Interview de M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à CNews le 8 mars 2022, sur le conflit en Ukraine, les sanctions contre la Russie et l'impact concernant les prix des matières premières.

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Média : CNews

Texte intégral

LAURENCE FERRARI
Bonjour Monsieur DENORMANDIE.

JULIEN DENORMANDIE
Bonjour.

LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans " La matinale " de CNews. Emmanuel MACRON a estimé hier avoir tout fait pour éviter une entrée en guerre en Ukraine, " nous ne sommes pas en guerre contre la Russie ", il l'a répété à plusieurs reprises, c'est important malgré le fait qu'il dénonce le cynisme moral et politique de Vladimir POUTINE, il faut maintenir le dialogue tout en donnant l'impression qu'on est quand même dans la partie ?

JULIEN DENORMANDIE
Oui, je crois que c'est essentiel. Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, c'est la Russie qui a déclenché la guerre contre l'Ukraine, c'est ça qu'il faut avoir en tête. Le président de la République a effectivement tout fait pour éviter cela, nous l'avons vu se rendre à Moscou, se rendre à Kiev, nous l'avons vu continuer à converser avec le président POUTINE…

LAURENCE FERRARI
Sans succès… ?

JULIEN DENORMANDIE
C'est l'un des seuls chefs d'Etat qui continue comme cela à converser, et je crois que c'est très important. Sur le conflit, de manière générale…

LAURENCE FERRARI
Ils sont nombreux, il y a le Premier ministre israélien, ils sont un certain nombre à pouvoir parler à POUTINE.

JULIEN DENORMANDIE
Mais c'est aussi très important. Voyez la dernière conversation qu'il a pu avoir avec le président POUTINE, qui portait par exemple sur la sécurisation des sites nucléaires en Ukraine, donc il est absolument essentiel de maintenir ce dialogue, il est aussi absolument essentiel de maintenir avec force ces sanctions, ces sanctions contre la Russie, pour faire en sorte que les armes se taisent, pour faire en sorte que le cessez-le-feu arrive sur la situation…

LAURENCE FERRARI
Il y a des corridors humanitaires qui normalement doivent être mis en place à partir de maintenant, de 8h du matin, dans cinq villes, vous y croyez à ces corridors humanitaires, dans un premier temps la Russie avait proposé qu'on évacue les civils vers la Russie, ce qui a été refusé par l'Ukraine, vous pensez que ça peut tenir cette fois-ci ?

JULIEN DENORMANDIE
Je crois qu'ils sont essentiels, ils sont essentiels d'abord pour les femmes, les enfants, les hommes qui souhaitent quitter un certain nombre de villes, mais je crois qu'il faut que ce soit de véritables corridors, comme le président de la République a pu l'exprimer hier soir, s'il s'agit d'un corridor qui permet aux Ukrainiens de se rendre en Russie, ou en Biélorussie, je ne crois pas que ce soit de véritables corridors, le président de la République a eu des mots forts là-dessus hier, mais vous voyez, ces corridors, la sécurisation de ces sites nucléaires, ou tant d'autres sujets, notamment celui de la désescalade, passe aussi forcément par cette voie du dialogue, il faut maintenir ce dialogue. Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, nous ne sommes pas en guerre contre le peuple russe, nous avons un dirigeant, le président POUTINE, qui a fait cet acte inacceptable, intolérable, d'envahir une démocratie qui est l'Ukraine, face à ça il faut cette fermeté, cette fermeté totale dans les sanctions. Je crois que jamais sanctions aussi fortes n'avaient été prises, et en même temps cette voie du dialogue pour faire en sorte que, in fine, les armes se taisent.

LAURENCE FERRARI
Alors, il y a beaucoup de questions que j'ai à vous poser sur le pouvoir d'achat des Français, sur la situation des agriculteurs français, parce qu'ils sont très inquiets de la flambée des prix, juste un mot sur les sanctions. Vous dites c'est les sanctions les plus dures, on peut aller plus loin, vous savez très bien, on peut bloquer les exportations de pétrole russe, c'est vraiment un des stades quasi ultime dans l'échelle des sanctions, les Américains y réfléchissent sérieusement, les Allemands disent " attention, attention, nous nous sommes extrêmement dépendants du gaz, du pétrole et du charbon russes ", est-ce que la France envisage de soutenir une initiative qui viserait à complètement bloquer les exportations russes ?

