Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Apolline de MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci de répondre à mes questions ce matin sur RMC et BFM TV. Vous êtes ministre de l'Economie, des finances et de la relance. D'abord, une question sur les prix de l'essence, le 21 octobre dernier, quand Jean CASTEX a annoncé le fameux chèque de 100 euros, l'indemnité inflation, le litre de gasoil coûtait 1,57 euro, le litre de sans plomb était à 1,67. Au moment où on se parle, en moyenne, sur la France, le gasoil, il est passé à 1,62 le litre, et le sans plomb 95 à 1,68. Ça veut dire que ça a continué à augmenter par rapport au moment où, déjà, on disait que c'était le feu. On fait quoi ?
BRUNO LE MAIRE
On agit comme on le fait depuis trois mois, vous me parlez des prix des carburants, si on reprend l'ensemble des prix de l'énergie, ils ont tous augmenté, le gaz, l'électricité, et effectivement les prix du carburant, on est à 1,62 euro à peu près le prix du diesel, du litre du diesel, comme vous l'avez indiqué. Ça fait trois, quatre mois qu'avec le Premier ministre, avec le président de la République, nous avons anticipé cette hausse massive de tous les prix de l'énergie, sans exception, pour une raison qui est simple, c'est que nous avons une reprise économique qui est très forte, donc il y a des besoins d'énergies partout dans le monde, et il y a un manque d'énergies, il y a un manque de gaz, il y a un manque de pétrole, il y a un manque d'électricité partout dans le monde. Donc les prix augmentent. Aucun autre gouvernement européen n'a fait autant que nous pour protéger les Français contre cette augmentation des prix, on a gelé les prix du gaz…
APOLLINE DE MALHERBE
Là, évidemment, vous allez me parler de l'électricité et du gaz, et je le comprends parfaitement…
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais, une seconde sur les prix de l'électricité, les prix du gaz, ils sont gelés, c'est déjà une première décision, enfin, nous sommes aujourd'hui le 18 ou le 19 janvier, le 1er ou le 2 février prochain, les Français vont recevoir leur facture d'électricité, ils vont faire comme tout le monde, ils vont, soit, la voir sur le Net, soit, ils vont ouvrir la petite enveloppe assez désagréable, et au lieu de voir 900.000 euros, c'est la facture en moyenne, ils auraient dû voir au 1er ou au 2 février, 1.350 ou 1.400 euros, vous imaginez le choc quand vous ouvrez en début d'année cette enveloppe et que vous voyez que votre facture d'électricité est passée de 1.000 euros à 1.350 ou 1.400…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça, c'est le montant que ça aurait été si vous n'aviez pas bloqué les prix ?
BRUNO LE MAIRE
Exactement ! C'est le montant exact qu'un Français, en moyenne, aurait eu à payer, si jamais nous n'avions pas dépensé huit milliards d'euros pour l'Etat, en supprimant la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité, huit milliards de perte de recettes fiscales pour l'Etat. Et si nous n'avions pas demandé un effort à EDF, que je salue d'ailleurs, parce que c'est un effort important pour EDF…
APOLLINE DE MALHERBE
On y reviendra d'ailleurs, parce qu'un certain nombre de salariés d'EDF craignent…
BRUNO LE MAIRE
Donc, ça, c'est juste pour montrer l'ampleur de la protection que nous avons apportée.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais si vous le faites pour EDF, pourquoi est-ce que vous ne le faites pas pour les prix de l'essence, pourquoi est-ce que vous ne jouez pas sur les taxes ?
