Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Roxana MARACINEANU, bonjour.
ROXANA MARACINEANU
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être venue dans ce studio, vous êtes ministre déléguée en charge des Sports, dans deux heures vous serez au ministère de l'Intérieur pour cette réunion de crise, pour tenter de sauver le foot français, vous y serez avec toutes les instances du foot. Mais d'abord une question, je vois que vous êtes venue masquée, on en a parlé évidemment tout au long de cette matinale, Jean CASTEX qui a été testé positif, vous étiez avec lui samedi soir face au rugby, vous n'êtes pas cas contact ?
ROXANA MARACINEANU
Aujourd'hui j'ai fait un test, hier soir, quand j'ai appris qu'il était positif, et comme je suis vaccinée on doit faire un test maintenant dans sept jours, et renforcer les gestes barrières.
APOLLINE DE MALHERBE
Et votre test ?
ROXANA MARACINEANU
Négatif hier soir.
APOLLINE DE MALHERBE
Est négatif, donc vous êtes négative, donc vous êtes dans ce studio, mais évidemment par prudence et pour renforcer les gestes barrières vous avez décidé de garder votre masque, je vous en remercie d'ailleurs. Au-delà de cette question-là évidemment, la question du foot. Dans deux heures, je le disais, vous tenterez de sauver le foot français, parce qu'on en est là, franchement, il faut tenter de sauver le foot après ces désastres à répétition. Plusieurs questions face à ces violences dans les stades, d'abord la question qu'on se pose depuis ce matin, faut-il généraliser les filets ?
ROXANA MARACINEANU
C'est beaucoup dire sauver le foot français, c'est surtout donner l'impulsion pour que la Ligue réunisse aussi les clubs et que ce sujet soit porté à l'ordre du jour…
APOLLINE DE MALHERBE
Il ne va pas si mal, pour vous on ne peut dire qu'il faut sauver le foot français ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, six incidents aussi graves que ceux qu'on a vécus en 14 journées, c'est grave aujourd'hui et il faut prendre la mesure, mais il faut surtout parler d'une même voix et qu'ils s'accordent sur la position à prendre et sur, voilà, comment se comporter, comment intervenir et comment, les arbitres aussi, peuvent désormais prendre des décisions plus…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est la raison pour laquelle vous les réunissez justement, avec Gérald DARMANIN tout à l'heure. Plusieurs des questions qui sont sur la table, j'y reviens, d'abord celle du filet, faut-il généraliser les filets dans les stades ?
ROXANA MARACINEANU
J'allais dire c'est la dernière mesure à prendre puisque ça voudrait dire que, de fait, on accepte qu'il y ait des personnes dans le stade, dans les gradins, susceptibles de lancer des projectiles, donc des projectiles avec eux, à côté d'eux, et aucun changement de comportement, donc il faut aujourd'hui être, je crois, très ferme avec les personnes qui ont été incriminées, qui ont été repérées, puisque nous sommes passés maintenant, depuis les dernières agressions, sur des sanctions individuelles, nous nous sommes engagés nous-mêmes, à plusieurs ministres, devant la Ligue, devant la Fédération, dans la réunion qui a déjà eu lieu au niveau technique il y a maintenant un mois et demi, à être, à prendre en considération, mettre en comparution immédiate ces personnes et derrière à prendre des…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous ne voulez pas, en tout cas vous espérez ne pas avoir à systématiser les filets.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr que ça fait partie de l'attirail de sécurité, d'ailleurs pour la reprise du match il était conseillé, enfin ce qu'ils avaient mis en place c'était de… ce qu'ils voulaient faire c'était remettre les filets au niveau des corners, mais j'allais dire c'est quelque chose pour panser les plaies, une fois qu'elles sont là.
APOLLINE DE MALHERBE
Davantage de sanctions dites-vous, faut-il, et d'ailleurs on sait que la personne qui a jeté la bouteille d'eau dimanche soir comparaît cet après-midi en comparution immédiate, faut-il que dans l'arsenal juridique il y ait l'interdiction, à vie, de tous stades, et pas seulement d'un stade, parce que Jean-Michel AULAS le disait hier soir, ils sont prêts à prendre la décision à l'encontre de cet individu, de l'interdire de stades, ils n'ont le moyen de le faire que pour leur stade, dont ils sont propriétaires, mais seule une décision administrative peut empêcher un supporter comme ça d'être dans des matchs à vie.
