Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour et bienvenue sur Europe 1, Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Sonia MABROUK.
SONIA MABROUK
Avant d'aller sur le fond du discours de politique générale d'Elisabeth BORNE, comment décriviez-vous, hier, dans un hémicycle chauffé à blanc, la forme, et je dirais même le style BORNE qui s'est un peu dévoilé ?
BRUNO LE MAIRE
Solide, convaincu et convaincant et avec une touche personnelle, que j'ai trouvée particulièrement juste, qui sonnait particulièrement juste. Moi, je suis très heureux comme ministre de l'Economie et des finances de travailler sous son autorité, avec elle, sous l'autorité du président de la République. Je pense que là, on a donné un nouvel élan au quinquennat, ce début de quinquennat, qui doit nous permettre d'obtenir des résultats les plus rapides possibles, pour nos compatriotes.
SONIA MABROUK
Vous venez de parler, Bruno LE MAIRE, d'autorité, en quoi aurait-elle, Elisabeth BORNE, acquis l'autorité, la légitimité, l'assise que certains lui contestent encore ? Vous entendez ces discours ?
BRUNO LE MAIRE
Personne dans la majorité – moi, j'entends effectivement les critiques, elles font partie de la vie démocratique, mais – personne dans la majorité, dans le gouvernement, ne conteste l'autorité d'Elisabeth BORNE, personne ne conteste les choix qui ont été faits, et notamment les grandes orientations qui ont été fixées, on dit toujours que la déclaration de politique générale, c'est un examen de passage, on aime bien les examens en France. Eh bien, c'est un examen de passage pleinement réussi pour la Première ministre, et je m'en réjouis pour toute notre équipe, et pour la majorité.
SONIA MABROUK
Avec quelle méthode à présent, l'heure n'est pas à nous compter, mais à nous parler, a-t-elle dit, Elisabeth BORNE a appelé les oppositions à bâtir ensemble des compromis, vous aviez prévenu, Bruno LE MAIRE, que le compromis, ce n'est pas le remaniement, quelle est alors la ligne rouge que vous ne dépasserez pas ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, le compromis, c'est arriver avec des propositions sur le pouvoir d'achat, les carburants, l'énergie, l'alimentation, et regarder si on peut améliorer ces propositions. Mais il y a effectivement n certain nombre de lignes rouges, sans lesquelles vous risquez de vous éloigner du projet qui a été validé par les Français, à l'occasion de l'élection présidentielle, qu'Emmanuel MACRON a gagnée, à l'occasion des élections législatives, que nous avons aussi gagnées. La première ligne rouge, c'est les impôts, nous baissons les impôts. Nous n'augmentons pas les impôts. Ça fait cinq ans, comme ministre des Finances, que j'ai baissé les impôts, et je compte bien poursuivre dans cette ligne-là, le meilleur exemple, c'est celui qu'a donné Elisabeth BORNE hier, en indiquant que nous baisserions les impôts de production pour soutenir notre industrie, dès le projet de loi de finances 2023. Deuxième ligne rouge, la dépense publique, j'ai indiqué que nous avions atteint la cote d'alerte, parce que les conditions de financement sont différentes, je veillerai scrupuleusement et rigoureusement à ce que la dépense publique n'augmente pas massivement dans les mois, dans les années qui viennent, pour que nous puissions tenir le cap qui a été fixé par le président de la République, 3% de déficit, en 2027. Et la troisième ligne rouge, si vous me le permettez…
SONIA MABROUK
Nous allons en parler, juste sur ce point, Bruno LE MAIRE…
BRUNO LE MAIRE
C'est le climat, c'est-à-dire que c'est le grand engagement de ce quinquennat, donc, on ne va pas prendre des mesures qui seraient défavorables au climat, nous voulons que toutes les mesures, y compris les mesures pour le pouvoir d'achat, puissent accélérer la transition énergétique.
SONIA MABROUK
Déficit, impôts, climat, nous allons en parler. Je parlais également des compromis ou compromissions sur le plan politique, par exemple Gérald DARMANIN dit que La France Insoumise et le Rassemblement national sont vos ennemis, est-ce, là, une ligne rouge, est-ce que vous ne travaillerez pas avec ces deux partis, que vous les considérez comme des ennemis en politique ?
BRUNO LE MAIRE
Des adversaires, oui, et ce n'est pas nous…
SONIA MABROUK
Ah, la nuance est importante.
