Interview de M. Clément Beaune, ministre chargé des transports, à BFM TV le 8 juillet 2022, sur les grèves dans les transports, le transport aérien, les déplacements en avion et en train, le prix des carburants et le pouvoir d'achat.

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Texte intégral


APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Clément BEAUNE.

CLEMENT BEAUNE
Bonjour.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci de répondre à mes questions ce matin d'autant plus que c'est votre première interview en tant que ministre des Transports, vous étiez jusqu'à présent en charge des questions européennes et désormais vous voilà aux manettes sur les transports. Il y a de nombreuses questions à vous poser qui regardent le pouvoir d'achat, qui regardent les routes cet été, qui regardent les grèves qui menacent dans les aéroports ou dans les gares mais je voudrais qu'on commence par les incendies. On l'a vu les Bouches-du-Rhône touchées hier, le Gard encore ce matin avec des feux très importants, est-ce qu'il y a une incidence sur les réseaux, les transports, les routes ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez à ce stade non, il y a effectivement d'importants incendies avec des moyens importants qui sont déployés par la sécurité civile en réponse dans le Gard, dans les Bouches-du-Rhône, une grande vigilance pour les heures qui viennent, à ce stade il n'y a pas de perturbations sur les transports notamment ferroviaires mais nous sommes très vigilants et ce qu'on appelle le plan de transport, c'est-à-dire la circulation des trains est surveillé de très près par la SNCF avec qui j'en parlerai dans quelques minutes pour surveiller tout ça.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc des nouvelles plutôt rassurantes sur ce front. Je le disais il ya des menaces de grève pour cet été, il y a eu des grèves dans les aéroports parisiens notamment le week-end dernier, mais enfin ça semble réglé ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, je suis prudent mais il y a eu un dialogue social très important que l'Etat a encouragé entre l'entreprise, les salariés chez AEROPORT DE PARIS, à la SNCF d'ailleurs aussi dans la semaine. Ce dialogue social a permis un certain nombre de mesures de pouvoir d'achat, c'est un des sujets aussi pour les salariés du secteur des transports comme dans beaucoup de domaines avec des mesures qui ont été prises à la SNCF, qui sont importantes, aujourd'hui chez AEROPORT DE PARIS avec les pompiers des aéroports qui avaient bloqué, on le sait, l'accès la semaine dernière en raison d'un mouvement social et le préavis de grève des pompiers est levé pour ce week-end et nous continuons avec AEROPORT DE PARIS à travailler pour s'assurer que les choses se passent bien ce week-end et que les grands départs puissent se faire.

APOLLINE DE MALHERBE
Clément BEAUNE, est-ce que vous pouvez nous affirmer ce matin qu'il n'y aura pas de grève cet été ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, il faut être toujours prudent, on ne peut pas faire de fausse promesse, parce qu'il y a une situation difficile, il y a un dialogue social qui se poursuit, mais j'ai confiance dans ce dialogue social, il y a des mesures de pouvoir d'achat encore une fois spécifiques à un secteur qui a beaucoup contribué à la réponse à la Covid, je pense au train en particulier et donc il est normal que ce dialogue se poursuive, nous faisons tout, c'est mon premier engagement depuis lundi matin et ma nomination avec les entreprises, avec la SNCF, avec AEROPORT DE PARIS notamment pour éviter des mouvements sociaux. Et ma priorité absolue c'est bien sûr que ce dialogue se poursuive, mais c'est surtout que les vacances des Français et des touristes, on a une saison exceptionnelle qui est en train de se profiler, ne soient pas perturbées. Donc j'y mets tous mes efforts pour que dès ce week-end, les premiers grands départs, ça se passe bien, je suis confiant.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors il y a quand même ce matin un point noir, c'est l'aéroport de Bordeaux Mérignac avec un mouvement de grève et 40 % des vols annulés, est-ce que là aussi vous y mettez tout votre coeur et toute votre énergie et est-ce que vous pensez que cette grève va être levée ?

CLEMENT BEAUNE
Oui alors il y a plusieurs perturbations ponctuelles, je ne vais pas en faire la liste, il y a eu Nice il y a quelques jours, Bordeaux aujourd'hui, là aussi je vais être très clair, ce n'est pas mon boulot parce que ce serait contre-productif vis-à-vis des transports, à faire confiance aux entreprises et aux syndicats et je laisse le dialogue se poursuivre. Donc je suis aussi cela de près.

