Texte intégral
SONIA MABROUK
Bienvenue à vous et bonjour Frédérique VIDAL !
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour !
SONIA MABROUK
Parlons tout d'abord de Parcoursup, la plateforme d'affectation dans l'enseignement supérieur qui concerne rappelons-le des milliers de candidats, la phase principale d'admission se termine là dans quelques jours le 16 juillet, quel bilan d'étape vous en tirez à ce stade ?
FREDERIQUE VIDAL
Et bien ce qu'on voit c'est que la procédure fonctionne extrêmement bien mieux que l'année dernière encore, et au moment où se parle, et même les résultats du Bac c'est plus de 94 % de bacheliers généraux qui ont une proposition qui leur a été faite et neuf bacheliers sur dix en général et puis comme vous le disiez on rentre dans la procédure d'accompagnement personnalisé, c'était vraiment la grande différence avec les procédures précédentes avec un accompagnement de chaque lycéen qui n'a pas encore trouvé sa place et je suis sûre qu'ils la trouveront tous comme l'an dernier.
SONIA MABROUK
Et bien on va en parler et pourtant Madame la Ministre chaque année désormais cette plateforme charrie son lot de mécontents de déçus avec en toile de fond une forme de pénurie de places dans l'enseignement supérieur, comment y remédier ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors ça fait quatre ans que tous les ans nous ajoutons des places dans l'enseignement supérieur, j'en avais déjà ajouté 15 000 en début d'année en voyant venir les futurs bacheliers et ces 19 000 de plus qui vont être ouvertes cet été, 5 000 pour les BTS et puis 14 000 dans les universités, dans les IFSI et donc c'est au total presque 34 000 places supplémentaires qui seront créées cette année pour cette rentrée.
SONIA MABROUK
Donc attendez, 34 000 places supplémentaires sur toute l'année et là vous nous annoncez ce matin 19 000 nouvelles places et donc dans des filières en tension, c'est bien cela ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, en fait c'est l'idée on voit arriver les besoins en début d'année et là on commence à combler ces besoins en annonçant l'ouverture de places et puis au moment où la procédure passe dans la phase dite complémentaire, et bien on voit où sont les pressions ? Où sont les demandes ? Et on ajoute des places là où on en a besoin.
SONIA MABROUK
Donc, plus de places supplémentaires mais Frédérique VIDAL, mais l'autre très grande critique vraiment de ce système a trait au fait qu'il s'apparente à une loterie bien loin du principe de méritocratie républicaine, on a énormément de messages, je vais vous en relayer un dans quelques instants, qu'est-ce que vous répondez à cela ?
FREDERIQUE VIDAL
Mais la loterie c'était APB, APB tirait au sort, Parcoursup c'est un projet d'orientation qui se construit grâce aux profs principaux au Lycée, je tiens vraiment à les remercier pour le travail qu'ils font et puis c'est ensuite exactement le principe de la méritocratie, puisqu'il y a les attendus qui sont connues, il y a les dossiers qui sont examinés et puis il ne faut pas l'oublier, il y a tout l'accueil des étudiants en première année à l'université, avec un accueil beaucoup plus personnalisé, ce qui fait qu'on a…
SONIA MABROUK
Oui
FREDERIQUE VIDAL
Augmenté le taux de réussite…
SONIA MABROUK
Mais encore faut-il arriver et obtenir ce que l'on veut malgré l'excellence de certains résultats et appréciations, et bien beaucoup de candidats n'obtiendront pas leurs choix sélectionnés, ils le vivent comme une injustice c'est cela, un coup de canif à la méritocratie ?
FREDERIQUE VIDAL
Mais c'est pour ça qu'il y a cette phase d'accompagnement personnalisé parce qu'effectivement il y a des candidats qui ne font que des demandes dans des formations extrêmement sélectives des classes préparatoires extrêmement c'est-à-dire…
SONIA MABROUK
Mais c'est normal quand ils ont de très bonnes notes et de très bonnes appréciations.
