Texte intégral
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être notre invité politique ce matin, Julien DENORMANDIE. Vous êtes ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation mais vous êtes surtout là ce matin en tant que soutien d'Emmanuel MACRON puisqu'on est en période électorale, il y a des règles électorales évidemment à respecter, vous êtes avec nous pendant un peu plus de 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse quotidienne régionale, représentée par Eric RICHARD de la Nouvelle République bonjour Eric !
ERIC RICHARD
Bonjour Oriane, bonjour Julien DENORMANDIE.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous. Emmanuel MACRON a donc dévoilé son programme hier, plus de 4h de conférence de presse, une trentaine de mesures ont été annoncées, 3 semaines avant le premier tour, il était temps quand même.
JULIEN DENORMANDIE
Ah mais je crois que hier il y a eu un vrai débat, un vrai débat avec les journalistes, une présentation d'un programme de manière complète et puis surtout, il y avait une vraie vision que je caractériserais d'abord par une ambition et je crois que c'est très important d'être ambitieux, songez que dans ce projet, le candidat Emmanuel MACRON parle de cet objectif d'atteindre le plein emploi ; qui il y a quelques années aurait envisagé un tel objectif politique ? Songez que dans ce projet il y a à nouveau l'ambition de réduire les impôts (moins 15 milliards après les moins 50 milliards de ce premier quinquennat) et donc il y a un projet un projet ambitieux et également un projet d'avenir c'est-à-dire regarder devant, avoir cet " optimisme de la volonté " comme disait le candidat hier et je crois que ce projet d'avenir, c'est aussi quelque chose qui le différencie des autres candidats, on le voit bien dans cette campagne beaucoup de candidats regardent derrière, regardent dans le rétroviseur et vous aviez hier un candidat qui regardait devant.
ORIANE MANCINI
Vous pensez à qui, il y a beaucoup de candidats, vous pensez à qui ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, vous avez tous ceux qui en fait en reprenant cette belle formule d'Eric WOERTH, tous ceux qui en fait regardent avec nostalgie leur enfance plutôt que d'essayer de construire la France de leurs enfants et je crois que c'est essentiel de différencier ceux-là, ceux qui reprennent les ficelles des campagnes d'il y a 10 ans, ceux qui sont dans la nostalgie, eh bien, ils sont profondément dans une position différente de cet optimisme de la volonté réaliste, c'est-à-dire au final comment on arrive à construire cet avenir pour le pays tout en ayant la lucidité de se dire que nous sommes retournés et retombés dans le tragique, c'est-à-dire la guerre sur le sol européen, c'est-à-dire la Covid, c'est-à-dire le changement climatique et c'est voilà cette vision et aussi ces mesures du quotidien qu'hier le candidat MACRON a présentées.
ORIANE MANCINI
On venir évidemment sur ces mesures mais d'abord un mot sur la méthode parce qu'il en était question au début du discours d'Emmanuel MACRON.
ERIC RICHARD
Oui, oui, tout à fait donc sur la méthode, il en propose, c'est vrai, une nouvelle, y compris bien sûr des sujets, je dirais, qui ont déjà été portés pour lever des points de blocage, il reconnaît qu'il a été trop solitaire qu'il n'a pas assez tenu compte des élus, des Français, qu'est-ce qu'il faut déduire, qu'est-ce qui va changer vraiment ?
JULIEN DENORMANDIE
D'abord de dire et je crois que c'était prégnant hier lors de cette présentation du projet de dire que le candidat Emmanuel MACRON tient compte de tout ce qu'il a pu apprendre pendant ce premier quinquennat, de toutes les crises qu'il a traversées et que nous avons traversées - le pays a tenu - tous ensemble et tenant compte de ce qui a marché, de ce qui a moins bien marché. Et c'est très important !
