Texte intégral
CECILE DE MENIBUS
Le « Petit déjeuner politique », ce matin c'est Frédérique VIDAL, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation
PATRICK ROGER
Bonjour Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
PATRICK ROGER
Beaucoup d'interrogations sur les examens et le monde étudiant en plein doute évidemment depuis un an. La question d'actualité d'abord, concerne les BTS. Les épreuves ont démarré, malgré la contestation de certains et de famille aussi. Pourquoi avoir maintenu les examens après une année à distance, Frédérique VIDAL ?
FREDERIQUE VIDAL
Eh bien d'abord, je crois que ce qui est important, c'est de dire que les examens effectivement se sont bien passés et que l'immense majorité des jeunes en BTS était dans les lycées qui n'ont pas été fermés là encore dans leur immense majorité cette année. Alors, c'est vrai qu'il y avait des difficultés, pour certains de ces jeunes, et c'est pour ça qu'avec Jean-Michel BLANQUER, nous avons décidé de faire cette session exceptionnelle, de rattrapage, pour permettre à tous ceux qui, soit n'ont pas pu se rendre aux examens, soit ont échoué à leurs examens, eh bien d'avoir cette deuxième chance.
PATRICK ROGER
Alors, est-ce qu'il y a, vous pouvez nous préciser les choses aussi sur les modalités justement, pour l'obtention du diplôme, avant le rattrapage ? Est-ce qu'il va y avoir une prise en compte du contrôle continu, quelles seront les meilleures notes retenues, celles de l'année ou aux épreuves ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, la note finale, elle se construit d'une part sur ce qu'on appelle le contrôle continu, c'est-à-dire les notes qui ont été obtenues au cours de l'année, lorsque les jeunes en ont, puisqu'on a vu l'année dernière que plus de 11 000 jeunes n'avaient pas de livret scolaire, puisque les BTS peuvent aussi se suivre par exemple au travers du CNED, donc tout le monde n'a pas de livret scolaire. Lorsqu'il y en a, ces notes sont prises en compte, la note de stage et puis la note des examens terminaux. Donc c'est une compensation entre plusieurs notes, qui donnent la note finale au BTS.
PATRICK ROGER
Mais il y a des modalités très claires que vous avez fait passer aux jurys pour qu'ils sachent comment tenir compte, quels critères, comment, parce que dit comme ça on se dit, oui mais comment ils vont faire comment ils vont déterminer les notes ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est comme ça chaque année. Vous savez, il y a 185 000 candidats chaque année au BTS, il y en a à peu près 10 à 12 000 qui n'ont pas de livret scolaire, les autres en ont et donc à chaque fois les jurys moyennent, soit avec les notes de contrôle continu, soit lorsqu'il n'y a pas de contrôle continu uniquement entre les notes de stage, les appréciations des enseignants, et puis les examens terminaux. C'est pour ça que ces examens sont très importants, c'est parce qu'ils permettent finalement d'assurer la valeur nationale du diplôme de BTS.
PATRICK ROGER
C'est pour ça que vous avez voulu le maintenir coûte que coûte, en quelque sorte.
FREDERIQUE VIDAL
C'était très important. L'année dernière nous étions dans une situation très particulière, où tout était fermé, les lycées étaient fermés, les écoles étaient fermées, et donc ce n'était pas possible de maintenir ces épreuves. Cette année c'est possible, néanmoins comme la situation n'a pas été simple pour tout le monde cette année, eh bien il y a cette épreuve supplémentaire qui se tiendra tout de suite après les résultats, si je puis dire, de manière à ce que…
PATRICK ROGER
Le rattrapage, là vous parlez du rattrapage.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
PATRICK ROGER
Alors, quand est-ce qu'il va avoir lieu ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, il va avoir lieu à chaque fois dans les… les étudiants seront reconvoqués dans les 8 jours qui suivent les résultats.
PATRICK ROGER
Oui. Des résultats qui sont prévus pour quand ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est très variable, parce que là on a effectivement les épreuves communes, mais après il y a des épreuves spécifiques de chacune des dizaines de spécialités de BTS. Donc chacun aura une convocation, lorsqu'il aura échoué, dans les 8 jours qui suivent les résultats. Il y a des préparations qui sont prévues notamment dans les lycées pour préparer les étudiants à ces oraux, ce sera de l'oral ; évidemment lorsqu'il y aura un livret scolaire, on prendra en compte les notes du livret scolaire, et ça permettra d'avoir sur une épreuve orale dans la partie générale de BTS et une épreuve orale sur la partie spécifique de chaque BTS, eh bien d'accompagner au mieux chacun.
