Texte intégral
THEO MANEVAL
Bonjour Amélie de MONTCHALIN.
AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.
THEO MANEVAL
Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Quelle est la part des fonctionnaires totalement vaccinés aujourd'hui en France, toutes populations confondues on approche des 50% ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, moi je n'ai pas les chiffres, parce qu'il y a un principe qui est le secret médical, en revanche on avait fait des études au moment où le président de la République avait parlé, et on avait repéré que 10 à 20% des agents publics avaient des difficultés à trouver des créneaux de vaccination, et donc moi, ma responsabilité de ministre de la Fonction publique, c'est de tout organiser, à la fois pour qu'il y ait des lieux de vaccination, je me rendrai, voyez, ce matin en Essonne, où on a un barnum qui a été installé au coeur d'Evry, pour que l'ensemble des agents publics, mais aussi potentiellement leurs conjoints, potentiellement leurs enfants, puissent se faire vacciner, pour qu'ils soient vraiment protégés eux aussi, et puis on a un enjeu plus général, nous devons nous assurer que notre pays puisse le plus possible fonctionner normalement, qu'on ne referme pas des lieux, et pour ça, la meilleure chose à faire c'est, collectivement, la vaccination.
THEO MANEVAL
Evidemment, et on comprend le secret médical, on comprend aussi bien sûr qu'il n'est pas question d'imposer le pass sanitaire pour l'accès aux guichets des services publics, mais comme bien d'autres professions, les fonctionnaires de nombreuses administrations sont en contact avec le public, comme dans le privé, l'idée d'un licenciement en cas de refus du pass sanitaire a été supprimée par le Parlement. Qu'est-ce qu'on fait en cas de refus du vaccin par un agent, Amélie de MONTCHALIN, est-ce qu'on le réaffecte, est-ce qu'on le met en congé ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, l'obligation vaccinale, vous savez, elle est surtout pour les personnes qui sont dans les métiers du soin, ou dans des endroits où on se soigne, c'est extrêmement important de bien expliquer pourquoi on fait ça. Parce que, quand vous êtes malade, vous ne pouvez pas prendre le risque supplémentaire d'attraper le Covid parce que vous seriez dans un environnement où l'ensemble de ceux que vous allez croiser, ou qui vont s'occuper de vous, peuvent, à un moment donné, transmettre la maladie.
THEO MANEVAL
Mais dans ces endroits-là, pour ces agents en particulier qui refuseraient le vaccin, est-ce qu'on les réaffecte, est-ce qu'on les met en congé ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, c'est ce que nous avons – et c'est aussi la suite de la discussion parlementaire – trouvé, je crois, un équilibre, qui est de dire d'abord nous devons inciter, accompagner, faciliter la vaccination, et moi je peux vous dire que j'entends beaucoup plus de demandes d'accès à la vaccination que de refus, et évidemment, si on ne trouve pas de terrain d'entente, si on n'arrive pas à être réaffecté dans une autre activité, eh bien on suspend le contrat le temps que les choses puissent se faire des deux côtés, à la fois qu'on trouve soit un poste pour continuer son activité, soit être vacciné. Mais, je le redis, ce que j'entends majoritairement, et, vous savez, je travaille énormément, avec beaucoup de dialogue social, tous les 15 jours, depuis 1 an, nous faisons le point avec les organisations syndicales, depuis 1 an, tous les 15 jours, le principal message que j'ai entendu…
THEO MANEVAL
C'est le besoin d'être vacciné.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est le besoin d'être protégé, protégé avec tous les moyens qu'on avait depuis 1 an, et maintenant d'avoir accès aux vaccins.
THEO MANEVAL
Et le besoin d'avoir des centres dédiés. On en parlait dans cette matinale, ici même hier, la rentrée se projette déjà dans les établissements scolaires, la vaccination n'est pas rendue obligatoire pour le personnel des écoles, et les fonctionnaires de l'Education, est-ce que c'est définitif ou est-ce que ça a vocation à évoluer encore, pour les fonctionnaires de l'Education ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez, on a un principe, la responsabilité, le pragmatisme, et beaucoup de clarté, et donc beaucoup de clarté, c'est qu'aujourd'hui on le sait bien, qu'on soit enseignant, qu'on soit parent, qu'on soit citoyen, la meilleure chose, collectivement, que nous pouvons faire, pour éviter que tous ces lieux, essentiels à notre vie, les lieux de culture, les lieux d'éducation, les lieux évidemment de notre gastronomie, bref, ce qui fait notre vie quotidienne, pour que ça puisse rester ouvert, eh bien, il faut que nous puissions prendre chacun notre responsabilité et donc nous vacciner. Je peux vous dire que…
THEO MANEVAL
Ça veut dire que vous ne fermez pas la porte à l'obligation vaccinale pour les fonctionnaires de l'Education ?