ORIANE MANCINI
Ce qui a moins bien marché, c'est la méthode, c'est le fait d'avoir été un président jupitérien, pardon pour ce raccourci mais c'est ça ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est encore plus précis que ça. Prenez exemple l'hôpital, l'hôpital est un très bon exemple ; vous savez dans notre pays, on sait qu'il nous faut aller beaucoup plus loin sur l'accès aux soins, sur l'inégalité sociale liée également à cet accès aux soins, les déserts médicaux vous en parlez beaucoup ici mais d'autres accès également. Sur l'hôpital, pendant des années, on a dit : c'est un problème de financement, pendant des années il s'avère qu'à la suite et même avant la Covid, la période de la Covid le gouvernement s'est engagé à remettre beaucoup d'argent sur l'hôpital ; le Ségur, c'est plus de 19 milliards d'euros. Est-ce que, en dépit de ces investissements importants, tout a été réglé ? A l'évidence non et donc ça montre bien que, appréhender un sujet aussi important que l'accès aux soins mais c'est vrai également pour l'école ne peut se faire que par une vision qui serait une vision réformatrice certes mais fondée sur un considérant qui serait par exemple l'accès au financement, un investissement, ça doit être construit et construit avec les parties prenantes. Sur l'hôpital, pour reprendre cet exemple, c'est de partir du service hospitalier, de l'organisation physique de l'hôpital, de considérer quotidien de ceux qui y travaillent et considérer également le service rendu à ceux qui
ORIANE MANCINI
Donc ça veut dire que les erreurs, elles s'expliquent par une méthode trop solitaire. Quand il dit hier « avec vous », ce n'est pas seulement son slogan de campagne, c'est aussi sa nouvelle méthode, ça veut dire que ça n'a pas été fait dans le précédent quinquennat ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, ça veut dire qu'on a appris mais je trouve que c'est extrêmement simple dans une vie politique que de dire il y a des choses que j'ai réussies, des choses que j'ai moins bien réussies où même où je me suis trompé et puis, il y a cette méthode, cette méthode nouvelle que je veux incarner avec des chantiers sur la santé, je l'évoquais, l'école également, les institutions aussi mais je crois surtout qu'hier et c'est extrêmement important parce que c'est la politique dans laquelle je crois vous aviez à la fois cette vision et à la fois ce quotidien. On a parlé d'une France plus résiliente, plus forte, plus indépendante et des Français qui regagnent dans la maîtrise de leur destin individuel dans cette émancipation. Le président de la République a conclu en réponse à un de vos confrères sur comment résumer ce qu'il venait de dire et il s'est exprimé ainsi : " plus fort, plus heureux tous ensemble " et les trois termes sont essentiels, plus indépendant, plus maître de son destin et en le faisant ensemble.
ORIANE MANCINI
Parmi les réformes qu'il a échoué à mener, il a dit hier, il a reconnu lui-même, il y a la réforme des retraites. Donc là il en promet de nouvelles avec un à un relèvement progressif de l'âge départ la retraite à 65 ans sur une période de 9 ans. Qu'est-ce qui garantit que cette fois, vous réussirez cette réforme des retraites ? Pourquoi cette fois il faut vous croire alors qu'il y a 5 ans vous l'avez promise et vous ne l'avez pas faite ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors, il y a quelques années il y a 3 ans exactement un peu moins même pourquoi la réforme des retraites avait été arrêtée alors que le processus avait été engagé ? Parce que nous avons eu la crise sanitaire, c'est à ce moment du début de la Covid que le président Emmanuel MACRON a dit " les conditions ne peuvent être réunies dans la crise que nous traversons pour aller au bout de cette réforme des retraites ". Je crois que tout le monde le comprend.
ORIANE MANCINI
Sauf qu'hier, il a employé une dizaine de fois le mot " crise " au début ; les crises, elles ne vont pas s'arrêter dans le prochain quinquennat. Pourquoi cette fois ça marchera ?
JULIEN DENORMANDIE
Enfin, ce n'est pas tous les jours que vous mettez un confinement généralisé dans le pays et vous me l'accorderez, c'est compliqué de porter une réforme aussi importante dans le contexte sanitaire qui fut le nôtre il y a un peu plus de 2 ans. Maintenant aujourd'hui cette réforme des retraites, le candidat hier a présenté la vision très importante, une vision tournée d'abord sur plus de solidarité, c'est-à-dire une retraite des pensions minimales à 1 100 euros, une réforme également plus juste, c'est-à-dire continuer à mettre fin à un certain nombre de régimes spéciaux et de faire en sorte que les carrières longues les carrières où il y a de la pénibilité, tout cela puisse être pris en compte et enfin une réforme - et tous les Français le savent bien - repose sur ce principe de devoir progressivement petit à petit travailler plus longtemps pour aller jusqu'à 65 ans après 10 années d'augmentation progressive. Une fois que j'ai dit ça sur la méthode là aussi le candidat l'a précisé, il a mis sur la table sa vision, il y aura évidemment des discussions et puis le débat parlementaire puisque à l'évidence c'est au parlement in fine que la loi devrait être présentée et débattue sauf …
ORIANE MANCINI
Mais vous vous souvenez, juste pardon, vous vous souvenez que ce qui a bloqué, ce n'est pas seulement la crise sanitaire c'est aussi l'âge pivot à 64 ans, c'est ça aussi qui a fait échouer cette réforme ? Est-ce que la en promettant un âge de départ pour tous à 65 ans, ce qui va encore plus loin que l'âge de pivot à 64 ans, ça peut marcher ?