PATRICK ROGER
Bon, cet oral de rattrapage, grosso modo, ce sera entre fin juin et mi-juillet, alors, à peu près.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, probablement, on est sur ces dates-là oui.
PATRICK ROGER
Est-ce qu'il y aura la possibilité encore aussi pour ces étudiants en BTS, dernière question peut-être, de poursuivre en fait leur stage jusqu'au mois de décembre, puisque pour certains ça a été un petit peu compliqué ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, absolument. En fait il y a plusieurs mesures qui ont été prises pour faciliter les stages, d'abord la possibilité de les fractionner, ensuite la possibilité de changer, c'est-à-dire de considérer que c'est un stage même s'il y a plusieurs lieux de stage, et enfin la possibilité de les valider jusqu'au 31 décembre.
PATRICK ROGER
Bon. Qu'en est-il aussi des autres étudiants ? Parce qu'on a parlé des BTS, mais il y en a beaucoup d'autres, sur leurs examens en présentiel ou à distance, où en est-on ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors là en fait c'est chaque établissement qui a voté ces modalités de contrôle des connaissances, et on a à peu près, des retours qu'on a, la moitié des examens qui vont se dérouler en présentiel, et l'autre moitié qui sera soit à distance, soit une remise de rapport, soit une évaluation sur la base du contrôle continu, donc là aussi un mélange de notes.
PATRICK ROGER
Et sur le déconfinement alors, parce qu'il y a quelques jours vous avez autorisé des étudiants à revenir, là il y a la date en fait du 19 mai, déjà est-ce que ça sert à quelque chose, sachant que l'année est finie, là, Frédérique VIDAL, non ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, l'année n'est pas finie partout. Elle est effectivement dans les universités, la majorité des universités vont démarrer leurs sessions d'épreuves où sont déjà en examens, ce n'est pas le cas dans les écoles, les écoles poursuivent en général sur le mois de juin, et puis surtout ça permet aux universités d'organiser justement des sessions de préparation pour les sessions de rattrapage. Et là c'était important qu'on puisse faire revenir les étudiants, et puis ça nous permet aussi…
PATRICK ROGER
Avec des jauges particulières, toujours ?
FREDERIQUE VIDAL
Voilà, on sera sur…
PATRICK ROGER
Est-ce qu'elles vont évoluer ces jauges ?
FREDERIQUE VIDAL
Un siège sur deux, on passera à 50 % à partir du 19 mai de nouveau.
PATRICK ROGER
Un siège sur deux, donc jauge de 50 %, c'est ça. Des autotests également ou pas ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, on a commencé à livrer les autotests, ça fait 3 semaines maintenant que les établissements en reçoivent, et justement on va voir aussi comment on s'organise. Ces autotests, il y a 5 autotests qui sont distribués à chaque étudiant, à chaque personnel, s'ils ont besoin de plus ils peuvent revenir en chercher, ils sont mis à disposition gratuitement, et on va regarder aussi comment est-ce qu'on peut s'en servir au mieux pour la rentrée.
PATRICK ROGER
Il y a aussi beaucoup d'interrogations sur la réforme des études de santé. Est-ce qu'il va y avoir une augmentation conséquente du nombre de places ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, et donc on a pu l'annoncer un pour la première fois depuis 50 ans, on aura plus de 10 000 jeunes qui continueront en 2ème année de médecine, c'est presque 1 500 de plus que l'année dernière.
PATRICK ROGER
Ça représente quoi en pourcentage ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est 14 % d'augmentation.
PATRICK ROGER
Mais alors, on dit qu'il y a des établissements où il a beaucoup plus de places disponibles, c'est pas vrai ça ou pas ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors ça, c'est, j'allais dire assez traditionnel, tout le monde sait qu'il y a, même à l'époque où il y avait le numerus clausus, il y a des établissements où il y a un pourcentage de places supérieur par rapport au nombre d'étudiants inscrits. Ça dépend de l'attractivité des différentes facultés. Ça dépend du bassin de recrutement…
PATRICK ROGER
Mais est-ce qu'on ne peut pas, alors justement, ouvrir un peu plus ?
FREDERIQUE VIDAL
Mais, c'est exactement l'objectif de cette réforme, c'est que ce soit ouvert et qu'il y ait plus de places, notamment dans les endroits où il n'y a pas suffisamment de médecins formés.