APOLLINE DE MALHERBE
Avec des conséquences folles 20 000 bagages perdus à Roissy, mais quand c'est possible ? Ils sont où ?

CLEMENT BEAUNE
Alors d'abord ils ne sont pas perdus.

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin on ne sait pas où ils sont.

CLEMENT BEAUNE
Ils ne sont pas livrés. S'ils sont principalement à Roissy, à l'aéroport Charles-de-Gaulle. Il y a eu cette grève le week-end dernier qui a été et j'en suis désolé pour les nombreuses personnes qui l'ont subi, les Français et des touristes étrangers, il y a eu ce problème, aujourd'hui les entreprises concernées AEROPORT DE PARIS, la compagnie AIR FRANCE sont extrêmement mobilisées à travers leurs équipes. J'irai voir sur place d'ailleurs comment ça se passe pour redistribuer les bagages. Nous faisons tout, les entreprises font tout sur place pour que dans les 5 à 7 jours qui viennent on ait résolu ce problème. C'est très long parce qu'il faut les remettre dans des avions dans un moment où il y a déjà beaucoup de départ. Mais premier point, éviter les grèves ce week-end pour que ça ne se reproduise pas, très important, qu'on n'ait pas encore un problème et résoudre le problème qui a été constaté le week-end dernier, il y avait plus de 35 000 bagages au total, on en est à peu près 20 000 aujourd'hui, donc on fait le plus vite possible pour que les…

APOLLINE DE MALHERBE
5 à 7 jours avant que les bagages retrouvent leur propriétaire.

CLEMENT BEAUNE
Pour que le l'essentiel, l'immense majorité des cas, les personnes aient retrouvé leurs bagages, je précise aussi c'est d'ailleurs une règle européenne qu'il y a une indemnisation des passagers auquel chacun a droit, quand il y a un problème de cette nature.

APOLLINE DE MALHERBE
Qui devrait couvrir notamment le nécessaire rachat d'un certain nombre d'affaires.

CLEMENT BEAUNE
Le nécessaire rachat d'un certain nombre de vêtements, de biens d'hygiène, etc, c'est normal.

APOLLINE DE MALHERBE
Clément BEAUNE au-delà de la question des mouvements de grève qui ont entraîné effectivement tous ces dysfonctionnements, il s'installait une forme de lenteur des embarquements avec à la fois un problème de manque de personnel du côté des services publics, c'est-à-dire tout simplement de l'accès aux frontières, mais aussi du côté des compagnies aériennes, c'est en train de devenir un problème européen. Alors là pour le coup vous pouvez remettre votre autre casquette de ministre des Affaires européennes, on le voit notamment à Amsterdam où il y ait des retards, méga retard au départ des avions. Est-ce que vous redoutez là que ce problème persiste pendant l'été, est-ce que vous dites à ceux qui nous écoutent si vous avez un avion à prendre, prévoyez beaucoup plus de temps, est-ce qu'il faut changer ses habitudes ?

CLEMENT BEAUNE
Alors paradoxalement il ne faut pas arriver trop en avance parce que ça peut créer des engorgements supplémentaires.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors c'est quoi trop en avance et c'est quoi trop en retard ?

CLEMENT BEAUNE
Les consignes que donnent notamment les aéroports de Paris et les grands aéroports français c'est d'arriver 2 heures à l'avance pour envol européen ou national et d'arriver 3 heures à l'avance pour un vol long-courrier international.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est beaucoup plus que ça n'était jusqu'à présent.

CLEMENT BEAUNE
C'est plus que d'habitude mais on constate, vous voyez encore hier en discutant avec les équipes de Roissy des arrivées parfois 3, 4 heures avant avec des gens qui se disent plus j'arrive tôt, mieux c'est. Ce n'est pas le cas donc maximum 3 heures avant pour les grands vols internationaux, maximum 2 heures avant pour les vols européens ou nationaux.

APOLLINE DE MALHERBE
Et quel est le minima, pardon mais c'est aussi ça qui est important, en fait il faut arriver deux heures avant.

