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DIMITRI PAVLENKO
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
DIMITRI PAVLENKO
Vous êtes le porte-parole du gouvernement, en visite à Belfort. A deux mois de la présidentielle, Emmanuel MACRON a annoncé hier la commande de 6 réacteurs EPR de nouvelle génération, et d'une option pour 8 supplémentaires, ainsi que la prolongation de tous les réacteurs qui peuvent l'être. Des annonces également aussi pour soutenir la production d'énergies renouvelables. Mais sur la question du nucléaire, c'est le grand retour d'un programme civil, Gabriel ATTAL ?
GABRIEL ATTAL
Oui, c'est la reprise du flambeau de la conquête de l'atome, dans notre pays. Pourquoi ? Parce que nous avons pris des décisions extrêmement fortes en termes de préservation de l'environnement, de lutte contre le réchauffement climatique, qui nous conduisent à décarboner notre industrie et notre économie. On sait que la demande d'électricité va énormément augmenter dans les années qui viennent, et que si on veut être capable de fournir suffisamment d'électricité aux entreprises, aux usines, mais aussi évidemment aux Français qui en auront de plus en plus besoin pour se déplacer, pour se chauffer, etc., il nous faut investir dans le nucléaire, comme dans les énergies renouvelables, et c'est ce qu'a annoncé le président de la République hier.
DIMITRI PAVLENKO
Tout de même, Emmanuel MACRON qui chapeaute la vente d'ALSTOM Energie à GENERAL ELECTRIC en 2015, Emmanuel MACRON qui ferme Fessenheim il y a 2 ans, ne remet à aucun moment en question la loi Climat de 2015, qui prétend limiter la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique, et il se réveille à 2 mois de la présidentielle, en disant : "Non non, il faut beaucoup beaucoup plus de nucléaire pour la France dans les 30 années à venir".
GABRIEL ATTAL
Ah non, d'abord parce que sur le part du nucléaire dans le mix énergétique, on a pris des décisions dès 2017, précisément pour revoir la programmation pluriannuelle pour l'énergie, qui avait été décidée dans le précédent quinquennat, justement pour prolonger le nucléaire. Et cette loi de programmation devra être revue en 2023, c'est la loi, et c'est aussi dans ce cadre que le président s'est exprimé.
DIMITRI PAVLENKO
Il n'y a pas de changement de cap du président sur la question du nucléaire Gabriel ATTAL…
GABRIEL ATTAL
Non, il y a…
DIMITRI PAVLENKO
Il y a quand même ce doute qui pèse, là aujourd'hui.
GABRIEL ATTAL
Il y a toujours eu un soutien au nucléaire, mais soutenir le nucléaire ça ne veut pas dire ne pas regarder les sujets qui peuvent se présenter pour certaines centrales. Et oui, nous avons assumé la décision sur Fessenheim, qui était la plus ancienne centrale, qui était en plus présente sur une nappe phréatique importante, avec des apports des autorités de sécurité nucléaires, qui nous ont conduites à prendre cette décision.
DIMITRI PAVLENKO
Ils manquent, ces 1 800 mégawatts de puissance, aujourd'hui. On relance des centrales à charbon, ça n'aurait pas été mieux d'avoir Fessenheim aujourd'hui ?
GABRIEL ATTAL
Enfin, ce qui manque, c'est depuis des années, voire même des décennies, une absence d'investissements dans le nucléaire, et c'est pour ça que…
DIMITRI PAVLENKO
Mais pourquoi avoir attendu si longtemps ? Pourquoi avoir attendu à 60 jours du premier tour ? Personne ne savait au gouvernement que notre parc nucléaire vieillissait, qu'on allait devoir produire plus et que les renouvelables n'y suffiraient pas ? Il faut une crise de l'énergie pour qu'on se décide à relancer le programme ?
