Texte intégral
Q - Clément Beaune, bonsoir.
R - Bonsoir.
Q - Merci d'être avec nous. Vous êtes le secrétaire d'Etat en charge des affaires européennes et c'est vrai que ce matin, vous avez dit, vous avez recommandé de n'aller ni en Espagne ni au Portugal, au grand dam des Espagnols, on l'a vu, des Portugais aussi. Ce soir, maintenez-vous cela, parce que certains se demandent ce que cela veut dire "éviter, recommandations" ? Cela mérite quelques éclaircissements.
R - Absolument, merci beaucoup. Il ne faut pas faire de polémique et l'idée n'est pas de stigmatiser ; l'idée est d'être transparent et d'expliquer la situation. On a partout en Europe une progression très rapide du fameux variant Delta, contagieux, qui se propage donc très vite dans tous nos pays, et la propagation est très forte, particulièrement forte en Espagne, notamment en Catalogne, et au Portugal.
Beaucoup de nos concitoyens se demandent aujourd'hui quelle est la situation sanitaire en Europe, des personnes qui parfois n'ont pas encore réservé leurs vacances, cela arrive à certains, et donc je dis que la situation sanitaire dans cette régions, la Catalogne, en Espagne plus largement, mais en Catalogne spécifiquement, et au Portugal, est dégradée par rapport même à celle que nous connaissons chez nous. Il faut donc être très prudent. Il ne s'agit pas de céder à la panique, certains ont déjà réservé des vacances, on peut aujourd'hui circuler en Europe y compris en Espagne et au Portugal librement, avec quand même, je le précise, parce que c'est très important, il ne faut aucun laxisme sur ce sujet, ni de chacun d'entre nous, ni des transporteurs, des compagnies aériennes ou ferroviaires, on doit voyager en Europe avec un pass sanitaire.
Q - D'accord, mais cela veut dire que ce soir, vous continuez à dire à vos concitoyens de ne pas aller en Espagne ou au Portugal, sauf évidemment si vous avez déjà pris vos billets et réserver une maison, par exemple.
R - C'est un message de responsabilité individuelle et de prudence, je le dis de manière transparente. Il y a une situation qui est préoccupante et je crois qu'il y a eu durant ces derniers jours, des comportements qui n'étaient sans doute pas assez responsables. Beaucoup de jeunes, je peux le comprendre sont allés en boîte en Catalogne, venant de France, en passant la frontière. Les boîtes de nuit d'ailleurs ont refermées aujourd'hui en Catalogne. L'Espagne et le Portugal elles-mêmes ont dit que la situation était très préoccupante chez eux.
C'est donc une alerte sanitaire, ce n'est pas de la panique c'est une alerte, on a une épidémie à laquelle on s'adapte, le variant Delta on le sait, il est là, l'épidémie n'est pas finie et la situation est difficile dans ces deux pays.
Q - Bien sûr, mais vous comprendrez que c'est un peu bizarre, parce que vous recommandez de ne pas y aller à ceux qui n'ont pas encore pris leurs billets ou leurs dispositions, mais ceux qui ont pris leurs dispositions s'inquiètent, du coup !
R - Bien sûr, mais je ne dis pas aujourd'hui qu'il faut tout annuler, ce n'est pas cela l'idée.
Q - Vous dites qu'il faut éviter, donc c'est inquiétant.
R - Encore une fois, c'est un message de choix personnel à ce stade, il ne s'agit pas d'être dans une interdiction.
Q - D'accord.
R - En Europe on peut circuler. Il y a des gens, Madame, c'est mon cas, et peut-être d'autres, qui n'ont pas encore commencé leurs vacances et qui n'ont pas encore fait complètement leur choix de destination, ou qui se posent des questions pour eux, pour leur famille sur la situation sanitaire.
Q - Donc, ce sont les autres.
R - Quand vous regardez la carte qui est publique et que l'Union européenne publie chaque soir, avec la situation sanitaire des différentes régions d'Europe, le Portugal est marqué sur cette carte comme une zone où la circulation du virus est très active et la Catalogne aussi. C'est donc un message de vigilance et de prudence personnelle.
Je le dis simplement, parce que c'est très important, cela concerne plus largement notre situation, mais le tourisme en particulier, il y a un passeport qui protège contre l'épidémie et qui protège vos vacances, c'est le vaccin. Quand vous êtes vacciné, vous avez évidemment beaucoup plus de tranquillité et de liberté, parce qu'il n'y aura de toute façon pas de difficultés ou de restrictions.
