Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gabriel ATTAL, bonjour.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Porte-parole du Gouvernement. Un soldat français, on vient de l'apprendre, est décédé au Mali lors de l'opération Barkhane, une opération de maintenance je crois.
GABRIEL ATTAL
Oui, nous avons appris ce matin, avec une très grande tristesse, le décès de l'un de nos soldats de l'opération Barkhane sur une opération de maintenance à Tombouctou au Mali, il y a une enquête en cours pour déterminer les circonstances exactes. C'était un soldat de 29 ans, qui appartenait au 4e Régiment de chasseurs de Gap, je veux évidemment lui rendre hommage, saluer sa mémoire et évidemment adresser toutes mes pensées à sa famille et à ses proches.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais jusqu'à quand serons-nous là-bas au Mali ?
GABRIEL ATTAL
Le président a annoncé qu'on allait adapter notre présence dans l'opération Barkhane pour lutter contre le terrorisme, pour former aussi les armées locales, pour continuer à lutter contre le terrorisme, et évidemment défendre l'État et défendre la présence démocratique localement. Nous avons aussi eu une avancée importante, puisque dans la crise qui nous a occupés avec les États-Unis dans les sous-marins, nous avons obtenu un renforcement aussi de leur présence dans le cadre de ces opérations, et donc cette adaptation de l'opération va se dérouler dans les prochaines années, je n'ai pas de calendrier plus précis à vous donner, mais en tout cas évidemment notre priorité reste de lutter contre le terrorisme sur place, parce qu'on sait très bien que le terrorisme sur place c'est aussi un terrorisme qui peut organiser des attaques dans notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, Gabriel ATTAL, l'espace aérien algérien nous est toujours interdit.
GABRIEL ATTAL
Il y a aujourd'hui effectivement encore des difficultés avec l'Algérie, vous savez qu'on a pris plusieurs décisions et notamment une décision qui est difficile, mais que nous assumons, sur la question des visas, pour que l'Algérie, et d'autres pays du Maghreb, acceptent de reprendre un certain nombre de concitoyens, de produire des laissez-passer consulaires dans le cadre des obligations de quitter le territoire français que nous réalisons, c'est pour nous essentiel qu'on respecte nos règles, et nos règles d'immigration, et donc dans ces conditions-là il y a des tensions. Moi je veux rappeler que le peuple algérien est évidemment un peuple ami de la France et qu'évidemment on souhaite aller vers un apaisement, et on continue à échanger avec les autorités algériennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, aller vers un apaisement, une question me vient à l'esprit, comme ça, et puis on va passer à autre chose, à l'énergie notamment, existait-il une nation algérienne avant la colonisation française ?
GABRIEL ATTAL
Très sincèrement, Jean-Jacques BOURDIN, je ne veux pas ici, je rappelais qu'on est dans un moment de tensions, relancer des débats, donner mon avis personnel sur ces sujets-là. Je rappelle que le président de la République a confié une mission à Benjamin STORA, qui est un historien, je crois, très reconnu sur ces questions-là, qu'il a remis un rapport, qu'il y a une commission qui suit les différentes recommandations de son rapport. Il y a des tensions, et au regard de la relation historique très difficile, et parfois dramatique, que nous avons avec l'Algérie, c'est normal, et l'objectif c'est évidemment d'apaiser ces tensions et de regarder de l'avant, et de regarder vers l'avenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le prix de l'énergie, Gabriel ATTAL. Les dépenses en carburants représentent 10% des revenus des ménages les plus pauvres en France aujourd'hui, et il y a un moment important aujourd'hui, Bruxelles va donner la possibilité, la Commission européenne, va donner la possibilité aux États de réduire les taxes, et notamment de réduire la TVA. Alors, oui ou non, est-ce que vous allez baisser les taxes sur les carburants ?
