Interview de Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques à France Info le 26 juillet 2022, sur le budget des JO 2024, la possible arrivée du Tour de France à Nice et le changement climatique.

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Texte intégral

LORRAIN SENECHAL
Bonjour Amélie OUDEA-CASTERA.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Bonjour.

LORRAIN SENECHAL
Dans deux ans, jour pour jour, vont s'ouvrir les Jeux olympiques de Paris 2024, avec une cérémonie d'ouverture qui sera inédite, on n'a jamais vu ça, des bateaux sur l'eau, les délégations vont défiler de cette manière. Ça va ressembler à quoi ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
On a encore un peu de travail sur la finalisation du concept artistique, travail de scénographie, mais on aura à peu près 160 bateaux sur une promenade de six kilomètres, sur la Seine, aller et retour, qui fera une boucle. Du public sur les quais bas, du public sur les quais hauts. Et puis, c'est un travail sur le plan artistique et du récit, qu'est-ce qu'on veut exprimer dans cette cérémonie, que les équipes du COJO de Paris 2024 ont pu bien travailler avec toute une série de parties prenantes, des universitaires, des élus, un certain nombre d'artistes, d'athlètes pour essayer que cette cérémonie, finalement, elle dise ce qu'on a envie de dire sur la France aujourd'hui en 2024.

NEÏLA LATROUS
Madame la Ministre, Le COJO, je précise, c'est le Comité d'organisation des Jeux…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Comité d'organisation Paris 2024 présidé par Tony ESTANGUET.

NEÏLA LATROUS
Et vous dites qu'il y aura du monde sur tous les quais, 600.000 personnes a priori, ce sera…

AMELIE OUDEA-CASTERA
La jauge sera peut-être un petit peu ajustée, on est en train de faire ce travail…

NEÏLA LATROUS
On peut ajuster la jauge ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Sur justement la bonne définition vraiment très précise des rôles et des responsabilités de l'ensemble des forces de sécurité, qu'elles soient municipales, un petit concours de la force armée, les forces de sécurité intérieure, les agents de sécurité privés…

NEÏLA LATROUS
Ajuster pour tenir compte...

AMELIE OUDEA-CASTERA
... Sur la billetterie aussi…

NEÏLA LATROUS
Pour tenir compte du défi sécuritaire, c'est ce que vous nous dites ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, tout à fait, on est aujourd'hui face à cette belle ambition, le président de la République a été très clair avec nous tous hier matin, le sujet n'est pas de niveler vers le bas notre ambition, le sujet, il est... l'enjeu, il est d'élever notre niveau de jeu sur la sécurité et donc d'être extrêmement clair sur les rôles et les responsabilités, d'être clair aussi sur la maîtrise des flux, ça va être très important même si sur les quais hauts, l'idée c'est que ce soit gratuit, on peut avoir une billetterie pour bien organiser les flux et puis sur la sécurisation de l'ensemble de cette cérémonie de bout en bout.

LORRAIN SENECHAL
C'est-à-dire qu'il y aurait uniquement un filtrage pour vérifier ce qu'il y a dans les sacs etc pour l'accès aux quais en hauteur, c'est ça et pas forcément un billet payant.

AMELIE OUDEA-CASTERA
On fera en sorte que ce soit très sécurisé, mais l'idée c'est que sur les quais hauts, ce soit en effet une billetterie gratuite.

LORRAIN SENECHAL
Est-ce que vous vous allez être prêts, 2 ans maintenant le compte-à-rebours a commencé, c'est Emmanuel MACRON lui-même qui parle de compte-à-rebours, le chef de l'Etat, vous êtes sûr que tout sera parfait ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
On est dans les temps de passage, la réunion qu'on a eu hier matin avec l'ensemble de l'équipe gouvernementale sous la houlette du président de la République et de la Première ministre a montré qu'on est dans les temps de passage pour reprendre la métaphore sportive. Maintenant 2 ans, il reste beaucoup de choses à faire, donc en effet pas une minute à perdre.

NEÏLA LATROUS
D'ailleurs le titre en charge des Jeux olympiques a été rajouté à votre ministère.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Jeux olympiques et paralympiques.