CLEMENT BEAUNE
C'est ça qu'il faut viser. Exactement ce n'est pas une tranche que je vous donne mais il ne faut pas, il faut respecter cette indication, 2 heures, 3 heures, mais ça ne sert à rien d'essayer de faire, si je puis dire, le super bon passager et d'arriver encore plus tôt.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire on ne peut plus aujourd'hui au moment où on se parle l'habitude était pour les vols nationaux ou européens d'arriver une heure avant ? Ça c'est fini.

CLEMENT BEAUNE
Pour cet été je recommande de prendre plus de marge en effet. je vais est très clair, il y a une saison, tant mieux où le voyage reprend beaucoup, parce que le Covid nous a beaucoup contraint, parce que tout le monde a besoin, malheureusement un certain nombre de personnes n'ont pas les moyens de le faire, mais beaucoup de Français veulent partir en vacances, retrouver leurs familles, prendre le train, prendre l'avion, il y a des difficultés de prix, difficultés d'accès au billet, on pourra y revenir mais il y a globalement une bonne saison touristique et de voyages avec beaucoup plus de billets qui sont réservés encore qu'en 2019, c'est-à-dire avant le Covid. Et la France va accueillir sans doute un nombre record de touristes. Tout ça est positif. ça recrée aussi un certain nombre d'engorgement parce que c'était un secteur où il y a eu des pénuries de recrutements, des difficultés à recruter notamment pendant le Covid, parfois des plans sociaux, etc. donc il y a une sorte de remontée en puissance qui est compliquée, vous avez raison de le souligner pour consoler ceux qui vivent des galères et on fait tout pour les éviter mais partout en Europe c'est comme ça et c'est même beaucoup plus difficile encore que dans nos aéroports ou dans nos gares. Et donc on va tout faire pour que ça soit fluide, il y a plusieurs sujets. Il y a le sujet d'éviter les grèves, on l'évoquait, il y a le sujet des contrôles notamment par la police aux frontières, on essaye d'armer mieux les effectifs dans les semaines qui viennent pour l'été, voilà. Maintenant qu'il y a aussi un effet qu'on connaît tous, c'est le grand départ ce week-end, le pont du 14 juillet, le chassé-croisé sur nos routes, dans les gares, dans les aéroports de la fin du mois de juillet, début du mois d'août, ce sont les moments où c'est le plus dur. Donc on fait tout pour que ces moments soient les plus fluides possibles.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez parlé effectivement de la question aussi des billets et désengorgement, c'est le cas aussi pour le train. Il y a cette situation folle où aujourd'hui pratiquement plus personne ne peut acheter de billet pour cet été, tous les trains sont complets, les prix ont flambé. Est-ce qu'il n'est pas encore possible de rajouter des wagons comme ça a été longtemps le cas ? C'est-à-dire qu'on a l'impression que cette année tous les trains sont figés des mois à l'avance. Vous ne vous adaptez pas un tout petit peu plus quand même à la demande ?

CLEMENT BEAUNE
SI bien sûr et je demande à la SNCF de faire au maximum ; il y a aujourd'hui quasiment tout le parc de trains qui est mobilisé, 400 TGV, 400 trains Intercités, donc tout le parc est déployé, il y a pas de réserve si je peux dire qui seraient cachées ou qui ne serait pas mobilisée, la SNCF le fait notamment dans le train. Il y a effectivement des difficultés d'accès au billet, c'est clair, pour les raisons que vous indiquez. D'abord parce qu'au moment où l'activité était beaucoup plus basse dans le secteur des transports, il y a eu de la maintenance, il y a eu des ralentissements les achats de matériel, donc ça, ça va pas se résoudre en 3 jours, mais on essaie de l'accélérer. Il y a eu aussi parfois des problèmes personnels, c'est vrai aussi et puis il y a beaucoup plus de billets réservés que ces deux dernières années, c'est clair, donc ça a été anticipé, ils ont été mis en vente, il y a plus de billets qu'ont été mis en vente pour le mois de juillet cette année qu'avant la Covid, donc il y a un effort qui a été fait très important par la SNCF. Et je le dis aussi on va remettre en vente des billets, on va remettre en vente des billets le plus possible avec, je sais que ce n'est pas facile pour tout le monde notamment pour les familles, toutes celles et tous ceux qui ont la flexibilité, qui peuvent partir au lieu de partir le samedi matin en train ou vendredi soir, qui peuvent partir à un moment où il y a moins de monde. Il y a encore beaucoup de billets sur des plages horaires moins fréquentées, donc tous ceux qui ont un peu de flexibilité je les invite à regarder ces horaires décalés.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous encouragez ceux qui le peuvent à décaler effectivement leur départ, mais je voudrais quand même vous reposer la question, les jours en effet de forts déplacements, de forts départs, est-ce que vous allez rajouter des billets ? Est-ce que vous nous dites ce matin, oui on en a encore un peu sous le pied, on va pouvoir se rajouter un ou deux wagons par train et il y aura, je ne sais pas, 100, 50 billets qui vont être vendus par train.