GABRIEL ATTAL
Il y a, vous le savez Jean-Jacques BOURDIN, une augmentation de la demande très forte d'énergie au niveau mondial parce qu'il y a une reprise économique très forte, donc les usines fonctionnent à plein régime, donc les mobilités pour les produits sont très fortes, et donc il y a une demande d'énergie très forte, et donc les prix augmentent partout. Ce qu'on a montré, je crois, ces dernières semaines, c'est qu'on ne laissait pas tomber les Français, qu'on était au rendez-vous, dès lors qu'il y a une envolée des prix, pour les protéger et pour protéger leur pouvoir d'achat, c'est ce qu'on a fait sur le gaz, on a bloqué les augmentations prévues dans les prochains mois des tarifs du gaz, on n'augmentera pas, c'est ce qu'a annoncé le Premier ministre, c'est ce qu'on fera sur l'électricité en janvier, puisque vous savez qu'il y a une hausse qui était prévue, anticipée, de l'ordre de 12%, qu'elle sera bloquée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle sera de 4%.
GABRIEL ATTAL
Par une baisse de taxe, 4 milliards d'euros, c'est un effort très fort, on regarde aujourd'hui l'évolution du prix du carburant, qui augmente, c'est vrai, et qui atteint, pour le gasoil, un niveau historique, et donc évidemment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, pas besoin de regarder, on voit la réalité, pardon Gabriel ATTAL !
GABRIEL ATTAL
Oui, c'est ce que je vous dis, et donc évidemment c'est un sujet qu'on suit de très près, c'est des travaux qui sont en cours entre les ministères…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez baisser les taxes ?
GABRIEL ATTAL
Ce que je vous dis c'est que, dès lors que ces hausses se poursuivraient et que les estimations qui sont faites indiqueraient qu'elles devraient se poursuivre dans la durée, évidemment que nous considérerons des mesures de protection comme on l'a fait sur le gaz et comme on l'a fait sur l'électricité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas baisser les taxes, pourquoi ? Parce que depuis que les prix augmentent, eh bien ça fait rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, non, c'est vrai ou faux ?
GABRIEL ATTAL
J'ai entendu cette attaque qui est formulée par des oppositions. D'abord, les mesures qu'on a prises, de pouvoir d'achat, sur l'augmentation du chèque énergie, 600 millions d'euros, on "rend" l'augmentation des taxes qu'il y avait eu sur le gaz, sur l'électricité je vous ai indiqué…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais sur le gaz et l'électricité on est d'accord, mais je vous parle des carburants moi.
GABRIEL ATTAL
Attendez. Je vous ai indiqué qu'on allait baisser les taxes sur l'électricité, 4 milliards d'euros, donc là aussi je peux vous dire que c'est plus que ce qui "rentre" par des augmentations de prix, et sur la question du carburant, ce que je vous ai dit, ce que je vous ai dit Jean-Jacques BOURDIN, c'est qu'il y a un travail qui est mené actuellement et que, évidemment, si ces hausses se poursuivent on prendra les mesures nécessaires pour protéger les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous baisserez les taxes. Si les hausses se poursuivent, vous baisserez les taxes.
GABRIEL ATTAL
On prendra des mesures de protection des Français, est-ce que c'est baisse des taxes, est-ce que c'est aides, je ne peux pas vous le dire aujourd'hui. Pourquoi je ne vous réponds pas aujourd'hui ? Tout simplement parce que la décision n'est pas prise.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais je vous dis ça parce qu'hier j'ai entendu à l'Assemblée nationale Barbara POMPILI dire "ce sont les distributeurs qui doivent réduire leur marge", mais la marge des distributeurs elle est tellement faible que ça n'aura pratiquement aucune conséquence sur le prix du carburant. Vous savez ce que dit Michel-Edouard LECLERC, ce matin, "pour baisser le prix il faut baisser les taxes, on est déjà presque à prix coûtant, on marge 1 à 2 centimes par litre, mais si l'État baisse cette taxe nous sommes prêts à l'accompagner", voilà ce qu'il dit.
