Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur l'Afghanistan, au Sénat le 9 septembre 2021.

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Circonstance : Question d'actualité au Sénat

Texte intégral

 Monsieur le Sénateur,


Nous n'avons pas de dialogue politique avec les Talibans. Nous n'entretenons que des contacts opérationnels pragmatiques pour faciliter les opérations d'évacuation, à la fois de nos ressortissants, mais aussi des Afghanes et des Afghans qui ont aidé l'armée française ou nos propres services, dans le passé, et aussi aider à l'évacuation des Afghanes et des Afghans qui sont menacés du fait de leur engagement, de leur métier, de leur profession, de leur histoire, de leur combat pour le respect des libertés. Nous n'avons pas de dialogue politique. Nous entretenons ces discussions techniques par l'intermédiaire bénévolante des autorités du Qatar. Nous avons pu, grâce à cela, permettre l'exfiltration de 2800 personnes dont 2600 Afghanes et Afghans, les jours derniers, en dix jours, et je veux rendre hommage à nos équipes qui ont fait un travail remarquable de sang-froid et de courage. Nous sommes en discussion pour vérifier si, lorsque l'aéroport de KAIA à Kaboul sera réouvert, on pourrait encore procéder à d'autres exfiltrations. Il nous reste quelques ressortissants, quelques ayant-droit et aussi des Afghanes et des Afghans qui se sont signalés dans leur combat et que vous-mêmes, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, avez signalés ; et nous suivons tous les cas précisément.

Vous faites état des déclarations des Talibans. Nous, nous attendons des actes. Quand je dis nous, ce n'est pas nous, uniquement la France, c'est nous, les Européens, et c'est nous, le Conseil de sécurité, qui s'est réuni à la demande de la France, la semaine dernière, et qui a acté par une résolution ces principes. Le Conseil de sécurité, avec le fait que cela a été adopté à l'unanimité, avec deux abstentions de la Chine et de la Russie, mais néanmoins, la résolution est passée.

Il y a des principes majeurs que nous entendons voir respectés par les Talibans sur la rupture avec le terrorisme, sur le respect des droits humains et des droits des femmes, sur la libre circulation sans entrave, que ce soit aussi sur le libre accès de l'aide humanitaire. Pour l'instant, le compte n'y est pas, et même au-delà de cela, la composition de ce que les Talibans appellent le gouvernement intérimaire du gouvernement provisoire ne nous donne pas des signes de grand optimisme.

Donc, nous sommes soucieux des actes des Talibans avant de bouger au-delà ; pas uniquement nous, c'est le principe de base de la communauté internationale.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 septembre 2021