Entretien de M. Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, avec RTL le 4 juin 2021, sur la vaccination contre le coronavirus et les déplacements au sein de l'Union européenne.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q - Bonsoir Clément Beaune.

R - Bonsoir.

Q - En direct en studio ; donc ça y est, les vacances approchent et donc on dit oui aux Européens vaccinés ?

R - Oui, on dit oui, mais avec prudence. Il y a ce que l'on appelle les pays verts, ce sont les pays où la situation sanitaire est bonne. Nous avons défini des critères européens pour évaluer cette situation sanitaire, et dans cette catégorie des pays verts, vous avez les pays européens effectivement, et puis sept autres pays où l'incidence a beaucoup baissé, où la vaccination s'est développée, je pense à Israël, et au Japon dont les ressortissants peuvent venir sur le territoire français à partir du 09 juin en prouvant leur vaccination. S'ils sont vaccinés, cela suffit.

Q - Il faut être totalement vacciné, avec les deux injections, on est bien d'accord ?

R - Oui, ou s'ils ont eu le COVID ils peuvent avoir une seule injection, et après quinze jours, là aussi, le parcours vaccinal, comme l'on dit, est reconnu comme complet. C'est très important. Nous faisons une ouverture parce que le tourisme c'est important, mais la santé d'abord, et donc on le fait en différenciant, en fonction de la catégorie, de la situation des pays, pour être prudents et pour, évidemment, ne pas ouvrir à des pays ou à des personnes qui seraient en situation sanitaire qui n'est pas vérifiée ou qui n'est pas bonne.

Q - Il y a un vrai code couleur, Clément Beaune. Je reste pour le vert, s'ils ne sont pas vaccinés, que leur faudra-t-il, un test négatif ?

R - Oui, vous venez d'un pays vert donc un pays européen ou ces sept autres pays, Israël, Liban, et quelques autres, vous avez, soit une vaccination, - je précise, un vaccin qui est reconnu par l'agence européenne du médicament, - aujourd'hui ce sont quatre vaccins, pas le vaccin russe par exemple ni le vaccin chinois, parce que notre agence sanitaire ne nous a pas dit qu'ils étaient robustes, à ce stade.

Q - Un Chinois qui a été vacciné avec un vaccin chinois, il ne peut pas venir ?

R - Absolument, ce n'est pas reconnu. Quand vous venez d'un pays vert, soit vous êtes vacciné, tout va bien, vous rentrez et vous profitez de la France, soit vous n'êtes pas vacciné et vous faites un test PCR ou antigénique de moins de 72 heures pour entrer sur le territoire.

Q - On passe à l'orange, Clément Beaune, c'est le bémol pour le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Pour ces voyageurs britanniques et américains, c'est vaccin et test négatif ?

R - Oui, absolument, c'est vaccin et test négatif (PCR ou antigénique) et si vous venez d'un pays orange et que vous n'êtes pas vacciné, vous pouvez venir avec le test négatif, plus ce qu'on appelle un motif impérieux, c'est-à-dire une bonne raison. Il y a une liste que je ne détaillerai pas mais, par exemple, une convocation judiciaire, une garde d'enfant... Ce sont ce type de motifs pour entrer sur le territoire. Nous faisons cela parce que ce sont des pays qui sur un plan sanitaire ne sont pas dans une aussi bonne situation, soit parce qu'il y a des variants comme le Royaume-Uni, soit parce que les taux d'incidence du virus sont encore un peu élevé.

Q - Justement, pour le Royaume-Uni, ce sont le variant indien qui fait qu'il y a une réserve, une précaution, une prudence, aujourd'hui ?

R - Oui, absolument, nous faisons cela comme l'Allemagne d'ailleurs, et comme beaucoup de pays européens pour des pays à variants. Au Royaume-Uni, il y a beaucoup de variants mais il y a aussi beaucoup de vaccinations aussi, et donc, au total, une situation sanitaire qui n'est pas alarmante. Mais nous avons cette mesure de prudence qui fait que le Royaume-Uni est dans cette catégorie dite orange, comme les Etats-Unis et comme la plupart des pays.

J'en profite pour dire qu'un ressortissant français, - c'est toujours un motif impérieux d'être un ressortissant français -, peut arriver sur le territoire sans justification, même s'il vient d'un pays orange ou rouge, mais il doit quand même faire un test, bien sûr.

Q - J'ai une question d'une auditrice sur twitter : un enfant trop jeune pour être vacciné, c'est-à-dire moins de douze ans, peut-il voyager avec ses parents vaccinés depuis un pays orange ?

R - Absolument, les enfants peuvent évidemment toujours accompagner leurs parents, c'est évident mais vous avez raison, il faut le préciser, et s'ils ont moins de onze ans, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas être vaccinés, ils font un test, et à moins de onze ans, on ne demande pas de test, ils accompagnent leurs parents.

Q - Quand on parle de vaccination, on parle des vaccins validés par l'Europe vous nous l'expliquiez tout à l'heure Clément Beaune, y a-t-il une harmonisation en la matière ? Est-ce que tout le monde est d'accord là-dessus ?

R - Là aussi, je veux être clair : on harmonise, dans le sens où à partir du 1er juillet - il y a un petit décalage le temps de mettre tout cela en place -, on aura tous le même certificat sanitaire. Ce code que certains ont s'ils se sont déjà fait vacciner ou s'ils ont un test dans leur téléphone en France, il sera au format européen et il permettra de circuler en Europe, et les autres Européens auront ce même code. C'est une mesure de simplification, c'est le pass sanitaire. Ce qu'on appelle le pass sanitaire, le pass sanitaire européen...

Q - Au 1er juillet ?

