les plus vulnérables, et parce que très factuellement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et nous n'avions pas les doses.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et parce que très factuellement, nous n'avions pas l'information sur la réduction de la circulation lorsqu'on était vacciné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et nous n'avions pas les doses, c'est vrai ou faux ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais, le sujet Monsieur BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord, ce n'est pas les doses, ça n'a jamais été les doses.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais là vous essayez de faire un amalgame…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pose la question.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais je vous réponds, je vous réponds très simplement Monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, d'accord.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Si on avait eu plus de doses, et qu'il était prouvé qu'il ne fallait pas vacciner les jeunes, on n'aurait pas vacciné les jeunes, donc vous voyez bien que le sujet était d'abord scientifique. Ce qui est important, c'est d'avoir une démarche scientifique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous critiquez les Anglais qui vaccinaient à tour de bras, vous critiquiez les vaccinodromes, vous quittiez les Américains, je me souviens.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, aujourd'hui quoi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien on s'aperçoit que, par exemple les Anglais ont effectivement mené une grande campagne de vaccination, mais sur les personnes les plus âgées on a de l'avance, on a de l'avance aussi sur les deuxièmes doses, donc, c'est des choix scientifiques que nous avons faits. Nous, nous avons fait le choix de l'efficacité et de la sécurité, on peut le reprocher, on peut le discuter, mais ce choix il a été constant, il est basé sur des faits, sur des sciences, sur des publications scientifiques, nous n'avons pas donné d'autorisation conditionnelle à des vaccins parce que nous voulions avoir l'ensemble des informations, les Anglais l'ont fait, c'était un bon pari, tant mieux pour eux, mais nous n'avons pas pris ce risque-là, nous avons constamment garanti efficacité et sécurité, et nous n'avons pas annoncé que nous allions vacciner en population générale parce que, lorsqu'on était en janvier, ce n'était peut-être pas la bonne option vaccinale, et quand je parle des enfants aujourd'hui, j'attends que les experts scientifiques nous disent oui, c'est la bonne option, oui c'est ça qu'il faut faire, c'est la même chose pour les variants, c'est la même chose pour les rappels.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne vais pas m'éterniser sur ce qui s'est passé en janvier, parce que ce qui nous intéresse c'est ce qui va se passer…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois aussi, c'est ce qu'attendent les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord, mais est-ce que nous manquions de doses quand même, nous manquions de doses à l'époque, bien ! Il y a eu tous ces débats autour des vaccins ARN messager, je me souviens, bon, l'Europe a pris du retard, on le sait, vous l'avez dit, vous l'avez reconnu, l'Europe a pris du retard dans les commandes, dans les livraisons…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Monsieur BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ; dans la distribution.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Quand est-ce que l'Europe a pris du retard ? Pas pour les commandes, elle a passé ses commandes à l'été…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors quand ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Elle a pris du retard parce qu'elle ne disposait pas du mécanisme qu'ont utilisé les Etats-Unis pour financer massivement les essais cliniques au mois de mars.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc faute à l'Europe alors ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, pas faute à l'Europe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Faute à qui ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous n'avions pas la compétence, au niveau européen, de faire ce financement des essais cliniques…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Faute à l'Europe donc !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça veut dire que tous les gens qui disent « mais l'Europe a mal fait », mais ils n'ont pas confié la responsabilité à l'Europe de financer ces essais cliniques, ils ont dit « on sait faire tout seul », et en fait, la réalité, c'est que pour des vaccins de cette nature, pour cette prouesse technologique, pour cette prouesse industrielle, on ne sait pas faire tout seul quand on est un Etat. Il n'y a pas aujourd'hui, en Europe, un Etat qui maîtrise toute la chaîne de production sur un seul vaccin, pas un seul, au sens où nous avons construit des chaînes vaccinales européennes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Allemagne avec CUREVAC.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, pas encore.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas encore ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous avez des doses CUREVAC ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bientôt.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous avez des doses CUREVAC qui sont distribuées ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
