Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
LAURENCE FERRARI
Bienvenu dans La Matinale de CNews. On va parler pouvoir d'achat évidemment. Sombres perspectives, les Français vont devoir se serrer la ceinture. La perte de pouvoir d'achat est estimée à 1% en 2022, plombé par une inflation qui risque d'augmenter encore. Elle pourrait atteindre 6 à 7% selon Michel-Edouard LECLERC qui était hier matin ici même à votre place. On va y revenir. Vous êtes l'homme du budget, l'homme des comptes publics, celui qui doivent vérifier qu'on ne dépense pas trop. Le projet de loi qui a été présenté hier sur le pouvoir d'achat, en conseil des ministres, le premier coût c'est 20 milliards d'euros. Si on ajoute toutes les autres mesures du début de l'année, on est à 47 milliards d'euros. Le président continue à cramer la caisse ?
GABRIEL ATTAL
D'abord, je suis effectivement Ministre en charge du Budget et je ne dirais pas que ma mission est de vérifier qu'on ne dépense pas trop mais qu'on dépense bien. Qu'on dépense de l'argent utilement pour les Français et qu'on arrive à réduire nos déficits et notre dette. Oui, c'est vrai que le paquet pouvoir d'achat - 46 milliards d'euros en tout, entre les mesures qu'on a prises au début l'année et celles-ci - c'est de l'argent qui va permettre aux Français de résister face au choc de l'inflation. Et je peux vous dire que c'est utile.
LAURENCE FERRARI
Mais c'est de l'argent magique à nouveau ?
GABRIEL ATTAL
Non pas du tout, puisque vous voyez bien qu'on réduit dans le même temps nos déficits. Alors je comprends que, quand on annonce des sommes comme celles-là et qu'en même temps on réduit le déficit, ça peut paraître contradictoire. Eh bien non ! Vous avez vu l'an dernier, on a dépensé beaucoup pour résister au début de cette crise de l'inflation. On a fait une indemnité inflation à 100 euros pour 38 millions de Français. On a mis en place des mesures pour aider les entreprises à tenir. Il y avait encore les vagues Omicron de Covid, des fermetures à l'époque, et pourtant on a réduit notre déficit. Au début du quinquennat précédent, on a très fortement réduit les déficits grâce à des réformes. Et puis le Covid est arrivé, on a fait le "quoi qu'il en coûte” et depuis, on réduit chaque année nos déficits. Le déficit, c'était près de 9% en 2020. L'an dernier c'était 6,4%, cette année ça sera 5 % et on va le ramener à 3% en 2027. Je ne dis pas ça parce que c'est un totem ou quoi que ce soit d'autre, je dis ça parce que réduire…
LAURENCE FERRARI
Là c'est la pensée magique.
GABRIEL ATTAL
Non, ce sont les faits.
LAURENCE FERRARI
Pour l'instant, ce n'est pas ce qui se passe dans la réalité.
GABRIEL ATTAL
Mais c'est ce qui s'est passé l'an dernier et c'est ce qui va se passer cette année. L'an dernier encore une fois, on a fait moins de déficit que ce qui avait été prévu au départ. Tous les prévisionnistes disaient : vous allez faire 8,2% de déficit. On a fait 6,4%. Ça paraît très abstrait tout ça, mais ça veut dire que ce sont des impôts en moins dans les années qui viennent. Parce que ceux qui disent qu'on peut laisser les déficits filer, ceux qui disent qu'on peut laisser la dette s'accumuler, ils disent en réalité que dans quelques années on devrait demander aux Français de la rembourser avec des impôts. Nous, non seulement on ne veut pas augmenter les impôts, on veut les baisser et même en supprimer. Et dans le projet de loi qui a été présenté hier, il y a notamment la suppression de la contribution à l'audiovisuel public. C'est 138 euros que 23 millions de Français n'auront pas à payer à l'automne alors que…
LAURENCE FERRARI
Ils payeront ailleurs, sur un autre poste.
GABRIEL ATTAL
Non, précisément, parce qu'on a une trajectoire où on maîtrise nos dépenses, ce qui permet de financer cette mesure.