R - Au 1er juillet. Il existe en France pour un certain nombre d'activités à partir du 9 juin, mais partout en Europe, on aura le même dispositif à partir du 1er juillet pour simplifier les choses. Il y a, je le dis, - je le regrette, mais je le dis pour ceux qui veulent prévoir leurs vacances -, il y a des petites différences qui demeurent entre pays européens, sur des choses très concrètes, par exemple la durée des tests. Par exemple, je le dis aussi, l'âge des enfants. Je ne veux pas compliquer les choses, mais cela intéresse évidemment les familles : en France, c'est onze ans, en dessous de onze ans, on n'exige pas de vaccin ou test ; mais, par exemple, en Espagne, toute personne au-dessus de six ans doit faire un test. Et donc, il faut que chacun regarde les règles - on a mis tout cela en ligne, c'est actualisé jour après jour sur diplomatie.gouv.fr -. Si vous avez le moindre doute sur un déplacement professionnel ou pour des vacances qui viennent dans un pays européen, ou partout d'ailleurs, vous allez sur ce site : pays par pays, on vous explique les règles.

Q - Sur ces points-là, on ne pouvait pas s'entendre entre pays européens ?

R - Si, on essaie de rapprocher encore. Toutes les semaines, avec Olivier Véran, on réunit les ministres de la santé et de l'Europe, tous nos partenaires, tous les pays européens, pour essayer de converger, le plus possible. Honnêtement, on a quasiment convergé sur tout, il y a des choses comme la durée des tests, soixante-douze heures, quarante-huit heures, et l'âge des enfants, sur lesquelles ce n'est pas encore parfaitement harmonisé. Donc, c'est pour cela que je dis à chacun : vérifiez tout de même avant de partir pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Q - Dites-nous : est-ce qu'il y a des tests effectués régulièrement, en ce moment, là, avant le 1er juillet, dans nos aéroports, des tests inopinés sur des avions qui arrivent de l'étranger sur notre sol ?

R - Oui, bien sûr, parce que je le disais au début, je veux vraiment rester sur ce principe : on rouvre évidemment parce que la situation sanitaire, heureusement, s'est améliorée dans beaucoup de pays, y compris chez nous. Et puis, parce que le tourisme, c'est important en France. Mais on est prudent : la santé d'abord. Et donc par exemple avec les pays "orange", il y aura des tests inopinés, aléatoires, dans nos aéroports. On continuera ce genre de choses pour vérifier que la situation reste maîtrisée.

Q - Vous allez tester ou vous le faites déjà, vous testez 300 personnes à la descente d'un avion ?

R - Cela peut arriver à certains avions. On le fera de manière aléatoire, ciblée, en fonction des destinations, en fonction de l'information que l'on peut avoir sur des situations sanitaires. Et puis, pour les pays "rouge", les pays où il y a encore une situation très dégradée, on ne prend aucun risque, on est très prudent. Il faut des motifs impérieux très stricts pour entrer sur le territoire national, vaccin ou pas, et on fait, en plus du test à l'embarquement, toujours un test à l'arrivée, et en plus on demande la quarantaine et on contrôle.

Q - Cela se débloque progressivement à partir de mercredi. Donc, on le rappelle : il y a feu vert...

R - Le 9 juin.

Q - Le 9 juin, feu vert pour les Européens vaccinés. Quel est l'objectif ? C'est de retrouver une activité normale ou presque en matière de tourisme ?

R - Bien sûr, c'est globalement de rouvrir nos vies et nos sociétés. Le tourisme en fait partie, c'est très important pour beaucoup de territoires, de grandes villes en France, mais aussi les territoires ruraux. On a envie d'avoir une belle saison touristique. J'espère que les Français resteront le plus possible en France, mais on a envie d'accueillir. Et on se met en situation d'accueillir dans de bonnes conditions sanitaires. Et donc, on garde cet équilibre, entre ouverture et protection sanitaire, et entre la situation des différents pays. Donc, oui, bien sûr, on le fait prudemment, progressivement. Et puis, je ne l'ai pas dit, mais je le précise : on réévaluera ces catégories verte, orange et rouge, en fonction de la situation sanitaire de chaque pays, régulièrement. Et tout au long de l'été, on communiquera bien sûr là-dessus pour que chacun ait la bonne information.

Q - Un dernier mot puisque l'on parle de voyage. Le Président Macron à la rencontre des Français sur le terrain ces derniers jours, cela fait beaucoup parler, à un an de la présidentielle 2022. Est-ce que le chef de l'Etat, comme beaucoup le disent, est en campagne en ce moment ?

R - Le Président est en présidence ! Il va sur le terrain : ce n'est tout de même pas un scoop. Et c'est, je crois, le contraire qui serait un problème. Ce dont on parle, il a commencé à l'annoncer, la vaccination des jeunes entre 12 et 18 ans ; il a commencé à évoquer les questions d'ouverture de frontières, de soutien au secteur du tourisme. Quand il s'est déplacé, cette semaine, c'était sur ce thème. On dit prendre le pouls du pays, c'est vrai, mais c'est aussi annoncer des mesures, comprendre ce qu'il se passe, soutenir des secteurs, comme il l'a toujours fait. Et au moment où on peut d'ailleurs circuler plus librement en France et à l'étranger, le Président est aussi davantage sur le terrain. Je crois qu'il ne va pas s'arrêter, et c'est normal.

Q - Il le fait pour le boulot du moment, mais pas pour l'avenir ?

R - Il le fait pour l'avenir du pays, mais il le fait pour le boulot du moment, comme vous le dites, parce qu'un président préside, et présider c'est aussi aller à la rencontre des Français.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 juin 2021