Texte intégral
LOÏC SIGNOR
Bonjour Gérald DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Bonjour.
LOÏC SIGNOR
Merci d'avoir accepté l'invitation de CNews, de nombreuses questions à vous poser, mais avant peut-être de rentrer dans le vif du sujet, et ce grand débat que vous annoncez sur l'immigration à la rentrée, un mot sur votre action depuis le début de ce second quinquennat d'Emmanuel MACRON, ça fait un tout petit peu plus de 200 jours. Vous êtes numéro 3 du Gouvernement, vous êtes omniprésent dans les médias, sur le terrain, est-ce que, face à l'arrivée de 89 députés Rassemblement national à l'Assemblée nationale, Emmanuel MACRON vous a demandé de muscler votre discours Monsieur le ministre ?
GERALD DARMANIN
Non, non, je fais mon travail de ministre de l'Intérieur qui est en contact avec le réel. Vous savez, je suis élu d'un territoire, à Tourcoing, qui connaît les difficultés des classes populaires et moyennes, qui a souvent voté Front national, et je vois bien que le pays, et l'opinion publique, c'est bien normal, a besoin de plus de fermeté, sur les questions de sécurité, sur les questions parfois d'immigration aussi, et un grand soutien de nos forces de l'ordre. Donc, depuis que je suis renommé ministre de l'Intérieur j'ai la chance de pouvoir porter deux grands textes, une modernisation très importante de ministère de l'Intérieur, 15 milliards d'euros, voulue par le président de la République pendant sa campagne, et puis il m'a demandé de travailler également effectivement sur l'immigration, c'est pour ça que je suis là ce matin aussi.
LOÏC SIGNOR
Et on va rentrer justement dans les détails de ce texte. Ça devait être une loi, vous l'aviez annoncé, à la rentrée, ce sera d'abord un débat, une grande concertation, une grande consultation, est-ce que vous avez parlé trop vite Monsieur le Ministre ou est-ce que vous avez été désavoué par le président de la République sur ce texte ?
GERALD DARMANIN
Non, c'est une loi que nous avons écrite, elle fait aujourd'hui 15 articles, j'en ai d'ailleurs dévoilé la quasi intégralité ce matin dans le journal "Le Figaro", mais je suis tout à fait prêt à répondre évidemment à toutes vos questions, et c'est des moments très importants. D'abord il y a eu un décalage de septembre à octobre de la rentrée parlementaire, nous l'avons subi, si j'ose dire, comme tout le monde, et puis on a considéré, et je pense que c'est quelque chose de normal, que devant de telles propositions, qui je crois viennent révolutionner notre façon d'imaginer l'intégration des étrangers, mais aussi l'expulsion de ceux que nous ne voulons pas notre sol, il y avait un minimum de concertation à faire. Il ne vous aura pas échappé qu'entre temps il n'y a pas de majorité absolue pour la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale, et moi je souhaite que nous ayons un deal, en tout cas un accord, avec le Sénat, notamment avec les LR du Sénat puisque…
LOÏC SIGNOR
Justement, vous avez certainement vu la réaction de Bruno RETAILLEAU, le chef de file des sénateurs les Républicains, qui attendait en premier lecture au Sénat ce texte, qui fait part de sa déception, "les priorités ont changé, que de la com." dit Bruno RETAILLEAU.
GERALD DARMANIN
Non, j'ai échangé hier avec Monsieur RETAILLEAU, Monsieur RETAILLEAU fait de la politique, et c'est bien normal, il pousse ses propositions et c'est bien logique. Nous aurons l'occasion d'adopter un grand texte sur l'immigration, ce qui n'empêchera pas évidemment le ministère de l'Intérieur et ses agents, dès maintenant, avec les armes que lui donne déjà le droit, de pouvoir appliquer les choses avec, je crois, encore plus de fermeté. On n'a pas eu la main qui a tremblé pendant ces deux ans, d'ailleurs dans le débat présidentiel les questions d'immigration et de sécurité n'ont pas été en premier, chacun l'a constaté, et on a expulsé 3000 délinquants étrangers. On parle de l'imam IQUIOUSSEN, mais j'ai expulsé sept imams radicalisés, j'ai fait fermer 23 lieux de culte qu'on a qualifiés de séparatistes, nous avons fait adopter la loi séparatisme qui nous permet de faire condamner le maire de Grenoble lorsqu'il fait des provocations communautaires inacceptables, donc ce débat, aujourd'hui il est plus médiatique, mais ça fait deux ans, qu'à la demande du président de la République, et à l'époque du Premier ministre Jean CASTEX, avec beaucoup de fermeté je demande aux policiers, aux gendarmes, aux agents de l'État, de pouvoir, et c'est bien normal, répondre de la dureté de notre loi et de notre pays face à ceux qui veulent atteindre la République.
LOÏC SIGNOR
Mais si vous voulez renforcer justement la surveillance de ces délinquants étrangers, si vous voulez raccourcir les délais, accélérer l'éloignement, criminaliser les passeurs, c'est qu'il y a un problème, c'est que la machine est grippée, 10 % seulement des OQTF appliquées en France, 50 % des OQT en Allemagne, est-ce qu'il y a un problème dans notre machine à expulsions, est-ce qu'elle est grippée Gérald DARMANIN ?
GERALD DARMANIN
D'abord sur un sujet aussi compliqué, tout en avouant qu'il y a plein de choses à améliorer, on doit dire les choses du débat telles qu'elles sont dans le réel. En Allemagne on met l'arrêté d'expulsion au moment où l'étranger est dans l'avion, nous, en France, on le fait au début de la procédure, alors évidemment les chiffres sont meilleurs quand vous mettez les gens dans l'avion, vous leur dites "tenez, voici le document qui vous permet de montrer que vous êtes expulsé", alors que nous c'est sur le sol national dès que nous trouvons cet étrange en situation irrégulière. Deuxième chose, 10 % c'est le chiffre pendant le Covid, ça s'est largement amélioré, on a augmenté de 50 % les chiffres, notamment vers le Maghreb et l'Afrique, ça ne veut pas dire que tout est bien fait, bien au contraire, mais pendant le Covid il n'y avait pas d'espace aérien et il fallait faire de tests PCR pour expulser les personnes, fort heureusement cette situation se termine. Ce qui est sûr c'est que nous devons améliorer notre processus administratif. Quel est le problème ? Quand vous êtes à un étranger qui arrive sur le sol national et que vous demandez l'asile, aujourd'hui il y a 140.000 demandes d'asile par an - la France n'est pas un pays particulièrement ouvert et laxiste puisque nous n'accordons que 30.000 demandes d'asile sur les 140.000 demandes, mais ce qui est sûr c'est que…
LOÏC SIGNOR
60 % des demandeurs d'asile sont déboutés.