JULIEN DENORMANDIE
Il faut vraiment, sur ce sujet-là, d'abord réfléchir et penser au niveau européen, je crois que la situation a montré à quel point l'Europe était de retour, et était de retour dans ces situations internationales. Alors, quand on parle au niveau européen, nous ne sommes pas tous dans la même situation, il s'avère, et c'est d'ailleurs le choix qu'a fait le président de la République depuis maintenant 5 ans, que la France est beaucoup plus souveraine en énergie que ses partenaires européens, songez que l'Allemagne dépend à plus de 60, quasiment 70 %, des importations de gaz russe, la Finlande elle dépend à 100%, il fait des températures négatives en ce moment en Finlande, vous voyez bien que si du jour au lendemain vous avez un arrêt de ces exportations de gaz russe, vous avez des conséquences sur, par exemple la Finlande, qui n'ont rien à voir, avec des conséquences sur la France, où nous nous importons à peu près 20 % du gaz russe.

LAURENCE FERRARI
Donc nous sommes pieds et poings liés, c'est ce que vous nous dites, on ne peut rien faire.

JULIEN DENORMANDIE
Non, je pense qu'on a déjà fait beaucoup, comme le disait Bruno LE MAIRE, nous sommes en train de réfléchir à faire encore plus, mais je pense que sur un certain nombre de sujets il importe d'avoir cette concertation au niveau européen parce que les conséquences de tout cela ne sont pas les mêmes en France, en Allemagne ou dans un autre pays, et je crois que c'est très important là aussi d'avoir cela en tête, mais vraiment j'insiste, vous savez ces événements tragiques renforcent profondément l'Europe, je crois montre à quel point le projet politique du président de la République tourné vers l'Europe, que certains ont décrié par le passé, était absolument nécessaire, et je crois que c'est cette voie-là qu'il faut continuer.

LAURENCE FERRARI
Vous dites l'Europe est en train de renaître, d'être ressuscitée par le conflit en Ukraine, mais elle est totalement impuissante, la seule chose qu'on peut faire c'est livrer des armes aux Ukrainiens, on n'interviendra pas dans le cadre de l'OTAN, tout le monde le sait, on peut juste gérer les flux de réfugiés, être humain pour le coup, avoir un devoir d'humanité, mais les sanctions, vous dites on n'ira pas jusqu'au stade ultime des sanctions parce que c'est trop compliqué pour nos voisins européens, donc nous sommes impuissants.

JULIEN DENORMANDIE
Non, non, vous avez un propos qui est très simpliste là, si je puis me permettre. L'Europe a pris des sanctions, notamment des sanctions qui peuvent paraître très techniques, mais qui ont des conséquences absolument colossales, c'est par exemple de « délister » un certain nombre de banques d'un système qui s'appelle le système Swift. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on empêche des transactions financières de se faire, et se faisant on bloque un certain nombre des pans de l'économie russe. L'Europe a pris des positions qu'elle n'avait jamais prises jusqu'alors, quand vous voyez ce que les Allemands ont fait, ont décidé en quelques heures, sur un réarmement de l'Allemagne, chose qu'ils n'avaient plus fait depuis l'après Seconde Guerre mondiale, quand vous voyez que l'Europe, enfin, alors que la France le plaide depuis des années, a remis sur la table des négociations le sujet de la souveraineté, souveraineté énergétique, souveraineté militaire, mais aussi souveraineté alimentaire, ce sera d'ailleurs ce triptyque, et d'autres sujets, qui seront discutés à Versailles par le président de la République et l'ensemble de ses homologues dès jeudi, donc non, l'Europe aujourd'hui se consolide, mais l'Europe aujourd'hui sort d'un certain nombre, je dirais d'attentismes, va beaucoup plus vite aujourd'hui sur cette vision qui est celle de la souveraineté, mais c'est ce que plaide le président de la République depuis 5 ans. Alors, oui, c'est malheureux que de tels événements tragiques aient été nécessaires pour accélérer, mais c'est ainsi, en tout cas en France ça fait 5 ans qu'on se bat là-dessus.

LAURENCE FERRARI
L'impact sur le prix du carburant sera évidemment majeur dans les semaines à venir…

JULIEN DENORMANDIE
Il a déjà commencé d'ailleurs.

LAURENCE FERRARI
Il a déjà commencé, les prix, on les remontre, le litre de gazole quasiment à 2 euros, pareil pour le sans-plomb à plus de 2 euros. Une nouvelle prime, comment va se concrétiser l'aide annoncée hier par le président MACRON lors de son premier déplacement de candidat ?

