Interview de M. Clément Beaune, ministre chargé des transports, à France Info le 15 juillet 2022, sur les relations entre le gouvernement et l'opposition, la sobriété énergétique, la SNCF, les péages d'autoroutes et les conflits sociaux dans le secteur du transport aérien.

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Texte intégral

LORRAIN SENECHAL
Bonjour Clément BEAUNE.

CLEMENT BEAUNE
Bonjour.

LORRAIN SENECHAL
Avant de revenir avec vous sur les annonces du Président hier, sur la situation également dans les gares et les aéroports, vous avez lu, comme nous j'imagine, les excuses de Caroline CAYEUX ce matin dans  Le Parisien- Aujourd'hui en France ", votre collègue du Gouvernement. Je rappelle pour les auditeurs, elle était, il y a près de 10 ans, contre le mariage gay parce que c'était contre nature disait-elle, et ces derniers jours, pour se défendre, elle a utilisé l'expression " ces gens-là " pour parler des personnes homosexuelles, expression qui vous a personnellement blessé, vous l'avez dit avant-hier, vous pouvez encore travailler sereinement au sein du même Gouvernement que Caroline CAYEUX ?

CLEMENT BEAUNE
Je me suis exprimé très clairement sur le fond, ce n'est pas une question, vous avez dit de réaction personnelle, de confort de travail ou de querelles entre tel ou tel, ce n'est ça le sujet, c'est une question de valeurs, de principes, de ligne politique, elle a été rappelée très clairement par le Gouvernement, je l'ai défendue très clairement, je les défendrai toujours ces convictions-là et ces principes-là, c'est ça qui m'importe, et j'ai lu ce matin, en effet, l'entretien dans la presse de Caroline CAYEUX qui va beaucoup plus loin, avec des excuses, des propos qu'elle a dit, je crois, blessants, erronés ou stupides, mais ce n'est pas une question, encore une fois, de personne, ce n'est pas moi qui suis blessé, ce sont des propos de fond, et donc j'ai pensé très important de ne pas le cacher, de le dire, en privé comme en public, parce qu'on parle de sujets fondamentaux.

LORRAIN SENECHAL
Vous acceptez ses excuses ?

CLEMENT BEAUNE
Mais ce n'est pas des excuses qui me sont adressées à moi, encore une fois, sinon ça nous regarderait, c'est un point de principes et de valeurs, j'ai noté que ces principes et ces valeurs avaient été rappelés, par moi, par le Gouvernement, et maintenant par Caroline CAYEUX elle-même.

LORRAIN SENECHAL
Manifestement pas encore assez de la part du Gouvernement puisque selon les informations de France Info une dizaine de parlementaires et des anciens ministres ont signé une tribune, elle est écrite, elle doit être publiée dans les prochains jours, ce week-end, dans cette tribune ils demandent au Gouvernement justement de clarifier encore, d'être précis, et même de se poser la question du maintien ou non de Caroline CAYEUX au sein du Gouvernement.

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, sur cette dernière question, ce n'est pas le sujet de fond encore une fois, j'entends parler de cette tribune chez plusieurs de vos collègues, je ne sais pas, mais si c'est pour rappeler les principes et dire qu'elle est la ligne politique, la mienne, et mon combat politique il est clair, c'est celui de l'égalité, celui des droits, celui des avancées qu'on a conquises, collectivement, dans la majorité…

LORRAIN SENECHAL
C'est la ligne du Gouvernement aussi…

CLEMENT BEAUNE
C'est la ligne du Gouvernement, de la majorité, je crois sans aucune ambigüité, s'il faut le dire, le redire, le reclarifier, je le fais aujourd'hui, et je crois que c'est la ligne de la Première ministre, du président de la République, j'en ai même la certitude, sans aucune hésitation.