JULIEN DENORMANDIE
Lors de la et là aussi il faut être très lucide et d'ailleurs je crois que le candidat le dit comme cela hier, il faut être très lucide, la réforme telle qu'elle avait été présentée il y a 2 ans et demi, 3 ans n'était peut-être pas suffisamment compréhensible, était peut-être ou en tout état de cause …
ORIANE MANCINI
Mais est-ce que clairement, ce n'était pas la bonne ? Est-ce que la réforme universelle, ce n'était pas la bonne, il n'en parle plus d'ailleurs ?
JULIEN DENORMANDIE
Et c'est très important et c'est en tout état de cause l'adhésion n'était pas là parce que ça ne paraissait pas clair et hier le candidat a posé les bases d'une réforme plus juste, plus équitable avec cette lucidité de devoir travailler plus longtemps et en même temps, l'a fait dans une très grande clarté en disant : voilà, sur cette base, il y aura les discussions, il y aura le débat parlementaire. J'insiste sur un dernier point parce que c'est pour moi extrêmement important : cette réforme des retraites, c'est aussi une réforme du travail, c'est d'avoir la capacité d'avoir dans ce pays, cette force productive dans l'agriculture, dans l'industrie, dans les services bref avoir cette force, cette capacité productive et souvent, on nous dit oui mais si vous décalez l'âge de départ à la retraite, alors vous augmentez, vous augmentez le taux de chômage des seniors. En fait, tout montre que ce n'est pas le cas parce que quand vous êtes un employeur, ça n'est pas véritablement l'âge de la retraite qui fait que vous n'employez plus les seniors, c'est quand la personne se rapproche de cet âge à la retraite et tout a montré chez nos voisins qui ont décalé au fur mesure l'âge de départ à la retraite que quand vous le décaliez, à ce moment-là, l'employabilité des seniors augmentait également. Je crois que c'est très important de mettre en avant aussi cette réforme pour le travail.
ERIC RICHARD
Simplement, cette réforme donc, elle doit concerner normalement tous les actifs à partir de 2023, est-ce que ça ne suppose quand même pas une concertation assez idyllique, vous avez parlé de concertation, il faudrait vraiment que les partenaires sociaux soient très vite en accord.
JULIEN DENORMANDIE
De toutes les manières, il y aura ces discussions, il y aura ce projet de loi, comme l'a indiqué hier le candidat, puisqu'il y a eu la question posée en disant : est-ce que ce sera par un projet de loi au par une ordonnance ? Et le candidat hier a très clairement indiqué que non, ce sera par la loi, par un projet de loi et non par une ordonnance. Donc oui, il y aura ces discussions mais vous savez à chaque fois, on peut poser la question dans tous les sens, faut-il proposer une base, puis ensuite concerter et aller au Parlement ou ne rien proposer, concerter, acter et puis aller au Parlement ? Moi je pense que dans une bonne démocratie, c'est normal que le candidat prenne une position très claire, que cette position, elle est désormais connue de tous, elle est soumise donc au suffrage universel dans le cadre de cette présidentielle et ensuite, il y aura le travail de concertation, par exemple sur la pénibilité, sur la prise en compte des carrières longues etc., etc. et le débat démocratique au Parlement ; je crois que c'est cette ligne qu'il nous faut conduire.
ORIANE MANCINI
Au-delà de la réforme des retraites si Emmanuel MACRON est réélu il aura les mains libres puisqu'il ne pourra pas être réélu une troisième fois et c'est la première fois qu'on sera dans ce cas de figure, est-ce que ça veut dire qu'il faut s'attendre à des réformes difficiles ?
JULIEN DENORMANDIE
Il faut aujourd'hui s'attendre à ce que le candidat, s'il est réélu donc à nouveau président, mette en place le projet qu'il a annoncé hier et je crois que d'ailleurs, c'est peut-être une spécificité mais modulo, la réforme des retraites, on en a parlé, la réforme institutionnelle qui, on le sait, a été empêchée pour des considérants politiques notamment ici au Sénat il y a quelques années.
ORIANE MANCINI
Pas que, il y a aussi l'affaire BENALLA qui a empêché cette réforme des institutions.
