Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur LCI. On compte sur vous, Monsieur le porte-parole du gouvernement pour être encore plus précis sur ce qui nous attend face au virus, puisque vous l'avez noté, l'inquiétude monde. Le professeur DELFRAISSY hier soir sur LCI a planté le décor, 1°) : il a dit que c'est une vraie vague, ça, c'est fait, si je puis dire, et d'autre part, que l'enjeu majeur, c'est d'abord de vacciner les six millions de Français qui ne le sont pas encore. Gabriel ATTAL, à part dire et redire ce qui est important, qu'il faut y aller, comment faire pour atteindre cette poche de résistance ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, c'est évidemment un enjeu complexe sur lequel on travaille, notamment avec des associations, avec des collectivités locales depuis le début de la campagne de vaccination, c'est le fameux aller vers, et on se dirige notamment, on dirige nos efforts notamment le plus vers les personnes les plus âgées qui ne sont pas vaccinées. Bon. Ce qu'on peut dire, c'est que, ce qu'on constate ces derniers jours, c'est que le nombre de personnes qui se rendent dans des centres de vaccination, dans des pharmacies, chez des médecins pour faire une première dose, a de nouveau augmenté, une augmentation de 20% ces derniers jours, alors, on part de bas, mais c'est un signe positif. Je pense qu'il faut continuer à faire de la pédagogie, à rappeler aux Français que c'est très important. Je pense que la situation effectivement et cette cinquième vague qui a démarré peut rappeler l'urgence et la nécessité de se protéger et de protéger les autres grâce au vaccin. Je complète en parlant aussi du rappel de vaccination, qui est très important pour les personnes fragiles, c'est-à-dire les personnes les plus âgées, les plus de 65 ans, et puis, les personnes qui ont des fragilités médicales, je pense aux personnes qui ont des maladies cardiovasculaires, des maladies respiratoires, qui souffrent d'obésité, de cancer, ce qu'on appelle les co-morbidités, elles sont aussi, quel que soit leur âge, éligibles aujourd'hui au rappel de vaccination, c'est très important qu'elles fassent ce rappel, on approche des cinq millions de Français qui ont réalisé leur rappel, c'est beaucoup, ça nous place au-dessus de la plupart de nos voisins européens, mais c'est encore trop peu. Et donc il faut continuer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, pourquoi il y a des questions aussi parce que c‘est vrai que vous avez fait un choix décisif le 12 juillet, c'est celui du pass sanitaire, c'est une contrainte, ça a fonctionné en termes de résultats de vaccination, pour atteindre toujours cet objectif de vacciner jusqu'au bout, jusqu'au bout tous les Français, il n'y aura pas néanmoins de contraintes supplémentaires ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi, vous savez, il y a une phrase que je répète beaucoup depuis que je suis porte-parole du gouvernement, quand on me parle de la crise du Covid, c'est que c'est très compliqué d'exclure par principe. Voilà, je dois la transparence aux Français et à ceux qui nous regardent, je manquerais à mon devoir en expliquant que j'exclue par principe des mesures supplémentaires, quelles qu'elles soient. Cette épidémie, elle nous a appris depuis dix-huit mois, et quand je dis, nous, c'est l'ensemble des pays du monde, malheureusement, qu'elle nous pouvait nous surprendre, et qu'on pouvait être amené à prendre des mesures qu'on n'avait pas anticipées. Ce que je veux dire, c'est que, évidemment, on a fait un choix depuis que la vaccination est arrivée, singulièrement, depuis le 12 juillet dernier, qui est de faire peser les contraintes sur les personnes qui ne sont pas vaccinées plutôt que sur les personnes qui sont vaccinées, effectivement, avec le pass sanitaire. Il faut se souvenir au moment où on a mis en place le pass sanitaire, on était un des seuls pays à le faire, certains dans l'opposition nous ont critiqués pour cela, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est qu'au niveau national, plus grand monde ne nous critique pour cela, et qu'au niveau international, la plupart des pays nous ont suivis, vous avez encore des pays, là, récemment, qui annoncent la mise en place d'un pass sanitaire ou d'un pass vaccinal.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça peut… évidemment, ça nous a protégés, mais le professeur DELFRAISSY le disait très bien hier sur LCI, il y a des limites à la vaccination, et on est en train de les toucher, d'où l'importance de la troisième vague, mais en termes de contraintes, encore une fois, de coercition, qui permettraient de cranter, comme on dit, notre protection, vaccination obligatoire ou pas ?
GABRIEL ATTAL
Alors, vous savez, ce débat-là, on l'a déjà eu, et d'ailleurs…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, redites-le, c'est important, les gens se demandent…
GABRIEL ATTAL
Moi, ce que j'ai souvent eu l'occasion de dire, c'est de demander à ceux qui recommandent une vaccination obligatoire, comment est-ce qu'ils le feraient, et qu'est-ce qu'ils proposent concrètement pour mettre en place une vaccination obligatoire, avec le pass sanitaire, quand même, on a réussi à inciter massivement les Français à se faire vacciner, sur la population éligible, c'est-à-dire les plus de 12 ans, on est quasiment 90% qui ont reçu au moins une dose, c'est beaucoup, c'est colossal, c'est plus encore une fois que beaucoup de pays qui nous entourent.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, une autre étape qui pourrait être aussi prise, c'est le pass vaccinal, c'est-à-dire le pass sanitaire moins les tests ?
