Déclaration de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance, sur les sanctions de l'Union européenne contre la Russie après l'attaque militaire en Ukraine, à Paris le 25 février 2022.

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  • Bruno Le Maire - Ministre de l'économie, des finances et de la relance

Circonstance : Doorstep avec Christian Lindner,ministre des Finances de la République fédérale d'Allemagne

Texte intégral

Bonjour à tous.


Je suis très heureux de vous accueillir ici à Paris. Nous avons voulu inaugurer cette réunion des ministres des Finances européens avec Christian Lindner, l'actuel président du G7 Finances, pour marquer notre soutien total à l'Ukraine et au peuple ukrainien.

Nous allons avoir une réunion des ministres des Finances qui va être consacrée aujourd'hui exclusivement à la question ukrainienne, à ses conséquences économiques, et à ce que nous pouvons faire pour protéger nos économies face à cette situation.

Je voudrais d'abord dire sur un plan plus personnel, tout mon soutien au peuple ukrainien qui traverse au moment où je m'exprime des heures extraordinairement difficiles à Kiev et sur le reste du territoire. Je voudrais redire, comme l'a fait le président de la République hier soir, tout notre soutien au président Zelenski et toute notre admiration pour le courage et la force d'âme du peuple ukrainien. Nous sommes avec l'Ukraine, nous sommes derrière l'Ukraine. L'Union européenne a décidé, comme vous le savez, d'un soutien financier pour l'Ukraine de 1,2 milliard d'euros. La France apportera en plus, 300 millions d'euros dès aujourd'hui à l'Ukraine pour la soutenir et l'aider financièrement.

Les chefs d'Etat européens ont également décidé hier des sanctions massives et immédiates contre la Russie. Nous allons mettre en oeuvre aujourd'hui, nous, ministres des Finances, ces sanctions massives et immédiates contre la Russie. Ces sanctions vont frapper durement la Russie. Notre objectif est de faire plier l'économie russe et de faire plier les responsables politiques et économiques de la Russie. Cela prendra le temps nécessaire. Nous sommes totalement déterminés. Nous allons frapper d'abord un certain nombre de secteurs stratégiques frapper les transports, frapper le secteur aéronautique, frapper les semi-conducteurs, frapper toutes les technologies sensibles de l'économie russe. Nous allons frapper le système financier russe. Nous voulons frapper les banques russes. Nous voulons isoler financièrement la Russie. Nous voulons couper tous les liens entre la Russie et le système financier mondial. Nous allons assécher les financements de l'économie russe.

Nous voulons enfin cibler un certain nombre de personnalités russes. Hier, les chefs d'État ont décidé de mettre sous sanctions plusieurs centaines de personnalités politiques et économiques de la Russie. J'ai demandé ce matin à la Direction générale des finances publiques d'identifier l'ensemble des avoirs de ces personnalités russes qui sont désormais sous sanctions européennes, et nous prendrons tous les moyens nécessaires pour bloquer tous les avoirs en France des personnalités politiques et économiques russes qui sont sous sanctions européennes. Ces décisions seront prises dans les prochaines heures.

J'ai conscience que ces sanctions peuvent avoir un impact sur quelques entreprises françaises. Je veux redire à quel point c'est sans comparaison avec l'impact que ces sanctions auront sur l'économie russe et sur les intérêts économiques de la Russie. J'ai eu hier l'occasion de m'entretenir avec un certain nombre de secteurs de l'aéronautique, du nucléaire, de l'automobile pour voir quelles entreprises pourraient être touchées. Mais je le rappelle, l'économie française est peu exposée à la Russie. La Russie est un partenaire économique secondaire de la France.

Enfin, nous allons évidemment discuter avec Christian Lindner et avec l'ensemble des autres partenaires européens, de la question du gaz.

C'est la seule question économique stratégique. Les prix du gaz ont augmenté de 30 % au cours des dernières heures.

Je veux redire que les ménages français n'ont pas d'inquiétude à avoir et ne verront pas cette augmentation sur le prix de leur facture puisque nous avons, avec le Premier ministre, décidé le gel des tarifs du gaz. En revanche, il faut réfléchir à des solutions de moyen et de long terme pour augmenter les stockages, pour diversifier les sources d'approvisionnement et, bien entendu, pour renforcer l'indépendance de l'Europe en matière d'énergie et en particulier en matière de gaz.

Enfin, je veux vous dire, pour conclure, à quel point ce qui est en jeu désormais, c'est la défense de nos valeurs défense de nos valeurs, de la liberté, de la souveraineté des peuples. Elle a un prix, elle nous amène à prendre des décisions politiques, économiques qui sont difficiles. Mais ces valeurs-là, la liberté, la défense de la souveraineté, la protection de l'indépendance des peuples n'ont pas de prix.


Source https://www.economie.gouv.fr, le 28 février 2022