Interview de Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, à France Info le 7 mai 2021, sur la campagne pour les élections régionales, le label Toxi-score et la "Loi Climat".

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Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Barbara POMPILI.

BARBARA POMPILI
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Votre collègue du gouvernement, la secrétaire d'Etat Sophie CLUZEL, l'a annoncé il y a quelques minutes sur Franceinfo : elle sera bien candidate finalement aux élections régionales en PACA. C'est la fin du feuilleton ?

BARBARA POMPILI
J'espère. Parce que pour les élections régionales maintenant, on a besoin que les campagnes soient lancées, que les projets soient expliqués aux citoyens pour qu'ils puissent faire leur choix. Donc maintenant, Sophie CLUZEL a fait cette annonce ; moi je me réjouis qu'elle soit présente sur cette campagne parce que c'est quelqu'un de grande valeur et c'est quelqu'un qui a beaucoup d'idées pour la région PACA, et puis après la campagne se fera.

MARC FAUVELLE
C'était vraiment une bonne idée cet accord avec la droite en PACA ?

BARBARA POMPILI
Alors moi d'une manière générale, j'essaye de réfléchir à comment on peut faire au mieux face aux enjeux qu'on a sur les territoires. D'une manière générale, je pense que c'est bien de porter ces couleurs au premier tour parce que justement les gens peuvent choisir. En revanche, quand je vois des phénomènes qui sont quand même des phénomènes un peu de tambouille, où on exclut dès le départ, je trouve que c'est très malsain ce système où on ne veut pas travailler avec les autres.

MARC FAUVELLE
La tambouille, elle a été uniquement dans le camp d'en face, uniquement en droit à droite ou aussi dans cet accord avec sa volonté de briser la droite ?

BARBARA POMPILI
Non. L'idée depuis le début, la majorité présidentielle s'est construite sur l'idée du dépassement. L'idée du dépassement parce que on était resté quelque part sur des vieux critères de gauche, de droite qui datent, qui sont fondés sur des débats du XXème siècle. Et moi qui suis écologiste, ça fait longtemps que je dis qu'il faut que maintenant on s'engage sur les débats du XXIème siècle dont l'écologie fait partie mais pas seulement. Donc ce dépassement, c'est normal qu'il soit recherché le plus souvent possible. Et puis on a un risque Front national qui est très fort, Rassemblement national, donc la lutte contre l'extrême droite nécessite aussi qu'on réfléchisse à comment faire ce dépassement. Donc moi, rien ne me choque à partir du moment où c'est un vrai dépassement vers la gauche ou vers la droite. Mais ce que je trouve grave, c'est l'ostracisme de certains : "Ah non ! On ne va travailler avec la majorité présidentielle, ils sont méchants." C'est incroyable. Ce qu'il faut maintenant, c'est que chacun arrête de faire des stratégies boutiquières et qu'on regarde comment on peut travailler tous ensemble dans des régions ou ailleurs d'ailleurs.

SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que le dépassement c'est aussi d'accueillir Christian ESTROSI, le maire de Nice, qui vient de quitter Les Républicains ou Hubert FALCO, le maire de Toulon, dans la majorité présidentielle ?

BARBARA POMPILI
A partir du moment où je vous dis qu'il faut arrêter l'ostracisme, il faut évidemment que quand des gens souhaitent travailler ensemble qu'ils puissent le faire.

SALHIA BRAKHLIA
Donc vous leur dites ce matin : "Rejoignez-nous" ?

BARBARA POMPILI
Mais ce n'est certainement pas moi qui dois parler à la place de Sophie CLUZEL. Mais Sophie CLUZEL, je lui fais totalement confiance pour faire un beau travail sur PACA.

MARC FAUVELLE
Vous avez dit il y a quelques instants : "Il faut du dépassement à droite et du déplacement à gauche" ; il est où le dépassement à gauche aux régionales ?

BARBARA POMPILI
Ecoutez, encore une fois sur les régionales on a une spécificité de PACA, mais pour le reste il y a une vraie volonté d'avoir un projet qui est porté par la majorité présidentielle au premier tour. Au second tour, on verra.

MARC FAUVELLE
Avec la gauche, où ça ?