GABRIEL ATTAL
C'est-à-dire, d'abord, on a fait un choix, je vous rappelle, qui est de ne plus rembourser les tests dits, entre guillemets, de confort, même si je n'aime pas trop ce terme, mais en tout cas…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'y reviendrez pas sur ce choix, parce que Jean-Luc MELENCHON hier…
GABRIEL ATTAL
Ce n'est pas prévu aujourd'hui…
ELIZABETH MARTICHOUX
Sur TF1, qui était l'invité de Gilles BOULEAU a dit : la première mesure immédiate, il faut rétablir la gratuité des tests…
GABRIEL ATTAL
On a eu une gratuité entre guillemets, un remboursement par la Sécurité sociale de tous les tests pendant quasiment 18 mois, et il y a peu de pays dans le monde qui ont eu cette politique…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'y reviendrez pas ?
GABRIEL ATTAL
Dès lors qu'on a eu la vaccination, et que, par ailleurs, on donne un certain nombre de dérogations, je rappelle que peuvent se faire tester sans frais les personnes qui sont vaccinées, les personnes qui ont une prescription médicale pour se faire tester ou les personnes qui sont cas contacts, ça fait quand même…
ELIZABETH MARTICHOUX
Une énorme majorité des tests aujourd'hui…
GABRIEL ATTAL
Une grande majorité des…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'y reviendrez pas ?
GABRIEL ATTAL
Ce n'est pas prévu aujourd'hui.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Confinement total, vous l'avez dit, pas envisagé, ni de près ni de loin, je vous ai entendu cette semaine, les Français ont d'autres questions alors plus précises, on leur a proposé de vous interpeller directement, je vous propose d'écouter Olivier DELANNOY, il est Lillois, il dirige un restaurant et il vous demande ceci. Ecoutez.
OLIVIER DELANNOY, GERANT DU RESTAURANT "L'ALCIDE" A LILLE
Monsieur ATTAL, bonjour. Est-ce que vous pouvez nous certifier que nous serons ouverts pour les fêtes de fin d'année, et j'attends de vous une réponse pas de politicien mais franche et sincère ?
ELIZABETH MARTICHOUX
On ne peut pas mieux faire. Allez-y.
GABRIEL ATTAL
Ce que je lui certifie d'abord, mais ça, il le sait, c'est que le pass sanitaire a été 100% efficace pour lui permettre de rester ouvert pendant la 4ème vague qu'on a connue cet été, il faut quand même se rappeler qu'on avait des taux d'incidence, un nombre de contaminations, qui sans le pass sanitaire, sans la vaccination, nous auraient probablement conduit à refermer les restaurants, les bars, tous ces lieux, parce que les contaminations étaient nombreuses, voilà, on a ce pass sanitaire, on a cette chance, et ce pass sanitaire, il vise encore une fois à permettre à tous ces lieux de rester ouverts.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, il y avait une question, c'est : pour Noël, enfin, est-ce que vous lui dites qu'à 100%, 150%, il sera ouvert ?
GABRIEL ATTAL
Ce que je lui dis, c'est que grâce… enfin, grâce au pass sanitaire, il y a tout lieu de penser qu'il pourra évidemment rester ouvert cet hiver, le but du pass sanitaire, c'est ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous pouvez me certifier, je le reprends, parce que c'est u très bon journaliste, il pose très bien la question, est-ce que vous pouvez lui certifier aujourd'hui qu'il restera ouvert à Noël ?
GABRIEL ATTAL
Je lui dis, je peux lui certifier que grâce au pass sanitaire, il y a tout lieu de penser qu'il restera ouvert, évidemment, il n'y a pas de raison de penser différemment.
ELIZABETH MARTICHOUX
Noël, vacances normales, pas les grands-parents à la cuisine, et les enfants au salon, comme ça avait été préconisé l'hiver dernier ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, d'abord, ce n'est pas le gouvernement qui avait tenu ces propos, je le rappelle quand même, c'est important…
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, mais il fallait de la distanciation sociale, et il était recommandé de ne pas aller voir les grands-parents sauf avec des tests les 24h précédentes…
GABRIEL ATTAL
Vous dites vacances normales, moi, je ne sais pas quelle sera la situation épidémique, et donc si vous avez une vague épidémique, des contaminations, je pense que de toute façon, on l'aura tous en tête ce virus, que donc ça nous poussera à être très responsables, maintenant, moi, ce que je veux rappeler, c'est que l'an dernier, on était à ce moment-là à la deuxième vague du virus, pendant les fêtes, beaucoup de personnes nous avaient dit : ce n'est pas responsable de laisser les Français aller passer les fêtes de Noël ensemble, se déplacer en France, se regrouper, se rassembler, vous allez avoir une vague très forte du virus dès le début du mois de janvier, etc. Nous, on a fait confiance à la responsabilité des Français, on a dit que les Français étaient responsables, qu'ils étaient parfaitement lucide sur ce virus, qu'ils savaient prendre les bonnes mesures, on n'avait en plus pas à l'époque la vaccination, et qu'est-ce qu'on a constaté, qu'on a eu raison de faire confiance à la responsabilité des Français, donc, moi, je vais vous dire, ces vacances, ces fêtes, je les aborde de la même manière, d'autant plus que maintenant, on a le vaccin qui protège, et qu'on a une couverture très large de la vaccination.
ELIZABETH MARTICHOUX
En faisant confiance donc aux Français, la génération de la troisième dose à toute la population, on a entendu beaucoup de médecins dire : ça viendra forcément, pourquoi pas le décréter maintenant ?