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr, c'est normal mais peut-être que pour la première fois, ils se rendent compte qu'ils sont très bons mais il y en a ceux qui sont encore meilleurs qu'eux et ça c'est le principe de la sélection des classes préparatoires.
SONIA MABROUK
Je vous ai dit vraiment Madame la Ministre, énormément de messages sur les réseaux sociaux une fois que l'on vous a annoncé, cet exemple ma fille bac scientifique mention bien, n'aura aucune Fac de médecine en France, l'algorithme privilégiant la diversité ou d'autres critères à la qualité des dossiers, on est obligé de regarder à l'étranger, qu'est-ce que vous répondez à ça ? Ce serait terrible quand même de laisser filer nos futurs talents.
FREDERIQUE VIDAL
Alors, d''abord dire que la réforme de l'accès aux études de santé fait que, aujourd'hui on peut accéder à ces études, autrement qu'en s'inscrivant dans les Facultés de médecine et je pense que ça c'est évidemment important de le faire savoir, c'est simplement la deuxième année que c'est possible, d'où l'idée de cet accompagnement personnalisé qui va permettre de donner toutes les pistes pour que cette jeune femme…
SONIA MABROUK
Personnalisé, faut-il y croire vraiment un accompagnement individualisé avec la quantité de candidats ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, puisque comme je vous le disais, l'immense majorité a déjà une proposition et donc maintenant, les commissions d'accès à l'enseignement supérieur se mettent au travail à partir d'aujourd'hui jusqu'au mois de septembre et je vous assure pour leur rendre visite tous les ans, c'est vraiment un accompagnement individuel.
SONIA MABROUK
Parce qu'il y a des attentes énormes évidemment, alors la rentrée universitaire Frédérique VIDAL elle se prépare, la situation sanitaire reste incertaine avec la menace du variant Delta, est-ce que vous maintenez malgré tout une rentrée alors je n'aime pas ce mot mais en présentiel ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui vraiment, je crois que nous en avons tous besoin, les étudiants en ont besoin, les professeurs, les personnels en ont besoin, on a besoin de se retrouver parce qu'étudier ça n'est pas seulement suivre des cours, c'est aussi tout ce qu'il y a autour, toute la vie étudiante, la capacité à échanger et donc oui c'est la boussole, une rentrée 100 % en présentiel et voilà nous sommes en train de la préparer dans les moindres détails.
SONIA MABROUK
Vous allez l'annoncer bientôt toutes les modalités avec donc cet objectif de présence totale.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, en fait j'ai demandé à Françoise MOULIN CIVIL de faire une grande consultation ces deux derniers mois, à la fois avec les établissements, les représentants des personnels, des étudiants, elle m'a rendu hier un rapport et donc la semaine prochaine j'aurai l'occasion d'annoncer dans le détail les modalités mais c'est vraiment du 100 % présentiel qui est visé.
SONIA MABROUK
La vaccination des jeunes adultes est un vrai sujet Frédérique VIDAL, environ je crois vous allez me dire si c'est le cas 70 % des étudiants seraient vaccinés et pour les 30 % restants, comment aller les chercher ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors c'est effectivement les premiers chiffres qui nous remontent sur les sondages qui ont été faits, ce qui prouve une fois de plus comme je l'ai toujours dit que les étudiants sont extrêmement responsables, et ils savent que la pandémie n'est pas terminée, et ils savent que pour avoir toutes les chances d'avoir une rentrée en présentiel de pouvoir se retrouver, c'est essentiel qu'ils soient vaccinés et donc ils le font…
SONIA MABROUK
L'argument est légitime, mais est-ce que vous êtes favorable à une vaccination obligatoire pour ces jeunes adultes ?
FREDERIQUE VIDAL
On lance une campagne de communication de manière à les inciter encore plus à se faire vacciner.
