Texte intégral
JEANNE-MARIE MARCO
Bonjour Pap NDIAYE.
PAP NDIAYE
Bonjour.
JEANNE-MARIE MARCO
C'est un vrai marathon auquel vous participez. Hier, vous étiez à l'inauguration du nouveau groupe scolaire Saliège, quartier de Lalande à Toulouse, et aujourd'hui plusieurs écoles vous attendent, un collège et un lycée également. D'habitude, on a l'habitude de voir des ministres qui restent très peu de temps, de façon éclair. Pourquoi une telle tournée pour vous ?
PAP NDIAYE
C'est en effet un peu inhabituel pour un ministre que de passer autant de temps dans une région ou dans une ville. Il me semble que c'est la condition pour avoir le temps d'échanger pour comprendre le fonctionnement du système éducatif local, et puis aussi pour marquer mon intérêt et ma considération pour les enseignants, pour l'ensemble de la communauté éducative. Et donc j'ai choisi des formats un peu plus originaux que d'habitude ; non pas le coup de vent mais une installation et c'est quelque chose que je vais prolonger dans les semaines et dans les mois à venir.
JEANNE-MARIE MARCO
Et pourquoi avoir choisi Toulouse pour la rentrée scolaire ?
PAP NDIAYE
Parce que Toulouse est une ville qui nous intéresse à plusieurs titres. C'est d'abord une grande ville avec une très grande variété d'établissements scolaires, depuis la maternelle jusqu'au lycée hôtelier, celui que je vais visiter un peu plus tard aujourd'hui. C'est aussi une ville avec des dispositifs innovants en matière d'égalité des chances et de mixité scolaire. C'est donc autour de cela que je vais réfléchir et vous savez que c'est une des priorités de mon ministère que de travailler à la fois sur la réussite des élèves mais aussi sur les questions de mixité scolaire et d'égalité des chances.
JEANNE-MARIE MARCO
Quel accueil vous recevez sur le terrain Pap NDIAYE N Votre prédécesseur Jean-Michel BLANQUER s'est mis à dos les professeurs. Est-ce que vous sentez qu'ils vont vous faire confiance ?
PAP NDIAYE
J'ai le sentiment d'un intérêt. J'ai le sentiment que si nous parvenons à relancer les choses en matière de rémunération par exemple, et vous savez que nous entamons des débats à ce sujet avec les organisations syndicales, nous allons également…
JEANNE-MARIE MARCO
Vous voulez employer une nouvelle méthode ?
PAP NDIAYE
Une nouvelle méthode qui n'est pas si…
JEANNE-MARIE MARCO
Dans le dialogue, dans l'anticipation ?
PAP NDIAYE
Qui n'est pas si nouvelle que ça du point de vue des échanges avec les organisations syndicales. Il s'agit, au fond, de se voir régulièrement et puis de restaurer un climat de confiance. Par contre, nouvelles méthodes oui lorsqu'il va s'agir de laisser aux établissements scolaires, aux écoles le soin de construire leur propre projet pédagogique. Et le président de la République a annoncé qu'un fonds d'innovation pédagogique a été créé pour soutenir financièrement les projets qui seront établis sur le terrain.
JEANNE-MARIE MARCO
Dans notre académie, plus de mille contractuels ont été recrutés dans le secondaire, donc des personnes qui sont suivies toute l'année, certes, mais qui n'ont que quatre jours de formation. Est-ce qu'on ne risque pas, Pap NDIAYE, de dégrader l'enseignement avec ces contractuels ?
PAP NDIAYE
Les contractuels qui ont été recrutés enseignaient déjà pour la plupart…
JEANNE-MARIE MARCO
Pas tous.
PAP NDIAYE
Pas tous bien sûr, mais la majorité d'entre eux enseignaient déjà l'année dernière. On a donc des prolongations de contrat, des fidélisations de contractuels d'une année à l'autre. Mais il est vrai qu'il y a des contractuels nouveaux, des contractuels débutants qui ont été rapidement formés, qui vont être suivis tout au long de l'année. L'enseignement, c'est un métier d'expérience, aucun doute là-dessus. C'est vrai aussi d'ailleurs pour les enseignants titulaires qui commencent sans avoir nécessairement une grande expérience d'enseignement. Donc ce qui compte, c'est l'accompagnement et je salue de ce point de vue les équipes pédagogiques qui aident les nouveaux collègues, qui leur mettent le pied à l'étrier, le temps finalement de réfléchir et de mettre en place des solutions pérennes. Parce que, en effet, l'enseignement contractuel est utile et je salue évidemment les enseignants contractuels, mais ça n'est pas la réponde de long terme au problème d'attractivité auquel nous faisons face.
JEANNE-MARIE MARCO
Alors pour recréer des vocations, vous promettez donc un salaire minimum à 2 000 euros net par mois pour tous les enseignants. Vous pensez que c'est juste le salaire qui freine beaucoup de vocations ?
