Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, avec RTL le 4 novembre 2021, sur les aides aux entreprises, les stations de sport d'hiver et le passe sanitaire, le projet de liaison ferroviaire Charles de Gaulle Express et les efforts gouvernementaux en faveur de l'attractivité touristique de la France.

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  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie

Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q - Ce soir notre invité est justement le secrétaire d'Etat chargé du tourisme, bonsoir Jean-Baptiste Lemoyne.

R - Bonsoir.

(...)

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, je reviens vers vous, le secrétaire d'état chargé du tourisme. Sur les aides, justement, c'est vrai qu'on attend un plan de reconquête, des annonces concrètes ce mois-ci. Est-ce qu'on peut imaginer que vous étaliez, effectivement le remboursement des prêts garantis par l'Etat ? Pour l'instant c'est remboursements sur six ans et on l'a compris, c'est compliqué.

R - Alors, sur les aides, regardons d'où l'on vient : depuis 18 mois, nous avons mis sur la table, 38 milliards d'euros d'aides. C'est considérable. Cela comprend des prêts garantis par l'Etat, mais pas que : l'activité partielle, le fond de solidarité, etc...Et c'est ce qui permet, aujourd'hui, aux acteurs d'être encore debout. Aujourd'hui, je peux vous dire que les acteurs nationaux l'ont dit : "merci, grâce à vous, on est encore là" et les acteurs internationaux l'ont dit : " la France est le pays qui a sûrement le plus aidé, au monde, son secteur touristique ". Donc, on continue. Demain, avec Bruno Le Maire, nous recevons les secteurs impactés par la crise et donc ce sera l'occasion de faire un point sur les dispositions dont ils ont besoin. L'Etat a été là, et on continuera d'être là parce que le tourisme c'est essentiel, non seulement à nos vies, à chacun d'entre nous, on le voit bien, la vie n'est pas la même sans tous les plaisirs que procure le tourisme, mais c'est essentiel à la vie économique de notre pays.

Q - Alors, question de court terme, pour justement attirer justement de nouveaux, notamment des touristes étrangers, parlons des stations de ski. Arnaud l'évoquait, la saison arrive ; c'est demain. Est-ce que cet hiver ce sera ouvert, et surtout, est-ce qu'il faudra un passe sanitaire pour aller skier ? Parce que c'est un peu l'inquiétude du secteur.

R - Alors, déjà, cet hiver, c'est ouvert, c'est très clair. Les stations de montagne se sont préparées. J'ai été à leur rencontre en Haute-Savoie, dernièrement, avec les acteurs du tourisme de montagne. Et on est prêt aussi à accueillir aussi les clientèles internationales. Par exemple, il y a des trains qui sont mis en place depuis la Grande Bretagne, pour acheminer cette clientèle importante. Henri Giscard d'Estaing, du Club Med, tout à l'heure nous confirmait qu'au mois de janvier, il y a 25 mille Brésiliens qui vont venir skier dans les stations françaises ; donc bonne nouvelle, la montagne, après avoir connu un choc l'année dernière, elle va revivre...

Q - Il va falloir un passe sanitaire ou pas ?

R - Dans quelques jours, vous aurez la réponse, puisqu'on a encore une réunion de concertation avec les acteurs, demain, et je l'ai promis, la réponse aura lieu début novembre, on est donc plus très loin. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que cet hiver, encore une fois, on skie, on retrouve les plaisir de la glisse, et c'est très important. Je le dis d'ailleurs, les premiers flocons sont tombés. Je peux vous dire que les réservations sont en train de s'enflammer. Donc, c'est le temps de réserver si vous ne l'avez pas encore fait.

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, pour faire revenir les visiteurs étrangers, il va falloir séduire, on l'a compris. La fragilité de notre leadership, elle date aussi quelque peu d'avant le Covid. On vend à l'étranger l'image d'un Paris chic, mais le touriste chinois ou japonais qui arrive aujourd'hui à Roissy, il prend le RER B pour aller dans la capitale. Ce n'est pas forcément la meilleure vitrine de notre pays. Le projet de Charles de Gaulle Express, pour relier la capitale à l'aéroport dans des navettes toutes neuves, rapides, il en est où, parce qu'il n'y a plus de dates, aujourd'hui, c'est enterré ou est-ce qu'il y a encore un calendrier ?