GABRIEL ATTAL
Elle a dit qu'elle les réunirait, Barbara POMPILI, les distributeurs, donc on fera le point avec eux, on regardera les choses, ce qu'elle a dit hier sur la question des marges, et sur l'appel qu'elle faisait dans ce moment difficile, je rappelle que ce que disent les experts, et le FMI s'est encore exprimé sur le sujet hier, c'est que c'est une bosse, c'est qu'a priori à la fin du premier trimestre ça devrait recommencer à baisser, et donc elle a appelé à un effort. Mais, ce que je veux vous dire, c'est que ça n'écrase pas le travail qu'on mène et les mesures qu'on serait amené à prendre si la situation devait se poursuivre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je comprends Gabriel ATTAL, que vous réfléchissez à des mesures, mais moi je lis aussi ce que déclare Thierry BRETON, qui est le commissaire au Marché intérieur à Bruxelles, il dit quoi ? Il dit "la première solution c'est de baisser les taxes", lui-même le dit.
GABRIEL ATTAL
Mais, est-ce que j'ai exclu cette piste ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous réfléchissez à une baisse des taxes, oui ou non ?
GABRIEL ATTAL
Ce que je vous ai dit c'est que, on travaille pour être en situation de prendre des mesures dès lors qu'on l'estimera nécessaire, si on voit que cette hausse se poursuit, on sera amené à prendre des mesures. Ce que je vous ai dit par ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce si difficile de baisser les taxes ?
GABRIEL ATTAL
Mais, Jean-Jacques BOURDIN, ce n'est pas difficile, on le fait sur l'électricité, on va le faire en janvier sur l'électricité, donc ce n'est pas difficile, ce qu'on veut c'est que quand on prend des mesures, elles soient nécessaires, et qu'elles soient efficaces, qu'elles aient un impact derrière…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien elles seront efficaces parce que ça permettra de réduire le coût du plein et ça permettra à beaucoup de Français, qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, de finir leurs fins de mois, voilà.
GABRIEL ATTAL
Mais moi ce que je vous dis, c'est qu'il y a plusieurs pistes qui sont possibles, il y a la question de la baisse – on n'en n'est pas là aujourd'hui - mais il y a la question de la baisse des taxes, il peut y avoir une question d'une aide spécifique qui est apportée, ce que je vous dis c'est qu'avant de prendre une décision il faut regarder qu'est-ce qui est le plus efficace pour aider les Français qui en ont le plus besoin, c'est ça le travail qui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ne tardez pas trop parce que le plein c'est toutes les semaines, ou tous les 15 jours…
GABRIEL ATTAL
Je sais bien, et je sais bien qu'il y a des Français qui nous écoutent, qui sont dans leur voiture, qui n'ont pas le choix de prendre leur voiture, notamment quand ils habitent dans la ruralité, à la campagne, ils ont beaucoup de route à faire et ça leur coûte de l'argent, je le sais bien, et je sais bien que pour des Français qui travaillent, qui gagnent déjà assez peu, avoir ces dépenses contraintes qui augmentent, finalement à la fin il ne reste pas grand-chose, et on boucle sa fin de mois déjà au 17 du mois, je le sais tout ça Jean-Jacques BOURDIN, c'est pour ça qu'on a augmenté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le pouvoir d'achat qui sera l'un des sujets majeurs de la présidentielle.
GABRIEL ATTAL
C'est pour ça qu'on a augmenté la rémunération de ceux qui travaillent depuis 2017, c'est aussi pour ça qu'on a augmenté la prime d'activité, qu'on a baissé les cotisations salariales, qu'on a défiscalisé les heures supplémentaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le revenu d'engagement, vous en êtes où ?
GABRIEL ATTAL
Qu'on baisse l'impôt sur le revenu, tout ça on le fait pour que les Français qui travaillent gagnent plus et pour que des situations comme celle-là, où on a des cours mondiaux qui augmentent, un baril de pétrole qui augmente, finalement ça ne vienne pas retirer tout le gain qu'ils ont en travaillant, voilà. C'est difficile, on vit un moment difficile, on voit que des experts, le FMI, disent il y a une demande très forte là, ça devrait, à partir de la fin du premier trimestre, au premier semestre, recommencer à diminuer, la question c'est comment est-ce qu'on aide les Français à traverser ce moment. On a pris des mesures et on n'a pas attendu sur le gaz, sur l'électricité, et ce que je vous dis c'est qu'on regarde sur la question de l'essence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le revenu d'engagement, on en est où, promesse du président de la République ?
