Interview de Mme Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques, à CNews le 23 septembre 2021, sur le budget pour 2022, la fonction publique et l'élection présidentielle de 2022.

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Média : CNews

Texte intégral

FERRARI
Bonjour Amélie de MONTCHALIN.

AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.

LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la Matinale de CNews. Le budget a été présenté hier, il fait la part belle aux fonctionnaires, on va en parler dans un instant avec vous. Mais est-ce que, finalement, les dépenses de l'Etat qui s'envolent, ça veut dire que vous êtes en train de cramer la caisse, comme le disent vos adversaires de droite ?

AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord, je crois qu'il faut être très clair, ceux qui disent cela, notamment madame PECRESSE et tous ceux qui étaient aux commandes, notamment lors de la dernière grande crise, je crois, n'ont aucune leçon à donner. Parce que s'ils nous disent qu'il y a du soi-disant n'importe quoi, le n'importe quoi, il a été dans les choix qu'ils ont faits, parce que si on regarde ce qui s'était passé en 2011, 2012, après la crise de 2008, cette crise, elle était deux fois moins grave que celle qu'on a vécue il y a quelques mois. Cette crise…

LAURENCE FERRARI
D'accord, non mais là, on parle de 2021-22, là…

AMELIE DE MONTCHALIN
Oui, mais justement, à l'époque…

LAURENCE FERRARI
C'est gentil le retour vers le futur, mais…

AMELIE DE MONTCHALIN
A l'époque, ces personnes qui aujourd'hui donnent des leçons ont amené le pays à 11% de chômage, à une croissance à zéro, ont augmenté les impôts de cinq milliards. Le budget qu'on a présenté hier, il permet d'avoir 6% de croissance, un chômage qui est au plus bas depuis 2008, de baisser les impôts de 50 milliards, et d'investir pour que notre économie, eh bien, soit productive, soit compétitive, et oui, dans ce budget, on assume de vouloir relocaliser des entreprises, on assume de vouloir investir dans l'Education, dans la Santé, dans encore la sécurité. Et donc ce budget…

LAURENCE FERRARI
D'ouvrir le carnet de chèques de la France en grand…

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, non, si on ouvrait le carnet de chèques, le déficit, il ne passerait pas de 9% à 4,5% l'année prochaine…

LAURENCE FERRARI
Les milliards pleuvent en fait…

AMELIE DE MONTCHALIN
Si on avait ouvert le carnet de chèques, on ne serait pas en train de dire qu'on stabilise le nombre de fonctionnaires, c'est-à-dire, il n'y a pas plus de fonctionnaires dans notre pays, mais qu'on fait un énorme travail pour remettre les hommes et les femmes là où il y a des besoins ; moi, la politique que je mène en tant que ministre de la Fonction publique, ce n'est pas de créer des postes dans les ministères à Paris, c'est de réallouer nos moyens, proches des Français, c'est d'avoir des greffiers dans les tribunaux, c'est d'avoir des policiers sur le terrain, c'est d'avoir des bras pour déployer le plan de relance, si nous étions des gens irresponsables, eh bien, on penserait que les idées de Marine LE PEN, qui est de vendre les autoroutes ou de racheter les autoroutes, plutôt, à 40 milliards, ce serait une bonne idée. On écouterait madame PECRESSE, qui nous dit qu'il faut augmenter les salaires, et que ça va coûter 25 milliards à l'Etat. Donc nous, on a un choix responsable, le déficit baisse, la croissance est là, le pouvoir d'achat augmente, et aujourd'hui, je crois que les Français, ils voient quelque chose, c'est que tous ceux qui donnent des leçons, s'ils commençaient déjà par regarder ce qu'ils avaient fait dans des circonstances beaucoup moins graves, eh bien, ils avaient emmené le pays à la perte. Et la dette, vous savez…

LAURENCE FERRARI
On voit que vous êtes entrée en campagne électorale…

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, non, ça s'appelle la responsabilité…

LAURENCE FERRARI
La présidentielle est là dans tous les esprits, y compris le vôtre…

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, c'est la responsabilité. Si nous avions suivi la ligne que ceux qui nous critiquent nous disent de suivre, eh bien, le bilan, ça serait plus de dettes, plus de chômage, plus d'impôts. Il y aura moins de dettes, parce que la dette, elle diminuera dès 2022.