GERALD DARMANIN
Quasiment 70 %…
LOÏC SIGNOR
Le problème c'est qu'ils restent ensuite sur le territoire.
GERALD DARMANIN
Non, mais le problème c'est que nous mettons trop de temps entre le moment où la personne demande l'asile et le moment où on lui dit non, et même pour la personne à qui on dit oui ce temps est pareil, et c'est très difficile, imaginez que vous êtes pourchassé pour des raisons politiques, ou sexuelles, d'un pays, vous arrivez avec votre famille, vous devez attendre parfois un an et demi, deux ans, trois ans, avant d'avoir un accord du pays qui vous accueille.
LOÏC SIGNOR
Donc il faut raccourcir les délais.
GERALD DARMANIN
Il faut raccourcir les délais. Nous, on a déjà raccourci les délais des 6 mois, mais on met encore beaucoup trop de temps pour traiter ces demandes, et puis deuxièmement il faut que la justice administrative, puisqu'il y a des recours, aille également beaucoup plus vite, c'est pour ça qu'on fait deux propositions extrêmement fortes, en lien directement avec ce que proposent d'ailleurs les LR du Sénat, que le refus d'asile vaut expulsion du territoire, aujourd'hui il y a deux documents, avec deux types de recours, nous nous proposons qu'il y ait qu'une seule démarche avec un seul type de recours, on gagne deux fois plus de temps, et on propose que la CNDA, qui est le jugement qui permet de voir si l'étranger a ou on n'a pas le droit à l'asile quand l'État lui dit non, il y a un seul juge, un juge unique, aujourd'hui il y en a trois, et permet, et c'est un peu technique, mais plein de simplification de procédure, il y a jusqu'à sept recours en France pour un étranger, et donc nous proposons une simplification drastique de ces délais. Nous avons une fermeté extrêmement comparable avec les pays les plus durs, si j'ose dire, de l'Union européenne, en même temps nous sommes très attachés à l'asile constitutionnel, les femmes Yézidies qui sont pourchassées doivent continuer évidemment à avoir l'asile, les homosexuels qui sont condamnés dans leur pays doivent pouvoir avoir l'asile en France, ceux qui s'opposent au régime des taliban doivent pouvoir avoir l'asile en France, mais l'asile ne peut pas être le détournement d'une filière d'immigration pour aller vers l'immigration illégale, et donc on doit raccourcir beaucoup ces délais.
LOÏC SIGNOR
Vous faites dans "Le Figaro" ce matin, pour la première fois je crois en tant que ministre de l'Intérieur, un lien entre immigration et délinquance, "ce serait nier le réel de ne pas le faire" vous dites ce matin Monsieur le ministre. Est-ce qu'Eric DUPOND-MORETTI, le ministre de la Justice, serait d'accord avec cette affirmation selon vous ?
GERALD DARMANIN
Mais ce n'est pas la première fois que je fais ce lien. Vous savez, ça fait 15 ans que je suis élu à Tourcoing…
LOÏC SIGNOR
En tant que ministre de l'Intérieur.
GERALD DARMANIN
Non mais, ça fait 15 ans que je suis élu à Tourcoing, moi, quand j'ai commencé à me présenter aux élections municipales à Tourcoing, aux élections législatives, le Front national faisait 35 % des voix, la dernière fois que je me suis présenté aux élections municipales, il a fait 8 % des voix. Le peuple de gauche, populaire, qui a voté Front national parce que la gauche l'avait trahi, je le connais bien, il vote désormais pour moi, et il le fait parce que je crois qu'il voit que je suis sincère, je ne suis pas dans l'extrême naïveté de la gauche, ou d'une certaine gauche, et je ne suis pas non plus en train de dire que tout vient, comme problèmes, des étrangers, ce que pense l'extrême droite, donc je suis quelqu'un de pragmatique. Je constate, mais comme tout le monde, qu'il y a 7 % d'étrangers en France et ils représentent 17 % de la délinquance, bon, il y a une surreprésentation de la délinquance des étrangers. Il y a des explications sociologiques à ça, souvent les étrangers qui viennent sur notre sol sont plus pauvres que la moyenne des personnes qui sont déjà sur notre sol, et que cette pauvreté fait parfois naître de la rapine et de la violence, parfois cette immigration est trop masculine, parce qu'on voit bien que la difficulté c'est beaucoup d'hommes seuls qui viennent sur notre territoire, parfois les passeurs organisent de vrais réseaux de criminalité, et puis parfois il y a effectivement des gens qui sont déjà dans la violence, parce qu'ils viennent de théâtres d'opération violents, et qui exportent cette violence sur notre sol, mais 17 % de la délinquance c'est beaucoup et il faut absolument la combattre, ce n'est pas 100 % - quand j'entends… hier je vous ai regardé à la télévision, le représentant du Front national, il disait "la délinquance ce sont les étrangers", c'est 17 % de la délinquance. Donc je crois qu'il faut absolument être dans le réel et ne pas mentir aux Français. Donc nous devons lutter très fortement contre la délinquance, en général, et lorsque ce délinquant est un étranger il ne doit pas rester sur notre sol, je pense que c'est le bon sens populaire le plus complet, et donc je me battrai pour obtenir du Parlement les armes qui permettent de dire aux Français, non seulement on lutte contre la délinquance, ça c'est l'objet du texte qu'on présentera au mois d'octobre pour aider nos policiers, et pour les délinquants étrangers nous souhaitons obtenir un maximum de garanties législatives pour pouvoir les expulser, on le fait déjà, 3000 depuis deux ans, depuis deux ans, mais vous savez bien qu'il y a quelques réserves de lois qui nous empêchent de le faire complètement.
LOÏC SIGNOR
Et je remarque, Gérald DARMANIN, que vous n'avez pas répondu à ma question…
GERALD DARMANIN
Mais vous inviterez Éric DUPOND-MORETTI…
LOÏC SIGNOR
Éric DUPOND-MORETTI ou l'aile gauche de votre majorité. Regardez, Sacha HOULIE, le président de la Commission des lois, "il y a tout un message autour de la sécurité qui est beaucoup plus fort que l'immigration." est-ce que vous aurez les coudées franches, Gérald DARMANIN, pour faire passer ce texte ?