NEÏLA LATROUS
Et paralympiques, vous avez raison de le préciser et vous êtes aussi ministre de plein exercice, ça fait deux différence avec votre prédécesseur, c'est vous qui avait réclamé ce périmètre aussi ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non moi je n'ai rien réclamé, il m'a été proposé et je pense que ça a beaucoup de sens dans la France des Jeux olympiques et paralympiques d'avoir un ministère dont on veut qu'il puisse porter une place plus centrale pour le sport français pour impacter positivement la jeunesse, l'inclusion, la santé, le bien-être de nos concitoyens.

LORRAIN SENECHAL
Là l'enjeu principal en ce moment évidemment c'est l'inflation, l'explosion des coûts qui risque de faire monter l'enveloppe, pour l'instant elle est budgétée en tout à 8 milliards d'euros, ça comprend à la fois le budget du comité d'organisation et celui des travaux du chantier qui là est financé surtout par le privé. Vous allez tenir ce budget, ça ne risque pas de…

AMELIE OUDEA-CASTERA
En fait les deux poches sont très, très majoritairement financées par du privé, les deux poches. On a en effet le budget du comité d'organisation qui est de 4 milliards d'euros et sur ces 4 milliards d'euros, 98 % sont des fonds privés. Et puis, il y a en effet après le budget de la Solideo qui construit les ouvrages olympiques qui a un budget global de 4,3 milliards d'euros, mais sur ce 4,3 milliards d'euros il y a un petit peu moins de 1,1 milliard d'euros qui est financé par l'Etat et un petit peu plus de 1,5 milliard par l'ensemble des collectivités publiques, dont la ville de Paris, la région Ile-de-France notamment.

LORRAIN SENECHAL
Est-ce que vous avez totalement bouclé le budget privé ou est-ce que vous cherchez encore des sponsors ? Je crois que c'est le cas notamment pour le comité d'organisation.

AMELIE OUDEA-CASTERA
On cherche encore des sponsors, aujourd'hui on est à peu près à 70 % des recettes de partenariats nationaux, on veut à peu près porter à 1,1 milliard. Les Anglais à la même date, à 2 ans des Jeux étaient également à 70 %, on a l'objectif d'être à peu près à 80 % en fin de cette année 2022. et puis derrière il faut qu'on aille chercher les 20 % restants en convainquant les entreprises françaises de s'engager derrière les jeux, à la fois par patriotisme comme l'ont fait les entreprises japonaises qui ont été vraiment remarquables puisqu'il y a 3 milliards d'euros qui ont été collectés de ces recettes de partenariat pour les Jeux de Tokyo, mais aussi parce que c'est une opportunité extraordinaire de visibilité et surtout d'activation des enjeux RSE, ça va être des jeux inclusifs, des jeux ouverts, des dimensions à responsabilité…

LORRAIN SENECHAL
Enjeux environnementaux.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Voilà sociales, environnementales et c'est l'occasion vraiment pour des marques de s'associer aux jeux pour véhiculer un certain nombre de messages, d'inclusion sur la parité puisque la parité sera également à l'honneur pour ces Jeux. Et puis plus largement de contribuer à rendre la place du sport plus centrale dans nos vies, dans notre quotidien à un moment où on doit lutter contre la sédentarité, la prégnance des écrans notamment.

NEÏLA LATROUS
Madame la Ministre, ça c'est pour le volet recettes, sur le volet dépenses, je reviens la question de Lorrain SENECHAL, il y a cette inflation qui a priori va peser, il y a un rapport d'audit qui doit vous être rendu je crois à l'automne, un comité d'audit qui a été missionné par l'exécutif et qui doit expliquer en gros quel est le risque de, peut-être pas de dérapage, le risque budgétaire, on va dire ça comme ça. Il y aura des choix à faire, soit accorder une rallonge en termes de dépenses, soit trouver des économies, est-ce qu'il y a une des 2 options qui a vos faveurs ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors en effet le budget du comité d'organisation, il a été basé sur une hypothèse d'inflation à 1,4 %, quand aujourd'hui on est plutôt proche de 5,8-6, il y a évidemment un ajustement face à cette sur-inflation qu'il faut arriver à compenser. Donc pour ça on travaille sur un certain nombre d'hypothèses, la dimension recettes est très importante, mais il y a aussi des dépenses que nous pouvons optimiser.

NEÏLA LATROUS
Lesquelles par exemple ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Au niveau de la qualité de service du niveau des prestations, on a pu hier, il y avait la présence de Thomas BACH, qui a pu rencontrer le président de la République.

