Extraits d'un entretien de M. Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, avec LCI le 29 juillet 2021, sur l'Union européenne et la Grande-Bretagne face à l'épidémie de Covid-19 et le passe sanitaire.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

Q - Notre invité, ce matin, c'est Clément Beaune, merci d'être avec nous.

R - Bonjour.

Q - Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, face à vous Renaud Pila du service politique de LCI. Je voulais qu'on fasse un point déjà, le grand départ en vacances c'est demain, cela va être un petit peu le rush, on sait qu'il y a trois semaines vous déconseilliez aux Français de se rendre en Espagne et au Portugal, est-ce que ça vous le maintenez à l'heure qu'il est ?

R - Soyons clairs, parce que les gens se posent des questions très concrètes. D'abord, quand on est vacciné, il n'y a pas de risque, c'est l'intérêt précisément de cette arme qu'est la vaccination. Je précise aussi, sur le plan sanitaire, nous avons une classification des pays européens pour les voyages, tous les pays de l'Union européenne, et quelques autres, mais tous les pays de l'Union européenne sont des pays verts. Donc, on peut y aller, avec un vaccin aucun problème. Je précise que la vaccination est testée, vérifiée, à travers un passe sanitaire, à l'aéroport, à l'embarquement quand on prend l'avion pour n'importe quel pays européen. Ce que j'ai dit, c'est qu'un certain nombre de gens, au début du mois de juillet, quand j'ai tenu ces propos, se posaient encore des questions sur les lieux où on réserve ; et les zones où le virus circule le plus en Europe, c'est aujourd'hui, même s'il est malheureusement aussi présent chez nous à travers le variant Delta, l'Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, la Grèce, c'est pour cela que pour ces pays-là, pour être très précis, quand on n'est pas vacciné on peut voyager quand même, il faut faire un test, et au retour de ces pays, quand un touriste français revient d'Espagne ou de Grèce, et qu'il n'est pas vacciné, nous exigeons un test de moins de 24 heures parce que nous prenons des précautions supplémentaires.

Q - C'était une recommandation, ce n'était pas une admonestation de ne pas aller dans tel ou tel pays ?

R - C'est une recommandation, je crois que c'est mon travail, c'est une recommandation de responsabilité individuelle, et je précise aussi, parce que je pense que cela peut intéresser les gens qui se posaient il y a quelques jours encore des questions sur leur réservation de vacances, qu'il y a un certain nombre d'endroits en Europe, c'est le cas encore aujourd'hui par exemple du Portugal ou de la Catalogne, où parce que le variant Delta circulait beaucoup et qu'il a flambé, il y a eu des mesures de restrictions ; cela intéresse aussi chacun, pour son lieu de vacances, de savoir s'il y a des couvre-feux, s'il y a des restrictions d'activité, dans les boîtes de nuit, dans les bars, etc.

Q - Donc, vous conseillez à chaque fois de vérifier sur les différents sites...

R - Je dis à chacun, pour être très clair, il y a un site qui s'appelle diplomatie.gouv.fr, qui est celui du ministère des affaires étrangères, si vous voulez des informations très concrètes, par exemple : est-ce qu'il faut un test pour les enfants, il y a des pays qui mettent des barrières d'âge plus ou moins élevées, s'il y a des mesures de couvre-feu ou de restrictions, vous aurez toutes ces informations, actualisées chaque jour, sur diplomatie.gouv.fr.

Q - C'est vrai qu'on a un peu l'impression, quand on voyage, on est un peu livré à nous-mêmes, c'est à nous de nous renseigner sur les règles pour aller dans tel ou tel pays, est-ce que vous ne regrettez pas qu'il n'y ait pas un peu une harmonisation des règles au sein de l'Union européenne ?

R - Deux choses : d'abord, nous, notre travail c'est justement d'informer les voyageurs français, je crois que c'est bien fait, que c'est clair, et nous essayons d'être le plus à jour possible pour tous les pays européens, pour tous les pays du monde. Donc j'invite chacun à faire ses vérifications, parce que malheureusement l'ensemble des mesures, comment on fait les tests, la durée des tests, les seuils d'âge pour les enfants, etc., on ne peut pas, malheureusement, complètement les harmoniser en Europe. Ce qu'on a fait...