On les aura bientôt.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien nous aurons nous aussi toute la chaîne vaccinale de SANOFI.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On les aura quand ? ARN messager, CUREVAC. ARN messager.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Monsieur BOURDIN, non, je veux revenir sur ce point parce qu'il est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui, l'Union européenne nous a permis, un, d'acheter massivement des vaccins, deux, nous les avons achetés cet été. Pourquoi nous avons eu moins de doses que les Etats-Unis, parce que c'est ça qui est intéressant, pourquoi on a eu moins de doses ? Parce que les Etats-Unis ont investi dans la recherche, et parce que, en amont, dès le mois de mars, et parce que nous nous n'avions pas cet instrument pour financer massivement les essais cliniques, et aujourd'hui, qu'est-ce que nous proposons au niveau européen, de mettre en place cette agence qui permet de financer massivement des essais cliniques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est temps.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et qui a poussé cette proposition ? Le président de la République française…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est temps.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je veux quand même le remettre en perspective parce que, tous ceux qui nous critiquent aujourd'hui, depuis 20 ans ils ont été au pouvoir, qu'est-ce qu'ils ont fait pour la pharmacie, qu'est-ce qu'ils ont fait pour le médicament, comment se fait-il que la France soit passée de la première place de fabrication de médicaments à la quatrième place ? Parce qu'on a eu une gestion constamment comptable du médicament, parce que la seule chose qui nous a obnubilé c'est le prix du médicament, mais dans un médicament vous avez de la recherche, vous avez de l'innovation pour les patients, ça se paye, et aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'imagine que c'est un message que vous avez transmis à SANOFI.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et aujourd'hui nous devons le payer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, le Danemark a renoncé définitivement au vaccin ASTRAZENECA, ASTRAZENECA moins boudé en France apparemment, est-il vrai que l'Union européenne ne renouvellera pas ses contrats avec ASTRAZENECA et JOHNSON & JOHNSON l'année prochaine, c'est vrai ou faux ? Ça vient d'Italie l'information.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une probabilité, oui tout à fait, puisque nous avons aujourd'hui un portefeuille vaccinal avec des ARN messagers, qui fonctionnent très bien, et qui ont une faible réactogénicité, c'est-à-dire qui font peu d'effets secondaires, en français, nous allons avoir des nouveaux vaccins, si tout va bien, NOVAVAX, SANOFI, qui sont des protéines recombinantes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et CUREVAC ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, CUREVAC c'est aussi un ARN messager.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ARN messager, je sais.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc c'est la même catégorie, donc ça n'apporte pas tant que ça, mais… enfin, c'est très bien, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont les meilleurs quand même, à ARN messager.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous allons voir les résultats des autres ; protéines recombinantes, et NOVAVAX, qui a priori ont de très bons résultats et ont aussi un bénéfice, c'est qu'on a 50 ans de recul sur ce type de technologie, donc ces vaccins vont arriver également au deuxième semestre, et donc nous allons avoir beaucoup de doses, sur différentes plateformes vaccinales, nous permettant de répondre à l'ensemble des besoins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous confirmez, l'Union européenne ne renouvellera pas ses contrats avec ASTRAZENECA, JOHNSON & JOHNSON ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est la plus grande probabilité, la décision n'est pas tranchée aujourd'hui, mais je peux vous dire que nous n'avons pas amorcé de cette discussion avec ASTRAZENECA et avec JOHNSON & JOHNSON pour un nouveau contrat, là où nous avons d'ores et déjà amorcé des discussions pour des contrats avec BIONTECH PFIZER et avec MODERNA.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et avec MODERNA. Alors, à propos de PFIZER BIONTECH, 50 millions de doses supplémentaires d'ici la fin du mois d'août, ça fait combien pour la France, en plus ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
