Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Barbara POMPILI, bonjour.
BARBARA POMPILI
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre de la Transition écologique, numéro 3 du gouvernement, nous allons parler de la loi climat évidemment, et des conséquences sur notre quotidien, Barbara POMPILI, mais je commence avec le Covid. 97 273 morts en un peu plus d'un an, le gouvernement va-t-il instaurer en France une journée nationale d'hommage aux victimes, c'est une idée qui a été avancée hier à l'Assemblée nationale par le député Matthieu ORPHELIN, proposition de loi, vous êtes favorable à cette idée ? Est-ce que vous réfléchissez au gouvernement ?
BARBARA POMPILI
Pour être très franche, moi je m'occupe du climat, mais ce que je pense c'est que, ce qu'on attend tous, et là moi je me mets dans le lot, c'est d'essayer de sortir de cette crise. On veut en sortir, on a besoin de se donner des perspectives, d'être accompagnés, et le rôle du gouvernement c'est d'abord de faire ça, et ensuite on verra s'il y a un hommage aux victimes, mais pourquoi pas, moi ne ferme pas la porte, mais je crois vraiment que là ce qu'on demande c'est de donner des perspectives.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, l'Institut Pasteur a publié une étude, si 90%de la population adulte est vaccinée nous pourrons revenir à une vie normale, sans restrictions. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut accélérer à tout prix la vaccination, tout le monde le dit, le fait-on ? Oui, on accélère, néanmoins il y a problème. ASTRAZENECA, MODERNA, boudés, les Français veulent choisir leur vaccin, que faire pour éviter cela Barbara POMPILI ?
BARBARA POMPILI
Je crois qu'il faut qu'on écoute ce que disent nos autorités de santé. Nos autorités de santé elles prennent les précautions, elles regardent ce qui est bon et ce qui n'est pas bon, et donc quand elles nous disent qu'on peut y aller, je crois qu'on peut leur faire confiance. Donc là on a des vaccins qui ont été vérifiés, qui ont été testés, qui ont fait l'objet de tests, pas seulement en France, mais aussi dans d'autres pays, à partir du moment où nous avons des autorités de santé qui nous disent qu'on peut y aller, allons-y, on a besoin que tout le monde se vaccine le plus vite possible. On a fait une politique de vaccination qui est une politique en priorisant les publics les plus fragiles, donc maintenant il faut y aller, il faut y aller, on a tous besoin d'en sortir. Moi je rêve de pouvoir retrouver une vie normale, enfin comme tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, comme tout le monde. Pour retrouver une vie normale, et pour aller plus vite, certains proposent un fameux passeport numérique, vaccinal, d'ailleurs c'est en place à New York et ça provoque beaucoup de débat. Barbara POMPILI, vous êtes favorable à cela, ça accélérerait le retour, je ne sais pas, au café, au restaurant, au spectacle, dans un stade ?
BARBARA POMPILI
Je crois que la question ne peut pas se poser tant qu'il n'y a pas plus de monde vacciné. Là, pour l'instant, on est en montée en puissance sur le vaccin, ce serait une vraie discrimination, donc je crois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais enfin, quand on aura 50 ou 60% des adultes vaccinés ?
BARBARA POMPILI
Quand on sera plus loin, pourquoi pas, parce qu'après il y a une liberté de choix aussi, il y a des personnes qui souhaitent ne pas se faire vacciner, c'est leur choix, moi j'incite tout le monde à y aller.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si on décide de ne pas être vacciné, on décide de ne pas aller au spectacle, au stade ou au restaurant.
BARBARA POMPILI
En tout cas chacun doit avoir le choix, moi ça c'est mon grand crédo.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, c'est pour ça que j'en parle.
