Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Gérald DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Bonjour.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la matinale de CNews. Vous étiez hier en visite à Argenteuil dans un commissariat qui a été attaqué la semaine dernière par les délinquants à coups de mortiers d'artifice, est-ce que la police est devenue une bande rivale des voyous ?
GERALD DARMANIN
Non, la police, comme la gendarmerie, dans des situations très difficiles, font respecter l'ordre républicain, et en faisant respecter l'ordre républicain, en l'occurrence notamment en luttant contre les stups, contre la drogue, de façon extrêmement efficace, les saisies sont très importantes ces derniers mois, eh bien il y a des réactions, des réactions de gens qui gagnent beaucoup d'argent en faisant de la drogue. Donc, il y a des réactions, et on est là pour rétablir l'ordre, ce qui a été fait évidemment à Argenteuil, comme ailleurs.
LAURENCE FERRARI
Mais ce sont des réactions normales, c'est-à-dire c'est normal que l'on riposte avec des tirs de mortiers d'artifice sur les policiers et leur commissariat ?
GERALD DARMANIN
Non, ce n'est pas normal, malheureusement ça toujours existé, la police a toujours été attaquée depuis qu'elle existe parce qu'elle essaye, de façon légitime, proportionnée, organisée, dans un Etat démocratique, de rétablir l'ordre quand d'autres vivent du désordre. Quand on vit, 30.000, 40.000, 50.000 euros d'argent liquide par semaine, quand on tient un point de deal et que la police vient le démanteler ce point de deal, évidemment on coupe la vie facile de plein de gens, donc évidemment notre travail à nous c'est d'intervenir et on le fait à chaque fois.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que votre action contre le trafic de stupéfiants porte ses fruits, notamment dans la région Ile-de-France ?
GERALD DARMANIN
Il porte ses fruits, +20% de saisies de cannabis, 14 tonnes en Ile-de-France saisies depuis le 1er janvier, l'année n'est pas terminée, 80% de saisies de cocaïne en plus, des saisies en plus sur l'héroïne, des saisies en plus sur l'ecstasy, c'est surtout des trafics qui sont arrêtés et des points de deal qui n'existent plus, peut-être centaines de points de deal en Ile-de-France, et ça je pense que c'est une action extrêmement concrète, un harcèlement extrêmement fort, c'est vrai en Ile-de-France, c'est vrai ailleurs, à Marseille par exemple, nous avons largement augmenté l'intervention, il y a plus de 50 opérations anti-drogue par semaine dans la ville de Marseille, et ça montre ses fruits.
LAURENCE FERRARI
Mais il y a toujours des checkpoints à Marseille, est-ce que ça c'est une situation acceptable ?
GERALD DARMANIN
Non, il n'y a pas de checkpoints à Marseille…
LAURENCE FERRARI
Il y a des zones où il faut montrer patte blanche avant d'entrer.
GERALD DARMANIN
Je pense qu'il ne faut pas dramatiser les situations. Il y a des moments difficiles dans la République, il y a des quartiers difficiles, il y en a toujours eu, moi j'ai été élu d'une ville, Tourcoing, difficile, voilà, j'ai été élevé dans des quartiers parfois pas faciles, comme beaucoup de Français, bien sûr qu'il y a des endroits où c'est plus difficile pour les habitants, pour la police, pour la gendarmerie, où ils se font insulter, bien sûr, où ils se font caillasser, où ils se font parfois tirer dessus, c'est tout à fait vrai, mais la police et la gendarmerie vont partout, et ils vont partout sur le territoire national, dans les quartiers Nord de Marseille, dans les quartiers difficiles des banlieues parisiennes, dans les banlieues difficiles de la région lyonnaise, mais je pense que c'est une insulte profonde faite aux policiers et à leur courage que de dire qu'il y a des endroits où ils ne vont pas, c'est tout à fait faux.
LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas ce que je veux dire. Je sais qu'il y a des checkpoints à certains endroits dans Marseille.
GERALD DARMANIN
Non, non, mais… checkpoints ça rappelle la Palestine et Israël, il ne faut pas être excessif…
LAURENCE FERRARI
Non, mais il y a des barrages.
GERALD DARMANIN
Vous êtes excessive, mais ce n'est pas grave…
LAURENCE FERRARI
Non, non, je ne suis pas excessive, je suis réaliste, je vois les faits.
GERALD DARMANIN
Je pense que je vois plus les policiers, me semble-t-il que je fais plus de nuits avec eux, que vous ne pouvez en faire, mais ce qui est vrai…
LAURENCE FERRARI
Je pense qu'on en rencontre un certain nombre aussi.
GERALD DARMANIN
En tout cas je peux vous dire que c'est une insulte profonde faite aux policiers et à leur métier que de ne pas voir là où ils vont, ensuite c'est à nous de donner du matériel, c'est à nous de donner des moyens d'intervention, des effectifs en plus. J'ai annoncé, à la demande du président de la République, 600 policiers et gendarmes en plus, rien que cette année, en Ile-de-France, donc c'est un point très important, 300 policiers, vous avez vu, à Marseille, annoncés par le président de la République, donc nous intervenons, on essaie de rétablir l'ordre où parfois des années et des années on a laissé faire n'importe quoi, c'est difficile, mais le travail des policiers et des gendarmes est tout à fait respectable.