GABRIEL ATTAL
Pourquoi on fait la troisième dose ou le rappel de vaccination, comme on dit, parce qu'on a des études scientifiques assez nourries et nombreuses qui nous disent qu'à partir d'un certain temps, c'est estimé à environ 6 mois, chez les personnes les plus fragiles, donc encore une fois, les personnes âgées et les personnes qui ont des co-morbidité, on constate qu'il y a une diminution de l'immunité conférée par le vaccin, c'est pour ça qu'on a ouvert la troisième dose pour ces publics, elle sera même étendue aux plus de 50 ans à partir de début décembre, aujourd'hui, à ma connaissance, il n'y a pas de littérature scientifique qui nous dit qu'il faut prendre les mêmes mesures pour l'ensemble de la population…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pourtant…
GABRIEL ATTAL
Qu'on constate une baisse de l'immunité conférée par le vaccin pour l'ensemble de la population, si à un moment, on a cette recommandation qui vient des autorités scientifiques, évidemment, que c'est une question qu'on pourra se poser. Aujourd'hui, en tout cas, moi, je suis transparent, encore une fois…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais quand on entend le professeur DELFRAISSY encore hier, décidément, qui disait : mais les limites de la vaccination, c'est qu'en tout état de cause, c'est comme ça, ce vaccin face au delta, eh bien, il perd de sa puissance, dans tous les organismes, après 6 mois, donc cette troisième dose, elle est indispensable, alors, a fortiori, sur les personnes vulnérables.
GABRIEL ATTAL
Alors, j'ai écouté Jean-François DELFRAISSY, non pas hier soir, mais dans d'autres interventions qu'il a faites, il me semble qu'il a plutôt dit qu'il pense qu'on y viendra, je n'ai pas entendu de recommandation demandant au gouvernement…
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, non, mais il dit à terme…
GABRIEL ATTAL
Moi, je vous dis que, moi, je ne suis pas scientifique, je suis responsable politique…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous attendez que les scientifiques vous disent à partir de quel moment ce calendrier…
GABRIEL ATTAL
Oui, je pense que c'est important aussi…
ELIZABETH MARTICHOUX
Sera mis en place.
GABRIEL ATTAL
Et vous savez, je pense que c'est important aussi pour la confiance des Français dans les mesures qu'on prend et dans la vaccination d'une manière générale, il faut que les Français aient cette garantie que quand on recommande quelque chose ou quand on incite fortement à quelque chose, c'est parce qu'on a des bases scientifiques et des recommandations scientifiques qui le recommandent, et c'est ce qu'on fait encore une fois pour le rappel, la troisième dose, pour les plus âgés, pour les personnes qui ont des co-morbidités. Si on leur demande de faire ce rappel, c'est parce qu'on a suffisamment d'études scientifiques, de recommandations sanitaires qui nous disent qu'elles sont particulièrement concernées par la baisse de l'immunité du vaccin au bout de 6 mois, et donc c'est important qu'elles restent protégées.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour permettre la fluidité de cette troisième dose aux personnes éligibles, notamment à partir de 50 ans, en décembre, vous allez rouvrir les vaccinodromes ?
GABRIEL ATTAL
Oui, vous savez, au niveau de chaque territoire, de chaque collectivité locale, il y a eu une organisation avec des centres de vaccination, moi, je veux encore une fois saluer tous les efforts qui ont été faits par les collectivités locales, par les élus locaux, par les professionnels de santé qui ont donné de leur temps, pour faire vivre et faire tourner ces centres de vaccination, ils ont été évidemment soutenus par l'État, les agences régionales de santé, et puis, vous avez eu à partir de la fin de l'été, un peu moins de vaccinations, et donc effectivement, des centres qui, soit, se sont arrêtés, soit, ont réduit la voilure, évidemment que, là, avec l'augmentation des injections qui est liée au rappel de vaccination, aujourd'hui, pour les plus de 65 ans, demain pour les plus de 50 ans, ça peut amener des centres de vaccination qui avaient temporairement fermé, qui avaient fermé ou alors qui avaient réduit la voilure, à reprendre une activité. Mais je veux aussi insister sur le fait qu'on peut se faire vacciner chez son médecin, on peut se faire vacciner en pharmacie, qu'il y d'autres professionnels de santé qui peuvent vacciner, donc il y a d'autres moyens évidemment aussi d'accéder à la vaccination et au rappel, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas de centres de vaccination, encore une fois, ils ont montré toute leur efficacité, ils sont identifiés, les Français les connaissent, ils savent où aller. Et donc je pense qu'à l'échelle de chaque territoire, et les collectivités locales, les maires savent aussi quels sont les besoins de leur population et s'il y a besoin de renforcer un centre de vaccination ou de le rouvrir.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, une question, Gabriel ATTAL, qui préoccupe les parents, certains jugent que c'est un peu flou, elle vous est posée clairement par une maman de Marseille. On l'écoute.
MAMAN DE MARSEILLE
Bonjour Monsieur ATTAL, est-ce qu'on va venir à la vaccination des enfants pour les 5 à 12 ans ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, c'est un peu la même réponse que celle que je faisais tout à l'heure sur les autorités scientifiques, voilà, encore une fois, on prend les décisions dès lors qu'on a des recommandations scientifiques qui nous disent : voilà, on vous recommande.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous les attendez pour quand, elles sont… c'est d'abord au niveau européen, et puis ensuite, ce sera la Haute autorité de santé française, c'est quoi ?
GABRIEL ATTAL
Sur la vaccination…
ELIZABETH MARTICHOUX
On a dit fin décembre, début janvier…
GABRIEL ATTAL
Oui, alors, sur la vaccination des enfants, il y a effectivement l'agence sanitaire européenne qui étudie actuellement ce sujet-là, qui devrait nous remettre son avis d'ici à la fin de l'année ; donc à la fin du mois de décembre, et ensuite, il faut que les autorités sanitaires françaises notamment, la HAS, la Haute autorité de santé, s'en saisissent et remettent elles-mêmes un avis. Donc effectivement, en raison de ces deux formalités, enfin, ces deux procédures et ces deux délais, on attend ça plutôt au début de l'année, pas avant le début de l'année 2022.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous comprenez les parents, ils voient qu'on vaccine des enfants en Israël, aux États-Unis…
GABRIEL ATTAL
Oui, Israël, États-Unis…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc ils se disent, nous, nos enfants, pare que ça permet aussi, on le rappelle, de limiter la circulation du virus…
GABRIEL ATTAL
Dans une certaine mesure, de réduire la transmission du virus.