JULIEN DENORMANDIE
Oui, ok, au-delà de ces 2 grandes réformes hier beaucoup de questions étaient posées sur le bilan et force est de constater que le président Emmanuel MACRON dans ce quinquennat a fait ce qu'il a dit qu'il allait faire lors de la campagne de 2017 et c'est un gage de crédibilité et donc demain si les Français font à nouveau confiance à Emmanuel MACRON, eh bien le candidat, nouvellement président, mettra en oeuvre le projet qu'il a annoncé hier tout simplement.
ORIANE MANCINI
Et juste un mot sur cette réforme des institutions, puisque vous en parlez avant de parler des enseignants, elle a été bloquée par l'affaire Benalla mais bon, le président de la République dit qu'elle a été bloquée faute de majorité politique, en clair parce que le Sénat l'a bloqué. C'est ça que vous pensez.
JULIEN DENORMANDIE
Mais c'est une réalité !
ORIANE MANCINI
Là pareil, là, en quoi, ça passerait ? La majorité sénatoriale, elle ne va pas changer au début de ce deuxième quinquennat ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais après, il faut que tout le monde assume ses responsabilités et je pense que certains ont perdu la boussole de la responsabilité, Gérard LARCHER, le premier, Gérard LARCHER le premier, quand vous voyez les propos qu'il a tenus sur cette soi-disant petite musique d'illégitimité du candidat élu dans le cadre de ces élections, c'est totalement irresponsable !
ORIANE MANCINI
S'il n'y a pas de campagne, il dit s'il n'y a pas de campagne, la question de la légitimité du candidat élu se posera.
JULIEN DENORMANDIE
Qu'est-ce qui s'est passé hier ? Il n'y avait pas de campagne hier, il y a eu et plus de 4h de discussions avec des journalistes, ce n'est pas avoir de campagne cela ? !!! C'est ridicule, c'est absolument irresponsable et on ne peut pas avoir le deuxième personnage de l'Etat garant de notre démocratie qui sous-entendrait que ces élections ne seraient pas légitimes, qu'en est-il alors des élections sénatoriales élues sur la base d'un collège, les maires, pour lequel le taux d'abstention a absolument été record ? Y a-t-il un procès en illégitimité ?
ORIANE MANCINI
Mais avec un vote obligatoire aux sénatoriales !
JULIEN DENORMANDIE
Y a-t-il un procès en illégitimité ? A l'évidence non, quand vous êtes un démocrate et un républicain, quelqu'un croyant dans notre démocratie, eh bien, vous battez pour qu'il n'y ait pas d'abstention, vous vous battez pour faire campagne mais vous ne vous battez pas pour insinuer quelconque illégitimité quant à une élection. Ceci, je le redis, est grave et irresponsable et d'ailleurs le candidat hier le candidat président hier le soulignait. Maintenant voilà, il y a des projets, il y a des projets politiques qui divergent et ces projets politiques ils doivent être mis à la confrontation des Français, il faut aussi avoir en tête que le candidat, il est candidat dès qu'il le peut mais le candidat, il est aussi président de la République avec cette mission incroyablement importante de nous protéger dans le moment notamment face aux conséquences de la guerre en Ukraine.
ORIANE MANCINI
Parmi les sujets importants développés hier par le candidat Emmanuel MACRON, il y a la question de l'éducation.
ERIC RICHARD
Tout à fait. Alors il a en effet parlé, le président candidat du salaire des enseignants, alors en promettant des revalorisations significatives à ceux qui accepteront de nouvelles missions, alors on entend les mots mais qu'est-ce que c'est exactement ce projet ? C'est sur la base du volontariat, qu'est-ce qu'on peut mettre en place ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors là, de la même manière que je l'expliquais sur la santé c'est ce chantier de l'école qui doit incarner également à la fois une ambition, une méthode. L'ambition c'est quoi ? C'est que le ciment de notre République c'est l'école, à l'évidence. La première capacité à la maîtrise de son destin, c'est l'école, c'est la formation. Est-ce que tout va bien ? A l'évidence non, il nous reste beaucoup à faire même si pendant ce quinquennat, nous avons beaucoup oeuvré pour l'école et il faut le rappeler, j'ai été ministre de la Ville et du logement, le dédoublement des classes dans les quartiers prioritaires de la ville, c'est une formidable réussite, nous avons investi dans le primaire comme jamais, nous avons même investi d'ailleurs dans les 1 000 premiers jours nous avons investi aussi dans le lycée mais il reste beaucoup à faire et les études le montrent. Donc notre ambition c'est de consolider l'école qui est le ciment de notre République. Comment ? Deuxième point, la méthode, la méthode de aussi, il faut le faire avec cette conférence des parties prenantes c'est-à-dire du directeur d'établissement en passant par les enseignants, en passant par les parents d'élèves pour donner un plus de liberté dans ce projet pédagogique, territoire par territoire, un peu plus de liberté également aux professeurs et l'exemple que donnait hier le candidat, c'est de dire on voit bien qu'on a un problème sur le remplacement si demain et tous les parents le savent bien parfois vous aviez vos enfants qui n'ont pas pu avoir le remplacement de professeurs, quand un professeur était absent, est-ce que si demain, on confie une nouvelle mission contre une nouvelle rémunération, cela ne peut pas aider justement le projet pédagogique de l'établissement ? A l'évidence oui mais ces sujets-là, là c'est un exemple, ces sujets-là, ils doivent être justement discutés dans le cadre de cette nouvelle méthode.