GERALD DARMANIN
Mais, pardon de cette provocation, mais je suis l'aile gauche, je suis le fils d'une femme de ménage, je suis élu dans un territoire de gauche depuis toujours, dans les Hauts-de-France, dans le nord de la France, moi j'ai une certaine fibre sociale économique, je ne suis pas un libéral économique absolu, j'ai peut-être parfois des différences avec quelques-uns de l'aile droite, peut-être de ma propre majorité, mais je suis de gauche quand je défends les étrangers qui doivent avoir l'asile constitutionnel, mais je pense aussi être de gauche lorsque je dis que la personne qui se fait voler sa voiture, quand il doit prendre le métro, doit être protégé, et je pense que des gens de gauche, comme les gens de droite d'ailleurs, comme tous les Français, je pense que vos sondages récents l'ont montré, tous les Français sont du bon sens qui consiste à dire, les étrangers sont les bienvenus sur notre sol s'ils respectent les valeurs de la République, s'il respectent la France, ils ne sont pas les bienvenus sur notre sol s'ils ne respectent pas la France, voilà, ça me paraît quelque chose de lambda, et je crois que, je le cite souvent, le boucher charcutier de Tourcoing est assez d'accord, je crois, avec cette proposition de bon sens.
LOÏC SIGNOR
Et 91 % des Français estiment qu'il faut expulser les prédicateurs qui tiennent un discours antirépublicain, c'est le résultat d'un sondage réalisé par l'institut CSA pour CNews, et ça nous amène à votre territoire, celui des Hauts-de-France, et cette personnalité, Hassan IQUIOUSSEN, prédicateur du nord de la France, en voie d'expulsion vers le Maroc, vous avez vous-même signé l'arrêté d'expulsion. Est-ce que la position du Maroc a changé les choses, est-ce que vos négociations diplomatiques avec le Maroc a accéléré et facilité l'expulsion de ce prédicateur de haine, ou simplement la loi qui conforte les principes républicains permet désormais de faire ce genre d'expulsion ?
GERALD DARMANIN
Les deux, les deux. D'abord nous avons effectivement renforcé largement, sous le premier quinquennat du président de la République, les moyens qu'à l'État pour se défendre, d'abord la loi SILT, la loi contre le terrorisme, qu'a fait voter le président de la République au début du quinquennat précédent, et puis la loi séparatisme, avec un discours des Mureaux extrêmement courageux, qui nous a permis, qui nous permet, de lutter contre ces prêcheurs de haine. Ces deux textes, dont je constate que le Front national d'ailleurs ne l'a jamais voté, parce qu'il préfère sans doute la politique du pire, mais ces deux textes nous permettent de faire ce que nous faisons aujourd'hui, donc c'est grâce vraiment à l'action du premier quinquennat du président. Et puis deuxièmement, une activité diplomatique plus intense avec des pays qu'on appelle de retour, voilà, les pays du Maghreb ou les pays d'Afrique subsaharienne. Il y a encore du travail sans doute à faire avec eux, mais moi je constate une amélioration forte dans nos relations avec la Tunisie, avec le Maroc, avec l'Algérie, c'est d'ailleurs pour ça que nous pouvons reprendre un certain nombre de contacts, et nous pouvons obtenir un certain nombre de choses. Hier j'ai remercié le royaume du Maroc qui en parfaite fluidité, si j'ose dire, en échange, et en respectant évidemment la souveraineté totale du royaume du Maroc, comme nous le faisons pour l'Algérie et la Tunisie, évidemment comprend les demandes de la France.
LOÏC SIGNOR
Il y a une vingtaine de mosquées Gérald DARMANIN, et des milliers de signataires d'une pétition qui protestent contre cette décision, il y a aussi des députés, notamment de la NUPES et de la France insoumise, qui protestent contre cette décision d'expulsion. Qu'est-ce que vous allez faire avec ces mosquées, avec ces signataires de la pétition, qui soutiennent Hassan IQUIOUSSEN, et que répondez-vous aux députés, notamment de la France insoumise, qui vous ont interpellé sur ce sujet ?
GERALD DARMANIN
Moi d'abord je voudrais, pour que chacun comprenne, évoquer ce que dit cet "imam", et je mets des guillemets à "imam" parce que je sais très bien que l'immense majorité des musulmans de France, et les imams qui sont en France, respectent les valeurs françaises. Ce que dit ce monsieur, qui est très suivi sur les réseaux sociaux, "c'est malheureux qu'aujourd'hui les femmes considèrent que servir leurs maris et leurs enfants soit une punition alors que c'est une bénédiction", "la place de la femme elle est dans la cuisine, le salon, je ne vois pas pourquoi vous êtes allergique à la cuisine mesdames." Généralement l'homme, quand il passe dans la cuisine c'est pour ouvrir le frigidaire et prendre quelque chose, ce n'est pas pour faire la vaisselle ou faire à manger. "alors il y a pire quand même, "le mariage religieux est le seul accepté par le Coran et il faut rejeter le mariage civil", contraire avec toutes les lois de la France depuis au moins deux siècles et demi. "L'homme ne doit pas laisser sa femme sortir seule du foyer, elle porte le voile, elle ne se maquille pas, elle n'a pas recours à la chirurgie esthétique, elle ne fréquente pas les lieux dédiés aux loisirs et à la consommation d'alcool", et beaucoup évidemment de propos que vous savez déjà cités, sur le catholicisme, sur les rabbins, "les rabbins, les religieux, les curés, exploitent les petites gens en leur prenant du fric", bon, bref, qualifiant les attentats du Bataclan de "pseudo attentats", donc que ce monsieur n'a rien à faire sur le sol national, et qu'on puisse le défendre, au sens liberté d'expression du terme, me signifie, comme vous sans doute, l'état de décomposition intellectuelle qu'a l'extrême gauche, LFI, sur ce point. Le député LFI de Roubaix-Wattrelos, qui défend cet imam, il défend quelqu'un qui a des propos ouvertement antisémites, ouvertement xénophobes, ouvertement homophobes, ouvertement anti-femmes si j'ose le dire, il se déshonore, il se déshonore, et il déshonore une partie de la représentation nationale en le défendant. Je constate d'ailleurs que chez LFI personne n'a su corriger ces propos, pas un cri d'orfraie. Il y a beaucoup de leçons de morale de la part de la LFI, personne n'est capable de dire à ce député, qui vient d'être élu, "cher ami, cher collègue, vous dit des bêtises", voilà. Donc moi j'attends des excuses de la part de la France insoumise. Quant, alors vous savez, aux mosquées qui ont fait un appel de soutien…
LOÏC SIGNOR
Et le Rassemblement national vous dit, en clair, vous avez, en gros, des pistes pour expulser d'autres prédicateurs de haine parmi ces mosquées, est-ce que vous allez le faire ?