ELIZABETH MARTICHOUX
Dans une certaine mesure. Donc ils se demandent, début janvier, Gabriel ATTAL, c'est demain, on est le 17 novembre…
GABRIEL ATTAL
Mais vous savez, je pense que les mêmes Français se disent que c'est une décision qui est loin d'être anodine, et que c'est normal qu'on prenne le temps, et que les autorités de santé prennent le temps d'examiner ce sujet-là, d'ailleurs, je pense qu'elles pourront bénéficier aussi des premiers retours de la vaccination chez les enfants en Israël, aux États-Unis, qui sont les deux pays que vous avez évoqués, qui ont ouvert la vaccination aux enfants, mais je pense que c'est important qu'il y ait ce travail nourri qui soit fait par les scientifiques indépendants, avant que les responsables politiques aient à prendre une décision.
ELIZABETH MARTICHOUX
Bien sûr. Même si parfois, Emmanuel MACRON s'est affranchi des avis des scientifiques, on l'a vu dans le passé sur certaines décisions.
GABRIEL ATTAL
Sur la vaccination, on a quand même toujours voulu suivre les avis qui nous étaient remis.
ELIZABETH MARTICHOUX
Sur la vaccination… Et là, vous attendez donc, début janvier, une décision sera prise sur la base des recommandations…
GABRIEL ATTAL
En tout cas, je pense qu'elle ne sera pas prise avant cette échéance-là.
ELIZABETH MARTICHOUX
Gabriel ATTAL, une question politique, économique, le Sénat a retoqué cette nuit l'indemnité inflation qui avait été annoncée par Jean CASTEX, on s'en souvient, d'ailleurs sur TF1, 100 euros pour 38 millions de Français, il dénonce une mesure électoraliste, trop chère, mal ciblée, donc avec des effets de seuil et des effets d'aubaine, est-ce qu'en fonction du texte du Sénat, vous allez rectifier le tir de votre mesure ?
GABRIEL ATTAL
En tout cas, moi, je souhaite que l'Assemblée nationale puisse rétablir cette mesure. Et je veux d'ailleurs rassurer…
ELIZABETH MARTICHOUX
La même ?
GABRIEL ATTAL
Bien sûr, je veux d'ailleurs rassurer les Français qui nous écoutent, il y a ce qu'on appelle une navette parlementaire, c'est-à-dire que le projet de loi de finances, il examiné à l'Assemblée, au Sénat et revient à l'Assemblée, parce que parfois les Français, ils entendent le Sénat a supprimé, mais, c'est important de savoir qu'il y a cette navette parlementaire, et ce qui compte, c'est à la fin le texte qui est définitivement adopté, et que l'Assemblée nationale a le dernier mot, et qu'à l'Assemblée nationale, la majorité présidentielle est majoritaire, donc voilà.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc il y aura cette indemnisation inflation de 100 euros par 38 millions de Français ?
GABRIEL ATTAL
Oui, que l'Assemblée nationale le valide, mais, j'ai assez peu de doutes sur le sujet…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous, pour le gouvernement, vous ne changez pas une virgule ? Ça ne vous incite pas à modifier le ciblage, le montant ?
GABRIEL ATTAL
D'abord, je voudrais faire une remarque sur l'information que vous avez donnée, les mêmes, c'est-à-dire l'opposition, LR, puisque c'est eux qui ont la majorité au Sénat, qui nous disent en permanence : il y a une augmentation des prix, une augmentation des coûts de l'énergie, c'est difficile pour les Français, on met en place une mesure qui est quand même massive, on parle de 3,8 milliards d'euros, ils la suppriment en catimini, la nuit, comme ça, je veux dire…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour un dispositif, soyons honnêtes, ils proposent alternatif, moins coûteux et plus ciblé…
GABRIEL ATTAL
Ah, si c'est moins coûteux, ça veut dire qu'il y a moins de Français qui le reçoivent, voilà, on a pris une mesure massive, on l'assume, parce qu'il y a des Français qui travaillent, qui doivent prendre leur voiture, qui font face à l'augmentation des coûts de l'essence, mais aussi parce qu'il y a des Français qui sont retraités, qu'il y a des Français qui sont étudiants qui eux aussi font face à une augmentation des prix, à l'inflation qui ne concerne pas uniquement les prix de l'énergie, mais aussi d'autres produits qu'on peut trouver dans les magasins ou en supermarchés. Et donc oui, il y a cette mesure qui a été décidée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sera versé à partir de décembre.
GABRIEL ATTAL
A partir de décembre, et il y a un énorme travail technique qui a été mené…
ELIZABETH MARTICHOUX
Par les employeurs…
GABRIEL ATTAL
Par les employeurs pour…
ELIZABETH MARTICHOUX
Par les entreprises pour les salariés…
GABRIEL ATTAL
Pour les salariés, elles seront compensées évidemment par l'État sur la baisse…
ELIZABETH MARTICHOUX
Au centime près…
GABRIEL ATTAL
Voilà, évidemment, et voilà. Et après, pour les retraités, ça sera versé avec leur pension de retraite plutôt fin janvier, début février.
ELIZABETH MARTICHOUX
Fin janvier, début février pour les retraités. Tout ça, enfin, cette suppression du Sénat, c'est en droite ligne de l'accusation des LR de cramer la caisse, mesure électoraliste qui coûte trop cher ?