GABRIEL ATTAL
Non, c'est pour ça que dès le début de ce quinquennat, nous avons revu la programmation pluriannuelle pour l'énergie. C'est pour ça que dès le début de ce quinquennat, nous avons investi massivement dans les énergies renouvelables, c'est 6 milliards d'euros par an, c'est le double d'il y a 10 ans. C'est pour ça que nous avons, dès le plan de relance, soutenu la filière nucléaire dans notre pays. Et nous relançons ce grand programme aujourd'hui. Nous avons évidemment les moyens d'affronter ce grand défi qu'est la transition écologique. Et la réduction évidemment de notre consommation d'énergie, qui est nécessaire, et l'augmentation de la demande d'électricité. Pour ça, il faut investir dans tout. Il faut investir dans les renouvelables et dans le nucléaire. Tous ceux qui vous expliquent qu'on pourrait faire l'un sans l'autre, mentent aux Français, et ils leur promettent une chose, c'est soit le charbon, effectivement, c'est le réchauffement climatique, soit la bougie. Je ne crois pas que les Français aient besoin ou envie de ça pour se chauffer ou pour s'éclairer.
DIMITRI PAVLENKO
Combien va coûter ce programme EPR nouvelle génération, Gabriel ATTAL ? Est-ce que c'est chiffré, et qui paiera ?
GABRIEL ATTAL
Le président de la République l'a dit, c'est plusieurs dizaines de milliards d'euros, il l'a indiqué dans son discours. C'est un investissement de long terme, mais c'est un investissement nécessaire. Encore une fois, si on est capable en France de produire une électricité décarbonée, beaucoup plus que nos voisins européens, une électricité moins chère, beaucoup plus que nos voisins européens, c'est précisément parce qu'on a ce socle nucléaire, et c'est pour ça que l'on veut le poursuivre et réinvestir.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, d'ailleurs, qui parlait hier ? C'était le président ou le candidat ? Evidemment, on vous pose la question en permanence, Gabriel ATTAL, un sondage Odoxa pour Le Figaro, montre ce matin que 7 Français sur 10, c'est quand même beaucoup, commencent à s'agacer qu'il ne se déclare pas officiellement, ils lui reprochent de mener une campagne non officielle, aux frais de l'État, Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Non, vous savez, moi je ne crois pas du tout à ces fausses polémiques, des oppositions. Par ailleurs, c'est des choses que l'on entend…
DIMITRI PAVLENKO
C'est un sondage. Ce n'est pas les oppositions, là.
GABRIEL ATTAL
Oui, enfin bon… C'est des choses…
DIMITRI PAVLENKO
Ça ne vaut rien, ça, ces sondages ?
GABRIEL ATTAL
Non, mais c'est des critiques que l'on entend, vous savez, dans les oppositions, à chaque fois qu'un président de la République sortant a eu l'occasion de se représenter, on entendait ces critiques…
DIMITRI PAVLENKO
Il y a jurisprudence, vous dites, c'est ça ? Les autres l'ont fait…
GABRIEL ATTAL
Oui, enfin moi, je vais vous dire, je pense que les mêmes qui aujourd'hui disent : le président de la République aurait dû se déclarer candidat, etc., auraient été les premiers dans les oppositions, à critiquer un président en campagne, au moment où on avait à affronter une crise sanitaire historique, au moment où on affronte une crise diplomatique très grave, entre la Russie et l'Ukraine. Evidemment que les Français, ils attendent que le président soit à sa tâche, c'est ce que fait le président de la République. Maintenant, évidemment qu'il y a une campagne électorale qui viendra, et qu'en temps voulus, le président de la République aura à s'exprimer.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, vous me tendez une perche, à propose de la crise en Ukraine, Jœ BIDEN, cette nuit, dit : "La guerre est imminente". Il appelle tous les Américains à quitter l'Ukraine. Est-ce que c'est la vision que porte la France ce matin sur cette crise ukrainienne, sommes-nous au seuil d'une guerre ? Beaucoup d'experts disent que c'est fort peu probable que l'on aille jusqu'à l'affrontement militaire.