BARBARA POMPILI
La majorité présidentielle dans son ensemble avec toutes ses sensibilités. Vous savez qu'il y a des sensibilités dans la majorité présidentielle qui sont des sensibilités qui sont issues plutôt des anciennes familles de droite, et d'autres qui sont issues plutôt des anciennes familles de gauche. Il y en a quelques-unes comme En Commun que j'ai fondé, comme Territoires de progrès.

SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas l'aile gauche qu'on entend le plus souvent dans cette majorité présidentielle. Est-ce que vous le regrettez et est-ce que vous regrettez que la majorité présidentielle justement ne s'allie pas à des formations de gauche dans certaines régions ?

BARBARA POMPILI
Mais ça pourrait se faire en cas de risque Front national par exemple ou Rassemblement national, pardon. Ça pourrait tout à fait se faire. C'est normal. C'est normal de regarder.

SALHIA BRAKHLIA
Où par exemple ?

BARBARA POMPILI
Encore une fois, en fonction des risques. Donc on voit que le Rassemblement national est très haut dans des régions comme Bourgogne-Franche-Comté par exemple ou en Occitanie.

MARC FAUVELLE
Dont la présidente socialiste a déjà dit : "Non, pas de ça chez moi. Pas d'alliance avec les Marcheurs".

BARBARA POMPILI
Oui, d'accord mais j'entends. Maintenant, elle veut porter sa liste au premier tour ce qui me paraît tout à fait raisonnable. Après, je crois qu'il faut réfléchir aussi au second tour ce qu'on peut faire. Et puis j'insiste sur le fait que des a priori en disant : "Jamais on ne fait d'alliance avec quelqu'un", ça je peux l'entendre vis-à-vis de l'extrême droite. J'ai du mal à l'entendre vis-à-vis de l'arc républicain.

SALHIA BRAKHLIA
Vous dites qu'il faut faire attention au second tour. Quel que soit le candidat qu'il y aura en face du Rassemblement national au second tour si ça arrive, la position des Marcheurs ce sera quoi ? Ils se retireront de toute manière quel que soit le candidat qui sera en face du candidat RN ?

BARBARA POMPILI
D'une manière générale, il faut qu'à chaque fois qu'il y a un risque d'une victoire du Rassemblement national sur une région, d'avoir une stratégie pour l'empêcher. La stratégie n'est pas forcément la même selon les régions.

MARC FAUVELLE
Oui. Ce que vous dites sera valable par exemple dans les Hauts-de-France où le Rassemblement national est très haut en ce moment dans les sondages et où concourt Xavier BERTRAND qui a dit : "Si je perds, j'arrête la politique." Sous-entendu : "Je ne serai pas candidat à l'élection présidentielle". Ça doit être valable aussi - on sait qu'il y a aujourd'hui une tentation dans la majorité de dire : "Est-ce qu'il faut vraiment aider Xavier BERTRAND à gagner ?"

BARBARA POMPILI
Mais c'est valable partout.

MARC FAUVELLE
Oui.

BARBARA POMPILI
La lutte contre le Rassemblement national, elle est valable partout.

MARC FAUVELLE
Y compris dans les Hauts-de-France donc.

BARBARA POMPILI
Y compris dans ma région et y compris malgré les divergences politiques fortes que j'ai personnellement et que la majorité présidentielle peut avoir accès Xavier BERTRAND.

MARC FAUVELLE
Donc vous, vous irez sans vous boucher le nez glisser un bulletin Xavier BERTRAND face au Rassemblement national ?

BARBARA POMPILI
J'espère pouvoir glisser au second tour un bulletin de la majorité présidentielle dans l'urne mais encore une fois…

MARC FAUVELLE
Et si ce n'était pas le cas ?

BARBARA POMPILI
S'il y a un risque Rassemblement national, je prendrai mes responsabilités et c'est normal.

MARC FAUVELLE
Et vous glisserez un bulletin Xavier BERTRAND ?

BARBARA POMPILI
Mais tout le monde réfléchit comme si le premier tour n'existait pas dans ces élections régionales. Donc il y a un premier tour et donc…

MARC FAUVELLE
Aujourd'hui on a deux listes dans les sondages au-dessus de 30% et une liste un peu dans les choux, oui.

BARBARA POMPILI
Il y a un premier tour, laissons faire le premier tour. Moi je considère que les citoyens doivent s'exprimer et pas seulement les sondages. Donc laissons faire le premier tour et à l'issue du premier tour, je vous dirai, ne vous inquiétez pas, ce que je voterai mais je peux vous dire une chose qui est certaine : c'est que je ferai tout pour que le Rassemblement national ne prenne pas la tête de ma région.