LORRAIN SENECHAL
Et c'est la ligne aujourd'hui de Caroline CAYEUX, vous lui en avez parlé ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, je n'en n'ai pas reparlé, j'ai dit, parce que je n'aime pas dire les choses de manière cachée, que j'avais des discussions avec Caroline CAYEUX, je ne vais pas en faire état, j'ai dit clairement, dès mercredi, ce que j'en pensais sur le fond, et la ligne politique, je le redis, j'en ai la réassurance complète, de la Première ministre, du président de la République, c'est celle de l'égalité, c'est celle évidemment du mariage pour tous qui est un droit qu'on doit défendre absolument, on voit que des reculs sont toujours possibles dans des pays, des grandes démocraties comme aux Etats-Unis, sur les droits des femmes, c'est la PMA pour toutes, que nous avons fait voter, que notre majorité, nos députés, j'en suis fier, ont portée, c'est l'interdiction des thérapies de conversion, c'est d'autres droits à conquérir et à garantir, je l'ai toujours défendu sans aucune ambiguïté, je crois avec un certain courage, en Europe quand j'étais en charge des affaires européennes encore ces dernières années.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Hier, lors de l'interview présidentielle le chef de l'Etat, Emmanuel MACRON, a appelé plusieurs fois aux compromis, et pourtant il a semblé dérouler son programme comme si de rien n'était, avec notamment le lancement de la réforme de l'assurance chômage dès cet été, avec le lancement de la réforme des retraites dès l'automne, alors finalement, Clément BEAUNE, le mot d'ordre c'est, on avance, on ne change rien ?

CLEMENT BEAUNE
Ah non, d'abord parce que, et ça c'est un fait, au Parlement nous sommes la première force politique, mais nous n'avons pas une majorité absolue, donc…

JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous avez été mis en minorité dès cette semaine.

CLEMENT BEAUNE
Je vais y revenir, oui, sur un sujet où, je pense, qu'il y avait une alliance extrêmement cynique et irresponsable, d'ailleurs d'extrême gauche et d'extrême droite, mais, de manière plus générale, bien sûr il faudra trouver, c'est notre volonté, mais c'est surtout une réalité politique, donc elle est incontestable, des compromis, des accords, des alliances, je parlais de mon engagement européen, j'ai vu des démocraties fonctionner ailleurs en Europe qui ont ces habitudes, ce n'est pas notre culture politique, d'aucun d'entre nous, soyons honnêtes. On a parfois cette idée, en France, qu'on décide tout seul, qu'il y a un groupe exclusif au Parlement, ce n'est pas le cas dans cette assemblée, donc évidemment…

LORRAIN SENECHAL
Mais dans les autres, pardon Clément BEAUNE, on se met d'accord avant sur un programme de gouvernement.

CLEMENT BEAUNE
Oui, alors ce ne sont pas nos institutions, ce n'est pas notre culture politique. Ce qu'a dit le président, pour revenir au fond, il faut quand même rappeler un certain nombre de faits, c'est qu'il a été élu, il a été premier au premier tour de l'élection présidentielle, nettement, il a été élu, ça ne veut pas dire que tout le monde adhère à 100% à son programme, mais il a été élu, c'est la démocratie, clairement le 24 avril, et il y a eu des élections législatives qui n'ont pas permis une majorité absolue, il faut l'entendre, le comprendre, en tirer les leçons, mais qui nous mettent en situation de force centrale et première force politique dans cette assemblée. Donc, le socle d'avancées, de réformes, parce que le message ce n'est certainement pas l'immobilisme, c'est un certain nombre d'axes, qu'a rappelé le président, sur le travail pour financer nos retraites et nos grands services publics, mais j'insiste, hier moi j'ai entendu beaucoup, peut-être j'ai prêté l'oreille un peu plus encore, mais d'ouverture et de paramètres qui peuvent être discutés. Je prends la réforme des retraites, le président n'a pas dit « circulez, il n'y a rien à voir », il a dit il faut engager une concertation…

LORRAIN SENECHAL
Il a quand même dit 65 ans à terme.

CLEMENT BEAUNE
Il a dit il faudra travailler davantage un peu plus longtemps, il a rappelé qu'on pouvait discuter de l'étalement, qu'on pouvait discuter de l'âge, qu'on pouvait avoir des équilibres, sans être trop technique, entre l'âge légal lui-même, donc les 64 ou 65 ans, et la durée de cotisation, ce qui est une demande de plusieurs partis politiques, et il a dit aussi, il l'avait déjà dit d'ailleurs, qu'on peut avoir, qu'on doit avoir, un délai, ce n'est pas brutal et vertical, un délai…

JEAN-JEROME BERTOLUS
Un compromis possible.