GERALD DARMANIN
Il y a 2600 lieux de culte musulman en France, sur ces 2600 lieux de culte musulman en France il y a une vingtaine de mosquées qui soutiennent cet imam, je constate quand même que l'immense majorité des lieux de culte musulman et les musulmans, évidemment, comprennent tout à fait les décisions que nous prenons. Il y a une centaine, sur ces 2600 lieux de culte musulman, de mosquées qu'on qualifie de séparatistes, ou qu'on soupçonnait de séparatistes, au moment où on a fait la loi séparatisme, nous les avons toutes contrôlées, nous les contrôlons encore toutes. Il y en a une trentaine qu'on peut écarter et qu'on peut remettre dans le droit chemin, si j'ose dire, de notre modèle républicain, puisqu'on a considéré que ces soupçons n'étaient pas avérés. Il y en a eu 23 dont, au contraire, j'ai constaté, avec les services de l'État, qu'ils étaient en dehors de nos règles, nous les avons fermés, 23 sont déjà fermés, il y en a donc, si vous calculez bien le reste, à peu près une cinquantaine, qui méritent notre contrôle. Il se trouve que toutes les mosquées qui ont signé cet appel sont dans le viseur, dans le spectre, des contrôles de l'État, et nous contrôlerons évidemment ces lieux de culte, selon les lois de la République, et nous voulons dire que si la liberté d'expression est importante en France, elle ne peut pas aller avec le soutien aux ennemis de la République, donc oui nous ferons ces contrôles. J'ai déjà fait expulsé plus de 70 personnes radicalisées, 74, depuis que je suis ministre de l'Intérieur, je le ferai évidemment si j'ai encore des dossiers comme celui de Monsieur IQUIOUSSEN sur mon bureau.
LOÏC SIGNOR
Regardez les résultats de ce sondage par sensibilités politiques si vous le voulez bien Monsieur le ministre, ce sondage qui posait cette question, faut-il expulser les imams de nationalité étrangère au discours antirépublicain ? C'est assez consensuel, c'est assez unanime, tout de même le total gauche est quand même un peu inférieur au total centre et au total droite, 14 % des électeurs de gauche estiment qu'il ne faut pas expulser ces prédicateurs de haine. Est-ce que c'est la responsabilité justement des partis que vous avez cités, ces résultats, et est-ce qu'il faut que la France insoumise s'excuse comme vous le dites ?
GERALD DARMANIN
Incontestablement il y a plus qu'une ambiguïté à La France insoumise, entre les propos "la police tue" de MÉLENCHON, donc anti-police, donc quelque part antirépublicain, c'est la police de la République, c'est des enfants du peuple qui sont policiers, ce n'est pas les enfants du CAC 40 ans qui font policiers, c'est les enfants d'employés, de fonctionnaires, de commerçants, et par ailleurs la complaisance..
LOÏC SIGNOR
Et on voit les résultats de la France insoumise, 29 % non.
GERALD DARMANIN
Et par ailleurs une complaisance, voilà, plus que coupable, vers les propos tenus par des députés, il a fait un communiqué de presse, ce n'était pas un propos rapporté, qui soutiennent…je ne les qualifierais même pas d'imams, en tout cas ces prédicateurs extrémistes, je pense qu'effectivement il y a une grande clarté à avoir avec la France insoumise avant de pouvoir continuer à discuter d'autre chose avec eux. La France Insoumise doit véritablement faire le ménage chez elle et dire exactement ce qu'elle pense. Quand je vois qu'elle est capable de quitter l'hémicycle lorsque Éric DUPOND-MORETTI lui rappelle quelques vérités, je pense qu'elle ferait mieux de balayer effectivement devant sa porte et d'exclure ce parlementaire qui a, je crois, déshonoré profondément, profondément, nos valeurs.
LOÏC SIGNOR
Vous attendez à ce que le groupe La France Insoumise puisse exclure David GUIRAUD, puisqu'il s'agit de David GUIRAUD le député ?
GERALD DARMANIN
Mais ce député, de Roubaix-Wattrelos, soutient ouvertement quelqu'un qui est antisémite, homophobe, qui considère que la place de la femme c'est de ne pas se maquiller, d'être dans la cuisine, de ne pas sortir pour voir des hommes, et que le mariage civil, Monsieur le député GUIRAUD est député, il met l'écharpe bleu-blanc-rouge, que le mariage civil doit être proscrit au profit du mariage religieux, j'ai peur que ce soit un peu communautariste peut-être son comportement, voilà, et ce n'est pas digne, je crois, des valeurs de la République. En tout cas si la France insoumise continue à garder un tel personnage parmi ses rangs, on aura compris que l'aveu est signé par tout le monde.
LOÏC SIGNOR
Le maire de Lyon, David DOUCET, a refusé de vous accueillir dans sa ville de Lyon samedi, où en sont les relations entre l'État, que vous représentez, et la deuxième ville de France, la troisième ville de France, Gérald DARMANIN ?
GERALD DARMANIN
Oui, parce que la deuxième ville de France c'est Marseille.
LOÏC SIGNOR
C'est Marseille, on peut aussi en parler longuement, mais on va s'intéresser à Lyon et au quartier de la Guillotière notamment.