Q - Y a-t-il d'autre pays que vous recommandez d'éviter, par exemple la Grèce, parce que l'Espagne, c'est la première destination. Hier, je recevais la présidente de Transavia, le président de Voyageurs du monde, c'est l'Espagne, la Grèce. Dites-vous aussi attention pour la Grèce ?
R - Il y a une situation qui est préoccupante partout, c'est donc un message de vigilance, y compris chez nous pour l'activité, mais aujourd'hui pour être très clair, nous n'avons pas la même situation sanitaire qui s'est dégradée, ces derniers jours, en Grèce. Ce n'est pas le cas. Pour être tout à fait transparent et honnête, la Grèce nous a fait quelques inquiétudes, ces dernières semaines, parce que les dispositifs de contrôle du pass sanitaire ne nous semblaient pas assez actifs, pas assez forts, mais la Grèce a renforcé ses dispositifs de contrôle du pass sanitaire. Je le dis pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, pour nos concitoyens, quand on voyage en Europe, c'est vrai pour l'Espagne, pour le Portugal, c'est vrai pour toutes destinations européennes, ce n'est pas parce que ce sont des pays vert que l'on n'a pas l'obligation pour voyager du test ou du vaccin. Donc, il faut faire cette démarche sanitaire et avant tout se faire vacciner.
Q - Parce qu'il y a aussi des endroits en France, c'est ce que peuvent rétorquer les espagnols, en disant de regarder du côté des Landes !
R - Mais encore une fois, Madame, ce n'est pas une logique de stigmatisation.
Q - Oui mais cela a été pris en tant que telle.
R - Je clarifie donc si c'est nécessaire. J'en ai parlé à mes homologues espagnols et portugais aujourd'hui, il ne s'agit pas de dire que vous êtes moins bons que nous etc... La circulation du virus et du variant, malheureusement, elle se fait en Europe. Mais il y a des endroits où elle est plus active, peut-être parce qu'il y a eu, à un moment un peu plus d'ouverture aux voyages venant du Royaume-Uni ou d'autres pays, c'est comme cela. Mais je ne dis pas que c'est de la faute de l'Espagne ou du Portugal, je dis qu'il faut être prudent, et que lorsque l'on a un choix à faire, il faut avoir cette information sanitaire.
Q - Le pass sanitaire européen fonctionne-t-il vraiment ? On le sait, il est mis en place, mais par exemple, on sait qu'il y a des gens en Belgique qui n'arrivaient pas à faire remonter leur pass sanitaire, leur vaccination sur leur application. Et j'ai une question qui m'a été envoyée, à plusieurs reprises sur Twitter, il y a des Français qui se sont faits vacciner à l'étranger et qui n'arrivent pas à faire valider cette vaccination sur leur pass sanitaire.
R - Il y a donc deux choses. D'abord oui, le pass sanitaire fonctionne. Au 1er juillet, tous les pays de l'Union européenne doivent le reconnaître, et le lire. En France, je ne peux pas vous dire la procédure exacte dans tous les pays, mais en France quand vous êtes vacciné...
Q - Cela fonctionne en France, c'est plutôt dans les autres pays européens.
R - Mais c'est très important parce que pour les Françaises et les Français, quand vous voulez partir à l'étranger ou faire des activités qui sont en France soumises au pass sanitaire, vous le téléchargez dans TousAntiCovid, vous le montrez, c'est reconnu partout avec le même format en Europe.
Je suis très clair aussi, maintenant le pass sanitaire est en place, il est harmonisé et il faut qu'il soit bien contrôlé. C'est l'évidence, il faut, quand vous avez un vol en Europe, un train à destination d'un autre pays européen, il faut qu'il soit contrôlé systématiquement avant l'embarquement sinon cette harmonisation ne sert pas, et cela nous protège : test ou vaccin.
Ensuite, il y a effectivement des compatriotes français qui sont à l'étranger, parfois hors d'Europe, qui veulent rentrer en France et qui viennent de pays qui ne sont pas européens, donc pas connectés au pass sanitaire ; nous sommes en train d'y travailler.
Par exemple, il y a quelques pays avec lesquels on fait des accords pour avoir le même format : on l'a obtenu aujourd'hui avec la Suisse, il y a beaucoup de frontaliers que cela peut aider, mais quand on vient de plus loin ce n'est pas encore le cas.
Q - Ce sera le cas quand ?
