Texte intégral
Q - Bonjour Franck Riester.
R - Bonjour Jeff Wittenberg.
(...)
Q - Alors, un sujet qui vous concerne directement en tant que ministre du commerce extérieur, c'est ce projet de certificat vaccinal, on ne doit pas dire, paraît-il, "passeport vaccinal", qui permettra à tous les citoyens de l'Union européenne de pouvoir voyager à nouveau au sein de l'Union. Le Parlement européen doit s'en saisir demain, pour l'instant il n'y a que 20% des européens qui sont vaccinés, donc est-ce que ce n'est pas là aussi un petit peu prématuré ?
R - Non, il faut absolument se préparer pour avoir ce type de dispositif, pour simplifier la vie de nos compatriotes et simplifier la vie des Européens.
Q - Comment cela va marcher ?
R - Ce dispositif permettra de recenser d'une façon simple, sur un document numérique, la situation sanitaire des personnes : est-ce qu'ils sont vaccinés, est-ce qu'ils sont immunisés, est-ce qu'ils ont eu un test négatif PCR, récemment ? Et ce qui permettra d'une façon très simple, avec une application, chez nous cela sera l'application TousAntiCovid, vous le savez, qui permettra d'avoir facilement accès à ces données-là. Il faut que nous puissions faciliter la circulation à nouveau des personnes en Europe, et éventuellement depuis l'étranger. Regardez ce qui a été dit hier par la Présidente de la Commission européenne qui appelle à ce que, dans l'avenir, on puisse revoir des touristes venir dans notre pays. Donc il faut pouvoir avoir un outil simple, informatique, numérique, qui recense la situation sanitaire.
Q - Et gratuits, Monsieur Riester, les tests PCR... ?
R - Oui, bien sûr, gratuits.
Q - Justement, les tests PCR négatifs, puisque c'est ce qu'il faudra, sont gratuits en France, mais ce n'est pas le cas dans tous les pays européens, loin de là, parfois cela peut aller jusqu'à 300 euros pour faire un test dans certains pays. Comment on fait, dès lors, pour pouvoir venir... ?
R - Si c'est payant dans ces pays-là, effectivement, cela sera payant pour les personnes qui voyagent. Ce qui est gratuit, c'est l'accès à cette application, et l'accès à cette utilisation...
Q - Je parlais du test.
R - Oui, mais moi, je parle de l'accès à l'application, au certificat sanitaire. Encore une fois, ce n'est pas un passeport dans le sens où l'on peut avoir accès à un autre document qui permet de pouvoir, par exemple, démontrer que l'on a bien un test PCR négatif. Mais en revanche, c'est un outil de simplification, permettant de recenser, pour chaque personne, sa situation sanitaire : est-ce qu'on est vacciné, est-ce qu'on est immunisé, est-ce qu'on a un test PCR négatif ?
Q - A côté du Covid, l'autre débat du moment porte sur les suites de l'attaque terroriste de Rambouillet, au cours de laquelle une fonctionnaire de police, Stéphanie Monfermé, a trouvé la mort, a été assassinée. L'émotion reste très vive, on l'a vu, on le voyait hier à Rambouillet...
R - C'était très émouvant, les images hier, c'était vraiment très émouvant.
Q - L'Ile-de-France, c'est votre région. Sur le fond, Valérie Pécresse, la Présidente de la région, et elle n'est pas la seule à droite, pense qu'il y a un lien entre l'immigration et le terrorisme. Qu'en pensez-vous, vous-même, Franck Riester ?
R - D'abord, moi je regrette cette surenchère d'un certain nombre de partis politiques qui instrumentalisent finalement ce sujet.
Q - C'est une instrumentalisation, il n'y a pas de réalité ?
R - Oui, parce qu'on voit bien qu'ils essaient d'instrumentaliser. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas une part de réalité, cela veut dire simplement qu'on utilise un sujet aussi grave que celui-là pour faire de la politique politicienne. On devrait continuer d'avoir de la concorde nationale sur ces questions-là. Ce sont des questions qui doivent dépasser les clivages politiques. Bien sûr que nous sommes face à un combat terrible, face à l'hydre islamiste, nous devons nous battre contre ce terrorisme qui tue dans notre pays, et pour cela il faut que chacune et chacun apporte sa pierre à l'édifice de la lutte contre ce terrorisme. Et pardon, mais mélanger terrorisme et immigration, c'est grave. C'est grave, parce que cela insinue des choses terribles, c'est-à-dire que cela crée le doute sur n'importe quel immigré dans notre pays. Or, bien évidemment que nous devons pas nier la réalité, il y a un certain nombre de terroristes qui étaient issus de l'immigration et qui sont des immigrés, des gens qui ne sont pas français.
Q - Et qu'est-ce qu'il faut faire, pour lutter contre ce phénomène ?
R - Donc il faut lutter mieux contre le phénomène d'immigration clandestine, il faut continuer cette politique que nous menons avec beaucoup de force, de renvoyer hors de France des fichés S qui sont immigrés, et qui sont notamment immigrés clandestins...
Q - Ce n'était pas le cas du terroriste de Rambouillet.
R - Ce n'était pas le cas du terroriste de Rambouillet. Et il faut surtout renforcer le dispositif quel que soit, je dirais, le statut français ou non français, des personnes qui se situent dans notre pays et qui ont des pratiques qui sont des pratiques qui peuvent conduire au terrorisme.
Q - D'où le nouveau projet de loi. On en parlait...
R - Il y a encore des failles. Il y a des failles notamment concernant ce type d'individu, cet individu qui s'est radicalisé au dernier moment, qui n'était pas lié à d'autres, a priori, on verra ce que va dire l'enquête, terroristes ou futurs terroristes, dans le cadre de cellules. Donc, nous devons les identifier, ces espèces de loups solitaires, et un des moyens, c'est d'utiliser des techniques nouvelles, des techniques, par exemple, d'algorithmes, qui permettent en fonction des communications que vous avez...
Q - Qui seront présentées dans le projet de loi...
R - Non pas sur le fond de vos communications, mais sur le type de communication que vous avez, est-ce que vous avez été en communication avec quelqu'un, par exemple, au Moyen-Orient, est-ce que vous avez eu des contacts des sites...
Q - Cela suffira à vous rendre suspect ?
R - Est-ce que vous avez été sur des sites djihadistes...
Q - Cela suffira à vous rendre suspect, il n'y aura pas de dérive ?
R - Ecoutez, cela sera encadré d'une façon très stricte. Cela va faire partie du débat qu'il y aura au Parlement, puisque le projet de loi sera présenté demain en Conseil des ministres. Il faut qu'il y ait toutes les garanties, a priori dans le projet de loi toutes les garanties sont nécessaires, parce que nous devons évidemment le faire dans le cadre de la République et dans le cadre de l'Etat de droit. Mais donnons-nous les moyens nouveaux, technologiques, de lutter contre ce type de dérive terroriste.
(...)
Q - Merci beaucoup, Franck Riester.
R - Merci à vous.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2021