CLEMENT BEAUNE
De concertations, de discussions, parce que cette réforme il faut qu'elle soit prête pour l'été 2023, ça nous laisse quand même un certain temps de discussions, de concertations, et de compromis.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Dans cette interview, ce qu'on en a entendu aussi, c'est Emmanuel MACRON qui a mis en avant la possibilité de référendums, qui a mis en avant ce Conseil national de la refondation, qui a mis en avant d'éventuelles conventions citoyennes, est-ce que finalement le président de la République pourrait s'appuyer sur d'autres moteurs, d'autres forces, que celle de l'Assemblée ?

CLEMENT BEAUNE
Oui, mais ce n'est pas une remise en cause de notre fonctionnement parlementaire, parce qu'on a entendu beaucoup de fantasmes, y compris sur ce Conseil national de la refondation, j'ai même entendu, parfois dans ma campagne législative, des gens qui disaient « en fait vous voulez supprimer le Parlement, le contourner », pas du tout.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Ce n'est pas le sens de ma question, c'est un petit peu, voilà, faire vivre cette démocratie…

CLEMENT BEAUNE
Le président de la République a dit deux choses. Il s'était engagé, ce n'est pas nouveau, bien avant ces dernières élections législatives, c'est-à-dire qu'on doit régénérer, ouvrir, faire respirer notre démocratie, avec des choses que beaucoup de pays européens de grandes démocraties font, des conventions citoyennes, on en a fait une sur l'Europe, on a fait une sur le climat, avec des débats plus ouverts, il l'a fait lui-même, il a pris des risques, il y a déjà plusieurs années, ça ne date pas des élections législatives, le grand débat…

LORRAIN SENECHAL
Mais elles ont causé beaucoup de frustration aussi.

CLEMENT BEAUNE
Et donc il faut cela aussi. Et puis le référendum, ça avait d'ailleurs été évoqué, ça fait partie de notre Constitution, ça peut être un outil de régénération démocratique, de respiration démocratique, ça peut aussi permettre de lever un certain nombre de blocages, mais je le dis, ce que j'ai entendu hier, et je crois ce qui est très clairement le message du Président, de la Première ministre, ce n'est pas on ne veut pas travailler que le Parlement, au contraire, on ne va jamais autant travailler avec le Parlement. Et il y a des choses qui s'ajoutent, je finis juste là-dessus parce que je voudrais tordre le cou à un certain nombre de fausses idées, le Conseil national de la refondation c'est un lieu où les syndicats, les organisations patronales, des collectivités locales, il n'y en a pas aujourd'hui, peuvent dire au Gouvernement, au président de la République, en concertation supplémentaire, « voilà ce que nous pensons d'une grande réforme sur le climat, sur les retraites », mais le débat, le vote, il se fera au Parlement, il y a un Conseil Economique Social et Environnemental qui rendra des avis, tout ça c'est prévu par notre Constitution, ça ajoute de l'ouverture et de la concertation, je pense que c'est nécessaire.

LORRAIN SENECHAL
Clément BEAUNE, ministre délégué aux Transports, invité de France Info.

Le fil info

JEAN-JEROME BERTOLUS
Clément BEAUNE, ministre des Transports, est avec nous ce matin. Encore une question sur cette interview, vous êtes optimiste, vous pensez que vous allez réussir effectivement à appliquer, à mettre en oeuvre ces réformes ou vous jugez qu'il y a eh bien une possibilité finalement que le président de la République dissolve l'Assemblée, qu'on ne passe par une dissolution pour résoudre les blocages dans les prochains mois.

CLEMENT BEAUNE
Moi oui, je suis optimiste et confiant parce que le message d'une élection législative, c'est qu'on se déplace pour aller voter, malheureusement pas en assez grand nombre, il y a beaucoup d'abstentions, c'est faites quelque chose, avancez, votez des lois. C'est pour ça que les Français vont voter aux élections législatives. Donc l'idée, on parlait de culture politique que quand ce n'est pas comme on veut, quand ce n'est pas confortable, quand c'est plus difficile de trouver en effet des compromis, des accords, des alliances, il faut brandir le spectre d'une dissolution, d'une menace en quelque sorte, moi, je ne pense pas que ce soit une bonne façon de faire. Donc il ne faut pas agiter des perspectives qui à mon sens n'ont pas lieu d'être qui d'ailleurs reposent uniquement entre les mains sur notre Constitution du président de la République mais aujourd'hui le but, c'est pas de dire on est bloqué et donc on cherche les moyens de débloquer, c'est-à-dire ne soyons pas bloqués et donc il y a un socle encore une fois qui est notre programme politique sur ces grands axes, notamment le travail, la réforme des grands services publics mais évidemment ce sera concerté, négocié, discuté et voté. Moi, je suis assez confiant parce que ceux qui prendront la responsabilité, qui prendraient la responsabilité d'un blocage de notre Parlement, quelques mois après des élections, quelques semaines après les élections, je pense, prendraient une lourde responsabilité auprès des Français qui ont voté suivi une campagne présidentielle puis une campagne législative. Maintenant ils nous disent : bossez tous. Donc bossons ensemble.