LAURENCE FERRARI
Ah oui, comment ?

AMELIE DE MONTCHALIN
La dette diminue entre 2021 et 2022, parce qu'il y a de la croissance, et parce que nous sommes en train de tenir des choix responsables, mais un choix responsable, ce n'est pas de faire des économies, de passer la hache, des choix responsables, c'est de regarder la vie quotidienne…

LAURENCE FERRARI
Ça, on a compris que vous n'étiez pas sur l'austérité…

AMELIE DE MONTCHALIN
Oui, mais le déficit, je le dis, il va être divisé par deux, entre 2021 et 2022, divisé par deux…

LAURENCE FERRARI
C'est-à-dire, là, en trois mois, ça va diminuer ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, c'est le budget qui a été présenté, les recettes, les impôts baissent, il y a des économies, on est en train de remettre les choses d'équerre…

LAURENCE FERRARI
Où est-ce que vous faites des économies ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Mais on fait des économies par rapport à la situation d'aujourd'hui, on avait aujourd'hui une situation d'urgence, on fait le plan de relance, et demain, on est en train de préparer notre pays, à nouveau, à repartir…

LAURENCE FERRARI
Donc il n'y a pas d'économies ? Soyons sérieux, il n'y a pas d'économies ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Quand vous avez 9% de déficit, et que vous avez 5% de déficit, c'est bien que vous êtes en train de faire des efforts…

LAURENCE FERRARI
Pourquoi ?

AMELIE DE MONTCHALIN
On fait des efforts, sur les fonctionnaires par exemple, on est en train…

LAURENCE FERRARI
Par exemple, de combien avez-vous diminué le nombre de fonctionnaires, la promesse d'Emmanuel MACRON, c'était 120.000 postes en moins sur le quinquennat…

AMELIE DE MONTCHALIN
Oui, eh bien, on assume, on assume que la France de 2021…

LAURENCE FERRARI
Donc vous assumez de renier votre promesse ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, on assume que, soit, on pilote la France avec des dogmes, et on fait ce que les LR nous ont fait en 2011, en 2012, couper les postes de fonctionnaires là où on en a le plus besoin, dans les territoires, dans les préfectures et sous-préfectures ce n'est pas ce qu'on fait, on a pris un choix très clair qui est de dire : on s'ajuste à la réalité des Français, et on stabilise le nombre total de fonctionnaires, mais on en remet là où les Français en ont besoin…

LAURENCE FERRARI
Donc on renie nos promesses de campagne…

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, on ne renie pas nos promesses de campagne, parce que si on reniait nos promesses…

LAURENCE FERRARI
120.000 postes de fonctionnaires en moins, est-ce que vous les avez tenus sur le quinquennat ou pas ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, et je pense que si on l'avait fait, si on l'avait fait, c'est qu'on aurait piloté avec des dogmes et on n'aurait pas piloté la réalité, et les Français nous en voudraient, et on aurait aujourd'hui, je pense, à les regarder avec beaucoup de honte et non pas beaucoup de fierté, on pilote la réalité, et on s'ajuste, et on est sérieux, et on est ambitieux, et les impôts n'ont jamais autant baissé dans ce quinquennat que depuis 20 ans.

LAURENCE FERRARI
Alors sur les fonctionnaires, précisément, vous avez décidé de relever les plus bas salaires, les plus exposés à la hausse des prix, là encore, il n'y a pas d'arrière-pensées électoralistes ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Ecoutez, moi j'ai deux enjeux, si on m'explique que c'est un privilège que d'avoir accès à la mutuelle santé, alors, il faudrait que ceux qui regardent la situation m'expliquent en quoi c'est un privilège que de pouvoir avoir accès à un médecin quand on travaille dans une collectivité locale, quand on travaille dans une école, quand on est policier. La première mesure forte que j'ai prise, c'est, oui, c'était de dire : à partir de 2022, les employeurs publics, comme les employeurs privés, depuis 15 ans, vont payer la mutuelle santé, 15 euros par mois par agent…