SALHIA BRAKHLIA
Eric DUPOND-MORETTI, le ministre de la Justice, devrait se lancer aux régionales justement dans les Hauts-de-France et peut-être même remplacer celui qui était jusqu'à présent votre candidat, le ministre aux Retraites Laurent PIETRASZEWSKI. Plusieurs ministres se sont donc lancés dans la bataille. Pourquoi pas vous ?

BARBARA POMPILI
Tout simplement parce que j'ai un travail énorme au gouvernement. Je suis sur une loi…

MARC FAUVELLE
Le Garde des Sceaux, il n'a rien à faire en ce moment ?

BARBARA POMPILI
Je suis sur une loi qui a pris 200 heures à l'Assemblée nationale. J'ai 30 milliards du plan de relance dont je dois travailler à ce qu'ils soient réellement sur le terrain et d'ailleurs…

MARC FAUVELLE
Le Garde des Sceaux, il a une réforme de la Justice, il a des questions d'insécurité.

BARBARA POMPILI
Je serai à Amiens aujourd'hui, je suis à Dunkerque lundi pour le plan de relance, pour faire un certain nombre d'annonces pour travailler avec les acteurs de terrain. Ça me prend un temps fou.

SALHIA BRAKHLIA
…à défendre la majorité présidentielle de votre côté.

BARBARA POMPILI
Non, j'aiderai à faire la campagne, il n'y a aucun problème. Je soutiendrai. Laurent PIETRASZEWSKI, il fait un énorme boulot sur les Hauts-de-France. II a réussi à monter des équipes, à rassembler autour de lui et on voit que ce n'est pas toujours facile de rassembler. Et il a réussi à le faire donc moi je lui tire mon chapeau. Si en plus il a du renfort, ce sera formidable.

SALHIA BRAKHLIA
Les ministres qui se présentent mais qui perdent devront démissionner du gouvernement ?

BARBARA POMPILI
Je ne vois pas le rapport.

SALHIA BRAKHLIA
Pourquoi ? Ils n'ont pas eu le suffrage des électeurs.

BARBARA POMPILI
Parce que quand on est au gouvernement, d'abord on est là pour gouverner. Et quand on se présente face au suffrage, on n'est pas tout à fait dans la même situation que des personnes qui ne sont pas en responsabilité et qui, du coup, n'ont pas quelque part l'avantage d'être en responsabilité mais aussi l'inconvénient. C'est-à-dire que quelquefois…

MARC FAUVELLE
Pardon, je n'ai rien compris. Vous pouvez réexpliquer ?

BARBARA POMPILI
Je ne suis pas claire ?

MARC FAUVELLE
Non, ou c'est peut-être moi qui suis mal réveillé. Vous pouvez nous réexpliquer la différence ?

BARBARA POMPILI
Quand un ministre se présente aux élections régionales, il se présente sur un projet pour les élections régionales, il ne se présente pas sur le bilan de son ministère. Vous voyez la différence ? C'est-à-dire que les citoyens, en tout cas moi c'est ce en quoi je crois, les citoyens quand ils vont voter pour une personnalité pour les régionales, ils vont voter pour quelqu'un qui pourra faire quelque chose pour eux pour les régionales, donc sur un projet.

MARC FAUVELLE
Sachant qu'il ne siègera pas ensuite, Eric DUPOND-MORETTI.

BARBARA POMPILI
Mais j'espère qu'ils siégeront. Après ça dépend à…

SALHIA BRAKHLIA
Si un ministre est élu, il doit siéger ?

MARC FAUVELLE
Eric DUPOND-MORETTI s'il gagne la région, il va prendre la présidence de la région Hauts-de-France ? Il quittera le gouvernement ?

BARBARA POMPILI
Mais pardon, Eric DUPOND-MORETTI à ce stade n'a pas annoncé de candidature, donc on va attendre peut-être de savoir ce qu'il a envie de dire, Eric DUPOND-MORETTI.

MARC FAUVELLE
Et éventuellement connaître le résultat des urnes aussi.

BARBARA POMPILI
Et on verra ce qu'il souhaite faire. S'il veut candidater ou pas, s'il veut mener la liste ou être juste un soutien. Moi pour l'instant, je n'ai pas de réponse à cette question et ce sera à lui de l'exprimer, pas à moi.