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas nous qui ne voulons pas travailler par exemple avec La France Insoumise, quelle drôle d'attitude que d'arriver au Parlement, où vous venez d'être élu par le peuple français, et de dire d'emblée : nous ne voterons pas ce texte, nous ne travaillerons pas, bon, eh bien, prenons tous des vacances, on est au mois de juillet, il fait beau, allons à la plage plutôt que d'aller au Parlement, ce sera beaucoup plus agréable pour tout le monde, mais quelle attitude irresponsable de la part des députés de La France Insoumise de dire, avant même que le débat ait commencé : nous refusons le débat, c'est une attitude qui n'est ni démocratique, ni constructive, ni conforme, je pense, à ce que souhaite une immense majorité de Français, qui veulent que nous travaillions tous le mieux possible ensemble.
SONIA MABROUK
L'une des principales annonces, Bruno LE MAIRE, concerne la nationalisation d'EDF, on va y venir en détail, tout d'abord, que répondez-vous à la critique, à l'inquiétude selon laquelle, vous privatisez les profits et vous nationalisez, vous socialisez les pertes ?
BRUNO LE MAIRE
Mais EDF n'a pas vocation à être en perte, c'est parce que moi, je crois profondément dans l'avenir d'EDF que nous prenons cette décision de nationaliser EDF, pourquoi est-ce que nous le faisons, tout simplement, parce que l'indépendance énergétique n'a pas de prix, et que la guerre en Ukraine nous a, à tous, montré que dépendre du gaz et du pétrole russe, c'est la pire des idées qu'on puisse avoir, et que par conséquent, il faut être indépendant dans notre production énergétique, nationaliser EDF, c'est nous donner toutes les chances d'être plus indépendants dans les années qui viennent en matière énergétique ; c'est une décision stratégique, forte, nécessaires pour le pays.
SONIA MABROUK
Stratégique, ça veut dire qu'il faut que nous ayons les moyens de faire d'EDF un outil de souveraineté énergétique et le maître d'oeuvre du nouveau programme nucléaire…
BRUNO LE MAIRE
Exactement…
SONIA MABROUK
Après tant de revirements, et parfois même de reniements au cours du dernier quinquennat, Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Je crois que le cap, cette fois-ci, il est fixé, bien fixé et très clair, c'est d'abord le discours du président de République à Belfort, disons que notre indépendance énergétique, elle passe par trois choix, la sobriété, je le rappelle, parce que la sobriété est un point de passage obligé de la réduction des émissions de CO2 et de notre indépendance énergétique, la réalisation de nouvelles énergies nucléaires, avec de nouveaux réacteurs nucléaires, et, bien entendu, les énergies renouvelables ; c'est exactement ce que nous attendons d'EDF, la feuille de route de la future direction d'EDF, c'est : produire plus, parce que, aujourd'hui, vous avez un certain nombre de réacteurs qui sont à l'arrêt, il faut produire plus le plus rapidement possible, c'est la réalisation de 6 nouveaux réacteurs nucléaires EPR, et c'est la poursuite de l'engagement dans les énergies renouvelables, voilà la feuille de route que nous fixons pour la prochaine direction d'EDF.
SONIA MABROUK
Et l'inquiétude sur le risque d'un démembrement d'EDF, que répondez-vous à cela également ?
BRUNO LE MAIRE
Je réponds qu'il faudra qu'il y ait une réforme d'EDF, on le sait, une transformation d'EDF pour qu'EDF soit plus efficace, EDF est aussi soumis à des coûts de production, à des enjeux économiques qu'EDF doit respecter, mais nous en parlerons avec les responsables syndicaux, avec la direction, avec la Commission européenne, bien entendu, qui est partie à ce jeu-là, nous avons le temps pour le faire sereinement.
SONIA MABROUK
Alors justement, c'est un énorme défi, cette réforme d'EDF, vous en parlerez avec la direction, on a appris juste avant cet entretien, Bruno LE MAIRE, on a pris connaissance de ce communiqué de presse commun, en tous les cas, c'est une décision commune entre l'Etat et le président directeur général d'EDF, donc c'est enclenché, une nouvelle étape pour EDF, avec la succession du patron, Jean-Bernard LEVY, qui est ouverte.