LAURENCE FERRARI
A propos des renforts en Ile-de-France, Valérie PECRESSE estime qu'il s'agit seulement des 500 policiers que vous lui avez " piqués ", je la cite, dans les transports, " il se rattrape " dit-elle, qu'est-ce que vous lui répondez ?
GERALD DARMANIN
Madame PECRESSE est en campagne et en campagne on dit parfois n'importe quoi, en l'occurrence hier elle a dit n'importe quoi. Il y a 600 policiers de plus l'année prochaine, en 2022, sur la voie publique, il y avait déjà 1000 de plus depuis 2017, par mes prédécesseurs, ça fait 1600 policiers et gendarmes de plus en Ile-de-France, premièrement. Deuxièmement, dans les transports, ça n'a rien à voir avec ces policiers-là, il y en a 169 de plus depuis que le président de la République est président de la République, +19% d'effectifs en plus, Madame PECRESSE devrait remercier le président plutôt que de l'insulter. C'est vrai qu'en campagne on a tendance, encore une fois, à dire n'importe quoi, je suis sûr que dès la primaire sera finie elle pourra revenir sur les vrais chiffres, puisqu'on peut les vérifier, les rencontrer et leur dire bonjour.
LAURENCE FERRARI
Vous dites que tous les policiers vont partout, c'est la réalité, mais parfois ils sont obligés de reculer quand il y a trop d'adversité, est-ce que la solution de saupoudrer les effectifs n'est pas préférable à mettre des effectifs de façon permanente, c'est ce que demandent les syndicats de policiers, de façon pérenne, sur le temps, pour pouvoir sécuriser ces quartiers ?
GERALD DARMANIN
Oui, c'est exactement ce que nous faisons. A Argenteuil, par exemple, j'ai annoncé une cinquantaine de policiers supplémentaires pour la ville d'Argenteuil en 2022. Ecoutez bien ce que je dis, parce que c'est vraiment tout à fait extraordinaire ce que nous faisons, nous sommes passés, grosso modo, de 270 policiers qui étaient au commissariat, à +50, et il y aura, l'année prochaine, à Argenteuil - et d'ailleurs je remercie tous les élus, quel que soit leur bord politique, le maire est un maire LR, d'Argenteuil, il fait un travail difficile, la députée est une députée En Marche !, ils ont de concert demandé plus d'effectifs, ils ont raison, les policiers d'Argenteuil font un travail difficile - +50 policiers dans la ville d'Argenteuil, voilà, et ça c'est parce que le président de la République a souhaité créer 10.000 postes supplémentaires. Hier, lors des débats, j'entends parfois que ce n'est pas une question de moyens, ça c'est national, je remarque que localement chacun demande des moyens supplémentaires pour la police, et ils ont bien raison, et le président de la République, pour la première fois, a augmenté de façon considérable ces effectifs.
LAURENCE FERRARI
Les élus locaux, les maires, on en avait un il y a quelques instants sur l'antenne, se battent contre deux fléaux, les rodéos urbains, et il y a aussi, dans un certain nombre de cas, les mariages qui créent des débordements. Sur les rodéos urbains, quelle méthode choisir pour pouvoir les faire cesser, les policiers ont pour consigne de ne pas intervenir pendant que le rodéo se déroule, c'est bien ça ?
GERALD DARMANIN
Les policiers et les gendarmes doivent faire cesser les rodéos urbains, de motos, de quads, de voitures, sauf évidemment lorsque des personnes sont en danger, je ne parle pas simplement du conducteur du rodéo, qui lui évidemment est un délinquant, mais la veille dame qui passe la rue ou le bébé qui passe en poussette. Qu'est-ce que vous diriez si…
LAURENCE FERRARI
Là ils peuvent intervenir ?
GERALD DARMANIN
Si vous étiez avec votre poussette, dans une rue extrêmement fréquentée, il y a un rodéo, et que la chasse des policiers amène la mort de cette petit fille, tout le monde dirait c'est simplement scandaleux, et mon métier de patron de la police n'est pas simplement de dire c'est des cowboys, les policiers, c'est évidemment de dire, que dans une façon proportionnée et conforme à la sécurité juridique des policiers, parce qu'après on leur cherche des noises, et ensuite la sécurité des personnes, ne pas faire n'importe quoi, surtout que les caméras de vidéoprotection, et la façon dont aujourd'hui on équipe les policiers de ces caméras-piéton, nous permettent de retrouver après ces responsables de rodéos. Aujourd'hui, avec mon collègue de la justice, c'est 15 fois plus de procédures, d'interpellations, de procédures et de condamnations, qu'il y a 1 an, sur les rodéos urbains, parce que la majorité a voté un texte, qui a été voté par une très grande partie d'ailleurs de l'hémicycle, et je les en remercie, quels que soient les bords politiques, pour pénaliser. Avant, lorsque vous conduisiez sans permis, vous étiez plus condamné que lorsque vous aviez un rodéo urbain, c'est évidemment tout à fait différent depuis la loi voulue par la majorité présidentielle.
LAURENCE FERRARI
Mais on est bien d'accord que les interpellations se produisent après les rodéos, que pendant le rodéo le policier a pour consigne de ne pas intervenir ?