SONIA MABROUK
Vous savez déjà que ça ne suffira pas ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors vraiment, regardez en quelques semaines…
SONIA MABROUK
Tout le monde fait des efforts pour expliquer évidemment la légitimité de leur vaccination…
FREDERIQUE VIDAL
En quelques semaines, 70 % des étudiants je crois que c'est quelque chose qui est remarquable et qu'il faut saluer et voilà et l'objectif c'est vraiment qu'on puisse sécuriser cette rentrée en présentiel…
SONIA MABROUK
Et par exemple Frédérique VIDAL, pourquoi des étudiants vaccinés accepteraient d'être pendant deux heures, trois heures dans un amphi avec des non vaccinés ? Ma question est légitime.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, mais d'ailleurs…
SONIA MABROUK
Ça peut être un foyer de contamination géant.
FREDERIQUE VIDAL
En fait, la question elle est légitime alors évidemment quand on est vacciné on se protège soi-même, mais on protège aussi les autres, ça je crois qu'il faut évidemment le rappeler mais c'est un sujet sur lequel je suis sûre qu'à la fois la campagne de communication mais les étudiants entre eux ne le permettront.
SONIA MABROUK
Mais l'aspect coercitif vous ne l'excluez pas, évidemment là on voit que le gouvernement ne l'exclut pas du tout pour les soignants, vous y êtes favorable ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors le Premier Ministre a annoncé qu'il allait lancer une consultation effectivement déjà pour les soignants parce que c'est une vraie question, parce qu'on a un taux de couverture vaccinale qui pour le moment reste trop faible.
SONIA MABROUK
Mais il n'y a pas d'opposition pour vous personnellement par exemple ?
FREDERIQUE VIDAL
Il n'y a pas d'opposition absolument, je crois que c'est quelque chose qui se débat, qui se discute, c'est vrai qu'après tout, se faire vacciner ou pas c'est un choix personnel, mais il ne faut pas que ce choix influe sur la qualité de vie de l'ensemble des étudiants, c'est pour ça qu'une fois de plus, je les félicite de se faire vacciner.
SONIA MABROUK
Alors lorsque le Président de la République et Frédérique VIDAL s'alarme d'une société qui se racialise, lorsqu'il dénonce Emmanuel MACRON, la logique intersectionnelle qui fracture tout, c'est le même constat finalement que voudrait s'il y a quelques mois en parlant vous-même de l'entrisme de ses théories dans les universités ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, je ne pourrais pas dire mieux que ce qu'a dit le Président de la République, mais ce que je constate c'est que la société française, la nation française est une nation qui porte encore cette idée que, quelle que soit son origine nous pourrons tous avoir notre place dans la nation française.
SONIA MABROUK
Mais qu'est-ce qu'il faut faire pour arriver à cela, parce que le Président lui-même reconnaît qu'il y a des théories qui veulent déconstruire ce dont vous parlez ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, mais enfin je crois qu'on peut se réjouir que la France ne soit pas l'Amérique qui est le débat qui est en train de s'ouvrir…
SONIA MABROUK
Pas pour tous.
FREDERIQUE VIDAL
Le débat qui est en train de s'ouvrir qui est un véritable débat d'idées, qui est un véritable débat de société, je crois que c'est important que nous puissions la voir dans les conditions les plus sereines possibles.
SONIA MABROUK
Est-ce qu'on peut l'avoir également dans des instances comme le CNRS puisque selon une chercheuse au CNRS, enseignant aux Etats-Unis, mais qui intervenait dans le cadre d'un séminaire de Sciences Po, la cuisine française serait teintée de « blanchité alimentaire et représenterait même un outil de l'identité raciale dominante » Frédérique VIDAL, chercheuse au CNRS avec le logo Sciences-Po, comment vous réagissez ?
FREDERIQUE VIDAL
Et enseignante à l'Université de Connecticut depuis plusieurs années et c'est ce que je vous disais, la France ça n'est pas l'Amérique, quand je vois les réactions qu'ont suscitées cette intervention qui est à côté ça peut être on a pris un extrait, moi je ne connais pas les travaux de recherche de cette personne…
SONIA MABROUK
Mais je l'ai vu intégralement et l'extrait je crois en dit long sur ce qu'on vient de décrire.