BARBARA POMPILI
Chacun doit avoir le choix, mais ce passeport, la question et le débat doit avoir lieu, mais il doit avoir lieu à partir du moment où on a suffisamment de personnes vaccinées, pour moi c'est trop tôt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut le mettre en place aussi. Le plan de relance, plan de relance européen, ça inquiète beaucoup de monde, la Chine a pris beaucoup d'avance, la relance économique, les États-Unis aussi sont en train d'accélérer fort, et l'Europe dans tout ça ? L'Europe prend du retard. L'Europe prend du retard. Le plan de relance européen a été voté l'année dernière et toujours pas de mise en place, rien, des États sont en train de freiner, est-ce que ça vous inquiète Barbara POMPILI ?
BARBARA POMPILI
Non, ça ne m'inquiète pas parce que l'Europe c'est aussi une énorme protection pour nous, pour les Français, et puis le plan de relance européen il se traduit en France déjà, il se traduit en France dans le plan de relance français. Dans les 100 milliards qui sont injectés dans l'économie d'ici 2 ans il y a de l'argent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui seront injectés.
BARBARA POMPILI
Ah non, non, non, qui sont déjà injectés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui sont déjà, mais en 2 ans, 100 milliards en 2 ans…
BARBARA POMPILI
Qui sont déjà injectés, qui sont injectés, notamment 30 milliards dans la transition écologique, j'y tiens beaucoup. Vous savez, nous on a mis 2 milliards par exemple pour la rénovation des logements, les 2 milliards ils vont être plus qu'engloutis, 4 milliards pour les bâtiments publics, c'est déjà en train d'être engloutis, donc ça avance…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais est-ce que nous ne risquons pas…
BARBARA POMPILI
Non, non, non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça avance, mais est-ce que nous ne risquons pas de vivre, avec la relance économique, ce que nous avons vécu avec les vaccins ?
BARBARA POMPILI
Mais non, il ne faut pas être défaitiste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, je ne suis pas défaitiste, je pose les questions.
BARBARA POMPILI
L'Europe c'est un moteur puissant pour nous. Vous savez par exemple, là on est en train de mettre de l'argent pour décarboner les entreprises, pour qu'elles changent de système, pour qu'elles arrêtent d'utiliser, des chauffages par exemple qui soient des chauffages au fioul pour passer vers des chauffages plus performants écologiquement, eh bien ça c'est des efforts qu'on demande aux entreprises et qui vont être aidés par l'Europe. Au niveau de l'Europe on veut mettre en place ce qu'on appelle une taxe carbone aux frontières, c'est un mécanisme d'ajustement carbone aux frontière, ce sujet-là il a été porté au sein de l'Europe, il est porté par l'Europe, il commence à être pris par Joe BIDEN aux États-Unis, qui commence à parler du sujet, on commence à essaimer grâce à ça, donc l'Europe c'est un puissant vecteur d'entraînement des autres pays. Donc, le plan de relance européen, vous dites qu'il ne va pas assez vite, sauf que Joe BIDEN, quand il lance son plan de relance, c'est aussi en réponse au plan de relance européen.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, en réponse, mais lui l'a lancé !
BARBARA POMPILI
Mais il est lancé, encore une fois, et l'argent est déjà arrivé chez les Français, je peux vous le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Barbara POMPILI, nous verrons la suite. J'ai une autre question à propos de… conséquence du Covid, et puis on passera à la loi climat, on passera à l'alimentation, aux déplacements. Mais, le chèque alimentaire, promis par Emmanuel MACRON, moi je me souviens, c'était il y a quelques semaines déjà, c'était même en 2020, fin 2020 me semble-t-il…
BARBARA POMPILI
Oui, il en avait parlé aux membres de la Convention citoyenne pour le climat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors quand ?
BARBARA POMPILI
Normalement dans les semaines/mois qui viennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attendez, attendez, dans les semaines/mois qui viennent, ça c'est vague !
BARBARA POMPILI
Mais pourquoi ? Parce que, ce qu'on ne veut pas, c'est donner l'impression qu'on fait une aide alimentaire quelconque, là, le chèque alimentaire qu'on veut mettre en place c'est un chèque alimentaire qui permet aux gens de manger de la nourriture de qualité, c'est-à-dire les aider à accéder à des produits bio…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais quand ?
