Interview de M. Olivier Dussopt, ministre des comptes publics, à France Bleu Drôme Ardèche le 7 mars 2022, sur l'élection présidentielle, les sanctions économiques contre la Russie et les élections législatives.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Bleu Drôme Ardèche

Texte intégral

JOURNALISTE
Olivier DUSSOPT, le ministre ardéchois des Comptes publics est l'invité du 7/9 ce matin.

PIERRE-JEAN PLUVY
Bonjour Olivier DUSSOPT.

OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.

PIERRE-JEAN PLUVY
Premier déplacement de campagne ce soir pour Emmanuel MACRON, à Poissy dans les Yvelines. Le chef de l'Etat qui reste mobilisé également sur la guerre en Ukraine. Ça ne va pas être facile sans ce " en même temps ". Comment s'investir dans la présidentielle quand on a la tête occupée à ce qui se passe à 2 000 km d'ici ?

OLIVIER DUSSOPT
Le président de la République est Président, et il présidera jusqu'à la dernière minute de ce quinquennat, et dès la première du second que je souhaite le voir réaliser. Mais il ne va pas se soustraire à un débat démocratique. Nous sommes dans une période électorale, et ce qui se passe en Russie, ce qui se passe en Ukraine, ne doit pas nous faire renoncer à un rendez-vous démocratique, et le président est candidat à cette élection avec un bilan, avec un projet, avec une équipe autour de lui, une majorité rassemblée, et évidemment il va devoir adapter sa campagne à cette situation, à ces conditions, il l'a dit lui-même, mais les deux sont possibles et les deux sont compatibles.

PIERRE-JEAN PLUVY
Comment allez-vous vous vous investir dans cette campagne, notamment quel va être le rôle de votre mouvement Territoires de progrès, l'aile gauche du parti de la République En Marche ?

OLIVIER DUSSOPT
Nous contribuons de deux manières, et j'apporte ma pierre de deux manières, d'abord sur le fond, avec des propositions, avec cette participation au débat d'idées, avec la volonté d'aller plus loin, et puis nous nous participons aussi à un rassemblement, c'est le grand atout d'Emmanuel MACRON.

PIERRE-JEAN PLUVY
Vous serez la caution de gauche de…

OLIVIER DUSSOPT
Il n'y a pas de question de caution ou pas de caution, ça ce n'est pas comme cela qu'on réfléchit. Nous sommes convaincus, avec l'ensemble de mes amis de Territoires de progrès, mais au-delà, avec toute la majorité, que ce qui compte c'est le rassemblement de toutes les bonnes volontés. En 2016 le président de la République a initié un mouvement de dépassement des clivages et donc de rassemblement d'hommes et de femmes venus de différents horizons, et nous travaillons tous ensemble, ce qui change largement des différentes oppositions qui passent plus de temps à se déchirer, à regarder derrière que plutôt que devant. Nous, nous sommes rassemblés et nous regardons devant. Et donc nous contribuons à la fois sur le fond, en défendant le bilan, le bilan au niveau national, le bilan au niveau local. Lorsque nous installons un Service national des finances publiques à Tournon-sur-Rhône, ça participe à l'aménagement du territoire. Lorsque nous investissons 58 millions d'euros dans les hôpitaux de l'Ardèche, ce qui n'avait pas été fait depuis plus de 30 ans, nous participons aussi à la remise en état, à la remise à niveau d'un équipement qui est un service public, et c'est tout cela dont nous allons parler dans cette campagne.

PIERRE-JEAN PLUVY
Alors, la campagne chamboulée donc par cette guerre en Ukraine. Vous suivez de près les sanctions économiques vis-à-vis de la Russie, on voit qu'elles ne freinent pas forcément l'offensive en Ukraine, c'est vraiment suffisant ?

OLIVIER DUSSOPT
Beaucoup des sanctions sont mises en oeuvre par les services dont j'ai la responsabilité, je pense aux services des douanes, à TRACFIN ou encore au service des finances publiques, et évidemment nous travaillons à identifier précisément les avoirs de tous les Russes, pas de tous les Russes, des Russes qui sont inscrits sur les listes de personnes ou d'entités à sanctionner, ça n'est pas une guerre contre les Russes, ça n'est pas une guerre contre la Russie, c'est la volonté de sanctionner des oligarques qui comptent au sein du régime russe pour les ralentir dans cette offensive. Et si des sanctions économiques et financières avaient un effet immédiat sur un champ de bataille, ça se saurait. Aujourd'hui nous sommes dans une logique de protection et d'accompagnement de l'Ukraine, dans une logique qui consiste à empêcher un certain nombre de choses, par exemple, et cela dépasse largement le cadre des oligarques, nous avons gelé à l'échelle de toute l'Union européenne, les avoirs de la Banque centrale russe, dans les différentes banques privées, se sont plusieurs dizaines de milliards d'euros à l'échelle européenne, qui ne sont pas saisis, qui ne sont pas confisqués, mais qui sont gelés, dont la Banque centrale russe ne peut faire usage pour soutenir le cours de sa monnaie.