BRUNO LE MAIRE
Oui, d'abord, je veux remercier Jean-Bernard LEVY pour le travail qu'il a fait à la tête d'EDF, vous l'avez parfaitement dit, c'est une décision commune, mais nous écrivons une nouvelle page de l'histoire de ce grand service public de l'énergie auquel nous sommes tous profondément attachés. Nous avons un défi immédiat, c'est produire plus, je le redis, il faut produire plus d'électricité en France pour passer l'hiver dans les meilleures conditions, un défi de plus long terme, qui est le renouvelable et 6 nouveaux réacteurs nucléaires, pour ça, il faut une nouvelle direction, nous avons engagé la recherche de cette nouvelle direction, et je souhaite que cette nouvelle direction d'EDF soit opérationnelle dès la rentrée prochaine.
SONIA MABROUK
Ça veut dire que ce PDG-là ne finit pas son mandat, que vous enclenchez de manière plus rapide cette nouvelle étape ?
BRUNO LE MAIRE
Et nous en avons – oui – nous en avons discuté ensemble avec la Première ministre, Elisabeth BORNE, avec Jean-Bernard LEVY.
SONIA MABROUK
Bien, ce n'est pas une sanction ?
BRUNO LE MAIRE
Non, pas du tout…
SONIA MABROUK
Parce que parfois, il a eu des relations un peu tendues avec l'Etat…
BRUNO LE MAIRE
Une fois encore, je remercie Jean-Bernard LEVY, une fois encore pour le travail qu'il a fait. Mais d'un accord commun, nous nous sommes dit : il y a une nouvelle page à écrire, début de quinquennat, nouvelles orientations, c'est bien d'avoir une nouvelle direction pour donner un nouvel élan à l'entreprise.
SONIA MABROUK
Avec déjà en tête le profil, un portrait-robot du nouveau ou de la nouvelle dirigeante de cette entreprise publique ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, il faut que ce soit quelqu'un qui maîtrise les grands programmes industriels, parce que c'est probablement l'un des défis les plus importants pour EDF, et puis, qui ait, pour reprendre un mot qui nous est cher désormais à tous, qui ait aussi le sens du compromis avec les organisations syndicales, avec la Commission européenne, il va falloir que nous trouvions tous un compromis sur la transformation de cette entreprise.
SONIA MABROUK
Alors compromis, on l'a compris, c'est le maître-mot également sur le projet de loi sur le pouvoir d'achat, Bruno LE MAIRE, qui est présenté aujourd'hui en Conseil des ministres, parmi les mesures, une indemnité carburant réservée, on le précise, aux salariés qui utilisent leur voiture pour aller au travail, il y a aussi le prolongement de la ristourne de 18 centimes par litre jusqu'à la fin de l'été, a dit Elisabeth BORNE. Pour être bien clair avec nos auditeurs, est-ce que l'indemnité carburant prendrait le relais de la ristourne de 18 centimes ou est-ce qu'elles se cumulent ?
BRUNO LE MAIRE
Non, c'est exactement ça, il faut que l'une prenne le relais de l'autre, et je pense que ça exprime bien toute notre philosophie, quand il y a eu le choc inflationniste, nous avons été le premier pays à protéger nos compatriotes, résultat, nous avons le niveau d'inflation le plus faible de la zone euro, c'est la plus belle des protections que nous ayons pu accorder à nos compatriotes, la plus efficace. Maintenant, nous savons que le pic inflationniste devrait décroître progressivement à partir du début de l'année 2023, il faut que nous passions à des dispositifs temporaires et ciblés ; on couvrait tous les automobilistes, y compris d'ailleurs ceux qui n'en avaient pas besoin, avec les 18 centimes d'euros, c'était une mesure d'urgence, massive, efficace, qui nous a permis – je le redis – de maîtriser l'inflation. On doit maintenant s'engager dans une mesure plus ciblée, quel est le choix politique, très politique, que nous faisons : soutenir ceux qui travaillent, le salarié qui va à son entreprise, il ne doit pas avoir de problème pour faire son plein, l'alternant qui doit se rendre à son entreprise et qui habite encore chez ses parents, il ne doit pas avoir de problème pour financer son plein. Donc nous allons remplacer les 18 centimes, qui, progressivement, d'ici la fin de l'année, vont être ramenés à 16, 12, 10, on va le faire très progressivement, mais à la fin de l'année, il n'y aura plus de remise carburant, et dès le 1er octobre, en tout cas, c'est la proposition que nous faisons, nous mettons en place cette indemnité carburant pour les travailleurs, tous ceux qui travaillent…
SONIA MABROUK
Qui ne doit pas être une usine à gaz, parce que, on le précise, ce sont les personnes concernées qui doivent en faire la demande.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais, je pense avoir une certaine expérience de ce type de dispositif, quand on a mis en place le fonds de soutien aux indépendants, aux commerçants, on l'a amélioré, il est devenu extrêmement simple, et ils vous diront tous que c'est extraordinairement simple de toucher cette aide, eh bien, nous voulons faire la même chose pour l'indemnité carburant, vous irez sur le site Internet de la Direction générale des finances publiques, vous déclarez que vous avez une voiture, vous déclarez que vous vous en servez pour vous rendre sur votre lieu de travail, et vous pouvez toucher l'indemnité, et si en plus, votre distance entre votre domicile et votre travail est très éloignée ou que vous êtes par exemple itinérant, parce que vous êtes aide-soignante, vous déclarez que vous êtes un gros rouleur, et vous aurez une indemnité supplémentaire, tout ça doit vous permettre – l'objectif est très simple – de couvrir quasiment l'intégralité de vos frais de carburant.