LAURENCE FERRARI
Pourquoi Pierre MOSCOVICI, le premier président de la Cour des comptes, est aussi inquiet ? Il a fait une longue interview au magazine Le Point, il dit : Emmanuel MACRON a renoncé à la réduction des dépenses - il sait de quoi il parle. Comment tenir la prévision de déficit public, demande-t-il.
GABRIEL ATTAL
Ce que je disais, c'est que c'est vrai…
LAURENCE FERRARI
Vous avez renoncé ?
GABRIEL ATTAL
C'est vrai qu'on a dépensé plus avec le "quoi qu'il en coûte” au moment du Covid mais, je vais vous dire, on ne le regrette pas parce que ce qui a été dépensé avec le "quoi qu'il en coûte” pendant le Covid, si on ne l'avait pas fait on aurait dépensé de 2 à 3 fois plus. Parce que ce qu'on a dépensé, ça a permis à nos entreprises de tenir et aux Français de garder leur emploi. Si on ne l'avait pas fait, il aurait fallu payer 2 à 3 fois plus en assurance-chômage, en accompagnement des entreprises qui auraient fait faillite. Moi je veux quand même rappeler que quand Emmanuel MACRON a été élu en 2017, la France elle était dans une procédure à Bruxelles dite pour pays à déficit excessif, et qu'on a sorti la France de cette procédure. Quand Emmanuel MACRON a été élu, ça faisait 15 ou 20 ans que le déficit n'avait pas été sous les 3%. On l'a ramené sous les 3% en 2018. Ensuite il y a eu la crise du Covid, on a dépensé plus. Et depuis, on a remis notre pays sur les rails de la réduction des déficits. On veut revenir aux 3% en 2027. Encore une fois, c'est un enjeu d'indépendance et c'est un enjeu aussi de protection pour les Français pour l'avenir.
LAURENCE FERRARI
J'entends vos arguments mais quand même, Pierre MOSCOVICI, Premier président de la Cour des comptes, monsieur VILLEROY de GALHAU, Gouverneur de la Banque de France, ont la même analyse. Ils sont extrêmement inquiets sur la trajectoire que prennent nos déficits publics. Comment vous croire alors que l'inflation augmente, la consommation n'est pas au rendez-vous et la croissance est en berne ? Comment on va s'en sortir ?
GABRIEL ATTAL
Vous le dites, ils sont inquiets sur la trajectoire.
LAURENCE FERRARI
Oui.
GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas qu'ils critiquent le pilote. Ils expliquent que le chemin est périlleux pour y parvenir, mais c'est une réalité qu'il y a des aléas dans le monde. Que vous avez aujourd'hui une guerre en Ukraine qui a un impact, qui entraîne de l'inflation et des difficultés économiques partout dans le monde. C'est vrai qu'il y a encore une crise sanitaire qui est là et qui a elle aussi un impact. Qu'il y a une demande mondiale qui a explosé suite au Covid et que là aussi ça entraîne de l'inflation. Donc c'est vrai qu'il y a un certain nombre d'aléas. Et la responsabilité d'un gouvernement dans ce contexte-là, c'est de prévoir une route, une trajectoire en intégrant ces risques-là qui permet d'être responsable et c'est ce que nous faisons. J'aurai à présenter en tant que ministre du Budget en septembre un projet de loi de programmation des finances publiques sur 5 ans, pour expliquer comment est-ce qu'on va faire concrètement ministère par ministère pour arriver aux 3% de déficit en 5 ans. J'espère que je reviendrai à la rentrée pour en parler chez vous mais, encore une fois, on a montré ces dernières années qu'on était capable de réduire nos déficits. On a systématiquement fait un meilleur résultat que ce qui avait été prévu au départ.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot de ce qu'a annoncé hier le gouvernement. Bruno LE MAIRE annonce la mise en place de l'indemnité carburant pour les travailleurs, ça sera dès le 1er octobre. C'est donc la fin de l'indemnité carburant qui petit à petit va diminuer, mais est-ce que ce n'est pas injuste par exemple pour les gens qui travaillent ? Quid des retraités ? Quid des chômeurs ? Eux n'y auront pas droit ?