LORRAIN SENECHAL
C'est le président du CIO.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Président du CIO absolument avec lequel on a eu un temps d'échange et on a pu commencer à évoquer un certain nombre d'éléments du cahier des charges, parfois aussi des délais d'installation des équipes par exemple de production audiovisuelle, peut-être qu'on peut les raccourcir un petit peu de façon à avoir moins à indemniser les exploitants des sites actuels.

NEÏLA LATROUS
Elles doivent disposer juste des installations huit semaines avant donc quand il y a des concerts par exemple il faut compenser.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Exactement.

NEÏLA LATROUS
Vous vous dites, on peut peut-être passer à 6 semaines, 5 semaines, ça peut se jouer là-dessus.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Trouver ces modalités là mais après il faut être lucide sur le fait que le cahier des charges lui-même parfois devra être un petit peu contracté, un petit peu révisé à la baisse, à nous de faire les bons choix pour que l'expérience spectateur soit la moins infectée possible…

NEÏLA LATROUS
Et le comité olympique vous dit d'accord à ce stade…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Il est conscient qu'en responsabilité, on a besoin pour l'acceptabilité sociale de ces jeux, pour le pari de jeux, on va dire avec un concept plus sobre et plus compact, qu'on a besoin de trouver ces zones d'économies. Donc il n'y a pas de tabou, on regarde l'ensemble des choses, on regarde aussi comment on peut par exemple mieux mutualiser les forces de sécurité à l'intérieur de chacun des sites, peut-être voilà être créatif sur un certain nombre de dimension. Le président de la République l'a dit pas d'impôt JO et les Jeux doivent financer les jeux, donc à nous avec Tony ESTANGUET et l'ensemble des parties prenantes de bien trouver les solutions. Mais le point important, c'est de se dire que c'est un équilibre entre dépenses et recettes.

LORRAIN SENECHAL
Amélie OUDEA-CASTERA, ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques invitée de France-Info.

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LORRAIN SENECHAL
Amélie OUDEA-CASTERA, ministre des Sports, en charge aussi des Jeux Olympiques et Paralympiques. Vous parliez tout à l'heure de la sécurité, c'est aussi ce qui coûte cher, et c'est aussi là où il ne faut pas se rater, surtout après le fiasco du Stade de France. Est-ce que les leçons ont été tirées de cet échec ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Les leçons ont été tirées, absolument, jusqu'au bout, on a été éclairés par le rapport du délégué interministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques, les travaux du Sénat aussi nous ont bien alimentés, il y a une mobilisation qui est aujourd'hui exceptionnelle du ministre de l'Intérieur sur ces sujets. On a une gouvernance qui est en train de bien se clarifier, se solidifier, se renforcer…

NEÏLA LATROUS
Qu'est-ce qu'on fera de différent sur les Jeux qu'on a raté au niveau du Stade de France, en quoi ça sera différent ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense d'abord dans le calibrage, la planification opérationnelle des forces de sécurité…

NEÏLA LATROUS
Il y aura plus de monde.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Hier matin on a pu bien annoncer qu'on aurait entre, selon les jours et les épreuves, entre 7 et 11.000 forces de sécurité intérieure, policiers et gendarmes mobilisés autour des Jeux, autour des différents sites. On a une analyse des risques aujourd'hui qui est bien poussée, on a fait tout un travail aussi avec la filière de sécurité privée pour bien identifier les plans d'action qui nous permettront d'être au rendez-vous, parce qu'on aura besoin en moyenne d'à peu près 17, 18.000 agents de sécurité privée, parfois un peu plus de 22.000 aux pics, donc ça suppose de bien anticiper les enjeux parce que c'est une filière qui est aujourd'hui en tension. Une identification aussi des risques particuliers, que ce soit le risque terroriste, le risque cyber, il y a eu plus de 4 milliards d'attaques cyber pendant les Jeux de Tokyo, donc c'est clairement, a fortiori dans le contexte géopolitique qu'on connaît, un point d'attention, de grande vigilance, sur lequel on aura besoin de l'ensemble des services de l'Etat et de l'expertise de l'agence dédiée qui s'appelle l'ANSSI. On a également le besoin de bien reparamétrer la carte des événements sportifs et culturels pour être sûr qu'on n'ait pas de dispersion de nos forces de sécurité, qu'elles soient bien rivées et que toute leur énergie puisse bien être consacrée aux Jeux Olympiques et Paralympiques, en plus des défis de sécurité du quotidien auxquels elles auront à faire face, que ce soit… ou de la délinquance.