SONIA MABROUK
Est-ce qu'au sein du gouvernement, Bruno LE MAIRE, la tentation, la tentation de la taxe sur les superprofits grandit, je sais que vous n'y êtes pas forcément très favorable vous-même à Bercy, est-il vrai que certains poussent en faveur de cette taxe-là ?
BRUNO LE MAIRE
Certains peuvent pousser, ça fait partie du débat démocratique, mais je pense que, vous parliez tout à l'heure de cohérence, de lignes rouges, je vous dis que notre cohérence tient dans la baisse des impôts et dans le refus de toute augmentation d'impôts, donc j'ai demandé un certain nombre d'efforts aux entreprises qui ont bénéficié de la crise, c'est le cas de TOTAL…
SONIA MABROUK
Sont-ils suffisants ?
BRUNO LE MAIRE
C'est le cas de CMA CGM…
SONIA MABROUK
C'est la question que l'on vous pose…
BRUNO LE MAIRE
Je pense qu'ils peuvent faire encore davantage, certainement, mais je préfère cette approche-là qui consiste à dire : on doit tous lutter contre l'inflation, tous se mobiliser, l'Etat, mais aussi des entreprises qui le peuvent, elles le font en augmentant les salaires, elles le font en accordant des remises sur le carburant, comme TOTAL, ou des remises sur leurs containers, comme CMA CGM, j'attends aussi des réponses de la part des banques, j'attends des réponses de la part des assureurs, et j'espère avoir des propositions très concrètes, pourquoi, parce que les Français, leur problème de pouvoir d'achat, c'est maintenant, c'est bien gentil de lever des taxes, mais les taxes, ça va dans ma poche de ministre des Finances, ça ne va pas dans la poche des Français.
SONIA MABROUK
Bon, ça, c'est un débat au sein du gouvernement, là, vous le dites autour de la table du Conseil des ministres…
BRUNO LE MAIRE
Non, mais vous voyez bien que ce qui compte aujourd'hui, c'est que tous ceux qui nous écoutent, nos compatriotes qui n'arrivent pas à se payer une alimentation de qualité, qui ont des problèmes sur le prix du carburant, qui trouvent que les loyers sont trop chers, nous les avons plafonnés à 3,5 %, c'est un bouclier efficace, puissent se dire : ils prennent des mesures que je vois tout de suite, la taxe, une fois encore, c'est très bien pour le Trésor public, mais, moi, je préfère que ça aille dans la poche des Français.
SONIA MABROUK
On vient d'énumérer un chapelet, vraiment un chapelet de mesures et aussi de promesses, au total, toutes ces mesures sur le pouvoir d'achat auront un coût global de 25, 26 milliards…
BRUNO LE MAIRE
Une vingtaine de milliards d'euros, pour être précis…
SONIA MABROUK
Ce qui est déjà pas mal. D'ailleurs, on peut dire que ça s'ajoute aux 26 milliards d'aide depuis le début de la guerre en Ukraine, c'est la prolongation, vous l'entendez souvent cette question, mais est-ce que là, ce n'est pas acter du quoi qu'il en coûte pour l'inflation ?