BRUNO LE MAIRE
Il y a une vraie différence, c'est que nous produisons l'électricité, et nous ne produisons pas de pétrole.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais par contre, on produit des taxes…
BRUNO LE MAIRE
Donc quand vous baissez les taxes sur les prix du carburant, eh bien, dans le fond, vous financez les importations de pétrole venues des pays du Golfe. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure réponse. La réponse que nous avons apportée, parce que nous avons apporté une réponse avec Jean CASTEX, c'est l'indemnité inflation, cette indemnité inflation, elle était là précisément pour protéger les Français contre ce que nous avions anticipé, cette augmentation des prix du carburant, 100 euros, pour 38 millions de Français, pour près de quatre milliards d'euros de dépenses. Je rappelle d'ailleurs au passage que tous ceux qui, aujourd'hui, nous disent : ah, eh bien, vous devriez faire ceci, vous devriez faire cela, j'entends des Républicains nous dire cela, mais ils avaient refusé l'indemnité inflation au Sénat, la majorité des Républicains au Sénat avait refusé cette indemnité inflation ; nous, nous avons anticipé, nous protégeons, et nous restons évidemment très vigilants sur ces augmentations.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous n'envisagez pas de passer la TVA sur l'essence à 5,5, l'Europe commence à ouvrir la porte à cette possibilité, c'est-à-dire, considérer l'essence comme un bien de première nécessité, et je peux vous dire que ce matin, sur RMC, ils étaient nombreux à montrer que c'était leur première nécessité, ils n'ont pas le choix, ils n'ont pas d'alternative…
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, mais vous savez, Apolline de MALHERBE, je suis élu dans le département de l'Eure, donc je peux vous dire que depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes alerté, j'imagine…
BRUNO LE MAIRE
Je suis alerté par tous ceux qui font 90 kilomètres aller, 90 kilomètres retour, parce qu'ils viennent de Damville, ils viennent de Nonancourt, ils viennent d'Evreux, ils viennent sur Paris, ils font l'aller et retour dans la journée, ils sont ruraux, ils n'ont pas d'autre choix que de prendre leur voiture, ils n'ont pas d'autre choix que de faire le plein, et ça leur coûte très cher, c'est bien pour ça une fois encore que nous avions mis en place cette indemnité inflation. Sur la baisse des taxes, je veux juste rappeler les chiffres…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais alors, 5,5 % de TVA, c'est faisable, en tout cas, vous pourriez le faire ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je mets les chiffres sur la table, on ne pourrait pas le faire uniquement pour l'essence, mais ça, c'est un débat technique, c'est à nous de résoudre les problèmes techniques, je donne juste les chiffres, 10 centimes d'euro de moins le litre. C'est-à-dire, sur un plein de 50 litres, 5 euros en moins, c'est 5 milliards, c'est 5 milliards. Donc il faut bien mesurer les coûts que ça représente, ce que les Français vont percevoir, et le manque à gagner pour l'Etat, le manque à gagner pour les services publics, le manque à gagner pour tous les autres Français…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais précisément, vous dites le manque à gagner, en réalité, ce serait un moins gagné, c'est-à-dire que ces taxes sur les prix de l'essence, on l'a bien compris, c'est mécanique, c'est-à-dire que plus le prix de l'essence augmente, plus mécaniquement, ce que vous mettez, vous dans la poche, avec les taxes, forcément augmente. Donc il y aurait un peu moins d'augmentation de recettes…
BRUNO LE MAIRE
Apolline de MALHERBE, ceux qui nous disent que l'Etat se met de l'argent dans les poches quand il y a une crise énergétique, sont, soit, des ignorants, soit, des menteurs, l'Etat perd beaucoup d'argent quand il y a une crise énergétique, d'abord, pour une première raison simple, c'est qu'il dépense beaucoup d'argent plus que n'importe quel autre pays européen pour protéger les Français, l'ensemble des mesures que j'indique, l'indemnité inflation, le chèque énergie, que nous avons augmenté, je le rappelle, 100 euros de plus, ce que nous avons fait sur EDF, ce que nous faisons pour plafonner les prix du gaz, l'ensemble de ces mesures, la facture, 15 milliards d'euros pour l'Etat. 15 milliards d'euros pour l'Etat qui ont déjà été dépensés, engagés pour protéger les Français sur le gaz, sur l'électricité et sur l'essence ; est-ce qu'il faut faire plus ? Moi, je vais être très clair avec vous, je ne ferme aucune porte, bien entendu, depuis des mois, j'ai alerté sur l'augmentation des prix de l'énergie, depuis des mois, avec le président de la République, avec le Premier ministre, nous prenons des mesures que aucun autre pays européen n'a prises pour protéger les Français, je vais continuer, comme je le fais, tous les jours, à suivre les prix des carburants, les prix de l'essence, les prix du diesel, voir s'il y a des mesures complémentaires qui sont nécessaires, nous ajustons les dispositifs en permanence, mais aucun autre Etat, je le redis, depuis 3 mois, n'a eu le courage de prendre des mesures aussi fortes.