GABRIEL ATTAL
La vision de la France, c'est de rechercher à tout prix des solutions diplomatiques pour arriver à la désescalade. Le président de la République a eu l'occasion de le dire, ça ne veut pas dire qu'il y a une quelconque naïveté, le président l'a dit, Jean-Yves LE DRIAN l'a rappelé hier, nous savons que la situation est très tendue. Le président s'est rendu en Russie, il s'est rendu en Ukraine, il s'est rendu à Berlin où il a échangé avec le chancelier allemand, avec le Premier ministre polonais. Il y a eu hier une réunion très importante des conseillers diplomatiques, des chefs d'État et de gouvernement du Format Normandie, c'est-à-dire Allemagne, France, Russie, Ukraine, entre les conseillers diplomatiques des présidents. On continue à avancer sur le volet diplomatique. J'ai bien vu, nous avons bien vu les déclarations qui ont été celles des États-Unis…
DIMITRI PAVLENKO
Mais qu'est-ce qui lui prend, à Jœ BIDEN, de dire ça, selon vous ?
GABRIEL ATTAL
Mais, encore une fois, il ne doit pas y avoir, ni de naïveté, ni de volonté de conduire à l'escalade, c'est la position que nous tenons. Nous ne sommes pas naïfs, nous n'avons aujourd'hui pas d'informations qui nous conduiraient à prendre une telle décision. Si nous devions avoir un doute, évidemment que les mesures seraient prises.
DIMITRI PAVLENKO
Mais vous prenez de la distance avec… Non, le gouvernement français prend de la distance avec ce qu'a dit le président des États-Unis ?
GABRIEL ATTAL
Non non, moi je rappelle la position qui est celle de la France. Et dès lors que nous avons des décisions à prendre, que nous avons des propos à tenir sur cette crise, nous le faisons. Aujourd'hui nous sommes dans la recherche de la désescalade. Nous avons, par les rencontres qui ont eu lieu au début de la semaine, avec le président de la République, et Vladimir POUTINE, avec le président ukrainien, avec le chancelier allemand, nous avons je crois obtenu des engagements pour enrayer l'escalade, il faut maintenant arriver à la désescalade, et nous allons continuer par des solutions diplomatiques.
DIMITRI PAVLENKO
Gabriel ATTAL, plusieurs centaines de véhicules sont en train de converger vers Paris, depuis toute la France, dans une réplique des Convois de la liberté canadiens. Est-ce que c'est le Convoi de la honte et de l'égoïsme ? Je cite là Clément BEAUNE, votre collègue du gouvernement, qui disait cela hier.
GABRIEL ATTAL
Il y a une lassitude très forte, chez beaucoup de Français, face à une épidémie qui dure depuis 2 ans, face à des mesures difficiles que l'on a eues à prendre, et depuis le début de cette crise, vous avez des responsables politiques, je ne sais pas si je peux employer ce terme, qui cherchent à capitaliser politiquement sur cette lassitude et cette fatigue, en essayant de lancer des mouvements. Ils ont essayé de lancer à un moment des manifestations le samedi, il y avait…
DIMITRI PAVLENKO
Attendez, quel responsable politique cherche à lancer des mouvements…
GABRIEL ATTAL
Oh, je pense à Florian PHILIPPOT, à d'autres, qui…
DIMITRI PAVLENKO
Vous sous-entendez que ces gens, les Convois de la liberté, sont manipulés, instrumentalisés ?
GABRIEL ATTAL
Je pense qu'il y a une instrumentalisation, oui.
DIMITRI PAVLENKO
Voire initiée par des responsables politiques ?
GABRIEL ATTAL
Il y a une instrumentalisation, et d'ailleurs il faut voir les déclarations de ces responsables. Il y a une instrumentalisation d'une fatigue, d'une lassitude des Français, en tout cas une tentative d'instrumentalisation, par un certain nombre…
DIMITRI PAVLENKO
Vous citez Florian PHILIPPOT, vous pensez que c'est lui l'initiateur des Convois de la liberté ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, enfin, il suffit de regarder ses déclarations, pour voir que c'est un mouvement qu'il encourage, etc. Maintenant…
DIMITRI PAVLENKO
Ce n'est pas pareil de soutenir un mouvement et d'en être à l'origine.