LORRAIN SENECHAL
Clément BEAUNE, Vladimir POUTINE qui coupe le gaz, scénario brutal, plausible à entendre le président Emmanuel MACRON lui-même, il prépare donc un plan de sobriété. Ça peut ressembler à quoi pour les Français ? Il a évoqué simplement éteindre la lumière le soir ; pour l'instant, ça peut paraître anecdotique. Est-ce que c'est ce genre d'initiative que le chef de l'Etat attend de nous ?

CLEMENT BEAUNE
D'abord, ça fait plusieurs mois que l'on parle de sobriété énergétique ; quand le président de la République avait fait dès le mois de février, avant même le début de la guerre, un grand discours à Belfort sur l'énergie, il avait évoqué le nucléaire, il avait évoqué le renouvelable, il avait évoqué aussi l'idée de consommer moins collectivement.

LORRAIN SENECHAL
Avec un objectif, moins 10% en deux ans.

CLEMENT BEAUNE
Et ça s'accélère, dès le mois de juin, la Première ministre avait dit en effet moins 10% sur 2 ans de consommation énergétique ; c'est ce que j'ai retenu de l'intervention du président sur ce sujet, la mobilisation générale. Ça renvoie à des périodes malheureusement, en effet, à nous… mais la guerre est à nos portes et elle a des conséquences très concrètes sur la vie quotidienne (prix de l'énergie, prix alimentaires) et ça veut dire oui qu'il faut tous faire des efforts. Ça veut dire aussi, le président de la République l'a dit très clairement, que c'est les gros avant les petits. Ça veut dire que les administrations publiques, l'Etat, les grandes entreprises, les secteurs économiques les plus consommateurs, je suis en charge d'un secteur comme les transports, c'est 30% des émissions de gaz à effet.

LORRAIN SENECHAL
C'est la SNCF le plus gros consommateur !

CLEMENT BEAUNE
Oui je vais y venir tout de suite et ça veut dire qu'on doit tous faire un effort dans nos vies quotidiennes, ce n'est pas une forme d'austérité énergétique, ce n'est pas une forme de punition, c'est reconnaître la vérité du contexte qui est difficile. Oui il y a un risque de coupure de gaz ; oui, il faudra encore plus vite consommer moins d'énergie, notamment moins d'énergie fossile ; oui il faudra aussi aider ceux qui n'ont pas le choix et qui ont besoin de remplir leur voiture de carburant et on aide aujourd'hui ceux qui ont le plus besoin avec des ristournes néanmoins mais il faudra, à l'automne, avoir pour l'hiver en particulier un plan d'économies qui implique tout le monde mais ça commence par donner l'exemple dans nos grands secteurs, dans nos grandes administrations et je le dis très clairement, par exemple, pour le secteur des transports. Moi, je vais demander dans les toutes prochaines heures aux grands opérateurs - je pense à la SNCF, je pense au secteur aérien - de dire dès la fin de l'été quelles sont les mesures supplémentaires qu'on peut prendre pour accélérer en termes effectivement d'éclairage, en termes de consommation du quotidien ...

