Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Bruno LE MAIRE
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans La Matinale de CNews.
BRUNO LE MAIRE
Merci.
LAURENCE FERRARI
La progression fulgurante du variant Omicron inquiète la France, 73.000 contaminations/jour. Un Conseil des ministres exceptionnel, convoqué lundi pour accélérer l’adoption du pass vaccinal. Ça veut dire qu’aucune mesure n’est exclue, aucune restriction n’est exclue pour les prochains jours ?
BRUNO LE MAIRE
Les restrictions ne sont pas exclues, mais le coeur de notre stratégie, il est très simple, c’est vaccination, vaccination, vaccination. Nous avons un des taux de vaccination les plus élevé au monde, c’est la meilleure protection contre la circulation du virus, et c’est la meilleure protection contre des mesures de restrictions sanitaires, qui ont toujours une incidence sur la vie quotidienne de nos compatriotes, sur la vie économique, et qui sont donc, à mon sens, moins souhaitables que cette vaccination, qui, aujourd’hui, fonctionne.
LAURENCE FERRARI
Alors, la circulation du virus n’est malheureusement pas empêchée par la vaccination, néanmoins, c’est aujourd’hui la seule arme dont nous disposons. Et il y a aussi d’autres possibilités, pourquoi pas un couvre-feu, pour réduire la circulation du virus, réduire les interactions sociales, puisque c’est là – on le sait – dans les restaurants, les bars, où on enlève le masque, que l’on risque aussi de se faire contaminer ?
BRUNO LE MAIRE
Non, mais je vois se multiplier aujourd’hui les peurs, les inquiétudes, qu’est-ce que le Gouvernement va décider, quelles sont les mesures de restriction supplémentaires qui sont sur la table ; aujourd’hui, ce qui est sur la table, c’est une seule chose, le pass vaccinal.
LAURENCE FERRARI
Rien d’autre ?
BRUNO LE MAIRE
Parce que c’est ce qui est sur la table aujourd’hui…
LAURENCE FERRARI
Il n’y a pas de couvre-feu…
BRUNO LE MAIRE
Est-ce qu’il y aura des mesures complémentaires en fonction de l’évolution de la situation sanitaire, ça, c’est le Premier ministre, le ministre de la Santé qui en décideront avec le président de la République si jamais cela est nécessaire. Mais ce dont nous discutons aujourd’hui, c’est la mise en place du pass vaccinal, c’est l’accélération de la vaccination, c’est la troisième dose pour ceux qui ne l’ont pas encore faite. Et c’est la première dose pour ceux, qui, finalement, se disent : eh bien, il vaut mieux se faire vacciner, 50.000 primo-vaccinés hier, ça paraît un chiffre anodin, moi, je pense que c’est un chiffre important parce qu’il montre que la vaccination gagne du terrain, y compris chez les plus réticents.
LAURENCE FERRARI
Les restaurateurs honnêtement sont en panique, ils se disent : voilà, le pass vaccinal, ne va sans doute pas régler les choses, est-ce qu’il n’y a pas un couvre-feu, qui nous obligera à fermer le soir, et donc on ne pourra pas tenir avec juste le service de midi. Et donc, est-ce que les aides de l’Etat seront à nouveau présentes ?
BRUNO LE MAIRE
Je veux dire aux restaurateurs des choses très simples, d’abord, nous ferons tout pour éviter des mesures qui pénalisent leur activité. En deuxième lieu, j’ai été là à leurs côtés, avec le Gouvernement depuis le premier jour, et je serai là, comme je l’ai indiqué, jusqu’à ce que cette épidémie soit derrière nous. Nous leur avons apporté du soutien, nous serons toujours à leurs côtés. Je suis en contact quotidien avec eux pour voir quelles sont les mesures complémentaires que nous pouvons prendre, il y a déjà des restaurants qui peuvent être impactés, ils ont déjà accès à des mesures de soutien financières, au cas par cas, en fonction de leur chiffre d’affaires. C’est la prise en charge des coûts fixes, dès que vous perdez 50% de votre chiffre d’affaires. C’est la prise en charge à 100 % de l’activité partielle si vous perdez 65% de votre chiffre d’affaires. Et puis, c’est l’accompagnement plus personnel, je leur téléphone, je leur écris, je suis en contact avec un certain nombre d’entre eux, je réponds à des mails, je regarde établissement par établissement ce qui peut se passer en France, pour être certain que nous apportons la bonne réponse à ceux qui sont le plus touchés par cette crise.