ORIANE MANCINI
Mais juste qu'on comprenne bien parce que Jean-Michel BLANQUER a déjà lancé des augmentations pour les salaires des enseignants, vous reconnaissez, ce sont les chiffres, que les professeurs français sont parmi les moins bien payés des pays de l'OCDE ; là ça veut dire que s'ils veulent être augmentés, il faudra qui travaille plus les enseignants, ils ne seront pas augmentés à travail égal ?
JULIEN DENORMANDIE
Ce que je veux dire c'est que 1) on a fait déjà beaucoup de choses et vous l'avez dit, je vous en remercie ; 2) il faut aller plus loin et ce " plus loin ", c'est de partir du projet pédagogique par les établissements avec parfois des spécificités territoriales, c'est ce que nous testons en ce moment même d'ailleurs à Marseille avec cette volonté d'accompagner au mieux nos enfants et avec, très important, cette considération de nos professeurs. On sait que dans notre pays il y a trop souvent parfois ce problème de considération de nos professeurs, qui sont nos professeurs, des personnages clés de notre République.
ORIANE MANCINI
Et donc c'est vraiment les considérer que de leur dire qu'ils vont devoir travailler plus s'ils veulent gagner plus ?
JULIEN DENORMANDIE
Parce que vous le dites comme ça, de dire à nos professeurs que dans le cadre de cette méthode, il faut définir le projet pédagogique, il faut participer et parmi les défis qu'on a, il y a de nouvelles missions qu'ils pourraient faire et que ces nouvelles missions pourraient donner augmentation de rémunération, je pense que tout le monde le comprend, que c'est important et que c'est la voie qui nous faut suivre.
ERIC RICHARD
Alors au coeur cette fois je dirais du régalien, Emmanuel MACRON évoque une refonte du modèle d'intégration républicain, il parle notamment de conditions plus strictes pour le renouvellement des titres de séjour, il parle aussi, je dirais, c'est presque plus étonnant, de l'expulsion des étrangers qui troublent l'ordre public. Est-ce que ça ne ressemble pas un peu beaucoup à des appels du pied en direction notamment des électeurs de Valérie PECRESSE par exemple ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais vous savez, les deux points que vous avez indiqués sont deux points qui sont déjà mis en oeuvre, y compris le deuxième, c'est déjà mis en oeuvre, c'est une politique que nous avons annoncée, il y a déjà de longs mois passés. Donc c'est déjà mis en oeuvre, quelle est notre position là-dessus ? C'est fermeté quand il faut être ferme et humanisme parce qu'on parle de femmes et d'hommes et d'enfants parfois, fermeté parce qu'il faut pouvoir contrôler cette immigration et c'est ce que nous faisons notamment, fermeté également vis-à-vis des Etats qui n'acceptent pas des fameux laissez-passer consulaires, c'est-à-dire quelqu'un qui a eu une obligation de quitter notre territoire pour des raisons et que cette obligation de quitter le territoire n'est pas activée parce que le laissez-passer consulaire, vous ne l'avez pas, eh bien il faut avoir la fermeté vis-à-vis de ces pays en disant si vous n'acceptez pas d'accueillir le citoyen de votre pays que nous avons expulsé, alors, nous n'aurons pas la même politique de visas vis-à-vis de votre pays, fermeté ; et en même temps humanisme, humanisme par exemple en traitant beaucoup plus rapidement les demandes les demandes d'asile en l'occurrence sur lequel le candidat là aussi a exprimé son ambition dessus, fermeté et humanisme.