ROXANA MARACINEANU
Les interdictions administratives étaient déjà appliquées, pas entièrement puisqu'on peut aller au-delà d'un an d'interdiction, donc on n'a pas aujourd'hui besoin de penser à une interdiction à vie, néanmoins il faut que l'attirail législatif qui existe aujourd'hui puisse être appliqué, et ce qui existe dans la loi c'est déjà l'interdiction de stades de la part du club…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous n'êtes pas favorable à une interdiction à vie ?
ROXANA MARACINEANU
Moi ce que je veux c'est que tout le monde applique ce qu'il peut appliquer dans la loi, et déjà les clubs, comme le RC Lens l'a fait, peut déjà appliquer une interdiction de stades par rapport à ses propres supporters, ça montre déjà un lien nouveau, une prise en considération des groupes de supporters par leur propre club, et il faut déjà que ça ce soit appliqué et que tout le monde s'accorde à l'appliquer dans son propre club, et puis ensuite, bien sûr, l'administration fera son travail et la justice le sien.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors quoi de plus – pardon, mais là si je vous écoute, en gros on a tout ce qu'il faut…
ROXANA MARACINEANU
La loi, à l'arrivée, aujourd'hui elle n'est pas appliquée par les clubs.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pourquoi ça ne marche pas ?
ROXANA MARACINEANU
Parce qu'elle n'est pas appliquée, elle n'est pas appliquée la loi à l'arrivée, votée en 2016, qui donne le pouvoir au club de vraiment responsabiliser son groupe de supporters, déjà, en premier lieu, et je pense que…
CHARLES MAGNIEN
C'est-à-dire que c'est le club lui-même qui fait la police et la justice dans son stade ?
ROXANA MARACINEANU
Mais déjà il doit être responsable de son groupe de supporters, déjà en premier lieu, ça me paraît évident, et puis après, derrière, nous on s'est engagés à mieux appliquer la loi.
APOLLINE DE MALHERBE
Roxana MARACINEANU, vous nous disiez la même chose, je m'en souviens évidemment très bien, on s'en souvient tous ici, la première matinale de la saison, c'était le lendemain de ce Nice-Marseille, vous avez également…
ROXANA MARACINEANU
Depuis là combien de clubs l'ont fait ? Un seul.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez également réuni à nouveau ; mais est-ce qu'un seul ce n'est pas déjà un de trop ?
ROXANA MARACINEANU
Non, un seul l'a fait, c'est surtout pas suffisant.
APOLLINE DE MALHERBE
Non, mais est-ce que depuis…
CHARLES MAGNIEN
Un seul club a interdit…
ROXANA MARACINEANU
Voilà.
APOLLINE DE MALHERBE
Pardon, Madame la ministre, mais ce que je veux dire c'est que vous disiez déjà « on a ce qu'il faut, on a l'arsenal », est-ce que là il ne faut pas aller un cran plus loin quand même ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr il faut aller plus loin…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous n'allez pas, tout à l'heure, dans deux heures, dire « allez, hop, on invente un nouvel arsenal, oui, à vie peut-être », ce qu'on fait les Anglais, à un moment ils ont « ça suffit, on arrête tout » ?
ROXANA MARACINEANU
On ne peut pas tout attendre de l'Etat, il faut que chacun soit responsable, aujourd'hui c'est au monde du football de se questionner, nous avons fait déjà une réunion, il y a un mois et demi, qui était quasiment la même que là ce qu'on va faire, mais maintenant moi j'attends…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est leur problème, ce n'est pas le vôtre ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr que si, mais je vous dis, nous on a déjà proposé des choses, de notre côté, un référent supporters dans les préfectures, aujourd'hui pour avoir véritablement cette discussion avec les clubs en amont du match, pouvoir aussi les aider sur la formation des stadiers, avoir aussi une circulaire à l'encontre de la justice pour qu'elle soit plus prompte à agir et appliquer les lois dont il est question ici, mais en amont c'est aussi au monde du football de prendre sa responsabilité et de s'organiser. Il y a des lois déjà faites pour ça, il n'y a pas à refaire des lois et des lois, maintenant il faut déjà que celles-ci soient appliquées et qu'elles soient appliquées par le monde du football.