GABRIEL ATTAL
Alors pour les retraités, je rappelle que nous faisons une revalorisation exceptionnelle de leur pension de 4 % au mois de juillet, qui s'ajoute aux 1,2% qui ont été faits en début d'année. Donc pour une retraite moyenne, ça fait une soixantaine d'euros nets en plus par mois. Ensuite pour les chômeurs, vous avez évoqué la question, ça fera partie du débat parlementaire de savoir comment est-ce qu'on les accompagne pour ceux qui cherchent un emploi et qui utilisent leur voiture. Si des personnes qui cherchent un emploi doivent utiliser leur voiture pour se rendre à des entretiens ou à Pôle emploi, il faut évidemment qu'elles soient accompagnées, soit via l'indemnité inflation, soit via Pôle emploi qui peut apporter des aides. Mais oui, c'est une aide nouvelle qui permet de cibler davantage les Français qui travaillent, qui travaillent dur, qui sont obligés d'utiliser leur voiture et qui se prennent de plein fouet la hausse des prix du carburant. Et à un moment, ça peut presque être plus cher d'aller travailler que de travailler si vous dépensez beaucoup de carburant, et donc on veut accompagner ces Français. C'est une aide qui a été préparée et présentée dans le projet de loi qui va être discuté au Parlement sur ses critères, sur qui pourra en bénéficier. Mais effectivement ça sera à partir du 1er octobre et, dans le même temps, la remise carburant qu'on a mise en place va progressivement s'arrêter pour laisser place à ce dispositif.
LAURENCE FERRARI
Et tout ce dispositif va s'arrêter à la fin de l'année, c'est ça ? Fin 2022, plus personne ne sera subventionné pour le carburant, pour l'alimentation, pour tout ?
GABRIEL ATTAL
Alors c'est des aides qu'on met en place pour la fin de l'année 2022 effectivement.
LAURENCE FERRARI
Et après, tout s'arrête ?
GABRIEL ATTAL
Je le disais tout à l'heure, on va discuter du budget 2023. On verra aussi en fonction de l'évolution des prix. On s'est toujours adapté. Je vous rappelle qu'en début d'année 2022, on a mis en place une indemnité inflation de 100 euros déjà pour 38 millions de Français qui reçoivent un salaire de moins de 2 000 euros par mois. On s'adapte toujours mais on le fait avec responsabilité. Vous avez des personnalités politiques, des familles politiques qui veulent faire croire aux Français qu'on pourrait dépenser sans se préoccuper de l'argent qu'on a.
LAURENCE FERRARI
Oui, mais il va falloir faire avec.
GABRIEL ATTAL
Il va falloir discuter avec elles bien sûr. On va discuter avec eux mais la discussion du projet de loi, ça va être un vrai moment de vérité politique et budgétaire. Parce que quand vous avez des responsables politiques qui vous expliquent qu'il faudra faire une dépense de 50 milliards d'euros - 50 milliards d'euros, c'est une des propositions que j'ai entendues chez les LR, qui correspond au budget du ministère de l'Education nationale sur une année…
LAURENCE FERRARI
Pour mettre l'le litre d'essence à 1,50 euro.
GABRIEL ATTAL
Oui, et que de l'autre côté ils financeraient ça avec une économie qui rapporte un milliard d'euros, ça ne marche pas.
LAURENCE FERRARI
Ils ne savent plus compter les LR ?
GABRIEL ATTAL
Non, mais je pense qu'il faut ce moment de vérité politique et budgétaire. Qu'il faut expliquer quand on fait des propositions qui entraînent des dépenses supplémentaires, qu'il faut expliquer comment on les finance. Parce que sinon, il n'y a pas de mystère, ce sera financé par de l'impôt. Et nous on a un engagement, c'est qu'on ne veut pas augmenter les impôts, on veut les baisser et on les baisse. On ne veut pas créer des impôts supplémentaires, on veut en supprimer. Et d'ailleurs dans le texte de loi qu'on a présenté hier, il y a la suppression par exemple de la redevance télé. Il y a des baisses de cotisations pour les indépendants. Un artisan qui gagne 1 300 euros par mois, il aura 550 euros de réduction de cotisations sur l'année en plus. Voilà, il y a des mesures très concrètes de pouvoir d'achat dans ce texte.