BARBARA POMPILI
A des produits de saison, etc. En fait l'idée c'était, de certains, c'était de le mettre dans la loi, c'est pour ça que ça a beaucoup parlé, mais en fait on n'a pas besoin de loi pour faire ça, c'est un règlement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien, mais quand ?
BARBARA POMPILI
Donc est en train de regarder comment ça se met en place, mais ça va arriver vite. Je ne veux pas vous donner une date précise parce que, à partir du moment où la date sera passée on me dira "mais non, ce n'est pas cette date-là."
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est dommage, quand même, que le président de la République parle, c'est important ce chèque alimentaire, parle de chèque alimentaire, et qu'on ne sache rien sur ce chèque quelques semaines, je dis même quelques mois après, puisque nous sommes en avril et que c'était en décembre, quelques mois après on ne sait rien, on ne sait pas combien, on ne sait pas qui pourra en bénéficier, Barbara POMPILI.
BARBARA POMPILI
Alors, je vous invite à écouter les débats du projet de loi puisqu'on va en parler, puisque c'est un sujet qui mobilise aussi les députés, on va en parler, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, qui pourra en bénéficier ?
BARBARA POMPILI
Les personnes qui sont le plus en difficulté. Mais je ne vais pas, encore cette fois, s'il vous plaît…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
BARBARA POMPILI
Mais, moi je veux bien qu'on continue à en parler Jean-Jacques BOURDIN, je ne peux pas vous donner d'annonce aujourd'hui sur le chèque alimentaire, ce que je peux vous dire c'est qu'on veut le faire et qu'on va le faire, et qu'on va le faire vite, c'est tout ce que je peux vous dire maintenant, mais si vous voulez me poser plus de questions, je peux vous re-répéter ça pendant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, ce n'est pas ça Barbara POMPILI…
BARBARA POMPILI
Mais vous m'avez dit que vous aviez plein de questions à me poser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai plein de questions à vous poser, mais…
BARBARA POMPILI
Non, mais on va le faire parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pardon, ce n'est pas moi qui aie fait la promesse, Barbara POMPILI, c'est le président de la République.
BARBARA POMPILI
Il a fait la promesse, elle sera tenue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien nous verrons, et je reviendrai sur la question, ne vous inquiétez pas.
BARBARA POMPILI
Quand vous voulez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Barbara POMPILI, notre alimentation et celle de nos enfants, on va passer à la loi, parce que finalement dans la loi climat on parle beaucoup d'alimentation aussi, et celle de nos enfants. J'ai été frappé par tous les débats autour des repas végétariens, ou pas d'ailleurs, où est-ce qu'on en est à propos des repas végétariens, qu'est-ce que… ?
BARBARA POMPILI
Ça va arriver là, dans l'hémicycle, la semaine prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et alors, quelle est la position définitive du gouvernement sur le sujet ?
BARBARA POMPILI
La position du gouvernement est une position sur laquelle il faut laisser le choix. En fait, on a fait des débats fous sur cette histoire alors que, c'est simple, ceux qui veulent manger végétarien doivent pouvoir manger végétarien, et ceux qui veulent pouvoir manger de la viande doivent pouvoir dans la viande, mais de la viande de meilleure qualité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De la viande de meilleure qualité.
BARBARA POMPILI
De la viande française, de la viande de terroir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la loi laissera la liberté à toutes les municipalités de proposer deux menus, si j'ai bien compris, un menu végétarien et un menu avec viande.
BARBARA POMPILI
Il y a plusieurs options qui sont sur la table, les députés vont en discuter, vont voter, mais moi ce que je souhaite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous, quelle est votre position ?