GABRIEL ATTAL
On a accompagné les jeunes depuis le début de cette crise, 9 milliards d'euros, le plan "1Jeune, 1Solution" qui a été porté par Elisabeth BORNE. Ça veut dire quoi ? ça veut dire qu'on a un record de jeunes qui sont en apprentissage, ça veut dire qu'on a un record de jeunes qui sont recrutés en CDI parce qu'on a mis en place une prime, 4000 euros pour les entreprises qui recrutent un jeune en CDD de plus de 3 mois, ou en CDI de moins de 26 ans. On augmenter la Garantie jeunes, on a développé le service civique, on a développé les parcours d'insertion, les formations, tout ça fait qu'il y a des millions de jeunes qui sont aujourd'hui dans des parcours qui leur permettent d'être accompagnés financièrement et d'être accompagnés vers l'emploi, parce que c'est ça notre priorité, et ce qu'a annoncé le président de la République le 12 juillet c'est qu'on allait poursuivre cette mobilisation et l'amplifier pour permettre à des jeunes de trouver un emploi et de se former pour trouver un emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
GABRIEL ATTAL
Dans les prochaines semaines on sera amené à s'exprimer, et le Premier ministre sera amené à s'exprimer sur ce sujet-là, on y travaille beaucoup avec Elisabeth BORNE. L'objectif, encore une fois, c'est quoi ? C'est de permettre à des jeunes qui sont aujourd'hui sans emploi, sans formation, d'être formés pour pouvoir trouver un emploi, parce qu'il y a des emplois disponibles aujourd'hui. Moi, je vous le dis, quand je me déplace sur le terrain, que je rencontre des chefs d'entreprise, des commerçants, des artisans, qui me disent "je n'arrive pas à recruter, ça me freine pour développer mon activité", je fais 100 mètres je rencontre des jeunes, parfois dans une mission locale ou ailleurs, il me disent "j'ai envie de travailler, je ne trouve pas de travail", c'est bien qu'il y a un problème, et on a commencé à s'y attaquer avec tout ce qu'on a fait, d'ailleurs le chômage baisse, et il baisse nettement chez les jeunes, il faut aller plus loin, et c'est ce qu'on va faire dans les prochaines semaines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Gabriel ATTAL, on parlait il y a un instant du prix de l'essence qui est vraiment le quotidien des Français, parlons maintenant du plan France 2030, parce qu'on parle aussi beaucoup d'énergie dans ce plan, 30 milliards d'euros, avec une mesure importante concernant le nucléaire, le nucléaire avec la construction de ces petites centrales, ces petites centrales qui sont construites plus vite, qui sont, en matière de sécurité, bien mieux, combien et quand ?
GABRIEL ATTAL
Alors, d'abord, si vous me permettez, je veux quand même dire que ce plan France 2030 c'est quoi ? C'est un plan pour notre indépendance au niveau français, au niveau européen, et c'est un plan de conquête, parce que quand on parle du prix de l'essence, de même que quand on parle du prix du gaz, on parle de quoi ? On parle du fait que ce qui se passe au niveau mondial a un impact à la fin sur la facture des Français, donc il faut être plus indépendant, et pour ça il faut développer des ressources énergétiques qui nous permettent d'être indépendant. On a une chance, en France, c'est qu'on a un parc nucléaire qui nous permet d'être plus indépendant que les autres, quand vous regardez les hausses de prix chez certains de nos voisins, en Espagne, en Italie, ailleurs, parfois l'électricité a quadruplé depuis un an, nous on a cette chance d'avoir le nucléaire, et donc évidemment on va continuer à investir dans le nucléaire, ça fait partie des chantiers, parmi d'autres, qui ont été annoncés par le président. Donc, vous m'interrogez sur les fameux SMR.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ces SMR.
GABRIEL ATTAL
C'est quoi les SMR ? C'est des petits réacteurs nucléaires, ce qui permettrait d'avoir moins de déchets et d'avoir plus de sûreté, et de pouvoir aussi créer des écosystèmes locaux avec un petit réacteur qui viendrait alimenter des usines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a déjà beaucoup de retard par rapport à d'autres pays dans le monde, je pense à la Chine, à la Russie, à la Corée, au Japon, aux États-Unis, donc on va essayer de rattraper le retard, quand ?
