Texte intégral
PASCAL TOTH
Emmanuel MACRON a dévoilé son programme hier à 24 jours de la présidentielle. Le président candidat en tête des intentions de vote au premier tour évalue le coût de ses promesses à cinquante milliards d'euros par an. On les détaille ce matin avec la ministre en charge de l'Industrie Agnès PANNIER-RUNACHER qui est notre invitée ce matin sur France Bleu Nord.
STEPHANE BARBEREAU
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Stéphane BARBEREAU.
STEPHANE BARBEREAU
Vous allez d'abord répondre à nos questions pendant une dizaine de minutes et puis ensuite les auditeurs, les téléspectateurs de France 3 nous appellerons pour vous poser des questions sur ce programme dévoilé par le président de la République et candidat, donc Emmanuel MACRON, hier. D'abord sur cet objectif qu'on entendait à l'instant, principal objectif fixé par le président candidat hier, c'est le plein emploi en 2027. Ça fait 40 ans que tous les présidents se sont cassés les dents là-dessus. Qu'est-ce qui ferait qu'aujourd'hui ce serait possible ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce qui ferait qu'aujourd'hui ce serait possible, c'est le bilan d'Emmanuel MACRON président. C'est-à-dire que, alors même que nous avons affronté la crise la plus importante d'un point de vue économique de ce siècle, puisque la richesse collective a reculé de plus de 8% en 2020 et que nous nous sommes collectivement arrêté de travailler étant bloqués par le virus de la Covid, nous avons néanmoins crée 1,2 millions d'emplois en 5 ans et le taux de chômage est aujourd'hui au plus bas depuis 15 ans. Et je dirais plus intéressant encore et plus porteur d'espoir, le taux de chômage des jeunes est au plus bas depuis 1981, et on sait que ça a toujours été un des talons d'Achille de l'économie française. Donc ça veut dire que cette politique, elle a fonctionné, qu'on peut aller plus loin, qu'on peut aller au plein emploi. C'est des décisions courageuses derrière. C'est des décisions de réformes par exemple du code du travail qui nous ont beaucoup été reprochées comme étant…
STEPHANE BARBEREAU
C'étaient les ordonnances Macron dès le début du quinquennat.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Comme étant en fait contre les gens qui travaillent, et en fait ce qui s'est passé c'est exactement le contraire. C'est-à-dire que ça a permis à beaucoup plus de gens d'accéder à un travail, et c'est aussi tout le travail que nous avons fait sur l'apprentissage. Nous avons doublé l'apprentissage, nous sommes passés de 350 000 apprentis à plus de 700 000, et qu'est-ce que ça veut dire l'apprentissage ? C'est une voie d'insertion qui fonctionne très bien pour les jeunes. Souvent lorsque les jeunes cherchent un emploi on leur dit : mais vous n'avez pas d'expérience ; mais comment peuvent-ils avoir de l'expérience puisqu'ils sont jeunes et qu'ils cherchent leur premier emploi ? Et au fond l'apprentissage, c'est cette façon d'acquérir de l'expérience concrète et ensuite d'être beaucoup plus facilement recruté. Donc tout ça marche et nous allons continuer avec une réforme de la formation professionnelle, réforme des lycées professionnels, et ce qu'on a réussi pendant 5 ans il n'y a pas de raison qu'on n'arrive pas à aller un cran plus loin.
STEPHANE BARBEREAU
Parce que vous qui êtes en bout de circuit si je peux dire en tant que ministre chargée de l'Industrie, vous vous rendez compte qu'il y a des emplois aujourd'hui qui ne trouvent pas preneur parce qu'on n'a pas bien formé, parce qu'on n'a pas bien ciblé ? Quelles étaient les formations à développer ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'effectivement là où nous recherchions 40 000 candidats pour des emplois dans l'industrie avant la crise sanitaire, nous sommes aujourd'hui entre 70 000 et 80 000 emplois ouverts qui recherchent des candidats. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'on a aussi des entreprises qui se redéveloppent. Nous avons presqu'un problème de riche. Avant lorsqu'on parlait industrie, on parlait suppressions d'emplois. Pendant 20 ans, ce pays a supprimé des emplois industriels. Aujourd'hui il en recrée et effectivement…
STEPHANE BARBEREAU
Le bilan Macron aujourd'hui il est positif sur les 5 dernières années en termes de création d'emplois dans l'industrie ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur les 5 dernières années, vous avez 4 années de création d'emplois industriels. L'année 2020 c'est l'exception, je pense que tout le monde peut le comprendre. Les 4 autres années, on a créé de l'emploi industriel. Entre 2000 et 2016, une seule année a été une année de création d'emplois : c'était l'année 2007, la croissance était au plus haut. Vous voyez bien qu'il y a une transformation majeure. Nous avons arrêté l'hémorragie. C'est un travail - moi je suis engagée sur le terrain tous les jours, j'étais avec le Premier ministre encore hier pour annoncer des investissements chez GOODYEAR - c'est la façon dont on doit avancer. C'est anticiper l'investissement dans les entreprises avant que ça devienne un problème comme ç'a été le cas chez BRIDGESTONE où on arrive après la tempête. Et moi, j'en veux beaucoup au gouvernement qui était en place en 2012-2013 parce que c'est à ce moment-là que BRIDGESTONE est venu voir le gouvernement. Il ne s'est rien passé et on connaît la suite, et nous, nous avons dû recréer de l'emploi industriel sur BRIDGESTONE en accompagnant quasi individuellement chaque salarié et en allant chercher des activités industrielles pour remplacer celles perdues avec BRIDGESTONE. Donc ça c'est très concret, c'est beaucoup de terrain, c'est énormément de travail mais la bonne nouvelle c'est que ça marche.
