Texte intégral
JOURNALISTE
A quoi ressembleront nos commerces dans 10, 20 ou 30 ans ? Est-ce que nous irons encore dans des boutiques, est-ce que nous achèterons tout en ligne, sur Internet par exemple ? Eh bien ces questions seront au coeur des Assises du commerce qui s'ouvrent aujourd'hui à Paris. Pendant trois semaines, de nombreux intervenants vont échanger, pour tenter d'imaginer ce que sera le commerce de demain. Pour en parler, ce matin, Pascale THIEBOLD, notre invité est le Nordiste Alain GRISET, le ministre en charge des Petites et moyennes entreprises.
PASCALE THIEBOLD
Bonjour Alain GRISET.
ALAIN GRISET
Bonjour.
PASCALE THIEBOLD
L'objectif de ces Assises est de trouver – je cite – un nouveau modèle pour le secteur du commerce. Ça veut dire quoi précisément ?
ALAIN GRISET
Eh bien d'abord il y a un fait incontestable, c'est que le commerce est dans une évolution considérable. Quand on regarde le commerce il y a 10 ans, 20 ans, et qu'on se projette dans 10 prochaines années, il y a beaucoup d'interrogations, alors que le commerce est un secteur économique extrêmement important, je rappelle, plus de trois millions de salariés, eh bien la France sans commerce, ça n'est pas la France, on l'a vu lors des confinements, et que par ailleurs c'est aussi l'aménagement du territoire, c'est une sorte de vie à la française, c'est la convivialité, et naturellement c'est un secteur sur lequel il faut avoir beaucoup d'attention. Il n'y a jamais eu en France une vraie politique de commerce, il n'y a jamais eu ces Assises, où les acteurs extrêmement différents, le petit commerce, la grande distribution, les achats en ligne, seront pendant trois semaines en situation d'échange, d'abord pour faire un constat sur son évolution du commerce, et puis ensuite pour essayer de se projeter.
PASCALE THIEBOLD
Ce petit commerce à la française dont vous parlez, les petites boutiques, est-ce qu'elles ont un avenir face au développement des plateformes en ligne notamment ?
ALAIN GRISET
Oui, naturellement, et en tout cas c'est notre volonté au gouvernement. Pour quelles raisons ? Parce que les Français, même si un certain nombre d'entre eux ont basculé vers l'achat en ligne, considèrent que la vie à la française c'est aussi le commerce physique. Et donc, il y a des sujets très importants, qu'il faut qu'on arrive à débattre, par exemple l'équité de traitement sur le plan fiscal, les questions d'aménagement du territoire, les questions des loyers, des baux commerciaux, tous ces sujets qui parlent beaucoup aux commerçants. Et nous, nous considérons que l'achat sur Internet n'est pas incompatible avec l'achat physique, c'est pour ça que dans le Plan de relance, nous avons mis des moyens importants pour accompagner les commerçants à se numériser, et que par ailleurs il faut absolument que nous regardions de quelle manière on ait une politique qui permette cette égalité de traitement et un développement harmonieux du commerce, entre le commerce en ligne. Il y a des aspirations des consommateurs qui évoluent, les commerçants souhaitent pouvoir rendre le service au consommateur, le consommateur souhaite acheter à proximité, souhaite acheter français, par ailleurs il se soucie quelques fois des prix bas, donc c'est tous ces éléments qu'il faut absolument que nous analysions pour ne pas subir les évolutions, mais au contraire les anticiper et avoir une politique d'accompagnement.
PASCALE THIEBOLD
Alors, pour préparer ces assises vous êtes justement allé à la rencontre des commerçants à Lille lundi dernier. Que vous ont-ils dit ?
ALAIN GRISET
Eh bien là, j'avais particulièrement des échanges avec les restaurateurs et les responsables de café, mais bon, d'abord eux-mêmes ont aujourd'hui une petite crainte par rapport à la remontée des cas de Covid, et donc permettez-moi de profiter de l'occasion pour dire qu'il est vraiment important que chacun se fasse vacciner, fasse sa dose de rappel, parce qu'on souhaite naturellement à tout prix ne pas fermer les commerces, et donc vigilance. Et donc ces artisans, ces commerçants, souhaitaient aussi travailler avec moi sur le deuxième sujet sur lequel je suis actuellement très investi, c'est le plan pour les indépendants, qui devrait modifier en profondeur la façon dont ces indépendants, les commerçants, les artisans, les professionnels libéraux, vont aborder l'avenir, leur avenir personnel, avec leur protection, la sécurité et la simplification de leur vie quotidienne.
PASCALE THIEBOLD
Alors, on évoquait le commerce en ligne effectivement, qui a connu un très fort développement et notamment à cause ou grâce à la crise du Covid. Les centres commerciaux aussi, est-ce qu'ils ont encore de l'avenir ou c'est un modèle qui est finalement dépassé aussi ?
ALAIN GRISET
En tout cas c'est un modèle qui évolue beaucoup. Les représentants des centres commerciaux seront présents pendant ces assises, un certain nombre d'entre eux se rendent bien compte et nous disent qu'ils considèrent que leur modèle doit évoluer, et donc ça fait partie des enjeux, parce qu'aujourd'hui il y a une vraie concurrence entre le commerce en ligne et la grande distribution, comme il y a eu pendant un temps la concurrence entre grande distribution et commerces physiques. Aujourd'hui, ces acteurs sont très nombreux, avec des modèles économiques différents, notre objectif c'est qu'il doit y avoir des modèles économiques différents, mais il doit y avoir surtout une égalité de traitement, pour qu'au bout du compte le consommateur fasse un choix, mais que le choix se fasse en toute connaissance.
PASCALE THIEBOLD
Alain GRISET, ces assises vont durer trois semaines, mais il y a une actualité qui vous concerne vous dans une semaine, c'est le jugement du Tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire qui vous concerne, une omission de déclaration d'une partie de votre patrimoine, le Parquet a requis à votre encontre 10 à 12 mois de prison avec sursis, est-ce que votre avenir au sein du gouvernement dépend de ce jugement ?
ALAIN GRISET
Permettez-moi de dire d'abord, que vous indiquez ce que le Parquet a demandé. Je précise que mon avocat a demandé la relaxe. Que par ailleurs j'ai indiqué depuis le début qu'il y avait eu une maladresse, une maladresse ça n'est pas une malhonnêteté, et donc j'attends ce jugement, et nous regarderons après la situation.
PASCALE THIEBOLD
Merci Alain GRISET d'avoir été l'invité de France Bleu Nord ce matin. Je rappelle que vous êtes le ministre en charge des Petites et moyennes entreprises, donc à l'occasion de l'ouverture de ces Assises du commerce. Merci, bonne journée.
ALAIN GRISET
Merci à vous, bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 décembre 2021