Texte intégral
BERNARD POIRETTE
C’est l’heure de l’invité politique de cette matinale de LCI. Il s’agit de Christophe BECHU, le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur M. BECHU, bonjour.
CHRISTOPHE BECHU
Bonjour.
BERNARD POIRETTE
Merci d’être en plateau avec nous. Alors, bien sûr, quand on vous a lancé cette invitation, c’était essentiellement parce que, aujourd’hui, c’est le jour du dépassement, et on va en parler, je vous rassure, mais il se trouve qu’il y a beaucoup d’actualité qui est venue percuter entre temps, notamment cette dépêche de l’AFP, qui vient d’arriver, qui indique qu’EDF doit encaisser une perte monstrueuse de 5,3 milliards d’euros sur son plan d’exploitation au premier semestre, alors, que son chiffre d’affaires dans le même temps explose, est-ce que c’est la preuve par neuf selon vous que la renationalisation totale d’EDF est un impératif absolu ?
CHRISTOPHE BECHU
C’est un impératif absolu, on a un bouleversement du marché de l’énergie qui est accentué par la crise en Ukraine, même s’il a été pour partie aussi provoqué par une reprise économique qui a été rapide, qui a provoqué de l’inflation, tout ça est en train de bouger ; et tous ces sujets énergétiques, ils sont directement reliés aux enjeux de transition écologique qui font l’actualité de ce jour du dépassement. Et dans ces mouvements de yo-yo, dans lesquels on voit bien que les sources d’approvisionnement pour des raisons géopolitiques, elles sont contrariées, on doit les réinventer, il y a aussi, à la fois, des enjeux de diminution massive de la façon dont on consomme de l’énergie, de sobriété, pour dire les choses de manière forte, mais de déconnexion d’une partie des prix du marché pour ne pas rester dans des logiques qui sont des logiques de spéculation et de court terme, alors qu’on a des enjeux d’investissement et de transition de long terme. Et donc ces chiffres qui varient de manière extrêmement forte, avec, là, une perte abyssale, mais pour d’autres groupes qui sont dans le domaine de l'énergie, parfois des bénéfices sur les mêmes périodes qui peuvent être…
BERNARD POIRETTE
Oui, comme TotalEnergies…
CHRISTOPHE BECHU
Eux aussi extrêmement importants. On voit bien que l'Etat doit apporter une forme de stabilité pour un bien qui n'est pas un bien comme les autres, parce que l'énergie, c'est ce qui rend possible beaucoup d'autres activités humaines.
BERNARD POIRETTE
Donc, il s'agit d'une reprise en main des pouvoirs publics sur un domaine stratégique.
CHRISTOPHE BECHU
Exactement, et dans un contexte où la part à racheter est faible, puisque, d'ores et déjà l’Etat était l'actionnaire principal de très loin, mais en allant au bout de cette logique de renationalisation, en sortant EDF de la Bourse et des logiques de court terme, on se replace sur une stratégie énergétique, ce qui est nécessaire à la fois pour des raisons économiques et sociales, mais je le redis, pour des raisons écologiques aussi.
BERNARD POIRETTE
Christophe BECHU, j’imagine que vous avez suivi d'actualité avant de venir sur ce plateau ce matin, vous avez entendu le président ZELENSKY nous dire : si vous avez besoin d’un coup de main, moi, je suis prêt à vous fournir de l'électricité, c'est quand même extraordinaire, sachant que l'électricité ukrainienne est essentiellement produite par des centrales nucléaires qui sont sous le contrôle des Russes ; comment vous avez perçu cette annonce de monsieur ZELENSKY ?
CHRISTOPHE BECHU
Quand on est dans des situations de conflit et de guerre, vous le savez, il y a à la fois des messages qui, parfois, permettent d'imprimer les esprits, de souligner... et c'est ce que je pense fait le président ZELENSKY, qu'on est pas acculé, qu'il y a une dimension de réciprocité dans ce que nous sommes capables de faire, et qu'il n’y a pas, d'un côté, l'Ukraine qu'il faudrait aider, et de l'autre, l'Europe qui serait uniquement dans une situation d'appui, on le voit par exemple avec les céréales, l'Ukraine a une partie des solutions aux risques de famine qui peuvent exister ailleurs dans le monde, et les accords d'évacuation des dizaines de millions de tonnes de blé sans lesquelles on aurait des famines en Afrique ou dans d'autres parties du monde, montrent bien qu’on est interdépendant, et que dans cette interdépendance, certains pays, y compris ceux qui sont en conflit, comme l'Ukraine, peuvent avoir une part de la solution, et donc y compris d'un point de vue énergétique, il y a des accords de coopération ou des choses qui sont possibles. Mais c'est aussi fait pour marquer les esprits et pour montrer que l'Ukraine est encore debout, continue de se battre dans un contexte complexe, et avec beaucoup de courage, et ça, je pense qu'on en est tous d'accord.
