Déclaration de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, sur un plan européen d'approvisionnement en gaz, à Bruxelles le 26 juillet 2022.

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Circonstance : Arrivée à la réunion extraordinaire du Conseil des ministres européens chargés de l’énergie

Texte intégral

"Bonjour à tous et à toutes,

Nous sommes réunis aujourd'hui en conseil de l'énergie extraordinaire pour déployer un plan d'approvisionnement en gaz et d'anticipation des risques d'approvisionnement en gaz. Ce plan s'inscrit dans tout le travail qui a été mené par le conseil énergie sous présidence française puisque, sous notre présidence, nous avons pris très vite des mesures pour faire face à la situation de la crise ukrainienne et aux difficultés d'approvisionnement en gaz d'origine russe. Vous le savez, nous avons connecté le système ukrainien à notre propre système électrique. Nous avons également, sous présidence française, avancé sur une coordination des achats de gaz et sur une coordination du remplissage de stock. Nous avons approuvé un texte sur un niveau minimum de stockage stratégique. Et nous avançons sur une plateforme d'achat de gaz qui doit vraiment être mise en œuvre. Je pense notamment à tous les mécanismes qui permettent d'encadrer l'achat de gaz pour les professionnels, notamment sur les couvertures d'appel de marges.

Aujourd'hui, nous passons un cap supplémentaire avec un texte qui va nous permettre de créer cette solidarité européenne qui est absolument essentielle. Ce texte, nous le soutiendrons. C'est un objectif de réduction de 15 % de notre consommation de gaz. Il est parfaitement cohérent avec le plan de sobriété que le Président de la République et la Première ministre ont annoncé sur l'ensemble des secteurs du jeu l'électricité, le gaz et le carburant. Et il sera soutenu par la France.

Ce que nous voulons faire, c'est mettre en place le système le plus résilient possible. Le plus résilient, cela veut dire notamment saturer toutes les interconnexions entre pays qui permettent d'assurer que nos chaînes de production sont protégées. Je rappelle que nos chaînes de production industrielle sont complètement interdépendantes, et que si la chimie tousse en Allemagne, alors c'est toute l'industrie européenne qui peut s'arrêter. Et c'est ça qui est en jeu.

Q - Quel message souhaitez-vous faire passer ?

Mme Agnès Pannier-Runacher : C'est un message d'Europe unie, un message d'Europe solidaire, un message d'Europe qui anticipe et qui s'organise pour ne plus avoir à dépendre du gaz russe.

(…)

Mme Agnès Pannier-Runacher :Tel que le texte est conçu, il est équilibré, c'est-à-dire qu'il prévoit des dérogations pour des pays qui n'ont pas la capacité lorsqu'ils font des économies de gaz à tout de suite reverser ce gaz sur le marché européen. Et je pense qu'il correspond à la réalité. C'est un texte qui incite à accélérer nos stockages stratégiques et je veux dire ici que la France est aujourd'hui à 73 % de remplissage de ses stocks stratégiques là où son objectif au 1er août est de 52 %. Donc nous sommes très en avance. C'est un texte qui tient compte du fait que certaines industries n'utilisent pas le gaz comme énergie, mais comme matière première. C'est un nombre restreint d'industries, mais il faut leur permettre de fonctionner, ce d'autant qu'elles sont positionnées sur des secteurs stratégiques. Je pense aux engrais. Vous imaginez bien, dans cette période, où la question de l'alimentation est clé, nous avons besoin d'engrais. Et c'est un texte qui tient compte aussi des interconnexions. C'est-à-dire que les économies à faire en mode crise doivent être proportionnées aux interconnexions. Il ne sert à rien de déstabiliser certains pays qui n'ont pas la capacité de livrer du gaz à leurs voisins. En revanche, on doit maximiser nos interconnexions. Il y a une incitation pour tous ceux qui maximisent leurs interconnexions et tous ceux qui ont déjà fait des efforts de réduction de leur consommation de gaz.

(…)

Mme Agnès Pannier-Runacher : La Première ministre a lancé un plan de sobriété. Vous savez que j'ai réuni avec Stanislas Guerini l'ensemble des administrations début juillet pour lancer ce plan. Et là, la Première ministre le formalise avec une circulaire en direction de toutes les administrations. Il s'agit de gérer notre électricité et notre consommation de gaz de la manière la plus "secure" possible. C'est-à-dire baisser les températures de chauffage là où nous ne respectons pas le 19° de chauffage dans les bureaux. Faire attention à l'utilisation de la climatisation, faire attention aux déplacements. On peut économiser comme ça beaucoup de Kilowatt de gaz de carburant équivalent et électricité avec ce plan. La Première ministre est très claire sur le fait qu'elle attend que nous montrions l'exemple vis-à-vis de tous les Français. L'État, les administrations, les ministères, c'est des centaines de milliers d'emplois, c'est des millions de mètre carré qui sont chauffés, qui sont occupés, et nous avons une responsabilité dans la réduction de l'empreinte carbone de notre pays, dans la réduction de l'utilisation de l'énergie. C'est bon pour la planète, c'est bon pour notre souveraineté énergétique et c'est aussi une façon de mieux gérer l'argent public".