APOLLINE DE MALHERBE
Avec une question, bien sûr, qui est aussi celle de l'exemple que l'on montre à nos jeunes, Steve est avec nous au 32 16, bonjour Steve.
(…) Entretien avec Steve, entraîneur sportif à Paris.
STEVE
(…) Du coup, sur les réseaux sociaux il n'y a qu'une seule image qui passe en boucle, depuis dimanche soir, à chaque fois qu'il y a des incidents comme ça…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est le supporter.
STEVE
C'est un supporter qui jette un projectile, c'est un joueur de foot qui est par terre et qui reçoit un objet dans la tête, et ça ce n'est pas forcément une bonne chose effectivement pour le football français, et si on doit considérer que le football français est malade, à ce niveau-là, oui, il l'est.
APOLLINE DE MALHERBE
Steve, je voudrais que la ministre puisse vous répondre. Est-ce que cela n'invite pas justement à davantage de fermeté ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, moi j'ai mon fils de 5 ans qui fait du foot tous les samedis, je peux vous dire que c'est extraordinaire ce qu'on vit sur un terrain, au niveau de la mixité des enfants, au niveau de ce rapport avec les éducateurs qui est extraordinaire, et c'est vrai qu'à chaque fois que je vais au stade en tant que ministre je me dis heureusement que j'ai emmené mon fils plutôt au rugby qu'au football, et c'est tellement dommage, parce qu'il a tellement envie de voir…
APOLLINE DE MALHERBE
Pardon, mais est-ce qu'il y a un problème avec le foot, vous le dites de vous-même, ce week-end il y avait quand même deux grands matchs, samedi soir rugby, dimanche soir foot, en rugby il n'y a que très rarement des débordements comme celui-là, est-ce qu'il y a un problème avec le foot ?
ROXANA MARACINEANU
C'est clair. Moi je privilégie les matchs de l'équipe de France quand je peux me permettre d'emmener mes enfants aux matchs, être un peu avec eux…
APOLLINE DE MALHERBE
Et pas ceux des clubs.
ROXANA MARACINEANU
Mais pas ceux des clubs parce qu'aujourd'hui, clairement je ne fais pas confiance aux rapports que les clubs instaurent avec leurs groupes de supporters, et je pense que c'est là-dessus qu'on doit progresser parce que les supporters d'un club font partie de l'équipe professionnelle et doivent être considérés et traités, traités, mais y compris dans leurs dérives, d'abord par le club en question.
APOLLINE DE MALHERBE
Roxana MARACINEANU, on le comprend bien, c'est aux clubs de faire le ménage, c'est au football français de faire le ménage, vous considérez, et je redis votre phrase, qu'on ne peut pas tout attendre de l'Etat.
ROXANA MARACINEANU
Aujourd'hui c'est en proximité qu'il faut agir, chacun est responsable à son niveau, bien sûr que nous faisons, et nous ferons, et nous respecterons les engagements qu'on a pris il y a maintenant un mois et demi, ou nous en prendrons des nouveaux s'il faut aujourd'hui, mais nous attendons aussi que le football français vienne avec des propositions.
CHARLES MAGNIEN
Un dernier mot, est-ce que vous invitez les clubs à rembourser les supporters dans ce type de cas, les supporters qui ont payé parfois très chère leur place dimanche soir, qui ont vu 3 minutes de spectacle ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, a minima leur proposer un avoir pour revoir un autre match, pas du même type j'espère, et puis derrière évidemment il y a aussi les frais, moi j'ai des amis qui sont venus du Jura, qui se sont pris une chambre d'hôtel, un voyage, plus le…
APOLLINE DE MALHERBE
Il faut aller jusqu'à participer aux frais ?
ROXANA MARACINEANU
Ecoutez, j'espère pour eux qu'ils ont une assurance annulation, j'imagine que oui.
APOLLINE DE MALHERBE
Roxana MARACINEANU, ministre déléguée en charge des Sports, merci d'être venue dans ce studio, je rappelle que dans deux heures maintenant vous serez aux côtés de Gérald DARMANIN face aux instances du foot français pour les inciter, si on comprend bien, a simplement appliquer les règles plutôt qu'à en inventer de nouvelles, en tout cas à ce stade.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 novembre 2021