LAURENCE FERRARI
Mais le cas par cas, c’est une chose, une mesure unilatérale, comme un couvre-feu, ça voudrait dire à nouveau le quoi qu’il en coûte ?
BRUNO LE MAIRE
Le quoi qu’il en coûte, il a été efficace, et il nous a permis de protéger nos établissements, nos salariés, et d’avoir – je le rappelle – une des croissances les plus fortes de la zone euro en 2021. Donc la stratégie économique du Gouvernement reposant sur le quoi qu’il en coûte a sauvé le pays ; c’est aussi simple que cela. Qui aujourd’hui a retrouvé son niveau d’activité économique d’avant crise, pas le Royaume-Uni, pas l’Italie, pas l’Espagne, pas l’Allemagne, la France l’a retrouvé grâce au quoi qu’il en coûte, à la protection de l’activité économique et la relance. Et maintenant, nous sommes passés à une réponse qui est ciblée, au cas par cas, on regarde chaque entreprise qui a des difficultés, on accompagne celles qui sont les plus pénalisées, je pense évidemment aux boîtes de nuit, on a mis en place un dispositif accéléré de traitement des coûts fixes des boîtes de nuit qui sont fermées, je pense aux traiteurs, je pense à l’événementiel.
LAURENCE FERRARI
Ils sont très durement touchés…
BRUNO LE MAIRE
Oui, ils sont très durement touchés, forcément, aujourd’hui, il y a des annulations, il y a des fêtes de fin d’année qui sont reportées, il y a des pots de fin d’année qui sont annulés, c’est dur pour tout le monde, c’est une période qui est dure pour tout le monde. Les Français doivent simplement savoir qu’il y a un Gouvernement qui est à la barre, qui a une stratégie très claire reposant sur la vaccination, qui donne des résultats, et qui continuera à accompagner chaque entreprise, chaque salarié en difficulté, tant que cette crise durera.
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu’il ne faut pas décaler le remboursement des PGE, notamment pour ces restaurateurs qui se disent inquiets, Prêts Garantis par l’Etat ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne suis pas certain que faire un décalage complet des Prêts Garantis par l’Etat soit la bonne solution, parce qu’on reporte les échéances, en revanche, ce que j’ai prévu, c’est que pour chaque entreprise qui serait en difficulté, ça peut être un restaurateur, une petite PME, une TPE, ça peut être un traiteur avec 5, 6 salariés, s’il a une difficulté de remboursement de son PGE, dans son département, il va voir à la cellule d’accompagnement que nous avons mise en place, et il va voir son conseiller bancaire avec les pouvoirs publics, il n’est pas seul face à son conseiller bancaire pour négocier son prêt, il est avec les pouvoirs publics, pour qu’on regarde, là aussi, au cas par cas, si un étalement de son Prêt Garanti par l’Etat est nécessaire ; et nous trouverons, là aussi, je m’y engage, une solution pour chacun.
LAURENCE FERRARI
Il y a un vrai risque de désorganisation de la société au mois de janvier, si le développement d’Omicron est à ce point impressionnant, avec des salariés malades dans toutes les entreprises, est-ce qu’on pourra faire fonctionner, alors, tous ceux qui sont les premières lignes, qui sont indispensables à la vie de notre société, avec peut-être un cas sur trois de personnes isolées, alors, peut-être positives, isolées chez elles pendant 7 jours ?