MARC FAUVELLE
Alors un peu de patience. (…)

SALHIA BRAKHLIA
Alors, tous les cinq ans, la France lance un nouveau plan Santé Environnement, c'est-à-dire un ensemble de mesures pour réduire l'impact de l'environnement sur la santé. Aujourd'hui, vous lancez le quatrième et l'une des annonces va intéresser beaucoup de parents car elle concerne les jouets des enfants.

BARBARA POMPILI
Oui, on lance aujourd'hui effectivement avec Olivier VERAN le quatrième plan national Santé Environnement qui vise à réduire les impacts de l'environnement sur notre santé. Alors, il va y avoir quelques mesures importantes : d'abord, des mesures de recherche, on met 90 millions d'euros pour comprendre les effets de l'environnement sur notre santé. Il y a des choses qu'on sait. Par exemple, sur la qualité de l'air, on sait qu'il y a 40 000 morts par an à cause des problèmes de qualité de l'air mais par exemple sur le bruit, l'impact du bruit sur la santé, on ne le sait pas. Donc on va mettre 90 millions d'euros là-dessus ; on va aussi mettre en place un "Toxi-score" sur les produits ménagers. Aujourd'hui, les produits ménagers les étiquettes sont très complexes, on ne sait pas très bien comment s'en servir.

MARC FAUVELLE
C'est quoi ? C'est sur le modèle du Nutri-score ?

BARBARA POMPILI
Exactement, c'est un peu sur le même modèle.

MARC FAUVELLE
Ça s'appliquera à quels produits ?

BARBARA POMPILI
Ça concerne tous les produits ménagers qu'on achète pour notamment nettoyer la salle de bain, nettoyer par terre. Dedans, il peut y avoir des solvants qui émettent des gaz qui peuvent être dangereux ; il y a certains produits qu'il ne faut surtout pas mélanger parce que ça peut être très dangereux comme l'eau de javel, par exemple et donc ces produits-là, il faut qu'on sache au premier coup d'oeil s'il faut prendre des précautions d'utilisation, par exemple mettre des gants ou bien aérer la pièce.

MARC FAUVELLE
Elle sera obligatoire, cette étiquette ?

BARBARA POMPILI
Oui.

MARC FAUVELLE
A partir de quand ?

BARBARA POMPILI
A partir de 2022.

MARC FAUVELLE
2022.

BARBARA POMPILI
Donc à partir de l'année prochaine, on aura cette étiquette qui sera lancée sur ces produits-là.

SALHIA BRAKHLIA
C'est sous quelle forme en fait, le "Toxi-score" en fait, ça va être un code couleurs pour que les consommateurs puissent savoir à quel point le produit est toxique ?

BARBARA POMPILI
Oui c'est l'idée. On est encore en train de regarder le graphisme de ce qu'on pourrait faire mais c'est de cet ordre-là, il faut qu'au premier coup d'oeil on puisse se dire : attention, là, il peut y avoir un risque et donc je vais me renseigner pour voir un petit peu comment j'utilise ce produit. Et puis une autre annonce effectivement, ça concerne ce qu'on appelle la lumière bleue. Alors la lumière bleue, c'est la lumière qu'on a notamment sur les écrans d'ordinateurs, sur les écrans de téléphones portables, qu'on trouve dans certaines LED et qu'on trouve dans des jouets des enfants. Donc le principe, c'est que sur les lumières bleues qui sont les plus dangereuses parce qu'il y a un spectre de lumière bleue, sur les plus dangereuses, on va les interdire dans les jouets pour enfants à partir de l'année prochaine, donc à partir de 2022. Pourquoi ? Parce que les enfants, ils ont le cristallin qui n'est pas encore complètement formé jusqu'à 10 ans et donc ils sont plus sensibles à ça et les effets que peut avoir cette lumière bleue, ça peut être des effets d'abord d'accentuation de myopie ou de création de myopie mais surtout, ils sont très perturbateurs pour le sommeil des enfants.

SALHIA BRAKHLIA
Mais ça concerne les jouets pour les enfants de quel âge ?