JEAN-JEROME BERTOLUS
Dans les gares, dans les aéroports …

CLEMENT BEAUNE
Dans les gares, dans les bureaux …

LORRAIN SENECHAL
Les écrans de publicité par exemple, les éteindre la nuit …

CLEMENT BEAUNE
Oui ça fait partie des mesures qu'on avait d'ailleurs prises avec un certain nombre de règles dans la loi Climat Résilience pour mettre des horaires ; c'est ce genre de mesures …

LORRAIN SENECHAL
Ce n'est pas toujours appliqué …

CLEMENT BEAUNE
Bien sûr mais il faut sans doute aller plus vite, il faut contrôler davantage ; il faut que chacun fasse des efforts volontaires mais très encouragés, très incités. Moi, je réunirai, je le disais rapidement, tous les acteurs du secteur des transports, il faut qu'à la rentrée on soit prêt à accélérer sur ce sujet. Chacun doit contribuer mais je pense que les Français, nous tous comme citoyens, on sera d'autant plus enclins à faire un effort dans nos vies quotidiennes sur le chauffage, sur la climatisation si on sent que c'est une mobilisation générale, qu'il y a un effort des autorités publiques et des grandes entreprises aussi.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais Clément BEAUNE effectivement Lorrain SENECHAL le rappelait, la SNCF est la première entreprise consommatrice d'énergie. Le prix des billets, le prix des billets de train a augmenté de 15% entre avril 2021 et avril 2022 selon l'INSEE et Jean-Pierre FARANDOU, le président la SNCF, eh bien d'ores et déjà explique que le prix des billets va encore augmenter, compte tenu du prix de l'énergie, c'est inévitable. En 2023, on peut s'attendre à une nouvelle hausse des billets de train ?

CLEMENT BEAUNE
Non, non ça, ce n'est pas encore décidé mais je veux dire quelque chose oui…

JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous allez vous ...il faut que l'Etat fasse quelque chose pour que ça ne retombe pas sur les consommateurs ?

CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, c'est ce qu'on va essayer de faire. La SNCF qui est une grande entreprise et un grand service public a à coeur aussi, et j'inciterais encore à aller plus loin, de développer à côté des billets à des prix normaux si je peux dire beaucoup de tarifs réduits, une Carte Avantage que plusieurs millions de Français utilisent, avoir des tarifs réduits pour les jeunes qui doivent circuler, qui peuvent parfois prendre plus de temps pour circuler entre Paris et Lyon par exemple sans prendre la grande vitesse mais du coup en payant moins cher. Donc on peut avoir des solutions qui sont aussi gagnantes pour le pouvoir d'achat et gagnantes pour le climat. Donc oui, il faut faire cet effort de modération tarifaire autant que possible. Après, sur ce qui s'est passé entre l'an dernier et cette année, pour être très clair, parce qu'il ne faut pas mentir sur les causes, il y a les prix de l'énergie, il y a aussi, c'est en partie une bonne nouvelle une reprise très forte notamment cet été, ça peut causer à nos concitoyens quelques désagréments, quand ils réservent leur billet, une reprise très forte des voyages, des transports, beaucoup plus de touristes en France, beaucoup plus de Français qui voyagent après 2 ans de Covid. Il y a des difficultés de pouvoir d'achat mais il y a aussi une envie, un besoin presque de mobilité, de voyage, de retrouvailles familiales qui s'expriment cet été, ça a expliqué aussi qu'il y ait des pics tarifaires qui ne se retrouveront pas toujours à la rentrée au cours des deux mois d'été mais je pense qu'une des bonnes solutions, c'est d'avoir le plus possible ces cartes de réduction, ces cartes d'avantages qui se développent. Je rappelle aujourd'hui, ce n'est pas moi qui en suis à l'origine, donc je ne m'en attribue pas le mérite mais je dirais dans ce sens encore comme ministre des Transports 3 billets sur 4 sont achetés avec une carte de réduction sur le réseau SNCF.

LORRAIN SENECHAL
Mais ça veut dire que vous appelez de vos voeux la réapparition d'autres cartes de réduction. Il n'y a par exemple plus de cartes famille ou de cartes week-end, tout ça est fusionné aujourd'hui !

CLEMENT BEAUNE
Oui c'est vrai. Ce n'est pas moi qui vais faire la politique commerciale de la SNCF, ce serait je pense une mauvais usage de ma fonction mais en revanche, parce que c'est du quotidien, que avec les régions, on discute des tarifs parce que pour les transports, comme on le connaît en Ile-de-France, comme on le connaît partout, ce sont les régions qui sont en charge de la politique tarifaire aussi qu'on discute avec la SNCF sur la simplification des tarifs, d'autres mesures d'avantages, ça c'est possible. On le fera la rentrée.

LORRAIN SENECHAL
Et vous serez vigilant sur le prix pour l'an prochain ?

CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, on sera vigilant sur le prix mais après je veux être très honnête aussi, Jean-Pierre FARANDOU d'ailleurs l'a dit, c'est une question là encore de mobilisation générale. Les billets de train, ils ne viennent pas alimenter une caisse cachée, ils viennent entretenir notre réseau, ils viennent payer un grand service public et son fonctionnement qui malheureusement a encore d'importantes difficultés financières et dans lequel on devra réinvestir.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Justement d'un mot, monsieur le Ministre très vite, Jean-Pierre FARANDOU veut mettre 100 milliards sur la table pour que d'ici 15 ans, le train qui représente à peu près 10%, on va dire, de la mobilité en France des transports, eh bien, passe à 20% notamment eh bien pour accélérer la décarbonation de la France, 100 milliards, 50 milliards pour l'Etat, est-ce que vous allez concrètement vous saisir de cette proposition de Jean-Pierre FARANDOU ?

CLEMENT BEAUNE
Je veux me saisir de cette priorité ferroviaire, honnêtement je me méfie toujours un peu des grands chiffres mais dire que c'est le message de la SNCF, ils ont raison, qu'il faut un réinvestissement un investissement majeur dans le ferroviaire, c'est clair, c'est la Première ministre l'a dit à l'Assemblée nationale dans sa déclaration de politique générale, la colonne vertébrale, le train, c'est la colonne vertébrale de cette mobilité propre, de cette mobilité verte, de cette transition écologique. Donc on en a besoin. J'adhère à l'objectif, on a déjà fixé pour les marchandises le fret, doubler la part du train et je pense qu'on doit effectivement se fixer un objectif probablement de doublement du trafic voyageur en train dans les années qui viennent. On mettra des moyens supplémentaires.

JEAN-JEROME BERTOLUS
D'ici quelle date ? 15 ans, ça parait raisonnable ?

CLEMENT BEAUNE
10 ou 15 ans, c'est sans doute faisable mais il faut - après, il n'y a pas de baguette magique - mettre des moyens en face et je donne simplement pour être très simple 2 priorités qui sont nos priorités dans le ferroviaire en tant que ministre des Transports dans le prolongement de ce qu'a fait le gouvernement précédent, c'est mettre l'argent là où il y a les usagers. Ce qui est le plus insupportable, c'est des gens qui voyagent tous les jours pour aller au travail souvent dans les grandes aires des grandes métropoles et qui ont encore des retards, un problème de confort dans le train, parfois un problème de sécurité ; ça c'est le train du quotidien, on doit investir le plus. Et puis, c'est le réseau, ce n'est pas spectaculaire mais quand on entretient mal notre réseau, quand notre réseau est vieillissant, c'est des retards, c'est des difficultés et parfois on a investi un peu plus sur les nouveaux projets que sur le bon entretien de notre réseau. Donc je veux mettre le paquet, ça sera des centaines de millions d'euros chaque année, sur la rénovation de notre réseau. Ce sont mes priorités.

LORRAIN SENECHAL
Ce ne sera pas 50 milliards d'ici quinze ans ?

CLEMENT BEAUNE
Ce sera, vous savez, pour sans doute régénérer le réseau seul, c'est probable entre un et 2 milliards d'euros par an qu'il faut investir …

LORRAIN SENECHAL
En plus de ...c'est ce que dit Jean-Pierre FARANDOU.

CLEMENT BEAUNE
Après, on peut faire des additions. Peu importe, je ne vais pas rentrer dans le chiffre aujourd'hui, le chiffre magique mais il faudra investir, oui, massivement dans le ferroviaire parce que c'est le quotidien et parce que c'est l'écologie.

Le fil info

LORRAIN SENECHAL
Toujours avec Clément BEAUNE, Ministre délégué aux Transports. Vous avez demandé un geste aux concessions autoroutières et la réponse de VINCI et de la SANEF, c'est une remise de 10 % mais uniquement pour les Français qui payent en chèques vacances pour alimenter leur badge de télépéage et tout ça dans la limite de 25 euros en tout. Est-ce que ça n'est pas un peu dérisoire ?

