Texte intégral
C'est une réunion du Conseil des ministres du commerce importante à quelques semaines, quelques jours de la présidence française avec notamment la préparation de la réunion ministérielle 12 de l'OMC, réunion très importante qui doit démontrer le renouveau de l'OMC avec le sujet de la négociation sur les subventions de la pêche. Nous devons mieux réguler les subventions de pêche pour notamment préserver et protéger un système européen qui a montré ses résultats et mieux protéger les réserves halieutiques partout dans le monde.
D'autre part, nous devons aborder la question des relations entre le commerce et la santé, comment le commerce peut contribuer à mieux lutter contre les pandémies. On sait qu'il y a un certain nombre de sujets qui sont absolument clés, notamment la facilitation pour les pays en développement d'accès au vaccin, accès aux doses, mais aussi d'accès à une véritable chaîne de production dans les différents pays.
Troisièmement, il faut que l'on puisse commencer un processus nous conduisant à la réforme de l'OMC. C'est notamment le message que nous allons faire passer à Katherine Tai, tout à l'heure. Les Etats-Unis doivent bouger sur cette question si importante du redémarrage de l'OMC, de sa réforme.
Ensuite, nous aurons l'occasion d'évoquer les relations entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Nous avons vu que, ces dernières semaines, ces derniers mois, il y a eu des avancées sur un certain nombre de contentieux dont on a vu des avancées très nettes - je pense au conflit entre Boeing et Airbus, je pense aux questions d'acier et d'aluminium, je pense aux questions de taxe sur les services numériques. Les choses vont dans la bonne direction mais il faut rester concentré, il faut rester mobilisé, il faut être exigeant avec les Etats-Unis qui est un partenaire commercial important pour nous, sans naïveté.
Et continuons ensemble, Européens, de bâtir notre autonomie stratégique qui est la meilleure garantie de l'absence de tensions commerciales avec nos partenaires américains dans l'avenir.
Nous aurons aussi l'occasion d'aborder les questions des négociations en cours sur les accords de libre-échange. La France réaffirmera l'importance qu'elle voit d'avoir des accords commerciaux dans l'avenir avec différentes zones du globe. C'est une façon d'encadrer, finalement, les échanges et aussi de faire avancer un certain nombre de préoccupations auxquelles nous sommes très attachées, et notamment le développement durable, en matière de droits sociaux, en matière de droits humains, en matière de protection de l'environnement. Nous devons être exigeants sur ces nouvelles négociations pour faire en sorte que ces accords commerciaux soient des leviers pour faire bouger d'autres préoccupations que simplement les préoccupations commerciales, encore une fois, à commencer par le développement durable. Donc finalement, le message, c'est que nous devons mettre d'abord la substance avant les délais de finalisation de négociation, c'est ce que j'aurai l'occasion de dire et à la Commission et à mes collègues tout à l'heure.
Q - Il y a des préoccupations selon lesquelles la France ne souhaite pas avancer dans les négociations d'accords avec le Chili et la Nouvelle-Zélande avant les élections. Votre homologue allemand tout à l'heure a indiqué qu'il a déjà discuté avec vous et il a dit que l'Allemagne souhaite faire des avancées avec le Chili et la Nouvelle-Zélande dans les mois de décembre et janvier, donc bien avant les élections en France. Quelle est votre position là-dessus ?
R - La position de la France est claire. Nous sommes favorables à avancer dans les négociations d'accords de libre-échange. C'est utile pour nos économies : regardez les résultats positifs que nous avons eus avec l'accord avec la Corée, l'accord avec le Japon, avec le Canada, le CETA. Il y a une augmentation des exportations européennes vers le Canada, donc c'est bon pour nos économies, bon pour l'emploi, bon pour la croissance. Et en même temps, on doit, dans les négociations, être encore plus exigeant que nous l'avons été en matière de développement durable et en matière d'attention particulière aux filières agricoles sensibles, à un moment particulier où il y a une volatilité des marchés et où il y a un renchérissement par exemple du prix de l'alimentation du boeuf, du porc et de la volaille.
Donc à un moment où il y a beaucoup de difficultés dans ces secteurs sensibles, dans le secteur agricole, il faut particulièrement être vigilant. Et puis, nous devons être exigeants en matière de développement durable. L'augmentation du commerce ne doit pas se faire au détriment de la forêt, au détriment du climat, au détriment de la biodiversité. Donc, nous devons être encore plus exigeants dans les négociations en matière de développement durable, et c'est le message que nous allons faire passer. D'abord la substance de ces accords avant la rapidité de finalisation des négociations.
Q - Donc vous dites qu'il n'y a pas de blocage français, que vous pouvez conclure cet accord en décembre ou janvier, si on est exigeant ?
R - La question, c'est le fond de l'accord. Ce n'est pas le moment où il est conclu et donc encore une fois, c'est le message que nous allons faire passer à la Commission et à nos partenaires.
Q - Et si vous permettez, une question sur un sujet qui n'est pas directement sur l'agenda, mais les relations avec le Royaume-Uni, il y a maintenant des préoccupations selon lesquelles le Royaume-Uni va déclencher cet article 16, est-ce que la France croit que, dans un tel cas, dans l'hypothèse d'une suspension du protocole avec l'Irlande du Nord, il faudrait imposer des tarifs ou même terminer l'accord commercial avec le Royaume-Uni ?
R - Ecoutez, on mobilise beaucoup d'énergie pour ne pas qu'il y ait justement cette décision britannique. Nous sommes fermes sur nos demandes. Nous sommes souples et décidés à être compréhensifs sur un certain nombre de mises en oeuvre de ces différents accords. Mais s'il devait y avoir la décision que vous évoquez, à ce moment-là, il faudra une réponse ferme et unie de l'Union européenne, c'est ce que nous allons aussi continuer de soutenir.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 novembre 2021