GABRIEL ATTAL
Oui, enfin, encore une fois, il y a absolument une lucidité sur la fatigue et la lassitude des Français vis-à-vis de cette crise. On en a tous marre. On a fait le choix, depuis le début, de prendre des mesures proportionnées. Et cet hiver, par exemple, vous avez vu chez nos voisins, un certain nombre de pays qui ont reconfiné, qui ont mis en place des couvre-feux, qui ont fermé des bars, qui ont fermé des restaurants, qui ont dit à leurs concitoyens "vous pouvez fêter Noël en famille, mais pas à plus de 6 à table". "Vous n'avez pas le droit de vous déplacer dans le pays pour aller fêter Noël en famille". Est-ce qu'il y a eu une seule de ces mesures en France ? Non.
DIMITRI PAVLENKO
Ce qui se passe à l'étranger, c'est l'étranger. Les Français voient leur situation, et certains considèrent le Pass vaccinal comme excessif, par exemple.
GABRIEL ATTAL
Oui, mais je vais vous dire que si on n'a pas eu à prendre, pendant les fêtes, ces mesures qui auraient concrètement empêché les Français de pouvoir se retrouver normalement, en famille, pour fêter Noël, c'est précisément parce qu'on a mis en place des mesures de Pass sanitaire hier, de Pass vaccinal aujourd'hui, qui nous ont permis de tenir. Maintenant, on a toujours dit, dès lors que l'on peut lever des mesures de restrictions, on les lève. Il y a eu une première étape le 2 février, il y aura une prochaine étape mercredi prochain, le 16 février. Dès qu'on pourra ensuite lever le Pass vaccinal, lever l'obligation du port du masque, évidemment qu'on le fera.
DIMITRI PAVLENKO
Ça va faire s'évaporer les convois des libertés, vous pensez ? Non mais je reviens sur ce que disait Clément BEAUNE, quand il dit : "Ce ne sont pas des patriotes, ce sont des irresponsables", vous semblez condamner, sans le dire, cette ligne, cette stratégie du mépris, parce que ça y ressemble beaucoup, qui n'a pas beaucoup réussi au gouvernement canadien.
GABRIEL ATTAL
Non, mais vous savez, moi je suis porte-parole du gouvernement, et donc je m'exprime au nom du gouvernement et vous avez entendu la position qui est la mienne et qui est celle du gouvernement.
DIMITRI PAVLENKO
Bon, vous avez expliqué d'ailleurs, à propos du Pass vaccinal, à l'issue du Conseil des ministres mercredi, que l'amélioration des indicateurs de l'épidémie, permettait d'envisager une possible levée du Pass fin mars, début avril. Certains vont y voir quand même un beau cadeau électoral.
GABRIEL ATTAL
Je répondais à une question sur les propos du professeur Alain FISCHER, qui lui-même a fixé cet horizon de temps, dans une audition par les sénateurs. Ce qu'on a toujours dit, c'est que les mesures de lutte contre l'épidémie seraient levées, dès lors qu'on aurait retrouvé une forme de normalisation à l'hôpital. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'aujourd'hui, je le rappelle, il y a plus de personnes hospitalisées pour le Covid, aujourd'hui, dans nos hôpitaux, qu'il n'y en a jamais eu depuis le début de cette crise, voilà. Et donc on a une situation qui est très tendue. En revanche, on commence à voir une amélioration. Elle est très forte sur les contaminations, elle commencer à se confirmer sur la baisse des hospitalisations. Dès lors que l'on sera revenu à une forme de normalisation, que la situation se sera détendue, qu'on aura pu reprogrammer toutes les interventions qui avaient été déprogrammées, on l'a toujours dit, on pourra lever…
DIMITRI PAVLENKO
On n'arrêtera d'emmerder les Français à ce moment là.