CLEMENT BEAUNE
D'abord tout coup de pouce au pouvoir d'achat qui s'ajoute à d'autres mesures est bon à prendre. Et donc c'était utile, je crois, d'avoir ce message et cette discussion que j'ai commencée la semaine dernière avec les grandes sociétés d'autoroute. Pour être très concret pour ceux qui nous écoutent et qui vont prendre leur voiture – c'est encore 80% des départs en vacances en voiture – ce n'est pas seulement les autoroutes de VINCI ou de la SANEF, je ne sais pas si chacun l'identifie mais c'est quasiment toutes les autoroutes françaises, tous les groupes qui ont fait ce geste aussi. Quand vous faites un trajet d'été et que c'est 100 euros de péage au total ou 200 euros, ça peut être 10% de réduction, 10 ou 20 euros.

LORRAIN SENECHAL
Si vous avez un badge de télépéage et que vous avez des chèques vacances.

CLEMENT BEAUNE
Oui, mais c'est plus d'un million de personnes. Et des chèques vacances, c'est plus de cinq millions de personnes qui en ont. Je ne dis pas que c'est parfait mais je dis que c'est une mesure positive. Et puis je dis aussi que ça s'ajoute à des mesures qu'on prend sur le pouvoir d'achat en général. Un automobiliste il paye le péage, il paye le plein d'essence évidemment et on fait des mesures sur le carburant qui sont très importantes et qui sont complétées d'ailleurs par les stations-service, notamment TotalEnergies.

LORRAIN SENECHAL
Mais pourquoi elles ne baissent pas les prix tout simplement ? Qu'est-ce qu'elles vous disent ?

CLEMENT BEAUNE
Je vais vous dire. On a une discussion. Moi je ne veux pas faire ni de démagogie, ni de résignation. Je pourrais vous dire : on va tout baisser etc. Les sociétés d'autoroute elles-mêmes, elles gèrent par un contrat avec l'Etat – tout ça est organisé - nos autoroutes. Elles les entretiennent, elles font des investissements de sécurité, des investissements écologiques prescrits par l'Etat pour un certain nombre. Et elles subissent d'ailleurs aussi, ce n'est pas du tout comme les compagnies énergétiques, un certain nombre de hausses de prix pour les travaux, pour les matériaux, pour l'énergie. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien faire. C'est pour ça que j'ai commencé en disant : il faut faire un geste qui témoigne d'une bonne volonté cet été. Je les ai reçues toutes les sociétés d'autoroute la semaine dernière, nous nous reverrons à la rentrée. Il y a des questions de pouvoir d'achat à la rentrée, nous discuterons éventuellement de mesures complémentaires. Et puis surtout, je le dis maintenant, les Français le savent sans doute, tous les ans - c'est prévu par les contrats avec l'Etat - il y a une révision des prix des péages. Et donc moi ce que je veux anticiper, c'est l'évolution des prix des péages.

LORRAIN SENECHAL
Février prochain.

CLEMENT BEAUNE
En février dernier, c'est important quand même qu'on se le dise dans un contexte où l'inflation est aujourd'hui à 5 ou 6 % sur l'année, les péages ont été revus à la hausse mais de 2 %. Donc on est très en dessous de l'inflation, tant mieux, parce que je crois ça aurait été incompréhensible d'avoir une hausse des péages…

LORRAIN SENECHAL
Mais ça veut dire qu'il y aura un rattrapage en février prochain.

CLEMENT BEAUNE
Non. Pas du tout justement. Je pense que c'est impensable d'avoir des augmentations de péage de 5 ou 6 % l'an prochain. Ça me paraît inconcevable.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Donc ça reste en dessous de l'inflation. Il faut garder cette logique de modération.

CLEMENT BEAUNE
Je ne dirai pas de chiffres aujourd'hui mais j'ai engagé cette discussion parce que je veux qu'à l'automne et surtout en début d'année prochaine, nous n'ayons pas de mauvaise surprise qui, dans un contexte qui restera difficile pour plusieurs mois, on le sait, s'ajoute aux difficultés de pouvoir d'achat des Français. Donc j'ai engagé cette discussion sur le pouvoir d'achat, elle n'est pas démagogique, elle n'est pas là non plus un coup de baguette magique parce que je pourrais vous dire : on va baisser de 10% les prix, mais à la fin c'est aussi de l'investissement pour la sécurité autoroutière et pour l'écologie. Donc moi, je veux trouver cet équilibre.