GERALD DARMANIN
Oui, mais indépendamment de mes différences politiques qui sont fortes avec Monsieur le maire de Marseille, Monsieur le maire de Marseille est un républicain, il aide la police nationale, il l'a soutient d'ailleurs, j'ai pu le constater, et il est là pour accueillir ceux qui essayent d'aider sa ville, voilà, que ce soit le président de la réplique ou les ministres, moi Benoît PAYAN, je n'ai rien à lui dire, bien au contraire, nous travaillons très bien ensemble, même si je ne vote pas Benoît PAYAN bien évidemment, et qu'il ne vote sans doute pas Gérald DARMANIN, mais il y a une différence de comportement, voilà, et je crois que là, encore une fois, c'est la différence entre quelqu'un qui est socialiste, Benoît PAYAN, qui a une culture républicaine extrêmement forte, et monsieur DOUCET qui, dans la lignée de Monsieur PIOLLE et Monsieur MÉLENCHON, malheureusement ne vient pas soutenir les policiers lorsqu'ils sont agressés, c'est ça qui m'a le plus choqué, ce n'est pas qu'il ne vienne pas me serrer la main, ça n'a pas d'intérêt, je crois, c'est une bataille d'ego qui n'a pas de sens, mais qu'il ne vienne pas soutenir des policiers de la République, qui ont été blessés dans leur… dans leur chair, et dans leur psychologie, parce qu'ils essayent tous les jours de rétablir l'ordre dans ce quartier difficile, qu'il n'aille pas rencontrer les habitants de sa propre ville, moi j'ai rencontré, vos confrères étaient là, les habitants qui me disent "ça fait 3 ans qu'on n'a pas vu le maire de Lyon, depuis qu'il est élu", ce n'est pas la rôle du ministre de l'Intérieur de faire des rencontres avec les habitants, je le faisais quand j'étais maire, oui j'ai trouvé ça particulier. Alors moi j'ai demandé au maire de Lyon des choses extrêmement concrètes pour nous aider, nous on met beaucoup plus de policiers, on va intervenir, c'est le rôle de l'État de le faire, je n'ai aucun doute sur ce point, j'ai demandé que des caméras de vidéo-protection puissent être en maîtrise par la police nationale, bon il m'a répondu que c'était attentatoire aux libertés publiques, alors peut-être qu'on n'a pas la même conception des libertés publiques, sans doute, mais il me semblait que les policiers étaient justement là pour les garder les libertés publiques, donc il y a une sorte de méfiance profonde de la police nationale, à Lyon, qui doit décourager les policiers lyonnais, moi je veux leur dire aux policiers lyonnais, si le maire ne vous soutient pas, ne vous inquiétez pas, le ministre de l'Intérieur vous soutient. Deuxièmement je lui ai demandé des arrêtés anti-rassemblement, tous les maires de France, tous les maires de France, savent que quand il y a des difficultés de nuisance on prend, en maire, un arrêté municipal pour empêcher les gens de se rassembler, ce qui permet à la police d'intervenir et de faire des contrôles, il m'a expliqué que c'était liberticide, mais ce qui est liberticide, Monsieur le maire de Lyon, c'est que les gens ne puissent pas rentrer chez eux normalement, c'est que les commerçants ne puissent pas commercer normalement, rencontrez ces habitants, allez-y. Et troisièmement, lorsque je lui dis il faut revoir l'urbanisme, il faut sans doute faire de la préemption de commerce pour diversifier ce commerce, ce que font tous les maires, ce qui est permis par la loi, il me répond tri et emballages. Donc je crois que là il y a une déconnexion très profonde, j'y retournerai le 5 septembre, je serai très heureux de rencontrer Monsieur le maire de Lyon parce qu'il représente ses habitants, et je l'encourage à représenter, pas le parti NUPES, pas les militants des Verts…
LOÏC SIGNOR
Mais au-delà de vos accords avec le maire de Lyon et la NUPES, Gérald DARMANIN,
GERALD DARMANIN
Je l'encourage à représenter les Lyonnais, voilà, et moi je serai heureux de discuter avec le représentant des Lyonnais.
LOÏC SIGNOR
Au-delà de vos désaccords, comment régler durablement la situation dans le quartier de la Guillotière, comment ne plus assister à ce qu'on a pu voir par le passé, notamment cette agression de policiers par une cinquantaine d'individus, voire ces riverains qui nous témoignent chaque jour leur désespoir ?
GERALD DARMANIN
Il y a deux jambes, il y a deux jambes, il y a une jambe de l'État, il y a une jambe de la commune, voilà, la jambe de l'État c'est plus de policiers, ce que j'ai décidé, 520 policiers supplémentaires, 200 policiers en plus de la police aux frontières avec un centre de rétention administrative ouvert, à la Guillotière 90 % des interpellations sont des étrangers en situation irrégulière, donc il y a un problème, là, évidemment de concentration, de difficultés, d'étrangers en situation irrégulière. Avec des policiers plus nombreux, j'ai mis une unité de CRS, qui est désormais, depuis que j'y suis venu, fait des contrôles tous les jours, des opérations de police tous les jours.
LOÏC SIGNOR
Ils ne vont pas rester des mois Monsieur le ministre.
GERALD DARMANIN
On va les laisser des mois s'il faut, tant que le maire ne prendra pas ses responsabilités, ce n'est pas tout à fait normal de laisser une unité de CRS dans un quartier, mais je vais le faire, je vais palier, nous allons palier, à la demande du président de la République et de la Première ministre, à la naïveté, pour ne pas dire parfois au militantisme naïf, du maire de Lyon, et je l'appelle à se réveiller pour aider sa population, qui est un quartier populaire, ce n'est pas un quartier d'ultra-riches qui seraient en désaccord politique avec la gauche, non, non, c'est un quartier de gens qui votent en plus pour cette gauche, voilà, donc je pense qu'ils se sentent profondément trahis. Et puis deuxièmement, la deuxième jambe, c'est effectivement le maire de Lyon. L'urbanisme, chacun des maires le sait, la politique du logement, ne pas concentrer les difficultés dans le même endroit, il y a une piétonisation d'une partie de ce quartier qui empêchera les policiers d'intervenir, eh bien voilà, je lui ai demandé de reporter cette piétonisation, et je lui ai demandé de prendre ses pouvoirs de police du maire. Les caméras de vidéoprotection, les Français doivent savoir, c'est une compétence du maire, ce n'est pas une compétence de la police, et je lui ai demandé de mettre des caméras, ça fait deux ans que le préfet lui demande de mettre des caméras…
LOÏC SIGNOR
Il dit qu'il y a des caméras.
GERALD DARMANIN
Mais c'est Monsieur COLLOMB qui les a installées, donc elles sont très bien ces caméras, mais il se trouve que depuis trois ans la ville elle un peu évolué, c'est normal, chaque maire le sait, ça fait trois ans qu'on lui demande de mettre des caméras supplémentaires, une trentaine de plus, dans une ville comme Lyon, ce n'est pas excessif, j'en fait 50 par an avec la maire de Tourcoing, à Tourcoing, dans une ville de 100.000 habitants, donc Lyon peut faire une trentaine de caméras, on est même prêt à lui en payer plus de la moitié du prix pour montrer que ce n'est pas une question d'argent, bon eh bien là c'est idéologique, il pense que les caméras, quand les policiers les regardent, c'est attentatoire aux liberté. Je veux dire une nouvelle fois que c'est les policiers qui protègent les gens et c'est les voyous qui tuent, ce n'est pas l'inverse, et Monsieur PIOLLE, Monsieur DOUCET, et Monsieur MÉLENCHON, malheureusement, dans la NUPES, ils ont une idéologie anti-flics, je suis obligé de le constater, s'il veut montrer l'inverse qu'il vienne voir avec moi les policiers, il verra que c'est des gens courageux et tout à fait républicains.