R - On va essayer de le faire avec les grandes communautés françaises dans le monde, avec les pays qui abritent les grandes communautés françaises, mais cela ne se fera pas forcément dans les prochains jours. Donc, ce que l'on fait de manière très clair, c'est que nos compatriotes, quel que soit le pays duquel ils viennent, même des pays à situation sanitaire difficile, ils peuvent toujours revenir sur le territoire. Quand ils ont été vaccinés avec un vaccin qui n'est pas reconnu par l'Agence européenne des médicaments, ce n'est pas contre eux mais on a un problème sanitaire et on peut faire à ce moment-là un test.
Mais de toute façon, quand il y a des motifs impérieux, être Français c'est un motif impérieux toujours, tout le temps, pour rentrer sur le territoire national.
Q - C'est la finale de l'Euro dimanche, on a vu des mouvements, des allers-et-retours évidemment des supporters de l'Euro, en même temps supporters de la France, mais pour cela c'est fini, malheureusement, cela ne vous inquiète pas ? Parce que cela fait circuler le virus !
R - Un peu. Et donc nous avons vu, je l'ai dit, des images des matchs à Budapest notamment où il n'y avait pas de jauge dans les stades, où il n'y avait plus vraiment le port du masque, où la jauge n'existait pas, et donc oui on a des inquiétudes.
Q - On a vu cela même encore, hier soir.
R - Ce que l'on a vu tout ce mois de juin pour être clair, et c'est le débat que l'on a sur le Portugal et l'Espagne au fond, c'est qu'il y a eu une réouverture. C'est normal on en avait marre, la situation s'est améliorée, grâce à la vaccination, on a pu faire cette réouverture. Mais attention, parce que cet effort collectif, il ne faut pas que, collectivement, ou ceux qui ne veulent pas se faire vacciner, ou ceux qui prendraient un peu trop de liberté et ne feraient plus du tout attention aux gestes barrières nous remettent dans une situation, qu'on se remette dans une situation où l'on soit de nouveau en difficulté. Ce risque existe, il n'y a aucune fatalité, mais cela dépend de nos comportements, c'est pour cela que j'informe de manière transparente sur la situation européenne, que j'appelle à la prudence et à la vigilance, que le ministre de la santé, comme le Premier ministre, ont aussi appelé, aujourd'hui encore, à la vigilance dans nos comportements : gestes barrières par exemple, mais surtout, il y a une arme. La vraie différence avec toutes les autres vagues, c'est le vaccin.
Q - Bruno Le Maire ou encore d'autres ministres ont trouvé que vous y alliez un peu fort sur cette alerte, parce que, du coup, cela peut casser la croissance.
R - Mais attendez : je n'ai pas fait une alerte sur la situation, en général.
Q - Cela veut dire que la quatrième vague est déjà là. On n'est même pas encore parti en vacances, que la quatrième vague est déjà là.
R - Mais, Madame, ni panique, ni laxisme. Il ne s'agit pas de dire : tout va mal, on est reparti. Il s'agit de dire : il y a des risques - ce n'est pas à moi de le dire, c'est le ministre de la santé qui l'a dit -. Il y a des risques, c'est vrai. On peut les contrer : c'est le vaccin, toujours le vaccin. Allons-y, maintenant on n'a plus de contrainte de doses, on n'a plus de contrainte de rendez-vous. Donc, allons-y. Moi, ce que je dis, c'est qu'en Europe - ça, c'est mon boulot - il y a des situations difficiles, et donc il faut alerter. Parce que je crois que ce serait coupable de laisser nos compatriotes qui ont parfois encore des choix à faire, se dire que la situation en Grèce, en Espagne, au Portugal, non, il n'y a pas d'alerte. Oui, il y a des alertes, au Portugal, en Espagne.
Q - Juste un instant sur le test PCR et le fait de le payer, ou pas. Il y a quelques semaines, il n'y a pas si longtemps, Jean-Baptiste Lemoyne en charge du tourisme disait : c'est un avantage concurrentiel pour faire venir des touristes en France, des touristes européens en France, si le test PCR est gratuit. Et en fait, in fine, il n'est plus gratuit. Que s'est-il passé ? Est-ce que Bercy est passé par là ? Parce que ça coûte très cher ?