STEPHANE BARBEREAU
Egalement une réforme du RSA qui est annoncée alors sur deux volets. On va dire qu'il y a un aspect très pratique d'abord, c'est le versement à la source. Qu'est-ce que ça veut dire pour ceux qui nous écoutent et qui sont concernés ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
En fait, c'est une mesure de justice sociale. On s'est aperçu que 30 % des personnes qui auraient droit au RSA ne l'ont pas. Et vous imaginez que s'ils auraient droit au RSA, c'est qu'ils sont dans des situations particulièrement précaires. Et donc nous notre volonté, c'est de faire en sorte que ces personnes n'aient pas à remplir des papiers compliqués, n'aient pas à se renseigner auprès de l'administration et qu'en regardant leur situation automatiquement ils puissent avoir ce RSA. Ça, c'est vraiment la mesure de justice sociale. Et puis il y a un deuxième volet dans cette mesure, c'est qu'on sait tous - moi je les rencontre sur le terrain ces gens-là - ces gens-là, ils veulent trouver un emploi. Ils veulent trouver un emploi et le problème, c'est comme ils ont été éloignés de l'emploi longtemps, ça peut être par exemple des femmes qui reprennent le travail après avoir élevé leurs enfants, qui n'ont pas des gros diplômes parce qu'elles se sont mariées jeunes, parce qu'elles se sont occupées de leur famille et à qui on dit : " Vous n'avez pas d'expérience professionnelle madame, donc on ne vous prend pas ", et donc il faut leur permettre de leur donner le pied à l'étrier. Et l'idée de la réforme, c'est de dire 15 à 20 heures par semaine, on accompagne ces personnes spécifiquement. On leur permet de faire des formations, on leur permet d'avoir une expérience professionnelle.
STEPHANE BARBEREAU
Ce n'est pas de dire : " Vous êtes d'un peu des fainéants et vous êtes très contents là-dedans et vous êtes des assistés ", ce n'est pas de dire ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je suis consternée par cette présentation. C'est typiquement le genre de présentation qui à la fois culpabilise les gens qui ont le RSA, mais surtout ne répond pas à leurs problèmes. Qu'est-ce que veut quelqu'un qui a le RSA ? Ce n'est pas une vie d'avoir le RSA.
STEPHANE BARBEREAU
Les associations, celle de l'Abbé Pierre, elle dit que c'est vous qui culpabilisez les bénéficiaires du RSA quand vous utilisez ce genre de méthode. Ce n'est pas les commentateurs.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Cette méthode, elle vise à leur mettre le pied à l'étrier. Là encore, je citais les jeunes tout à l'heure dont on dit : « Vous n'avez pas d'expérience, je ne peux pas vous recruter », c'est pareil : les personnes qui ont le RSA, des personnes qui n'ont pas travaillé depuis 3, 4, 5 ans et qui se retrouvent en situation de précarité au terme d'un divorce, qui ne sont plus en capacité de vivre par leurs propres moyens, elles veulent travailler. Elles veulent un travail digne, elles veulent être correctement rémunérées. Et ce que nous faisons, et on peut le faire aujourd'hui parce que les entreprises cherchent des talents - c'est la bonne nouvelle. On serait dans une économie où on détruit de l'emploi, ça serait difficile de porter ce discours, mais aujourd'hui on a des entreprises qui nous disent : « Je veux recruter, je ne trouve personne », donc à nous de faire ce travail, de permettre aux gens qui ont le RSA d'avoir cette formation, cet accompagnement, cette expérience qu'ils peuvent valoriser pour décrocher un emploi.
STEPHANE BARBEREAU
Qu'est-ce que vous avez retenu de la crise des Gilets jaunes et qu'est-ce qu'il y a de cette crise dans le programme du candidat Macron ? Le slogan c'est Avec vous, mais contrairement à d'autres candidats on ne voit pas vraiment de demande de référendum, de propositions de consulter plus régulièrement les Français.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bien au contraire ! Vous l'avez sur le volet des institutions, vous l'avez sur le volet de…
STEPHANE BARBEREAU
On parle de commission transpartisane. C'est les élus, ça va être des élus
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas nécessairement. Transpartisane ne dit pas que ce sera nécessairement que des élus. Vous l'avez sur la question de la fin de vie par exemple. Vous l'avez aussi sur l'école et la santé. Je crois que c'est deux sujets qui sont très concrets. Moi vous savez, je vais beaucoup à la rencontre des habitants du Pas-de-Calais. J'habite à Lens, je vais à Billy-Berclau, à Méricourt, etc pour entendre ce que les gens ont à me dire. La santé et l'école, c'est deux sujets qui remontent très fortement. La santé c'est le sentiment d'être confronté à des déserts médicaux. C'est comment je fais pour trouver un ophtalmo, pour aller chez le cardiologue et ne pas avoir un rendez-vous dans 8 mois parce que ce n'est pas gérable d'avoir un rendez-vous dans 8 mois. Ce que nous proposons, c'est au plus près des territoires avec les gens qui sont concernés de construire des réponses. Donc oui, c'est avec les Français sur des sujets de leur quotidien que nous voulons avancer.
STEPHANE BARBEREAU
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER. Vous restez avec nous et puis donc vous pouvez interpeller la ministre en nous appelant au standard de France Bleu Nord et elle vous répond à partir de 8 heures 10, dans quelques minutes
source : Service d'information du Gouvernement, le 25 mars 2022