Q - Oui, mais - je vous coupe, pardon - on a le passeport européen...

R - J'insiste là-dessus.

Q - Oui, on a le passeport européen, mais on voit que les règles changent...

R - Non, non...

Q - Il y a des pays, au sein de l'Union européenne, qui prennent telle ou telle mesure, donc on ne s'y retrouve pas forcément.

R - J'insiste là-dessus, d'abord, regardons le verre à moitié plein ou aux trois quarts plein, on a fait le passe sanitaire européen, c'est le fameux QR code que vous avez sur votre téléphone ou en papier, il est désormais - il y a un petit drapeau européen, si vous regardez bien sur l'application - reconnu obligatoirement partout en Europe, je suis allé le vérifier dans beaucoup de pays européens...

Q - Donc, normalement on peut aller partout ?

R - On peut aller partout, quand on est vacciné, schéma de vaccination complet, ou quand on a un test...

Q - Ou le test.

R - Absolument, ça c'est harmonisé, c'est quand même très important parce que ce n'était pas du tout le cas l'été dernier ou dans les semaines précédentes. Il y a un certain nombre de points qui peuvent être effectivement un peu embêtants...

Q - Les quarantaines.

R - Les quarantaines en Europe, aujourd'hui, il n'y en n'a plus pour les Français, on les a supprimées, il y avait l'Irlande par exemple, et il y a des pays qui, par exemple, demandent, nous, c'est 12 ans, que pour les enfants, à partir de 5, parfois 6 ans, on exige un test ou... enfin un test parce qu'il n'y a pas de vaccin ; et donc, c'est ce genre de chose, parce que, quand il y a un voyage en famille, il faut le vérifier.

Je suis désolé que ça ne soit pas totalement harmonisé. Le pass sanitaire, j'insiste, ça permet de retrouver de la liberté, de passer un bon été, de voyager en Europe. J'étais en Autriche la semaine dernière, on peut aller dans un cinéma, dans ce pays non français, avec son passe sanitaire qu'on a en France, donc cela marche.

Q - Et alors, est-ce qu'il y a assez de contrôles quand on entre en France ? Je voulais vous faire réagir au tweet de Bruno Fuchs.

Voilà ce qu'il dit : "Arrivée à Roissy ce matin, c'est un scandale sanitaire absolu, aucune vérification de test PCR ou du passe sanitaire. Les gens entassés les uns sur les autres pendant 1 heure, tous les pays mélangés, après an et demi de pandémie, comment peut-on en arriver là ?" dit-il.

Est-ce que vous aussi, quand vous voyez ça, vous êtes un peu scandalisé ?

R - J'ai eu l'occasion de m'exprimer, parce que je voyage beaucoup j'ai fait le test.

Q - Oui, vous-même vous avez témoigné, je crois, à l'Elysée ou à Matignon, en disant "ça ne va pas."

R - Oui, je ne veux pas stigmatiser, parce que c'est difficile, mais effectivement on doit avoir des contrôles très rigoureux, pas pour embêter les gens, je pense que cela rassure. Moi, je suis vacciné, beaucoup de Français le sont, ou se font tester s'ils ne le sont pas encore. Quand on voyage on a envie que son voisin dans l'avion, on ait vérifié qu'il n'ait pas le Covid ou qu'il soit vacciné, cela me paraît légitime. Et donc, pour les aéroports, pour les compagnies aériennes, parce que cela relève des compagnies aériennes, il faut, même en Europe, un contrôle systématique à l'embarquement du passe sanitaire, et nous, nous faisons, nous, autorité gouvernementale, avec le ministre des transports, des contrôles des contrôles, on vérifie que les compagnies, je l'ai vérifié moi-même, le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, s'en assure régulièrement...

Q - Et elles le font, le contrôle des contrôles, ça marche ?

R - Ce n'est pas parfait...

Q - Ce n'est pas parfait encore ? Il faut améliorer !