CLEMENT BEAUNE
Je vais être très honnête, on fait le maximum dans les trains, on ne peut pas rajouter des wagons, on ne peut pas rajouter des trains, le maximum aujourd'hui…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes déjà à flux tendus.

CLEMENT BEAUNE
La SNCF a déployé tout son parc, tout son parc de train et encore une fois il y a plus de billets qui ont été vendus que jamais.

APOLLINE DE MALHERBE
Parce qu'on encourage, on encourage à lâcher la voiture, on encourage à prendre le train mais les prix en effet on le disait sont très élevés et surtout on manque de place.

CLEMENT BEAUNE
Alors deux choses, d'abord on fait tout pour que cet été ça se passe le mieux possible, ça veut pas dire qu'on peut construire un train en une semaine évidemment, mais il y a encore des billets qui seront mis en vente, il y a les plages décalées qui sont plus faciles, il y a des réductions qui sont très importantes. Pour être très concret certains l'ont déjà puisqu'il y a presque 4 millions de personnes en France qui en sont dotées. Il y a une carte Avantage SNCF qui permet des réductions très importantes.

APOLLINE DE MALHERBE
On ne va pas développer là mais c'est parfois, ça marche sur certains trains, pas sur d'autres et pas à la dernière minute, honnêtement c'est beaucoup moins simple que ça ne l'a été par le passé.

CLEMENT BEAUNE
Ça c'est mon engagement de ministre des Transports.

APOLLINE DE MALHERBE
Si vous pouviez simplifier les cartes honnêtement je pense que tous les Français seraient très heureux.

CLEMENT BEAUNE
Je sais, on va regarder ça encore avec la SNCF mais je veux dire aussi parce que ça c'est plus important il faut regarder l'urgence, il faut regarder le long terme, le ferroviaire ce sera central dans la transition écologique, dans les transports de demain, on réinvestit beaucoup sur des petites lignes en particulier, il faudra le faire dans les matériels, ça c'est ce que je regarde aujourd'hui comme ministre des Transport. La Première ministre j'en suis très content a dit dans son discours de politique générale devant tous les Français, devant les parlementaires que le ferroviaire serait la colonne vertébrale de cette mobilité verte.

APOLLINE DE MALHERBE
On a parlé des avions, on a parlé des trains, je voulais qu'on parle des voitures, notamment dans le paquet pouvoir d'achat qui a été présenté hier, il y a un volet énergie essence, l'indemnité carburant travailleurs va être mis en place à compter du 1er octobre 2022 pour remplacer et prendre la place de cette remise de 18 centimes par litre, ça s'adressera à qui et selon quels critères ?

CLEMENT BEAUNE
Alors on avait un dispositif général qui était une ristourne de 18 centimes parce qu'il y avait un problème urgent, massif, ça a permis de baisser le prix du carburant, ça continue cet été, c'est important et jusqu'au début du mois d'octobre. D'ailleurs un certain nombre d'entreprises TotalEnergies par exemple rajoute une ristourne sur leur propre prix à la pompe, c'est important et a annoncé qu'elle continuerait pendant l'été. Ensuite le 1er octobre parce qu'il faut trouver l'équilibre entre aider le pouvoir d'achat et ne pas taper trop sur le contribuable, tout ça est payé par le contribuable, c'est d'avoir un dispositif plus ciblé. Là il y a des gens qui sans doute ont moins de problèmes de pouvoir d‘achat que d'autres, les personnes qui roulent beaucoup, qui gagnent mal leur vie, il faut les aider c'est normal en priorité. et donc il y aura un dispositif ciblé sur les personnes qui ont les revenus les plus bas, ça pourrait être 200 euros d'aides qui sera donnés en fin d'année, pour les personnes qui ont les revenus un peu plus élevés 100 euros, c'est par déciles d'impôt, je ne rentre pas dans le détail, et pour les personnes…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est quoi comme revenu, quand vous dites, est-ce que vous avez une fourchette, est-ce que vous avez un maximum, un plafond ?