GERALD DARMANIN
Non, il y a les deux types de possibilité, soit il n'y a pas d'insécurité, on est dans un quartier, il n'y a pas beaucoup d'habitants, c'est la nuit, il y a des rodéos, évidemment que les policiers prennent en chasse cette personne, prennent en chasse la voiture, prennent en chasse la moto, et puis s'il y a des dangers parce qu'on est 4h de l'après-midi, qu'il y a des enfants qui sortent de l'école, évidemment on n'est pas des cowboys, voilà, et on préfère utiliser les caméras de vidéoprotection, relever les plaques d'immatriculation, savoir dans quel hall d'immeuble on cache la moto, être en lien avec les bailleurs pour les interpeller à 6h du matin, c'est une bonne police, voilà. Le travail du ministre de l'Intérieur ce n'est pas de dire « oui, tout est possible, il n'y a qu'à faut qu'on », nous sommes dans une démocratie et on doit tenir compte à la fois de la sécurité juridique des policiers et de la sécurité tout court des personnes qui sont à l'extérieur. Parce qu'une fois que le ministre de l'Intérieur il a dit ce que j'entends parfois, « y a qu'à faut qu'on », lui il rentre chez lui et le policier il a l'IGPN, il a la justice et il peut être condamné s'il a mis en danger la vie d'autrui, eh bien le travail d'un patron ce n'est pas de mettre en danger ses employés.
LAURENCE FERRARI
Vous parlez cowboys, ça évoque les Daltons qui sont les auteurs de rodéos urbains, un a été relâché, l'autre a été mis en examen pour complicité, ils avaient escaladé, on se rappelle ces images, le grillage d'enceinte de la prison de Lyon-Corbas. Tout est permis aujourd'hui, pourquoi ne pas les avoir interpellés, tiens, à la sortie de l'émission de Cyril HANOUNA dans laquelle ils avaient témoigné ?
GERALD DARMANIN
D'abord, excusez-moi, mais on ne peut pas interpeller les gens, en démocratie, sans preuves et à visage couvert, d'accord ? D'abord la question c'est pourquoi Monsieur HANOUNA les a invités ? C'est une question que les journalistes pourraient se poser entre eux.
LAURENCE FERRARI
Il invite tout le monde.
GERALD DARMANIN
Bien sûr, évidemment, donc on peut inviter les délinquants comme les honnêtes gens et que tout se vaut. Je pense que les médias devraient aussi se poser des questions. Si vous ne mettiez pas en avant un certain nombre de personnes peut-être qu'elles ne chercheraient pas le buzz, voilà.
LAURENCE FERRARI
C'est la faute du messager ?
GERALD DARMANIN
C'est en partie la faute du messager.
LAURENCE FERRARI
Bien entendu.
GERALD DARMANIN
Bien sûr. Vous trouvez normal, vous, d'inviter les Daltons sur le plateau ?
LAURENCE FERRARI
Ecoutez, moi je donne la parole à tout le monde.
GERALD DARMANIN
Vous les inviteriez ? Bon eh bien très bien…
LAURENCE FERRARI
Non.
GERALD DARMANIN
Eh bien voilà, vous ne les inviteriez pas, donc avouez que vous avez la même opinion que moi, on a progressé. Ce qui est sûr c'est que notre travail à nous c'est de les interpeller lorsqu'ils vont des actes de délinquance, ça a été fait. Moi je remercie le préfet et les policiers, et les gendarmes d'ailleurs, puisque ce sont des gendarmes dans le cas de la prison où ce monsieur délinquant a donné un…
LAURENCE FERRARI
Un colis.
GERALD DARMANIN
Un colis, avec de la drogue à l'intérieur, parce que personne ne le dit, mais il y a de la drogue à l'intérieur, il y avait du haschisch à l'intérieur, évidemment cette personne a été interpellée, nous interpellons les personnes. D'ailleurs j'ai été menacé par ces délinquants, très bien, la belle affaire. Moi j'ai dit à INSTAGRAM qu'il faut fermer leur compte, aujourd'hui ce compte est encore ouvert, je ne comprends pas pourquoi le groupe FACEBOOK ne ferme pas ce compte, ça fait trois jours que nous leur écrivons, on va commencer effectivement à se fâcher au ministère de l'Intérieur. Je dis à toutes personnes qui font des rodéos urbains, qui escaladent des prisons, qui font des actes de délinquance, qu'ils seront effectivement interpellés et soumis à la justice, les décisions de justice après elles sont prises par les magistrats, en toute liberté.
LAURENCE FERRARI
Et c'est justement ce que questionnent les policiers, la décision de justice qui n'est pas conforme, évidemment, à ce que eux souhaiteraient, c'est-à-dire que les délinquants prennent des peines de prison avec sursis et ressortent quasiment aussitôt.
GERALD DARMANIN
Alors d'abord ce n'est pas tout à fait vrai. Je dis aux policiers et aux gendarmes que si on fiabilise bien la procédure, si on rédige bien les procédures, si on a les images qui nous permettent de prouver que c'est bien les bonnes personnes, on condamne mieux que lorsqu'on fait des procédures qui sont parfois mal faites, et puis avec le garde des Sceaux, je sais, nous y travaillons, qu'il y ait plus de magistrats, parce qu'il y a beaucoup d'affaires qui arrivent sur le bureau des magistrats et ils ne sont pas assez nombreux, nous augmentons aussi le budget de la justice. On durcit la loi pénale, on a fait voter trois lois, avec Monsieur le garde des Sceaux, pour alourdir justement les sanctions pénales pour ceux qui s'en prennent à des policiers. Nous sommes le premier gouvernement à ne remettre aucune remise de peine, aucune remise de peine, pour les agresseurs de policiers et de gendarmes, donc on peut toujours améliorer les choses, mais en démocratie ce n'est pas le ministre de l'Intérieur qui fait le travail du ministre de la Justice.