APOLLINE DE MALHERBE
On vous a bien entendu. Faut-il faire plus, je ne ferme aucune porte.
BRUNO LE MAIRE
Je ne ferme aucune porte, bien entendu parce que je le redis, je vois à quel point ça pénalise des millions de Français, obligés de prendre leur voiture, en particulier dans les territoires ruraux, moi, je pense à une infirmière libérale qui fait des centaines de kilomètres dans la semaine, qui voit qu'elle ne gagne pas beaucoup plus, et que ça lui coûte beaucoup plus de prendre sa voiture, je peux vous dire que c'est des gens auxquels je pense tous les jours.
APOLLINE DE MALHERBE
Et pour eux, les 100 euros, ils ont été vite dépensés. Vous parliez à l'instant de ce que vous aviez fait pour bloquer les prix de l'électricité. J'imagine bien, là, que vous êtes pris en tenailles, parce que, d'un côté, je vous dis : eh bien, comment on fait pour baisser la facture des particuliers et de ceux qui doivent payer EDF, et puis, de l'autre, eh bien, vous avez les employés d'EDF qui sont très inquiets finalement, parce que, eux, ils disent, et ils menacent de faire grève, ils s'apprêtent à faire grève, ils vous reprochent de faire perdre 8 milliards d'euros à EDF et donc d'organiser – je les cite – la destruction d'EDF.
BRUNO LE MAIRE
Mais les salariés d'EDF n'ont aucune raison d'être inquiets, d'abord, parce que nous avons toujours soutenu EDF, et je rappelle que là, les prix sont hauts, mais enfin, quand les prix étaient bas, il y a un soutien financier qui a été apporté, 10 milliards d'euros de recapitalisation d'EDF, qui a été apporté par l'Etat, donc lorsque les prix sont bas, et que, du coup, c'est moins rentable pour EDF, l'Etat est aux côtés d'EDF, lorsque les prix sont élevés, bien sûr que c'est un choix politique qui est difficile à faire celui que nous avons fait avec Emmanuel MACRON et avec Jean CASTEX, mais ma responsabilité de ministre de l'Economie et des finances, c'est de protéger des millions de Français contre cette augmentation de factures dont je vous ai parlé. Et je considère qu'à partir du moment où l'Etat a 85% du capital d'EDF, c'est une entreprise publique qui doit servir le public et répondre à un motif d'intérêt général ; et quand il faut prendre la décision, nous n'avons pas le bras qui tremble, oui…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous n'avez pas le bras qui tremble, et vous ne laisserez pas tomber EDF derrière…
BRUNO LE MAIRE
Oui, il fallait protéger les Français. Et je ne laisserai jamais tomber EDF, je ne laisserai jamais tomber les salariés, et avec le président de la République, comme avec le Premier ministre, nous avons déjà sur la table toutes les options qui doivent permettre de continuer à soutenir…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est quoi les options ?
BRUNO LE MAIRE
On ne va pas aujourd'hui détailler techniquement, mais je veux que les salariés entendent très clairement que, d'une part, nous allons continuer à investir dans EDF, puisque nous avons le projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaires qui, d'un point de vue stratégique, est absolument décisif pour EDF, c'est la décision prise par le président de la. République. Et en deuxième lieu, nous sommes aux côtés de cette grande entreprise publique qui fait la fierté des Français, dont le dévouement des salariés fait la fierté des Français, je veux que chacun des salariés d'EDF entende : nous ne vous laisserons jamais tomber, et s'il y a des besoins, nous répondrons aux besoins d'EDF ?