AMELIE DE MONTCHALIN
La communauté éducative, tout comme l'ensemble des agents publics, eh bien, rentre dans les priorités de l'action que je mène, avec l'ensemble de mes collègues ministres, faciliter la vaccination, qu'il n'y ait pas de perte de salaire, que quand vous avez des effets secondaires vous n'ayez pas de conséquences, que vos enfants puissent aussi se faire vacciner et que vous ayez…
THEO MANEVAL
Faciliter, est-ce que ce sera un jour obliger ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Je n'ai pas cette réponse aujourd'hui parce que, le président de la République l'a dit, évidemment à un moment donné, ça pourra se poser comme question.
THEO MANEVAL
Je vous pose la question parce que le Haut conseil de la santé publique était favorable à l'extension du pass sanitaire aux écoles, il n'a pas été entendu.
AMELIE DE MONTCHALIN
Aujourd'hui on travaille déjà pour organiser les choses, on est en train d'avoir des très bons résultats, vous savez, on a 40 millions de Français qui ont reçu une première injection, c'est 4 millions de plus en 15 jours, on a les adolescents, les 12-17 ans, qui se vaccinent là aussi de manière importante, et c'est positif, parce que c'est aussi leur année scolaire à eux qu'on est en train de préparer et de protéger.
THEO MANEVAL
Evidemment, mais je note donc incitation et pas obligation à ce stade pour les fonctionnaires de l'Education. Un autre chantier sur lequel vous êtes très attendue, Amélie de MONTCHALIN, c'est celui de la féminisation de la Fonction publique, la Haute fonction publique encore très loin d'être paritaire, les femmes ne sont aujourd'hui que 31% à accéder aux hautes responsabilités, alors qu'elles représentent 62 % des fonctionnaires, le double. Quand est-ce que ça change ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, ce n'est pas tout à fait vrai. En 2020, pour la première fois de notre Histoire, on a brisé le plafond de verre puisque, dans ceux qu'on a nommés à des postes de direction, des postes d'encadrement supérieur, pour la première fois on a enfin atteint 42% de femmes parmi ceux et celles qui ont accédé à ces responsabilités.
THEO MANEVAL
Pour la première fois, il y a encore du boulot pour inverser la tendance générale, mais c'est à noter.
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, mon objectif, vous avez tout à fait raison, ce n'est pas de se contenter de 60/40, la parité, l'égalité, c'est 50/50, c'est selon les compétences, selon les mérites, selon les projets des uns et des autres, c'est au coeur de la réforme de la Haute fonction publique, c'est aussi au coeur de ce que le président…
THEO MANEVAL
C'est au coeur de la réforme de la Fonction publique, ça n'a pas sauté aux yeux des hautes fonctionnaires. Je vous cite plusieurs tribunes qui sont parues notamment dans " Le Monde " récemment…
AMELIE DE MONTCHALIN
Je les ai toutes rencontrées depuis que…
THEO MANEVAL
Qui sont très déçues de ne pas voir cette question figurer, du tout disent-elles, dans la réforme de la Haute fonction publique.
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, je pense, il y avait eu un malentendu, on s'est beaucoup vues depuis, et je peux vous dire que d'abord, un, le président de la République en avait fait la grande cause du quinquennat, on a augmenté de 10 points le rythme de nominations des femmes pendant ce gouvernement, c'était, en gros, toujours moins d'un tiers, et aujourd'hui on est à plus de 40%, ça c'est un résultat. Après, est-ce que je m'en contente ? Non. Cet après-midi, voyez, on se réunit, j'ai demandé à tous mes collègues ministres, qui sont les acteurs de cette réussite déjà, à nous rencontrer pour qu'on regarde les plans d'égalité professionnelle, comment on continue, comment on identifie les viviers, comment on accompagne les femmes, comment on les repère. Comment maintenant, qu'il y a aussi eu des femmes qui, pour la première fois, ont été patronnes des CRS, ont été en charge de postes très prestigieux, et surtout de grandes responsabilités, le sujet ce n'est pas le prestige, le sujet c'est comment on a les responsabilités pour peser sur les décisions et avoir accès, parce qu'on a les compétences, aux mêmes postes. Ce travail-là, on continue.