LAURENCE FERRARI
Pourquoi maintenant ? Personne ne conteste le bien-fondé de la mesure, pourquoi maintenant ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Parce que ça fait 15 ans que ça dure et qu'à un moment donné, il faut prendre ses responsabilités, quand on sort d'une crise sanitaire, le minimum qu'on puisse faire, c'est donner accès à la Mutuelle santé aux agents publics. La deuxième chose que j'ai faite, et que j'assume vraiment avec beaucoup de sérénité, c'est que dans notre pays, ceux et celles qui pensent que ceux qui font vivre tous les services publics du quotidien, nos écoles, l'ensemble des services publics qui sont dans nos communes, dans notre vie vraiment la plus quotidienne, les fonctionnaires administratifs de nos commissariats, de nos tribunaux, pourraient gagner moins que le SMIC, moins que le SMIC, si je ne prenais pas les décisions que je prends aujourd'hui, rien dans la loi ne m'oblige à faire ce que nous faisons, c'est-à-dire qu'au 1er octobre, nous nous assurons que l'ensemble des agents publics les moins rémunérés gagnent au moins le SMIC, par ailleurs, comment peut-on penser qu'on peut avoir des gens engagés si on n'a aucune reconnaissance dans les carrières, et donc, oui, on a pris des mesures, plutôt que de faire l'augmentation générale de tout le monde d'un petit pourcentage, nous avons assumé que nous concentrions tous nos efforts sur les bas salaires.

LAURENCE FERRARI
Sur les bas salaires. Les syndicats auraient préféré des mesures plus générales…

AMELIE DE MONTCHALIN
Oui, mais quand vous augmentez tout le monde d'un petit pourcentage, d'abord, ça vous coûte beaucoup plus cher, parce que vous vous retrouvez à augmenter en fait de beaucoup d'euros les cadres dirigeants, et vous ne changez pas la vie quotidienne de ceux qui sont en bas de la grille ; avec les mesures qu'on a annoncées, un agent de l'Etat le catégorie C, c'est 40 à 100 euros de plus par mois, et je peux vous dire que pour les comptes publics, c'est beaucoup plus responsable que de dilapider l'argent là où…

LAURENCE FERRARI
Ça représente combien de personnes ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Les agents de catégorie C, c'est 1,2 million de personnes dans notre pays qui travaillent dans les hôpitaux, dans les mairies, dans l'Etat, et donc ce sont des personnes qui sont essentielles, ce sont elles qui ont tenu le pays pendant la crise sanitaire.

LAURENCE FERRARI
Et donc des gens qui pourront potentiellement voter pour vous…

AMELIE DE MONTCHALIN
Mais vous savez, nous, on gère le pays, et je pense que, avant de savoir qui vote pour soi, il faut déjà prendre des choix responsables, vous savez, la mesure que j'annonce sur le SMIC, le fait d'écrire dans la loi qu'aucun fonctionnaire n'est payé sous le SMIC, elle n'a pas été prise depuis 2013, donc on est en train d'assumer politiquement des choses qui sont des évidences, mais que beaucoup de dirigeants politiques avant nous n'avaient pas eu le courage de faire.

LAURENCE FERRARI
Le budget encore une fois qui a été présenté hier, est-il insincère, il y a un certain nombre de mesures qui n'y figurent pas, on a l'impression qu'il y a une façon de maquiller les chiffres qui n'est pas tout à fait honnête ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Quand, au mois de juillet, le ministre de l'Economie et des finances, Bruno LE MAIRE, avec Olivier DUSSOPT, ministre du Budget, va devant le Parlement, leur dit : dans le budget, il y a 11 milliards de dépenses qui vont être précisées dans les mois à venir, qui vont donc, eh bien, être dans ce budget, aujourd'hui, il y a 6 milliards qui sont présentés, il y a 5 milliards qui font l'objet des deux objectifs qu'on a présentés, c'est : comment on aide les jeunes qui sont ni en emploi ni en formation à s'insérer dans la vie professionnelle, et donc ça, il faut encore qu'on précise les modalités, et il y a le plan d'investissement, c'est clair, c'est tout à fait assumé, et donc, je peux vous dire, moi, j'étais à la Commission des finances en tant que députée, évidemment, les députés de la majorité sont des gens exigeants, et tout est fait en transparence, après, on arrive dans un terrain, vous savez, où on a notamment à droite, mais aussi à gauche, des gens qui sont plus obsédés par les concours de beauté que par le concours des idées.

LAURENCE FERRARI
Alors, par exemple ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Et donc, si je regarde, là, vous avez des sondages-là qui… je n'ai même pas de commentaire à faire sur les candidats de droite, il n'y a pas de propositions, on est dans une description, quand on écoute Xavier BERTRAND, on serait en guerre civile, tout est peint en noir. Madame PECRESSE, vous en avez parlé, est devenue vulgaire sur les questions de politique économique et de finances publiques pour, au fond, qu'on parle d'elle.