R - On a mis en place le passe sanitaire début juillet, je crois que cela s'est beaucoup amélioré, et s'il y a des compagnies, il faut qu'elles le sachent, qui ne font pas sérieusement les contrôles, il peut y avoir des sanctions financières.

Q - Je voulais qu'on revienne, qu'on arrive, sur ce qui se passe en Grande-Bretagne, la Grande-Bretagne qui a levé l'obligation de la quarantaine pour tous les pays de l'Union européenne et pour les Etats-Unis, sauf pour nous, les Français. Est-ce que c'est excessif, quelle est votre réaction, est-ce que vous trouvez cela scandaleux, quelle est votre réaction ?

R - Oui, c'est excessif, et franchement c'est incompréhensible sur un plan sanitaire. On a été, parfois, en France, dans des situations sanitaires difficiles ; on comprenait, même si on le regrettait, que certains de nos voisins mettent des mesures dures à notre égard, là, franchement, tous les pays d'Europe ont vu l'obligation de quarantaine suspendue par les autorités britanniques, pas la France, si j'ai bien compris, au nom du variant Bêta, le fameux variant...

Q - Le sud-africain...

R - Sud-africain, qui représente moins de 5% de cas en France, et surtout dans les territoires d'Outre-mer qui ne sont pas concernés par les flux vers le Royaume-Uni.

Q - ...qui serait présent à la Réunion.

R - Oui, bien sûr, enfin, honnêtement, ce n'est pas l'essentiel des flux entre le Royaume-Uni et la France.

Q - Clément Beaune, vous dites excessif, vous êtes diplomate également.

R - Oui, c'est mon métier.

Q - C'est votre métier, excessif... comment vous expliquez...

R - Et j'ai dit que c'était incompréhensible.

Q - Incompréhensible, comment vous expliquez cette décision britannique, est-ce que c'est une décision politique, petite vengeance entre amis ou entre partenaires ?

R - Ecoutez, on ne va pas sur-interpréter, en tout cas ce que je peux vous dire, c'est que ce n'est pas fondé scientifiquement, c'est une décision discriminatoire, je crois, à l'égard des Français, puisque tous les Européens, même des pays qui ont des situations sanitaires plus difficiles que la nôtre, au titre du variant Delta ou autres, ne sont pas concernés, plus concernés par cette quarantaine, peut-être parce qu'ils ont plus de flux encore, touristiques, avec le Royaume-Uni que nous ; enfin, cela ne se comprend pas...

Q - Comment la France va répondre ? On imagine que vous en avez parlé avec votre homologue britannique.

R - Bien sûr, effectivement.

Q - Et alors, qu'est-ce qu'il dit ?

R - Jean-Yves Le Drian en a parlé avec son homologue il y a encore quelques jours, j'en ai parlé, moi-même, avant-hier, avec mon homologue britannique ; eh bien, on continuera à maintenir cette pression, on ne peut pas forcer les Britanniques à le faire. Moi, je suis partisan qu'on examine à chaque fois des mesures de réciprocité, il ne faut pas rentrer dans un jeu, en quelque sorte, de perroquet de difficultés, donc nous, nous fondons nos décisions sur des critères sanitaires, c'est pour cela que les Britanniques sont aujourd'hui dans la catégorie dite orange. Quand vous êtes vacciné, pas de problème, quand vous n'êtes pas vacciné, motif impérieux.

Q - Mais on l'entend ce matin, pas de sanctions en retour, pardon, pas de sanctions en retour...

R - Pas de sanctions en retour à ce stade.

Q - La Grande-Bretagne dit que la semaine prochaine elle pourrait revoir... Vous demandez ce matin, sur LCI, à la Grande-Bretagne, de revoir cette position ?

R - Oui, nous disons aux Britanniques : sur le plan scientifique, sur le plan sanitaire, il n'y a aucune justification à cette décision, et donc j'espère qu'elle sera revue, c'est du bon sens, le plus vite possible.

Q - Même chose d'ailleurs pour les Etats-Unis, on a toujours interdiction d'aller sur le territoire américain, malgré les demandes de réciprocité de la part des pays de l'Union européenne. Là encore, vous trouvez que c'est décalé ?