THEO MANEVAL
Si on prend les choses à la source, Amélie de MONTCHALIN, est-ce qu'il faut instaurer la parité dans les promotions du futur Institut du service public qui remplacera l'ENA en 2022 ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Déjà aujourd'hui je peux vous dire qu'on multiplie les lieux où on se forme, on a créé les classes préparatoires dans les universités, dans ces classes préparatoires, il y a plus de femmes que d'hommes, c'est une grande…
THEO MANEVAL
Donc la féminisation est en marche ?
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est une grande révolution, parce que dans les classes préparatoires, notamment parisiennes, on a beaucoup beaucoup plus d'hommes, que de femmes. Donc on prend tous les sujets, un par un, et c'est la discussion qu'on va avoir avec tous les ministres cet après-midi, qu'est-ce qui a fonctionné, où est-ce qu'on a encore des freins et comment, ministère par ministère, on se donne un objectif, c'est l'égalité, sur la seule base des compétences, et que comme on a effectivement 62% de fonctionnaires qui sont des femmes, on devrait réussir à avoir 50/50, au minimum, d'égalité dans les postes à responsabilité.
THEO MANEVAL
42% de nominations féminines au sein de la Haute fonction publique d'État cette année, donc c'est effectivement une première. Enfin, en matière de Fonction publique, Amélie de MONTCHALIN, il y a la Fonction publique d'Etat, et puis il y a les différents régimes territoriaux. La Mairie de Paris vient d'être contrainte de supprimer huit jours de congés à ses fonctionnaires pour se mettre en règle avec le régime des 35 heures, mesure compensée par un certain nombre de leviers votés en Conseil de Paris et qui aboutissent, je vais simplifier, à créer sept nouveaux jours de congés, ce qui annule quasi totalement la fin prévue de ce régime dérogatoire. Quel regard vous portez là-dessus ?
AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord, de quoi on parle ? On parle d'une loi qui s'appelle la loi des 35 heures, les Français la connaissent bien, elle a 20 ans…
THEO MANEVAL
Et on la doit à Martine AUBRY.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et Martine AUBRY avait à l'époque une conseillère qui s'appelait Anne HIDALGO, aujourd'hui Anne HIDALGO est maire de Paris, et plutôt que…
THEO MANEVAL
Elle fait quoi aujourd'hui, elle contourne la loi ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Et plutôt que de nous parler de 2022 et probablement de grands sujets qui l'intéressent beaucoup, moi je l'invite à parler de 2021 et de la mairie de Paris. A la mairie de Paris aujourd'hui, les 35 heures ne sont pas appliquées, la loi n'est pas appliquée…
THEO MANEVAL
C'est illégal, c'est ce que vous êtes en train de dire ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Et, au 1er janvier 2022, toutes les collectivités locales, par la loi, sont désormais obligées, et c'est un vote qui a eu lieu en 2019, donc elles ont eu le temps de se préparer, à appliquer les 35 heures. Moi je tiens à dire que ce qui a été voté au Conseil de Paris, comme à chaque fois qu'il y a des délibérations dans les collectivités, on regarde si c'est légal, et je peux vous dire que le préfet va écrire à la maire de Paris que ce n'est pas légal, que quand on défend l'égalité, quand on se dit de gauche, quand on croit justement à cette égalité entre les Français, entre les territoires, eh bien il y a un premier principe, c'est qu'on applique la loi.
THEO MANEVAL
La Mairie de Paris met en avant, je cite, l'intensité et l'environnement de travail particulier spécifique à la ville capitale qui justifie plus de jours de congés.
AMELIE DE MONTCHALIN
Eh bien je pense qu'il y a beaucoup d'agents, de beaucoup d'autres collectivités qui travaillent aussi dans des milieux et des conditions difficiles, comme tous les agents publics très engagés, mais je pense que, à nouveau, c'est mon éthique, voyez, politique, quand il y a une loi, on la respecte, si on veut changer la loi, eh bien, on s'organise pour avoir la possibilité de réunir une majorité, de faire des propositions, de passer les différentes étapes de notre démocratie, et donc aujourd'hui…
THEO MANEVAL
Et vous estimez qu'Anne HIDALGO est hors la loi ce matin.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je peux vous dire que, effectivement, le préfet pourra signifier que trois jours de congés supplémentaires parce qu'on travaille à Paris, eh bien, ce n'est pas l'esprit de la loi, ce n'est pas non plus sa lettre, et que donc, ça ne peut pas s'appliquer comme ça.
THEO MANEVAL
Merci Amélie de MONTCHALIN, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, dernier Conseil des ministres demain avant les vacances du Gouvernement, merci d'être venue ce matin sur Europe 1.
AMELIE DE MONTCHALIN
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 juillet 2021