CLEMENT BEAUNE
Les trois premiers déciles d'impôt, donc chacun le voit sur sa feuille d'impôt, donc en gros c'est les personnes qui vont gagner jusqu'à 2 à 3000 euros par mois, qui vont bénéficier principalement de …

APOLLINE DE MALHERBE
Jusqu'à 2 à 3000 euros par mois.

CLEMENT BEAUNE
Les foyers.

APOLLINE DE MALHERBE
Foyers d'accord donc ce n'est pas par personne.

CLEMENT BEAUNE
Les foyers exactement, chacun, il faut regarder les…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais une personne seule qui constitue à elle seule un foyer et qui gagnerait entre 2 et 3000 euros, ça marche ?

CLEMENT BEAUNE
Ça ne sera pas le maximum de la ristourne, ce ne sera pas le maximum les 200 euros, il y a un critère qui est important qui n'est pas seulement sur le revenu, c'est combien vous roulez ? Les gros rouleurs, c'est plus 12 000 kilomètres par an auront 100 euros supplémentaires. Donc c'est entre 100 et 300 euros d'aides qui seront consacrées aux personnes qui ont des revenus faibles ou qui roulent beaucoup.

APOLLINE DE MALHERBE
Comment on fait, c'est-à-dire que concrètement vous allez demander aux Français qui voudraient pouvoir toucher cette aide de vous faire la démonstration de prendre le nombre de kilomètres par an, comment vous allez juger ?

CLEMENT BEAUNE
Ça va être le plus simple possible.

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais ce n'est pas facile. C'est quoi, c'est déclaratif ?

CLEMENT BEAUNE
J'insiste quand même on parle et c'est normal d'argent public, d'argent du contribuable que les Français payent aussi y compris les classes moyennes qui paient les impôts, donc on doit être responsable. Il faut un système qui soit simple, c'est-à-dire ça sera une déclaration en ligne.

APOLLINE DE MALHERBE
D'accord.

CLEMENT BEAUNE
Sur l'honneur et vous indiquerez exactement vos revenus fiscaux, chacun le sait sur sa feuille d'impôt et les kilomètres par an. Ce sera en confiance.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est les quelques kilomètres par an, ce n'est pas les kilomètres par exemple vous ne devrez pas justifier de la distance entre votre habitation et votre travail par exemple.

CLEMENT BEAUNE
Il y aura un site internet qui va être ouvert bientôt, il y aura quelques indications empires, ce sera aussi simple que possible, c'est ce sur quoi travaille aujourd'hui le ministère des Finances. Mais c'est important parce que ça sera…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ceux qui ont par exemple l'option, qui aurait la possibilité de prendre des transports publics mais qui choisissent de prendre la voiture vous n'allez pas regarder s'ils auraient pu faire autrement ?

CLEMENT BEAUNE
On va faire le plus simple possible et ne pas rentrer dans l'usine à gaz. Il y aura des contrôles fiscaux a posteriori pour vérifier que les éléments qui ont été déclarés de bonne foi sont vrais, c'est-à-dire les revenus à l'évidence, ça, ça se vérifie facilement et puis le nombre de kilomètres par an par les entreprises d'assurances en particulier, on a les moyens de savoir. On ne va pas vérifier au cas par cas s'il y avait une alternative juste à côté ou pas, l'idée c'est un dispositif, on espère temporaire, mais qui va au moins courir dans les prochains mois, à partir du 1er octobre, je le dis parce que c'est très important, c'est pas de la paperasse éternelle, c'est en ligne, simple et sur l'honneur. Et ensuite il y aura des vérifications qui seront faites pour ne pas qu'il y ait de fraude bien sûr.