NEÏLA LATROUS
C'est-à-dire moins de villes, moins de sites, faire en sorte que par exemple dans le calendrier il y ait plus de compétitions qui se jouent au même endroit pour avoir toutes les forces de sécurité sur une localisation particulière ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui. Je vais prendre un exemple, que le président de la République a mentionné hier, l'arrivée du Tour de France sera un petit peu anticipée, elle ne se fera probablement pas à Paris, plutôt à Nice, et donc l'idée qu'on puisse probablement bien réagencer les éléments, qui peuvent l'être, du calendrier, pour que nos forces de sécurité soient à la fois totalement disponibles pour leurs défis du quotidien, et on le sait aujourd'hui ils sont nombreux, et disponibles pour les Jeux Olympiques à Paris.

NEÏLA LATROUS
Et sur les billets, c'était le grand enjeu aussi de la finale de la Ligue des champions, comment est-ce que vous sécurisez les billets, la billetterie des Jeux Olympiques ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors la billetterie 100 % électronique, vous avez vu les éléments de grille tarifaire qui ont commencé à être énoncés, une billetterie qui va être la plus accessible possible puisqu'on aura 50 % des billets à moins de 50 euros pour les Jeux Olympiques et 50 % à moins de 25 euros sur les Jeux Paralympiques, et puis un prix d'entrée à 24 euros pour les Jeux Olympiques et 15 euros pour les billets Paralympiques.

LORRAIN SENECHAL
Et qu'on voit bien les ordres de grandeur, c'est 1 million de billets à 24 euros, c'est bien ça ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument, exactement.

NEÏLA LATROUS
Pour toutes les compétitions, c'est-à-dire qu'il y aura des billets à 24 euros, y compris pour les phases finales sur certaines… ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors, la grille tarifaire détaillée par session elle est encore à bâtir.

LORRAIN SENECHAL
Mais ça peut monter jusqu'à 950 euros pour les grandes finales, ça c'est vraiment les billets VIP.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Voilà, ça c'est pour les grands éléments, et puis dans le cadre de packages d'hospitalité, comme on appelle, qui sont achetés par des entreprises qui sont là aussi pour recevoir leurs clients autour de ces grands événements sportifs.

NEÏLA LATROUS
Vous évoquiez les Jeux Paralympiques, qui auront aussi donc lieu à Paris dans la foulée des Jeux Olympiques, on sait que l'accessibilité n'est pas, on peut le dire, le point fort des transports publics dans l'Hexagone, comment est-ce que vous y remédiez, est-ce que vous avez un plan pour, en 24 mois, rattraper le retard d'accessibilité dans les transports ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors, on est très attentif à ces sujets d'accessibilité, il y a des choses qu'on ne pourra pas faire, on ne pourra pas complètement remettre aux meilleures normes d'accessibilité l'ensemble du métro parisien, ça non, en revanche travailler sur, de bout en bout, l'ensemble des parcours qui permettront aux personnes en situation de handicap d'arriver dans de bonnes conditions, y compris par des taxis, les VTC, qui soient accessibles, y compris à travers des travaux sur la chaussée qui nous permettent, depuis les gares jusqu'aux stades, jusqu'aux sites de compétitions, d'avoir des parcours qui soient tout à fait digne du confort qu'on doit à nos personnes en situation de handicap.

LORRAIN SENECHAL
Il y a aussi un objectif qui est dans l'air du temps de toute façon, en termes de sobriété énergétique. Tony ESTANGUET, le président du comité d'organisation, annonçait sur France Info, vouloir réduire de moitié le bilan carbone des Jeux par rapport aux éditions passées, ça, ça peut se faire comment ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors en effet, c'est vrai que c'est aussi des Jeux qui se veulent très responsables sur le plan de cette transition écologique…

LORRAIN SENECHAL
Mais est-ce que vous regardez par exemple les heures…

AMELIE OUDEA-CASTERA
L'empreinte carbone, 1,5 million de tonnes de CO2, versus 3 millions pour les Jeux de Londres par exemple, donc il y a bien cet objectif de réduction de moitié, et en plus…

LORRAIN SENECHAL
Est-ce qu'il faut modifier les heures à laquelle vont se jouer les matches pour que ça soit, pas trop tard ou pas trop tôt, en fonction des températures par exemple, pour éviter d'avoir trop de clim ou… ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors là vous touchez du doigt un autre point important qui est quelque chose que, avec mon collègue Christophe BECHU, nous allons lancer, qui est un plan d'adaptation…

LORRAIN SENECHAL
C'est le ministre de la Transition écologique.