BARBARA POMPILI
Bah, c'est … jouets pour tous les enfants mais je vous dis, on va cibler sur les jouets qui sont pour les enfants de moins de 10 ans puisque c'est là qu'il y a le plus de risques. Alors pas de panique, on est sur le principe de précaution. Donc on retire ces jouets parce qu'on voit qu'il peut y avoir un effet sur la santé des enfants mais on peut déjà, avant même qu'il y ait cette interdiction, avoir du bon sens et faire en sorte notamment que les enfants de cet âge-là ne soient pas exposés aux écrans, ne soient pas sur les tablettes avant d'aller se coucher parce qu'on sait que c'est très perturbateur pour le sommeil et quand le sommeil est perturbé, c'est très mauvais pour leur santé.

MARC FAUVELLE
Et on sait aujourd'hui …

BARBARA POMPILI
Donc déjà en attendant, essayons d'éviter de mettre nos enfants devant des tablettes au moment de se coucher.

MARC FAUVELLE
Et on sait aussi, Barbara POMPILI, qu'aujourd'hui un enfant de 7 ans en moyenne a passé un an de sa vie jour et nuit, une année complète de sa vie devant les des écrans. Est-ce que cette annonce les concerne aussi, les écrans ?

BARBARA POMPILI
Bien sûr ça concerne aussi les écrans, la lumière bleue !

MARC FAUVELLE
Donc il y a des écrans qui vont être interdits à partir de l'an prochain.

BARBARA POMPILI
Alors il y a des jouets, vous savez, qui ressemblent à des téléphones portables, qui ressemblent à des petits ordinateurs, eh bien, il y aura encore ces jouets-là. Simplement, les fabricants seront obligés de changer, de ne plus mettre un certain nombre de LED qui sont … ou de LED ou de lumière bleue …

MARC FAUVELLE
Ça concerne aussi les tablettes, par exemple, les tablettes numériques, on ne va pas les citer ici ?

BARBARA POMPILI
Bien sûr, bien sûr !

MARC FAUVELLE
Donc vous avez convaincu par exemple …

BARBARA POMPILI
Alors sur les tablettes qui sont destinées aux enfants, après pour les adultes, les adultes, vos tablettes d'adultes, ne les mettez pas entre les mains des enfants notamment le soir quand ils doivent aller se coucher !

MARC FAUVELLE
Allez expliquer ça aux enfants qu'il ne faut pas prendre les tablettes !

BARBARA POMPILI
Oui mais enfin ça, moi j'ai réussi pendant très longtemps à empêcher ma fille d'avoir un téléphone portable à côté d'elle le soir. J'en suis très fière !

MARC FAUVELLE
Bravo ! Pardon !

SALHIA BRAKHLIA
Si je reviens aux jouets, il n'y aura plus donc de tablettes pour enfants avec ces fameuses lumières bleues dans les rayons dès l'année prochaine ?

BARBARA POMPILI
Voilà mais il y aura toujours des tablettes mais sauf qu'elles seront équipées d'autres lumières puisqu'il y a des alternatives qui existent, ça n'empêchera pas de continuer aussi à avoir des petits planétariums, vous savez, ou des petites veilleuses. Ça concerne tout ce genre de chose !

SALHIA BRAKHLIA
Parce que l'année prochaine, c'est demain, est-ce que vous avez prévenu tous ces industriels qui peut être ont déjà construit, fabriqué ces jouets pour Noël par exemple ?

BARBARA POMPILI
C'est demain, c'est quand même l'année prochaine. Il y a des procédures pour ça puisqu'on est sûr de la consommation. Donc c'est aussi pour ça qu'on ne peut pas le faire tout de suite, on a des mesures à prendre, de notification à la Commission européenne. Bref, il y a des procédures mais en tout cas à partir de l'année prochaine, ce sera arrêté, je pense que c'est une bonne chose.

MARC FAUVELLE
Allez, puisque vous parlez de l'Europe Barbara POMPILI, la loi Climat a été adoptée il y a quelques jours à l'Assemblée nationale, votre loi. Dans la foulée, Pascal CANFIN, le président de la Commission environnement au Parlement européen a tweeté le message suivant : "je me réjouis de cette avancée, il faudra dès 2022 une nouvelle loi climat pour aller encore plus loin et aligner la France avec le nouvel objectif européen." Ce sera le cas ? Il y aura d'autres textes d'ici la fin du quinquennat ?

