Texte intégral
Nous voilà donc à l'issue d'une riche journée de travail sur le plurilinguisme, sur la langue française au sein des institutions européennes. Je me félicite de voir qu'il y a véritablement un engouement des représentants des Etats membres et de la société civile pour un véritable plaidoyer afin de faire en sorte qu'il y ait une réalité du plurilinguisme. On sait que le plurilinguisme est un acte fondateur de notre Union européenne. Souvenez-vous de ce règlement numéro 1/58, premier règlement adopté à l'époque par la CEE qui instaure ce régime, mais encore faut il qu'il soit appliqué dans les faits. Et de ce point de vue là, beaucoup de propositions ont émergé.
C'est d'ailleurs un des objets du rapport que nous avions demandé avec Clément Beaune au groupe de travail de M. Lequesne. Suite à ce rapport, suite à ces travaux, je suis en mesure de vous annoncer que nous mettons en place un véritable plan dédié au développement du plurilinguisme au niveau européen. Nous allons solliciter la Commission européenne pour que, chaque année, un rapport puisse être établi pour faire le point sur la mise en oeuvre effective de ce plurilinguisme. Ce rapport, les parlementaires européens pourront s'en emparer. Il est souhaitable que le Conseil de l'Union européenne également puisse, sur cette base là, prendre des décisions, des décisions liées justement à l'accroissement des formations pour les fonctionnaires européens liées peut-être aux concours européens, où il y a besoin de donner encore plus de place aux langues vivantes, aux décisions budgétaires aussi d'investissement dans à la fois les ressources humaines permettant ces traductions, ces interprétations, mais également dans les technologies, puisqu'on a vu qu'elles pouvaient être un apport, un soutien.
Ici, nous nous sommes fait le Serment de Pau, selon lequel nous allons continuer à promouvoir l'usage des langues d'Europe au sein de nos institutions, parce que tout simplement, les citoyens ont besoin qu'on leur parle dans leur langue pour bien comprendre l'Europe et eux-mêmes pour être compris de l'Europe ; c'est une condition sine qua non de la démocratie européenne.
Q - Auriez-vous souhaité que la cause des langues minoritaires régionales figure au programme de la journée et soit évoquée à un moment ou un autre ?
R - Alors, je tiens à vous rassurer pleinement, que ce soit avec le ministre d'Etat François Bayrou, ou de ma part, nous avons tous les deux insisté sur le rôle, la place des langues régionales : tout simplement, je rappelle qu'en France, elles sont inscrites dans notre Constitution. Elles sont un patrimoine de la République ; et un patrimoine, vous le savez, il a vocation à se transmettre, il a vocation à être vivant. Et de ce point de vue là, je veux saluer tout le travail et l'énergie qu'a mis Jean Castex, le Premier ministre, qui a réuni à plusieurs reprises justement, le monde associatif qui se dédie à la cause des langues régionales. De ce point de vue-là, je veux dire qu'il n'y a pas d'opposition. Nous avons travaillé aujourd'hui sur le plurilinguisme au sens des langues officielles et de travail au sein de l'Union européenne, mais naturellement, dès lors qu'on défend la cause des langues officielles, on défend aussi une autre cause qui est celle des langues régionales qui non seulement ont droit de cité mais doivent être encouragées. Donc, tout cela est complémentaire et la diversité culturelle ne connaît pas de frontières de ce point de vue-là.
Q - [inaudible] que la France n'a pas ratifié tous les textes, que la loi Molac a été pour partie censurée par le Conseil constitutionnel. Ils mettent en avant des obstacles qui se présentent à eux.
R - Encore une fois, il y a eu la loi Molac, justement, qui a fait un certain nombre d'apports, d'avancées, et puis le Premier ministre qui, à la suite de la censure du Conseil constitutionnel, a pu mettre en place un certain nombre de garanties pour l'enseignement de ces langues. C'est pour cela que je faisais référence à son travail et pour le saluer. Très clairement, ces langues, ce sont des joyaux aussi, et je veux remercier toutes celles et tous ceux qui s'emploient à les faire vivre. Donc, vous le voyez, il n'y a pas de polémique à avoir, je crois qu'on regarde tous dans le même sens : la diversité culturelle, à la fois sur le plan national et le plan européen.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mars 2022