AMELIE OUDEA-CASTERA
De la pratique sportive au changement climatique.

LORRAIN SENECHAL
Donc au-delà des Jeux.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Voilà, au-delà des Jeux…

NEÏLA LATROUS
Vous préparez un plan…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Pour l'ensemble du sport, on a cette volonté, quand on voit les épisodes de canicule qu'on a connus, d'avoir, avec l'aide de scientifiques, d'universitaires, un bon travail pour qu'il y ait, dans une logique de sécurité des pratiquants, voilà, un bon plan qui soit un plan d'adaptation de la pratique sportive au changement climatique…

LORRAIN SENECHAL
Ça veut dire par exemple en période de canicule on arrête les matches de foot à 14h.

AMELIE OUDEA-CASTERA
On va se dire, voilà, est-ce que, par 42 degrés, est-ce qu'on peut faire un marathon entre 14h et 16h, voilà, répondre à des questions très pratiques, avec une doctrine qui puisse être bien harmonisée à l'échelle du territoire, et ce qui n'empêchera pas quelques modulations sous l'autorité, le jugement des préfets, qui aujourd'hui sont déjà très engagés sur ces questions.

LORRAIN SENECHAL
Et ça pourrait avoir un impact sur les matches de Ligue 1 par exemple, qu'on ne joue pas à 17h un match du Paris-Saint-Germain quand il fait 40 degrés ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Le but c'est que ça puisse ouvrir la voie sur l'ensemble des disciplines sportives et puis qu'on arrive à tenir compte de ces nouveaux contextes dans cette logique de sécurisation des pratiquants, c'est vraiment ça qui est important, que ce soit d'ailleurs pour le sport amateur, comme pour le sport professionnel.

LORRAIN SENECHAL
Mais il n'y aura pas de logique coercitive, je veux dire, vous ne forceriez pas le PSG à… ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, ce plan il s'ouvre, on va le concevoir avec un ensemble de parties prenantes, pour être prêt d'ici la fin de l'année. Ce qui est important, pour revenir sur l'engagement des Jeux, c'est de souligner que, en complément de cet engagement d'éco-responsabilité, de diviser par deux l'empreinte carbone, il y a un plan d'investissement de 15 millions d'euros, qui a été décidé il y a plusieurs mois par le comité d'organisation, pour financer des projets de biodiversité, ou autour du label Bas Carbone en France, pour vraiment compenser les émissions qui sont faites. Et puis je voudrais souligner aussi l'action qui est honnêtement remarquable de la SOLIDEO, qui construit les ouvrages olympiques, qui par le choix de ses matériaux, de ses techniques de construction, la végétalisation, les mécaniques de ventilation naturelle, l'inertie thermique des bâtiments, fait un travail incroyable, et est même en avance sur les exigences de la stratégie bas carbone 2030.

LORRAIN SENECHAL
Amélie OUDEA-CASTERA, ministre des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques, invitée de France Info. Le Fil info.

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NEÏLA LATROUS
Toujours avec la ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques. Amélie OUDEA-CASTERA, vous évoquiez la canicule il y a quelques instants et les risques sur la santé des sportifs. Avant cela, il y a un plan de sobriété qui va être mis en application, qui être présenté dès cet automne ; est-ce qu'il aura un volet sportif ? Par exemple est-ce qu'il faut s'attendre à ce que dès cet hiver les compétitions n'aient plus lieu la nuit pour économiser en éclairage ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors, ça fait tout à fait partie des options ouvertes, comme je vous l'ai dit, avec Christophe BECHU, nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes sur cette dimension, et le support…

NEÏLA LATROUS
Mais ça peut être dès cet hiver.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ça peut être dès cet hiver, que le sport soit au coeur de cette volonté d'accompagner la transition écologique.