BARBARA POMPILI
C'est qu'on puisse tout simplement avoir le choix, c'est tout. Et pourquoi on fait ça ? Parce que les émissions de gaz à effet de serre qui sont dues à l'élevage sont des émissions très importantes. On a des études aujourd'hui, sanitaires, qui montrent que manger trop de viande n'est pas bon pour la santé, donc ce qu'il faut c'est qu'on arrête d'importer trop de viande, qu'on mange de la bonne viande locale de chez nous, qu'on en mange moins, et qu'à côté de ça on mange d'autres types de menus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Encore faut-il savoir d'où viennent les produits qu'on mange et qu'on donne à nos enfants à la cantine. Est-ce que savez d'où viennent les poulets et les dindes que nos enfants mangent à la cantine ?
BARBARA POMPILI
Il y en a une partie française, une partie importée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'on le sait ? Personne ne le sait, ni les parents, ni le cuisinier qui cuisine le produit, ni les enfants qui le mangent.
BARBARA POMPILI
Ben si ! Si, si…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est faux. C'est faux.
BARBARA POMPILI
Non, non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout ce qui est volailles n'est pas estampillé, vous le savez très bien, à part les labels.
BARBARA POMPILI
Non, vous avez des… quand vous vous passez les commandes, vous avez des numéros qui vous permettent de savoir d'où vient votre viande.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La viande rouge, la viande de boeuf.
BARBARA POMPILI
Non, non, y compris…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les volailles ?
BARBARA POMPILI
Y compris les poulets.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui, on sait ?
BARBARA POMPILI
Ah ben oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes certaine de cela ?
BARBARA POMPILI
Ah ben oui, y compris les poulets, bien sûr, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais si mon poulet vient d'Ukraine, du Brésil ou d'ailleurs ?
BARBARA POMPILI
Oui, vous avez… alors il faut reconnaître ce que sont les petits logos, je suis d'accord avec vous, mais par contre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que vous croyez que le cuisinier le sait, vous croyez que…
BARBARA POMPILI
Non, mais la personne qui passe la commande doit le savoir, après l'information n'est pas toujours donnée aux parents.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi ne le sait-on pas…
BARBARA POMPILI
Mais parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme pour la viande de boeuf ?
BARBARA POMPILI
Alors, je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il faut que les gens sachent ce qu'ils mangent, que les gens sachent ce qu'ils achètent, et c'est ce qu'on fait dans la loi climat résilience. Dans la loi climat résilience, au fur et à mesure du temps, d'abord sur les vêtements, puis sur l'alimentation, et aussi sur les voitures, là très rapidement, quand les gens vont aller acheter leurs produits, eh ben ils auront une étiquette qui leur dira si c'est bon ou si c'est mauvais pour l'environnement, après ils feront leur choix, moi je suis vraiment pour le choix, donc ils arriveront, ils verront, c'est sur le même principe que les étiquettes, vous savez, dans les logements, eh bien vous allez avoir "votre produit est bon, moyen, mauvais", et ça pourra leur donner une indication. Moi ce que je crois c'est que quand on voit des applications, comme Yuka par exemple, pour la nourriture, ça marche très bien, parce qu'on sent qu'il y a une volonté justement des gens de savoir ce qu'ils achètent, eh bien grâce à la loi climat résilience ça, ça va être mis en place.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien la loi climat résilience, qui est en discussion à l'Assemblée nationale, 130 articles, les associations environnementales disent qu'elle n'est pas à la hauteur, vous vous allez me dire ce n'est pas vrai, je ne vais pas rentrer dans ce débat, moi je veux être concret. Le référendum, alors ce n'est pas dans le texte qui est discuté là…
BARBARA POMPILI
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord, intégration de l'article 1 dans la Constitution, ça a été voté à l'Assemblée Nationale, je rappelle, la France garantit la préservation de l'environnement et de la diversité biologique, et lutte contre le changement climatique, le Sénat préfère le mot "agir" à "garantir", il n'y aura pas de référendum ?