BRUNO LE MAIRE
Non, il n'y a pas de quoi qu'il en coûte et il n'y aura pas de quoi qu'il en coûte…
SONIA MABROUK
Monsieur le Ministre…
BRUNO LE MAIRE
Mais la meilleure illustration, c'est celle que je viens de vous donner sur le carburant…
SONIA MABROUK
Difficile, là, de le contester…
BRUNO LE MAIRE
Sur le carburant, vous aviez une aide générale massive de 18 centimes d'euros par litre, elle va être progressivement retirée d'ici la fin de l'année pour être remplacée par une aide beaucoup plus ciblée, qui va coûter à peu près 2 milliards d'euros pour ceux qui en ont réellement besoin, c'est-à-dire ceux qui prennent leur voiture pour aller travailler, les 18 centimes d'euro, ça coûte 800 millions d'euros par mois, l'aide ciblée sur les travailleurs, c'est 2 milliards d'euros pour toute l'année, donc vous voyez, ce n'est pas du tout comparable, c'est bien la preuve que nous ne voulons pas de quoi qu'il en coûte, nos finances publiques ne nous le permettent pas.
SONIA MABROUK
D'accord, mais alors comment vous financez tout ça, sans augmenter les impôts, sans alourdir notre dette abyssale, et on cherche en vain, depuis le discours hier d'Elisabeth BORNE, le moindre soupçon d'économies ?
BRUNO LE MAIRE
Je vais revenir sur la question des économies, mais sur le financement de ce paquet d'une vingtaine de milliards d'euros, c'est les recettes fiscales exceptionnelles que nous avons 2022, et c'est très important de le comprendre, parce que ça veut dire quoi, ça veut dire tout simplement que, avant de redistribuer des richesses, il faut les créer, c'est exactement ce que nous faisons, nous avons de très bonne recettes d'impôt sur les sociétés, pourquoi, eh bien, parce que nous entreprises marchent bien, donc elles peuvent aider à financer le paquet pouvoir d'achat, grâce aux recettes d'impôt sur les sociétés. La deuxième recette très importante, ce sont les cotisations sociales, pourquoi est-ce qu'il y a autant de recettes de cotisations sociales, parce qu'il y a beaucoup d'emplois, parce que nous avons créé des emplois, et que ça nous permet de financer justement les mesures sur l'essence, sur les carburants et sur l'énergie, la conclusion de tout ça, c'est quoi, c'est que, une politique qui crée de la richesse permet d'en redistribuer ensuite ; c'est exactement ce que nous voulons faire dans les années qui viennent…
SONIA MABROUK
J'ai noté, Bruno LE MAIRE, dans le rapport de la Cour des comptes, en 2021, les recettes de l'Etat n'ont couvert que 60% des dépenses publiques.
BRUNO LE MAIRE
Mais qu'il faille ensuite compléter cette politique-là par des réformes de structure, la réforme des retraites, l'assurance-chômage, qui a déjà été réformée en profondeur, qu'il faille aussi faire attention en disant : chaque euro compte, bien sûr…
SONIA MABROUK
Mais où faire attention, c'est ça que l'on ne voit pas…
BRUNO LE MAIRE
Bien entendu…
SONIA MABROUK
Monsieur le Ministre, hier, on n'a pas vraiment vu vraiment le début d'un soupçon d'économies dans le discours.
BRUNO LE MAIRE
Mais vous verrez dans les mois, dans les années qui viennent, au moment où nous débattrons du projet de loi de finances 2023, il y aura un débat sur la question des économies que nous pouvons faire, nous avons hier reçu avec l'ensemble des ministres de Bercy la Commission des finances de l'Assemblée nationale, elle souhaite se saisir de ce sujet, nous faire des propositions, tant mieux. Mais vous savez, pour tenir les 3 % de déficit en 2027 et rétablir les finances publiques françaises, la seule vraie réponse, elle tient en deux mots : plein emploi. Le plein emploi…
SONIA MABROUK
Je croyais que vous alliez me dire la réforme de l'Etat…
BRUNO LE MAIRE
Non, plein emploi, le plein emploi, c'est des cotisations en plus, le plein emploi, c'est de l'activité en plus, le plein emploi, c'est des usines, des entreprises qui tournent, c'est de la prospérité en plus, c'est la meilleure des réponses ; imaginez-vous que depuis plus d'un demi-siècle, la France n'a pas connu le plein emploi, si en 2027, nous sommes à 5, 5,5% de chômage, ce sera une réalisation historique pour notre pays, et qui réglera beaucoup de difficultés sociales, économiques, politiques de la France.
SONIA MABROUK
On entend votre discours de rigueur sur les comptes publics, ce matin, certains se demandent, dont l'opposition, je le précise, si vous n'êtes pas dans un rôle de pompier pyromane, êtes-vous vraiment en position aujourd'hui d'alerter sur les comptes publics ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, beaucoup plus que ceux qui en font les critiques.