PAP NDIAYE
Le salaire compte bien entendu. C'est un élément mais ça n'est pas le seul élément. Il y a d'autres facteurs qu'il faut prendre en compte liés à la carrière, aux perspectives de carrière. Les jeunes enseignants aujourd'hui n'envisagent plus comme leurs aînés un déroulement de carrière jusqu'à la retraite. Il y a aussi les conditions de travail et puis, d'une manière générale, une forme de revalorisation que je qualifierais de morale, de la place des professeurs dans notre société. Les professeurs souffrent souvent d'une autorité qui s'est effritée, d'un prestige même qui a pu être le leur au temps de la République des professeurs. C'est ainsi qu'on appelait la IIIème République. Et donc il y a une forme de restauration aussi de l'autorité des professeurs à laquelle je suis attaché.
JEANNE-MARIE MARCO
Alors on a rencontré hier dans un lycée, au lycée Toulouse-Lautrec, des élèves qui s'inquiètent de Parcoursup. Est-ce que, et c'est la question qu'ils nous ont posée, qu'ils vous posent directement, est-ce que Parcoursup va rester en place ?
PAP NDIAYE
Parcoursup va rester mais Parcoursup est perfectible au sens où cette réforme change chaque année d'ailleurs. Beaucoup d'améliorations sont apportées. Donc nous reconnaissons qu'il y a des difficultés, notamment dans la transparence des procédures, dans certains éléments de calendrier aussi.
JEANNE-MARIE MARCO
Il y a Carole DELGA, la présidente socialiste de notre région, qui dit que c'est un algorithme qui casse des vocations. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
PAP NDIAYE
Non, ce n'est pas un algorithme qui casse des vocations. Il faut se souvenir de ce qui existait auparavant, avec une course éperdue vers les portes des universités quand ce n'étaient pas des tirages au sort pour certaines filières. Donc il faut saisir les opportunités que Parcoursup représente. Améliorer parce qu'il y a en effet des améliorations à apporter, en particulier donc du côté de la lisibilité, de la transparence. On a souvent l'impression d'une boîte noire incompréhensible.
JEANNE-MARIE MARCO
On ne peut pas hiérarchiser les choix des lycéens ?
PAP NDIAYE
Maintenant on peut les hiérarchiser, et puis d'autres améliorations seront apportées à partir de l'année prochaine, notamment autour des questions de transparence. Et puis des questions aussi d'orientation parce que, du côté du lycée qui me concerne directement - Parcoursup, c'est l'enseignement supérieur - eh bien les procédures d'orientation des élèves ne sont pas encore parfaites.
JEANNE-MARIE MARCO
Un dernier mot, Monsieur le Ministre, sur ces familles qui veulent faire l'école à la maison, qui ont manifesté à Albi dans. Albi dans le Tarn hier. Désormais le rectorat refuse toutes leurs demandes d'école à la maison. Vous ne voulez plus que ça existe en France ?
PAP NDIAYE
Si. Il y a une loi, celle de 2019, qui prévoit l'école à la maison. Il y a quatre grands critères et c'est le critère numéro 4, en réalité, qui pose des difficultés. Là où nous devons faire mieux, c'est dans une forme d'égalité nationale puisque, selon les académies, il y a des variations dans l'acceptation des demandes des familles.
JEANNE-MARIE MARCO
Il y a un quota par académie ?
PAP NDIAYE
Non, il n'y a pas de quota mais il y a des variations. Il y a des académies plus ou moins raides sur le sujet. Il faut donc encadrer tout cela et puis apporter des réponses raisonnables aux familles. L'école à la maison est possible avec, bien entendu, des critères qui doivent être respectés.
JEANNE-MARIE MARCO
Beaucoup de familles ont vu leur demande refusée.
PAP NDIAYE
Alors il y a des procédures, y compris des procédures actuellement…
JEANNE-MARIE MARCO
Mais on se dit que peut-être à l'avenir ça n'existera plus. Ce ne sera plus autorisé de toute façon.
PAP NDIAYE
Non, non, c'est autorisé. Il y a quatre grands critères, c'est prévu par la loi. Il faut simplement que ces critères aient une dimension bien nationale, bien équilibrée. Et puis ça vient de se mettre en place, et donc il faut aussi un peu de temps pour régler tout ça. Mais l'école à la maison est possible, mais c'est une procédure évidemment encadrée. La norme, c'est la scolarisation des enfants à partir de 3 ans.
JEANNE-MARIE MARCO
Merci beaucoup Pap NDIAYE d'avoir répondu aux familles d'Albi, Ministre de l'Éducation nationale, d'avoir participé également à la matinale de France Bleu Occitanie. Vous partez en visite à l'école Daniel Faucher, quartier du Mirail, à Toulouse. Bonne journée.
PAP NDIAYE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2022