R - De façon générale, le président l'a dit. Il a été très clair aujourd'hui. On doit mettre le paquet sur l'investissement et les infrastructures. Donc les infrastructures ça comprend notamment le ferroviaire, ses meilleures connections, ça comprend également, effectivement, l'arrivée, parce que la première impression, elle compte énormément. On en parlait tout à l'heure avec ADP. Et donc, je peux vous dire que on s'est fixé comme objectif d'ailleurs, avec le Président de la République, d'avoir 20 milliards d'euros d'investissement désormais, alors que d'habitude, le tourisme en France, c'est 16 milliards par an. Le but c'est d'augmenter parce que vous savez, le tourisme, il n'y a pas de mystère, pour faire venir les gens, il faut une offre qui soit au goût du jour, qui soit moderne, qui soit attractive. Et puis, il faut aussi créer de nouveaux produits. Nous recevions tout à l'heure justement, ces responsables du tourisme international à l'Hôtel de la Marine. L'Hôtel de la Marine, c'est ce joyau du XVIIIème, place de la concorde, qui a été rénové, qui a été ouvert seulement au mois de juillet dernier, par Monum. Je peux vous dire que ça fait partie, voilà, de ces nouveaux produits, qui sont là, qui peuvent être découverts. Comme ça, je peux vous en citer à la pelle, parce que la France, pendant la crise, elle ne s'est pas arrêtée. On peut évoquer de nouveaux concepts qui sont nés ici ou là, et donc, ça, c'est porteur d'espoir.

Q - Je vous permets de vous reposer ma question : le Charles de Gaulle Express, c'est enterré ou est-ce qu'il y a un calendrier, Jean-Baptiste Lemoyne ?

R - Alors là, écoutez, le ministre des transports pourra vous donner tous les éléments utiles, mais on garde naturellement l'idée d'avoir toujours une meilleure connexion entre l'aéroport et la ville. Je vous rappelle d'ailleurs que nous avons des évènements internationaux qui se déroulent prochainement, justement la Coupe du Monde de rugby en 2023, les JO en 2024. Tout ça, c'est aussi beaucoup de chantiers qui vont se poursuivre, qui vont laisser un héritage, et qui permettrons d'avoir des équipements et des infrastructures de bon niveau.

Q - On parlait de l'image de la France à l'étranger, Jean-Baptiste Lemoyne, je voudrais vous faire écouter le témoignage d'un auditeur qui nous a appelés au 32-10. Il s'appelle François, il dirige un restaurant à Paris dans un quartier très touristique, Saint-Germain-des-Prés, écoutez-le. (...) Est-ce que la vitrine de la France, Paris, a un problème d'image, Jean-Baptiste Lemoyne ? Est-ce que le Paris à la "Amélie Poulain", c'est plus compliqué à vendre aujourd'hui ?

R - Ce qui est sûr, c'est qu'en termes d'image, on ne doit pas se reposer sur nos lauriers, effectivement. On ne doit pas se reposer sur des images qui ont existé, on doit toujours mettre l'accent sur la promotion, le marketing, parce que les destinations voisines, effectivement, ne lésinent pas sur les moyens. C'est hyper important. Aujourd'hui, par exemple, des opérateurs ont annoncé des crédits supplémentaires pour mettre en avant la destination France. Et d'ailleurs au-delà seulement de Paris, parce qu'il n'y a pas que Paris pour le tourisme. Heureusement, il y a d'ailleurs un engouement pour les destinations dans nos régions, le littoral, la montagne... Le patron d'Airbnb le signalait, il disait : il y a désormais deux fois plus de demandes pour la Bretagne qu'il n'y en a pour Paris. Donc il y a une évolution des sociologies, des comportements. Le bonheur, il est dans " le près ", désormais, on va moins loin. On souhaite plus voyager en circuit court. Nous avons, et ça tombe bien, des marques mondiales très fortes. Quand on parle de Normandie, de "Burgundy", de Côte-d'Azur, de Biarritz, ça résonne dans le monde entier. Nous avons la chance de nous appuyer sur ce capital-là, et ça c'est un capital immatériel justement, en termes d'image, qui est très fort avec nos produits de gastronomie etc... Donc, on a des actifs très forts, mais maintenant encore une fois, il faut des moyens. C'est ce que souhaite le Président. On met des moyens à la fois pour investir, et à la fois pour promouvoir, parce que ce qu'on sait, c'est que la reprise, elle risque d'être forte, c'est le rebond qu'on observe en ce moment, mais aussi très concurrentielle. Et je peux vous dire qu'on n'a pas envie de se laisser chiper la première place en termes de personnes internationales qui visitent.

Q - Merci Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'état chargé du tourisme, d'avoir été ce soir notre invité sur RTL, alors que s'est ouvert aujourd'hui le Sommet Destination France.

R - Merci à vous.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2021