BARBARA POMPILI
Alors non, l'idée 2022, je pense qu'il pense à après. Parce que d'ici la fin d'ici la fin du quinquennat, vu "l'em …"

MARC FAUVELLE
L'embouteillage, allez-y, vous pouvez le dire !

BARBARA POMPILI
... l'embouteillage législatif, cette loi sera la dernière grande loi sur l'environnement du quinquennat.

MARC FAUVELLE
Vous êtes absolument certaine que les délais vont permettre son adoption ? Le texte part maintenant au Sénat, il va revenir ensuite à l'Assemblée, retourner encore au Sénat, il reste …2022, comme le disait très bien Salhia …

SALHIA BRAKHLIA
C'est demain.

MARC FAUVELLE
…c'est demain ou presque, il y aura le temps de faire la navette ?

SALHIA BRAKHLIA
Oui, il sera adopté d'ici normalement la fin de l'été, donc la toute fin de l'été, ça peut être septembre, la fin de l'été.

MARC FAUVELLE
Adopté au Sénat ?

SALHIA BRAKHLIA
Oui, oui, au Sénat, à l'Assemblée, enfin il aura fait toute la navette parlementaire. Après vous savez, ça ne s'arrête pas là. Un texte de loi, il y a les décrets.

MARC FAUVELLE
Oui, qui sont souvent plus importants même ou aussi importants que la loi.

SALHIA BRAKHLIA
Qui sont très importants et donc moi, j'ai déjà commencé à travailler avec les équipes pour préparer les décrets pour qu'on sorte le plus possible de décrets avant la fin du quinquennat.

MARC FAUVELLE
On va parler de l'une des mesures qui est dans ce texte que vous avez porté à l'Assemblée nationale Barbara POMPILI dans un instant. (…)

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec la ministre de la Transition écologique Barbara POMPILI. Juste avant le fil info, on parlait de votre loi climat. L'une des mesures phares de votre texte, c'est l'interdiction des vols intérieurs lorsqu'il existe une alternative en train à moins de 2 heures 30. Cette semaine Augustin de ROMANET, le PDG d'ADP-AEROPORTS DE PARIS était notre invité. Ecoutez ce qu'il en pense.

- Extrait de l'interview du 4 mai :
AUGUSTIN DE ROMANET, PRESIDENT-DIRECTEUR GENERAL DU GROUPE ADP
C'est symbolique d'une volonté politique et à cet égard je le respecte. C'est suffisamment symbolique pour que personnellement je n'aurais pas voté cela, ces 2% des vols domestiques, que ces vols sont souvent dans des zones qui sont industriellement dynamiques et donc il n'est pas exclu que ça pénalise certains secteurs économiques.

SALHIA BRAKHLIA
Il dit d'abord : "C'est symbolique. 2%, ça n'aurait aucune incidence sur le trafic aérien". C'est le patron d'ADP qui le dit. Donc le manque d'ambition de votre texte, on le voit déjà ici ?

BARBARA POMPILI
Ecoutez, je crois que c'était sur votre plateau que j'avais dit que j'en avais parlé avec des Américains et notamment avec John KERRY qui avait dit : "Chez nous, jamais on ne pourrait faire ce genre de chose" donc ce n'est pas si symbolique que ça. Le principe de ce texte…

MARC FAUVELLE
Le chiffre qu'il donne est exact ? 2% des vols domestiques qui eux-mêmes représentent une partie des vols ?