GABRIEL ATTAL
Ce plan, et cet investissement, il va nous permettre surtout de prendre de l'avance en Europe. C'est vrai qu'il y a un certain nombre de pays, de grandes nations, de grandes puissances dans le monde, qui investissent, qui ont investi, et nous on veut être le leader sur ce sujet-là en Europe, vous savez qu'il y a beaucoup de pays, notamment en Europe, qui veulent abandonner le charbon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien allons-nous construire de ces petits réacteurs nucléaires ?
GABRIEL ATTAL
Là déjà, ce qu'on va faire, c'est un prototype, c'est ça qui a été annoncé par le président de la République, on met, je crois, 1 milliard d'euros pour le construire, aujourd'hui il n'existe pas, donc il va y avoir tout un travail qui va être mené, et à horizon 2030 on souhaite disposer d'un prototype, ensuite on pourra développer d'autres SMR si c'est concluant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, dans ce plan de nombreux investissements sur l'énergie propre, c'est l'axe principal ?
GABRIEL ATTAL
Oui parce que, vous savez, il y a cette question de la souveraineté, de l'indépendance que j'évoquais, et puis il y a la question de l'environnement évidemment. Qu'est-ce qu'on dit ? on dit qu'en 2050 on veut arriver à la neutralité carbone, c'est un objectif qu'on s'est fixé, y compris au niveau européen, la question c'est comment on y arrive, et moi j'entends certains responsables politiques, notamment chez les Verts, à la France insoumise, qui expliquent par exemple qu'il faut abandonner le nucléaire, et donc à la fin vous avez des gens qui vous expliquent qu'il faut abandonner le nucléaire, qu'il faut arrêter le charbon, c'est-ce qu'on fait d'ailleurs, on ferme nos centrales à charbon, et à la fin il reste quoi ? Il reste la bougie si on n'investit pas dans des nouveaux secteurs et dans l'énergie propre. Donc on le fait sur le nucléaire, on va le faire sur l'hydrogène vert, sur l'hydrogène décarboné, il y a un énorme investissement sur ce sujet-là. On souhaite, sur l'hydrogène, construire deux Gigafactory en France sur cette question-là, on met 7 milliards d'euros sur la table, là aussi on veut être un leader européen sur ce sujet-là. C'est important pour la planète, c'est important pour le pouvoir d'achat des Français, et c'est important pour notre indépendance. On ne veut plus, dans les années à venir, ça prendra du temps, mais il faut faire les investissements nécessaires, on ne veut plus dépendre de la demande mondiale, on ne veut plus dépendre des décisions de Monsieur POUTINE, on ne veut plus dépendre des bouleversements géopolitiques pour se chauffer, pour s'éclairer, pour se déplacer et pour s'alimenter, et ça nécessite des investissements colossaux, et c'est ce qu'a annoncé le président de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gabriel ATTAL, parlons du pass sanitaire, parlons du Covid, de l'épidémie. Possibilité de prolongation jusqu'au 31 juillet 2022, en Conseil des ministres tout à l'heure, le projet de loi, l'opposition proteste et demande finalement une étape, une étape en février avec un vote, avec un nouveau débat. Est-ce qu'il y aura un nouveau débat en février ?
GABRIEL ATTAL
D'abord, Jean-Jacques BOURDIN, il y a assez peu de moments dans cette crise où l'opposition n'a pas protesté, n'a pas contesté les décisions du gouvernement, quelle qu'elles soient, quand on voulait fermer les écoles on nous disait qu'il fallait les laisser ouvertes, quand on voulait les rouvrir on nous disait qu'il fallait les laisser fermer, quand on devait confiner on nous disait qu'il ne fallait pas le faire, et quand on ne le faisait pas on nous disait qu'il fallait le faire, et sur la question du pass sanitaire ça a été pareil, on les a assez peu entendus en soutien, constructif, du gouvernement, donc ça, ça ne me surprend pas. Maintenant il faut expliquer les choses aux Français. On a aujourd'hui une épidémie qui a régressé dans notre pays, et c'est une bonne nouvelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui est toujours là.