JULIEN DENORMANDIE
C'est en train d'être décidé, le Premier ministre recevra d'ailleurs les partenaires sociaux dès cet après-midi, les différents représentants de filières, pour déterminer le contenu de ce qu'on appelle ce plan de résilience, plan de résilience de l'économie française, plan d'accompagnement des Français face aux effets de cette guerre en Ukraine. Les effets sont sur le prix de l'énergie, le pétrole, le gaz aussi, il peut y avoir des effets également sur les prix des biens courants de consommation, notamment l'alimentaire, et puis des effets pour l'ensemble des entreprises qui vont voir leurs coûts de production augmenter, et donc c'est ce plan de résilience que le Premier ministre, avec le gouvernement, est en train de consolider pour être annoncé dans les prochains jours.

LAURENCE FERRARI
Il reste 30 jours et quelques avant l'élection et le premier tour. Concernant l'alimentation, évidemment vous êtes en première ligne avec les agriculteurs français, est-ce que nous sommes dépendants des importations de blé russe et quel est l'impact sur notre agriculture à nous ?

JULIEN DENORMANDIE
Nous nous ne sommes pas dépendants des exportations russes ou ukrainiennes, modulo quelques petits points, mais il n'y a pas de question d'atteinte à notre souveraineté agroalimentaire, ce qui n'est pas le cas de d'autres pays européens. En revanche, nous aurons un effet prix, dit autrement, nous en France nous ne craignons aucune pénurie, mais nous aurons des effets prix, des effets prix sur les coûts de production, par exemple l'alimentation animale, ou les coûts liés à l'explosion du prix du blé. Mais moi ce que je crains, Madame FERRARI, c'est que, à cette situation de guerre en Ukraine, s'ajoute, dans les 12 à 18 mois, une crise alimentaire mondiale, et c'est vraiment ça qu'il nous faut éviter. Pourquoi ? songez que la Russie et l'Ukraine c'est à peu près 30% des exportations de blé, songez que sur le pourtour méditerranéen, que ce soit le sud de l'Europe, ou que ce soit le nord de l'Afrique, vous avez énormément de pays qui dépendent de ces exportations de blé russes ou ukrainiennes, au même moment vous avez une terrible sécheresse qui sévit sur cette zone-là, et donc nous Européens nous avons une responsabilité en ce moment, c'est d'éviter une crise alimentaire mondiale dans les 12 à 18 mois, et je pèse mes mots.

LAURENCE FERRARI
Comment on peut le faire ?

JULIEN DENORMANDIE
Eh bien il faut que l'Europe produise plus. L'Europe bénéficie des terres parmi les plus fertiles au monde, il faut que l'Europe ait une capacité à produire plus pour pouvoir également accompagner d'autres pays, qui n'ont rien à voir avec le conflit, mais qui se voient impactés dans leurs possibilités d'accès à l'alimentation, et notamment sur le continent africain, et en particulier en Afrique du Nord, et je crois qu'il ne faut pas minimiser la gravité de cette situation, quand je parle de crise alimentaire mondiale, dans 12 à 18 mois, je ne parle pas de la France, en France nous n'avons pas de risque de pénurie, nous avons des effets prix, mais je parle de nos partenaires, et donc l'Europe là aussi doit assumer sa mission nourricière, et c'est ce que nous sommes en train d'organiser, je réunissais tous les ministre de l'Agriculture européens il y a quelques jours, il y aura un G7 agricole dans quelques jours aussi, nous allons continuer à porter ces solutions.

LAURENCE FERRARI
Donc une augmentation de la production sur les 12 à 18 mois qui arrivent, c'est ça ?

JULIEN DENORMANDIE
C'est ce qu'il nous faut faire, il nous faut absolument pouvoir se dire, face à cet arrêt probable d'une partie des exportations de blé, ukrainien ou russe, mais aussi d'autres comme le maïs ou le tournesol, ce sont des grands fournisseurs, comment fait-on ? Eh bien il n'y a pas d'autre choix que de produire plus, et je crois que cette crise alimentaire, putative, potentielle, dans 12 à 18 mois, est un véritable sujet de préoccupation que nous prenons à bras-le-corps, ici en France, et en tant que président du Conseil de l'Europe.

LAURENCE FERRARI
Le gouvernement craint des émeutes de la faim dans ces pays que vous venez d'évoquer.