LAURENCE FERRARI
Vous êtes d'accord avec les peines automatiques minimales que proposent certains LR pour les agressions de policiers ?
GERALD DARMANIN
On peut être d'accord sur le principe, mais le Conseil constitutionnel les a déjà censurées. Nicolas SARKOZY…
LAURENCE FERRARI
Donc il faudrait changer la Constitution ?
GERALD DARMANIN
En tout cas c'est la conclusion si… ce genre de proposition, je ne suis pas sûr qu'il faille changer la Constitution du Général de Gaulle tous les matins parce qu'il y a une primaire à l'intérieur d'un parti, mais moi j'ai soutenu le président SARKOZY, chacun sait que j'ai pour lui beaucoup d'affection et d'estime pour son travail, mais il est vrai, et chacun le sait, que les peines-plancher n'ont pas été validées par le Conseil constitutionnel.
LAURENCE FERRARI
Oui, mais pourquoi elles n'ont pas fonctionné à l'époque ?
GERALD DARMANIN
Ils n'ont pas été efficaces totalement pour la bonne et simple raison qu'on ne peut pas lier le juge à une décision, qu'il est libre, et que chaque cas est individuel, parce qu'il y a des explications du fait que vous ayez ou pas fait un acte de délinquance, si vous avez été élevé seul, bref, il y a plein de raisons pour lesquelles la justice est une justice humaine et pas une justice automatique, eh bien il faut tenir compte de ce qu'a dit le juge constitutionnel, donc reproposer des choses qui ont déjà été proposées, qui n'ont pas marché et dont on sait, quand on a été ministre de la République, que c'est inconstitutionnel, c'est prendre les Français pour des idiots.
LAURENCE FERRARI
Les caméras de vidéosurveillance c'est l'alpha et l'oméga pour vous…
GERALD DARMANIN
Non, mais ça aide beaucoup…
LAURENCE FERRARI
Contre l'insécurité ?
GERALD DARMANIN
Ce n'est pas l'alpha et l'oméga, mais les caméras aident évidemment à la police d'intervenir, de regarder les choses discrètement lorsqu'il y a des points de deal par exemple, et puis surtout des résoudre des enquêtes. Partout où il y a des caméras l'efficacité de la police est plus forte.
LAURENCE FERRARI
Il y en a de plus en plus dans les mairies écologistes, que vous aviez pointées du doigt, je pense à Lyon notamment.
GERALD DARMANIN
Je me réjouis que certains maires oublient un peu l'idéologie et deviennent pragmatiques, et qu'ils voient que les policiers municipaux, leurs policiers municipaux, leur expliquent que c'est plus efficace. D'ailleurs les caméras ce n'est pas simplement pour des actes de délinquance, ça peut être aussi contre les atteintes à l'environnement. Moi dans ma mairie, à Tourcoing, des gens jettent des déchets dans la rue, eh bien voilà, on peut relever la plaque d'immatriculation, on peut savoir qui est cette personne, on peut lui mettre une verbalisation, et les caméras elles aident, évidement dans un cadre éthique, mais elles aident évidemment, et j'invite tous les élus, toutes les villes que vous évoquez, mais pas que, à mettre des caméras de vidéoprotection.
LAURENCE FERRARI
Eric PIOLLE, le maire de Grenoble, dit que contre le deal cette stratégie ne marche pas dans les endroits conflictuels comme les points de deal, les caméras ne restent pas, les délinquants les scient, on en a vus quelques images il y a quelques semaines.
GERALD DARMANIN
Oui, mais regardez, je prends l'exemple d'Oyonnax. A Oyonnax, dans l'Ain, il y a eu, vous les avez d'ailleurs relayées ces images, deux délinquants qui ont cisaillé une caméra de vidéoprotection, on les a interpellés, alors personne n'en parle désormais, ils ont été interpellés, il y a un majeur et un mineur, et la justice a répondu de façon extrêmement importante…
LAURENCE FERRARI
A quoi ils ont été condamnés ?
GERALD DARMANIN
Le majeur est aujourd'hui en détention provisoire, donc on attend sa condamnation, c'est extrêmement fort, et les caméras la ville les a remis – moi j'ai été maire de Tourcoing, je n'ai jamais été, comme Monsieur PIOLLE, les bras ballants en disant " c'est comme ça et puis c'est tout ", eh bien oui c'est dur, bien sûr que c'est dur…
LAURENCE FERRARI
Et le mineur ?