NEÏLA LATROUS
Comment est-ce que vous conciliez les deux, alors qu'il y a de gros enjeux, par exemple je prends le sport automobile, vous êtes en ce moment sollicitée par notamment la région Provence-Alpes-Côte d'Azur qui veut conserver un Grand Prix de France, puisque la licence arrive à échéance l'année prochaine, est-ce que la France peut garder un Grand Prix de France, une course automobile, au moment où de l'autre côté des efforts sont demandés en termes de consommation de carburant, en termes de sobriété énergétique, en termes de transition écologique ? C'est un des dossiers qui est sur votre bureau je crois.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, mais moi ce que je voudrais souligner quand, enfin, c'est les sports mécaniques sont eux-mêmes au rendez-vous de la transition écologique. Quand on regarde par exemple ce qui s'est passé aux 24 Heures du Mans, la démarche dans laquelle ils s'inscrivent sur l'hydrogène, avec leurs partenaires, cette volonté d'aller vers ces véhicules propres, elle est au coeur de l'ambition de cette fédération et de cette discipline.

NEÏLA LATROUS
Donc, aux écologistes qui par exemple s'offusquent de tenue de Grand Prix en France, vous dites : il n'y a pas de contradiction entre le sport mécanique et la transition écologique.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense même que l'un peut aider l'autre.

LORRAIN SENECHAL
Les Girondins de Bordeaux, qui est un monument du foot français, Amélie OUDEA-CASTERA, sont en train d'engranger quelques victoires dans leurs matchs, pour le maintien administratif en tout cas en Ligue 2, et notamment un avis favorable du Comité national olympique hier, maintenant la balle est dans le camp de la Fédération française de football qui décidera demain. Qu'est-ce que vous, vous attendez ? Les Girondins de Bordeaux étant, je le disais, un monument du foot français, est-ce que ce n'est pas souhaitable qu'il reste en Ligue 2 ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, il faut que la procédure aille jusqu'au bout, il y a en effet cette étape positive qui a été passée, d'abord au tribunal de commerce de Bordeaux, puis devant la Commission des conciliateurs hier, vendredi pardon. On a maintenant du travail qui est mené au niveau de la FFF et dans lequel je n'interviens absolument pas.

NEÏLA LATROUS
La Fédération française de football qui doit s'exprimer demain.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Demain matin, et puis après, voilà, il y a encore une ultime étape si jamais les choses ne devaient pas aller dans un sens favorable aux Girondins de Bordeaux, ils ont toujours la faculté de saisir le tribunal administratif. Pour moi ce qui est important, tout en étant évidemment très attentive à ce dossier, puisque vous l'avez dit, c'est un monument du sport français, c'est aussi comment dire, un club qui est extraordinairement important pour la vie de ce territoire, pour son rayonnement, une dimension de sport féminin qui est importante…

LORRAIN SENECHAL
C'est aussi symptomatique peut-être du financement du football en France, ces montages financiers qui sont faits parfois un peu en dépit du bon sens, parfois à la va-vite et qui ont du mal ensuite à passer entre les fourches caudines du…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Cette dimension de long terme elle est capitale. Elle est capitale. La soutenabilité des plans de financement à long terme, et le fait que quand on est un investisseur, un fonds, de s'inscrire dans ce long terme, est en effet indispensable. Voilà. Donc moi je ne veux pas m'immiscer dans ce dossier, pour l'instant il suit un cours qui est bien normé, et puis on regardera ce qui se passe après, mais avec cette volonté en effet d'être vraiment dans une solidification des financements à long terme pour le foot français.

LORRAIN SENECHAL
Est-ce qu'il faut justement des nouvelles règles, vérifier, éviter que des fonds parfois un peu prédateurs, s'attaquent au football français ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que ce n'est pas le cas aujourd'hui. On est aujourd'hui justement dans une logique avec l'intervention du fonds d'investissement CVC, qui est venu dans le cadre de la Ligue de foot professionnelle, sur des investisseurs justement de plus long terme, et qui inscrivent tout ça dans une perspective qui est celle de plusieurs années. C'est très important, et moi c'est ma responsabilité en tant que ministre des Sports, de vérifier, de m'assurer que cette dimension de long terme est bien prise en compte. Solidité.