R - Oui, cela coûte cher. Quand on dit "test gratuit", vous avez raison de le rappeler, ce n'est jamais gratuit pour tout le monde. C'est la collectivité qui paie, notamment la collectivité nationale qui paie pour les touristes étrangers. Donc ce que l'on dit, c'est que pour les gens qui ne sont pas résidents, on a eu une phase où c'était gratuit pour tout le monde, parce que c'était plus simple, c'était attractif - je l'ai dit moi-même aussi, je l'assume parfaitement -. Aujourd'hui la priorité d'abord, c'est le vaccin, plus encore que le test massif. Et la vaccination a bien progressé. Quand on est à 50% de vaccination en France, en Espagne, etc... le test est nécessaire, mais ce n'est plus l'arme que c'était il y a quelques semaines.
Et surtout - oui, on met un tarif, cela responsabilise et je crois qu'il y a une forme d'équité -. Je rappelle que ce tarif qui est en place depuis cette semaine est très compétitif. On y a veillé, avec Jean-Baptiste Lemoyne. Sur les tests antigéniques : 29 euros ; sur les tests PCR : 49 euros. C'est presque deux fois moins cher qu'en Espagne ou en Belgique par exemple.
Q - C'est sûr. Surtout en Angleterre, cela coûte beaucoup plus cher...
R - Même pour les touristes, on est compétitif.
Q - Le Président de la République devrait annoncer des mesures, juste après le week-end. Un peu de restrictions. Est-ce que l'on peut imaginer de dire par exemple : on ne traverse pas la frontière entre la France et l'Allemagne - les frontaliers dont vous parliez - si l'on n'est pas vacciné ? Aller un peu plus loin. Certains disent : pas de vaccin, pas de resto. Moi je dis : pas de frontière.
R - Non, soyons très clairs. Parce que cela a été notre marque de fabrique, tout au long de cette pandémie. Je ne stigmatise pas des pays européens, et je n'ai jamais défendu la fermeture. Je suis très clair : les frontaliers, les travailleurs frontaliers - il y en a 350.000 dans notre pays qui, tous les jours, vont travailler dans un pays voisin. Pour eux, il n'y aura pas de contrainte, jamais d'empêchement d'aller de l'autre côté. Nos pays voisins parfois l'ont fait, on a trouvé des solutions. Cela a parfois été difficile, je m'y suis beaucoup engagé, avec l'Allemagne en particulier. Nous avons toujours préservé cette vie sociale, économique, humaine frontalière. Nous ne sommes pas dans cette idée.
Mais pour des déplacements touristiques, pour des déplacements qui sont moins vitaux, si je puis dire, moins prioritaires, on a le pass sanitaire en Europe et oui, j'incite chacun à l'utiliser...
Q - Mais est-ce qu'il faut le durcir ?
R - En Europe, il est déjà là. Il ne s'agit pas de le durcir, il s'agit de vérifier son contrôle.
Q - Ce que je veux dire, c'est pour avoir le pass sanitaire, la seule chose qui compte c'est d'avoir vos deux doses de vaccin.
R - Ce que vous voulez dire, c'est transformer le pass sanitaire en pass vaccinal ?
Q - Exactement.
R - Pour l'instant, j'ai été clair aussi, je pense notamment aux jeunes : ce qu'on fait partout en Europe, c'est que dans le pass sanitaire, c'est prévu maintenant dans la loi européenne, c'est le vaccin ou le test. Le vaccin aujourd'hui, c'est beaucoup plus répandu, donc on n'a pas d'excuse, si je puis dire, de ne pas être vacciné. Mais les jeunes, cela fait peu de temps qu'ils ont accès au vaccin. Et donc, c'est normal qu'on leur donner une alternative qui est le test. Donc, on garde cette logique : test ou vaccin.
Q - Clément Beaune, se déroule à Venise le G20 finances, ce week-end, où vous allez je crois.
R - Bruno Le Maire.
Q - Bruno Le Maire y sera. Je ne sais pas si vous avez vu ou entendu du moins Christine Lagarde : les gouverneurs des banques centrales européennes se sont mis d'accord sur cette fameuse revue stratégique - qui définit en quelque sorte la politique monétaire de la BCE - qui a fixé un objectif climatique et qui a re-fixé un objectif d'inflation en disant que tout ce qui est au-dessus de 2%, c'est trop grave. Est-ce que pour vous, c'est quelque chose d'important, cette nouvelle politique monétaire européenne ?