APOLLINE DE MALHERBE
La voiture électrique à 100 euros, 100 euros par mois, c'était une des promesses d'Emmanuel MACRON, quand est-ce que les Français qui nous écoutent et qui souhaiteraient le faire pourront le faire ?

CLEMENT BEAUNE
C'est une promesse d'Emmanuel MACRON et ça a été rappelé par la Première ministre dans sa déclaration de politique générale. On fait en sorte que le dispositif puisse être mis en place…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais c'est une promesse pour la fin du quinquennat, il va falloir attendre 5 ans ou ça peut se faire vite ?

CLEMENT BEAUNE
On est en train de le regarder parce qu'il y a deux exigences. On veut que ce soit une production industrielle en France de voitures électriques et c'est très important parce que beaucoup de gens n'ont pas d'alternative à la voiture et à l'essence ou au diesel et aujourd'hui on fait simple mais la voiture électrique c'est vu comme quelque chose plutôt pour les bobos urbains. Quand on roule comme ma propre famille dans les Bouches-du-Rhône, qu'on fait des kilomètres par jour pour aller travailler ou faire ses courses, aujourd'hui on n'a pas de véhicules électriques pas chers. Et donc ça va être construit d'ici la fin de l'année, j'espère qu'on pourra commencer ce dispositif en cours de l'année prochaine, c'est le but en tout cas.

APOLLINE DE MALHERBE
En cours de l'année prochaine, on peut, on peut imaginer que ceux qui en feront la demande puissent obtenir…

CLEMENT BEAUNE
Pour être clair, ça montera sans doute en puissance progressivement, il faudra peut-être des expérimentations locales, mais en tout cas il faut qu'on développe une filière industrielle et il faut qu'on mette en place ce mécanisme de leasing, donc ça ne se fait pas en 2 mois, il faut être très honnête mais j'espère que dans les…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais en même temps il y a urgence quand même quand on écoute la situation et quand on regarde le prix à la pompe, on se dit que ça serait une des solutions.

CLEMENT BEAUNE
J'insiste Apolline, mais c'est pour ça qu'on prend des mesures d'urgence sur le carburant parce que quand il n'y a pas d'alternative, il ne faut pas pénaliser les gens qui veulent aller bosser, on fait cette ristourne carburant, c'est pour ça qu'il y a déjà les choses, des bonus d'achat, des bonus à la conversion, les véhicules électriques, le rachat est aidé par l'Etat et parfois par les régions. Et puis nous rajoutons ce dispositif, j'espère en cours de l'année prochaine parce qu'il sera lui pérenne et très important pour transformer les usages de la voiture.

APOLLINE DE MALHERBE
Le masque ? Le masque dans les transports, encouragé, est-ce qu'il pourrait devenir obligatoire ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez à ce stade ça n'est pas ce que nous souhaitons et nous sommes tous à la fois plus habitués et un peu fatigués par cette épidémie et ces vagues successives, on n'est pas du tout dans la situation, d'où d'ailleurs la reprise des voyages qu'on a connu les étés précédents. Donc appel très clair à la responsabilité, je le dis comme ministre des Transports, ce week-end des grands départs en vacances tout particulièrement, dans les gares, dans les aéroports, évidemment dans les trains et dans les avions eux-mêmes on porte le masque. D'ailleurs ça se fait de plus en plus, j'irai le constater dans quelques minutes à la gare de Lyon où il y aura des milliers de départs en vacances. Donc j'invite chacun à le faire, je pense qu'on n'a pas besoin de mettre une obligation nationale, on a besoin simplement d'encourager avec le ministre de la Santé à porter le masque et j'ai demandé aux grandes entreprises SNCF, AEROPORT DE PARIS en particulier de renforcer les messages d'information dans les gares et les aéroports.

APOLLINE DE MALHERBE
Pour encourager donc mais ne pas obliger à ce port du masque.

CLEMENT BEAUNE
Encourager, pas obliger mais je le dis, portez le masque parce que c'est très important dans les gares, les aéroports et les trains, les avions.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous connaissez l'AFIT ?

CLEMENT BEAUNE
Oui c'est l'Agence de Financement des Infrastructures.

APOLLINE DE MALHERBE
Voilà l'Agence de Financement des Infrastructures des Transports en France et Jean CASTEX pourrait en prendre la tête, pourquoi ?

