Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, avec France Bleu Armorique le 18 mai 2021, sur la réouverture des bars et restaurants et la promotion du tourisme en France.

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  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie

Média : France Bleu

Texte intégral

Q - Le tourisme a été durement touché, on le sait, par la crise et les restrictions. Dans quel état d'esprit sont les professionnels que vous rencontrez un petit peu partout en France, et que vous allez donc rencontrer aujourd'hui à Saint-Malo ?

R - C'est un état d'esprit positif, parce que, forcément, c'est un peu la lumière au bout du tunnel. C'est une reprise, une reprise qui est, certes, progressive, mais le fait de pouvoir rouvrir les activités, reprendre le travail, était attendu depuis longtemps par les restaurateurs, mais pas que : je vais également ce matin à la rencontre des acteurs d'un Palais des Congrès à Saint-Malo...

Q - Le Palais du Grand Large, oui...

R - Exactement. Et vous le voyez, c'est finalement une réouverture qu'on a voulue sûre. Il y a ce proverbe bien de chez vous, qui dit : marcher doucement et voir de loin. Eh bien, c'est ça, on y va phase par phase, mais on a ces trois pas, 19 mai, 9 juin, 30 juin, où on élargit au fur et à mesure les réouvertures. Donc, c'est le début d'une saison qui, je l'espère, sera belle, comme finalement a été belle celle de l'année dernière en Bretagne...

Q - Oui, de l'été 2020. Reste, Jean-Baptiste Lemoyne, que la réouverture des bars et restaurants demain se fait à jauge réduite sur les terrasses, que pour certains, ce n'est pas rentable. Pourquoi on n'a pas assoupli ces jauges, notamment en Bretagne, où, nous, on a quand même été relativement épargnés par l'épidémie - on le disait dans les titres tout à l'heure -, on va passer sous la barre des 100 cas pour 100.000 habitants concernant le taux d'incidence. Pourquoi est-ce que ces jauges n'ont pas été assouplies selon les régions ?

R - Je vais vous dire : on souhaite, justement, être le plus prudent possible pour ne pas remettre en cause les phases ultérieures d'ouverture. Mais la contrepartie de cela, c'est que l'Etat va continuer à être aux côtés des acteurs du tourisme en adaptant et en maintenant les aides. Aujourd'hui, on en est par exemple pour les acteurs du tourisme en Bretagne à plus de 1,1 milliard d'euros de mesures de soutien depuis le début de la crise. Et on va continuer, puisque le fonds de solidarité restera ouvert, sera assoupli pour que ceux qui ont des chiffres d'affaires qui forcément ne seront pas les mêmes que si tout était rouvert, puissent prétendre à des aides qui viennent en complément, leur permettre d'atteindre le point d'équilibre. Donc, l'Etat a été là et il reste là pour accompagner cette reprise progressive.

Q - Malgré ces aides, il y a quand même beaucoup d'établissements qui ont été fragilisés par la crise, qui à un moment vont devoir rembourser les prêts, des dépenses qui ont été reportées. Là, aussi, il y a des aménagements qui sont prévus dans les mois qui viennent ?

R - Alors, on a mis en place des outils justement tout à fait adaptés au secteur du tourisme : par exemple, on a lancé, avec Bpifrance, le prêt Tourisme, qui permet d'avoir un différé de deux ans dans les remboursements, qui permet d'avoir une maturité de prêt, et qui peut aller jusqu'à 10 ans, 12 ans. Donc, tout cela, vous le voyez, c'est ce qui permet, justement, ce sont des outils qu'on a créés, qu'on a fabriqués pendant la crise pour que les acteurs du tourisme ne soient pas face au mur de la dette, du jour au lendemain, mais qu'ils puissent d'abord repartir et ensuite faire face naturellement à ces échéances.

Je vais vous dire : on continuera à regarder de très près avec eux - tous les quinze jours, j'ai le comité de filière tourisme, et un certain nombre de professionnels bretons y participent -, et c'est l'occasion de regarder les trous dans la raquette, de faire face aussi aux problématiques qui se posent. Vous évoquez la problématique du financement, il y a aussi la problématique de l'emploi, des ressources humaines, parce que certains font face à des difficultés de recrutement après cette période où des employés, parfois, ont quitté le secteur pour aller dans d'autres secteurs.

Q - Oui, on l'illustrait ce matin sur France Bleu Armorique, dans le cadre de "La nouvelle éco", on expliquait que 100.000 saisonniers en France ont quitté les métiers de la restauration et de l'hôtellerie au cours des derniers mois. Jean-Baptiste Lemoyne, c'est clair, l'été doit obligatoirement être bon pour le tourisme, les établissements vont devoir faire le plein pour se refaire une santé. Comment inciter les Français à rester en France, notamment en Bretagne, à consommer local aussi pour le tourisme ?

R - Alors, justement, j'ai souhaité porter une grande campagne avec Atout France, notre opérateur, qui est finalement l'office de tourisme de la France, pour justement mettre le paquet et promouvoir la destination France. Donc c'est vraiment un appel à cet été bleu-blanc-rouge saison 2, si je puis dire, pour que ce soit à nouveau le tube de l'été 2021. Et cette campagne se décline à la fois vis-à-vis du public français, avec ce hashtag #jeredecouvrelafrance. Et puis, on veut naturellement convaincre les nôtres de rester en France, mais on veut aussi attirer les autres, et j'ai lancé une campagne sur les dix marchés européens qui émettent le plus de touristes vers la France, avec cette idée que, finalement, le retour à l'essentiel, ce qui compte vraiment, on le retrouve en France. On s'adresse ainsi aux Belges, aux Allemands, aux Suisses, aux Britanniques. Je prendrai mon bâton de pèlerin également pour me rendre dans toutes ces capitales et faire la promotion de la destination France et notamment de la destination Bretagne, naturellement.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mai 2021