GABRIEL ATTAL
On pourra lever les dernières mesures et notamment le Pass vaccinal. Le professeur Alain FISCHER a dit qu'il pensait que ça pouvait intervenir fin mars, début avril, ce que j'ai dit c'est qu'on espérait que ça puisse être à ce moment là, et qu'on a effectivement des modélisations qui nous disent qu'à cet horizon, la situation à l'hôpital pourra s'être assez largement détendue.
DIMITRI PAVLENKO
Donc rien de plus qu'un alignement sur les propositions, ce que dit Alain FISCHER.
GABRIEL ATTAL
Oui, absolument, mais vous savez que le professeur Alain FISCHER c'est le président du Comité d'orientation vaccinale, qui a été mis en place. C'est une voix importante dans la lutte contre l'épidémie, et donc évidemment on prend ses prévisions avec beaucoup de sérieux.
DIMITRI PAVLENKO
Deux questions encore, Gabriel ATTAL. Après Eric WOERTH, Natacha BOUCHART, la maire LR de Calais se rallie à Emmanuel MACRON. Ces débauchages, quelle valeur ont-ils et est-ce qu'il y en aura d'autres ? Je pense par exemple à Jean-Pierre CHEVENEMENT, qui était avec Emmanuel MACRON à Belfort hier.
GABRIEL ATTAL
Il n'y a pas de débauchage, il y a des personnalités politiques qui annoncent leur soutien au président de la République.
DIMITRI PAVLENKO
Vous allez les chercher, quand même.
GABRIEL ATTAL
Et qui le font, mais qui le font, il vous faut voir leurs déclarations, mais qui le font pour des raisons de fond. Quand Eric WOERTH reçoit le président de la République, il le rejoint et il le soutient, parce qu'il dit que le président de la République a montré, au cours de son quinquennat, qu'il était en capacité d'affronter les défis immenses qui sont devant nous. Et en ce moment, le défi international, évidemment, mais le défi de la reconstruction de notre économie, de notre pays, après une des plus graves crises qu'on a connues depuis un siècle, évidemment que le président de la République est le mieux à même d'y répondre, c'est ce qu'a dit Eric WOERTH. C'est une voix importante, Eric WOERTH, notamment parce qu'il fait autorité, d'une certaine manière, à droite, sur les questions budgétaires, sur les questions de responsabilité financière. Et pour ce qui est de Jean-Pierre CHEVENEMENT, qui a toujours été un grand défenseur de l'indépendance et de la souveraineté de notre pays, et notamment de la souveraineté énergétique, c'est évidemment, il y a une forme de logique et de naturel à ce qu'il se trouve aux côtés du président de la République, hier…
DIMITRI PAVLENKO
Donc, Jean-Pierre CHEVENEMENT soutient Emmanuel MACRON.
GABRIEL ATTAL
Non, je dis : il y a une forme de logique et de naturel à ce qu'il soit aux côtés du président de la République, hier, au moment où le président de la République annonce un plan massif pour réinvestir notre parc nucléaire.
DIMITRI PAVLENKO
Vous avez entendu la rumeur Christine LAGARDE, présidente de la BCE, à Matignon, en cas de réélection d'Emmanuel MACRON. Ça viendrait de Nicolas SARKOZY, c'est du sérieux ou pas ?
GABRIEL ATTAL
Alors, si je commence à commenter les rumeurs qu'on lit dans les journaux, sur des hypothèses qui sont faites, sur après l'élection. Je veux dire, là, franchement non, ça me dépasse.
DIMITRI PAVLENKO
Et alors, il y a aussi cette déclaration de votre collègue du gouvernement, la ministre déléguée à l'Egalité femmes/hommes, Elisabeth MORENO, je voudrais jusqu'on se la remette dans l'oreille.
ELISABETH MORENO
Ces filles font du sport, le sport c'est de l'émancipation. Sur le terrain de foot aujourd'hui, il n'est pas interdit de porter le voile. Je veux qu'on respecte la loi. La loi dit que ces jeunes filles peuvent porter le voile et jouer au foot.