LAURENCE FERRARI
En quoi elle est vulgaire ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Quand vous dites qu'on crame la caisse, quand on a le bilan qu'elle a, je pense que c'est elle qui s'est cramée, avec les décisions qu'elle a prises à l'époque et qui ont amené la France en 2012 à la situation que vous venez de décrire…

LAURENCE FERRARI
Vous reprenez sa propre expression, vous êtes vulgaire…

AMELIE DE MONTCHALIN
Je pense que dans ce sujet-là, nous sommes, de notre côté, très clairs sur ce qu'on cherche à faire. Quand Michel BARNIER, qui était quand même un négociateur européen très engagé, en vient à devenir eurosceptique, mais où est…

LAURENCE FERRARI
Il n'est pas eurosceptique, il dit que, concernant l'immigration, il faut sortir de la CEDH…

AMELIE DE MONTCHALIN
Cette proposition, vous savez, sortir des traités, les gens qui l'ont en ce moment, c'est des gens qui viennent, soit de Hongrie, soit d'un certain nombre de pays plutôt à l'Est de l'Europe, qui sont en conflit sur notamment l'état de droit et le respect des valeurs de l'Europe, je ne pense pas que ce soit l'honneur de la France ni de quelconque dirigeant français d'aller sur ce terrain-là…

LAURENCE FERRARI
Mais de la part de quelqu'un qui connaît bien les rouages de l'Europe, peut-être qu'il a une petite plus-value à dire : ça, ça ne fonctionne pas sur l'immigration, non ?

AMELIE DE MONTCHALIN
D'accord, mais quand vous avez une colonne vertébrale, quand vous connaissez la responsabilité politique, quand vous connaissez justement l'Europe comme Michel BARNIER, vous n'êtes pas en train d'expliquer que vous allez tout remettre en question, vous pouvez expliquer comment justement on va y arriver, quand vous avez des dirigeants de droite qui vous décrivent un pays en situation d'apocalypse et qui n'ont aucune proposition, moi, quand j'écoute ce qu'ils disent, j'ai l'impression que c'est le programme de 2007 qui nous est ressorti des tiroirs, celui de 2017 de François FILLON, il n'y a pas de rapport à la réalité. Et surtout, moi, ce que je vois, c'est que, nous, on a un président qui parle de l'avenir, qui croit qu'on peut s'en sortir, qui cherche à travailler pour la jeunesse, qui n'est pas dans cet esprit de défaite, et surtout, qui fait des propositions, moi, j'entends à droite, la seule chose qu'on entend, c'est monsieur ZEMMOUR, pourquoi on l'entend, lui, parce que les autres n'ont rien à dire…

LAURENCE FERRARI
Parce que vous n'écoutez pas assez les autres, mais ils ont quelques propositions aussi. Eric ZEMMOUR, alors, justement, vous en parlez beaucoup…

AMELIE DE MONTCHALIN
J'aimerais savoir lesquelles, sur un certain nombre de sujets, effectivement, on n'entend rien…

LAURENCE FERRARI
Vous avez visiblement beaucoup d'intérêt pour Eric ZEMMOUR, qui turbule le système, actuellement, il est crédité de 11% d'intentions de vote dans certains sondages, pourchassé aussi par les paparazzis, il devient un homme politique comme les autres, alors qu'il n'est pas candidat ? Vous le prenez déjà en compte alors qu'il n'est pas candidat ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Mais, moi, je suis venue sur votre antenne débattre avec lui, parce que je pense que monsieur ZEMMOUR a des idées que je combats, et je les combats sur le terrain des idées, on avait fait un débat qui m'avait montré qu'il y avait bien une différence, et une différence sur laquelle je ne compte en rien renier ce que j'avais dit, il m'avait dit en mars, vous savez, moi, votre vie quotidienne des Français, je m'en fous, ce qui m'intéresse, c'est le grand remplacement et le grand déclassement, eh bien, moi, je peux vous dire je suis très fière de penser exactement le contraire, de penser que la politique, c'est justement s'intéresser à la vie quotidienne des Français, au travail qui paye, aux industries et aux emplois qu'on recrée dans les territoires, au fait que, oui, on s'occupe de la manière de protéger les Français, les idées de monsieur ZEMMOUR, vous les mettez dans la vraie vie, vous les confrontez aux vrais problèmes des Français, il n'y a pas le début du quart du comment on fait, de ce que ça veut dire dans la vraie vie. Et nous, avec le président de la République, on est le premier gouvernement aujourd'hui à avoir fait un travail qui est de s'intéresser à la vie quotidienne, pas juste par des mots, pas juste part du blabla, nous sommes capables aujourd'hui de dire à chaque Français, dans chaque département, ce que nous avons fait dans son département, pour la santé, pour l'éducation, pour l'emploi, nous avons…