LAURENCE FERRARI
Si vous commencez à cogner sur les LR ou sur les autres partis politiques, vous aurez du mal à trouver le fameux compromis que vous réclamez, que vous leur demandez, qu'Emmanuel MACRON demande à ces partis.
GABRIEL ATTAL
Je débats.
LAURENCE FERRARI
Par exemple sur le pouvoir d'achat, qu'est-ce que vous prenez dans ce que proposent les LR ?
GABRIEL ATTAL
D'abord, on n'a pas encore les amendements puisque le texte a été présenté hier.
LAURENCE FERRARI
Vous connaissez les grandes lignes quand même.
GABRIEL ATTAL
On va voir les propositions qui sont faites Laurence FERRARI. Moi je dis on est très ouvert à regarder les propositions, juste on a un cadre. C'est 1, je le disais à l'instant, on ne veut pas augmenter les impôts. Et 2, on veut réduire nos déficits progressivement pour arriver aux 3% en 2027. Encore une fois, c'est un enjeu d'indépendance du pays et de protection pour les Français.
LAURENCE FERRARI
Et du côté de la Nupes, il y a des propositions que vous pourriez reprendre ? Le SMIC à 1 500 euros ?
GABRIEL ATTAL
Sur le SMIC à 1 500 euros, pour le coup on a eu l'occasion de s'exprimer pendant la campagne présidentielle, et on a dit qu'augmenter le SMIC comme ça de manière uniforme pour toutes les entreprises, ça serait destructeur pour nos artisans, nos commerçants, nos TPE, nos PME qui ne peuvent pas forcément se prendre cette augmentation du SMIC, qui n'ont pas forcément les moyens. Donc nous ce qu'on a fait depuis plusieurs années, ce qu'on peut continuer à faire, c'est d'augmenter la rémunération de ceux qui sont au SMIC en passant par la prime d'activité par exemple.
LAURENCE FERRARI
Qui n'est pas une hausse de salaire, vous le savez parfaitement.
GABRIEL ATTAL
Mais une personne au SMIC aujourd'hui, elle bénéficie de 100, 150 euros de plus grâce à nos mesures que nous avons prises, notamment la prime d'activité, sans que ça pénalise les entreprises et donc ça maintient aussi l'emploi.
LAURENCE FERRARI
Alors pourquoi ne pas justement baisser les charges, baisser les impôts de production pour aider les entreprises à faire l'effort que vous leur demandez sur les salaires ?
GABRIEL ATTAL
On va baisser les impôts de production. On a commencé à le faire ces 2 dernières années, vous vous en souvenez, un milliard d'euros. On va le faire encore l'année prochaine, c'est ce que la Première ministre a indiqué dans son discours de politique générale. Nous allons continuer à baisser les impôts de production, mais pourquoi ? Parce que cette politique, elle a fait ses preuves. On a le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans, le taux de chômage des jeunes le plus bas depuis 40 ans. On a un taux d'emploi le plus haut depuis qu'il est mesuré. C'est grâce à nos baisses d'impôts sur les entreprises parce qu'on avait des impôts de production qui étaient 7 fois supérieurs à ceux qui sont payés par les entreprises, par exemple chez nos voisins allemands. Et depuis qu'est-ce qu'on voit ? On voit qu'on recrée des emplois dans l'industrie. On voit qu'il y a des usines qui ouvrent plus que d'usines qui ferment. Ce n'était pas arrivé depuis 20 ans dans notre pays. On voit que la France est depuis 3 ans le pays le plus attractif en Europe pour les investissements étrangers. Donc cette politique elle fonctionne et, effectivement, on va vouloir la poursuivre.