CLEMENT BEAUNE
Traditionnellement c'est un élu 0 souvent hautes responsabilités ? Il se trouve que jusqu'à présent de Christophe BECHU qui est aujourd'hui le ministre de l'Ecologie, mon ministre de tutelle, vous voyez ce sont des grands élus qui connaissent bien les transports. Jean CASTEX est énormément investi notamment dans le ferroviaire pour qu'on développe des petites lignes.

APOLLINE DE MALHERBE
On se souvient de lui dans le train de nuit partant vers Lourdes.

CLEMENT BEAUNE
Et je crois que… voilà, il y a des défis majeurs de financement de nos infrastructures, de nos routes et de nos voies ferrées en particulier, Jean CASTEX connaît ça très bien, il s'est beaucoup engagé, c'est le Parlement qui validera la nomination, donc ça se fera de manière transparente…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais il pourrait être votre partenaire donc sur toutes ces questions-là à la tête de l'AFIT.

CLEMENT BEAUNE
Bien sûr et je le souhaite vivement parce que je crois qu'il connaît très bien, qu'il s'est engagé et chacun peut mesurer son engagement notamment dans les territoires qui sont aujourd'hui les plus enclavés pour qu'on développe les accès par les transports.

APOLLINE DE MALHERBE
Le Nouveau parti présidentiel devrait s'appeler Renaissance, est-ce que vous pourriez briguer la présidence de ce parti, Clément BEAUNE ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, ce n'est pas ce que j'envisage, moi je veux m'inscrire dans un collectif, je veux en tout cas m'impliquer dans ce parti comme je l'ai fait depuis la fondation de ce qui s'appelle aujourd'hui En Marche. Stéphane SEJOURNE que je connais bien, qui est député européen s'engage. Moi je veux m'engager dans un collectif et puis exprimer une sensibilité qui est la mienne qu'on connaît, qui est très européenne, qui est plutôt de centre gauche et qui vivra dans ce parti, dans cette famille.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous ne briguerez pas la présidence, au moins les choses sont…

CLEMENT BEAUNE
Ce n'est pas mon intention.

APOLLINE DE MALHERBE
Ah au moment où on se parle ça n'est pas votre souhait. Tout ce dont on vient de parler là, en fait il y a quand même un tout petit bémol c'est qu'il faut que ça passe à l'Assemblée.

CLEMENT BEAUNE
Alors les mesures sur le pouvoir d'achat oui, mais c'est pour ça que nous devons aller vite et qu'on fasse des compromis et que chacun doit prendre ses responsabilités. On met beaucoup de moyens mais c'est nécessaire pour aider les Français. On nous dit parfois ce n'est pas assez mais il faut aussi qu'on tienne les impôts des Français, qu'on ne les augmente pas et même qu'on arrive sur le quinquennat encore à les baisser.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous ne redoutez pas qu'on va se retrouve dans un quinquennat où en fait il y a un décalage entre ce que vous nous dites, ce que vous dites publiquement, ce que vous déclarez, ce que vous dites en Conseil des ministres et puis la réalité parce qu'entre-temps ça ne sera jamais appliqué, ça ne sera jamais voté ?

CLEMENT BEAUNE
Ça s'appelle la démocratie, quand on présente un projet de loi, oui c'est la présentation par le gouvernement d'un projet de loi, c'est ce qui s'est fait hier sur le pouvoir d'achat et il y aura le débat au Parlement. C'est ce que nous souhaitons, c'est ce que nous proposons, c'est notre boulot de le dire aux Français, maintenant il faut que ça soit voté, vous avez raison et j'espère que ce soit voté vite. Ça dit quand même un certain nombre de choses, les mesures bouclier tarifaire sur le gaz, l'électricité par exemple, ça, ça a déjà été prolongée par des décrets. Le point fonction publique, c'est mis en vigueur par le ministre et par le gouvernement cette semaine par décret, donc on avance aussi.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci Clément BEAUNE d'être venu répondre à mes questions ce matin.

CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.

APOLLINE DE MALHERBE
Première interview en tant que ministre en charge des Transports, il y a du boulot, on le voit.

CLEMENT BEAUNE
Absolument et je suis très engagé pour que l'été ne soit pas un été de galère mais de vacances heureuses.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juillet 2022