D'ici la fin du mois de juin, ça fait 7,5 millions de doses supplémentaires, 3 millions qui seront livrées à partir de la semaine du 26 avril et jusqu'à fin mai, et un peu plus de 4 millions tout au long du mois de juin, donc, vous voyez, nous confortons nos doses au niveau français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, vous parlez beaucoup de production de vaccins en France, en fait on ne produit aucun vaccin en France, on embouteille des vaccins, on « enflaconne » des vaccins.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Jean-Jacques BOURDIN, vous plaisantez j'espère.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est faux ? Alors allez-y Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous produisons des vaccins…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous provoque volontairement.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous produisons des vaccins…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attention au mot produire !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous produisons des vaccins. Qu'est-ce que c'est une production de vaccin ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est trois phases, la phase où vous mettez au point le principe actif, la phase où vous mettez la formulation, c'est-à-dire vous rassemblez différentes matières pour faire l'ensemble de la matière, et la phase de conditionnement. La France, aujourd'hui, est positionnée sur la partie formulation, pour certains vaccins, et conditionnement pour certains vaccins…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parties 2 et 3.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous ne mettons pas au point la formule.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça fait partie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous recevons d'ailleurs, nous recevons, pardon souvent, ces vaccins congelés, on est d'accord ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le principe actif, il reste beaucoup de choses à faire derrière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le principe congelé.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et vous les recevez congelés puisque sur l'ARN messager vous êtes sur des chaînes du froid à -20 ou -80 degrés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est comme une automobile, si j'ai bien compris, on assemble quoi !
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un peu plus subtil que ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, c'est un peu plus subtil, mais c'est ça, c'est-à-dire qu'on ne produit pas sur notre territoire – je viendrai à l'automobile tout à l'heure, parce qu'il est scandaleux, peut-être, je ne sais pas, que les automobiles de luxe soient fabriquées en Chine, c'est un autre débat mais, Agnès PANNIER-RUNACHER, ça veut dire quoi…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais revenir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y, allez-y, allez-y…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc, moi je vous le dis les yeux dans les yeux, quand j'entends Monsieur RUFFIN, par exemple, qui sur votre plateau…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement, il était là hier matin.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur votre plateau hier, avec le mépris et la condescendance la plus absolue, explique que les gens qui sont aujourd'hui, 7 jours sur 7, qui ont des formations assez pointues en termes industriels, ne font « que » de la mise en flacons, je trouve que c'est surtout un mépris incroyable que j'entends à l'égard de ces personnes, parce que, elles, elles sont mobilisées, elles, elles font le travail, et je peux vous assurer que moi j'y ai été dans ces usines, je suis allée les voir, j'étais avec le président de la République chez DELPHARM, je peux vous dire la fierté et l'excellence des savoir-faire. Ce n'est pas une mise en bouteille, on ne remplit pas une carafe d'eau, lorsqu'on fait cette étape, c'est une étape où vous êtes dans un processus d'asepsie totale, de bout en bout, avec des technologies pointues, le mirage, différentes étapes de cette nature, que seuls quelques professionnels savent faire, alors arrêtons de cracher dans la soupe et de médire sur les industriels français. Je veux également dire que DELPHARM produit, mais depuis cette semaine RECIPHARM produit pour MODERNA, et vous voyez bien, il y a très peu de sites de production et de flaconnage en Europe, très peu, il y en a déjà deux Français, il y en aura un troisième fin mai, début juin, quant à SANOFI ce sera probablement l'un des seuls laboratoires, si son vaccin va jusqu'au bout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, où en est-on ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça sera un des seuls laboratoires qui, dans un seul pays, fera de bout en bout son vaccin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, où en est-on avec SANOFI ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
SANOFI, les résultats de phase 2 seront communiqués début mai, ce qui permettra de lancer les essais cliniques de phase 3, pour une autorisation de mise sur le marché, à la fois sur les variants, puisqu'ils travaillent également sur les variants, variant sud-africain notamment, et sur les possibilités d'utiliser le vaccin en rappel, pour le quatrième trimestre de cette année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatrième trimestre nous vaccinerons avec SANOFI.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une possibilité, il faut que SANOFI…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ce n'est encore qu'une possibilité ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est comme tous les vaccins, il faut une autorisation de mise sur le marché, Jean-Jacques BOURDIN, je ne vous apprends rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, ça je sais, je sais, je rappelle que PFIZER est fabriqué en Allemagne, je le rappelle.