GABRIEL ATTAL
J'entends, moi, les critiques qui sont faites, les attaques dans un contexte préélectoral ou plutôt électoral chez les LR, que vous évoquez, puisqu'ils sont en congrès pour désigner leur candidat, ce que je constate c'est que, souvent, les mêmes qui donnent des leçons de responsabilité budgétaire font des propositions absolument pharaoniques de dépenses publiques, je pense à Valérie PECRESSE qui avait employé cette formule, elle fait des propositions qui se chiffrent à plusieurs à plusieurs dizaines de milliards d'euros, sans dire comment elle va les financer, alors dit elle veut supprimer des postes de fonctionnaires, mais elle ne dit pas où, donc c'est un peu, c'est un peu facile.
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle dit où ce ne sera pas le cas, donc par déduction, on voit où à peu près…
GABRIEL ATTAL
Eh bien, moi, je ne vois pas vraiment où, mais donc voilà, je pense qu'il faut être cohérent, responsable, quand on parle des finances publiques, il faut regarder les faits, voilà, on a un déficit public qui, sur l'année 2021, aura été inférieur à celui de l'année 2020, et on a en 2022 un déficit public qui est prévu en dessous des 5%, et on a une trajectoire qui nous permet de revenir aux 3% en 2027 ; oui, on est responsable, vous savez, si le quoi qu'il en coûte, on a pu le faire, si on a pu prendre ces mesures, c'est notamment parce qu'on a remis de l'ordre dans les finances publiques au début de ce quinquennat, quand on est arrivé en 2017, quand Emmanuel MACRON a été élu, la France, elle était dans ce qu'on appelle une procédure pour déficit excessif à Bruxelles, on a sorti la France de cette procédure pour déficit excessif, on l'a fait revenir sous les 3% de déficit, ce n'était pas arrivé depuis des années, c'est parce qu'il y a eu cette action responsable, cette remise en ordre des finances publiques qu'on a pu, au moment de la crise, prendre des mesures effectivement avec le quoi qu'il en coûte et d'autres mesures aujourd'hui de soutien…
ELIZABETH MARTICHOUX
On a fait sauter certains verrous au niveau européen aussi, en ce qui concerne le respect des comptes publics…
GABRIEL ATTAL
Oui, bien sûr, mais en tout cas, c'est important de le dire, s'agissant de la France, on était revenu dans un étiage qui était évidemment beaucoup plus responsable que ce n'était le cas quand on est arrivé en 2017.
ELIZABETH MARTICHOUX
On s'intéresse à cette étude de l'Institut des politiques publiques qui a été publiée hier, regardez le schéma qu'on a fait, et qui illustre parfaitement les conclusions de cette étude…
GABRIEL ATTAL
Je ne vois pas là, il faudrait l'afficher sur le grand écran, parce que je ne le vois pas…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pardon, est-ce qu'on peut le montrer à Gabriel ATTAL, voilà, bravo, merci, donc c'est très clair, on voit bien qu'une grosse majorité de Français a gagné en pouvoir d'achat, vous voyez, le schéma est très clair, ce qui est très clair aussi, c'est que les 1% les plus riches sont devenus plus riches et que les 1% les plus pauvres se sont appauvris. La pauvreté a augmenté, Gabriel ATTAL, tel qu'on le voit, là, ce qui contredit, pardon, sauf erreur, une de vos affirmations.
GABRIEL ATTAL
C'est une étude qui montre d'abord que le pouvoir d'achat, votre vie a augmenté globalement en France. C'est important de le signaler, c'est important de le dire pour l'ensemble des catégories de la population, au global, ce qu'elle dit ensuite, c'est qu'il y a une partie des Français les plus pauvres, vous voyez, qu'il y a une petite baisse, qu'on voit, etc. Cette étude, elle ne tient pas compte d'un certain nombre de mesures, elle ne tient pas compte d'un certain nombre de revalorisations des minima sociaux que nous avons décidées, elle ne tient pas compte de mesures qu'on a prises, je pense notamment à ce qu'on appelle le 100% santé qui vise à faire en sorte que ces Français les plus précaires qui habituellement, soit, renoncent à se soigner, soit font des dépenses qui imputent énormément sur leur niveau de vie, pour acheter des lunettes, des audioprothèses, des prothèses dentaires, eh bien, ils le fassent sans frais, c'est ça le 100% santé, vous avez aujourd'hui une offre, ce n'est pas l'ensemble des produits, mais une offre qui permet aux Français, notamment les plus précaires, mais à tous les Français d'ailleurs, d'accéder à des prothèses dentaires, des audioprothèse, des lunettes sans frais. Donc ça, c'est une mesure qui me semble importante pour le pouvoir d'achat des plus modestes, la généralisation du chèque énergie, je crois, n'est pas prise en compte non plus dans cette étude…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sont des mesures pérennes qui sont prises en compte, effectivement…
GABRIEL ATTAL
Oui, mais la généralisation du chèque énergie est une mesure pérenne, je ne parle pas du chèque exceptionnel qui a été mis en place, maintenant, je vais vous donner une autre étude qui est importante, qui a été réalisée par l'INSEE, l'INSEE, c'est quand même une institution très sérieuse, très solide, qu'est-ce qu'elle nous a dit ? Elle nous a dit que pendant la crise du Covid, la pauvreté n'avait pas augmenté, alors même…
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, je suis… parce qu'il y a les études, et puis, il y a le terrain…
GABRIEL ATTAL
Oui, mais là, en l'occurrence, vous me montrez une étude, donc je vous réponds en vous parlant d'étude…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, absolument, mais là, je n'ai pas contesté ce que vous disiez sur l'étude, mais je vais le mettre en miroir avec une étude de terrain ; c'est le Secours catholique ce matin qui a publié ses comptes annuels, et je rebondis parce qu'elle parle de l'année 2020, dont vous parliez à l'instant, et elle estime que 10% de la population française a fait la queue à la soupe populaire dans l'année 2020, ça constitue une forte hausse. Parce qu'il y a des chiffres, et puis, il y a les gens qui vivent cette situation, qui est insupportable, ça concerne des centaines de milliers de Français qui sont obligés, pour la première fois parfois pour eux, d'aller dans ces soupes populaires. Donc voilà, est-ce que vous l'assumez ?