LAURENCE FERRARI
Oui, vous vantez le bilan…

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, mais nous avons aussi la visibilité sur ce que nous n'avons peut-être pas encore assez bien fait, sur ce qu'il reste à faire. Et donc cette ambition-là, de porter des idées dans la vie quotidienne, c'est ce qui fait, je crois, la fierté de notre ligne politique, c'est ce qui fait que le président regarde l'avenir et que monsieur ZEMMOUR, il a des idées que je combats pied à pied.

LAURENCE FERRARI
D'accord, mais alors, ce qui est frappant, ce matin, c'est que vous en faites l'adversaire numéro un d'Emmanuel MACRON, ce n'est plus Marine LE PEN ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Marine LE PEN, elle a des idées qu'on combat avec la même force, mais aujourd'hui, ce que je vois, c'est que, parce que, notamment à droite, il y a ce vide abyssal des propositions, Marine LE PEN, elle a des idées qui sont tout aussi… qu'on combat tout aussi, et je peux vous dire la même chose sur un certain nombre de propositions qu'elle fait, les autoroutes, un certain nombre de sujets, qui n'ont rien à voir avec la vie quotidienne, qui sont brandis comme des étendards, qui ne changeront rien dans ce que les Français nous disent, qu'ils veulent que l'on résolve. Et moi, je trouve que quand on a un problème, le minimum d'un responsable politique, c'est d'apporter des solutions, pas du blabla…

LAURENCE FERRARI
Alors, il y a Anne HIDALGO aussi qui est candidate à la présidentielle, qui propose de doubler le salaire des enseignants, démagogie pour vous ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Déjà, madame HIDALGO…

LAURENCE FERRARI
Ils ne méritent pas d'être augmentés, les enseignants ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Evidemment, je viens de vous en parler, on a une politique qui est tout à fait lucide sur le fait qu'il y a un certain nombre de métiers qu'il faut revaloriser, c'est pour ça qu'on a revalorisé les soignants, les jeunes enseignants, les policiers, et on travaille, mais on travaille de manière sérieuse, on fait du dialogue social, et on s'assure que quand on parle, on puisse le mettre en oeuvre ; donc moi, qu'il y ait un sujet évidemment d'attractivité des salaires de la Fonction publique, je n'ai aucun problème, le problème de madame HIDALGO, c'est que vous savez qu'à Paris, elle a 50.000 agents publics, plus que dans toutes les préfectures et sous-préfectures de France, les agents publics à Paris, s'il y a bien une chose qu'on peut dire, c'est que le bilan de madame HIDALGO, il est désastreux.

LAURENCE FERRARI
Pourquoi ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Ce sont des agents publics d'abord qui ne travaillent pas 35 heures, la loi…

LAURENCE FERRARI
Donc ce sont des feignants, c'est ce que vous dites ?

AMELIE DE MONTCHALIN
La loi oblige, non, ce que je dis, c'est que la loi oblige toutes les collectivités locales à négocier pour qu'au 1er janvier 2022, les 35 heures s'appliquent partout, toutes les communes de France sont en train de négocier.