BARBARA POMPILI
Oui, oui. On est sur des chiffres. Pourquoi ? Parce qu'on a décidé que certains vols on n'y touchait pas parce qu'ils étaient des vols de désenclavement du territoire. C'est pour ça qu'on est resté sur un niveau qui est relativement, entre guillemets, raisonnable. Mais la question n'est pas là. Le texte climat résilience, ce qu'il veut c'est mettre l'écologie au coeur de la vie quotidienne des Français, et donc que les Français aient des réflexes écologiques. Et les réflexes écologiques, quand je disais c'est comme pour acheter sa baguette de pain, c'était ça : c'était avoir le réflexe. Il faut que les Français quand ils veulent se déplacer, quand ils doivent prendre un avion qu'ils puissent se dire : "Tiens, est-ce que là si je prenais le train, en fait ça n'irait pas aussi vite - je vous confirme que ça va aussi vite sur les trajets à 2 heures 30 - et est-ce que finalement ce n'est pas mieux que je prenne ça ?" Ce que je veux, c'est que ce réflexe s'installe dans l'esprit des gens. Et donc en faisant ça, on a fait énormément discuter et on voit que ce réflexe commence à s'instaurer et entraîne aussi une réflexion chez les professionnels, par exemple pour proposer des billets combinés. C'est-à-dire je veux aller de Marseille à New York, eh bien si je vais sur un site Internet au lieu d'avoir une proposition juste de deux billets d'avion pour aller jusqu'au hub de Roissy ou de Lyon, là je pourrais avoir un billet de train puis un billet d'avion et je pourrais prendre au même endroit. Et puis pendant ce temps-là dans les aéroports, et je pense qu'Augustin de ROMANET pourrait s'en occuper, on pourrait penser aux transferts de charges. C'est-à-dire comment on fait pour transférer les bagages qui arrivent en train vers l'avion, parce que c'est aussi ça qui fait que quelquefois on prend deux avions parce que les transferts de bagages se font plus facilement. Donc je propose à Augustin de ROMANET de réfléchir à ces questions-là. Ça peut être intéressant.

MARC FAUVELLE
Sur la question des vaccins, Barbara POMPILI, et de la levée des brevets qui a été demandée, à la surprise générale par les Etats-Unis, puis par la Commission européenne, puis par la France hier, est-ce que vous applaudissez ?

BARBARA POMPILI
Oui, je crois qu'à situation exceptionnelle il doit y avoir des mesures exceptionnelles, et les vaccins sur la Covid 19 ça doit être un bien public mondial.

MARC FAUVELLE
La situation elle est plus exceptionnelle aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 15 jours ?

BARBARA POMPILI
Mais, il y a une réflexion qui se lance là-dessus, le président de la République avait déjà évoqué cette question il y a quelques mois, ce n'est pas nouveau.

MARC FAUVELLE
Et il l'a évoqué très précisément dans son interview au Figaro il y a 2 semaines, Barbara POMPILI, en disant : le sujet n'est pas celui-là, c'est celui du transfert de technologies de la capacité de production, d'ailleurs la France lors d'un vote devant l'Organisation mondiale du commerce en octobre dernier, a voté contre. Comment vous expliquez qu'on soit contre il y a 15 jours, et pour, une fois que Joe BIDEN l'est ?

BARBARA POMPILI
Non, je vous invite à regarder un peu vos archives, il l'avait déjà, il avait déjà évoqué la question il y a plusieurs mois. Simplement…

MARC FAUVELLE
Il avait dit : "Il faut que ça soit un bien mondial".

BARBARA POMPILI
Voilà…

SALHIA BRAKHLIA
Lors d'une allocution, il a dit…

MARC FAUVELLE
Donc ça n'engage pas à grand-chose…

BARBARA POMPILI
Il faut que ce soit un bien mondial.

MARC FAUVELLE
Sur la question de la levée des brevets qui lui est posée dans Le Figaro, il dit non.

BARBARA POMPILI
Il faut que ce soit un bien mondial, mais il a raison de dire que la levée des brevets c'est une chose, moi je pense que c'est une bonne chose de le faire, par contre, si derrière il n'y a pas d'accompagnement technologique, on est sur des vaccins qui travaillent sur l'ARN, c'est des technologies très particulières, donc il faut aussi aider à des technologies, à être transmises ailleurs. Et puis après il y a une question aussi sur laquelle on doit réfléchir, la solidarité sur les doses au niveau européen par exemple, vis-à-vis des pays qui sont plus en difficulté pour en obtenir.

MARC FAUVELLE
La France a dit oui hier.

BARBARA POMPILI
Donc, les brevets, à eux seuls, je pense que c'est aussi un symbole très important, mais ça n'est pas la seule solution qu'on doit apporter aux besoins de vaccins pour tout le monde.

MARC FAUVELLE
Et c'est donc pour ça qu'on avait voté contre.

BARBARA POMPILI
Non, je crois qu'on n'est pas dans la même situation maintenant qu'il y a quelques mois. Il y a quelques mois on était incapable de prédire les nouveaux variants, en était incapable de prédire ce qui allait se passer. Donc on avance avec le temps, et je crois que la situation actuelle mérite maintenant qu'on unisse nos forces sur des vaccins qui…. vous vous rendez compte quand même, quand on dit que c'est un bien public mondial, ça veut dire que le monde est capable de s'unir face à un danger qu'on partage tous. Eh bien moi je me dis que c'est un symbole qui est très beau.