LAURENCE FERRARI
J'ai du mal à voir comment vous allez trouver le compromis étant donné que vous paraissez bras dans une posture de rejet de tout ce que peuvent proposer les LR, le Rassemblement national aussi - il va falloir compter avec les 89 députés du Rassemblement national – ou la Nupes. Encore une fois, où est la main tendue ? Où est la discussion ? Où est l'ouverture ?
GABRIEL ATTAL
D'abord, je ne crois pas avoir montré qu'on était dans une posture de rejet. J'ai dit qu'on était très ouvert mais que simplement, on ne veut pas augmenter les impôts, on ne veut pas alourdir la dette.
LAURENCE FERRARI
Mais il n'y a pas une mesure que vous allez reprendre.
GABRIEL ATTAL
Je pense, si je peux vous donner un exemple mais, encore une fois, on regardera les amendements quand ils seront déposés. Mais des mesures qui permettent de renforcer la rémunération de ceux qui travaillent, moi j'y suis assez ouvert évidemment, puisque c'est cohérent avec ce qu'on fait depuis 5 ans.
LAURENCE FERRARI
Par exemple, par exemple ?
GABRIEL ATTAL
On a vu des propositions qui avaient été émises sur les heures supplémentaires par exemple.
LAURENCE FERRARI
Défiscalisées ?
GABRIEL ATTAL
On a déjà fait des choses, il faut le rappeler, depuis 5 ans. On peut regarder les propositions qui sont faites, on les analysera et, encore une fois, je pense que là-dessus on peut avancer largement.
LAURENCE FERRARI
La Commission des finances, à la présidence de la Commission des finances il y a Eric COQUEREL de la France insoumise. Vous avez été auditionné, je crois, hier soir.
GABRIEL ATTAL
Deux fois hier.
LAURENCE FERRARI
Comment s'est passée cette audition ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, ça s'est passé dans un esprit républicain. J'ai répondu aux questions des parlementaires, du président Eric COQUEREL de la Commission des finances qui avait un certain nombre de questions à poser. J'ai répondu. Ça s'est passé, oui, de manière républicaine. Maintenant on a des désaccords de fond, c'est certain. Vous avez rappelé certaines mesures qui sont proposées par la France insoumise, qui ne sont pas du tout notre ligne et donc on voit les risques pour l'économie française et pour le pouvoir d'achat des Français. Mais enfin on est en démocratie et heureusement qu'on peut débattre avec des lignes différentes.
LAURENCE FERRARI
Eric COQUEREL annonce une mission d'information sur les cabinets de conseil privés, à la suite bien sûr des polémiques sur McKinsey ou CapGemini pour connaître leur rapport qualité-prix, leur nécessité et leur rôle. Vous dites banco ?
GABRIEL ATTAL
Je n'ai pas de commentaires à faire sur les choix souverains du Parlement et de la Commission des finances sur des missions d'information, des commissions d'enquête. Il y a une commission d'enquête du Sénat qui a beaucoup fait parler. Il y a un certain nombre d'engagements qui ont été pris par le gouvernement ensuite, sur la réduction des budgets dédiés aux cabinets de conseil. Sur le fait qu'il y aura désormais dans le cadre du budget qui est présenté tous les ans à l'automne un rapport dédié sur la question des cabinets de conseil. Donc je suis sûr que mon collègue Stanislas GUERINI, qui est en charge de ces questions, aura à coeur d'avancer sur ces sujets.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous pensez qu'il y a quand même un risque de blocage à l'Assemblée ? C'est l'épreuve du feu, vous le disiez, ce projet de loi sur le pouvoir d'achat. Si ça bloque, si ça ne passe pas, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe pour les Français qui attendent les mesures ?