BRUNO LE MAIRE
Vous savez, ça fait depuis mars 2020 maintenant que nous gérons cette crise avec le président de la République et avec le Premier ministre, ça fait depuis mars 2020 que j’accompagne les entreprises, les chefs d’entreprise, les indépendants, les artisans, les commerçants, les salariés, à chaque fois, on nous dit : ça va être très difficile, on ne va pas arriver à surmonter l’obstacle, moi, ce que je constate, c’est que nos compatriotes et la nation française tout entière, elle a su à chaque fois surmonter les obstacles mieux que d’autres pays européens, mieux que d’autres pays dans le monde, et que la société française a fait preuve d’une capacité de résistance, mais aussi d’imagination, d’inventivité exceptionnelle, et c’est pour ça que, moi, je ne redoute pas ce qui va se passer au mois de janvier, nous anticipons, nous prenons les décisions, nous accélérons l’adoption du pass vaccinal…
LAURENCE FERRARI
Vous anticipez sur…
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, on anticipe sur le pass vaccinal…
LAURENCE FERRARI
On ne sait pas ce que ça va donner…
BRUNO LE MAIRE
Mais regardez ce que nous faisons, Conseil des ministres exceptionnel le 27 décembre, donc nous allons tous revenir travailler le 27 décembre pour faire passer ce texte de loi sur le pass vaccinal, il pourrait être adopté dans la première quinzaine de janvier, nous anticipons, nous allons vite, avec une stratégie sanitaire claire : la vaccination, et une stratégie économique tout aussi claire, l’accompagnement de chaque entreprise qui pourrait avoir des difficultés.
LAURENCE FERRARI
Pourquoi ne pas aller à la vaccination obligatoire, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Parce que…
LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous y êtes favorable, vous ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, je suis favorable à la responsabilisation des individus, je le suis depuis le début, c’est vrai dans les domaines économiques, c’est vrai dans le domaine sanitaire, prenez l’intéressement et la participation, qui est un dispositif d’association des salariés auquel je crois beaucoup, certains disent : il faut le rendre obligatoire, non, je pense que l’incitation, la responsabilisation, ça correspond plus à ma philosophie politique, plutôt que la contrainte.
LAURENCE FERRARI
Et vous ne craignez pas que ces 7 jours d’isolement imposés à toutes les personnes positives n’ait pas un impact sur la vie des entreprises et la vie des services publics français ?
BRUNO LE MAIRE
Mais ça a toujours un impact bien entendu, d’abord, ça a un impact personnel, rester confiné chez soi pendant 7 jours ou 10 jours, ce n’est pas la période la plus agréable, bien entendu. Mais c’est aussi un geste de solidarité vis-à-vis de la société française tout entière.
LAURENCE FERRARI
Pourquoi ne pas avoir assumé le pass sanitaire en entreprise ? Parce qu’il y a des échéances électorales dans les prochaines semaines ?
BRUNO LE MAIRE
Parce que c’est toujours la même stratégie, discuter, dialoguer, et ensuite, prendre les décisions, vous savez, c’est étonnant, parce qu’on n’arrête pas de reprocher au président de la République de prendre ses décisions d’en haut, de manière verticale, sans écouter personne, et puis, lorsque il écoute, et qu’il prend en compte les objections, les craintes, on lui dit : mais pourquoi est-ce que vous avez écouté, alors, il faudrait savoir, il écoute trop, il n’écoute pas assez, nous écoutons trop, nous n’écoutons pas assez. Moi, j’estime, je le dis d’ailleurs dans mon ouvrage, qu’on n’écoute jamais suffisamment les Français, et que prendre le temps du dialogue, c’est toujours une bonne chose. Là, Elisabeth BORNE a engagé le dialogue sur ce sujet-là, on voit qu’il y a des obstacles, qu’il y a des réticences, nous les écoutons, moi, ça me paraît sage.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que la reprise économique peut être mise à mal par ce regain de l’épidémie de Covid ? Est-ce que notre croissance peut être impactée, la BANQUE DE FRANCE a revu légèrement à la baisse les prévisions pour l’an prochain à 3,6% ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, ça ne m’a pas échappé, Laurence FERRARI. Mais ce qui devrait frapper tous les Français, c’est des résultats exceptionnels de l’économie française, moi, je veux bien qu’on regarde : ah, la BANQUE DE FRANCE a révisé 3,7 à 3,6, enfin, c’est l’épaisseur du trait, pourquoi est-ce qu’on ne regarde pas plutôt, au lieu de regarder l’aiguille dans une botte de foin, qu’on ne regarde pas le paysage global, le paysage global, c’est que, économiquement, la France est le pays européen qui s’en sort parmi les mieux. C’est que c’est l’un des seuls à avoir retrouvé son niveau d’activité économique d’avant crise. C’est qu’il a un taux d’emploi qui est le plus élevé depuis un demi-siècle. C’est qu’il reste le pays le plus attractif pour les investissements étrangers. Donc il a traversé cette crise, et c’est ce que dit aussi la BANQUE DE FRANCE, il va sortir de la crise avec le même niveau de richesse qu’avant crise ; cette crise, qui est la plus grave depuis 1929, n’aura pas détruit de richesses en France, grâce à la protection que nous avons apportée, le quoi qu’il en coûte, et grâce à l’efficacité de la relance, les 100 milliards d’euros qui ont été dépensés très vite et très bien, et c’est ça qu’on devrait voir plutôt que le 0,1 de petite correction de la BANQUE DE FRANCE.