SALHIA BRAKHLIA
Barbara POMPILI, êtes-vous pour la légalisation du cannabis ?

BARBARA POMPILI
Ah ah ah. Je suis clairement pour que les tabous sautent sur le sujet du cannabis en général et des drogues en général, parce que…

SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire quoi "lever les tabous" ?

BARBARA POMPILI
On doit être très pragmatique. On doit être très pragmatique. Aujourd'hui en France, et ça fait des années que ça dure, des décennies que ça dure, il y a beaucoup, il y a 5 millions de consommateurs de cannabis, on est largement au-dessus de la moyenne européenne sur les consommateurs et notamment les jeunes consommateurs, donc face à ça il faut qu'on réussisse à trouver la meilleure réponse à cela. On est sur un sujet qui est complexe, puisqu'il y a la question des trafics et il y a les drames, encore celui qu'on a vécu récemment qui est absolument terrible, et puis il y a aussi la question de comment on gère les addictions, comment on s'occupe des personnes qui tombent dans ces addictions, 5 millions de personnes, c'est énorme.

SALHIA BRAKHLIA
Le ministre de l'Intérieur a décidé de mener une guerre contre les trafics de drogue, il ne parle pas du tout de légalisation, ce n'est pas du tout la position du président de la République aussi. Vous, vous dites quoi ? Il faut quand même y réfléchir et la légalisation ça peut être une porte de sortie ?

BARBARA POMPILI
Vous savez, on a des parlementaires qui ont lancé le débat, et en l'occurrence…

SALHIA BRAKHLIA
Et ils sont pour les parlementaires.

BARBARA POMPILI
…je faisais partie des parlementaires qui ont lancé le débat, quand j'étais présidente de la Commission du développement durable à l'Assemblée nationale, et il me semble que sur ce sujet, quand un débat est lancé, c'est intéressant de l'avoir, parce que, encore une fois on a des tabous qui nous empêchent de réfléchir clairement sur la question. Aujourd'hui on a trop de consommateurs de cannabis en France, et on a besoin de pouvoir mieux les accompagner.

SALHIA BRAKHLIA
Mais vous l'avez dit, ça fait longtemps que vous travaillez sur le sujet, à titre personnel est-ce que vous êtes pour la légalisation du cannabis ?

BARBARA POMPILI
A titre personnel, avant tout, je suis pour que, enfin on mette ce sujet sur la table et qu'on puisse en débattre sereinement, basé sur des faits et pas seulement sur des opinions ou des ressentis.

MARC FAUVELLE
Donc vous n'avez pas d'avis.

BARBARA POMPILI
Bien sûr que j'ai un avis.

MARC FAUVELLE
Mais vous ne le donnerez pas ce matin.

BARBARA POMPILI
Mais je l'exprimerai quand il y aura un débat.

MARC FAUVELLE
D'accord. Et le débat on ne peut pas l'avoir là ? A partir du moment où Emmanuel MACRON a appelé justement de ses voeux un débat en France sur cette question.

BARBARA POMPILI
Oui mais c'est pour ça que je trouve très bien…

MARC FAUVELLE
C'est pour ça qu'on vous pose la question, vous savez, sinon…

BARBARA POMPILI
… Moi je considère aujourd'hui qu'on ne peut plus attendre longtemps pour traiter la question des addictions et de ces personnes qui souvent passent par le cannabis et qui après tombent dans les drogues dures, avec des conséquences terribles. Mettons à plat…

SALHIA BRAKHLIA
La légalisation permettrait plus de contrôles, c'est ça ?

BARBARA POMPILI
Il faut qu'on réussisse à avoir plus d'accompagnement et quand on est obligé de se cacher pour aller chercher sa drogue, mais sa drogue d'une manière générale, donc c'est pour ça que c'est plus complexe que le seul sujet du cannabis, quand on est obligé de se cacher, quand on ne peut pas en parler, quand il a honte etc., quelque part on n'est pas suffisamment accompagné. Il y a un gros travail qui est fait par des associations etc., pour accompagner les toxicomanes, mais je crois qu'on peut faire mieux.

MARC FAUVELLE
Merci à vous Barbara POMPILI.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 mai 2021