GABRIEL ATTAL
Mais, moi, ce que je vous dis, Elizabeth MARTICHOUX, évidemment qu'il y a des Français qui sont dans des difficultés, voire dans une grande détresse, évidemment que la crise Covid a fragilisé des personnes, ce que je vous dis, c'est que par les mesures qu'on a prises, la gestion sociale de cette crise sanitaire, on ne peut pas dire d'un côté, confère l'échange qu'on avait auparavant, vous avez beaucoup dépensé, voire trop dépensé, et de l'autre côté, nous reprocher de le faire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, mais la question, c'est comment dépenser et pour qui…
GABRIEL ATTAL
Oui, eh bien, vous prenez un couple au minima sociaux qui a 2 enfants, donc qui est les premiers déciles ceux qu'on évoquait, les plus pauvres, grâce aux mesures qu'on a mises en place pendant la crise sanitaire, il a reçu à plusieurs reprises des aides exceptionnelles, en plus de ses minima sociaux, de l'ordre de 400 euros, il a reçu une augmentation de son allocation de rentrée scolaire, si je prends ce couple, cet exemple type, c'est 1 000 euros sur l'année 2020 en plus, ça me semble être un geste important, est-ce que ça a permis de régler tous les problèmes et la pauvreté dans notre pays ? Malheureusement non, vous savez que sur la pauvreté, on a. une conviction, c'est que c'est notamment par l'activité qu'on permettra aux Français d'en sortir, en leur permettant de trouver un emploi.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors ça, c'est intéressant. Le travail paye, on sent bien que, voilà, que ça va être un axe de campagne. Bruno LE MAIRE constate dans son livre que la prime d'activité, le dernier livre qu'il a publié, que la prime d'activité a plus augmenté que le RSA, qui est un revenu d'assistance, et il propose que le RSA soit revalorisé contre des conditions plus strictes et plus encadrées. Est-ce que c'est une proposition intéressante ?
GABRIEL ATTAL
Moi d'abord je pense que toutes les propositions constructives sont toujours intéressantes, et ensuite, quand elles viennent de Bruno LE MAIRE qui est quand même, voilà, qui a une certaine expérience…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, enfin il y a des désaccords…
GABRIEL ATTAL
Oui, mais je pense que c'est intéressant.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que cette proposition-là est intéressante ?
GABRIEL ATTAL
Moi je vous dis, toutes les propositions sont intéressantes, je vais venir sur ce sujet-là…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un peu la langue de bois…
GABRIEL ATTAL
Non, mais je vais venir sur ce sujet-là en particulier, Elizabeth MARTICHOUX. Ce que je veux dire c'est que, dans les propos de Bruno LE MAIRE, oui, il faut le redire, on a un objectif, qu'on a depuis le début du quinquennat, c'est de renforcer le pouvoir d'achat, la rémunération de ceux qui travaillent, et notamment des classes moyennes, et c'est vrai, comme il le dit, que la prime d'activité a beaucoup augmenté, que le nombre de personnes qui peuvent bénéficier de la prime d'activité a augmenté, qu'on a fait l'exonération de cotisations sociales, la défiscalisation des heures supplémentaires. Toutes ces mesures mises bout à bout, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'une personne qui travaille au SMIC, qui travaille dur, qui peut avoir des difficultés à boucler ses fins de mois, elle a, grâce à toutes ces mesures, l'équivalent d'un 13e mois et d'un quasi 14e mois…
ELIZABETH MARTICHOUX
L'idée, d'accord, c'est que le travail paye…
GABRIEL ATTAL
Oui, et quand on fait la suppression de la taxe d'habitation, je peux vous dire qu'il y a beaucoup de Français, quand vous vous déplacez, qui vous en parlent, quand on supprime la taxe d'habitation, je peux vous dire qu'ils voient aussi le gain, pour les classes moyennes, que ça représente.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça c'est une autre mesure. Mais cet axe de… il m'intéresse, enfin l'axe de campagne qui est, il l'a dit le président le 9 novembre dernier à la télévision, "on va faire en sorte que le travail paye, il paye plus", et vous vous avez dit au "Figaro" lundi, "choisir ou subir ça peut être un thème de 2022." Choisir ou subir, c'est un peu "si tu traverse la rue tu trouves un emploi, si tu fais rien… on dépense un poignons de dingue pour toi et ça ne te permets pas d'augmenter ton niveau de vie", c'est ça l'idée ?
GABRIEL ATTAL
Non, je parlais plutôt du destin de notre pays, parce que moi…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, ça se décline !
GABRIEL ATTAL
Parce que ce que je crois profondément, c'est que vous avez aujourd'hui des responsables politiques, on les entend dans le débat public, qui donnent le sentiment finalement qu'il faudrait rendre les armes, voilà, qu'il y aurait une forme de défaite acquise, de déclin acquis, prévu pour notre pays, moi je ne crois pas à ça du tout. Moi je pense profondément…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous parlez des déclinistes.
GABRIEL ATTAL
Oui, moi je crois…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous parlez de qui en particulier ?