JULIEN DENORMANDIE
Vous savez en 2007, ce qu'on appelait le Printemps arabe, le Printemps arabe il débute en Tunisie, il débute en Tunisie par ce qu'on a appelé la crise du pain, c'est un jeune Tunisien qui s'immole parce qu'il n'est plus en capacité d'acheter du pain, eh bien c'était lié effectivement à des cours de matières premières qui étaient incroyablement hauts. Aujourd'hui on a constaté en Egypte, ça fait plusieurs fois que le gouvernement égyptien annule des commandes de blé parce que les prix sont trop importants, on constate qu'au Maroc, avec la sécheresse, vous avez près de trois quarts de la production de blé qui est mise à mal, eh bien qu'est-ce que vous faites face à ça ? Vous ne regardez pas qu'au bord de votre frontière, nous avons une responsabilité aussi vis-à-vis de nos partenaires. Alors, une fois que j'ai dit ça, il y a aussi énormément de sujets au niveau national, parce qu'au niveau national nous avons par exemple notre secteur de l'élevage qui va être profondément impacté par une augmentation du prix de l'alimentation animale, sachant que c'est des secteurs qui sont déjà fragilisés, je pense au secteur porcin, ou de la volaille, et donc dans le plan de résilience nous allons là aussi apporter des aides spécifiques pour ces acteurs.

LAURENCE FERRARI
Pour ces producteurs, parce qu'il y aura une répercussion sur le prix d'achat et donc sur les consommateurs français.

JULIEN DENORMANDIE
Exactement.

LAURENCE FERRARI
Idem pour le prix du blé, vous allez aider spécifiquement les agriculteurs, ou pas ?

JULIEN DENORMANDIE
Alors, le prix du blé, les agriculteurs qui vendent du blé, eux n'ont pas de problème, mais ils peuvent avoir des problèmes, ce qui est très important là aussi, d'accès à quelque chose qui est essentiel pour faire des cultures, qui est l'engrais, l'engrais c'est la nourriture de la plante, et l'engrais il dépend du gaz, parce qu'on a besoin de gaz pour produire de l'engrais, donc vous voyez la complexité…

LAURENCE FERRARI
Tout est connecté.

JULIEN DENORMANDIE
Tout est connecté, mais c'est ça que nous travaillons avec méthode pour, à la fin, protéger les Français, protéger les consommateurs, protéger l'Europe, mais sans oublier nos partenaires, parce que c'est aussi ça ce rôle de la France, ce rôle de l'Europe, c'est d'avoir aussi un regard tourné vers nos alliés.

LAURENCE FERRARI
Est-ce que dans ce contexte de crise il est judicieux que vous quittiez votre poste de ministre de l'Agriculture pour devenir directeur de la campagne d'Emmanuel MACRON ?

JULIEN DENORMANDIE
Je vous confirme que je suis et resterai ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, les enjeux sont absolument énormes, après je m'engagerai, je m'engagerai auprès du président de la République, mais vous savez…

LAURENCE FERRARI
Du candidat ?

JULIEN DENORMANDIE
Du président de la République en tant que ministre, et du candidat Emmanuel MACRON, mais vous savez, le moment, et je crois que c'est très important, il nous faut réussir à savoir à la fois conjuguer le retour du tragique, c'est-à-dire la guerre en Ukraine, et en même temps réussir à avoir cette volonté de construire un avenir ambitieux pour notre pays, c'est ça l'enjeu, conjuguer le retour du tragique, tout en construisant cet avenir ambitieux. Et alors, conjuguer le retour du tragique ça veut dire d'abord avoir la capacité de gérer ce tragique, et je crois que le président de la République montre à quel point il est aux manettes là-dessus, il est absolument impliqué là-dessus, et parfois avec des oppositions qui ne sont pas à la hauteur, parlons-nous franchement. Quand vous avez le retour du tragique, il faut…

LAURENCE FERRARI
Il faudrait l'union sacrée, c'est ce que vous nous dites, et qu'on arrête la campagne ?

JULIEN DENORMANDIE
Non, ce que je veux dire c'est que… quand vous avez le retour du tragique il faut sérieux et cohérence, sérieux et cohérence, quand vous avez des oppositions, notamment d'extrême droite, qui ont fait les louanges de Vladimir POUTINE…

LAURENCE FERRARI
Vous pensez à Marine LE PEN et à Eric ZEMMOUR ?