FREDERIQUE VIDAL
Ecoutez, je crois que ce qu'on l'on voit en termes de réaction c'est effectivement que la « culture woke » n'est pas encore la culture française et c'est très bien comme ça…
SONIA MABROUK
Mais ma question, est ce qu'elle est infiltrée au CNRS et imbibée ? Est-ce que le CNRS est imbibé de ces idéologies ? Le CNRS auquel vous aviez demandé une enquête sur l'islamo-gauchisme.
FREDERIQUE VIDAL
Ce que je tiens à préciser néanmoins c'est que la liberté d'expression c'est quelque chose qui existe en France et que tous ceux qui sur les réseaux sociaux, une minorité certes mais virulente comme d'habitude, s'en prennent à cette personne à cause de son patronyme, ça par contre je le condamne…
SONIA MABROUK
Cette personne qui s'appelle Mathilde COHEN et évidemment cela il faut le condamner évidemment.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, je le condamne et évidemment elle a demandé la protection fonctionnelle et nous lui avons accordé.
SONIA MABROUK
Qu'elle doit l'avoir c'est tout à fait légitime et normal, mais ma question portait sur le CNRS.
FREDERIQUE VIDAL
Oui mais, on a le droit d'étudier tous les courants de pensée y compris des courants de pensée qui viennent des États-Unis, ça n'est pas le problème, la liberté académique elle est essentielle et on peut tout étudier.
SONIA MABROUK
Mais où est ce qu'elle s'arrête cette liberté académique quand elle devient une forme de prosélytisme, est-ce que ça vous inquiète ?
FREDERIQUE VIDAL
Et bien, je renvoie pour cela à la charte européenne sur la liberté académique qui dit très clairement que : « la liberté académique, c'est la liberté de s'exprimer en tant que chercheur en s'appuyant sur des travaux de recherche, la liberté d'expression, c'est la liberté de s'exprimer comme citoyen » et c'est là qu'il faut faire la part des choses.
SONIA MABROUK
On va conclure sur un domaine important qui est aussi le vôtre Frédérique VIDAL, la recherche, le Général DE GAULLE disait : «la France n'est réellement elle-même qu'au premier rang » et dans ce domaine de la recherche, il y a une désaffection pour le doctorat, il y a de moins en moins de doctorants en France par manque de valorisation, quel sursaut pour renouer avec le goût de la grandeur tout simplement ?
FREDERIQUE VIDAL
Ecoutez, le Général DE GAULLE a évidemment…
SONIA MABROUK
Je présente, c'est une grande référence je le reconnais.
FREDERIQUE VIDAL
Mais il a dit aussi que : « les grands pays le sont pour l'avoir voulu », et je crois que c'est exactement tout le sens de la démarche que nous portons avec le Président de la République, vous savez l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche forte c'est aussi ce qui prépare l'avenir de notre pays et c'est ça faire de la politique, c'est transformer, c'est préparer notre pays pour faire qu'il reste un grand pays, nous sommes les premiers au monde en mathématiques, on ne le sait pas assez…
SONIA MABROUK
Il faut le rappeler parfois.
FREDERIQUE VIDAL
Nous sommes les troisièmes au monde globalement dans le classement de Schengen.
SONIA MABROUK
On a parlé de l'avenir du pays, c'est le plus important, permettez-moi de parler du vôtre, vous ne serez plus là à la rentrée ?
FREDERIQUE VIDAL
Ecoutez.
SONIA MABROUK
La question se pose beaucoup en ce moment.
FREDERIQUE VIDAL
Je sais que c'est une question qui agite probablement beaucoup les rédactions.
SONIA MABROUK
Je suis sûre que vous y pensez, le matin en vous levant.
FREDERIQUE VIDAL
Ce n'est pas une question qui m'agite, je vous assure parce que sinon il faut y penser tous les jours, c'est une décision du Premier Ministre, une décision du Président de la République, ça n'est pas entre nos mains, ce qui est entre nos mains c'est transformer le pays.
SONIA MABROUK
Merci Frédérique VIDAL d'avoir répondu à nos questions ce matin, bonne journée à vous ainsi qu'à nos auditeurs et on se dit bien à bientôt, à la rentrée !
FREDERIQUE VIDAL
A bientôt ! A la rentrée !
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 juillet 2021