NEÏLA LATROUS
C'est ce que vous faites sur un autre dossier, enfin qui n'est pas le dossier de du football mais du volley-ball, avec les responsables qui avaient trouvé une solution, c'était d'intégrer le la sélection chinoise au championnat français, les Chinois qui eux disaient que ça leur permettait de se préparer pour les Jeux olympiques de 2024. Que répondez-vous ? Est-ce que vous en tant que tutelle de ce ministère, de ce sport, vous dites : les Chinois peuvent participer au championnat de France de volley, ou est-ce que vous dites « il n'en est pas question » ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Moi, ce que je trouve intéressant, c'est d'abord pour une fédération sportive et une ligue professionnelle, de s'ouvrir à l'international, d'avoir la volonté de renforcer leur autonomie en développant des partenariats avec des acteurs à l'étranger. Je trouve que c'est une démarque qui est saine…

LORRAIN SENECHAL
Mais là on n'a quand même jamais vu ça, c'est l'équipe nationale de Chine qui paierait pour jouer dans le Championnat de France de volley…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Et je trouve que réciproquement ça en dit long sur la motivation des Chinois à bien performer aux jeux de Paris 2024. C'est aussi un enseignement qui…

LORRAIN SENECHAL
C'est quand même très particulier.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Maintenant, moi, ce que j'ai expliqué au président de la Ligue de volley, Yves BOUGET, c'est que ça me gêne d'être justement dans un partenariat qui est très court-termiste, sur 1 ou 2 ans, juste pour les jeux comme ça, et uniquement centré sur le championnat masculin, alors qu'on sait que les Chinois ne vont pas nous apporter grand-chose sur la dimension masculine des épreuves, moi je lui ai dit : inscrivons-nous dans une réflexion de long terme, prenons en compte aussi les enjeux pour le volley féminin, où là les Chinoises ont clairement beaucoup de choses à nous apporter, elles sont très fortes dans cette discipline, pour les jeunes, pour la formation, avec un partenariat global et de long terme.

NEÏLA LATROUS
Justement, pour le sport féminin, une petite, un petit exploit de l'équipe féminine de football qui se qualifie en demi-finale, c'est une première à l'Euro de foot qui se joue en ce moment, l'Euro de foot féminin. Vous avez je crois en Angleterre demain. Je précise d'ailleurs que…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Tout à fait, je les rejoins demain soir.

NEÏLA LATROUS
… que le match sera intégralement diffusé sur France Info demain soir. A quand une vraie Ligue professionnelle de football féminin en France ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ah… Bon, d'abord on va essayer de remporter cette demi-finale contre l'Allemagne. Petit air de revanche, petit clin d'oeil à Séville 82 bien sûr. Voilà, les joueuses de Corinne DIACRE, elles sont là, je pense qu'elles ont franchi un seuil fatidique avec les quarts, il faut qu'elles continuent sur leur lancée, donc c'est d'abord ça la 1ère étape. Après, je sais la volonté de Noël LE GRAËT de porter cette équipe féminine. Moi j'avais pu m'entretenir avec elles à Clairefontaine, aller les voir avant leur départ en Angleterre, et on voit cette volonté de la Fédération, d'investir et vraiment de donner les moyens à cette équipe de réussir. Corinne DIACRE avait insisté là-dessus.

LORRAIN SENECHAL
Et le Tour de France féminin qui se tourne en ce moment…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Formidable.

LORRAIN SENECHAL
C'est déjà un succès pour vous. Populaire, le fait qu'il puisse se tenir, sur une semaine ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je trouve ça formidable. Moi j'ai été très émue d'être au départ dimanche de ce tour au pied de la Tour Eiffel, cette belle première étape qui les a menées, les coureuses, jusque jusqu'aux Champs-Elysées, c'était symboliquement hyper fort. L'idée que là il y ait toute cette semaine, qui va les emmener jusque jusqu'en haut de la Planche des Belles Filles dans les Vosges. Au global, 8 étapes magnifiques, enfin, je trouve que là on est en train de franchir un cap sur le sport pro féminin, qui est vraiment intéressant et qui récompense des efforts de plusieurs années.

LORRAIN SENECHAL
Merci beaucoup Amélie OUDEA-CASTERA, ministre des Sports en charge également des Jeux olympiques et paralympiques, invitée du 8 :30 de France Info ce matin.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 juillet 2022