GERALD DARMANIN
Il a été convoqué par la justice, et c'est normal, dans les prochaines semaines, donc j'attends la décision avec intérêt, mais on travaille très bien avec le Parquet, notamment de l'Ain, je veux dire qu'être maire c'est bien sûr difficile, mais il ne faut pas lâcher prise. Quand j'entends Monsieur PIOLLE dire " ça sert à rien ", je me dis il lâche prise, ce n'est pas pour ça qu'on l'a élu. Quand j'entends Monsieur ZEMMOUR dire qu'il est pour la légalisation du cannabis, je me pince. Il faut arrêter, peut-être que je suis un peu plus jeune et donc un peu plus dynamique, je ne sais pas, mais il faut arrêter d'avoir les bras ballants en disant " c'est comme ça et puis c'est tout. " Quand on fait de la politique on sait que c'est dur, ce n'est pas le monde des livres, ce n'est pas le monde des débats seulement intellectuels, c'est le monde du pragmatisme, et tous les jours essayer, en effet, que le monde aille mieux, il y a des jours où on y arrive, il y a des jours où c'est moins facile, et c'est pour ça que la politique c'est beau et c'est difficile.
LAURENCE FERRARI
Xavier BERTRAND hier, " où est la riposte quand il y a des rodéos, où sont les ripostes quand il y a des tirs contre les forces de l'ordre ? Il n'y a pas de riposte dans la part de l'Etat. " Qu'est-ce que vous lui répondez ?
GERALD DARMANIN
C'est excessif, mais encore une fois c'est une campagne. Moi ce que je constate…
LAURENCE FERRARI
Il ne dit pas n'importe quoi lui ? C'est votre ami.
GERALD DARMANIN
Oui, oui, mais enfin j'ai plein d'amis qui ne pensent pas comme moi, vous savez, ça peut vous arriver, mais c'est excessif encore une fois. Moi j'ai vu les LR hier qui se rétrécissent et ils ne se rendent pas compte qu'ils sont pris entre deux électorats, voilà. Leur électorat, je pense c'est les gens de droite gaullistes, libéraux, centristes, européens, ce qui a fait la grande majorité de l'UMP, eh bien voilà, il vote pour le président de la République, il vote pour Emmanuel MACRON, il voit que le ministre de l'Economie fait son travail, il a baissé les impôts, il a tenu la crise, sur le marché de Tourcoing les gens me disent " vous savez, qui aurait fait mieux ? ", voilà. Donc, la très grande majorité des électeurs de droite votent pour le président de la République, et puis…
LAURENCE FERRARI
Et les autres ?
GERALD DARMANIN
Il y a une partie de l'électorat, de droite, que malheureusement les LR ont un peu radicalisé, on a un peu rétréci, en leur faisant croire que l'immigration zéro était possible, en leur faisant croire qu'on pouvait changer la Constitution tous les jours. Moi j'entends des propos absolument excessifs, quand Monsieur BARNIER hier dit " il y a des régions entières où on ne se sent plus Français ", " des régions entières ", c'est un peu excessif, il faut l'avouer, eh bien voilà, cet électorat qui a été radicalisé et dont les dirigeants LR n'ont pas amené à comprendre que le monde était complexe, eh bien il vote pour Monsieur ZEMMOUR ou pour Madame LE PEN, donc je ne vois pas très bien où il est l'électorat LR aujourd'hui, moi je m'en inquiète et par ailleurs je me dis que c'est un peu dommage qu'après autant de temps d'opposition on en soit resté encore à des formules qui trahissent un petit peu, me semble-t-il, leurs électeurs. Moi j'invite tous ceux, qui ont cru hier à Jacques CHIRAC, à Nicolas SARKOZY, de soutenir le président de la République, qui a tenu pendant la crise des Gilets jaunes, et pendant la crise du Covid, une France à bout de bras, aujourd'hui nous avons la croissance la plus forte de l'Europe, quand on est de droite ça compte, la vie économique, on a le taux de chômage le plus bas depuis 10 ans, on cherche des mains alors qu'hier on aurait pu dire que nos commerces étaient fermés, on a un président de la République qui est au rendez-vous, regardez ce qu'on fait dans les armées, une loi de programmation militaire qui met 2 milliards d'euros par an pour les armées, un ministère de l'Intérieur qui est remusclé, il n'y a pas de raison d'aller voter ailleurs que pour le président de la République.
LAURENCE FERRARI
Eric ZEMMOUR s'est rendu samedi devant le Bataclan pour rendre hommage aux victimes du 13 novembre, il accuse François HOLLANDE d'avoir été au courant du danger, " dans les flux de migrants il y avait des terroristes " dit-il, " il n'a pas protégé les Français, il a pris une décision criminelle de laisser les frontières ouvertes. " Qu'est-ce que vous avez à répondre à cela ?
GERALD DARMANIN
Quand il y a autant de sang versé et qu'on est aussi loin des dossiers, je crois que Monsieur ZEMMOUR ne se grandit pas en disant ça, il est même insultant pour les victimes, et moi je n'ai pas beaucoup de sympathie pour le président HOLLANDE, mais personne ne doute un seul instant que c'est honnête homme, patriote, et qui a pris les décisions dans les informations qu'il avait. Monsieur VALLS et Monsieur CAZENEUVE, qui ont été ses deux ministres de l'Intérieur, je les connais, j'ai trouvé au ministère de l'Intérieur des gens qui avaient le souci de l'Etat. Bon, voilà, ce sont des propos déplacés, et qui sont insultants, voilà, ils ont insultants pour tout le monde. Je pense qu'il ne faut pas donner plus de publicité que ça aux provocations de Monsieur ZEMMOUR.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que la crise terroriste est présente, est-ce que la menace terroriste est encore extrêmement présente sur le sol français ?
