Texte intégral
La situation au Mali est en effet extrêmement préoccupante - M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères s'est déjà exprimé à plusieurs reprises dans cet hémicycle sur ce sujet.
Vous l'avez dit, Monsieur le Président Lagarde : si nous sommes au Mali et dans la région subsahélienne depuis plusieurs années, c'est pour combattre le terrorisme. Le Mali n'est pas seul concerné ; n'oublions ni le Burkina, ni le Niger, où des combats importants ont eu lieu.
En ma qualité de chef du Gouvernement, je m'associe évidemment à l'hommage que vous avez, les uns et les autres, rendu à nos troupes et aux soldats que nous avons perdus au cours de ces opérations indispensables pour défendre notre démocratie.
C'est, depuis le départ, en accord avec les autorités du Mali que nous sommes présents. Un coup d'État a porté au pouvoir une junte qui n'a depuis cessé de multiplier les provocations, isolant son pays. Dois-je rappeler à la représentation nationale que le pouvoir issu de ce coup d'État avait promis de s'engager dans un processus électoral, et qu'il a lui-même annoncé qu'il ne tiendrait pas cette promesse ? Dois-je rappeler ici que ce régime a fait appel, dans des conditions que plusieurs d'entre vous ont rappelées, à un groupe de mercenaires bien connus - ou plutôt mal connus -, action qui porte en germe une perte de souveraineté du Mali ?
Plus récemment, la junte a fait part de sa volonté de mettre fin à la mission de notre ambassadeur. Mais, M. le ministre des affaires étrangères l'a rappelé, ce n'est pas là un problème franco-malien : la junte s'est enfermée dans sa logique d'isolement et de confrontation en agissant de la même manière vis-à-vis de la CEDEAO, dont elle a également expulsé le représentant à Bamako, et de ses autres partenaires internationaux, dont ceux de l'Union européenne - je pense en particulier à la demande de retrait du contingent danois de la force Takuba, justifiée par des motifs particulièrement infondés.
Que faire face à cette situation, me demandez-vous ? Eh bien, nous agissons en partenariat avec nos alliés africains comme européens. Voilà quelle est la position de la France : elle a été rappelée à de multiples reprises.
Lors du sommet extraordinaire du 9 janvier dernier, la CEDEAO a - comme nous - clairement fait savoir que ce qui se passait au Mali était inacceptable. Comme vous le savez, elle a pris des mesures fortes et exceptionnelles. Avec nos partenaires européens, nous avons exprimé notre solidarité. Un accord politique est intervenu le 24 janvier dernier lors du Conseil affaires étrangères de l'Union européenne, avec l'élaboration d'une première série de sanctions qui seront prises à l'encontre du Mali.
C'est donc dans ce cadre multilatéral, africain et européen, que nous répondons à la situation au Mali, mais aussi à ce qui se produit actuellement dans toute la région. Nous nous réorganisons de façon à conserver l'objectif et la finalité de notre présence dans cette partie de l'Afrique, à savoir la lutte contre le terrorisme.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2022