ORIANE MANCINI
C'est quand même un peu un copier-coller du programme de Valérie PECRESSE ou pas ? C'est ce qu'elle dit, la candidate des Républicains que c'est une sorte de copier-coller de son programme et je la cite, c'est du déni sur les sujets d'ordre républicain et de contrefaçon sur les retraites, le nucléaire, l'agriculture, qu'est-ce que vous lui répondez ?
JULIEN DENORMANDIE
Je réponds que c'est assez surprenant de voir que plus de 5 années après le début de l'engagement politique d'Emmanuel MACRON, certains n'ont toujours pas compris que ce qu'attendaient beaucoup de nos citoyens, je crois, c'est ce dépassement. Hier Valérie PECRESSE dit : moi je me retrouve dans plein de mesures qu'a exprimées le président de la République qui sont très bien sauf qu'on lieu de dire comme ça elle le dit en disant c'est du copier-coller Et hier, vous aviez des candidats de gauche qui disent exactement la même chose et donc vous avez des candidats de droite qui disent au lieu de dire c'est quand même vraiment bien ce qu'il fait, il y a des bonnes mesures, ils le disent , en fait c'était mon idée et puis vous avez des candidats de gauche qui disent exactement la même chose, ça c'est quand même vraiment extrêmement bien, sur l'école, sur la santé, sur cette émancipation, il m'a copié. Ça s'appelle en fait le dépassement, c'est-à-dire que si quiconque pense qu'Emmanuel MACRON a besoin d'aller copier ici ou là des mesures, je pense qu'il se fourvoie qu'il se trompe et je pense que ces 5 dernières années l'ont démontré, que certains se disent « c'est quand même étonnant » parce qu'il fait des mesures que je qualifierais de droite, des mesures qu'il qualifierait de gauche, des mesures qu'il qualifierait de centre, c'est que ces personnes-là n'ont toujours pas compris ce qu'était le dépassement mais regardez notre gouvernement aujourd'hui ! Vous avez des personnalités de droite, des personnalités de gauche, des personnalités comme moi qui se sont construites avec le président de la République, ça s'appelle le dépassement et si vous voulez un scoop, ce dépassement il va continuer parce que d'ailleurs, c'est ce qu'attendent les Français.
ORIANE MANCINI
Parce que pour vous, Emmanuel MACRON va être réélu, c'est ça ?
JULIEN DENORMANDIE
Je vais me battre pour ! C'est pour là que je suis là ce matin.
ORIANE MANCINI
Vous dites, il n'y a pas trop de suspense.
JULIEN DENORMANDIE
Mais quand je dis ce dépassement, il va continuer, c'est que cette force politique du dépassement, elle va continuer mais tout simplement parce que c'est que les Français attendent, je ne préjugeais en rien des résultats des élections, je vais me battre pour que le candidat soit réélu mais ce déplacement politique, cette force politique, elle va continuer parce que c'est ce que veulent les Français, à l'évidence il faut sortir de ces clivages non féconds pour tout simplement apporter les réponses, cette vision …aux Français.
ORIANE MANCINI
Juste puisqu'on parle de déplacements et Emmanuel MACRON hier il n'a pas exclu que Valérie PECRESSE soit dans son gouvernement, elle pourrait être Première ministre d'Emmanuel MACRON ?
JULIEN DENORMANDIE
Hier, il a dit à la question qui lui était posée, comme cela, il a dit " moi " ….
ORIANE MANCINI
Je n'exclus rien
JULIEN DENORMANDIE
" Je n'exclus rien parce que j'ai toujours rassemblé les femmes et les hommes de qualité qui croient dans mon projet et qui veulent faire avancer la France ", voilà les termes qu'il a employés, il n'a rien dit de plus. Voilà les termes qu'il a employés, se référant aussi d'ailleurs à l'excellent ministre du Budget venant de la gauche qui n'était pas dans la majorité présidentielle au début de ce quinquennat, montrant à quel point ce dépassement, il continue, il s'opère et je crois que c'est une bonne chose pour …
ORIANE MANCINI
Et qui est Olivier DUSSOPT, on va le préciser : Emmanuel MACRON a commencé son discours en parlant d'agriculture, il en a parlé très vite notamment, il a promis une loi pour l'installation de jeunes agriculteurs, quelles pourraient en être les grandes lignes ?