PATRICK ROGER
La rentrée, vous travaillez déjà dessus pour le cette rentrée universitaire, comment elle aura lieu ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, pour le moment on la prévoit et on la prépare à 100 % en présentiel, je crois que c'est très important et que les étudiants ont, comme les profs d'ailleurs, ont besoin de se retrouver sur une année la plus normale possible. Après, il y a des établissements qui, notamment sur les très gros amphithéâtres, réfléchissent à continuer éventuellement à utiliser une partie des étudiants présents, une autre partie des étudiants à distance, mais ça, ça va se régler si je puis dire, établissement par établissement. Mais l'objectif c'est [une] rentrée 100 % présidentiel.
PATRICK ROGER
Voilà. La sortie de crise aussi sur un plan psychologique pour les étudiants, Frédérique VIDAL, quel accompagnement prévu dans l'immédiat ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, on continue bien sûr à les accompagner sur le plan psychologique. D'abord il y a eu des recrutements de psychologues dans les établissements, et puis surtout on a mis en place une plateforme qui permet à chaque jeune, sur prescription médicale, parce que c'est important que ce soit dans un parcours de soin, d'avoir accès gratuitement à des séances de psychologues. On a à peu près 3 000 jeunes qui utilisent cette plateforme chaque semaine.
PATRICK ROGER
Il y a eu, on a parlé de certains suicides, est-ce que vous avez établi un bilan malheureusement, effectivement autour de ça ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, évidemment c'est très compliqué, parce qu'il y a des raisons extrêmement intimes et diverses au suicide. On avait fait ce bilan à la fin de l'année 2020, et sur le 1er semestre de l'année 2020/2021, il n'y a pas d'explosion du nombre de suicides, mais chaque suicide est un drame, de toutes les façons.
PATRICK ROGER
Depuis hier il y a la possibilité pour les jeunes de plus de 18 ans de se faire vacciner, à condition qu'il y ait des doses. Vous encouragez les jeunes à se faire vacciner ? Est-ce qu'ils devront présenter un Pass sanitaire quelconque pour aller à l'université à la rentrée justement ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, ce n'est pas prévu qu'il y ait une obligation de Pass sanitaire pour les enseignements. Mais évidemment, plus les étudiants et les personnels des établissements seront vaccinées, plus on sera tranquille par rapport à la rentré, mais plus la population générale sera vaccinée, plus on sera tranquille par rapport à la rentrée. Donc on a déjà, évidemment, en prioritaire les chercheurs et les enseignants chercheurs qui travaillent dans les… Covid, normalement ils sont vaccinés, puisqu'ils étaient sur la liste des personnels prioritaires, et puis dans les centres de santé universitaires on a la possibilité aussi de se faire vacciner.
PATRICK ROGER
Frédérique VIDAL, vous avez réclamé des sanctions pour les étudiants de l'IEP de Grenoble qui ont diffamé des professeurs dans l'affaire des affiches, en vous appuyant sur les conclusions d'un rapport que vous aviez commandé. Où en est-on aujourd'hui ? Quelles sanctions ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, c'est effectivement ce que préconise le rapport de l'Inspection générale, et c'est ce que j'ai demandé à l'IEP de Grenoble de mettre en oeuvre. Il y a déjà deux articles 40 qui ont été faits, donc deux signalements au procureur, là on est sur la partie à la fois affichage et puis sur la partie harcèlement sur les réseaux sociaux. Et puis de façon générale, c'est à la Direction de l'IEP maintenant de regarder en termes de sanctions disciplinaires, puisqu'apparemment, de ce que dit le rapport, il y a matière.
PATRICK ROGER
Il y a eu cette affaire de la candidate LREM voilée hier. Stanislas GUERINI à lui retiré l'investiture. La loi ne l'interdit pas, quelle est votre position ?
FREDERIQUE VIDAL
Non non absolument, et ça a été rappelé, ce n'est pas la loi qui l'interdit, c'est une position politique de dire que lorsque l'on représente un parti politique, eh bien on demande à ce que les candidats aient une neutralité par rapport à leur religion. Ils sont là pour représenter énormément de personnes, et donc on considère que c'est normal qu'ils maintiennent cette neutralité.
PATRICK ROGER
Mais ce n'est pas discriminant pour des personnes qui veulent se présenter quand même à faire de la politique ?