LOÏC SIGNOR
Rendez-vous est pris avec le maire de Lyon le 5 septembre, il a accepté votre proposition, de vous vous rencontrer à la rentrée.
GERALD DARMANIN
J'en suis heureux.
LOÏC SIGNOR
Autre ville, autre quartier, autre problématique, Paris, le quartier de Stalingrad. Vous avez souhaité, vous Monsieur ministre de l'Intérieur, lors de l'intronisation de Laurent NUÑEZ, le nouveau préfet de police de Paris, que la situation dramatique du crack à Paris, je vous cite, qui sévit dans le nord-est de la capitale et qui pourrit la vie des habitants, soit éradiquée d'ici un an. Comment ?
GERALD DARMANIN
D'abord la situation du crack elle est très ancienne à Paris, elle se détériore et elle se détériore sous l'effet d'une drogue, chacun doit aussi le comprendre, qui n'a pas grand-chose à voir avec les autres drogues, ce n'est pas du shit, ce n'est pas de la cocaïne, ce n'est même pas de l'héroïne, même si c'est une drogue extrêmement dure, le crack, en quelques mois, tue quelqu'un, et quand vous prenez une dose de crack, qui est une drogue du pauvre, vous avez 99 % de chance, nous disent les médecins, d'en être ultra dépendant, et les gens deviennent extrêmement malades, ils se décomposent physiquement, ils perdent le sens de la raison et peuvent aussi commettre des agressions extrêmement violentes, agressions sexuelles, agressions tout court. Il faut bien voir que ce sont des gens qui sont malades, ce ne sont pas simplement des délinquants, bien sûr il y a des actes de délinquance qu'il faut condamner, mais on n'y arrivera pas avec une réponse que policière, donc la réponse elle est à la fois de police, bien sûr, mais aussi de santé, et si j'ose dire d'injonctions thérapeutiques.
LOÏC SIGNOR
Pardon, mais ça fait des années qu'on dit ça Monsieur le ministre.
GERALD DARMANIN
Oui, mais parce que c'est une question extrêmement difficile, aucune grande ville du monde qui est confrontée à ça, partout en Europe, aux États-Unis par exemple, connaissent les mêmes difficultés, et évidemment lorsqu'on va mettre…déménager, si j'ose dire, les "crackeux", les personnes qui sont hyper dépendantes, le quartier ou la ville qui va les accueillir ne sera pas d'accord, si je vous mets le "village des crackeux" près de chez vous, il y a une chance assez forte pour que vous fassiez une pétition pour dire que vous êtes pas d'accord, il faudra bien mettre quelque part ces gens qui sont extrêmement malades. Donc j'ai demandé au préfet de police, Laurent NUÑEZ, à la suite de ce qu'a fait le préfet LALLEMENT, de travailler avec la ville de Paris, avec bien sûr l'Agence régionale de santé, avec mon collègue ministre de la Santé qui y travaille également, de trouver la solution la plus humaine pour tout le monde, la plus humaine bien sûr pour les riverains qui n'ont pas à subir ça, j'en suis parfaitement d'accord et je m'en désole une nouvelle fois devant eux, mais également pour les personnes qui sont extrêmement malades. Et j'ai demandé, alors j'ai dit d'ici un an, j'espère le plus rapidement possible, dès fin août, j'ai vu le préfet de police encore hier, il va me proposer sans doute son plan, il faut qu'on arrête de se rejeter la balle avec la Ville de Paris, donc j'ai proposé aussi à la maire de Paris, Anne HIDALGO, que chacun prenne ses responsabilités, et je crois que nous sommes désormais dans une discussion qui peut permettre de le faire, pour le bien des habitants. Je veux dire une dernière chose aussi, c'est que nous devons lutter beaucoup contre les réseaux qu'apporte cette drogue, et là nous avons de grandes victoires en ce moment, parce que nous démentons d'énormes réseaux d'acheminement du crack. Il se trouve que cependant le crack c'est une drogue très facile à produire, parce qu'il suffit d'une cuillère, de chauffer cette cuillère, et d'avoir une drogue brute, mais nous avons, et je crois que ça c'est les services de police qui sont extrêmement efficaces avec l'autorité judiciaire, des démantèlements de réseaux en ce moment très importants, qui nous permettent de penser que les semaines qui viennent vont être moins dures que ce que nous avons connu depuis plusieurs mois.
LOÏC SIGNOR
Vous êtes confiant que d'ici un an vous pourrez, avec Laurent NUÑEZ, éradiquer le crack à Paris ?
GERALD DARMANIN
Mais c'est une obligation de résultat…
LOÏC SIGNOR
Parce que, pardon, ce n'est pas la première fois qu'on entend ce plan crack, ce déplacement…
GERALD DARMANIN
Mais il faut s'y reprendre parfois à plusieurs fois, pardon si ce n'est pas toujours efficace, la politique, s'il était évident, un curé de campagne – pardon pour les curés de campagne – suffirait à être ministre de l'Intérieur, c'est parfois difficile et parfois on rate des choses, voilà, et il faut qu'on travaille avec la mairie de Paris, sans opposition politique, et donc c'est une obligation de résultat que nous nous fixons collectivement.
LOÏC SIGNOR
Parce que dans un an effectivement, ce serait pour le plus grand bonheur des riverains, dans deux ans ce serait sans doute plus important avec l'arrivée des Jeux olympiques en France, à Paris. On a vu ce qui s'est passé lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, vous avez été à ce moment-là dans l'œil du cyclone, est-ce que tout sera prêt Gérald DARMANIN, dans deux ans, pour les Jeux olympiques à Paris ?
GERALD DARMANIN
Oui, tout sera prêt. Tout sera prêt, nous équiperons évidemment nos forces de l'ordre de moyens supplémentaires, c'est pour ça que nous présentons une loi de modernisation du ministère avec la création de 11 unités de forces mobiles, c'est-à-dire des CRS et des gendarmes mobiles, des moyens technologiques supplémentaires, et des moyens humains, 15 milliards d'euros pour le ministère de l'Intérieur.
LOÏC SIGNOR
Un texte plus court que prévu, on passe de 30 articles à 15.
GERALD DARMANIN
Exactement.
LOÏC SIGNOR
Est-ce que c'est une perte d'ambition ?