JULIEN DENORMANDIE
3 piliers selon moi, d'abord un pilier de l'éducation agricole, l'enseignement agricole qui est une chance incroyable dans notre pays, très présente sur notre territoire qui résulte des lois de Pisani de Rocard et qui, je crois, peut aller encore plus loin. Cet enseignement agricole est parfois méconnu alors que c'est une pépite et moi je me bats pour cet enseignement agricole. Deuxième volet l'installation, l'installation des jeunes, on sait qu'on a des défis sur le foncier, on peut imaginer des mécanismes comme le portage pour accompagner financièrement mais également l'accès à la terre, bref l'installation, comment on accompagne mieux les jeunes ou moins jeunes à devenir et à s'installer comme chef d'exploitation. Troisième élément l'innovation, l'innovation, elle est partout aujourd'hui dans l'agriculture absolument partout ! Je suis très frappé moi, parce qu'il y a beaucoup de débats quand j'exprime des positions sur il est possible grâce à de l'innovation d'assumer notre rôle nourricier, c'est-à-dire de produire à la hauteur à laquelle nous devons produire tout en au même moment protégeant notre environnement. Parce que ça s'appelle le progrès, parce qu'on en a la capacité, parce que l'innovation nous permet de le faire. Je suis toujours étonné que certains n'arrivent toujours pas à accompagner ce mouvement alors qu'il est là, et donc ce troisième volet de l'innovation est essentiel. Bref, éducation, installation innovation, tel pourrait être…
ORIANE MANCINI
Et elle sera présentée quand ? Dès le début du quinquennat ?
JULIEN DENORMANDIE
Très rapidement parce que l'enjeu est absolument immense. D'ailleurs le candidat hier parle de l'indépendance de notre pays plus fort en commençant par la défense, et ensuite en parlant d'agriculture.
ORIANE MANCINI
Donc ça serait l'une des premières mesures, une des premières lois.
JULIEN DENORMANDIE
En tout cas rapidement si les Français font confiance au président de la République actuel, candidat pour sa réélection.
ORIANE MANCINI
Un mot sur la guerre en Ukraine.
JOURNALISTE
Oui. Il y a bien sûr ce contexte particulier. Vous chiffrez le coût de la guerre en Ukraine à combien, notamment pour les agriculteurs ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est très compliqué de répondre à votre question parce que tout va dépendre de l'évolution du conflit. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui cette guerre sur le sol européen a un impact fort pour nos agriculteurs, pour nos éleveurs notamment mais pas que. Les maraîchers aussi, les producteurs de différents produits et aliments, et puis de manière générale dans le monde agricole parce que vous avez classiquement 3 postes qui explosent en ce moment : le carburant, le gaz et l'alimentation animale. Et face à ça, sans parler même du cours du blé, qui impacte fortement évidemment le contexte mais qui me fait craindre que beaucoup plus de conséquences à l'extérieur de la France, notamment au nord de l'Afrique qu'en France, il nous fallait prendre des mesures fortes.
ORIANE MANCINI
Jute plus de conséquences, clairement ça veut dire des pénuries dans les pays du Maghreb ?
JULIEN DENORMANDIE
Moi, je suis persuadé que notre responsabilité du moment c'est d'éviter une famine dont 12 à 18 mois. Je ne peux pas être plus clair. Et ça fait des semaines que je suis mobilisé là-dessus, et d'ailleurs pour ceux qui regardent les propos que je peux tenir y compris au niveau européen, j'avais déjà alerté dessus il y a 8 mois, quand nous n'avions que - si je puis dire - la crise des engrais liée au prix du gaz très élevé. J'étais allé à Bruxelles en disant à tous mes collègues : attention ! Avec ce qui se passe en ce moment sur l'engrais, dans 18 mois on peut avoir des conséquences très fortes et une crise alimentaire.
ORIANE MANCINI
Donc une famine dans les pays du. Maghreb pour vous.
JULIEN DENORMANDIE
Une crise alimentaire. Et aujourd'hui, à cela vient s'ajouter beaucoup d'autres choses. Demain, vis-à-vis d'un arc méditerranéen qui est aujourd'hui dépendant des importations russes et en même temps à une sécheresse incroyable, vous pouvez avoir une crise alimentaire majeure parce qu'une insuffisance d'importation de blé dans ces pays-là. Et je n''alerte pas uniquement, j'agis au niveau national, au niveau européen, au niveau international pour faire en sorte que l'Europe se donne les moyens d'assumer ce rôle nourricier, d'accompagner ces pays. Mais en France, on n'a pas ce risque de pénurie. En France, on a un risque effet prix sur les coûts de production et donc des fragilisations de nos agriculteurs. C'est pour ça qu'on a mis en place ce plan de résilience où rien que pour l'alimentation animale c'est une enveloppe de 400 millions d'euros.
ORIANE MANCINI
Répartis comment, est-ce qu'on le sait ça ?