LAURENCE FERRARI
Le caillou dans la chaussure, c’est quand même l’inflation et l’impact évidemment sur le pouvoir d’achat, là encore, est-ce que les prévisions, Michel-Edouard LECLERC était là, il y a quelques jours, à votre place, il estime qu’on aura une inflation à 4%, donc l’impact sur le pouvoir d’achat va être énorme ?
BRUNO LE MAIRE
On verra quelles seront les bonnes prévisions, l’inflation, c’est mon sujet de préoccupation de la rentrée, de maintenant, c’est celui que nous avons commencé à traiter, là aussi en anticipant. La moitié de l’inflation, c’est les prix de l’énergie, et on le voit encore, les prix du gaz explosent, donc nous avons protégé les Français contre cette inflation, gel des prix du gaz décidé par le Premier ministre et plafonnement des prix de l’électricité, ce qui pèse le plus dans votre facture, à 4%, je rappelle juste que dans quelques jours, quand on aura tous pris des vacances bien méritées, qu’on se sera reposé, et qu’on va trouver notre facture d’électricité sur la table, vous avez la garantie que ce sera 4% en plus au maximum, ça pourrait être 15, 17 ou 20% si le Gouvernement n’avait pas anticipé, et n’avait pas pris les mesures nécessaires. Donc, oui, l’inflation est un sujet, mais là aussi, nous anticipons et nous protégeons.
LAURENCE FERRARI
Mais il n’y a pas que ça, évidemment, pas que le prix de l’énergie, les Français sont inquiets pour leur pouvoir d’achat, ils se disent : ça va diminuer de plus en plus.
BRUNO LE MAIRE
Ils ont une inquiétude qui est liée à l’augmentation des prix de l’énergie, ils ont raison, nous les protégeons, et je veux redire à quel point les décisions que nous avons prises avec le Premier ministre protègent le pouvoir d’achat des Français, après, la réponse, pour moi, au pouvoir d’achat des Français, elle n’a pas changé, c’est le travail, le travail qui paye, le travail qui rémunère bien, des augmentations salariales…
LAURENCE FERRARI
Travailler plus ?
BRUNO LE MAIRE
Travailler plus tout au long de sa vie, ça, ça fait partie des sujets qui seront ceux de la présidentielle, mais avoir un travail digne, bien rémunéré, avec des augmentations de salaires dans les secteurs qui cherchent à recruter, je pense justement à l’hôtellerie, la restauration, les bars, ça me paraît indispensable et ça me paraît la seule bonne politique sur le pouvoir d’achat.
LAURENCE FERRARI
Quitte à faire exploser notre dette, est-ce que la dette est quelque chose à laquelle vous pensez ?
BRUNO LE MAIRE
Tous les jours.
LAURENCE FERRARI
Tous les jours.
BRUNO LE MAIRE
Tous les jours, parce que ma responsabilité...