LAURENCE FERRARI
Combien ils font d'heures à Paris alors ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Il leur manque 7 à 8 jours de travail dans l'année, toutes les communes de France, et ça demande de la détermination, du courage, du dialogue social, du sérieux, sont en train, pour celles qui n'étaient pas aux 35 heures, de le faire, le seul endroit aujourd'hui où vous avez la posture, et, au fond, surtout, un courage nul sur ce sujet, c'est à Paris. Madame HIDALGO, elle nous donne des grandes leçons, elle nous expliquait encore la semaine dernière que MACRON était le représentant d'une élite désincarnée, parisienne, lointaine, mais est-ce que madame HIDALGO se rend compte que, d'abord, je ne suis pas sûre qu'elle passe beaucoup le périphérique pour faire autre chose que des photos dans les journaux, et surtout, elle a un bilan, est-ce que, ce qu'elle fait à Paris, c'est ce que les Français attendent qu'on fasse dans le reste du pays, est-ce que cette relation, voyez, à la proximité, c'est vraiment dans son bilan ce qui est incarné ; elle nous dit qu'elle veut augmenter le salaire des enseignants…

LAURENCE FERRARI
Doubler…

AMELIE DE MONTCHALIN
Qui est-ce qui a augmenté les salaires des agents publics à Paris, c'est moi, toutes les mesures que je viens de vous présenter, sur la Mutuelle santé, sur le fait qu'on augmente les catégories les moins bien rémunérées, sur l'égalité professionnelle hommes/femmes, ce n'est pas madame HIDALGO, c'est le gouvernement. Donc là aussi, que chacun prenne ses responsabilités et arrête de nous donner des leçons de proximité, de territorialité, notre gouvernement, nous travaillons pour chaque Français, sur tous les problèmes avec sérieux et méthode, et je pense que les Français, ils voient bien une chose, c'est que faire des grands discours avec zéro proposition, ça ne mène à rien.

LAURENCE FERRARI
Alors, vous avez sorti la sulfateuse ce matin, on va parler des Verts, qui entre Yannick JADOT et Sandrine ROUSSEAU a vos préférences, en termes de valeurs, à la fois sur l'écologie, mais aussi valeurs plus générales, madame ROUSSEAU est la candidate de la radicalité, dit-elle.

AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, moi, je ne participe pas à la primaire, donc je n'ai pas de préférence, et puis, je ne choisis pas mes adversaires, ce que je vois, en revanche, c'est que si les Verts veulent faire une synthèse, à un moment donné, il sortira de ce processus un candidat, l'un ou l'autre, il va bien falloir a priori qu'il porte un programme de synthèse, je ne vois pas très bien quelle synthèse on va faire entre monsieur JADOT et madame ROUSSEAU, par ailleurs, la pseudo-radicalité qui est clamée par les uns et les autres, sur le sujet écologique, c'est beaucoup de postures à nouveau, notre gouvernement, on a repris en main des dossiers qui étaient laissés à l'abandon pas beaucoup de majorités avant nous. Notre-Dame-des-Landes, le sujet de Fessenheim, beaucoup de sujets sur la transition énergétique, la rénovation des bâtiments, moi, je pense que l'écologie, là aussi, ça demande des actes, ça demande du sérieux, c'est une transition, donc il faut partir d'aujourd'hui et aller dans un monde qui est différent, il faut accompagner chacun, vous savez, Ma Prime Rénov'…

LAURENCE FERRARI
La Prime Rénov' par exemple…

AMELIE DE MONTCHALIN
C'est 500.000 Français aujourd'hui qui peuvent changer leur chaudière, isoler leur maison, je pense qu'on fait beaucoup plus pour l'écologie avec ce genre de mesures que les grands débats aujourd'hui où on n'a rien compris…

LAURENCE FERRARI
A vous écouter, vous êtes les seuls à être sérieux, dans la classe politique aujourd'hui ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Ce qui est certain, c'est qu'on est probablement…

LAURENCE FERRARI
C'est un peu réducteur, non ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Sans aucune arrogance, aujourd'hui…

LAURENCE FERRARI
Il n'y a pas d'adversaires de valeur pour vous ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, mais aujourd'hui, on agit, et donc, on sait vous dire ce qu'on a fait, on sait aussi se dire ce qu'on doit encore continuer à faire, et on sait que la période de crise sanitaire, de crise économique nous appelle à être extrêmement responsables sur ce qu'on dit, sur ce qu'on promet, et sur la manière dont les Français peuvent encore écouter notre parole, si les discours politiques sont des mots, les Français, ils ne votent plus. Et donc notre ambition avec le président de la République, c'est de parler de l'avenir, mais c'est d'être sérieux, je pense que c'est essentiel dans un débat si on veut que la démocratie ait encore un sens.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Amélie de MONTCHALIN, d'être venue ce matin dans la Matinale de CNews.

AMELIE DE MONTCHALIN
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 septembre 2021