BERNARD POIRETTE
On va parler, dans une minute, bien entendu, du dépassement et des problèmes de survie de la planète, j’ai quand même une question, parce que ça a fait l'objet d'une chronique d'Eric DECOUTY ce matin, les élus de la République notamment, les députés vont, dans quelques jours, prendre 2 mois de ce qu'on appelle des vacances, alors c'est quand même exceptionnel, puisque la rentrée parlementaire, ce sera début octobre au lieu de début septembre, vous pensez que c'est utile, ces 60 jours de break, et à quoi vont-ils être utilisés ?
CHRISTOPHE BECHU
Ce ne sont pas 60 jours de break, ce sont 60 jours sans séance dans l'hémicycle, on ne peut pas en même temps expliquer qu'il est souhaitable d'avoir du temps pour faire de la concertation, de la co-construction de textes, et même que la fragmentation de l'Assemblée nationale avec une absence de majorité absolue nécessite de prendre l'habitude de se parler et ne pas créer les conditions du dialogue, et on a vu au cours de ces derniers jours, que quand le dialogue, il intervient, une fois que le texte est déjà déposé, une fois que les débats ont déjà commencé, il n’est pas optimal.
ERIC DECOUTY
Alors, Monsieur le Ministre, ça va permettre aussi peut-être de restaurer le dialogue entre vos amis proches d'Edouard PHILIPPE, et puis, Bruno LE MAIRE, parce qu'on a vu qu'il y avait eu quelques tensions ce week-end avec c'est des gens d’Horizons qui votaient contre le Gouvernement. Est-ce qu'il y a vraiment des tensions, et est-ce que la querelle ou la bagarre pour la présidentielle de 2027 entre Edouard PHILIPPE et Bruno LE MAIRE est engagée ?
CHRISTOPHE BECHU
Absolument pas. Sur la deuxième partie, si vous voulez, penser à 2027, ce serait non seulement indécent, mais ce serait contre-productif, et ça n'est pas le cas, on est dans une situation économique, sociale, budgétaire, géopolitique…
ERIC DECOUTY
Alors pourquoi les amis d’Edouard PHILIPPE ont voté contre l’amendement ?
CHRISTOPHE BECHU
Il y a eu des milliers de votes depuis le début de la session, il y a eu 1 où 13 députés Horizons [qui] n’ont pas joint leur voix à celle de la majorité, ce qui n'aurait d'ailleurs rien changé au résultat final. C'est la preuve, exactement, c'est ce qui a été dit par le président MARCANGELI, le président du groupe Horizons au sein de l'Assemblée nationale, qu’il faut davantage de concertation et de calage en amont, on est sur un vote qui s'est passé à minuit, après une journée dans laquelle, il y a eu des dizaines d'amendements, des incompréhensions…
ERIC DECOUTY
Vous considérez que le groupe Horizons n’est pas suffisamment considéré par le Gouvernement ?
CHRISTOPHE BECHU
Il y a des marges d'amélioration évidentes, à la fois à l'échelle de l'Assemblée nationale, et à l'intérieur de la majorité entre les groupes eux-mêmes, et entre les groupes et le Gouvernement, mais, il faut remettre ça aussi par rapport à ce que ça a été, c'est-à-dire que, sur tout ce temps, avec le niveau de pression, avec l'intensité législative qui a été constatée, il y a eu un accident de vote, et des marges réelles d’amélioration…
ERIC DECOUTY
Si on vous parle, il n’y en aura plus, enfin, si on parle aux amis d’Edouard PHILIPPE, il n’y en aura plus ?