FREDERIQUE VIDAL
On peut évidemment se présenter pour faire de la politique, mais en respectant cette règle de la neutralité, qui une fois de plus n'est pas du tout une règle de droit. Moi ce que je voudrais dire quand même, c'est que cette jeune femme, sous le voile il y a une personne, et ça et ça a été je pense extrêmement violent pour elle, et ça c'est vraiment regrettable. On ne doit pas attaquer des gens pour ce qu'ils sont, ça me parait compliqué.
PATRICK ROGER
Cette personne.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, bien sûr.
PATRICK ROGER
Mais quand elle l'a fait, en posant, elle le savait, non ? Probablement.
FREDERIQUE VIDAL
Je ne sais pas, je n'ai pas discuté avec elle, je ne sais pas si elle le savait ou si elle imaginait à quel point ça pouvait être violent. Mais en tout cas les règles sont très claires : neutralité sur tout le port d'un signe religieux.
PATRICK ROGER
Bon. Les régionales, vous avez été un temps pressentie pour mener la liste la République En Marche justement PACA, finalement c'était Sophie CLUZEL. Il y a eu cette tambouille depuis 10 jours en région PACA, est-ce que le résultat d'un sondage IFOP ce matin qui donne Thierry MARIANI du RN vainqueur dans tous les cas de figure, est-ce qu'il faut un accord dès le 1er tour entre Renaud MUSELIER et la République En Marche ?
FREDERIQUE VIDAL
Moi je pense que ce qu'il y a eu surtout c'est une tambouille nationale à propos de cette région. C'est une région évidemment que je connais très très bien, j'y ai vécu jusqu'en 2017, à laquelle je suis très attachée. Je me rappelle très très bien des dernières élections régionales et du traumatisme que j'ai ressenti en voyant arriver le Front National en tête au 1er tour. Je crois que cette région elle est magnifique, elle a besoin d'un projet, et elle a besoin que tous ceux qui ont envie que cette région réussisse, que cette région continue à avancer et à progresser, puissent le faire.
PATRICK ROGER
Oui, mais c'est qu'il y a un problème, s'il y a cette volonté d'aller au Rassemblement national, aussi, non ? C'est du mécontentement même.
FREDERIQUE VIDAL
C'est je crois que là encore un combat qu'il faut mener et un combat ça se mène avec un projet, et il faut connaître cette région pour pouvoir en parler, les choses ne doivent pas se décider ailleurs que dans la région, avec les gens qui ont envie de s'engager, les énergies, les volontés.
PATRICK ROGER
Allez, dernière question avec Cécile de MENIBUS.
CECILE DE MENIBUS
Oui. Vous êtes aussi ministre de la Recherche, le pays de PASTEUR. Aujourd'hui, pas de vaccin français, est-ce que c'est un échec pour, eh bien justement pour la recherche française ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, je pense qu'il faut là aussi rester raisonnable. D'abord la recherche est internationale, ça veut dire que je peux vous dire par exemple que les vaccins à ARN sont possibles parce que, un jour un chercheur a découvert l'existence des ARN, et ça c'était en l'occurrence un chercheur Français et un prix Nobel, donc la recherche est internationale. Ensuite, la capacité à développer de l'innovation, et la capacité à porter jusqu'à l'industrie de la recherche, ça c'est effectivement une chose dans laquelle nous avons encore des difficultés, et la loi pour la recherche que j'ai portée l'an dernier, c'est quelque chose qui va faciliter cela. Vous voyez, c'était par exemple…
CECILE DE MENIBUS
Mais qu'est-ce qui pèche en fait, c'est quoi le problème ?
FREDERIQUE VIDAL
Eh bien c'était un certain nombre de règles, et d'abord j'allais dire une absence de fonds d'investissement, parce qu'évidemment quand on passe au développement ça coûte extrêmement cher, et donc il faut qu'il y ait des gens qui soient capables d'investir, et puis c'est aussi, j'allais dire une méconnaissance entre le monde académique et le monde industriel et le fait qu'on n'a pas de passeurs entre ces deux mondes. Et donc il n'était pas permis par exemple d'être à la fois dans un laboratoire académique et de collaborer à la recherche et développement pour une entreprise. Ça sera des choses qui seront possibles maintenant grâce à la loi pour la recherche.
PATRICK ROGER
Merci Frédérique VIDAL, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, d'avoir été l'invitée ce matin de Sud Radio.
FREDERIQUE VIDAL
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mai 2021