GERALD DARMANIN
Bien sûr, elle l'est, comme dans toute l'Europe, comme dans tout l'Occident malheureusement, mais oui en France particulièrement. Les attentats, comme le Bataclan, sont difficilement imaginables aujourd'hui, ça ne veut pas dire qu'ils sont totalement interdits et que nous nous y préparons, mais c'est une menace hexogène, des gens qui s'organisent de l'extérieur - en l'occurrence ce n'était pas des migrants, mais c'est un autre sujet - et qui viennent frapper la France parce que d'un théâtre d'opération, la Syrie, le Mali, l'Afghanistan, on l'imagine, là nous avons beaucoup progressé. On a beaucoup mis les moyens pour empêcher cela, 1900 personnes en plus à la DGSI par exemple, mais par contre la menace endogène, la personne qui prend un couteau, prend un pistolet, et tue des gens dans la rue, bien sûr elle existe, on la voit. On a déjoué 36 attentats depuis 2017, il y a eu aussi des moments où on a raté quelque chose, voilà, et il y a eu des attentats sur le sol national, la menace est extrêmement forte, il faut que chacun soit vigilant.
LAURENCE FERRARI
La question des migrants, on l'a évoquée, la situation est toujours très tendue à Calais, Grande-Synthe ou Dunkerque, où près de 4000 migrants sont pris au piège entre la France et l'Angleterre, il y a eu un chiffre record de traversée de la Manche la semaine dernière, 1185 migrants. La Grande-Bretagne nous accuse de laxisme, qu'est-ce que vous répondez à vos homologues britanniques ?
GERALD DARMANIN
D'abord on n'a pas de leçon à recevoir de nos amis britanniques, qui sont nos alliés, mais je voudrais leur rappeler qu'on n'est ni leurs collaborateurs, ni leurs supplétifs. Ce soir je reçois une nouvelle fois mon homologue de l'Intérieur, je la recevrai avec tous les honneurs dus à son rang, mais je lui rappellerai quand même que les ONG qui empêchent la police et la gendarmerie de travailler c'est des ONG, en grande partie, britanniques, avec des citoyens britanniques, qui sont sur le sol français, et qui font de l'agitprop, que les passeurs qui organisent les réseaux, qui touchent beaucoup d'argent d'ailleurs, ils exploitent les personnes, des femmes, des enfants, de façon extrêmement fragile, qui vont grosso modo de l'Afrique ou du Moyen-Orient, jusqu'à l'Angleterre, ce sont des passeurs qui très souvent, on le voit, sont en Grande-Bretagne. Et pourquoi les gens vont à Calais ? C'est pour aller en Grande-Bretagne. Et pourquoi ils vont en Grande-Bretagne ? Parce que le marché du travail fonctionne, en Grande-Bretagne, en grande partie, grâce à une armée de réserve, comme dirait Karl MARX, des gens irréguliers qui peuvent travailler, donc si les Britanniques…
LAURENCE FERRARI
A Bas coût.
GERALD DARMANIN
A bas coût évidemment ; si les Britanniques changeaient aussi très fortement, là ils l'ont fait mais pas assez, leur législation, eh bien les gens ne seraient plus à Calais et à Dunkerque. Donc c'est nous qui subissons la politique britannique, il ne faut pas inverser les rôles. Donc on va d'abord rappeler à Madame la ministre britannique, malgré nos échanges cordiaux, que nous avons besoin d'une Grande-Bretagne qui prend des décisions et qui prenne le courage à deux mains.
LAURENCE FERRARI
Il faut revoir les accords du Touquet, leur redonner leur frontière ?
GERALD DARMANIN
On peut revoir un certain nombre… moi je ne suis pas très favorable à ça, on peut tout à fait l'imaginer, il ne faut pas être fermé, mais ce n'est pas parce qu'on changera tel ou tel accord, que l'on va changer la frontière, il y aura toujours un tunnel, il y aura toujours le meilleur moyen pour passer, depuis Jules César, en Grande-Bretagne par l'Europe, c'est quand même Calais, donc chacun le sait, et puis par ailleurs, supprimer les accords du Touquet c'est recréer Sangatte, ce qu'avait justement fait Nicolas SARKOZY, il avait supprimé Sangatte en faisant les accords du Touquet, mais enfin on peut toujours discuter de ces sujets, mais ce n'est pas l'apanage, il y aura toujours une frontière. Il faut surtout dire à nos amis britanniques que c'est une question internationale, les migrants ils viennent en général d'Afrique, ils viennent en général d'Asie, deuxièmement ils doivent prendre des décisions extrêmement fortes et ils doivent arrêter de nous prendre comme des punching-balls de politique intérieure. On voit bien que le gouvernement de Monsieur CAMERON, pardon, le gouvernement de Monsieur JOHNSON, excusez-moi, le gouvernement de Monsieur JOHNSON…
LAURENCE FERRARI
C'était il y a quelques temps.
GERALD DARMANIN
Voilà, exactement, le gouvernement de Monsieur JOHNSON est en difficulté, pour le brait, pour la question de la pêche, pour d'autres questions, nous respectons tout à fait nos alliés britanniques, mais on n'est pas leur punching-ball de politique intérieure.
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu'il faut maintenir les sas qui ont été installés à Calais, la maire de Calais dénonce le fait qu'on accueille, qu'on héberge les migrants ainsi, ce qui crée des points de fixation ?
