Texte intégral
LORRAIN SENECHAL
Bonjour Roxana MARACINEANU.
ROXANA MARACINEANU
Bonjour.
LORRAIN SENECHAL
Ministre déléguée aux sports. Merci d'être dans les studios de France Info. D'abord, en quoi ce projet de Super Ligue menace le principe de solidarité et le mérite sportif, comme le dit l'Elysée ?
ROXANA MARACINEANU
Eh bien autant hier on pouvait penser que c'était le dernier bras de fer, le sursaut d'orgueil de ces clubs, qui sont dans un championnat très dense et qui ont du mal en général à se qualifier pour la Ligue des Champions, autant là le sujet devient sérieux et ce serait un véritable séisme si cette Super Ligue voyait le jour, pour le football européen bien sûr, mais surtout je pense pour le sport mondial de manière générale.
LORRAIN SENECHAL
Que doit faire l'UEFA ? Elle doit exclure ces clubs comme Manchester United, Barcelone, Chelsea, la Juventus de Turin, ne peuvent plus accéder à la Ligue des champions parce qu'ils ont fait sécession ?
ROXANA MARACINEANU
Aussi bien l'UEFA que la FIFA se sont montrées solidaires avec un certain nombre de gouvernements, dont le nôtre, l'Etat français. Nous devons faire confiance aux instances sportives pour ne pas laisser faire n'importe quoi dans le monde du football, parce que ce serait vraiment une rupture entre les plus riches et le reste des clubs. Aujourd'hui dans cette période sanitaire difficile pour tout le monde, nous avons besoin de solidarité, de solidarité entre les différents pays, entre le monde professionnel, le monde amateur. A ce stade il faut que nous nous en remettions à la capacité de ces instances sportives à prendre des décisions, et que nous Etats arrivions aussi à sécuriser ces décisions, que ce soit au niveau national mais aussi peut-être au niveau européen.
LORRAIN SENECHAL
Mais vous, vous appelez l'UEFA à exclure ces clubs.
ROXANA MARACINEANU
Je pense qu'il faut réagir pour ne pas les laisser faire n'importe quoi, comme votre journaliste l'a dit tout à l'heure, de toute façon cet argent provient d'un seul et même gâteau, donc cela dévaloriserait un bon nombre de championnats nationaux, évidemment les compétitions européennes, voire mondiales, l'argent ne vient pas de nulle part…
LORRAIN SENECHAL
Je rappelle l'enjeu : si on exclut de toute compétition européenne les clubs et leurs joueurs, ça veut dire que GRIEZMANN, VARANE, POGBA, tous ces joueurs qui sont des piliers de l'équipe de France, ne pourront pas participer à l'Euro de football.
ROXANA MARACINEANU
De toute façon ces décisions doivent être sécurisées, puisqu'il y a une jurisprudence qui a déjà montré que lorsque des organisateurs privés organisent des compétitions, si on veut exclure les personnes qui y participent ce n'est pas si simple que ça. Donc aujourd'hui je crois que l'Union européenne doit aussi prendre ses responsabilités par rapport au sport, au sport européen. Il existe des pays aujourd'hui avec des liens très forts entre l'Etat et leurs fédérations, comme en France par exemple, comme en Slovénie, et d'ailleurs ce n'est pas anodin puisque le président de l'UEFA est Slovène lui aussi, la présidence de l'Union européenne sur la fin de l'année c'est la Slovénie qui l'aura, et elle est bien décidée à faire avancer cette notion de modèle sportif européen, qui permettrait non seulement au football mais aussi aux autres sports, de sécuriser un peu le monopole de l'organisation des compétitions sportives, c'est pour cela que je disais tout à l'heure que l'Union européenne à un moment avec les Etats qui la composent, doit aussi se positionner, mais avant tout ce sont les instances sportives qui doivent réagir.
LORRAIN SENECHAL
Mais juste un Euro sans Raphaël VARANE ou Paul POGBA, c'est une possibilité aujourd'hui ?
ROXANA MARACINEANU
Eh bien aujourd'hui il y a 12 clubs et parmi ces 12 clubs ce sont les meilleurs clubs, avec les meilleurs joueurs, qui se sont positionnés pour ce championnat, en club VIP pour aller à la conquête du monde, mais une conquête du monde qui se baserait uniquement sur du marketing et sur du commercial, et pas sur du sportif. Envisager un championnat qui perd son âme et qui n'est plus basé sur des critères sportifs ni d'accession à ce championnat, ni même de compétition, c'est…
LORRAIN SENECHAL
Inacceptable.
