Texte intégral
Monsieur le Secrétaire général des Nations unies,
Monsieur le Président de l'Assemblée générale,
Monsieur le Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale,
Mesdames et Messieurs,
Malgré des décennies d'efforts pour éradiquer la faim dans le monde, nous assistons désormais à une dégradation brutale de la situation alimentaire. 828 millions de personnes seraient aujourd'hui en situation d'insécurité alimentaire. Ce sont 46 millions de plus qu'en 2020. Ce sont autant de vies meurtries ou perdues, d'enfants malnutris, de déplacements forcés et de conflits. C'est donc un facteur majeur d'instabilité dans le monde.
Les causes de cette dégradation sont connues et, pour certaines, anciennes.
Mais la guerre d'agression dont la Russie s'est rendue coupable en envahissant l'Ukraine aggrave brutalement la situation et nous expose à une crise alimentaire mondiale.
La Russie applique une stratégie dont le cynisme est total : blocus de la mer Noire, destruction des infrastructures agricoles ukrainiennes, instrumentalisation de la famine. Ces agissements ont des conséquences dont la Russie porte seule la responsabilité, je le répète, seule, car les sanctions ne visent ni les produits agricoles, ni les denrées alimentaires, ni les engrais russes. Elles n'ont d'autre but que de priver la Russie des moyens de poursuivre la guerre.
Face à cette situation très préoccupante, il est impératif de soutenir les plus vulnérables et de nous attaquer aux causes de la faim : les conflits, le dérèglement climatique, les inégalités socio-économiques, et les pandémies.
La France prend ses responsabilités. Elle a ainsi lancé l'initiative FARM, endossée par l'Union européenne et par le G7, pour proposer des solutions concrètes en ce sens. Cette initiative repose sur trois piliers : transparence et ouverture des marchés, solidarité avec les pays vulnérables, renforcement des systèmes agricoles et alimentaires.
Il s'agit de mobiliser largement tous les acteurs publics et privés comme les organisations internationales, les entreprises (qui ont formé la coalition "Global Business for Food Security"), la recherche, les producteurs et la société civile.
Notre réponse sera coordonnée et inclusive. Avec le Comité de la sécurité alimentaire mondiale, qui rassemble tous les acteurs engagés contre l'insécurité alimentaire et la malnutrition, nous avons les moyens d'agir. Je lance ainsi un appel : mobilisons-nous !
Mesdames et Messieurs,
L'initiative FARM se déploie donc depuis le mois de mars sous l'impulsion de la France puis du Conseil européen. Elle comporte des actions que nous estimons nécessaires pour apporter une réponse à la situation de crise alimentaire et se structure autour de trois piliers.
Le premier d'entre eux est la transparence et la fluidité pour détendre les marchés internationaux et éviter une envolée encore plus forte des prix mondiaux des céréales. La transparence passe notamment par le réseau AMIS qui a permis de disposer d'un état clair des stocks mondiaux dès mars. Pour la fluidité, nous avons appelé à la plus grande fermeté contre toute restriction à l'exportation, et toute spéculation pouvant fausser les marchés.
Le deuxième pilier est celui de la solidarité envers les pays les plus vulnérables. Ses actions se déclinent notamment dans le soutien aux actions du PAM qui sait agir sans impacter les filières locales de production et sans perturber les marchés. Nous sommes également mobilisés pour aider l'exportation depuis l'Ukraine de leurs céréales.
Enfin, le troisième pilier repose sur un accroissement de la production durable et résiliente. C'est une action de moyen terme et pour laquelle nous devons être collectivement actifs. Grâce à l'expérience FIDA, des projets de développement et de structuration de la production durable de céréales voient le jour. Nous devons les soutenir aux côtés des acteurs locaux et particulièrement dans les pays vulnérables comme ceux d'Afrique.
Alors, Mesdames et Messieurs, la crise que nous traversons nécessite une action commune. La France est résolument engagée et notre intervention commune le démontre. Vous, acteurs de la société civile, vous êtes la clé de réussite de cette oeuvre collective et au combien nécessaire.
Nous vous remercions sincèrement pour votre engagement.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 juillet 2022