APOLLINE DE MALHERBE
Un mot sur le pain, parce qu'il y a quand même presque un dilemme quasi-philosophique ou en tout cas économique et qui est sonnant et trébuchant, c'est cette question autour de la baguette à 29 centimes d'euro qui a été lancée par les centres LECLERC, est-ce que vous dites, oui, super, ça permet aux plus modestes de pouvoir acheter des baguettes et d'en acheter plus, ou est-ce que vous dites : non, parce que ça casse la concurrence et notamment vis-à-vis des artisans boulangers ?
BRUNO LE MAIRE
Je dis que nous sommes un pays où il faut qu'il y en ait pour tout le monde et que chacun puisse avoir le choix, d'ailleurs, c'est la grande chance que nous avons de vivre dans un pays libre comme la France, où les prix sont fixés librement, et donc vous pouvez aller chez LECLERC acheter une baguette, Michel-Edouard LECLERC a dit que c'était 29 centimes le prix de la baguette chez LECLERC, elle a toujours été entre 25 et 35 centimes, donc dans le fond, on n'a fait qu'une moyenne…
APOLLINE DE MALHERBE
Le mois précédent, elle était déjà à 30 centimes…
BRUNO LE MAIRE
Voilà, donc tout ça n'est pas très éloigné de la réalité, après, si vous avez envie de vous faire plaisir et d'aller acheter une baguette chez un artisan boulanger qui, là aussi, est un des éléments de notre culture, et payer votre baguette 90 ou 95 centimes, vous avez la liberté de le faire ; donc je pense que ça ne pose pas de difficulté que le consommateur ait cette liberté d'aller, soit, chez un artisan boulanger, il paiera un peu plus cher, il aura une baguette de très grande qualité, soit, aller chez LECLERC, parce qu'il y a un petit problème de pouvoir d'achat et qu'il doit acheter sa baguette 25 centimes d'euro.
APOLLINE DE MALHERBE
Si on reste dans les supermarchés, les autotests, ils sont en vente aujourd'hui dans les supermarchés, et officiellement, ça devait s'arrêter le 31 janvier, est-ce que vous poursuivrez cette possibilité ?
BRUNO LE MAIRE
Ça, ce sont des décisions que nous prendrons en conseil de défense avec le président de la République, avec le ministre de la Santé, je pense que c'était une bonne chose déjà qu'ils soient dans les grandes surfaces.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez annoncé hier un peu de rab pour le quoi qu'il en coûte, notamment pour le domaine de l''hôtellerie, de la restauration, de l'événementiel, si je comprends bien, s'ils ont perdu 30 % de leur pouvoir d'achat, alors l'Etat prendra en charge 20 % des charges salariales. Qui, comment, sur quelle période, comment ça va marcher ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, ça a marché sur les mois de décembre et de janvier, quand vous regardez la situation économique globale de la France, hier, j'étais avec mes collègues ministres des Finances de la zone euro et de l'Union européenne, la France est un des pays qui s'en sort le mieux, vous avez un Prix Nobel d'économie Paul KRUGMAN, qui vient de faire un grand article en Une du New-York Times, un grand quotidien américain, pour dire : de tous les pays développés, le pays qui s'en sort le mieux de cette crise économique, c'est la France. Alors, on le dit partout en Europe…
APOLLINE DE MALHERBE
Pour autant, le New York Times, d'habitude, ne nous vante pas tellement. Donc en effet, c'était à la Une…
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais on le dit aux Etats-Unis, on le dit à la table du Conseil des ministres des Finances européens, on dit : chapeau, bravo, quelle croissance, de l'emploi, le taux d'emploi le plus élevé depuis 50 ans, un million d'emplois créés en l'espace de 5 ans, une réindustrialisation qui commence, et puis, quand vous êtes en France, on a un peu plus de mal à être fiers de ce que nous avons réalisé, je ne le dis pas pour le gouvernement ou pour moi-même, je le dis pour les salariés, pour les entrepreneurs, pour les investisseurs, à qui on doit ce résultat, chapeau, et tant mieux pour la France ! Mais il y a un certain nombre d'entreprises, des restaurateurs, des bars, de l'évènementiel, des traiteurs…
APOLLINE DE MALHERBE
Qui continuent de souffrir…
BRUNO LE MAIRE
Qui ont encore des difficultés, qui continuent de souffrir. Donc ma responsabilité, c'est de les accompagner. Je suis là depuis le premier jour nous serons toujours là jusqu'au dernier jour. Ça veut dire...