BARBARA POMPILI
Mais vous êtes pessimiste Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je ne suis pas pessimiste…
BARBARA POMPILI
Mais ce n'est pas possible !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais toutes celles et ceux qui je reçois me disent qu'il n'y aura pas de référendum.
BARBARA POMPILI
Oui, mais toutes celles et ceux qui vous recevez sont des gens qui n'ont pas envie de se battre et qui n'ont pas envie que les choses avancent, je ne sais pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, il y aura référendum ?
BARBARA POMPILI
Ce qu'il faut c'est que l'Assemblée et le Sénat arrivent au même texte, c'est ça qu'il faut, et ensuite on passe au référendum, c'est les Français qui vont voter. Moi je crois que, à l'Assemblée, comme au Sénat, il y a une prise de conscience très forte de l'enjeu écologique et de la nécessité de le placer dans l'article 1 de la Constitution, c'est-à-dire dans le sommet de nos valeurs, eh bien pour ça je crois que tout le monde peut faire un pas. Donc, l'Assemblée a voté, le Sénat on va voir ce qu'ils voteront, mais après l'histoire n'est pas finie, après ils peuvent continuer à travailler pour arriver à un…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y croyez, sincèrement, vous y croyez ?
BARBARA POMPILI
Mais bon sang, si je n'y croyais pas, j'aurais arrêté de faire de la politique depuis longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça c'est sûr.
BARBARA POMPILI
Quand on s'occupe d'écologie je peux vous dire qu'il faut y croire à un moment, et je suis heureuse de voir que les choses avancent sur ces sujets-là beaucoup plus vite qu'il y a quelques années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Semaine, cette semaine, dans ce débat, on parle beaucoup de mobilité.
BARBARA POMPILI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, en 2030, dans 9 ans, ne pourront être vendus que des véhicules électriques et hybrides, c'est bien cela ?
BARBARA POMPILI
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
BARBARA POMPILI
Non, non, ça c'est en 2040, en 2040 il n'y aura plus de vente de voitures thermiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Terminé ?
BARBARA POMPILI
Et en 2030, c'est un jalon qu'on met, c'est les véhicules qui émettent plus de 95 grammes de CO2 par kilomètre, donc c'est un jalon qu'on pose. Mais, ce qu'on fait surtout dans cette loi, c'est qu'on va enfin s'attaquer vraiment à la pollution de l'air, au fait qu'aujourd'hui on a trop de personnes, et trop d'enfants notamment, qui sont au niveau des pots d'échappement, là je vois les voitures qui passent, et qui se prennent des particules et des oxydes d'azote, on va mettre en place ce qu'on appelle des zones à faibles émissions, on va en mettre en place 45 en France, on est très en retard en Europe sur ces questions-là, on en a près de 120…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne pourra plus rouler dans ces zones avec un diesel antérieur au 31 décembre 2000 et avec une voiture essence antérieure au 31 décembre 96.
BARBARA POMPILI
Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que ça veut dire. Ça veut dire que d'ici 4 ans, on aura baissé par exemple à Paris de 40% la pollution de l'air. Vous vous rendez compte de ce que ça veut dire ? Ce n'est pas ça, ce n'est pas rien. Et ça, ça va permettre à des personnes enfin de ne plus souffrir des bronches. On a 48 000 personnes qui meurent chaque année à cause de la pollution de l'air. C'est la deuxième forme de morts évitables en France qu'on va réussir à éviter grâce à ça. Donc ça, c'est une mesure importante et qui est dans le projet de loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mesure importante. Ecotaxe ?
BARBARA POMPILI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ecotaxe, oui. Au niveau départemental ?
BARBARA POMPILI
Régional.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Régional plutôt ?