JULIEN DENORMANDIE
La réunion sur la mise en oeuvre des critères qui sera définie évidemment avec les professionnels a lieu lundi à mon ministère, parce qu'on a fixé une enveloppe selon nos estimations mais on veut s'assurer que cette aide soit la plus rapide et la plus précise possible, donc la réunion a lieu lundi à mon ministère. Ça, c'est une première réponse. Il y a l'éligibilité évidemment du monde agricole aux mesures liées au carburant. Par exemple la réduction de 15 centimes qui concerne aussi le GNR mais des remboursements anticipés de TICPE. Idem sur le gaz. Et puis également un accompagnement sur les charges sociales pour ceux qui sont le plus en difficulté. On va continuer à accompagner là-dessus.
ORIANE MANCINI
Le temps file, il nous reste peu de temps. Vous nous parlez de risque de famine dans les pays du Maghreb. Est-ce qu'il y a un risque qu'il y ait des pénuries d'aliments en France ?
JULIEN DENORMANDIE
Non. En France, c'est toute notre force de la chaîne agroalimentaire. On n'a pas de risque de pénurie mais parce que nous sommes solides, parce qu'on a une chaîne agroalimentaire extrêmement solide.
ORIANE MANCINI
Est-ce qu'il y a un risque d'augmentation des prix alimentaires ?
JULIEN DENORMANDIE
Et c'est cette souveraineté sur laquelle on se bat depuis deux ans. Après sur les prix, on est tous lucides. Dans le contexte où vous avez le carburant, le gaz, l'alimentation animale et de manière générale les postes de fabrication qui augmentent, à l'évidence il y aura un impact sur les prix. Les Français le voient déjà, la réalité. Soyons tous lucide là-dessus. Qu'est-ce qu'on fait ? On se bat pour limiter l'inflation de manière générale dans notre pays en jouant justement sur le coût des moyens de production, ce qu'on a fait avec le plan de résilience. Songez quand même qu'au moment où je vous parle, l'inflation dans notre pays est deux fois moins élevée que partout en Europe parce qu'on agit pour ça. Maintenant il faut, et je le redis, que les industriels, la grande distribution jouent le jeu, assument leurs responsabilités pour faire en sorte que l'inflation aujourd'hui ne soit pas prise sur les résultats des agriculteurs mais puisse être également assumée par les industriels de la grande distribution. Je les réunis d'ailleurs tous ce matin même à mon ministère pour poursuivre justement ces négociations commerciales.
ORIANE MANCINI
Et un dernier mot parce qu'il ne nous reste vraiment plus de temps sur la grippe aviaire. On en est où aujourd'hui ?
JULIEN DENORMANDIE
On a une situation très compliquée en Vendée avec un phénomène qui est très nouveau, qu'on n'avait jamais vu. La grippe aviaire classiquement, c'est oiseaux migrateurs qui déposent ce virus de l'influenza aviaire en descendant. On a eu donc pendant l'hiver les cas dans le sud-ouest, on avait dû abattre plus de 3 millions et demi de volailles, et pour la première fois les oiseaux migrateurs en remontant ont à nouveau déposé le virus influenza aviaire, cette fois-ci en Vendée et dans les alentours. Et la situation, on se bat, on se bat avec force avec les professionnels, avec les services de l'Etat
ORIANE MANCINI
Et il y aura d'autres abattages à venir ?
JULIEN DENORMANDIE
Et aujourd'hui, on a déjà abattu plus d'un million et demi de volailles dans ce territoire. On va devoir continuer parce que le virus continue à se propager. On est pleinement mobilisés.
ORIANE MANCINI
Combien d'abattages ? Vous le savez ?
JULIEN DENORMANDIE
Ça dépend de facto. Mais vous voyez, des situations dramatiques pour les éleveurs et je tiens à le redire : 1/ on continuera à se mobiliser pour réussir à contenir l'influenza aviaire le plus rapidement possible. 2/ On sera évidemment là pour apporter les aides. J'ai réuni tous les professionnels il y a quelques jours, je vais me rendre d'ailleurs à leurs côtés mardi prochain et on continuera à accompagner. Et à terme, il va nous falloir trouver d'autres solutions sur cet influenza aviaire parce qu'on ne peut pas laisser nos éleveurs seuls face à ce virus.
Oriane MANCINI
Merci Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin.
JULIEN DENORMANDIE
C'est toujours un plaisir.
ORIANE MANCINI
Mais partagé. Merci beaucoup d'être venu.
Source : Service d'information du gouvernement, le 25 mars 2022