APOLLINE DE MALHERBE
Pourquoi vous n'avez pas gardé l'idée des 30%, c'est-à-dire s'il y a 30% de moins de chiffre d'affaires, vous prendriez en charge 30% de la masse salariale, pourquoi pas ?
BRUNO LE MAIRE
Parce qu'on veut un dispositif qui soit le plus précis possible et où chaque euro aille à ceux qui en ont réellement besoin, donc ils ont maintenant l'activité partielle à 100% dès qu'ils perdent 65 % de chiffre d'affaires. Donc ils ont maintenant l'activité partielle à 100% dès qu'ils perdent 65 % de chiffre d'affaires, ils ont la prise en charge des coûts fixes dès qu'ils perdent 50% de leur chiffre d'affaires et ça va être très rapide si l'indemnisation est de moins de 50 000 euros, elle est quasiment automatique pour qu'il n'y ait pas de problème de trésorerie pour un hôtelier ou pour un restaurateur. Le Premier ministre a ajouté hier cette mesure très importante, si vous ne perdez qu'une petite partie, ceux qui vraiment ont un coup dur, ils n'ont perdu que 30% de leur chiffre d'affaires, ils auront droit à la prise en charge de leur masse salariale à hauteur de 20%. Et aujourd'hui c'est une décision importante, je sais qu'elle est très attendue par des centaines de milliers de petits entrepreneurs, de TPE, de PME, de restaurateurs aussi, nous allons signer avec le Gouverneur de la Banque de France, avec la Fédération Bancaire Française un accord sur la possibilité de décaler le remboursement de son prêt garanti par l'Etat et d'étaler le remboursement, il était fixé à 6 ans, vous pourrez les étaler jusqu'à 10 ans pour ceux qui sont le plus en difficulté.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc ils vont pouvoir étaler le remboursement, c'est très important.
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr et c'est extrêmement important parce que je sais que…
APOLLINE DE MALHERBE
Ils commençaient à avoir quand même le couteau sous la gorge à l'idée de devoir rembourser.
BRUNO LE MAIRE
Vous savez j'étais hier au téléphone avec un restaurateur de ma circonscription dans l'Eure qui me disait, voilà moi je vois arriver cette échéance du mois d'avril avec beaucoup d'inquiétudes. Je sais que dans quelques mois ça ira beaucoup mieux mais là je suis le couteau sous la gorge, je ne vais pas m'en sortir. Je dis mais tu vas t'adresser à la médiation du crédit, tu vas montrer que tu as des perspectives de développement, que tu ne peux pas rembourser tout de suite, que tu demandes un décalage de 6 mois.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas automatique, il va falloir qu'ils le démontrent.
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas automatique, il faut le démontre, il faut qu'il aille voir la médiation du crédit.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire que ceux qui vont bien vont avoir un étalage, et ceux qui vont mal précisément ça va aller encore plus mal.
BRUNO LE MAIRE
Mais ça n'ira pas plus mal pour ceux qui vont mal, l'idée c'est de tendre la main à ceux qui ont fait les efforts de redressement, qui ont des perspectives de redressement mais qui là sont effectivement le couteau sous la gorge et qui disent donnez-nous un peu d'air. Eh bien nous allons leur donner l'air dont ils ont besoin.