GABRIEL ATTAL
On a un taux d'incidence qui en dessous des 50, le seuil d'alerte pour 100.000 habitants, mais, vous l'avez dit, qui est toujours là, et d'ailleurs on a des signaux, dans certains départements, je pense à certains départements…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La Lozère par exemple.
GABRIEL ATTAL
Des Pays de la Loire, je pense à la Lozère, je pense à certains départements occitans, on a des signaux, il n'y a pas d'alerte majeure aujourd'hui, mais en tout cas qui semblent montrer peut-être un frémissement, et donc il faut être très vigilant. Il faut être vigilant aussi parce que l'épidémie continue à circuler, elle circule dans le monde, il y a des pays qui sont en vague épidémique aujourd'hui, et donc la question c'est, qu'est-ce qu'on veut faire dans les prochains mois pour se protéger ? On a vu avec le pass sanitaire qu'on avait un outil qui nous permettait de ne pas avoir à refermer des secteurs entiers de l'économie, de ne pas avoir à reconfiner, avec des très hauts niveaux d'incidence, c'est ce qui s'est passé cet été, on a eu une quatrième vague très forte, on n'a pas eu à refermer nos bars, nos restaurants, nos théâtres, nos cinémas, parce qu'on avait le pass sanitaire. Aujourd'hui le pas sanitaire, dans la loi, il s'arrête au 15 novembre, et donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui il n'est plus contrôlé, bien souvent il n'est pas contrôlé, Gabriel ATTAL, bien souvent.
GABRIEL ATTAL
Peut-être.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sûrement même.
GABRIEL ATTAL
Je suis allé dans un petit restaurant ce week-end, j'ai été contrôlé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, à Paris, allez en province, allez à Marseille par exemple.
GABRIEL ATTAL
C'est peut-être parce que c'est à Paris et c'est peut-être parce que c'est moi, mais en tout cas, non, je crois qu'il y a encore beaucoup de contrôle, évidemment peut-être qu'il faut renforcer nos contrôles des contrôles, je transmettrai ce que vous me dites à mes collègues, en tout cas il est contrôlé, et en tout cas il est important, parce qu'il permet, encore une fois, de réduire la circulation du virus. Et donc, s'il devait y avoir une cinquième vague, s'il devait y avoir une reprise épidémique, eh bien moi Jean-Jacques BOURDIN, je préfère qu'on réactive le pass sanitaire plutôt qu'on reconfine ou qu'on referme des restaurants, des bars. Le pass sanitaire, les Français se sont bien rendu compte que c'était quand même très simple, que ça prend 3 secondes de sortir son QR Code et 3 secondes pour le restaurateur de le contrôler, et donc moi je ne sens pas par ailleurs aujourd'hui chez les Français une demande massive, très forte, qu'on arrête la possibilité d'avoir recours au pass sanitaire, parce que, ce qui est certain, c'est que dès qu'on pourra le lever, eh bien on le fera.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il n'y aura pas de débat au mois de février comme le demande…
GABRIEL ATTAL
Là il va y avoir un débat au Parlement sur la base du texte qui sera adopté en Conseil des ministres aujourd'hui, on propose la date du 31 juillet. Encore une fois, il ne s'agit pas de dire qu'on prolonge le pass sanitaire jusqu'au 31 juillet, il s'agit de dire qu'on prolonge jusqu'au 31 juillet la possibilité de l'utiliser, et j'espère bien qu'on l'aura levé bien avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vaccination obligatoire, débat au Sénat ?
GABRIEL ATTAL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ? Vous êtes favorable ou pas ?
GABRIEL ATTAL
Enfin…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toujours pas ?
GABRIEL ATTAL
On a montré d'abord qu'avec la confiance dans la responsabilité des Français, et ensuite, c'est vrai, avec une incitation très forte, notamment via le pass sanitaire, on a montré quand même qu'on produisait des résultats, je crois qu'on doit être à 80, 85% de Français vaccinés complètement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais on a encore des insuffisances notamment sur certaines personnes âgées.