PIERRE-JEAN PLUVY
C'est donc à long terme qu'on verra les conséquences.

OLIVIER DUSSOPT
C'est à moyen et à long terme, et le président de la République l'a indiqué hier, un nouveau paquet de sanctions, puisque c'est ainsi que nous nous parlons, est en cours au niveau européen, car là aussi il faut le préciser, les sanctions n'ont de sens que si elles sont prises à l'échelle internationale, d'abord à l'échelle européenne, et en coordination avec nos partenaires britanniques et nos partenaires américains.

PIERRE-JEAN PLUVY
Olivier DUSSOPT, quelles seront les conséquences les plus importantes de cette guerre chez nous ?

OLIVIER DUSSOPT
Les conséquences seront avant tout indirectes, mais elles peuvent être importantes. Indirectes, parce que l'économie française n'est pas la plus exposée à l'économie russe. Les exportations françaises vers la Russie ne représentent que 1,3% du total des exportations françaises, et c'est 1,5% pour les importations depuis la Russie. Par contre nous avons quelques entreprises qui sont particulièrement exposées, donc nous assurons un suivi au cas par cas, et surtout il y a des conséquences indirectes. Des conséquences indirectes, ça se traduit par l'augmentation possible et même très probable des cours du gaz, et donc lorsque le gaz augmente, l'électricité augmente aussi, et nous protégeons les Français avec un bouclier tarifaire qui…

PIERRE-JEAN PLUVY
On creusera encore le déficit de la France un peu plus ou pas ?

OLIVIER DUSSOPT
Eh bien écoutez, je peux vous dire que le bouclier tarifaire va coûter effectivement cher, il coûte déjà 15 milliards d'euros. On peut regretter que cela creuse le déficit, mais si nous ne l'avions pas fait, il faut bien le mesurer, si nous n'avions pas mis en place ce bouclier tarifaire, entre la crise de l'énergie de l'hiver, et la crise en Ukraine, la facture des Français, la facture d'électricité des Français, aurait augmenté de 50% au mois de février, c'était absolument intenable, la facture de gaz aurait augmenté de 40%. C'est ce qui se passe en Allemagne, c'est ce qui se passe en Espagne, et en France tout le monde considère que l'énergie coûte cher, et c'est une réalité, elle coûte moins cher qu'en Europe, mais ça reste cher, et notre bouclier tarifaire permet d'éviter cette augmentation. Et donc oui c'est de l'argent public, oui c'est de la dépense, mais c'est une dépense qui protège les Français.

PIERRE-JEAN PLUVY
Olivier DUSSOPT, dernière question incontournable : après la présidentielle, les législatives au mois de juin. Vous serez candidat dans…

OLIVIER DUSSOPT
La réponse est dans votre question. Après les présidentielles, les législatives. Donc d'abord les présidentielles, il faut faire les choses dans l'ordre.

PIERRE-JEAN PLUVY
Vous y réfléchissez déjà.

OLIVIER DUSSOPT
Aujourd'hui je suis concentré sur ma tâche de ministre, et je peux vous assurer qu'elle est à la fois passionnante et prenante, c'est une immense responsabilité est aussi un témoignage de confiance dont il faut savoir être digne. Pour les législatives, j'aurai l'occasion de prendre ma décision juste après l'élection présidentielle pour voir s'il est utile, s'il est opportun que je sois candidat. Vous savez, je crois les Ardéchois savent mon attachement à l'Ardèche et aux projets qui sont portés par l'ensemble des acteurs, mais chaque chose en son temps.

PIERRE-JEAN PLUVY
Donc réponse dans deux mois. Merci beaucoup Olivier DUSSOPT.

OLIVIER DUSSOPT
Merci à vous.

PIERRE-JEAN PLUVY
Ministre ardéchois délégué aux Comptes publics. Très bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 mars 2022