R - Non, alors, pour bien expliquer d'abord, pourquoi nous nous autorisons les touristes américains, vaccinés, pays vert, à venir en France, c'est parce que sur le plan sanitaire ça se justifie, on ne l'a pas fait au hasard, et puis, parce que, il faut le dire aussi, nous sommes le premier pays touristique au monde, je crois que c'est bon, dans des conditions sanitaires parfaites, qu'on puisse accueillir les touristes. C'est bon pour notre économie, c'est bon pour notre pays. Cela étant dit, là aussi, on a du mal à comprendre la décision américaine puisque beaucoup de pays, d'Amérique Latine par exemple, ont leurs ressortissants qui peuvent aller aux Etats-Unis s'ils sont vaccinés, alors que la situation sanitaire est plus mauvaise, bien plus mauvaise qu'en France, et nous, et d'autres Européens pour le coup, nous ne pouvons pas accéder librement aux Etats-Unis.

Q - Mais comment vous l'expliquez, qu'est-ce que vous dites ce matin ? On a l'impression que les Etats-Unis vont nous être fermés pendant des mois et des mois !

R - J'espère que non, j'espère que non, nous menons aussi ce combat européen, la Chancelière allemande était à Washington récemment, elle l'a dit au Président Biden, le Président de la République l'avait dit, Jean-Yves Le Drian l'a redit...

Q - Emmanuel Macron va prendre son téléphone, va faire quelque chose ?

R - Je vais vous dire, il y a deux choses : je crois qu'il faut distinguer, on est tous dans la situation où on essaye de trouver les meilleures solutions, je crois que là, aux Etats-Unis, ce sont des avis scientifiques - dont j'ai du mal à comprendre la réalité, mais c'est comme ça, pas seulement pour la France, pour les pays européens aussi- qui continuent à être très prudents, peut-être trop prudents, et à dire : non...

Q - Sur le Delta.

R - ... à cause du variant Delta. Nous continuerons à maintenir cette pression. Je voulais expliquer pourquoi cette situation. Moi, je vais vous dire très franchement le fond de ma pensée : je suis partisan, toujours, vous le savez, d'une Europe ferme, d'une Europe souveraine qui défend ses intérêts ; je pense qu'on aurait dû, je l'ai dit, au niveau européen, garder dans notre manche l'atout de cette réciprocité pour mieux négocier avec les Américains. On ne l'a pas fait pour des raisons sanitaires, pour accueillir des touristes américains dans de bonnes conditions, je le comprends, je pense que l'Europe, globalement, aurait dû mener une négociation, peut-être, un peu plus dure, ces dernières semaines, en effet.

Q - Mais on le voit, là, avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, est-ce que finalement la France, l'Union européenne, n'est pas un peu trop laxiste par rapport à d'autres pays ?

R - Non, alors, attention, nous, là, j'insiste beaucoup, on peut trouver que le patchwork international est un peu difficile à comprendre, mais nous, nous décidons de classer un pays vert, c'est-à-dire d'accueillir les voyageurs vaccinés ou sinon avec un test, quand c'est fondé scientifiquement, pas comme ça, pas parce que sur la bonne mine de tel ou tel pays, cela nous fait plaisir, et pas seulement pour des raisons touristiques, pour faire tourner notre secteur touristique, et c'est important, c'est la santé d'abord.

Et donc un pays vert, c'est un pays où la situation sanitaire est bonne, on ne fait pas d'erreur, et on ne fait pas d'imprudence ; attention à cela.

Q - Juste un mot rapide sur le tourisme, on en voit peu, dans les rues de Paris, encore très peu, vous avez un chiffre, comment cela se passe le tourisme, à la fin juillet ?

R - Non, honnêtement, on n'a pas encore les chiffres de la saison, ce qu'on sait, on le voit à travers les chiffres de trafic aérien etc., c'est que le tourisme européen reprend bien en France, tant mieux...

Q - Le reste du monde... ?

R - Eh bien, il nous manque évidemment le tourisme international, mais justement, parce qu'on est prudent, et qu'on ne va pas ouvrir les vannes, ouvrir les frontières avec des pays qui ne sont pas sécurisés, parce qu'on ne connaît pas leurs vaccins ou parce qu'on connaît mal leur situation sanitaire ou parce qu'elle est mauvaise.