GERALD DARMANIN
Il y a à peu près 600 migrants à Calais, à peu près 1500 entre Dunkerque et Grande-Synthe, donc on a à peu près 2000 migrants, et aujourd'hui, vous savez, la France elle reloge ces personnes. La France elle est à la fois ferme, il y a des milliers de policiers et de gendarmes qui empêchent les traversées, on a plus de 60 traversées empêchées, beaucoup de gens qui sont contrôlés, on a arrêté de distribuer des repas en centre-ville de Calais, on a accepté ce que nous a dit Madame la maire, qui est courageuse, avec sa population qui est courageuse, et en même temps nous sommes dans l'humanité, il y a des enfants, il y a des femmes, qui dorment la nuit dans des conditions extrêmement difficiles, l'hiver, à Calais, et on les reloge, on a relogé 12.000 personnes, 12.000 personnes depuis le 1er janvier, on distribue 2200 repas par jour, c'est l'Etat français qui paye, avec, considérons-le, des dépenses fortes, 4 millions d'euros ne serait-ce que, c'est ce que paye l'Etat, pour payer ces repas. Il faut le faire, parce que nous sommes une grande nation démocratique et qui aime le genre humain, et chaque individu, qu'il soit français ou pas français, mérite notre attention, donc le travail du ministre de l'Intérieur, c'est à la fois de la fermeté, empêcher les passages, lutter contre les passeurs qui exploitent ces personnes, et puis eh bien, effectivement, reloger ou accompagner, voilà, c'est ça qui est difficile.
LAURENCE FERRARI
Et si on surveillait nos frontières, Monsieur le Ministre ?
GERALD DARMANIN
Mais nous surveillons nos frontières…
LAURENCE FERRARI
Pas assez visiblement…
GERALD DARMANIN
Mais si, nous surveillons nos frontières et s'il ne surveillant nos frontières, mais la difficulté, Madame, regardez les Polonais surveillent leurs frontières, vous avez vu ce qui se passe. La Pologne est à la fois…
LAURENCE FERRARI
Situation inextricable…
GERALD DARMANIN
C'est absolument scandaleux ce qui se passe en Pologne, mais c'est pour les Français aussi quelque chose qu'il faut regarder. On voit bien que ce n'est pas une question de législation franco-française comme certains essaient de nous le faire savoir, bon, la difficulté, c'est évidemment que c'est un sujet mondial, les réfugiés climatiques, les guerres qui… les gens d'Afghanistan qui quittent les talibans, ils essayent de venir, utilisés par, soit des Etats, c'est le cas de la Biélorussie, soit des passeurs, qui sont criminels et qui essaient d'utiliser les humains pour faire de l'argent et pour déstabiliser des Etats, ce n'est pas une question de la frontière italienne et française, ce n'est pas une question de Menton ou de Vintimille, ce n'est pas une question…
LAURENCE FERRARI
Un petit peu quand même, c'est quand même par-là qu'ils passent…
GERALD DARMANIN
C'est une question mondiale et nous devons avoir une réponse européenne. Et le regret que…
LAURENCE FERRARI
Elle n'arrive pas la réponse européenne, Monsieur le Ministre…
GERALD DARMANIN
Le regret que je peux avoir justement, c'est que la réponse n'est pas assez européenne, que Frontex n'est pas tout à fait au rendez-vous, que la surveillance des frontières, que notre politique des visas n'est pas commune. Le président de la République préside l'Union européenne désormais dans quelques semaines, je sais qu'il aura à coeur de résoudre ce problème.
LAURENCE FERRARI
Où est-ce que vous en êtes du dossier des expulsions, vous aviez annoncé la réduction de la moitié des visas pour les ressortissants algériens et marocains, un tiers pour les Tunisiens. Quel résultat, est-ce qu'il y a eu des expulsions depuis ?
GERALD DARMANIN
Tout à fait.
LAURENCE FERRARI
Combien ?
GERALD DARMANIN
Alors, si je prends l'exemple des 1.100 personnes les plus dangereuses qui sont étrangères, dont le président de la République m'avait demandé d'établir une liste, il y en a plus de 930 qui ont été expulsées en 3 mois.
LAURENCE FERRARI
Vers quels pays ?
GERALD DARMANIN
Tous les pays, tous les pays dont les personnes sont de nationalité, moi, vous comprenez bien que l'idée, ce n'est pas de dire tel pays est celui qui a le plus de délinquants, ça peut être intéressant pour faire du buzz, mais après, on a des problèmes diplomatiques lorsqu'on réclame des visas, mais nous le faisons, et nous faisons tous les jours. Je constate d'ailleurs que nous sommes un pays qui expulse trois fois plus que les Italiens, trois fois plus que les Italiens, on parlait des Anglais, vous savez, les Anglais, ils expulsent 6.000 personnes, alors qu'ils ont un million et demi d'immigrés clandestins dans leur pays, on en a 600.000.
LAURENCE FERRARI
Donc on est les meilleurs d'Europe ?