SONIA MABROUK
C'est-à-dire ?
BRUNO LE MAIRE
Pour beaucoup de raisons, la première, c'est que nous avons avec la majorité, avec le Premier ministre de l'époque, avec le président de la République, rétabli les comptes publics en 2018, que nous sommes la seule majorité à être passée sous les 3% de déficit. Nous avons sorti la France de la procédure pour déficit public excessif, que nous avons commencé à faire baisser la dette, sur les déficits, nous étions à 6,5 en 2022, nous sommes aujourd'hui à 5. 5% de déficit pour 2022, 6,5 en 2021, pardon. Et nous devons atteindre 3% en 2027, je tiens à ce que nous respections cette trajectoire. Et je trouve très surprenantes ces critiques qui viennent souvent de la part de ceux qui vous disent : on va plafonner le prix de l'essence à 1,50 euro, ça coûte 50 milliards d'euros, mais ils doivent avoir deux fils qui se touchent dans leur tête ! Ceux qui vous disent : il faut rétablir les comptes publics, il faut baisser la dette, il faut absolument que les comptes publics soient bien tenus, et puis, de l'autre, qui disent aux Français : ne vous inquiétez pas, on vous garantit un prix de l'essence à 1,50 euro, et on rase gratis, entre : on rase gratis, et on va rétablir les comptes publics, il faut que certains fassent des choix, le nôtre…
SONIA MABROUK
Précisez de qui vous parlez…
BRUNO LE MAIRE
Le nôtre, Sonia MABROUK, il est fait, c'est un choix…
SONIA MABROUK
Vous parlez à ceux à qui vous tendez la main ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je parle à tous ceux qui vous disent : on va garantir le prix de l'essence…
SONIA MABROUK
C'est assez paradoxal…
BRUNO LE MAIRE
Les uns vous disent : 1,40 euro, les autres : 1,50 euro. C'est irresponsable pour les finances publiques et irresponsable pour le climat, nous, nous sommes la majorité de la responsabilité, on peut protéger les Français, cibler la protection sociale sur ceux qui en ont le plus besoin, tout en rétablissant les comptes publics, c'est ma feuille de route. Et j'ai l'habitude de tenir mes feuilles de route.
SONIA MABROUK
La formule est facile, mais pourquoi vous auriez le monopole de la responsabilité, en quoi une partie de l'opposition ne serait pas responsable aujourd'hui par ses propositions ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je souhaite, Sonia MABROUK, je souhaite que toutes les oppositions retrouvent ces sens des responsabilités, et quand je regarde les députés aujourd'hui à l'Assemblée nationale, vous avez notre majorité, vous avez certains qui ont déjà dit que de toute façon, ils ne travailleraient pas avec nous, La France Insoumise, c'est clair, ils ne veulent pas travailler avec nous, il y a ceux dont nous ne partageons pas les valeurs ou l'histoire, le Rassemblement national, mais il reste en plus de ces députés environ 160, 164 députés qui peuvent appartenir au groupe des Républicains, des socialistes, d'autres groupes indépendants, et à qui nous tendons la main en leur disant : mais regardons ce qui est le mieux pour la France, qu'est-ce qui protégera le mieux nos compatriotes contre l'inflation et contre la vie chère, sans pour autant faire creuser une dette abyssale, voilà, nous tendons la main à tous ces parlementaires-là.
SONIA MABROUK
Pour finir sur le discours hier, Bruno LE MAIRE, une dernière question, parce qu'il a été question aussi de délinquance, de désordre, de police, de rétablissement de l'autorité, qu'est-ce qui assure aujourd'hui aux Français, une grande partie des Français, que vous ferez demain ce qui n'a pas été fait en partie lors du premier quinquennat ?
BRUNO LE MAIRE
Je crois que la Première ministre a eu un discours particulièrement clair sur la délinquance, la sécurité, la lutte contre l'islamisme, et ce discours-là, il est attendu par nos compatriotes, il doit être mis en oeuvre, il a commencé à être mis en oeuvre, il sera mis en oeuvre, et je crois que s'il y a bien un point sur lequel il y a un consensus très large, au-delà de la majorité, c'est la nécessité absolue de garantir la sécurité de nos compatriotes.
SONIA MABROUK
Merci Bruno LE MAIRE d'avoir été notre invité ce matin. Bonne journée à vous.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 juillet 2022