GABRIEL ATTAL
Je ne veux pas y croire. Je ne veux pas croire que les oppositions chercheront à bloquer l'augmentation des pensions de nos retraités. Qu'elles chercheront à bloquer les dispositifs qu'on met en place pour que les salariés gagnent plus, pour que les fonctionnaires gagnent plus. Qu'elles chercheront à bloquer une suppression d'impôt avec la contribution à l'audiovisuel public. Je ne veux pas y croire parce que je les ai toutes entendues pendant la campagne présidentielle et législative dire qu'elles voulaient agir pour le pouvoir d'achat des Français. Elles ne seront probablement pas d'accord sur tout. Certaines diront peut-être qu'il faut faire plus ici ou plus là. Mais je sais ce texte, ce sont des progrès majeurs pour le pouvoir d'achat. C'est ce qui nous permet d'avoir en France une inflation qui est, certes, trop élevée mais qui est une des moins élevées de toute la zone euro. Et donc moi, je pense qu'on doit pouvoir avancer dans le compromis encore une fois pour faire chemin ensemble.
LAURENCE FERRARI
Donc vous leur renvoyez la responsabilité. Si la loi pouvoir d'achat n'est pas votée, ce sera la faute des parlementaires de l'opposition qui devront rendre des comptes à leurs électeurs.
GABRIEL ATTAL
Si elles décident de bloquer le texte, oui, encore une fois, mais je ne veux pas y croire. Je veux croire qu'il y a une majorité de députés qui veulent augmenter la pension de nos retraités, qui veulent augmenter la rémunération de ceux qui travaillent, qui veulent permettre de continuer à baisser les impôts tout en étant responsables avec l'argent des Français.
LAURENCE FERRARI
L'inflation est un vrai sujet de préoccupation. 6 à 7% à la rentrée nous dit Michel-Edouard LECLERC, patron des CENTRES LECLERC. Quelle est votre prévision ?
GABRIEL ATTAL
Bruno LE MAIRE l'a dit hier, nous sommes probablement au pic de cette crise de l'inflation. Et les prévisions aujourd'hui qui sont faites par les prévisionnistes, mais encore une fois il faut tenir compte d'un aléa : la situation en Ukraine, les décisions que pourrait être amenée à prendre la Russie sur l'énergie auront un impact si elles sont prises. Mais aujourd'hui la prévision qu'a rappelée Bruno LE MAIRE hier, c'est que l'inflation diminuerait à partir de 2023 et probablement la mi-2023. Ce qui veut dire qu'il faut que nous continuions à agir pour contraindre cette inflation. L'INSEE a donné…
LAURENCE FERRARI
Comment ? Quelles sont les pistes alors ?
GABRIEL ATTAL
C'est ce que nous faisons avec le bouclier tarifaire énergétique par exemple. Les Français auraient dû voir leur facture d'électricité augmenter de 45 %. Or on a pris une mesure qui est limitée à 4 %. Chez nos voisins, il n'y a pas eu ce type de mesure.
LAURENCE FERRARI
En 2023, ce sera terminé ça. Donc on va avoir un effet rétroactif ?
GABRIEL ATTAL
Ce que je veux dire, c'est que l'INSEE a fait une étude assez intéressante il y a quelques semaines. Ils disent que si le gouvernement n'avait pas pris ces mesures, l'inflation serait 2 points supérieure en France. Ce ne serait pas 5%, ça serait 7% d'ores et déjà il y a plusieurs mois. Donc on va continuer à agir pour limiter au maximum cette inflation. Notre paquet pouvoir d'achat, sa cohérence, sa logique c'est de dire qu'il faut qu'on aide les Français à dépenser moins et à gagner plus. Voilà. Dépenser moins, c'est-à-dire limiter l'inflation au maximum en bloquant les prix de l'électricité, les prix du gaz. C'est ce qu'on fait depuis maintenant près d'un an. C'est ce qu'on continue à faire avec les mesures qui sont proposées. Et gagner plus, c'est la revalorisation des pensions de nos retraités. C'est la revalorisation du travail avec le point d'indice qui augmente et des dispositifs dans l'entreprise. C'est la suppression de certains impôts et notamment la redevance télé.
LAURENCE FERRARI
Merci Gabriel ATTAL d'être venu défendre vos propositions et vos idées dans La Matinale de Cnews.
GABRIEL ATTAL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juillet 2022