BARBARA POMPILI
Régional. Là ce qu'on a vu, c'est qu'il y a certaines régions qui souhaitaient mettre en place une écotaxe et d'autres pas. Il y a eu des gros débats il y a quelques années et donc là, encore une fois, on laisse le choix. C'est-à-dire qu'on dit aux régions : si vous voulez mettre en place une écotaxe, vous pouvez ; si vous ne souhaitez pas la mettre en place, vous ne la mettez pas. Donc c'est un outil qu'on donne aux régions. Dans cette loi, on donne beaucoup d'outils aux collectivités pour qu'elles puissent appliquer la politique écologique en fonction des spécificités de leur territoire. L'Alsace l'a déjà fait et d'autres souhaitent le faire. Eh bien qu'elles le fassent mais, encore une fois, c'est à elles de décider ce qui est le meilleur pour leur région.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Baisse de la TVA sur les billets de train ?
BARBARA POMPILI
Ça, ce n'est pas prévu dans le projet de loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais mais c'est demandé par beaucoup.
BARBARA POMPILI
L'important…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même Les Républicains le demandent !
BARBARA POMPILI
D'accord, d'accord. Et après, ils vont nous demander comment on paye. Non mais après, ils vont nous demander comment on paye. Moi ce que je veux, c'est que les gens puissent prendre plus le train. Donc ce que je veux, c'est qu'il y ait des trains déjà, plus d'offre de trains et que les billets soient moins chers. Est-ce que, est-ce que pour ça il faut passer par une baisse de TVA ? Pas forcément. On a d'autres moyens pour ça. On a travaillé avec la SNCF qui là justement nous ont déjà fait des annonces sur des baisses de tarifs, sur une meilleure lisibilité des tarifs. Ce que je veux, c'est qu'il y ait aussi des tarifs qui soient plus adaptés pour les personnes qui ont des difficultés, etc. C'est toujours le truc moi qui m'énerve, c'est qu'il y aurait une solution unique à un problème. La baisse de TVA ne va pas forcément se répercuter sur les prix. Donc nous ce qu'on veut, c'est que les prix baissent. C'est ça qui nous importe, qu'ils soient plus lisibles. Donc sur les mesures pour les trains, pour les transports en commun etc, on a plein d'autres mesures que les mesures sur la TVA. On a aussi des mesures pour que les gens puissent acheter de nouvelles voitures, parce que tout à l'heure on parlait des zones à faibles émissions. Il y a des voitures qui ne pourront plus rentrer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous parlez des prêts.
BARBARA POMPILI
Alors je ne vous parle pas que des prêts. Je vous parle de la prime à la conversion pour les voitures, des bonus écologiques pour les voitures et aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de prêt à taux zéro quand même.
BARBARA POMPILI
Vous avez des microcrédits qui sont prévus. On a 5 000 euros de microcrédit qui sont prévus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas tout à fait pareil quand même. C'était une proposition citoyenne, des citoyens, le prêt à taux zéro.
BARBARA POMPILI
Pardon, pardon mais les microcrédits, ce sont des prêts qui sont garantis par l'État et qui permettent à des personnes qui ont des difficultés, qui ont du mal à pouvoir payer le reste de leur voiture. Je vous rappelle qu'avec les aides qu'on a aujourd'hui, on peut avoir 12 000 euros pour l'achat d'une nouvelle voiture. Et dans les zones à faibles émissions, ça peut monter à 14 000 euros avec la prime à la conversion, avec les bonus, si vous voulez acheter une voiture électrique ou hybride. Même si vous achetez une voiture d'occasion, parce qu'il y a plein de gens qui n'ont pas forcément les moyens d'acheter une grosse voiture, non seulement une grosse voiture mais une voiture neuve. Vous pouvez avoir 7 000 euros de bonus et de prime à la conversion pour acheter une voiture d'occasion. Donc tout ce que je vous dis là, c'est qu'on met beaucoup de choses en place dans cette loi mais on met en place systématiquement les accompagnements. Moi ce que je veux, c'est que l'écologie et le social soient toujours liés et qu'il n'y ait personne sans solution. C'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Commandes publiques soumises à des critères environnementaux.