APOLLINE DE MALHERBE
Un mot sur les taxis, sur les boulangeries qui souffrent du télétravail là pour le coup et notamment, alors les taxis ils vous appellent le matin sur RMC, ils vous disent que parfois ils sont en train d'attendre depuis plus de 2 heures et demie aux gares et aux aéroports et qu'il ne se passe rien, est-ce que vous allez faire quelque chose pour eux ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je suis prêt à recevoir comme je le fais depuis maintenant 2 ans toutes les professions qui sont en difficulté. Je pense surtout que la meilleure protection, ça a été rappelé d'ailleurs, ça a été le pass sanitaire, c'est-à-dire nous permettre de maintenir quand même un certain niveau d'activité, 6 milliards d'euros qui ont été épargnés grâce à cela, grâce au pass sanitaire qui a protégé l'activité économique.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais là leur difficulté, c'est le télétravail, c'est les conséquences du télétravail.
BRUNO LE MAIRE
Justement du coup sortir le plus vite possible de l'épidémie, c'est ce que nous arrivons à faire aujourd'hui. Nous aurons un conseil de défense très prochainement.
APOLLINE DE MALHERBE
Sortir le plus vite possible du télétravail, est-ce que je peux entendre ça un peu entre les lignes dans ce que vous dites, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Permettre à l'activité de revenir à la normale le plus vite possible.
APOLLINE DE MALHERBE
En gros je le vois dans votre regard pour ceux qui nous écoutent à la radio, en fait vous en avez marre du télétravail.
BRUNO LE MAIRE
Mais on en a tous marre de la pandémie, on en a tous marre des contraintes que ça nous impose. J'ai des enfants qui sont scolarisés, je vois à quel point c'est compliqué, c'est difficile pour tout le monde dans sa vie quotidienne, on fait des projets et puis on est obligé de les annuler. C'est dur pour tout le monde.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que quand on voit finalement…
BRUNO LE MAIRE
Et les Français font preuve de beaucoup de force d'âme dans cette épreuve.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que quand on voit quand même que finalement Omicron n'a pas des conséquences aussi dramatiques que l'on pouvait le craindre, est-ce que vous ne vous dites pas, bon on va quand même relever le plus vite possible cette obligation de télétravail pour les entreprises ?
BRUNO LE MAIRE
Nous verrons en Conseil de défense.
APOLLINE DE MALHERBE
Prudence.
BRUNO LE MAIRE
Ma position est constante, il faut trouver le bon équilibre entre la protection sanitaire et la possibilité d'avoir une vie normale et je souhaite évidemment qu'on puisse revenir à la normale le plus vite possible.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y aura lieu quand ce prochain conseil de défense, vous avez déjà une date ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne peux pas vous des dates précises, mais il aura lieu prochainement.
APOLLINE DE MALHERBE
Il aura lieu prochainement. Un peu de politique parce que sur ces questions de pouvoir d'achat les autres partis, les candidats font leur proposition, proposition de Valérie PECRESSE hier soir sur BFM TV pour le pouvoir d'achat, elle propose de transformer les RTT en salaire pourquoi pas ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai écouté un certain nombre de propositions, elle a fait des propositions sur les carburants notamment sur le forfait réel qui ne sont pas inintéressantes et je pense que dans cette période-là plutôt que de jouer la querelle politicienne, il faut prendre toutes les bonnes idées d'où qu'elles viennent pour servir les Français. Donc celle-là je ne l'ai pas étudié…
APOLLINE DE MALHERBE
RTT monnayé en salaire ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne l'ai pas étudié, ça peut d'abord exister pour certaines professions, j'ai regardé en revanche la proposition qu'elle a faite parce que c'est le sujet qui me préoccupe le plus aujourd'hui sur l'indemnité, le forfait kilométrique, avec un barème ou sur l'impôt sur le revenu, vous pouvez déduire les frais que cela représente, les frais réels, pourquoi pas ? Vous voyez toutes les idées que j'entends qui me paraissent intéressantes et utiles pour les Français…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça c'est également la proposition d'Eric ZEMMOUR, qui dit qu'il faut faire payer aux entreprises la moitié des frais kilométriques du trajet domicile-travail.