CHRISTOPHE BECHU
On ne peut jamais le garantir, mais ce qui est certain, c’est qu’on a des marges d’amélioration pour faire mieux, et que de ce point de vue, avoir un mois de septembre dans lequel il n’y a pas de session, et où, au lieu de présenter le budget, comme ça, et de tout de suite, être déjà dans un contexte législatif, on a le temps sur les mesures budgétaires d'associer les groupes, y compris ceux de l'opposition.
ERIC DECOUTY
Le groupe, c’est essentiellement le groupe LR, on a bien vu que la marge de manœuvre, le grain à moudre, il est avec LR.
CHRISTOPHE BECHU
Il y a une évidence numérique quand vous voyez les choses, puisque si vous ajoutez les effectifs de LR à la majorité présidentielle, vous avez une majorité absolue, mais sur certains textes, en particulier, à destination des collectivités locales, c'est sur un texte socialiste que s’est faite une partie ensuite de la co-construction…
ERIC DECOUTY
Le dialogue avec Olivier MARLEIX, il se passe bien finalement à l'Assemblée, avec le chef des députés Républicains ?
CHRISTOPHE BECHU
Je pense qu'il y a une prise de conscience, dont j'espère qu'elle va durer, que le contexte global dans lequel nous sommes mérite mieux que les postures, et qu'on ne peut pas défendre pendant les campagnes électorales des grands thèmes, il ne faut pas augmenter les impôts, il faut préserver le pouvoir d'achat des gens, il faut faire attention à la trajectoire et à la transition écologique, et ne pas le traduire au moment des votes…
ERIC DECOUTY
Ça vous arrange plutôt si Eric CIOTTI est élu à la présidence des Républicains, ça vous arrange plutôt, ça veut dire qu'il y a une partie de l'aile moins à droite qui pourrait rejoindre la majorité ?
CHRISTOPHE BECHU
Vous savez, spéculer sur ce que vont faire ceux qui sont à côté de vous, ça prend une partie de votre énergie. Et il en faut déjà beaucoup pour s'occuper de ce qui nous concerne, et de la manière dont on peut mieux travailler. Donc je doute que Les Républicains suivent mes conseils, et je ne préjuge pas de ce que sera leur décision. Ce qui est certain, c'est que c'est la droitisation excessive par le passé qui a parfois aussi amené à une désagrégation de ce parti et une difficulté en termes de boussole, mais Les Républicains, c'est un parti important, qui structure l'espace politique et qui a des personnalités diverses en son sein ; on verra ce qu'est son choix. Ce que je note aujourd'hui, c'est que cette présidence des Républicains ne suscite pas a priori un enthousiasme débridé ou une multiplication des candidatures.
BERNARD POIRETTE
Monsieur BECHU, parlons du jour du dépassement quand même, parce que, finalement, certes les questions de politique à l'Assemblée nationale, c'est important mais ça, c'est l'avenir de l'humanité du coup qui est en jeu, donc le jour du dépassement, je répète, pour les gens qui nous prennent en cours, ça veut dire que, aujourd'hui, la terre a épuisé toutes les ressources disponibles pour toute l'année. Et qu'à partir de demain, nous vivons à crédit jusqu'à la fin de l'année, et je rappelle qu’il y a 50 ans, ce jour du dépassement, c'était le 25 décembre, maintenant c'est le 28 juillet, donc on a perdu 5 mois. Et il apparaît, il apparaît très clairement que l'agriculture est montrée du doigt comme étant un accélérateur notoire de ce phénomène, est-ce que c'est votre axe principal d'action pour essayer de repousser ce jour du dépassement au niveau hexagonal au moins ?
CHRISTOPHE BECHU
Alors, merci pour votre question, et en particulier, pour les derniers mots, parce que le jour du dépassement mondial, c’est aujourd’hui. Le jour du dépassement pour la France, c’est le 5 mai…
BERNARD POIRETTE
Ah, d’accord...
CHRISTOPHE BECHU
Et il ne faudrait pas qu’en communiquant sur le 28 juillet, on se dise, on a finalement que 156 jours de dépassement. Si on vivait tous comme des Français à l’échelle mondiale, le jour du dépassement serait le 5 mai, je le redis, et il nous faudrait 2,9 planètes et donc une situation plus grave que celle que l’on constate…
BERNARD POIRETTE
Là il nous en faut 1,7.