BARBARA POMPILI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça y est, c'est voté ?
BARBARA POMPILI
Ç'a été voté à la fin de la semaine dernière. Là on est sur une mesure très importante, on est sur 200 milliards. 200 milliards par an de commandes publiques qui vont être basées sur des critères environnementaux. Et donc ça, ça va permettre aussi de donner des perspectives aux entreprises qui veulent développer des produits verts, qui veulent s'orienter dans des investissements verts. Ils auront des débouchés, c'est très important et c'est aussi important pour nos agriculteurs qui vont avoir des débouchés s'ils vont vers l'agro-écologie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors sur ce projet de loi climat résilience qui est basé finalement sur les propositions des citoyens, des recommandations de la Convention citoyenne, je regardais toutes les enquêtes. 149 propositions. Reporterre nous dit : 90% des propositions n'ont pas été reprises par le gouvernement.
BARBARA POMPILI
C'est faux !
JEAN-JACQUES BOURDIN
53% sont rejetées ou non appliquées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
37% modifiées ou édulcorées. Barbara POMPILI…
BARBARA POMPILI
Oh là là !
JEAN-JACQUES BOURDIN
"Oh là là", moi je ne sais pas ça. J'ai lu ça. Reporterre, c'est sérieux ou pas sérieux ?
BARBARA POMPILI
Mais tout le monde est très sérieux. Tout le monde est très sérieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors si j'ai bien compris d'ailleurs, ces recommandations de collectifs citoyens ça ne sert pas à grand-chose. Je le vois avec le vaccin où on n'en parle jamais, où on ne sait jamais où sont passés ces citoyens. Franchement.
BARBARA POMPILI
Non. Les membres de la Convention citoyenne pour le climat, d'ailleurs certains commencent à le dire quand ils voient la loi qui avance avec les mesures qui sont prises, même si ça ne va pas forcément aussi loin que ce qu'ils voudraient sur certains aspects - pas sur d'autres parce que sur la rénovation des logements par exemple, on va faire une rénovation de A à Z. Enfin, juste un point là-dessus. Quand vous demandez à quelqu'un : tiens, est-ce que tu voulais faire des travaux pour ton logement, est-ce que… Oh là, là, c'est compliqué ! C'est compliqué ! Ou alors c'est trop cher. Là pour la première fois, on va avoir de manière généralisée sur toute la France un accompagnement de A à Z. Vous allez avoir une personne en face de vous : pas un ordinateur, une vraie personne qui va venir voir ce dont vous avez besoin, qui va vous aider à faire votre devis, qui va vous aider à récupérer les aides, qui va vous aider à faire un plan de financement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui la paiera ? C'est l'État ? Cette personne sera payée par qui ?
BARBARA POMPILI
C'est pris en charge par l'État et ensuite qui va vous aider aussi à a faire vos travaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
1 400 euros je crois.
BARBARA POMPILI
C'est en moyenne. C'était 1 200 euros. Ça dépend un peu... Mais donc, vous allez avoir quelqu'un qui va vous aider du début à la fin et qui va vous aider aussi à trouver le reste à charge parce que le reste à charge parfois, c'est ce qui fait qu'on ne fait pas les travaux qu'on ne fait pas des travaux importants. Ce n'est pas juste changer une chaudière et on va mettre en place dans la loi aussi ce qu'on appelle le prêt avance mutation. Donc même des personnes qui ont des difficultés à payer en fait ne paieront juste que les intérêts, et le remboursement du prêt se fera au moment de la vente. Voilà là des choses concrètes qu'on met dans la loi qui vont changer la vie des gens et qui vont nous permettre enfin de rénover les fameuses passoires thermiques, c'est-à-dire là où on a très froid l'hiver, très chaud l'été et qui coûtent 3 à 4 fois les frais de chauffage normaux que les gens devraient avoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Barbara POMPILI, l'État veut devenir le premier actionnaire d'AIR FRANCE. AIR FRANCE va devoir céder des créneaux qui vont être récupérés par d'autres compagnies, qui vont être obligés de respecter le droit fiscal et social français mais rien sur l'environnement ?