R - Oui. Cela paraît technique ; c'est très important. Je vais l'expliquer en un mot. Je rappelle que l'idée de mettre le climat dans le mandat de la banque centrale, c'était une proposition de début mars 2019 du Président de la République Emmanuel Macron. On lui avait dit : jamais vous n'y arriverez, les Allemands seront contre, tout le monde sera opposé etc... C'est porté par Christine Lagarde et par ses collègues à la Banque centrale européenne. Et maintenant, c'est une réalité. Cela veut dire - après il faudra trouver les outils, mais pour faire très simple - que dans la politique monétaire, dans les choix qu'on fait pour soutenir les taux d'intérêt, l'investissement, les entreprises, il y aura prise en compte de la qualité climatique des investissements et on soutiendra davantage, en quelque sorte, les investissements dans cette transition écologique.
La banque centrale ne va pas tout faire elle-même, il faut des soutiens financiers par les gouvernements, par les entreprises. Mais c'est une contribution majeure et un changement de modèle majeur pour soutenir la transition écologique et l'investissement en Europe dans la transition écologique.
Q - La taxation des entreprises multinationales, est-ce que pour vous, c'est vraiment quelque chose où l'Europe a pu démontrer pour une fois sa force ? Même s'il a fallu Joe Biden quand même pour consacrer l'ensemble.
R - Bien sûr, mais c'est un succès européen, et c'est un succès français, très largement. Bruno Le Maire qui sera au G20 des ministres des finances fera j'espère aboutir cette dernière étape, quasiment la dernière. Il y a 130 pays au sein de l'OCDE qui ont dit il y a quelques jours : on est d'accord avec ces deux principes de taxation des grandes entreprises et de taxation minimum des grandes entreprises pour qu'il n'y ait pas de dumping fiscal international. C'est un changement majeur. Cela fait quatre ans qu'on le porte, le Président de la République, Bruno Le Maire, j'y ai contribué. C'est un changement majeur.
Et les Etats-Unis étaient contre, ils sont devenus pour, c'est cela, effectivement, qui a débloqué. Mais ce n'est pas celui qui ferme la porte à double tour et qui ensuite la rouvre qui, franchement, doit avoir tout le mérite. Ce n'est pas contre les Etats-Unis que je dis cela, mais c'est vraiment l'Europe qui a porté ce combat. L'Europe a été, je crois, là - on parle parfois de flop - au top pour défendre cette équité fiscale, cette justice fiscale internationale. Tant mieux : les Américains ont soutenu. Sans eux, on n'aurait pas réussi. Mais ils nous ont ralliés. Et on aura je pense cet accord international très large, d'ici la fin de l'été.
Q - Toute dernière question Clément Beaune. La question se pose beaucoup, surtout après cette année de télétravail, cette année de confinement : le Parlement européen à Strasbourg, on a l'impression qu'il n'y a plus beaucoup de parlementaires qui auront envie d'y retourner, parce qu'ils préfèrent rester à Bruxelles. Est-ce que cela commence à devenir problématique ?
R - Non, je ne crois pas. Et j'ai été à Strasbourg - j'y vais maintenant, chaque mois - j'y étais encore mardi soir pour rencontrer nos parlementaires français. Il y a, je crois, cette semaine plus de 400 parlementaires qui ont fait le déplacement à Strasbourg alors même qu'on est encore dans des restrictions sanitaires et en mode que l'on appelle hybride, c'est-à-dire à distance ou sur place. Il y en a plus de 400, plus de la moitié, qui ont malgré tout...
Q - Mais vous entendez comme moi la musique.
R - Oui, il y a une critique. Mais de dire : on défendra, non pas par archaïsme ou pour s'arc-bouter sur des intérêts français, on défendra, oui, jusqu'au bout le siège de Strasbourg pour une raison très simple. C'est l'Europe de la démocratie et c'est l'Europe qui inclut tout le monde. Parce que si vous avez une Europe bruxelloise - moi je vais souvent à Bruxelles et c'est très important -, c'est-à-dire que tout est concentré, tout est déconnecté, il n'y a plus différents lieux européens, on a un problème. Et Strasbourg, ce n'est pas une contrainte budgétaire, l'argument écologique ne tient pas beaucoup, parce qu'il suffit de développer le ferroviaire, faisons-le. C'est un symbole qui mérite encore d'être défendu, parce que ce n'est pas n'importe quelle ville. C'est l'endroit où l'on s'est entre-déchiré, qui est passé de l'Allemagne à la France, et qui symbolise aussi cette réconciliation européenne. Donc, oui, je défends Strasbourg, c'est un symbole, on en a besoin. Et c'est aussi une ville d'avenir, attractive pour l'Europe, et on a besoin de ces capitales européennes multiples pour faire vivre notre projet européen, ailleurs que dans quelques bureaux de Bruxelles.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 juillet 2021