CHRISTOPHE BECHU
Exactement. Et donc l’agriculture à l’échelle mondiale par rapport à cette date du 28 juillet, c’est un élément majeur, mais à l’échelle de notre pays développé, il y a beaucoup d’autres sources d’émission qui pèsent de manière extrêmement forte et qui expliquent d’ailleurs pourquoi on a ce jour du dépassement qui est le 5 mai. Vous citiez ce chiffre du 29 décembre en 1970, 4 novembre en 1980, 11 octobre en 1990, 23 septembre en 2000 , 10 août en 2010, on est désormais effectivement dans la situation d’être au 5 mai et dans notre pays on a perdu 10 jours de capacité de régénération de la Terre où on a avancé cette date de dépassement de 10 jours pendant les mandats présidentiels de 81, de 88, de 95, de 2002, de 2007, avec le grenelle on a progressé que de 6 jours, mandat de sous le mandat de François HOLLANDE on a progressé que de 5 jours et pour la première fois au cours du dernier mandat présidentiel, le jour du dépassement qu’on constate aujourd’hui est le même qu’il y a 5 ans, aidé aussi par la Covid sur la fin de la période, mais par un certain nombre de décisions qui ont été prises. On considère que si on s’en tient aux décisions prises au dernier mandat, on aura un jour du dépassement qui maintenant ne bougera plus et qui pourrait régresser de un, deux, trois jours dans les hypothèses optimistes.
BERNARD POIRETTE
Autour de début mai, donc toujours autour du 5 mai.
CHRISTOPHE BECHU
Toujours autour du début mai. Et en même temps les ONG vous disent, si on prend un certain nombre de mesures fortes, on peut reprendre un mois à l’échelle de notre pays et quand on regarde la situation française, on n’est pas seulement sur des questions d’agriculture. C’est faire 700 000 rénovations, c’est diminuer la part de la voiture, c’est augmenter la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique, c’est être en capacité de limiter l‘étalement urbain et la manière dont on grignote des milieux naturels.
BERNARD POIRETTE
Lesquels ?
CHRISTOPHE BECHU
C’est les préservations de biodiversité, c’est 25 % de terre bio, c'est la division par deux du rythme de pesticides, c'est le fait d'avoir une consommation moins carnée, quand vous mettez tout ça bout à bout, Isabelle AUTISSIER en parle très bien, on est capable de regagner 25 jours. Le sujet de ce jour du dépassement, c'est qu'il a une vertu énorme, c'est cette capacité pédagogique à faire prendre conscience aux gens de l'importance des efforts collectifs que nous avons à faire et ce qui nous manque aujourd'hui malgré toutes les décisions qui ont été prises, c'est une cohérence dans une trajectoire qui permet d'expliquer aux Français que les choix que nous faisons, que les réorientations que nous décidons, que les décisions politiques que nous prenons, elles visent à diminuer le réchauffement climatique, à reculer le jour du dépassement et à faire en sorte qu'on puisse préserver une planète qui soit davantage vivable. Ce sera le sens de la trajectoire que j'aurai l'occasion de présenter aux côtés de la Première ministre et d'Agnès PANNIER-RUNACHER dès la rentrée où on va présenter une trajectoire carbone pour notre pays. On a souvent des débats autour des finances publiques où on rappelle qu'on a pris des engagements internationaux sur les 3 %, on oublie de mettre en relief les engagements qu'on a pris sur la diminution des gaz à effet de serre et en particulier la diminution de 55 % par rapport à 1990 de nos émissions et en modélisant ça, en montrant les conséquences des décisions qu’on prend on sera dans cette pédagogie.
ERIC DECOUTY
Monsieur BECHU, pardon mais vous parlez de communication et de voitures, vous avez une formidable occasion de faire de la communication pendant le débat qui avait sur le pouvoir d'achat où il a été beaucoup question d'essence, il a été beaucoup question d'essence pour faire en sorte que la consommation des Français en matière de pétrole puisse tenir voire augmenter. Est-ce qu’il n’y avait pas une formidable occasion de faire justement la pédagogie pour consommer moins ? Or je me suis peut-être trompé mais je ne vous ai pas entendu pendant tout le débat autour du prix de l'essence et du pouvoir d'achat.