GERALD DARMANIN
Non, c'est une concentration des sujets prioritaires, on fait aussi attention au débat parlementaire qu'on va avoir, et le Parlement pourra d'ailleurs amender le texte, il pourra l'agrandir, mais moi j'ai été élu député, je vois bien aussi que parmi mes collègues députés il y a une envie de faire des textes plus courts, moins bavards, et voilà on a écouté ce que dit le Parlement, ce qui est normal en démocratie, mais je veux assurer ici que c'est la loi la plus importante de la modernisation du ministère de l'Intérieur, bien sûr sur le nombre de policiers et de gendarmes. Ce sont des choses dont on parle peu, mais qui sont très importantes pour les Français dans les semaines et mois et années qui viennent, le cyber, la délinquance de demain sera cyber, quand vous recevez déjà un mail qui vous demande de verser de l'argent c'est déjà une attaque cyber. Une attaque cyber dans une entreprise c'est pire qu'un incendie, et il y a eu, aux JO de Tokyo, 4 milliards d'attaques cyber, et demain un attentat sera peut-être, non pas une personne qui entrera avec une Kalachnikov dans une salle de spectacle, mais une attaque cyber contre un hôpital qui viendra arrêter les machines et tuer des gens, donc il faut faire très attention à cette modernisation de la délinquance, et donc ce que nous faisons aussi, même si ce n'est pas l'actualité, c'est préparer les Français à la délinquance de demain.
LOÏC SIGNOR
Mais dans les événements du Stade de France par exemple, pardon d'y revenir Monsieur le Ministre, et ce qu'on voit à Stalingrad, ce n'est pas le cyber, même si c'est très important bien évidemment cette lutte contre la cybercriminalité, mais serez-vous prêt, est-ce que tout sera bien mis en place pour éviter les images que nous avons connues au Stade de France et comment, est-ce que ça par cette LOPMI simplement, cette loi de programmation du ministère de l'Intérieur ?
GERALD DARMANIN
Ça ne passe pas que par la loi, ça passe évidemment aussi par le management du ministère de l'Intérieur. Je constate qu'il y a eu cinq grands événements au Stade de France, depuis ce fameux match du Stade de France, et qu'ils se sont très bien passés, et pourtant il y a eu autant de spectateurs et parfois des matchs à enjeu ou des concerts à enjeu, je constate que ça n'a pas fait la Une des médias, mais c'est bien normal puisqu'on parle davantage de ce qui ne va pas, ce qui est bien logique. Aujourd'hui ce qui a loupé dans…du Stade de France, j'ai eu l'occasion de m'exprimer, indépendamment de la question des faux billets, c'est une délinquance, cette délinquance, il n'avait pas été prévu autant de policiers et autant de moyens pour lutter contre cette délinquance qui a été aggravée par le fait qu'en plus le RER B était à l'arrêt. Donc nous avons changé totalement les choses, j'ai triplé le nombre d'agents de police nationale à Saint-Denis pour ces événements, nous équiperons en caméras de vidéoprotection l'intégralité des cheminements et j'ai demandé à l'ancien préfet de police, et désormais au nouveau, une lutte beaucoup plus implacable contre la délinquance de voie publique, contre ces voyous, et je constate d'ailleurs que, je vous le dis, les six événements qui se sont déroulés depuis se sont bien passés, les interpellations ont eu lieu immédiatement, et les personnes d'ailleurs ont été condamnées par la justice.
LOÏC SIGNOR
Gérald DARMANIN, depuis dimanche, une attaque de commissariat a Vitry-sur-Seine, en région parisienne, avec une vingtaine de personnes qui s'en sont pris aux policiers, à coups de tirs de mortiers d'artifice, de cocktails Molotov, deux guet-apens, un dans la ville de Limoges et un autre dans la ville de Sevran. Est-ce qu'aujourd'hui la police est devenue une bande rivale pour ces jeunes qui s'en prennent aux forces de l'ordre ?
GERALD DARMANIN
Non, en tout cas j'ose espérer que non, mais, Vitry il y a eu trois interpellations et l'enquête n'est pas encore assez avancée pour que je puisse vous dire quelles sont les motivations de ces personnes, et sur Limoges par exemple et sans doute sur Sevran, c'est la suite des excellents travaux que fait la police nationale dans les quartiers contre la drogue. A Limoges on est passé de 14 points de deal à 5. On a asséché, on est en train d'assécher le trafic de drogue à Limoges, et il y a donc manifestement une réaction extrêmement violente de la part de…
LOÏC SIGNOR
Des guets-apens pour les policiers et les pompiers.
GERALD DARMANIN
Pour leur dire, pour essayer de dire aux policiers, sans doute, ne venez plus dans notre commerciale, je mets commerciale évidemment avec des guillemets. Vous savez, le trafic de drogue c'est parfois 30 000, 40 000, 50 000 € par jour d'argent liquide. Donc quand la police assèche comme elle le fait, puisqu'on lutte implacablement contre la drogue avec beaucoup de résultats, il y a des réactions qui sont évidemment absolument condamnables, mais qui sont aussi la démonstration de l'efficacité des services de police. D'ailleurs, le maire de Limoges, qui est LR, soutient l'action de la police et je l'en remercie. Nous avons dépêché une unité de CRS qui reste d'ailleurs aussi à Limoges, et qui procède en ce moment même depuis deux nuits, à de très nombreuses interpellations, et ce sera évidemment le cas aussi à Sevran, et on va regarder exactement ce qui s'est passé à Vitry.
LOÏC SIGNOR
Les syndicats de police, que nous recevons régulièrement pour commenter ces attaques dont ils font l'objet, et trois attaques en en moins d'une semaine, Gérald DARMANIN, nous disent que les qualificatifs retenus parfois par la justice, ne sont pas à la hauteur, il faut revoir les qualificatifs, et il faut parler de crime lorsque ce genre de faits se produisent ?
GERALD DARMANIN
Mais, il se trouve qu'on a changé la loi. Là, les faits viennent d'arriver donc la justice n'a pas vraiment pu des qualifier, mais c'est grâce…
LOÏC SIGNOR
Ils ont des craintes les policiers.