GABRIEL ATTAL
Moi je crois profondément que la France elle peut tenir son rang et qu'elle peut même être pionnière et redevenir leader sur un certain nombre de secteurs, et c'est ce qu'on est en train de construire avec le plan de relance, avec France 2030, pour investir dans un certain nombre de secteurs stratégiques pour lesquels nous voulons que la France soit leader, c'est à ça que je faisais référence dans mon interview.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, parce que choisir ou subir, effectivement ça peut être un peu boomerang, par exemple vous donnez des bâtons, pour vous faire battre, à la droite, qui dit par une politique migratoire très insuffisante, effectivement les Français subissent une situation, alors qu'avec une politique plus volontariste on aurait pu avoir notre destin en main en ce qui concerne ce sujet, donc là…
GABRIEL ATTAL
C'est sûr qu'ils ont quasiment tous été ministres, les candidats à la primaire des LR que vous évoquez, qu'ils donnent des leçons en disant qu'ils ont toutes les solutions, je ne crois pas qu'ils aient réglé le problème de l'immigration quand ils étaient aux responsabilités. C'est un sujet qui est extrêmement difficile, on passe du coq-à-l'âne…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous, vous l'avez réglé ?
GABRIEL ATTAL
Nous en tout cas on s'est donné les moyens de le faire. En 2018 on a adopté une loi, qui s'appelle la loi asile immigration, qui est une loi très importante, pourquoi ? Parce qu'elle vise à un objectif, c'est de faire appliquer nos règles. aujourd'hui, depuis des années, vous avez un problème en France, c'est que nos règles ne sont pas suffisamment appliquées, les personnes qui ont vocation à rester en France, qui bénéficient de l'asile par exemple, d'un titre de séjour, ne sont pas suffisamment bien intégrées, et donc on a pris des mesures, doublement du cours de français, du parcours civique, parcours pour leur permettre de trouver un emploi, et de l'autre côté vous avez des personnes, qui n'ont pas vocation à rester en France, qui ne sont pas expulsées.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, on ne va pas revenir sur toutes les mesures parce que c'est vrai qu'il y a eu la loi immigration…
GABRIEL ATTAL
Ce que je veux dire c'est que suite à cette loi…
ELIZABETH MARTICHOUX
Gérard COLLOMB, dès le début…
GABRIEL ATTAL
Oui, mais suite à cette loi, c'est important pour terminer, qui a permis, notamment pour expulser davantage les personnes qui n'ont pas vocation à rester sur notre sol, on a réduit les délais, on a augmenté la possibilité d'être en centre de rétention administrative…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais c'est assez compliqué d'arriver à l'objectif fixé en 2018, vous n'y êtes pas encore.
GABRIEL ATTAL
Ce qu'on a constaté c'est qu'entre 2018 et 2019, une augmentation de 20% des éloignements…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça augmente, mais l'objectif n'est pas atteint.
GABRIEL ATTAL
Après il y a eu la crise sanitaire, et depuis c'est vrai qu'on a des difficultés avec notamment plusieurs pays du Maghreb, c'est pour ça qu'on a pris des mesures difficiles de réduction des visas pour les "inciter" à…
ELIZABETH MARTICHOUX
Quand est-ce qu'on aura les résultats de cette politique, ils seront publiés quand ?
GABRIEL ATTAL
Ça fait un peu plus d'un mois qu'on a pris cette mesure, on constate de premiers résultats sur la délivrance des laissez-passer consulaires, puisque c'est ça la difficulté, c'est que pour expulser quelqu'un il faut que son pays d'origine vous remette un laissez-passer consulaire pour que vous puissiez l'expulser, le reconduire à la frontière. On constate qu'il y a eu…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ferez un bilan quand de ce tour de vis ?
GABRIEL ATTAL
Dès qu'on constatera une amélioration notable. Il y a beaucoup de d'échanges diplomatiques qui ont lieu entre les ministres en France et puis à leurs homologues dans ces pays et encore une fois on constate qu'il y a eu, c'est vraiment embryonnaire, mais un progrès, notamment avec un des pays, qu'on constate aujourd'hui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, encore une question, je voudrais vous citer un livre qui est publié par Nathalie SCHUCK et Olivier BEAUMONT sur le couple SARKOZY- Emmanuel MACRON, il y a des extraits ce matin dans le journal "Le Parisien", également dans "Le Point", Nicolas SARKOZY est cité, ayant dit d'Emmanuel MACRON, "le fond de l'affaire c'est qu'il n'a pas eu d'enfant", et c'est ainsi qu'il expliquerait le défaut d'appréciation d'Emmanuel MACRON, notamment sur les questions de la laïcité, il estime qu'il n'a pas été assez ferme.
GABRIEL ATTAL
Alors, pour être très honnête je n'ai pas lu ce livre, ni les extraits que vous évoquez dans un journal, et par ailleurs je n'ai pas l'habitude de commenter des phrases qui sont rapportées, donc vraiment là-dessus je ne peux pas trop vous faire de commentaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
"Le fond de l'affaire, il n'a pas eu d'enfant", si c'est ça, voilà, c'est écrit ? C'est entre guillemets ? C'est la première fois, effectivement, qu'on le lit. Ça vous paraît…
GABRIEL ATTAL
Franchement, moi j'ai vraiment pris cette habitude-là. Je pense qu'elle est saine d'un point de vue de l'hygiène du débat public de ne pas commenter des phrases, des petites phrases qui sont rapportées parce qu'on ne sait pas si c'est vrai ou pas, on ne sait dans quel contexte ç'a été dit et si on se met à faire ça, je pense qu'on va passer beaucoup de temps alors que, à mon sens - je me trompe peut-être - mais je crois que ce qui préoccupe les Français, notamment peut-être ceux qui nous écoutent en ce moment, c'est les enjeux qu'on a évoqués. C'est la question de la crise sanitaire, c'est la question du travail, c'est la question des mesures qui sont mises en place pour relancer l'économie de notre pays.