BERNARD POIRETTE
Je me permets de compléter la question de mon confrère Eric à propos des incendies de Gironde notamment, la question s'est posée de savoir comment était gérée la forêt française et ce qu'on y avait planté exactement, vous savez très bien, Monsieur BECHU qu’en termes de surface la France est très bien lotie mais pas en termes d'essence puisque ce sont essentiellement des résineux qui sont replanter à chaque fois qu'on coupe un feuillus. Et on connaît les impacts carbone du feuillus et du résineux, tout ça c'est de votre pouvoir du politique de dire, on arrête les résineux et on fait du feuillus. Donc vous voyez vous avez des leviers non ?
CHRISTOPHE BECHU
Mais, les questions de reboisement, l'ensemble des acteurs de la filière c'était hier et pour être très clair, les incendies ont été divisés par quatre, la surface brûlée par rapport aux années 80 compte tenu de l'efficacité des plans de prévention ; le phénomène nouveau, c'est la multiplication des feux hors norme qui effectivement pointe du doigt la taille des monocultures, ça n'est pas que la question des essences, c'est le fait de se retrouver avec d'immenses surfaces sur lesquelles vous avez peu de différence de biodiversité. Ensuite le sujet c'est de planter des essences qui correspondent au climat sur lesquels vous vous trouvez parce que dans un contexte de sécheresse la question en particulier de la fragilisation de vos boisements si vous n'avez pas suffisamment d’eau nécessite de faire attention à ce que vous plantez. Et de ce point de vue, le pin maritime reste une essence qui a un excellent éco-score si je prends les choses de cette manière, mais il y a des choses qu'il faut qu'on fasse évoluer en particulier avec une attention particulière au débroussaillage et aux autres essences que vous êtes capable de planter autour. J'aimerais revenir sur la question monsieur DECOUTY, il faut faire attention à ne pas être dans des discours d'ayatollahs dans lesquels au motif qu'on a des enjeux monstrueux autour de la transition écologique, on n'en finirait par considérer que la fin du monde justifierait de ne pas se préoccuper totalement de la fin du mois, parce que la vérité c'est que pour enclencher cette transition écologique, il ne faut pas que, nous trois sur le plateau, on soit convaincu, il ne faut pas que le ministre et les associations et les ONG soient convaincus, il faut que tous les Français soient en capacité aussi d'enclencher ça. Et il ne vous a pas échappé y compris pendant cette campagne présidentielle dans un contexte de crise économique dans lequel nous nous trouvons avec une inflation qui est très élevée, que y compris des candidats dont les engagements écologiques ne sont pas remis en cause ont proposé des mesures sociales. Toute la difficulté c'est comment on accompagne les Français les plus fragiles, les plus modestes pour ne pas avoir des explosions de budget qui provoquent aussi des explosions sociales, sans dévier d'une trajectoire dans laquelle nous devons sortir des énergies fossiles, et donc des mesures de soutien au pouvoir d'achat qui vont jusqu'à la fin de l'année. Je comprends que c'est quelque chose de nécessaire, en revanche ça ne peut pas se faire au détriment de crédits mis sur l'adaptation au changement climatique et ces mesures transitoires qui vont aller en sifflet, qui vont s'arrêter avec la fin de l'année, elles donneront lieu au moment de la présentation du budget à un fonds d'adaptation au changement climatique qui va nous permettre d'accélérer et de réorienter une partie des crédits. Le sujet ce n’est pas d'aider les Français à payer leur plein à moyen terme parce que toutes les conditions sont réunies pour que ça continue d'augmenter et nos finances publiques n'y suffiront pas. et c'est quasiment, si vous voulez faire une taxe carbone à l'envers que d'aller faire une remise à la pompe, il faut accélérer le déploiement des alternatives à la voiture, c'est les sujets des infrastructures et de la décarbonation des transports, c'est les sujets du soutien dans l'électrique, c'est la promesse du président de la République d'un leasing à moins de 100 euros pour des voitures de ce type, c'est une stratégie pour les bornes de recharge, c'est le projet de loi qui sortira sur les énergies à la rentrée. Mais encore une fois plus on opposera les deux, plus on risquera de faire de la transition écologique un champ de bataille dans un pays qui a besoin d'apaisement et qui a besoin d'unité sur ce sujet parce que c'est tous ensemble. On ne peut pas être devant un incendie qu'on constate, qui est celui du réchauffement climatique et se dire moi je n'aurais pas fait comme ça en restant assis dans son sofa ou vous devriez le faire de manière différente. Il ne faut pas une écologie d'invective, il ne faut pas une écologie de slogans, il faut une écologie de solutions et d'actions, c'est la raison pour laquelle je suis là.