BRUNO LE MAIRE
Là en l'espèce ce serait l'Etat parce que ce serait une baisse de l'impôt sur le revenu, alors ça ne concerne que ceux qui paient l'impôt sur le revenu, c'est une proposition qui a été faite par Valérie PECRESSE hier soir, je ne la trouve pas inintéressante, on va l'étudier, on va la regarder. Moi je sus au service des Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Et le fait que les entreprises puissent prendre une partie justement du kilométrage.
BRUNO LE MAIRE
Oui il faut simplement faire attention à ne pas pénaliser une très petite entreprise du bâtiment ou des transports publics qui déjà elles doivent payer l'essence pour ses camions et qui est déjà pénalisées elle aussi par l'augmentation des carburants, faisons très attention à ça. Et puis il y a des idées qui ne tiennent pas la route, quand je vois que Marine LE PEN nous dit sur l'électricité qu'il aurait suffi de baisser la TVA et que notre solution n'est pas la bonne, nous notre solution elle protège non seulement les Français, les ménages, mais elle protège aussi les entreprises, les petites entreprises, les TPE, les PME alors que la TVA, je le rappelle à Madame LE PEN, la TVA les entreprises ne paient pas de TVA sur l'électricité, donc ça n'aurait pas protégé les entreprises.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais si je vous écoute les propositions de Valérie PECRESSE, il y en a un certain nombre, vous vous dites pourquoi pas, vous pourriez à un moment vous savez, on se dit, est-ce qu'il y a tant de différences que ça entre une Valérie PECRESSE aujourd'hui et vous qui étiez finalement son ami dans son parti il n'y a pas si longtemps ?
BRUNO LE MAIRE
Mais il y a très peu de différences, je le dis depuis des mois, ce que je considère depuis très longtemps, je connais Valérie PECRESSE, c'est une candidate qui est tout à fait respectable. Je considère que quand vous regardez l'espace politique aujourd'hui, il y a ceux qui prônent la décroissance, très bien, ce n'est pas ma crémerie, mais ça existe et il y a des arguments pour le défendre. Je pense que c'est mauvais pour les Français, que ça conduira à l'appauvrissement des Français, mais c'est un espace politique. Il y a ceux qui expliquent que la seule solution se trouve dans le repli et le nationalisme, ça n'est pas non plus ma solution, même si je crois à la nation française, et puis, il y a ceux qui défendent la politique que nous menons avec le président de la République, bâtir une nouvelle croissance avec plus de prospérité et plus de respect de l'environnement. Et je ne vois pas très bien en quoi Valérie PECRESSE se distingue de ce que nous défendons, et surtout de ce que nous faisons avec le président de la République…
APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE vous étiez où pour les vacances pour le réveillon ?
BRUNO LE MAIRE
J'étais comme d'habitude au pays basque.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous auriez pu aller à Ibiza ?
BRUNO LE MAIRE
Mais, enfin, pardon, moi, je trouve cette querelle injuste pour Jean-Michel BLANQUER, c'est quelqu'un qui depuis près de 5 ans maintenant s'est battu pour que l'école reste ouverte pendant la pandémie, qui s'est battu pour la restauration des savoirs fondamentaux, qui s'est battu pour le dédoublement des classes, et puis, là, il reconnaît lui-même une maladresse, et tout le monde crie haro sur le baudet, moi, dans la Fable de La Fontaine, haro sur le baudet, ça m'a toujours profondément dégoûté, cette fable est violente, j'invite chacun à la relire pour voir comment peut fonctionner la cour, la politique, la vie publique française, eh bien, ce n'est pas très digne, donc moi, je défends Jean-Michel BLANQUER, je considère que c'est un grand ministre de l'Education nationale qui fait très bien son travail, et passons à autre chose, parce que ce qui compte, c'est l'avenir de notre système éducatif, c'est l'avenir de nos enfants, ce n'est pas de savoir où chaque ministre a passé ses vacances.
APOLLINE DE MALHERBE
Et on relira haro sur le baudet donc la Fable de La Fontaine.
BRUNO LE MAIRE
Exactement.
APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, ministre de l'Economie, merci d'avoir répondu à mes questions sur RMC et BFM TV.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 janvier 2022