DIMITRI PAVLENKO
"Ces filles" ce sont les fameuses Hijabeuses, qui militent pour le droit de porter le voile pendant les compétitions de football. Elisabeth MORENO les soutient. Est-ce la position du gouvernement, Gabriel ATTAL ?
GABRIEL ATTAL
Non, et d'ailleurs Elisabeth MORENO, hier soir, a précisé ses propos auprès de l'AFP. Elle a dénoncé une instrumentalisation qui a été faite, elle a clarifié le fait qu'elle ne soutenait évidemment pas une association qui vise à faire du prosélytisme ou qui viserait à mettre le port du voile comme une forme de condition pour pouvoir pratiquer le sport. Il y a…
DIMITRI PAVLENKO
Mais pourquoi la majorité, dans ce cas-là, rejette l'amendement LR au Sénat, qui prétend clarifier la situation en interdisant clairement les signes religieux dans les compétitions sportives ?
GABRIEL ATTAL
Parce que contrairement aux LR, on s'attaque aux vrais problèmes.
DIMITRI PAVLENKO
Ah parce que ce n'est pas un vrai problème, ça ?
GABRIEL ATTAL
Depuis le début du quinquennat, on s'est attaqué au problème de la radicalisation et des structures qui propagent l'islamisme radical dans notre pays. Est-ce que c'est la majorité LR, quand elle était aux responsabilités…
DIMITRI PAVLENKO
Il y a un islamisme qui n'est pas radical, il y a un islamisme modéré, d'après vous ?
GABRIEL ATTAL
Non, l'islamisme, vous avez raison, est-ce que c'est la majorité LR qui quand elle était aux responsabilités, a pris les masures que nous avons prises ? Pour fermer des mosquées qui propagent la radicalisation ? Pour fermer des structures associatives qui propagent ces thèses là aussi ?
DIMITRI PAVLENKO
Mais il n'y a pas un détournement de laïcité, quand on soutient le port du voile comme un signe d'émancipation, parce que c'est du sport, parce que c'est du football ?
GABRIEL ATTAL
Encore une fois, elle a clarifié ses propos, donc il n'y a pas besoin de moi pour le faire. Hier soir elle a été très claire sur ce sujet là, elle a regretté l'instrumentalisation qui avait été faite, et elle a elle même clarifié, elle est revenue sur ses propos. Encore une fois, je pense qu'il faut parler des vrais problèmes et surtout apporter les vraies solutions.
DIMITRI PAVLENKO
Mais, rétablirez-vous, la proposition des sénateurs LR dans la loi sport, pour clarifier la situation à l'ensemble des fédérations sportives ?
GABRIEL ATTAL
Mais on a porté une loi contre le séparatisme, qui a été adoptée, qui nous donne les outils historiques et inédits, pour lutter contre l'islamisme, partout. Y compris dans le sport, avec un contrat d'engagement républicain qui doit maintenant être signé par toutes les associations sportives, par toutes les fédérations sportives, pour recevoir des moyens publics, pour s'engager à la laïcité, pour s'engager à ne pas faire de prosélytisme. C'est ça les vraies solutions.
DIMITRI PAVLENKO
Donc pour vous, la loi est claire : l'état du droit est suffisant pour dire à ces Hijabeuses, c'est illégal, rentrez chez vous.
GABRIEL ATTAL
Enfin, d'autant que le droit a été renforcé par la loi de lutte contre le séparatisme, que nous avons portée et que la majorité a voté, qui nous donne encore une fois les outils historiques et inédits pour lutter contre l'islamisme dans notre pays, qui est un phénomène qui se développe depuis un certain nombre d'années, en France. Il y a un investissement inédit en la matière, et évidemment que l'on va continuer à agir. Mais encore une fois, en prenant des bonnes mesures, en prenant des vraies mesures, plutôt qu'avec des slogans ou des tentatives de polémiques.
DIMITRI PAVLENKO
Merci beaucoup Gabriel ATTAL d'être venu au micro de Europe 1 ce matin.
GABRIEL ATTAL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 février 2022
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