BERNARD POIRETTE
Christophe BECHU, une question très pratique qui intéresse beaucoup de gens qui nous écoutent peut-être et qui pratiquent la moto, le Conseil d’État a dit [que] le contrôle technique des motos est l’impératif européen auquel la France doit se plier. Or l'année dernière le président de la République et son ministre de l'époque des Transports donc avaient décidé que finalement le contrôle technique pour ne pas embêter les Français qui étaient noyés sous le Covid, eh bien on verra ça plus tard. On va y avoir droit au contrôle technique des motos et si oui quand et y êtes-vous personnellement en tant que ministre en charge favorable ?
CHRISTOPHE BECHU
Avant le 1er janvier prochain, une alternative à ce contrôle technique mais en respectant cette date du 1er janvier sera proposée. Le décret qui avait été mis en cause et qui avait été suspendu, il a été abrogé et les textes européens ne disent pas qu'on a l'obligation de prévoir un contrôle technique, ils disent qu'on a l'obligation de prévoir un outil de mesure des conséquences environnementales de la circulation des 2 roues et de leur impact. Et il y a deux voies pour le faire, vous pouvez faire un contrôle technique ou vous pouvez imaginer des dispositifs de radars et d’autres choses de ce type. J'ajoute que ce qui a crispé les choses, c'est sans doute qu'il y a eu, sur ce sujet, une décision administrative qui n'a pas été suffisamment partagée et le sentiment qu'on le faisait pour aller prélever une taxe à l'occasion de chaque contrôle technique sur les motards, donc, qu'on soit en mesure de remettre les choses à leur place, d'abord, de réexpliquer le sens : on ne peut pas ne pas avoir des outils de mesure de pollution de tous les véhicules thermiques, quels qu'ils soient. Le ministre de la Transition écologique que je suis le dit et le répète avec force. Pour autant, on a le droit de choisir un système intelligent plutôt qu'un système stupide, on a le droit de choisir un système qui associe les usagers plutôt qu'un système qui donne le sentiment qu’on veut simplement les punir…
BERNARD POIRETTE
Ce sera un système payant... ?
CHRISTOPHE BECHU
Ce sera un système qui nous permettra…
BERNARD POIRETTE
Si on a passé un contrôle pour savoir si on fait du bruit avec une moto, il y a une machine qu’il faut rétribuer.
CHRISTOPHE BECHU
Il y a plusieurs alternatives sur la manière de procéder, et j'aurai l'occasion avec le ministre délégué chargé des Transports, Clément BEAUNE, de revenir sur le sujet…
ERIC DECOUTY
Très vite, Monsieur BECHU, simplement, une question qui n’a rien à voir avec le sujet, il y a eu beaucoup de polémiques avec votre collègue CAYEUX, vous avez pris des positions contre le mariage pour tous, aujourd'hui, vous en êtes où ?
CHRISTOPHE BECHU
C'est, très simple j'ai émis un vote, comme la quasi-totalité de la droite, en 2012 ou en 2013, contre le mariage pour tous, c'est non seulement un texte que j'ai appliqué, mais j'ai, à titre personnel, célébré un certain nombre de mariages, et je le redis, si le vote avait lieu aujourd'hui, je pense que de tous ceux qui ont voté non à l'époque, la quasi-totalité voterait oui aujourd'hui, les mentalités ont évolué, la société a évolué, j'ai évolué.
BERNARD POIRETTE
Merci beaucoup Christophe BECHU, ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, qui donc, en dix ans, a évolué, au moins sur cette question du mariage pour tous. Vous étiez maire d'Angers, à l’époque, je le précise. C’est ça ?
CHRISTOPHE BECHU
Je vous le confirme, et jusqu'à la semaine dernière, j’avais la joie d’avoir cette responsabilité. Merci.
BERNARD POIRETTE
Bonne journée à vous et bon été, Monsieur. Merci beaucoup.
CHRISTOPHE BECHU
Merci Messieurs.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 1er août 2022