Q - Vous avez vu qu'en Grande-Bretagne, ils ont ouvert les vannes, il y avait le fameux Freedom Day, il y a dix jours, la levée des restrictions. Comment vous voyez ça ? C'est une espèce de laboratoire, et on voit que les cas de contamination baissent. C'est encourageant, ça nous donne de l'espoir. Nous, on prend plutôt le chemin inverse...

R - Bon, d'abord, il y a un peu de communication sur le Freedom Day...

Q - On remet les restrictions en place...

R - Il y a des restrictions qu'on avait déjà, nous, levées, que les Britanniques ont levées le 19 juillet dernier.

Q - Qu'on a levées tôt, d'ailleurs, au mois de juin.

R - Oui, mais enfin, soyons clairs...

Q - Alors qu'il y avait le variant Delta. Vous ne regrettez pas ?

R - Non, je ne regrette pas, parce qu'on a fait les choses dans le bon ordre. Vous savez, on nous reproche tout et son contraire, c'est toujours difficile de tenir toutes ces lignes...

Q - Ce n'est pas simple.

R - On avait, je crois que c'était nécessaire parce qu'on avait parfois les mesures les plus dures aussi, en termes de couvre-feu par exemple, en France, jusqu'au mois de mai, et même au-delà. Et donc, on a ouvert progressivement ; je prends un exemple très concret, les boîtes de nuit, où on a dit pourquoi, bon, en Espagne, ils ont rouvert sans contrôles, nous, on a rouvert avec un protocole, mais très strict, qui est vérifié, qui ne permet d'ailleurs malheureusement pas à la plupart des boîtes de nuit de rouvrir, parce qu'ils sont stricts...

Q - Pas question de les fermer, pas question de les fermer, les boîtes de nuit, malgré la situation ?

R - Ecoutez, il faut toujours être prudent, ce n'est pas à l'ordre du jour, parce que justement, nous avons le passe sanitaire et la vérification. Et donc, au Royaume-Uni, ils ont fait cette réouverture, qu'ils ont un peu "marketée", si je peux dire, avec le Freedom Day, qu'est-ce qu'on sait tout simplement d'un pays à l'autre, le point commun ? C'est que la vaccination, l'accélération de la vaccination, c'est la meilleure arme ; c'est ça qui permet de rouvrir ou de ne pas refermer, malgré la prolifération du variant Delta.

(...)

Q - Quai d'Orsay, vous êtes en charge des Affaires européennes, mais votre avis est très important, votre parole, avec le Maroc, cette affaire Pegasus, d'espionnage, est-ce que vous considérez que le Maroc a une part de responsabilité, en tout cas, est à l'origine de ces écoutes, supposées écoutes, sur les téléphones, notamment le téléphone du Président de la République ?

R - Ecoutez, parce que les faits rapportés, allégués, sont très graves, potentiellement, on ne peut pas prendre cela à la légère, et donc il faut enquêter, il y a un certain nombre d'enquêtes judiciaires qui sont en cours, il y a des vérifications qui sont en train d'être faites, donc je ne veux pas prendre cela à la légère, parce qu'accuser des autorités, un pays, etc., d'avoir...

Q - Mais s'il y avait les preuves, vous seriez prêt à prendre des sanctions contre un pays ami comme le Maroc ?

R - Alors, je le dis, accuser un pays ou des autorités, c'est très grave, donc, je ne le ferai pas, à la légère, sans que nous soyons absolument certains des faits. Si les faits sont vérifiés, si les allégations sont justes, peut-être le sont-elles, alors, il faudra effectivement en tirer des conséquences, parce qu'on parle de choses gravissimes, gravissimes, et totalement inacceptables, si elles sont vérifiées.

Q - Il paraît qu'on a changé vos portables, les ministres ?

R - On prend des précautions supplémentaires, en effet.

Q - Merci, Clément Beaune, d'avoir répondu à toutes nos questions ce matin sur LCI.

R - Merci à vous.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2021