LORRAIN SENECHAL
Donc l'objectif c'est de modérer la hausse en février prochain. Il y aura une hausse mais le plus modéré possible. C'est votre objectif.

CLEMENT BEAUNE
La hausse, tout ça on verra. En tout cas je veux, je me suis engagé dès cette semaine sur ce sujet, que le secteur de la route participe aux efforts sur le pouvoir d'achat parce que, je le redis, pour le quotidien comme pour les vacances c'est encore 80% des déplacements.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Monsieur le Ministre, de la route aux avions, la compagnie à bas coût TRANSAVIA a annulé hier 25 % de ses vols pour cause de grève et ça va sans doute se poursuivre aujourd'hui et jusqu'à dimanche soir, puisque la grève court effectivement jusqu'à la fin du week-end. D'autres compagnies aériennes européennes sont également touchées par des grèves comme RYANAIR, comme la LUFTHANSA. Il faut s'attendre pour les Français encore à un week-end chaotique dans les aéroports français ?

CLEMENT BEAUNE
Alors je sais et je regrette évidemment qu'il y ait eu des perturbations, des difficultés. On l'a vécu notamment à Toulouse en fin de semaine mais dans plusieurs aéroports français parce qu'il y a un mouvement notamment sur la compagnie TRANSAVIA. J'espère que le dialogue social va permettre de résoudre ça le plus vite possible. J'y invite fortement parce que nous avons besoin que les Français passent un été après un certain épuisement, deux ans sans vacances. Les vacances malheureusement c'est un luxe pour encore un certain nombre de Français, mais pour beaucoup de familles c'est le seul moment où on se retrouve dans l'année et parfois après de longs mois de séparation.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais pourquoi ne pas mettre tout le monde autour de la table ? Vous êtes Ministre des Transports après tout.

CLEMENT BEAUNE
Oui. Monsieur BERTOLUS, je l'ai fait dès mon arrivée. Vous le savez, il y a eu un mouvement de grève avec un très gros impact et de gros problème d'image aussi chez AEROPORTS DE PARIS.

JEAN-JEROME BERTOLUS
Pour la France, pour les touristes.

CLEMENT BEAUNE
Avec des valises perdues ou en tout cas égarées quelques jours.

LORRAIN SENECHAL
Elles ont été retrouvées d'ailleurs ces valises ?

CLEMENT BEAUNE
Oui. Alors moi mon engagement, ce n'est pas de faire du dialogue social à la place des entreprises et des syndicats, je l'encourage, je l'accompagne. Mais je me suis saisi de ce sujet dès le début pour qu'on n'ait pas de nouvelles grèves dans nos aéroports parisiens, ce qui aurait été une perturbation incompréhensible pendant l'été. Il y a eu un accord salarial qui a été en partie trouvé, tant mieux. Les bagages, parce que c'est très important, les transports c'est très concret, il y a eu à peu près 35 000 bagages qui n'ont pas été perdus mais qui ont manqué leur départ. Ils sont là, on les a retrouvés. J'avais donné un objectif de 5 à 7 jours la semaine dernière, ç'a été fini la nuit dernière où je rends hommage d'ailleurs à des équipes qui ont…

LORRAIN SENECHAL
Dans quasiment deux semaines.

CLEMENT BEAUNE
Non, six jours exactement.

LORRAIN SENECHAL
D'accord.

CLEMENT BEAUNE
C'est trop long pour les gens qui ont égaré leurs valises, ça c'est clair, mais il y a eu 35 000 bagages à réacheminer. Ç'a été fait intégralement par la mobilisation d'AIR FRANCE et d'AEROPORTS DE PARIS. Je rends hommage à leurs personnels qui se sont mobilisés la nuit pour que les perturbations soient le moins grandes possible. Donc moi je me bats pour qu'il n'y ait pas ces perturbations. Je veux le dire, dans le secteur des transports comme dans beaucoup de secteurs, il y a des discussions sociales parce qu'il y a des sujets de pouvoir d'achat, et donc j'espère qu'on va trouver comme on l'a fait chez AEROPORTS DE PARIS, comme on l'a fait à la SNCF pour l'instant des accords salariaux, des premières mesures de soutien de pouvoir d'achat qui limitent les perturbations.

LORRAIN SENECHAL
Clément BEAUNE, merci beaucoup. Bonne journée.

CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 juillet 2022