ELIZABETH MARTICHOUX
On les a largement évoquées. Alors très vite, je vous pose 3 questions. Je vous demande d'être bref. Marine LE PEN, elle demande solennellement au président de la République un moratoire sur le démantèlement de Fessenheim, parce qu'en mars 2022 le démantèlement arrivera à un point de non-retour. Il le fera ou pas ? L'idée c'est de laisser la main à son successeur s'il est défait ?
GABRIEL ATTAL
Non, je veux rappeler…
ELIZABETH MARTICHOUX
En un mot, vous le ferez ou pas ?
GABRIEL ATTAL
Non, voilà. En un mot non.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Donc la réponse est non.
GABRIEL ATTAL
Et pourquoi ? Parce que parier et investir sur le nucléaire, ça ne veut pas dire le faire sans boussole ni sans regarder la manière dont ça se fait. Fessenheim, c'est quoi ? C'est une centrale de deuxième génération.
ELIZABETH MARTICHOUX
On ne va pas rouvrir ce débat maintenant.
GABRIEL ATTAL
C'est une des plus vieilles centrales en France. Il y avait des coûts prohibitifs pour renouveler Fessenheim, et c'est sur la plus grande nappe phréatique d'Europe. Donc en responsabilité, on a fait ce choix de fermer Fessenheim. En revanche, ça ne nous empêche pas - au contraire - de continuer à investir pour le nucléaire. Le président d'ailleurs s'exprimera très prochainement sur ce sujet-là.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quand ?
GABRIEL ATTAL
Je ne peux pas vous donner la date mais très prochainement. Le président s'exprimera pour dire…
ELIZABETH MARTICHOUX
Dans une semaine ? Deux semaines ? En décembre ?
GABRIEL ATTAL
Dans les prochaines semaines pour dire la manière dont le nucléaire va se développer dans notre pays.
ELIZABETH MARTICHOUX
Eric ZEMMOUR persona non grata dans une institution royale à Londres, et en Suisse la maire de Genève s'oppose à sa venue. C'était prévu le 24 novembre. Certains y voient une dynamique qui s'enraye, et vous ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi… Enfin Eric ZEMMOUR, il n'est pas candidat. Il n'a pas annoncé sa candidature donc moi j'ai du mal à faire des commentaires sur…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est de la langue de bois ça, Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Non, sauf si vous avez des informations que je n'ai pas, il n'est pas candidat.
ELIZABETH MARTICHOUX
Gabriel ATTAL, il n'est pas candidat. Est-ce que vous pensez qu'il peut ne pas l'être en fait ? Est-ce que ce serait ça ?
GABRIEL ATTAL
Enfin, je suis factuel. Quand on n'a pas déclaré sa candidature, c'est qu'on n'est pas encore candidat ou qu'on n'est pas candidat. Voilà.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc votre stratégie face à Eric ZEMMOUR, c'est de ne rien dire et d'attendre qu'il soit candidat.
GABRIEL ATTAL
Mais enfin moi, je réponds et je peux commenter des propositions, je peux répondre à des personnes qui sont candidates, qui sont élues. Ce n'est pas le cas d'Eric ZEMMOUR.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est une position très personnelle parce qu'il y a chez vous, dans la macronie au sens large, des personnalités, des élus qui attaquent. Vous, vous dites non.
GABRIEL ATTAL
Moi ce que je dis, c'est que je suis porte-parole du gouvernement, que notre pays est dans des difficultés importantes. Il en sort d'un point de vue économique, on l'espère aussi d'un point de vue sanitaire, et qu'il y aura à un moment l'élection présidentielle. Il y aura des candidats à cette élection présidentielle, il y aura un débat à ce moment-là et évidemment, mon souhait c'est d'y participer. Mon souhait, c'est que le président soit candidat, qu'il soit réélu.
ELIZABETH MARTICHOUX
Porte-parole jusqu'au bout ? Porte-parole de la campagne ?
GABRIEL ATTAL
En tout cas, je peux vous dire que je suis à fond dans ma tâche et évidemment que mon souhait c'est que le président soit candidat et qu'il soit réélu. Mais ce n'est pas le moment aujourd'hui pour nous de parler de la campagne présidentielle.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais on dit que vous êtes très bien dans le rôle de porte-parole.
GABRIEL ATTAL
Si, Elizabeth MARTICHOUX. Je suis ravi que notre échange se termine comme cela.
ELIZABETH MARTICHOUX
On le dit, je n'ai pas dit que je le disais.
GABRIEL ATTAL
Si, si. Vous l'avez dit, vous l'avez dit et vous le pensez je suis sûr.
ELIZABETH MARTICHOUX
On sait, c'est ma dernière question, que le président est darwinien donc il y a une sélection naturelle. Voilà, on dit que vous réussissez donc vous serez dans le dispositif.
GABRIEL ATTAL
Moi ce que je vous dis vraiment, c'est que si le président est candidat évidemment que je me donnerai à fond pour sa réélection. Evidemment.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et porte-parole du gouvernement, c'est bien comme poste ? Porte-parole de la campagne, on peut faire les deux en même temps ?
GABRIEL ATTAL
C'est un poste qui est difficile, qui est exigeant mais qui est passionnant. D'abord servir son pays, en plus à mon âge, c'est une chance et puis c'est un poste qui vous permet d'intervenir, de travailler sur une très grande variété de sujets, sur l'ensemble des sujets. C'est vraiment très intéressant.
ELIZABETH MARTICHOUX
Comme on l'a entendu ce matin sur LCI. Merci beaucoup Gabriel ATTAL d'avoir été avec nous ce matin.
GABRIEL ATTAL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 novembre 2021