AGNES PANNIER-RUNACHER
BIONTECH est fabriqué en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Belgique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas la formule de base, qui est en Allemagne, c'est vrai.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le principe actif, mais, encore une fois, le principe actif ce n'est pas tout le vaccin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, je suis d'accord.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez que le principe actif c'est souvent 5 % de l'ensemble du médicament, les 95 % ils comptent dans le jeu, donc arrêtons d'avoir cette vision extrêmement réduite et qui ne correspond pas aux métiers de la pharmacie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les masques produits en France, ça y est, enfin…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça fait même plusieurs mois que nous produisons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça fait plusieurs mois, mais enfin maintenant vendus en grande surface, j'ai vu.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça fait plusieurs mois qu'ils sont vendus en grande surface, il y a eu une opération de communication…
JEAN-JACQUES BOURDIN
4,90 euros les 50, j'ai vu, CARREFOUR et LECLERC, et autres.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Jean-Jacques BOURDIN, je vais vous rassurer, on a plus de 100 millions de masques par semaine qui sont produits en France depuis le mois de décembre, et je crois qu'il y avait un certain nombre de masques qui étaient déjà vendu en grande surface, et je salue cette opération de communication qui met en évidence qu'on ait compétitif en France et qu'on peut produire de bout en bout des masques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est formidable. Je parlais de l'automobile, j'en ai parlé à Bruno LE MAIRE mercredi, pourquoi, Agnès PANNIER-RUNACHER ? Parce que je n'imagine pas le président de la République, les ministres, le Premier ministre, rouler dans une CITROËN haut de gamme fabriquée en Chine, vous non plus j'imagine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, nous, nous roulons dans des voitures fabriquées en France, je crois que ça fait partie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça va être de plus en plus difficile, parce qu'il y en a de moins en moins fabriquées en France.
AGNES PANNIER-RUNACHER
En l'occurrence ce n'est pas tout à fait exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
PSA a donné son plan produit, et vous avez les usines françaises qui sont aujourd'hui chargées, et je pense à Sochaux, je pense à ses autres usines. Ce n'est pas parce que PSA…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si on faisait le calcul du nombre de modèles fabriqués à l'étranger, du nombre de modèles fabriqués en France…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, je crois que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a plus de modèles fabriqués en France ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, il n'y a pas plus de modèles, mais vous savez comme moi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Il y en a beaucoup moins.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais ils ne sont pas en diminution. Ce que vous dites, il y a deux choses, c'est qu'est-ce qu'on fabrique en France et est-ce que c'est en augmentation ou en diminution…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On assemble.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ce n'est exact non plus, regardez les moteurs sont fabriqués en France par exemple, donc ce n'est pas l'assemblage, et toute la sous-traitance, et moi j'ai été dans la sous-traitance automobile, j'y ai travaillé, la sous-traitance c'est également de l'industrie, je veux le rappeler, lorsque vous travaillez chez FAURECIA, chez VALEO, chez PLASTIC OMNIUM, lorsque vous travaillez chez des PME et des entreprises de taille intermédiaire, de fonderies, de fonte, de traitements de surface, vous avez des savoir-faire qui sont très importants, et tout ça s'inscrit dans une chaîne de production. Donc, la fabrication en France, elle est réelle aujourd'hui, ce qui n'empêche pas RENAULT, comme PEUGEOT, de continuer à faire tourner leurs usines, en Espagne ou en Chine, ce n'est pas parce qu'ils fabriquent en Espagne et en Chine qu'ils arrêtent de fabriquer en France, attention à ces fantasmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Agnès PANNIER-RUNACHER, merci d'être venue nous voir ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 avril 2021