GABRIEL ATTAL
Oui, mais je vais vous dire, les personnes âgées, je crois qu'il y a 500.000 personnes de plus de 80 ans qui ne sont pas encore vaccinées aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exact, il faut aller les chercher.
GABRIEL ATTAL
Eh bien oui, mais je vais vous dire, c'est des personnes qui sont bien souvent très isolées, qui sont parfois dépendantes, qui ne sortent pas beaucoup chez elles, je ne sais pas, si on disait c'est obligatoire, je ne sais pas si ça produirait… l'objectif c'est de multiplier encore "l'aller vers." Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'avec des collectivités locales, avec des associations, on se rend chez les personnes, on les appelle, c'est un travail titanesque, moi je veux saluer toutes celles et tous ceux qui sont engagés sur ce sujet-là, on y arrive progressivement, on va encore une fois, foyer par foyer, pour les personnes qui acceptent de se faire vacciner, les vacciner, mais évidemment c'est les personnes qui sont les plus à risque. Et si vous me le permettez, pardon, une petite seconde, parce qu'on parle de ce sujet-là, moi je veux aussi appeler les Français qui sont éligibles, et notamment les plus âgés, à faire leur rappel vaccinal, parce que la réalité c'est que les études internationales…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le rappel c'est la troisième dose, c'est pareil.
GABRIEL ATTAL
Oui, les études scientifiques montrent que l'immunité conférée par le vaccin a tendance à diminuer avec le temps, et donc, quand vous avez plus de 65 ans, que vous êtes une personne fragile, que vous avez eu votre deuxième dose, ou votre schéma vaccinal complet, il y a plus de 6 mois, il faut faire le rappel vaccinal. il y a aujourd'hui, je crois, près de 5 millions de Français qui sont éligibles à date, et il y a un peu plus d'1 million, 1,5 million de personnes qui ont fait leur rappel, c'est trop peu, et si on veut que les personnes vaccinées continuent à l'être dans la durée, et notamment les plus fragiles, il faut faire ce rappel vaccinal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gabriel ATTAL, un mot, quelques mots sur Alain GRISET, qui est ministre délégué aux PME, qui est poursuivi pour déclaration incomplète, ou mensongère, de sa situation patrimoniale et de ses intérêts, réquisition du procureur, très dure acquisition, 10 à 12 mois de prison avec sursis, 30.000 euros d'amende, 3 ans d'inéligibilité, interdiction d'exercer la fonction de ministre. Il reste ministre ou il démissionne ?
GABRIEL ATTAL
Il reste ministre, il n'y a pas de décision de justice qui a été rendue, il y a une audience qui s'est tenue, pas de décision qui a été rendue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le 8 décembre la décision.
GABRIEL ATTAL
Voilà, moi je ne fais pas de justice fiction, je ne m'exprime pas sur une décision judiciaire avant qu'elle ait été rendue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il reste ministre ?
GABRIEL ATTAL
Bien sûr il est au travail, il a montré par ailleurs, pendant la crise, qu'il était extrêmement mobilisé, je peux vous dire que cet été, quand je suis allé faire des tables rondes avec des restaurateurs, des barmans dans le Var, à Brignoles, etc., on me parlait d'Alain GRISET qui a été au rendez-vous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais moralement ça ne vous pose aucun problème ?
GABRIEL ATTAL
Avec les restaurateurs, avec les responsables des bars, pour travailler avec eux sur le pass sanitaire et sur tous les sujets.
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il est condamné ?
GABRIEL ATTAL
Moi je ne fais pas de justice fiction. Vous imaginez, si là je disais à la justice "si vous prenez telle décision il se passera ça, si vous prenez telle décision il se passera ça", la pression que ça fait reposer, je veux dire, les considérations politiques ne peuvent pas rentrer évidemment dans la décision qu'auront à prendre les juges, donc aujourd'hui je n'ai pas d'autre chose à dire parce qu'il n'y a pas de décision judiciaire rendue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Gabriel ATTAL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 octobre 2021