BARBARA POMPILI
Ah si.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aucune exigence supplémentaire sur l'environnement ?
BARBARA POMPILI
Si, si. Au contraire, au contraire. AIR FRANCE s'engage énormément sur sa flotte, sur le verdissement de sa flotte. Ils ont abandonné les A380, ils sont en train d'abandonner les vieux A340, ils sont sur un verdissement de leur flotte. Ils travaillent aussi sur les carburants alternatifs. Si, si, bien sûr qu'ils ont des obligations environnementales. L'important, c'est l'avion va continuer évidemment à exister. Nous ce qu'il faut, c'est qu'on fasse en sorte que ce soit un avion plus vert, donc on met de l'investissement pour un avion plus vert.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A hydrogène bientôt.
BARBARA POMPILI
Oui, bientôt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Peut-être.
BARBARA POMPILI
Si, si. On va faire tout pour mais il faut adapter les aéroports pour ça. Et puis à côté de ça par contre, ce qu'on fait aussi dans la loi, c'est qu'on dit que quand on a des trajets qu'on peut faire plutôt en train, faisons-les en train. Et donc on empêche de faire – enfin, on empêche…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, 2 heures et demie.
BARBARA POMPILI
On dit que 2 heures et demie, à 2 heures et demie de train, il vaut mieux prendre le train plutôt de prendre l'avion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même si les correspondances seront toujours assurées, donc des avions voleront.
BARBARA POMPILI
Et on travaille aussi sur ça, pour faire de l'intermodalité. C'est-à-dire que les gens ne pensent pas forcément quand ils une correspondance à faire avion + avion. Ils peuvent faire train + avion et c'est pour ça aussi qu'on fait arriver les trains dans les aéroports.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Puisque vous parlez d'avion, le maire de Poitiers reconnaît une maladresse sur… Bon, c'est bien. Donc on va clore le débat.
BARBARA POMPILI
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais en revanche, j'ai une dernière question. Très vite la réponse, Barbara POMPILI. "La France ne peut pas se passer du nucléaire, il faut de nouveaux réacteurs, il n'y a pas d'autre solution" : ce n'est pas moi qui le dit, c'est François BAYROU qui est le Haut-commissaire au Plan. Alors il n'y a pas d'autre solution ? Il faut de nouveaux réacteurs oui ou non ?
BARBARA POMPILI
Alors il profère une opinion et il a le droit. Moi je préfère me fonder sur les faits. Moi j'ai commandé avec ma prédécesseure une étude à l'Agence internationale de l'énergie. Donc ce n'est François BAYROU, ce sont des gens qui connaissent le sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus compétents ? Plus compétents ?
BARBARA POMPILI
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord.
BARBARA POMPILI
Et à RTE, Réseau de transport d'électricité donc des professionnels qui ont sorti une étude il y a 2 mois pour dire qu'on pouvait se passer du nucléaire. Après il y a des défauts dans la solution avec du nucléaire, des défauts avec la solution sans nucléaire mais c'est possible. Donc moi ce que j'aimerais, c'est qu'on puisse parler des faits et qu'on parle surtout du fait que quoi qu'on fasse, il faut qu'on développe les renouvelables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce n'est pas sérieux.
BARBARA POMPILI
Aujourd'hui on doit passer à 40% de renouvelables en 2030, on a du travail. Investissons là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce n'est pas sérieux. Le Haut-commissaire au Plan est d'un autre temps.
BARBARA POMPILI
Disons qu'en tout cas dire ça, c'est ne pas voir les faits. Après encore une fois, on peut avoir des préférences.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Merci Barbara POMPILI d'être venue nous voir ce matin sur RMC et BFM TV.
BARBARA POMPILI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 avril 2021