LAURENCE FERRARI
On va se sortir de cette spirale infernale…
BRUNO LE MAIRE
Ma responsabilité de ministre des Finances, vous savez, c’est, même si ça ne se voit pas, c’est de lever de l’argent pour que la France puisse emprunter, financer un certain nombre de dépenses, et je veux qu’elle puisse le faire dans de bonnes conditions, avec des taux d’intérêt très bas, ce qui est le cas, parfois même des taux d’intérêt négatifs…
LAURENCE FERRARI
Aujourd’hui…
BRUNO LE MAIRE
Aujourd’hui, ça reste des taux d’intérêt très bas…
LAURENCE FERRARI
Demain, on ne sait pas…
BRUNO LE MAIRE
Et ma responsabilité de ministre des Finances, c’est de faire en sorte que la franche puisse financer ses dépenses dans les meilleures conditions possibles, ça suppose d’être intraitable sur le remboursement de la dette, je serai intraitable sur le remboursement de la dette française, il faut le faire progressivement, il faut le faire avec une stratégie claire, de la croissance, elle est là, des réformes, elles sont là, notamment, la réforme de l’assurance-chômage, puis, demain, la réforme des retraites annoncée par le président de la République, et une méthode qui est la pluriannualité des dépenses, c’est-à-dire s’engager sur des dépenses sur cinq ans plutôt que sur un an, et un calendrier, dès 2027, nous devons repasser sous les 3% de déficit public. La clarté de notre méthode et la détermination personnelle du ministre des Finances, ça rassure les marchés, c’est ce qui nous permet d’emprunter correctement, et c’est ce qui garantit aux Français que la question de la dette qui m’occupe tous les jours sera traitée en temps et en heure avec efficacité et avec rigueur.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que toutes les décisions du Gouvernement ne sont pas prises à l’aune de la présidentielle qui a lieu dans trois mois, est-ce que le calendrier politique n’est pas en train de s’imposer sur le calendrier gouvernemental ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, je crois exactement le contraire, je pense que le calendrier politique disparaît, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, autour du président de la République et du Premier ministre, Jean CASTEX, nous ne sommes occupés que du traitement de cette crise sanitaire, les conséquences économiques qu’elle pourrait avoir, de l’accompagnement de ceux qui sont en difficulté, je pense que dans la tête des membres du Gouvernement, en tout cas, c’est mon cas, on ne pense pas présidentielles, on pense gestion de la crise.
LAURENCE FERRARI
Emmanuel MACRON dans sa tête, il pense… ?
BRUNO LE MAIRE
Ça, je ne suis pas dans la tête du président de la République…
LAURENCE FERRARI
On est bien d’accord, mais vous êtes un homme politique madré, donc évidemment, à trois mois d’une présidentielle, on y pense quand on est à l’Elysée ?
BRUNO LE MAIRE
Ça doit pouvoir lui arriver d’y penser, bien entendu, mais ce que je sais dans le travail quotidien que j’ai avec lui, c’est que nous ne parlons pas de l’élection présidentielle, et nous parlons beaucoup de situation économique, de réponse économique, de protection des secteurs, et des résultats économiques que nous avons réussi à obtenir.
LAURENCE FERRARI
Gérald DARMANIN, selon nos confrères du Parisien, a demandé un rendez-vous à Laurent FABIUS, le président du Conseil constitutionnel, pourquoi, pour décaler l’élection présidentielle si la situation sanitaire ne permet pas qu’elle se tienne dans des bonnes conditions ?
BRUNO LE MAIRE
Peut-être pour lui adresser ses meilleurs voeux de Noël et de fin d’année…
LAURENCE FERRARI
Peut-être, mais peut-être pas, pas seulement…
BRUNO LE MAIRE
Je n’en sais rien, vous savez, on peut prendre rendez-vous pour 1.000 raisons, donc vous lui poserez la question.
LAURENCE FERRARI
Le calendrier électoral peut être bousculé par la crise sanitaire ?
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne pense pas du tout, non.
LAURENCE FERRARI
Non. L’élection présidentielle aura lieu…
BRUNO LE MAIRE
Vraiment, je ne pense pas du tout, l’élection présidentielle est un rendez-vous majeur de notre démocratie, et les rendez-vous majeurs ne se décalent pas.