JULIEN DENORMANDIE
A Marine LE PEN et à Eric ZEMMOUR, vous êtes, ni dans le sérieux, ni dans la cohérence, je ne suis pas sûr que nous puissions leur faire confiance, je suis même convaincu de l'inverse, et donc il y a d'abord…

LAURENCE FERRARI
Ils sont revenus tous les deux sur ces louanges que vous leur prêtez.

JULIEN DENORMANDIE
Ils sont revenus, mais regardez le compte Twitter de Thierry MARIANI par exemple, qui est un proche collaborateur de Marine LE PEN, il y a quelques jours à peine il retweetait une rencontre entre le ministre de la Défense russe et le président syrien, il y a quelques jours à peine il indiquait qu'il serait, je le cite, " grotesque de penser que les Russes iraient jusqu'à Kiev ", c'est ni sérieux, ni cohérence, moi je ne leur fais pas confiance pour gérer le retour du tragique, aucunement, et je crois que c'est très important que ce soit dit, et de l'autre côté il faut un avenir ambitieux, et les mêmes n'ont aucun avenir ambitieux. Il y a d'un côté le président Emmanuel MACRON, et maintenant candidat MACRON, qui est tourné vers l'avenir, qui veut construire l'avenir pour nos enfants, et vous en avez d'autres qui sont sur le déclinisme, qui sont sur le passé, et qui sont en fait sur cette nostalgie de l'enfance, eh bien moi je préfère travailler pour nos enfants que pour ceux qui ressassent leur propre enfance.

LAURENCE FERRARI
Est-ce que c'est pour ça que le président ne veut pas débattre au premier tour, avant le premier tour, avec ses opposants, et qu'il dit « mais après tout aucun président de la République sortant ne l'a fait, donc je ne le ferai pas », c'est une façon d'éluder le débat ou pas ?

JULIEN DENORMANDIE
Mais pas du tout, vous avez vu hier soir il a débattu, mais il débat avec les Français et avec les journalistes, oui au débat, non à la foire d'empoigne. Le débat ça se fait avec les Français, ça se fait avec les journalistes, pour confronter les projets des candidats, ça ne se fait pas avec 11 candidats qui seraient dans une foire d'empoigne, avec un douzième, ce n'est pas ça, et d'ailleurs je note que l'ensemble de ses prédécesseurs, qui ont eu la possibilité de se représenter, aucun d'entre eux n'a choisi la foire d'empoigne, tous ont privilégié le débat. Je pense que, si on peut faire beaucoup de critiques au président MACRON, il y en a bien une qu'on ne puisse le faire, c'est sa volonté de débattre. Regardez les dizaines d'heures qu'il a passé sur le grand débat, regardez encore ce qu'il a fait hier, hier il choisit en tant que candidat d'aller de débattre avec les Français plutôt que de faire un meeting où vous n'auriez que des milliers de personnes absolument déjà convaincues, il est dans le débat, il est profondément dans le débat, il est en fait dans la demande qu'il fait aux Français de reconduire la confiance que ces derniers lui ont portée il y a 5 ans, et cela en réussissant à les convaincre.

LAURENCE FERRARI
Déjà des mesures, supprimer la redevance télé, tripler le plafond de la prime Macron, ça y est, on distribue déjà les petits cadeaux à quelques jours de l'échéance ?

JULIEN DENORMANDIE
Non, c'est surtout un projet, il l'a détaillé hier son projet, un projet autour de quatre pactes, sur l'Europe, je crois que la situation montre à quel point remettre l'Europe est quelque chose d'essentiel, un sur le pacte productif, c'est-à-dire que notre souveraineté passera par le travail, passera par les transitions, notamment environnementales, un sur le pacte entre les générations, et on voit que ce pacte entre les générations, depuis la crise de la Covid jusqu'à aujourd'hui, elle est parfois interrogée, et donc il faut absolument reconsolider ce pacte entre les générations, et un dernier qui est le pacte régalien, sur les sujets liés à l'immigration, les sujets liés à la sécurité, les sujets liés au militaire. Il y a quelque chose qu'on n'a pas dit, depuis 5 ans le président de la République a augmenté les budgets aux armées, +1,7 milliard d'euros par an, c'était parfois passé inaperçu, les quinquennats précédents on a réduit les budgets, le président de la République il y a 5 ans fait le choix de consolider nos armées, mais fort heureusement quand vous voyez la situation aujourd'hui.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Julien DENORMANDIE.

JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.

LAURENCE FERRARI
Qui va donc rester ministre de l'Agriculture au sein du gouvernement de Jean CASTEX.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 mars 2022