GERALD DARMANIN
Non, c'est l'Allemagne qui est la meilleure d'Europe, voilà, donc on peut toujours s'améliorer, nous sommes numéro 3 sur les 27, voilà, donc on peut toujours s'améliorer, en effet, mais ce que je peux vous dire, c'est que l'Angleterre, qui expulse 6.000 personnes par an, quand on en expulse 20.000, donc évidemment, on a encore beaucoup de travail à faire, la politique sur les visas fonctionne, elle ne fonctionne pas avec tous les pays, il y a d'autres considérations, elle fonctionne avec certains pays, nous arrivons à expulser les personnes…
LAURENCE FERRARI
Tunisie notamment…
GERALD DARMANIN
Nous arrivons à expulser les personnes, et puis, il y a plein d'autres pays d'Afrique, il y a plein d'autres pays d'Asie qui sont concernés, ce n'est pas qu'une question du Maghreb, et nous travaillons, alors, bien sûr, on peut toujours améliorer la situation, cette situation, c'est quand on a pris... il y a un étranger qui ne doit pas rester sur le sol national, il doit être effectivement expulsé, on peut encore largement améliorer notre efficacité.
LAURENCE FERRARI
Quel est, encore une fois, l'état de nos relations avec l'Algérie, où monsieur TEBBOUNE, le président, vous avait accusé de mentir sur le nombre de ressortissants algériens à expulser, il avait d'ailleurs utilisé votre deuxième prénom à escient, ça vous avait touché ?
GERALD DARMANIN
Eh bien, ça me touche, bien sûr, ça blesse toujours, parce que c'était mon grand-père, et que mon grand-père avait choisi la France lorsqu'il était tirailleur algérien tout en étant fidèle à l'Algérie, puisque c'était en 1940, et c'est un grand soldat, bon, bien sûr, mais quand on fait de la politique, on est forcément attaqué personnellement, je le regrette, voilà, moi, je n'ai aucun problème ni avec l'Algérie ni avec le Maroc ni avec la Tunisie, moi, je suis un ministre de l'Intérieur français qui essaye d'appliquer le droit, voilà…
LAURENCE FERRARI
Mais est-ce qu'il faut courber l'échine devant l'Algérie, la réponse de l'Algérie à cette proposition de réduire les visas, ça été de rappeler l'ambassadeur à Paris, interdiction de survol pour les avions français ?
GERALD DARMANIN
Non, mais encore une fois, ni insulte envers l'Algérie ni courber l'échine…
LAURENCE FERRARI
Ni repentance ?
GERALD DARMANIN
Voilà, moi, je respecte le peuple algérien, l'Etat algérien, et nous devons avoir des relations d'Etat à Etat, il y a des relations qui ne sont pas efficaces avec certains pays au niveau du ministre de l'Intérieur, eh bien, c'est un fait, tout le monde le commente, voilà, donc comment on améliore les choses, c'est tout, il y des pays avec lesquels on a pu reprendre langue, moi, je remercie le gouvernement tunisien qui a compris ce que nous disions, et on essaie d'aider le gouvernement tunisien, c'est très difficile, notamment parce qu'il est à côté de la Libye, et qu'il y a des migrants qui partent de Tunisie pour aller en Italie, qui viennent en France, eh bien, nous aidons le gouvernement tunisien, nous allons l'aider à professionnaliser ses garde-côtes, on va lui donner de l'argent pour garder ses côtes, on va aider le gouvernement tunisien et il a repris langue avec nous, eh bien, je suis sûr que le grand pays et notre grand allié historique qu'est l'Algérie le fera.
LAURENCE FERRARI
Absolument, vous êtes sûr de ça ?
GERALD DARMANIN
Bien sûr, mais est-ce que notre travail à nous, entre Etats, c'est, ne pas simplement avoir des états d'âme, c'est d'avoir effectivement l'application du droit…
LAURENCE FERRARI
Des actes…
GERALD DARMANIN
Bien sûr, et donc nous y travaillons.
LAURENCE FERRARI
Monsieur MONTEBOURG proposait de bloquer les transferts d'argent privés entre ceux qui vivent en France et les pays du Maghreb, notamment l'Algérie, qu'est-ce que vous lui dites ? Il a rétropédalé depuis…
GERALD DARMANIN
Oui, oui, je n'ai pas grand-chose à lui dire, parce que ça n'a pas grand-chose à avoir, d'abord, ce ne serait pas constitutionnel, et puis, deuxièmement, ça voudrait dire en plus qu'on ment aux Français, parce que, qu'est-ce qui se passerait si on interdisait ces transferts, ce serait d'ailleurs assez injuste, mais enfin, bref, parce que ça toucherait des personnes qui essaient de faire vivre leur famille par ailleurs, et qui ne la font pas venir justement sur le sol national, eh bien, je donnerai de l'argent à un pays tiers, et puis, de ce pays tiers, on reverserait au pays que j'ai voulu interdire, donc en plus, c'est ridicule, donc je pense que ce serait bien de travailler les propositions avant de les mettre sur le débat public. Notre difficulté à nous dans le monde dans lequel nous vivons, c'est que chacun essaie de faire le buzz, voilà, bon, eh bien, ça dure ce que dure une feuille morte, je crois que les Françaises, ils ont très bien compris qu'il y avait des choses qui étaient excessives, et qui ne correspondaient pas à un grand pays comme la France.
LAURENCE FERRARI
Gérald DARMANIN était l'invité de la matinale de CNews. Merci beaucoup Monsieur le Ministre d'être venu ce matin.
GERALD DARMANIN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 novembre 2021