LAURENCE FERRARI
Qui sont les adversaires politiques les plus dangereux pour Emmanuel MACRON, est-ce que c’est Valérie PECRESSE, que vous connaissez bien, qui vient de votre camp ?
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne crois pas, je ne crois pas. Valérie PECRESSE est une candidate tout à fait estimable, dont beaucoup d’idées qu’elle propose sont déjà appliquées par le Gouvernement, dont beaucoup d’idées dont elle peut rêver ont déjà été réalisées par le Gouvernement, je pense en particulier à la baisse des impôts sur les particuliers ou la baisse des impôts sur les entreprises, je pense que notre seul adversaire, ça peut être la résignation, le fatalisme, le manque d’enthousiasme, alors même que nous sommes dans un pays qui vit une épreuve très dure, très dure pour tous, très dure pour les familles, très dure pour le moral de chacun, mais qu’il s’en sort exceptionnellement bien, et qu’il a montré qu’il avait des capacités de résistance et de rebond tout à fait exceptionnelles.
LAURENCE FERRARI
L’axe Marine LE PEN/Eric ZEMMOUR ne vous inquiète pas ?
BRUNO LE MAIRE
Ce qui m’inquiète, ce qui me préoccupe, ce qui m’interroge, c’est que deux candidats qui défendent des idées auxquelles je suis profondément opposé puissent faire des scores aussi élevés, ça prouve qu’il nous reste aussi beaucoup de travail à faire pour convaincre les Français.
LAURENCE FERRARI
Votre livre « Un éternel soleil – publié aux éditions Albin MICHEL – et si la France allait mieux qu’elle ne le croit ? », en ce moment, on a du mal à se dire qu’on va mieux, que la France va mieux, on est dans une situation très compliquée…
BRUNO LE MAIRE
C’est normal…
LAURENCE FERRARI
Il est où le rayon de soleil, là, que vous espérez ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, le rayon de soleil, il est très simple, il est chez chaque Français que je rencontre, chaque Français que je vois, ça peut être un entrepreneur, ça peut être un salarié, ça peut être un ouvrier, ça peut être un agent de caisse, qui continue à faire son travail malgré Omicron, et malgré le virus, chaque Français me donne confiance dans la France, et je n’ai aucun doute que notre pays va sortir plus fort de cette crise, et si j’ai écrit ce livre, c’est justement pour montrer aux Français, mais au lieu de regarder systématiquement, comme le proposent Eric ZEMMOUR et Marine LE PEN, ce qui est difficile, ce qui ne va pas bien, mettre la loupe sur les difficultés françaises qui sont réelles, et que je ne mésestime absolument pas, regardons aussi ce dont nous sommes capables, traitons les problèmes les uns après les autres, plutôt que d’en faire une montagne absolument insurmontable, et nous nous en sortirons, nous en sortirons plus forts et plus rassembleurs.
LAURENCE FERRARI
Mais à condition de refonder aussi notre système de gouvernance politique ?
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr.
LAURENCE FERRARI
On ne peut pas rester comme ça…
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, c’est ce que je dis très clairement dans le livre, je pense faire des propositions fortes sur le sujet, quelles que soient les propositions que nous faisons, si nous voulons qu’elles soient appliquées, il faut une autre gouvernance politique, une autre méthode politique, plus simple, plus directe, qui associe davantage les Français avec moins de parlementaires, avec des gouvernements resserrés, avec une association des Français à la décision, moi, je ne vois pas pourquoi lorsque nous adoptons une loi, des Français ne pourraient pas proposer un amendement qui serait examiné par les commissions compétentes, pour que les Français soient sans cesse associés à la vie politique. Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait autant d’abstentions si on ne tend pas la main aux Français pour qu’ils participent à la vie politique.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Bruno LE MAIRE : " Un éternel soleil : et si la France allait mieux qu’elle ne le croit ? ", aux éditions Albin Michel. Merci d’être venu ce matin dans La Matinale de CNews.
BRUNO LE MAIRE
Merci Laurence FERRARI.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 3 janvier 2022