ROXANA MARACINEANU
Oui, c'est triste, en fait, pour le monde du sport.
LORRAIN SENECHAL
Roxana MARACINEANU, en France les écoles rouvrent la semaine prochaine avant les collèges et lycées la semaine suivante, est-ce que c'est aussi le retour des cours de sport sur l'intégralité du territoire en intérieur, comme en extérieur ?
ROXANA MARACINEANU
Alors, il faut que nous restions prudents, effectivement l'engagement pris par le président de la République de rouvrir les écoles aux dates prévues, sera tenu, néanmoins il faut que nous le fassions avec responsabilité et progressivité, donc le retour du sport se fera pour les mineurs d'abord en extérieur, probablement, et puis si les chiffres sanitaires le permettent de nouveau en équipements fermés, en équipements couverts. Et puis comme nous l'avons fait à d'autres moments de la crise, la priorité sera donnée aux mineurs, puisqu'eux ne peuvent pratiquer que s'ils sont encadrés par des entraîneurs, des associations sportives ou des professeurs d'EPS, et les majeurs quant à eux, peuvent aujourd'hui pratiquer partout, y compris en équipements extérieurs, ce sera encore le cas jusqu'à ce qu'on puisse revenir dans les équipements fermés, dans les salles de sport avec probablement un masque qui permet de mieux respirer, tout en étant protégé de la même manière. Et nous l'espérons…
LORRAIN SENECHAL
Ce masque, il sera déployé sur tout le territoire par les services du ministère ?
ROXANA MARACINEANU
Il sera déployé par des fabricants. Nous avons travaillé avec l'AFNOR pour une norme à laquelle se sont conformés un bon nombre de fabricants. Aujourd'hui les masques arrivent petit-à-petit sur les étals des magasins. Les personnes pourront les acheter, dès que les magasins rouvriront également, et puis revenir petit à petit à une pratique, protégée.
LORRAIN SENECHAL
Ils peuvent être obligatoires ces masques ?
ROXANA MARACINEANU
Ils seront fortement conseillés effectivement, pour qu'on puisse aussi s'en servir comme un critère de réouverture des salles de sport.
LORRAIN SENECHAL
Dernière chose, quand vont rouvrir les stades ? Est-ce que ça peut commencer dès la mi-mai ? Est-ce que vous allez lancer des expérimentations, d'abord, dans les jours, les semaines à venir ?
ROXANA MARACINEANU
Alors, nous avons une dizaine, une douzaine de clubs qui se sont proposés pour ces expérimentations, elles doivent être celles-ci basées sur des critères vraiment scientifiques, répondre à une commande d'un groupement sanitaire, qui désire mener une expérimentation sur un public sportif ou culturel qui se rassemble, donc un protocole assez strict aujourd'hui qui permet seulement à un tiers de ces 12 clubs, de ces 10 clubs, de passer le cap d'une telle expérimentation…
LORRAIN SENECHAL
Et ça peut être quand ?
ROXANA MARACINEANU
Ces expérimentations vont coûter cher, vont impliquer tout un protocole sanitaire très strict, donc on espère qu'il y aura quand même une réouverture possible, petit à petit, des stades, pour que ces expérimentations, peut-être, puissent se passer, mais que ça ne soit pas ça la norme pour revenir aux stades.
LORRAIN SENECHAL
Et pas de date, vous ne donnez pas de date de réouverture pour l'instant.
ROXANA MARACINEANU
Il faut suivre…
LORRAIN SENECHAL
Il n'y a pas d'objectif.
ROXANA MARACINEANU
Il faut suivre maintenant l'évolution des chiffres sanitaires, voir comment cette courbe épidémique redescend, et lorsque ce sera stabilisé, nous proposerons un retour aux stades, sécurisé, qui respecte les protocoles qui nous ont été proposés par les organisateurs.
LORRAIN SENECHAL
Roxana MARACINEANU, merci beaucoup, ministre déléguée aux Sports, d'être venue jusque dans les studios de France Info ce matin.
ROXANA MARACINEANU
Merci à vous
source : Service d'information du Gouvernement, le 20 avril 2021