GERALD DARMANIN
Mais c'est grâce notamment à Éric DUPOND-MORETTI que nous avons désormais une incrimination pénale, spécifique, quand on s'en prend à un policier ou un gendarme, ce qui permet au procureur effectivement d'ouvrir sur cette incrimination spécifique, ce qui n'était pas le cas avant. Nous avons grâce à Éric DUPOND-MORETTI aussi, supprimé les remises de peine pour ceux qui attaquaient les policiers et les gendarmes, parce qu'avant on disait, quand je suis devenu ministre de l'Intérieur, on m'a dit ; "oui, mais ils sont condamnés à 5 ans et puis en fait au bout de 1 an et demi, 1 an ils sont sortis". Maintenant c'est fini ça. Alors ça que de la loi vient d'être promulguée, c'est tout à fait vrai, donc on n'a pas encore eu le temps de voir ses effets, mais Éric DUPOND-MORETTI a supprimé les remises de peine quand on s'en prend aux policiers. Quand on prend 5 ans, on prend 5 ans. Donc ça a beaucoup changé, il se trouve que maintenant, la loi venant d'être promulguée, la justice a désormais entre ses mains des lois plus fermes, qui permettent de mieux protéger nos policiers.
LOÏC SIGNOR
On vous oppose souvent, Gérald DARMANIN, avec Eric DUPOND-MORETTI, on oppose souvent la police et la justice, comment revenir dans la même barque, pour reprendre une expression qui a été utilisée récemment ?
GERALD DARMANIN
Mais je comprends bien pourquoi on l'oppose, pour le débat médiatique, mais c'est, indépendamment du fait que je ne suis pas Éric DUPOND-MORETTI, physiquement et culturellement, puisque chacun a son histoire et c'est bien normal, d'abord nous travaillons très bien ensemble, il a reçu des syndicats de police, ce qu'avait rarement fait un garde des Sceaux, très récemment encore, pour pouvoir évoquer la simplification de la procédure pénale, et moi je voudrais l'en remercier, c'est un signe de respect de sa part vis-à-vis des syndicats de police et des représentants de la gendarmerie, et avec Éric DUPOND-MORETTI vous savez, on est dans la même barque, qui est celle effectivement de la politique publique de la sécurité. Les policiers et les gendarmes ne sont que des auxiliaires de justice, ils ne travaillent pas sous l'autorité du ministre de l'Intérieur tous les jours, ils travaillent tous les jours sous l'autorité des procureurs et des juges. Et c'est normal, c'est la démocratie et il faut répéter que nous sommes dans le même intérêt pour les Français. Quand il n'y a pas assez de moyens pour la justice, et moi je veux que le ministre de la Justice ait plus de moyens budgétaires, eh bien il n'y a pas assez de moyens pour la police, parce qu'on a beau faire des affaires, si jamais le procureur de la République il n'est pas assez efficace avec son équipe, eh bien c'est vous qui avez été volé ou qui avez connu un acte de délinquance, qui dites "mais on en est où de mon à faire ?". Voilà. Donc tout ça c'est la même maison. Après, il y a des parfois des incompréhensions, de la part de la police comme de la part de la magistrature, il faut les lever, il faut qu'on en discute et c'est ce qu'on fait toujours avec Éric DUPOND-MORETTI.
LOÏC SIGNOR
Vous étiez à Matignon hier soir, j'imagine au dîner…
GERALD DARMANIN
Non, je n'y étais pas.
LOÏC SIGNOR
Ah, vous n'y étiez pas. J'allais vous demander ce que vous avait dit la Première ministre Élisabeth BORNE, mais simplement, un mot de politique pour finir : comment est-ce que vous jugez les 100 premiers jours d'Emmanuel MACRON dans ce nouveau quinquennat, cette majorité relative ? Est-ce que vous avez confiance dans l'action que vous allez mener au Gouvernement ou est-ce que, comme certains le disent, vous craignez que ce soit finalement impossible ?
GERALD DARMANIN
Eh bien les Français ils ont décidé de mettre un peu plus de complexité dans la vie politique et de représenter l'Assemblée nationale différemment, sans majorité absolue, limitant ainsi les pouvoirs du Gouvernement et un peu du président de la République, mais sans le défaire, puisque c'est lui qui a gagné les élections. Manifestement, on avait dit que ce serait bloqué, le travail de la Première ministre, très à l'écoute du Parlement, a montré qu'on pouvait faire adopter des textes, encore cette nuit sur le pouvoir d'achat. Donc voilà, le Gouvernement a une majorité, avec laquelle il discute, peut-être plus qu'avant, il est peut-être plus attentif aux sensibilités des opinions, et c'était bien normal, et on constate d'ailleurs qu'avec les LR on arrive à trouver des compromis politiques, ce qui n'était pas gagné il y a 3 mois. Et donc, à la fois par le travail de la Première ministre, d'écoute, mais aussi par nos textes, plus courts, peut-être plus en lien avec la priorité des Français, le président de la République a montré qu'il savait écouter et que le Gouvernement gère la France.
LOÏC SIGNOR
Gérald DARMANIN, dernière question : quelle sera votre ce rôle dans cette majorité dans les années à venir ? Quel sera votre rôle dans ce nouveau parti que s'apprête à construire la majorité ? Et pensez-vous aux futures échéances Gérald DARMANIN ?
GERALD DARMANIN
Alors, moi j'ai la chance et l'honneur d'être ministre de la République depuis 5 ans, et je suis ministre de l'Intérieur à 39 ans, donc je m'occupe de la sécurité des Français, et ce n'est pas de la langue de bois que de vous dire que c'est déjà un énorme rôle et une énorme fonction et j'essaie de m'en montrer digne. Le président de la République, et d'autres, ont souhaité que je puisse continuer à m'investir dans la majorité, je le ferais bien volontiers, mais sans en prend de la première des places, bien évidemment, puisque j'ai mon rôle de ministre de l'Intérieur, mais si je peux faire entendre ma voix, une voix peut-être un peu sociale, des classes populaires, comme je l'ai dit, de représentant des gens du Nord, mais il y a beaucoup de gens qui ressemblent aux gens du Nord, j'en serais très heureux, pour que la majorité, comme je l'ai déjà dit, parle aux tripes des Français, parle aux sentiments des Français, parle à l'empathie des Français, et pas simplement toujours à une rationalité qui peut être parfois celle de Paris et des représentants parisiens. Voilà. Donc je n'ai pas d'autre objectif que la réussite au ministère de l'Intérieur, puisqu'il ne peut pas y avoir d'avenir si nous ne réussissons pas collectivement au ministère de l'Économie, au ministère de l'Intérieur, au ministère de la Défense et au ministère du Travail, parce que les Français je crois ont redonné une chance aux partis du Gouvernement mais ils ont bien aussi dit à ces partis du Gouvernement, qu'ils en avaient marre d'un certain nombre de choses.
LOÏC SIGNOR
Merci Gérald DARMANIN, merci d'être venu ce matin sur Cnews.
GERALD DARMANIN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 août 2022